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Mohamed Al Doura et le parti pris des médias

Envoyé par Marcel Meyer 
Bonne mise au point d'Elisabeth Lévy sur cette épouvantable affaire sur le site Le Causeur
Mise au point moyennement bonne d'Elisabeth Lévy, qui conclut par une phrase en points de suspension sur le fait que l'histoire est pauvre en faits et riche en récits. Sa "méthode" d'enquête sur le sort de Mohamed Al Doura a valu à d'autres l'accusation de "révisionnisme" qui l'ont appliquée à l'existence des chambres à gaz. L'existence des chambres à gaz est bâtie sur des récits: il n'y a pas d'images qui attesterait graphiquement de leur existence, en tout cas, aucune image de l'extermination de vies humaines dont elles ont été le théâtre.

L'armée israélienne tirait à balles réelles sur des enfants ce jour-là. Des images prises à la caméra, pas des récits, montrent un enfant touché par balles. Il n'est pas sûr que l'enfant en soit mort, soit, et il n'est pas même sûr que les balles aient été tirées par des armes tenues par des mains israéliennes, certes. Rien, jamais n'est sûr, sauf la plus plausible des éventualités: lorsqu'une armée use de balles réelles sur des enfants, un ou plusieurs d'entre eux viennent à mourir. Que des salauds aient lancé ces enfants contre ces militaires est une autre histoire.
Il me semble, cher Francis, que vous n'êtes pas à la page des derniers développements de l'affaire Al Doura. Pour en savoir plus il vous suffit d'aller sur ce site américain.

Croyez-moi vous allez changer d'avis.
Utilisateur anonyme
21 avril 2008, 21:46   Re : Mohamed Al Doura et le parti pris des médias
"L'existence des chambres à gaz est bâtie sur des récits: il n'y a pas d'images qui attesterait graphiquement de leur existence, en tout cas, aucune image de l'extermination de vies humaines dont elles ont été le théâtre"

C'est très justement résumé et vous vous en sortez plutôt bien, d'autant qu'il s'agit là (comme nous le savons tous) du plus périlleux des sujets.

Vous connaissez très certainement le défi faurissonnien : "Show me or draw me a Nazi gas chamber." Montrez-moi ou dessinez-moi une chambre à gaz nazie.
D'autres, pour expliquer l'absence d'images, avancent la version (Simone Veil) selon laquelle ce sont les Allemands qui ont détruit toutes les chambres à gaz (reste à prouver qu'ils les ont bien détruites).

Sujet hautement sensible et qui exclut d'emblée (hélas) la plus infime des interrogations.
Utilisateur anonyme
21 avril 2008, 22:20   Re : Mohamed Al Doura et le parti pris des médias
Entre les tristes rumeurs du Web et les "défis faurissonniens", c'est une bien sombre soirée pour ce forum !
21 avril 2008, 22:24   Médias
Je tiens à préciser qu'il ne s'agissait pas de rumeurs du web mais d'informations de médias ayant pignon sur rue.
Utilisateur anonyme
21 avril 2008, 23:02   Tellement prévisible.
"défis faurissonniens",



Usant... mais me doutais bien qu'il me faudrait préciser que n'étant ni un lecteur de Faurisson, ni un lecteur de Pierre Guillaume, je ne suis pas non plus négationniste... et que les chambres à gaz (ou à ce que vous voulez) ont existé, et que je suis pour la loi Gayssot (qu'il faudrait même renforcer !), et que Le Pen est un salaud, et que Bobin c'est mieux que Muray, et que Mamère est "vachement sympa", et que je préfère bronzer sous le soleil que sous la pluie...

(Bon, moi j'veux bien r'commencer encore une fois, mais pas plus...)
Ce qui est éminemment contestable dans la démonstration d'Elisabeth Lévy, qui nous avait habitués à mieux, est le principe de la mise en doute de tout récit. Tout existe dans et par le récit. Si vous contestez mon existence, si je conteste la vôtre, il n'y aura que des récits de témoins à opposer à ces dénégations. Le récit vaut preuve ontologique.

Le gouvernement chinois a appliqué la méthode d'E. Lévy lorsqu'il a nié les événements du 4 juin 1989 qui eurent lieu sur la place Tian An Men: les films sont truqués, les récits de témoins sujets à caution, toute version des faits est réversible.

