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La musique se meurt

Envoyé par Michel Le Floch 
15 février 2008, 10:59   La musique se meurt
Disques, concerts, enseignement...
La musique classique se meurt
Malgré quelques miroirs aux alouettes comme la Fête de la Musique, l'audience de Radio-Classique, les émissions de Jean-François Zygel ou Frédéric Lodéon, le classique est à l'agonie en France. Jacques Drillon a mené l'enquête

Tous les directeurs de salles, d'orchestres, d'opéras, le savent : malgré leurs actions, leurs opérations, leurs promotions en faveur des jeunes, leur public vieillit. Encore une génération à ce régime, et les salles seront vides. Déjà, l'élite est coupée de la musique. On peut être PDG, ministre, universitaire, directeur de journal, et ne pas savoir ce qu'est un allegro de sonate. «Autrefois, dit Daniel Barenboïm, les gens qui connaissaient la peinture de Picasso connaissaient aussi la musique de Stravinsky. Ce temps est révolu.» Déjà, on est obligé de préciser : musique classique, jusques et y compris sur les ondes de Radio-Classique, comme si c'était un genre à part, et que musique tout court évoquerait plutôt la Star Ac.
Déjà France-Musique est obligée de découper les concerts qu'elle diffuse pour intercaler des oeuvres qui détendent l'atmosphère : une heure et demie de quatuor à cordes, quelle horreur, passons un air d'opéra ! Déjà, les émissions de musique ont disparu des grandes chaînes de télévision, et France-Inter se contente de la petite heure de Frédéric Lodéon, qui ne diffuse que des bouts d'oeuvres, parfois des fragments de mouvements, parfois des fins de finales, pour que cela ait l'air gai, et dont le commentaire se résume à quelques anecdotes rebattues. Bientôt les amateurs de musique auront leurs sites internet, leurs salles, leurs programmes, leurs journaux, comme les latinistes ou les amateurs de jazz. Et cela malgré le voeu du chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus, qui veut rendre la musique à ceux qui disent «ce n'est pas pour moi», parce que le tissu français n'en est plus imbibé. Il est complètement sec. On a tout fait pour «amener les gens à aimer les grandes oeuvres», pour leur «ouvrir des portes». Ils ont passé la porte, et sont ressortis. Bien entendu, les amateurs ne disparaîtront pas; mais ils vivront dans les catacombes de l'art, entre eux, bien cachés, et sûrs de leur dérisoire supériorité. Car la vie musicale française commence à ressembler à ces paysages siciliens entièrement pourris d'immondices, d'immeubles crasseux, de publicités, de béton sale : prenez la troisième à droite, roulez dix minutes, vous verrez le temple grec de Sélinonte, dans sa bulle de verdure. Ou là-haut le théâtre de Taormine, que vous atteindrez en vous bouchant le nez, à cause de la pollution. Il n'y a plus personne pour habiter vraiment les palais baroques de Syracuse, personne pour les admirer, si ce n'est la masse des touristes qui lèvent la patte dessus. En France, la musique était attaquée par les bords, le centre, le dessous, elle commence à l'être par le dessus : dis-moi avec qui ton président fricote, je te dirai qui tu es.


Elle a déserté ses deux terrains de prédilection : l'église et l'école. La liturgie s'est appauvrie jusqu'au grotesque : guitare, flûte à bec et cantiques atroces; les rares curés s'en fichent, et la masse des «fidèles» n'est plus une masse, mais un petit groupe clairsemé, qui fond à chaque décès. Quant à l'école, la dégringolade de l'enseignement musical est à pleurer. Les cours, s'ils n'ont pas totalement disparu, sont devenus de véritables caricatures. S'il reste ici et là un professeur compétent, fort et dynamique, un saint, la majorité des enseignants tente de sauver les meubles. On «enseigne» donc la chanson et le rap.
«Je pars de ce qu'ils connaissent, dit une jeune agrégée. Leur tomber dessus avec une symphonie de Brahms ? Ils décrocheraient tout de suite. Donc on étudie une chanson qu'ils ont entendue, et de là je peux m'écarter un peu, leur faire entendre un lied de Schubert, leur expliquer ce qu'est un rythme binaire ou ternaire, et petit à petit on avance.» On se demande ce qui se passerait en mathématiques si le professeur partait «de ce qu'ils connaissent». Il n'irait pas loin. Pour le professeur de musique, l'élève doit être apprivoisé (comme une bête sauvage), ménagé (comme un malfaiteur), courtisé (comme un client). Ce n'est plus de la pédagogie : c'est de la trouille. En sorte qu'au bout de quatre malheureuses années de collège, à raison d'une heure de cours par semaine, l'élève est rendu à son ignorance originelle, vierge de tout viol intellectuel. Les 37 heures annuelles qu'il aurait pu consacrer à la musique sont dilapidées. La seule chance de survivre, pour le professeur lambda, c'est le plaisir facile. Or la musique procure un grand plaisir, mais difficile, dans l'écoute comme dans la pratique, et qui ne se gagne qu'à force d'attention, d'exigence et de travail. En les abandonnant à «ce qu'ils connaissent», nous laissons les enfants en proie à l'ennui, au ricanement, au désespoir.