Encore une fois, je puis ici contester que Rogemi existe, qu'il est l'auteur de son message. Qui viendra me prouver qu'il existe ? ceux qui le connaissent, des témoins de bonne foi, qui collaboreront, conspireront à former un acte de notoriété qui établira son existence, et cet acte de notoriété sera du récit, du récit et encore du récit à corroboration croisée, comme est établie l'existence des horreurs nazies, déduite, corroborée par des narrations. Rogemi n'existe pas, n'a jamais existé, son existence n'est que propagande orchestrée - et c'est ainsi que chacun de nous aura recours et a recours à de la narration circonstanciée et recoupée pour attester aux autres son existence. Face au révisionnisme historiographique et au déni d'existence, les faits in-humains pèsent moins que les récits des acteurs et témoins. Il n'advient jamais rien que du récit humanisé, mythique, assimilable par voie d'induction mythologique, soit de l'appropriation humaine de faits lesquels, par principe et comme par entêtement, sont, dans leur état inchoatif et incréé, matière minérale, irréelle, absolument in-humaine et sans histoire.
Ce qu'est le Vrai, ce qu'est le Faux tant pour le Vulgaire que pour les Philosophes - Pour nous faire une idée juste de ces deux choses, le Vrai et le Faux, nous commencerons par la signification des mots, par où apparaîtra que ce ne sont que des dénominations extrinsèques des choses et qu'on ne peut les leur attribuer qu'en vue d'un effet oratoire. Mais, comme le vulgaire a d'abord trouvé les mots, qui sont ensuite employés par les Philosophes, il appartient à celui qui cherche la signification première d'un mot de se demander ce qu'il a d'abord signifié pour le vulgaire; surtout en l'absence d'autres causes qui pourraient être tirées de la nature du langage pour faire cette recherche. La première signification, donc, de Vrai et de Faux semble avoir tiré son origine des récits; et l'on a dit vrai un récit quand le fait raconté était réellement arrivé; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard les Philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord ou le non-accord d'une idée avec son objet; ainsi, l'on appelle Idée Vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même; Fausse celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité. Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit. Et de là on en est venu à désigner de même par métaphore des choses inertes; ainsi quand nous disons de l'or vrai ou de l'or faux, comme si l'or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n'est pas en lui.

Benoit de Spinoza, Pensées métaphysiques - Chapitre VI, de l'Un, du Vrai et du Bien
Dans cette affaire, il y a deux camps. D'un côté, ceux qui estiment qu'au fond, peu importe que cet épisode-là soit une mise en scène ou non puisque cette histoire raconte efficacement une situation réelle : les soldats juifs abattent sciemment des enfants arabes. De l'autre, ceux qui pensent que lorsque les médias du monde entier consentent à se laisser mener en bateau, ils deviennent les instruments d'une propagande et non de la vérité.

L'opposition est finalement assez proche de celle qui mettait face à face les antidreyfusards et les dreyfusards. Pour les premiers, peu importait au fond, que le récit d'Esterhazy fût vrai ou faux : l'histoire de la trahison de Dreyfus racontait efficacement la réalité : les juifs rongeaient la nation de l'intérieur.

D'une façon apparemment savante, Francis Marche fait de l'antidreyfusisme, ce qui lui vaut les applaudissements enthousiastes de M. D. Wagner.
Mouais, à ceci près que dans le cas de Mohamed Al Doura, il n'y a pas d'accusé, de justiciable pour ce crime, ce qui fait de votre usage de l'affaire Dreyfus dans ce débat un subterfuge idéologique destiné à faire tomber le plus rapidement possible les uns dans le camp du Bien, les autres dans le camps du Mal. Un peu décevant de votre part.
Citation
D'une façon apparemment savante, Francis Marche fait de l'antidreyfusisme, ce qui lui vaut les applaudissements enthousiastes de M. D. Wagner.

Je ne vous connaissais pas cher Marcel sous les traits du dialecticien retors. Sans vouloir prendre la défense de Francis qui dans cette affaire, à mon avis, se trompe il me semble que votre comparaison est quand même un peu trop tirée par les cheveux.
Ah bon ? L'armée israélienne et, au-delà, Israël ne sont pas accusés du crime ? L'infamie, l'opprobre, "l'annulation de la photo de l'enfant juif du ghetto de Varsovie", pour reprendre l'expression de Mme Nay ne sont pas des peines ?

Je m'en tiendrai là. Si cela vous chante, vous pouvez avoir le dernier mot.
Votre accusation d'antidreyfusisme est tout de même assez grave pour être laissée sans plus de commentaires dans ce forum.