Après trente ans de travail dans la région de Lille, Jean-Claude Casadesus constate que la musique fait cesser la violence dans les écoles où elle est pratiquée, et insiste : «Nous n'en avons pas encore épuisé toutes les vertus thérapeutiques. Nous touchons quinze mille enfants par an; lorsque nous en plaçons à côté des musiciens en répétition, ils comprennent que nous recommençons jusqu'à ce que cela soit bien. C'est d'abord un hommage que nous rendons à leur dignité, et ils le sentent, et ensuite ils comprennent que l'accomplissement d'un désir passe par la discipline et la rigueur. Il y en a que la musique a sauvés.» Autrement dit, avec le plaisir facile, on ne les sauve pas, on les condamne.
Les ventes de disques sont un bon indice. Si la part du classique a fait un petit bondelet de 0,8% en 2006 par rapport à 2005, grâce aux intégrales a 99 euros, il se traîne tout de même à 6,5% du total, ce qui n'est pas grand-chose, surtout si l'on tient compte du téléchargement massif de variétés pratiqué par 2,3 millions de foyers français, lequel dope l'écoute mais ralentit les ventes, qui ont baissé globalement de 18%.
Pour une grosse compagnie comme Harmonia Mundi, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 72% en dix ans, mais qui le réalise surtout dans la distribution de labels extérieurs (la production maison ne représente plus que 30% de son activité), la mise en place d'un nouveau CD, c'est-à-dire le nombre d'exemplaires achetés par les disquaires, a baissé de 30% en dix ans; pour une petite maison, comme il en a fleuri beaucoup, et d'excellentes, dans les années 1990, on tombe à une mise en place de 300 ou 500 exemplaires. Jean-Paul Combet, patron d'Alpha, explique dans «Diapason» qu'il n'a mis en place que 1500 exemplaires d'un CD Bach, qui n'est pas le dernier des ploucs, dirigé par Gustav Leonhardt, qui n'est pas le dernier des manchots. A présent, un CD a du succès lorsqu'il s'en vend 1500 exemplaires hier c'était 3 000. Sylvie Brély, qui dirige Zig-Zag, avoue à sa suite : «Pour prendre un minimum de risques, les disquaires nous demandent des investissements promotionnels dans les magazines, à la radio. Au prix du papier dans la presse française, c'est une arithmétique périlleuse.» Pour survivre, ces petits labels ont dû «s'adosser à une nouvelle structure financière» (Alpha), ou «s'ouvrir à des associés supplémentaires» (Zig-Zag) .
Bien sûr, les écoles de musique et les conservatoires sont pleins. Bien sûr, il faut faire la queue toute la nuit pour inscrire un enfant dans un conservatoire parisien; et s'il n'y a plus de place en piano ou en flûte, on le mettra en tuba ou en basson. Mais c'est qu'ils sont très petits, ces conservatoires, et qu'il y a très peu de classes. Ils sont très pauvres - quoique rares et chers. Il est d'ailleurs aussi difficile d'y enseigner que d'y apprendre : la voie est bouchée des deux côtés. Et la résignation gagne du terrain; à la question «êtes-vous plus heureux de vos élèves qu'il y a vingt ans ?», un professeur du Conservatoire de Paris répond : «Je suis plus heureux parce que je suis moins exigeant. Quant à eux, ils ont pris conscience de ce qui les attend; ils seront profs...» Les professeurs de conservatoires municipaux («à rayonnement municipal», doit-on dire aujourd'hui), qui commencent à 15 euros l'heure (15 euros !), acceptent des cours particuliers, payés le double, et passent leur temps dans leur voiture ou dans le métro : «Ce n'est pas le pire, dit l'une. Le pire, c'est qu'après sept heures de cours on n'a plus d'énergie pour rien, pour travailler son instrument ou pour aller au concert. Dans certaines boîtes, il faut faire des concerts de professeurs, de la paperasse, jouer avec les élèves aux examens, parfois à l'autre bout du département, on est bon pour tout, on est des esclaves. Je ne vois plus mon fils, j'aime encore la musique, mais c'est un miracle.»
La relève viendra d'Asie. Les musiciens coréens, japonais, chinois raflent tous les prix internationaux. Leur formation est féroce, ils ont un niveau technique ahurissant, ne serait-ce qu'en Chine, où il y a 50 millions de pianistes... Une musicienne française qui revient de Taiwan : «Ils vous accueillent à bras ouverts, là-bas, les élèves se précipitent à vos cours, mais les messieurs qui vous signent des contrats vous font des petits sourires entendus. La musique est un marché comme les autres, et Us comptent bien l'emporter.» Actuellement, un étudiant sur quatre en classe de violon au Conservatoire de Paris est asiatique, un sur trois en piano.
Bien sûr, des manifestations comme la Folle Journée de Nantes ou certains festivals ont du succès. Mais ce sont des feux de paille : les onze mois suivants sont à peu près vides. A Nantes, on achète les billets au poids. Vous n'avez plus de «Truite» de Schubert ? Donnez-moi ce que vous avez, une «Belle Meunière», ha ! ha ! «Tout ce marketing qu'on fait autour de la musique, dit Daniel Barenboïm, repose sur une idée : vous n'avez pas besoin de la connaître, vous n'avez qu'à venir et prendre votre pied. Comme si l'auditeur n'avait rien à faire, ni à être concentré, ni à être préparé. Comme s'il lui suffisait de s'asseoir et de laisser agir la magie de la musique. C'est faux, c'est faux !»
Bien sûr, Jean-François Zygel remplit ses théâtres, investit la radio, la télévision et fait la une de «Télérama». Mais n'est-il pas la preuve que nous vivons dans un état de pauvreté musicale qui touche à l'indigence ?
Si l'école faisait son mener, tout le monde saurait par coeur ce qu'il raconte.
Bien sûr, l'audience de Radio-Classique monte lentement mais régulièrement (1,7% contre 1,6% à France-Musique, pour les derniers mois de 2007). Mais Radio-Classique ne diffuse que des petits bouts d'oeuvres, et seulement des tubes, présentés par des personnalités aussi proches de la musique que Johnny Hallyday l'est de Blaise Pascal, ainsi Nelson Monfort ou Carole Bouquet...
Bien sûr, il est difficile d avoir des places à l'Opéra. Mais pour y voir quoi ? Et dans quel but ? Les maisons d'art lyrique, dont Boulez disait qu'il fallait «les brûler», ont toujours fasciné les classes moyennes : les costumes (sur scène et dans la salle), les stars, les balcons, d'où l'on se zieute... La satisfaction de pouvoir dire : j'y étais... Et de pouvoir se dire : j'en suis. Cela dit, les opéras de province sont menacés de baisses de subventions.
Restent les stars, qui remorquaient le grand public. Mais les vedettes n'existent plus dans le classique : il y a bien une Hélène Grimaud, qui va jusqu'à poser pour des pubs de bijoux parce qu'elle est elle- même une parure, mais il n'y a plus de Menuhin, de Karajan, de Horowitz, qui réunissent sur leur nom à la fois le succès public et l'estime des connaisseurs. Bien sûr, les chanteurs d'opéra ont un nom qui dit quelque chose au grand public, Cecilia Bartoli, Roberto Alagna, mais à côté de Callas ou de Fischer-Dieskau... Non, le monde du classique n'est plus capable de produire ses vedettes. Un Kissin, un Sokolov remplissent les salles, mais combien de Français seraient capables de dire s'ils jouent du piano, du violon ou du cornet à pistons ? D'ailleurs, Alagna est-il ténor, baryton ou basse ?

Jacques Drillon
Le Nouvel Observateur
Merci de ce texte qui correspond parfaitement à toutes nos observations. La mort de la musique ("classique") est l'emblème même de l'effondrement de la ("grande") culture.

Jamais monde n'aura mis plus de soin à nous détacher de lui progressivement et en douceur, jamais vie n'aura apporté pareille délicatesse à se retirer de nous de notre vivant, jamais civilisation n'aura mieux consolé de la mort.
15 février 2008, 11:36   Re : La musique se meurt
Il a lu Renaud Camus, ce Jacques Drillon ? Non, sans doute pas car si la description des symptômes est en gros la même, il y manque l'analyse des causes profondes du mal.

On serait tenté de se dire que c'est tout de même mieux que rien, mais il se peut qu'il faille s'en garder. Si Renaud Camus a raison, il vaut mieux laisser ce qui reste de la musique - et de la culture en général - dans les catacombes, sous la protection de quelques gardiens, à l'abri des pédagogues,des vulgarisateurs et surtout des plateaux de télévision : c'est ainsi qu'elle aura une chance de traverser les siècles de barbarie qui sont devant nous.
15 février 2008, 11:37   Re : La musique se meurt
Ah, nos messages se sont croisés...
15 février 2008, 12:14   Re : La musique se meurt
Belle moisson ce matin: l'article foisonnant, puis l'élégie de notre écrivain, et la conclusion science-fictionnelle de notre secrétaire général.
J'ai retenu mon souffle en lisant:"Addio cielo, addio terra, addio patria" et ensuite:"Jamais monde..., jamais vie..., jamais civilisation...". Il faudrait une symphonie de Tchaïkovski pour bercer ces paroles. "Les siècles de barbarie qui sont devant nous." Là j'y mets du Dvorak, (la Symphonie du Nouveau Monde, si bien trouvée pour accompagner le début du film l'odyssée de l'espace).
Pourtant il faut vivre les années qui nous sont allouées encore.
15 février 2008, 12:45   Re : La musique se meurt
Il me semble bien me souvenir que le début du film de Kubrick est accompagné par les premières mesure du Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss...
15 février 2008, 13:02   Re : La musique se meurt
Cher Didier Goux, je suis bien étourdie, je ne peux que saluer votre culture.
15 février 2008, 14:16   Re : La musique se meurt
"Bien entendu, les amateurs ne disparaîtront pas; mais ils vivront dans les catacombes de l'art, entre eux, bien cachés"

Hé bien, oui. Pourquoi pas ? Toute grande sagesse, tout grand système de pensée, tout grand art qu'ils soit musical ou autre et, partant, toute grande culture, peuvent-il survivre à la massification ? On en revient à l'éditorial de Renaud Camus. La boucle est bouclée. Il faudra peut-être repartir à zéro, et réserver, selon l'antique pratique, ces si bien nommées "disciplines" à des initiés triés sur le volet et tenus à un quasi secret qui en redorera le blason et le prestige par contraste avec la facilité d'accès putassière des "artistes" de consommation courante.
15 février 2008, 16:34   Re : La musique se meurt
N'exagérons rien...
Utilisateur anonyme
15 février 2008, 16:55   Re : La musique se meurt
"Il me semble bien me souvenir que le début du film de Kubrick est accompagné par les premières mesure du Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss..."

Ce thème est entendu à au moins à trois reprises dans le film. Peut-être au début (mais je ne suis pas très sûr, il me semble que l'on entend plutôt le beau danube bleu), puis quand un grand singe s'empare d'un os ou d'un bout de bois pour en faire un instrument et, à la fin, quand l'enfant apparaît dans sa bulle.

PS. Chère Anna, vous n'êtes pas rancunière.
15 février 2008, 17:10   Re : La musique se meurt
Il serait intéressant que Didier Goux précise ce qu'il conviendrait de ne pas exagérer. S'il veut dire qu'il n'y a pas forcément besoin d'un effort surhumain pour aimer la musique, je serais assez d'accord. Si c'est la déculturation qu'il ne faut pas exagérer, je ne le serais pas du tout. Permettez-moi une constatation et une anecdote.

Quand la FNAC a commencé à vendre des disques, dans les années soixante, il s'agissait essentiellement de disques de musique savante. Aujourd'hui, aux Halles, elle occupe le plus petit espace et de loin. Peu avant la fin de l'année dernière, une FNAC a ouvert à Gennevilliers. Comme ce n'est pas loin de chez moi, j'y suis allé : il y avait plutôt moins de musique "classique" qu'à mon supermarché Continent, et il s'agissait à peu près des mêmes disques que vend celui-ci et que je vous laisse imaginer. Vous me direz sans doute que le public de la FNAC s'est élargi ? C'est vrai, exactement comme celui de l'école et avec exactement les mêmes conséquences.