Je vous prie d'observer que je n'ai nulle part écrit que cet enfant avait été tué par "des juifs"; je n'ai nulle part écrit et nulle part dans mes messages laissé entendre que s'il avait été tué par des balles israéliennes, cela ne pouvait avoir d'autre explication que dans le fait que ces soldats sont juifs et que cette qualité suffirait à nous convaincre de la réalité des faits supputés.

J'ai écrit que dans les circonstances, il est plausible que cet enfant ait été victime de tirs israéliens car, jusqu'à preuve du contraire, il est courant que les soldats israéliens tirent à balles réelles sur des civils arabes. Mes interventions ne contiennent en outre aucune condamnation formelle de ces pratiques; elles contiennent en revanche ma condamnation de ceux qui "lancent des enfants contre des soldats".

Je ressens comme abusive et diffamante votre accusation d'antidreyfusisme à mon égard et aimerais pouvoir accepter des excuses de votre part.
Je réponds parce que je dois vous donner acte du fait que vous n'avez pas parlé de soldats juifs mais de soldats israéliens.

A mon sens, cela ne change stictement rien car le monde entier entend ou lit bel et bien, consciemment ou inconsciemment "soldats juifs". De toute façon, le parallèle avec l'affaire Dreyfus ne vaut pas spécialement parce que Dreyfus est juif. Transposez l'histoire avec un capitaine arménien de l'armée du Sultan, ce sera la même chose.

La vrair question, ici comme alors est : "la question sera-t-elle posée ?" Et tous les Enderlin, Chabot et compagnie de répondre qu'elle ne doit pas l'être car l'honneur de la télévision française est en jeu.
Utilisateur anonyme
22 avril 2008, 13:51   Re : Mohamed Al Doura et le parti pris des médias
"C'est très justement résumé et vous vous en sortez plutôt bien, d'autant qu'il s'agit là (comme nous le savons tous) du plus périlleux des sujets."

Applaudissements enthousiastes... ?, et moi qui croyais si bien nuancer mon approbation...
Cher Francis, je vois un peu de sophisme dans votre commentaire. Et puis qu'en conclure ? que la Vérité absolue nous échappe ? Certes, mais la meilleure façon pour qu'elle nous échappe absolument est de ne jamais donner la parole à la partie adverse ou que l'une ou l'autre des deux parties refuse de s'expliquer sur les erreurs ou les tromperies qu'on lui reproche. Il est possible que le petit Mohamed ait été vraiment tué par des tirs israëliens, mais qu'au moins l'on autorise ceux qui soutiennent l'opinion contraire à développer leurs arguments avec autant de publicité qu'en a eu la version officielle. Peut-être que l' affirmation ou la négation de tout fait est possible, le problème est quand l'affirmation ou la négation vont toujours dans le même sens idéologique et sont toujours le fait des mêmes gens. Si paranoîa il y a, que chaque camp ait droit, alors, à exprimer sienne. Or on est loin du compte.
D'autre part je pense que l'on peut dire n'importe quoi mais jusqu'à un certain point. Il y a tout de même des protocoles d'investigation qui permettent, sinon d'atteindre la vérité, du moins de s'en rapprocher le plus possible. La culture occidentale s'est fait une spécialité de ses protocoles. C'est une de ses supériorités. S'il fallait vous en croire, cher FRancis, le dogme coranique, par exemple, selon lequel l'ancien et le nouveau testament ont été falsifiés par les juifs et les chrétiens car, selon Mahomet, ces textes prédisaient l'avènement du Prophète de l'islam (tandis qu' Abraham, Moïse et Jésus étaient, déjà, en réalité, musulmans) ne pouvant être, faute de preuves, démonté, il faudrait que nous gobions nous aussi ce que gobent des centaines de millions de musulams à savoir que les juifs et les chrétiens auraient trahi l'islam... avant même que celui-ci existât.
22 avril 2008, 18:35   Règne de la vérité
Bien chère Cassandre,


Nous vivons en fait dans un monde en noir et blanc.

Il y a le bon immigré, et le mauvais Français.

Il y a le bon SDF, et le mauvais nanti.

Il y a le bon Palestinien, et le mauvais Israëlien.

Il y a le bon Tibétain, et le mauvais Chinois.

En fait, c'est une sorte de promotion permanente de "l'underdog", et surtout une subversion permanente.