Du reste, il ne s'agit pas seulement d'élargissement du public. Voyez l'anecdote : il y a quelques mois, l'orchestre dans lequel je joue a donné un concert au Palais des congrès dans le cadre du congrès mondial de cardiologie. La salle était loin d'être pleine, la majorité des congressistes ayant préféré s'égayer dans la ville pour profiter, sans doute, des délices de Paris by night. Restaient quelques centaines de cardiologues que l'on aurait pu présumer amateurs. Oh, ils étaient enthousiastes ! Au point d'applaudir à tout rompre à la fin de chaque mouvement. Il a fallu que le chef se retourne et fasse comprendre à la salle qu'il convenait d'attendre la fin de l'oeuvre. Des cardiologues...
Utilisateur anonyme
15 février 2008, 17:17   Re : La musique se meurt
A mon avis, M. Goux répond à Anna, en étalant une charmante modestie.
15 février 2008, 17:24   Re : La musique se meurt
Ah oui, vous avez sans doute raison. Pardon.
15 février 2008, 17:38   Re : La musique se meurt
La médiathèque de la Communauté française de Belgique, que je fréquente assidûment, va mal. Elle a été créée il y a tout juste cinquante ans, ses collections "classique" sont une merveille, et l'on peut toujours y emprunter des splendeurs introuvables ailleurs. Elle vient de licencier une partie de son personnel. Voici belle lurette que le fait suivant est avéré : c'est le rock qui la fait (faisait) vivre, et permettait d'acheter des disques classiques plus coûteux. Or, l'on emprunte de moins en moins, y compris du rock. Elle a lancé un service de téléchargement, qui ne fonctionne pas très bien (environ 1 euro la plage, alors que l'emprunt d'un disque pour une semaine coûte 1 euro 60)...
15 février 2008, 17:43   Re : La musique se meurt
Pardonnez-moi, cher Marcel, vous savez quelle gratitude nous nourrissons à votre égard, mais depuis que la hiérarchie des messages a disparu, il n'y a plus moyen de savoir qui répond à qui...
C'est moi qui ai demandé la suppression de la hiérarchie des messages, au profit de leur ordre chronologique. Outre que les arborescences hiérarchiques (et pourtant Dieu sait que j'aime la hiérarchie...) sont fort laides, elles introduident un désordre bien plus grand que celui qu'elle combattent, les nouveaux messages apparaissant n'importe où et tenant compte dans leur contenu, souvent, par allusions ou références, de messages situés plus bas qu'eux dans le fil. Si l'on veut se faire une idée globale d'une discussion, c'est totalement inintelligible. J'ajouterai que nous sommes un forum public. Même quand un intervenant répond spécialement à un autre, il le fait ici en public, pour le bénéfice de tous, et doit pouvoir être lu par chacun. Nous n'avons pas à encourager les apartés. Ceux qui tiennent à ne répondre qu'à un seul autre intervenant ont tout loisir de le préciser dans leur titre et de tout autre façon.

................................................................

Cher Didier Goux (interpellation particulière), comprenez-vous ce qui se passe sur "l'autre site" (question d'intérêt général, ou presque) ? Il semble en état de catalepsie. Est-ce parce que personne ne souhaite y intervenir, ou bien pour quelque raison technique ? D'aucuns se plaignent à moi, qui n'en peux mais et ne suis pas dans le secret des dieux, de ne pouvoir y déposer de message faute d'un "identifiant", ou quelque chose comme cela. Le responsable, d'après la rumeur, serait trop occupé par la campagne municipale (qu'il ne mène pas sous les couleurs de l'In-nocence, à ma connaissance). Mais vous, Didier Goux, Didier Goux, qui êtes identifié et sur-identifié de toute part, si l'on ne vous y voit plus, vous qui en futes l'âme, est-ce parce que vous en avez par-dessus la tête (ce que je comprendrais fort bien, et puis les âmes sont comme ça — j'en ai bien connu plusieurs) ou bien parce que vous ne pouvez pas y accéder ?
Je crois vraiment que couper la possibilité de répondre, dans un forum, à un autre message que le dernier en date, sauf à se plier à un tout un apparat de citations et de références, n'est pas une bonne idée. Nous verrons à l'usage...

Citation

elles introduident un désordre bien plus grand que celui qu'elle combattent, les nouveaux messages apparaissant n'importe où

Il n'y a pas le moindre (pas le moindre !) aléa dans l'ordre d'apparition des messages, cher Président. Mais je crois inutile de le montrer : il faut saisir, intuitivement, comment ça marche...
15 février 2008, 21:22   Re : La musique se meurt
Par "apparaissant n'importe où" je voulais dire que "n'importe où" dans le développement du fil on peut voir apparaître un nouveau message. Je vous donne acte bien volontiers qu'ils n'apparaissent pas "n'importe où" au regarde de leur logique interne. Mais il est très fatigant de devoir chaque fois regarder tout le long du fil ce qu'il pourrait bien y avoir comme nouveau message.
"A mon avis, M. Goux répond à Anna, en étalant une charmante modestie."

Voilà...
15 février 2008, 21:32   Réponse à Renaud Camus
Bon... je ne sais trop quoi vous dire, cher Maître : l''autre forum me semble en situation de coma dépassé. Dès que quelqu'un s'y manifeste, je fais effort ( non, le terme est mal choisi) pour y répondre, mais tout cela se passe dans un retentissant silence.

Cela étant, je n'ai nul problème d'accès au forum en question, si tel était l'objet de votre intervention sur celui-ci...
15 février 2008, 22:07   Re : La musique se meurt
Oui, ce l'était en effet — j'espérais que sa léthargie était d'origine technique, plusieurs personnes (dont Jacqueline Voillat) ayant fait état auprès d emoi d'une impossibilité à y laisser des messages. Mais si vous n'avez aucun problème, les raisons sont à chercher ailleurs.
15 février 2008, 22:18   Re : La SLRC se meurt-elle?
Si si, non, non, chers Renaud Camus et Didier goux, il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond. J’ai tenté d’intervenir il y a plus d’une semaine et à plusieurs reprises sur la SLRC,en vain. Je reçois les réponses les plus farfelues : « message identique envoyé il y a un quart d’heure », « erreur numéro je ne sais combien », « identifiant déjà utilisé par une autre personne » etc. J’ai pu, à un moment donné, poster un « test » depuis un autre ordinateur et rentrée à la maison, cela n’a plus marché. Plus du tout. J’ai prévenu le webmaster qui se déclare fort occupé (ce que je peux comprendre) mais il n’y a pas de raison pour que d’autres n’aient pas ce même problème.
15 février 2008, 23:19   Re : La musique se meurt
Citation

Mais il est très fatigant de devoir chaque fois regarder tout le long du fil ce qu'il pourrait bien y avoir comme nouveau message.

Je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point, et, d'ailleurs, je m'en étais plaint. Mais cela ne vaut qu'en absence de hiérarchie, puisque, évidemment, dans une liste hiérarchisée, il suffit de cliquer sur le titre du nouveau message pour qu'il apparaisse en haut de la fenêtre suivante.

En bref : dans la fenêtre des messages, ou bien l'on voit qui répond à qui, mais il est très fatigant de trouver les nouveaux messages, ou bien on trouve tout de suite les nouveaux messages (la la fin de la liste) mais on ne sais plus qui répond à qui...

Si l'on pouvait accéder, à la demande (comme par le passé), à une table soit chronologique, soit hiérarchique (fonction "déployer la liste" de l'ancien forum), tout le monde trouverait son bonheur. Nous verrons si les gourous ont cette puissance.

J'insiste seulement sur ceci : il faudrait que l'on puisse voir quelque part qui répond à qui.
Utilisateur anonyme
15 février 2008, 23:19   Re : La musique se meurt
N'oublions pas de disculper tous ces merveilleux outils de reproduction et de diffusion du son, depuis le 78 tours jusqu'au MP3, qui, bien évidemment, ne demandaient qu'à servir la musique s'ils n'avaient été structurellement incompatibles avec icelle. On ne peut pas tout avoir.
15 février 2008, 23:57   Re : La musique se meurt
Citation

s'ils n'avaient été structurellement incompatibles avec icelle

Que voulez-vous dire, Monsieur Bolacre ? Allusion à l'analogique contre le numérique, ou autre chose ?
16 février 2008, 00:08   Citation mon
Bernard Lombart, Bernart Lombard, ne saurez-vous vous déprendre de cette passion qu'on voit qui vous ravage pour ce méchant petit gadget du nouveau système, les prétendues "citations" encadrées, comme dans les plus vilains manuels de B.T.P. qu'on achète en bas de la rue Saint-Jacques ? Que vous ont fait nos vieux guillemets à chevrons, ces tractions avant renversées dans les fossés de la littérature ?
16 février 2008, 00:21   Re : Citation mon
Oh, ce n'est pas une passion, cher Président, c'était seulement pour pallier l'absence de hiérarchie dans les réponses... Mais pour vous plaire, j'utiliserai dorénavant les beaux « guillemets français » (à condition que vous fassiez la même chose...)
16 février 2008, 08:23   « "
J'ai toujours utilisé les guillemets français pour les citations. J'utilise les guillemets anglais comme marques d'ironie, de distance, d'emprunt, de semi-citation.
16 février 2008, 08:50   Re : « "
C'est juste. Pour me faire pardonner : une jolie page sur les guillemets.
Utilisateur anonyme
16 février 2008, 09:06   Re : La musique se meurt
Cher Bernard Lombart,

J'essayais de dire que la musique, de tous les arts, était le moins préparé et le moins fait pour résister longtemps à sa reproduction et diffusion, d'abord mécanique avec le 78 tours, puis analogique, puis numérique, pour moi c'est tout un, la musique n'était pas faite pour se prêter longtemps sans s'y perdre à la fantaisie exorbitante qui consiste à convoquer chez soi, sur la simple pression d'un bouton, d'entiers orchestres symphoniques, de les faire jouer ou de les éteindre à volonté, le temps de faire le ménage ou la cuisine, planer en solitaire ou s'envoyer en l'air.

Il y a eu comme qui dirait une mise en concurrence de miracles au détriment du miracle initial, celui accompli par le musicien en chair et en os, l'interprète du Temps, capable seul de le suspendre avec audace au moment d'attaquer la première note. A ce miracle-là on a préféré, on s'est laissé séduire par, celui, tout aussi inouï d'ailleurs, de pouvoir transporter des orchestres au grand complet à peu près n'importe où, en particulier dans sa brouette à moteur, le long des routes.

Les mélomanes payent aujourd'hui très cher les quelques années de bonheur que leur a prodigué leur discophilie, avec ses interprétations historiques, ses enregistrements d'anthologies, tous ces « grand moments » renouvelables à satiété et dont ils ne se sont pas plus méfiés que les héroïnomanes le jour de leur premier flash, oubliant que l'essence même de la musique, ce qui la distinguait et, peut-être, la plaçait au-dessus de tous les arts, était très précisément de ne pas laisser de traces, de n'être pas fixée, de s'adresser au Temps par exception, en des occasions toujours rares, qu'elles soient sarabandes villageoises de violoneux fêtant la fin des vendanges, musique inspirée d'organiste célébrant l'office, grand théâtre du son sculpté par l'orchestre dans des salles imaginées pour le recevoir. On a cru pouvoir graver tout cela et en jouir à loisir sans se douter que c'était à une pierre tombale qu'on travaillait.
16 février 2008, 09:44   Autre site
Bien cher Didier,

Le problème soulevé par Renaud Camus me rend impossible l'écriture de messages sur "l'autre site", et ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en manque, eu égard aux plus récentes parutions !

Pouvez-vous "faire quelque chose ", comme le demanda naguère Bernadette à Jacques ?
16 février 2008, 09:47   Guillemets
Comment ? il existe deux sortes de guillemets avec le clavier AZERTY ? je pensais qu'on ne pouvait écrire que "".
16 février 2008, 10:21   Re : La musique se meurt
» Les mélomanes payent aujourd'hui très cher les quelques années de bonheur que leur a prodigué leur discophilie

Je comprends très bien votre remarque, il me semble. Mais tout de même, c'est une question d'usage, et chacun peut se cultiver, se ménager de longues plages de silence, ou s'étourdir en permanence, avec les mêmes moyens techniques... Ou placer la K310 dans son ipod comme pharmacie personnelle. Ou combiner : moi, par exemple, j'adore écouter la Bibliothèque idéale de Finkielkraut en faisant la cuisine (encore merci, Rogemi !) Mais il ne me viendrait jamais à l'idée d'écouter certaines œuvres dans les même circonstances...
16 février 2008, 11:18   Re : La musique se meurt
Cher Corto, pouvez-vous regarder vos messages privés, j'y avais laissé un message depuis trés longtemps.
16 février 2008, 11:24   Re : Autre site
Mais non, cher jmarc, je ne peux rien faire du tout, étant au-dessous de la nullité crasse en matière d'informatique ! Il se trouve que, pour l'instant, je n'ai aucun problème avec l'autre site, c'est bien tout ce que je puis dire.
Utilisateur anonyme
16 février 2008, 11:43   Re : La musique se meurt
Cher Bernard,

Vous écrivez que "c'est une question d'usage" et vous avez raison. Tout est une question d'usage. Mais je ne sais pas si certaines techniques (comme toujours très bien intentionnées) ne conduisent pas nécessairement au mauvais usage parce que, dans leur principe même, il y a quelque chose d'un contre-sens originel, en l'occurrence, pour la musique, le contre-sens originel de vouloir la fixer sur quelque support que ce soit pour en disposer à volonté.