Qu'est-ce qui est mis en valeur ? le règne de la Vérité, et l'opposition formelle à tout ce qui est ordre. Concrètement, ceux qui "sont en colère", ceux qui "mettent le bordel" ont forcément raison.

Il est possible mais incorrect de dire, en France :

- que les Français aussi ont des droits ;

- que si certains SDF levaient moins le coude, ils se porteraient mieux ;

- que si Israël n'est pas parfait, le projet politique du Hamas est, lui horrible ;

- que la situation tibétaine est moins claire qu'il n'y paraît.


On se retrouve alors confrontés aux Chevaliers du Vrai, dont le mirifique Robert Ménard est un bon exemple.
Chère Cassandre, mon intervention dans ce fil se bornait à critiquer l'argumentaire d'Elisabeth Lévy, où j'avais cru discerner justement, du sophisme ("une histoire faite de récits ne pèse rien"). Cette critique se voulait, si vous me permettez, d'ordre strictement philosophique, d'où ma citation de Spinoza: je n'ai aucune méthode à proposer pour connaître les faits, seulement la volonté de contenir certains raisonnements et démarches proposés par les uns et les autres dans cette discussion et qui me paraissaient critiquables du point de vue philosophique.

Cela étant, et pour clarifier ma position, très mal comprise par M. Meyer, je pense que les juifs sont des hommes et des femmes comme tous les autres, c'est à dire qu'ils ont le droit à l'erreur, et même, si vous m'invitez à vous dire le fond de ma pensée, que, parce qu'il n'est pas un surhomme, le soldat israélien a droit à la bavure (et, le cas échéant, le devoir d'offrir des excuses et de sanctionner les responsables).

Je suis intimement convaincu que si cet enfant a été tué par des balles israëliennes, aucun soldat israëlien n'a voulu cette mort, n'a voulu ainsi supplicier cet enfant comme on l'a vu supplicié. Ce point est absolument fondamental, il devrait à lui seul écarter tout soupçon d'antidreyfusisme de ma part, d'autre part il fait ressortir un autre point lui aussi fondamental: si, comme nous en sommes, je crois, tous convaincus, il n'y a pas eu intention de supplicier cet enfant chez les tireurs israëliens, l'odieuse équation de Catherine Nay dont l'autre terme est l'enfant juif supplicié des camps nazis (délibérément supplicié par des bourreaux requis à cette unique fin) est scandaleuse au sens le plus étroit et girardien du terme.

Le double bind d'Israël dans cette affaire est le suivant: en se privant de reconnaître une éventuelle erreur balistique, Israël se situe au-delà de la faillibilité humaine, et, pour s'établir ainsi, la blancheur israëlienne a besoin de Palestiniens plus noirs qu'ils ne sont déjà, savoir de Palestiniens qui auraient, pour les caméras, supplicié eux-mêmes cet enfant, fait qui ne peut être établi. D'où le double flottement paranoïaque et l'affolement des récits.

Lorsque des soldats américains en Irak tuent (par mégarde, par méprise, par excès de violence, par faiblesse, par "coup de sang", etc. ) des civils arabes, l'état-major reconnaît l'erreur, s'excuse, enterre les morts, stoppe la machine à récits, annonce une enquête. Qu'est-ce qui empêche Israël d'en faire autant?
Vous semblez ignorer, Monsieur Marche, que les autorités israéliennes ont, dans un premier temps, cru à une bavure. La seule chose qui a été niée par elles, c'est que des soldats israéliens aient tiré intentionnellement sur le père et son fils. Elles ont présenté des excuses, comme elles le font à chaque fois qu'il y a des "victimes collatérales" reconnues par elles. Le caractère suspect de l'affaire, la possibilité d'abord, la très haute probabilité ensuite, d'une mise en scène, le lièvre en un mot, a été soulevé en France puis aux Etats-Unis. Ce n'est que tout récemment que les autorités israéliennes sont revenues sur l'affaire en demandant que lui soient communiqués les rushs détenus par France 2.
J'ai rédigé le précédent message de mémoire. Après vérification, il contient deux affirmations approximatives : c'est l'agence de presse francophone certes mais israélienne Mena qui a soulevé le lièvre ; la première enquête officielle israélienne ne niait pas expressément que des balles israéliennes aient pu tuer l'enfant, c'est exact, mais elles soulevait déjà le caractère improbable de la chose pour des raisons de balistique. La presse israélienne en revanche, a dénoncé la "bavure".
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