Et puis, il y a aussi, peut-être, j'en ai peur, que la musique, véhicule possible des plus riches émotions, porte aussi en elle un fond épais d'irrésistible bêtise, s'adressant à celui des sens sur lequel on n'a aucune maîtrise (comme l'a si bien observé Pascal Quignard) : l'ouïe. Dans de telles conditions, le "bon usage" que vous préconisez me semble, dans les faits, impraticable.
16 février 2008, 11:55   Re : La musique se meurt
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les observations de Pascal Quignard ?
16 février 2008, 12:09   Re : La musique se meurt
Dans ce cas, si l'on invoque son « principe même », la musique ne peut s'écouter qu'en concert. Je dirai même plus : en la pratiquant... L'enregistrement, depuis la « tonotechnie ou l'art de graver les cylindres » du moine Engramelle, au dix-huitième siècle, serait une perversion...
Utilisateur anonyme
16 février 2008, 12:26   Re : La musique se meurt
Ces observations sont, si ma mémoire est bonne, dans La haine de la musique qu'il faut que je retrouve.

Que l'enregistrement de la musique soit une perversion, en effet, c'est exactement ce que je crois, c'est-à-dire, comme perversion, qu'il peut, l'enregistrement, être éventuellement "maîtrisé" par un très petit nombre (comme les drogues) mais se révèle mortel dans l'utilisation de masse. Je ne vois absolument pas comment les choses eussent pu évoluer autrement que de la façon qu'elles ont évolué.
Utilisateur anonyme
16 février 2008, 13:30   Re : La musique se meurt
Entièrement d'accord avec Orimont, sur le fond … écrit-il, alors qu'il ne sait pas où trouver une place pour ses dernières acquisitions de musique en conserve (je veux dire CD) !

Retour du refoulé : on ne peut pas dominer la technique, la maîtriser, ni même en aménager les effets : c'est elle qui vous maîtrise, de part en part.
Et pour cause ...

J'en reviens à l'une de mes turlutaines favorites : il n'y a pas de solution technique à la technique …
Utilisateur anonyme
16 février 2008, 16:32   Re : La musique se meurt
On sait que le diable se niche dans les détails, il m'amuse de me faire son avocat …

Quand une très grande dame du chant français vous raconte que, certains soirs, pour rejoindre le silence, elle ne sait rien de plus beau que les quatre derniers Lieder de R.Strauss par Karajan / Janowitz : allons-nous dire "subjectivité, sentimentalisme, artifice", "répétition mécanique" ?

Comme disait Debord : "Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux" ?

Quand vous écoutez en "live" (aïe …) un concert sur France-Musique, quand vous écoutez sur CD, à fin de découverte, une œuvre que vous ne connaissez pas encore, ou trop mal : quelle différence avec une lecture de partition, si l'on a pas les moyens de cette dernière ? Comment apercevoir les richesses et possibilités d'une œuvre à travers un nombre très limité d'exécutions ?

Fallait-il respecter le vœu de S.Celidibache de ne publier aucun enregistrement de ses concerts, et ne plus jamais pouvoir entendre ce qu'était son incroyable lecture des symphonies de Bruckner ? Ne parlons pas de Glenn Gould …

Ne peut-on imaginer (surtout si vous fréquentez les salles de concert !) qu'un auditeur de "musique en conserve" puisse être infiniment plus "légitime" que la plupart de ceux qui assistent au "spectacle" de la musique "vivante" ?

Quand l'Opéra de votre ville va donner une œuvre rare ou bien que vous ne connaissez que par ouï-dire, préparer cette découverte en visionnant le DVD d'une représentation exemplaire de cette œuvre, dans une démarche "pédagogique", qu'elle soit personnelle ou à destination d'un quelconque "public" (ses enfants ou petits-enfants …) : erreur fatale ?

Quand vous n'êtes pas né dans un milieu musicien, ni mélomane, voire même un peu … sourd, et que, jeune adolescent, c'est une "promo" qui vous attire, presque par hasard vers Beethoven ("l'année Beethoven", déjà !), et que bien plus tard votre fille est amenée à travailler son violon avec un maître : inutile ?

Etc.

Et pourtant … laissant le diable de côté, je redis que je suis totalement d'accord avec Orimont sur le fond.

Vaste question !
16 février 2008, 18:03   Re : La musique se meurt
Qui n'est pas à Rome peut écouter à la radio la bénédiction urbi et orbi...
16 février 2008, 18:12   Re : La musique se meurt
Comment ça, il n'y a pas de solution technique à la technique ??

Utilisateur anonyme
16 février 2008, 18:56   Re : La musique se meurt
lol, sinon rien.
16 février 2008, 20:02   Re : Guillemets
Les guillemets directement mis à notre disposition sont ceux de la petite secrétaire, appelés " chiures de mouche ". Eh oui, cher jmarc, j'ai découvert un paragraphe d'orthotypographie, grâce à ce merveilleux site de l'In-nocence.
Quant aux guillemets français en tapant sur Azerty, il n'y a que cette façon : << c'est à dire deux fois le signe mathématique signifiant inférieur à, suivi de deux fois le signe mathématique plus grand pour clore les guillemets >>.
Quand aux guillemets anglais, à la forme appelée 66 et 99, symboliquement, à vrai dire la forme en est des virgules tracées à l'aide d'une plume à encre qui permet d'appuyer trés fort sur le départ de notre virgule, si c'est le neuf, et trés fort à l'arrivée pour le six, donc ces guillemets là sont réservés à l'écriture manuscrite, et sont situés en haut comme ceux de la secrétaire.
16 février 2008, 20:08   Re : Guillemets
Anna, je pense - non : je sais ! - que je vais finir par vous épouser !
16 février 2008, 21:17   Re : Guillemets
«««««""""""Qqqqqoioioioioi?????? Comment ? Mais il n'en est absolument pas question ! Vous n'êtes même pas membre du parti !!!! """" »»»»»


D'ailleurs Mme de Roberty est déjà mariée. Et, maintenant que j'y pense, vous aussi. Non, à l'extrême rigueur, vous pourriez être admis à la piloter le temps d'un "crash course" sur la question des espaces, où elle s'est toujours montrée d'une légèreté coupable, c'est vrai. En tout cas, pour les guillemets français, alt et 7 pour les ouvrir, majuscule, alt et 7 (en même temps) pour les fermer, guarda : ««««««««»»»»»»»»»»»»»
16 février 2008, 22:08   Re : Guillemets
Alt et 7, ça c'est du Mac.

Pour les autres, c'est un peu plus compliqué :
Alt et 0171 donne «
Alt et 0187 donne »

C'est vrai que j'ai envie d'dire il attend quoi, là, Monsieur Goux
16 février 2008, 23:23   Re : Guillemets
Ah, mais je suis trés troublée par votre demande en mariage qui arrive si tard dans ma vie, mais quand même une petite période de fiançailles ne fera pas de mal,Didier Premier ; pour les guillemets, si maintenat je n'y arrive pas aprés les fantastiques accrobaties de notre Président ! Quant aux modestes explications de notre Secrétaire Général, je ne m'en contente pas : il me faut un cours particulier...
((((((Cher Renaud Camus, je vous ai VU dans le parc du château d’en face, spéculer, oui, spéculer, léger, dispos, heureux de pouvoir faire carême en toute tranquillité. Et moi, pauvrette, bâillonnée, ligotée à la frontière, je ne peux qu’attendre en fulminant que le pas de Givet redevienne praticable. Mais alors, alors, ma vengeance sera TERRRRRRRRIIIIIIIIIBLE…))))))
Utilisateur anonyme
17 février 2008, 11:27   Re : Guillemets, parenthèse, point final
Voilà qui est fait, chère Anna ! Pardon, je ne suis pas encore habitué à toutes les nouvelles fonctionnalités du site....

PS Permettez-moi de trouver plus poétique la comparaison de Renaud Camus des "vieux guillemets à chevrons", avec les"tractions avant" que la vôtre avec les chiures de mouche ". D'ailleurs si votre projet d'hymen avec M. Goux devait se concrétiser (réfléchissez bien...), je serais honoré de vous conduire à l'église dans ma vieille mais belle traction avant, dont le pare-brise sera naturellement vierge de tout "guillemet" et cela même si cette union ne devait être qu'une parenthèse dans vos vies respectives et non le point final des émois de vos coeurs.
Utilisateur anonyme
17 février 2008, 12:57   Re : La musique se meurt
A titre indicatif « qu’il n’y a pas de solution technique à la technique » n’est pas qu’une mienne marotte, c’est une sorte de leitmotiv de Heidegger, présent dans divers de ses textes majeurs sur le sujet.

Quelque opinion que l’on ait de ce penseur –souvent sans l’avoir lu, ou si peu, ou si mal – il me paraît difficile d’écarter cette assertion d’un geste rapide, ou de n’y voir qu’une « formule » facile.

Le problème posé au cours de ce fil me semblait permettre, à partir de faits et dans un domaine « sensible », une approche quasi phénoménologique en vue de dégager une problématique essentielle qui n’est pas sans horizon politique, et sur un sujet à première vue d’importance pour l’In-nocence (éducation, culture, école, transmission, etc.).

Mais bon …
17 février 2008, 13:09   Re : La musique se meurt
Il n'est pas question, je crois, de se moquer de cette formule, mais l'aphorisme a peut-être moins de sens hors de son contexte. N'oublions pas non plus que le texte de Heidegger ne rejetait pas la technique sans plus d'égard, loin de là.

À l'entendre avec le simple appareil du bon sens, on peut se demander, par exemple, quel serait le statut du cinéma...
Utilisateur anonyme
17 février 2008, 14:25   Re : La musique se meurt
«L'aphorisme a peut-être moins de sens hors de son contexte »
Retourner au texte montre, je crois, qu’il est on ne peut mieux en situation !
Le problème soulevé ici de fil en aiguille permet, il me semble, un angle d’attaque fécond sur cette question.

« N'oublions pas non plus que le texte de Heidegger ne rejetait pas la technique sans plus d'égard, loin de là.»

Sans doute, quoique … Je ne suis pas certain qu’on puisse au final tout à fait "fixer" la pensée du "dernier" Heidegger sur ce point. Cela dit la "formule" déporte cette question : l'issue vis-à-vis de l'emprise de la technique, pour pouvoir la maîtriser et lui donner un destin accueillant au sein de l’existence humaine, ne saurait être obtenue techniquement.
Car … « l'essence de la technique n’est rien de technique ».
Utilisateur anonyme
18 février 2008, 13:23   Re : La musique se meurt
(Message supprimé à la demande de son auteur)
18 février 2008, 16:09   Re : La musique se meurt
« S'il veut dire qu'il n'y a pas forcément besoin d'un effort surhumain pour aimer la musique, je serais assez d'accord. Si c'est la déculturation qu'il ne faut pas exagérer, je ne le serais pas du tout.
Permettez-moi une constatation et une anecdote
. (…) »


Je suis loin d’être aussi noire que la plupart des intervenants sur ce fil (je ne copierai pas toutes les citations) même si j’ai lu moi aussi l’éditorial de Renaud Camus et que je le trouve convaincant.
A moins de considérer que les jeunes ne méritent aucun effort de la part des adultes amateurs de musique, ou que les généralités reflètent toujours exactement la réalité (même si l’on sait qu’elles ont toutes la chance de s’en rapprocher) je voudrais, par rapport à l’article du Nouvel Observateur faire part de ma modeste expérience. Le public d’opéra ne vieillit pas, au contraire, il rajeunit d’année en année. Autant, lorsque je parlais d’opéra dans mes classes au début de ma carrière on me regardait avec des yeux ronds d’incompréhension, autant à présent je remporte un succès que je pourrais qualifier de franc. Le service éducatif du Théâtre Royal de la Monnaie a mis au point un programme ambitieux et très performant pour les écoliers et les étudiants (35.000 élèves assistent chaque année à une journée de présentation de l’opéra et voient un spectacle) et le résultat est palpable. La plupart de mes étudiants ont vécu cette expérience, s’en déclarent ravis et ont l’intention de continuer à s’y rendre. J’ai eu l’occasion déjà de parler de mes visites de stages pédagogiques et qu’à cette occasion, j’entends un peu partout des récits enthousiastes de la part des professeurs qui ont emmené leurs classes à ces journées. « L’éveil du printemps » de Wedekind, l’an dernier, très bien préparé apparemment a été particulièrement apprécié.
C’est une réflexion issue de la lecture du dernier livre de Brighelli sur un autre fil et concernant le mépris qu’il y a à ne pas tirer les élèves par le haut qui me pousse à réagir. Un jour, je m’entretenais avec deux professeurs de l’enseignement secondaire. L’une racontait avec ce transport dont je parlais plus haut son expérience « opératique » avec ses élèves. Et l’autre, enseignant dans une école des quartiers dits déshérités, avec cette insupportable « compréhension-compassion » qu’éprouvent beaucoup de ces professeurs bien-pensants, affirmait qu’elle aimerait bien mais que pour ses élèves, ce n’était pas possible car « tout ça était tellement loin de leurs préoccupations ». L’autre personne et moi lui avons alors demandé en quoi ses élèves étaient différents des autres et pourquoi, eux, n’avaient pas droit à la beauté. Elle en est restée bouche bée. Cantonner les élèves dans ce qui leur est familier, une des manies de certains pédagogues vitriolée par Brighelli est la meilleure façon de « fabriquer des crétins » mais ce bon sens-là est apparemment difficile à acquérir.
Un mot encore. Vendredi dernier, j’ai emmené mes étudiants dessiner aux musées royaux, dans les collections permanentes de la section 19° siècle. Il y avait de nombreux groupes d’élèves du « primaire » et du « secondaire » (et même des petits du « préscolaire ») tous dûment cornaqués par des animateurs du musée ; j’ai été frappée par le silence, la qualité d’attention de tous, le plus souvent assis en rond par terre autour de leur guide.
La plupart de ces jeunes ne savent plus rien, n’ont plus de culture générale, c’est vrai, mais ce n’est pas souvent par manque d’intérêt de leur part.
18 février 2008, 17:31   Re : La musique se meurt
"La plupart de ces jeunes ne savent plus rien, n’ont plus de culture générale, c’est vrai, mais ce n’est pas souvent par manque d’intérêt de leur part.

Ce constat, avec lequel je suis en gros d'accord même si je trouve le "pas souvent" un peu optimiste, est une des choses qui rendent le désastre si amer. Cependant, il faut me semble-t-il faire la distinction entre deux niveaux très différents.

D'un côté, il est certain que l'école primaire française (et sans doute la belge aussi) a abandonné par stupidité démagogique la plus grande partie de ce qui était une ambition légitime et réaliste : apprendre à bien lire, écrire, compter, transmettre de solides rudiments de l'histoire et de la géographie nationales, de la morale civique, des sciences naturelles à pratiquement tout le monde et, dans le même temps, semer des graines de poésie, d'art, de littérature qui pouvaient ou non germer.

Mais d'un autre côté, l'ambition démesurée, absurde de faire semblant que tous les enfants ou presque peuvent avoir les mêmes résultats jusqu'au baccalauréat et au-delà s'est révélée mortelle pour la transmission de la culture. Il n'y a nul mépris à constater qu'il en va du domaine intellectuel et artistique comme de celui du sport : à part les infirmes, tout le monde peut en faire jusqu'à un certain niveau (et ce niveau que peut atteindre la masse peut être élevé par un effort collectif à condition que celui-ci soit constant, obstiné et réaliste dans ses ambitions), mais devenir un bon amateur demande un désir et des qualités que tout le monde n'a pas ainsi que des efforts que tout le monde n'est pas prêt à fournir) ; quant à devenir un grand champion, un grand artiste ou un grand intellectuel, même les amis du désastre savent que la possibilité en est réservée à un tout petit nombre. Ce qu'ils ignorent en revanche, ou font semblant d'ignorer, c'est que la grande déculturation crée un contexte absolument hostile à leur émergence : entre la fin du VIe siècle et celle du XIe, l'Occident a connu cinq cents ans de désert intellectuel et artistique. Même dans les catacombes de la culture, on se contentait de transmettre cahin-caha ce qui avait pu être sauvé. Pourtant, les petits Francs, eux non plus, n'étaient pas des idiots congénitaux ou des monstres d'insensibilité de naissance.
19 février 2008, 20:29   Re : La musique se meurt
Croyez bien que je suis absolument d’accord avec vous, cher Marcel. Et je comprends que vous teniez à nuancer. Le mépris, pour le professeur que je suis, consiste à ne pas tirer tous les élèves par le haut, quels qu’ils soient. En sachant que tous les élèves ne sont pas capables d’accéder à des études supérieures, cela je le chante sur tous les tons. Mais pour donner encore un exemple concret, emmener les élèves à une journée « Opéra » et visiter les coulisses, les ateliers, fait souvent prendre conscience à certains qu’il existe des tas de professions « non intellectuelles » très intéressantes. C’est du moins ce que j’entends rapporter dans les écoles où je me rends.
Utilisateur anonyme
20 février 2008, 08:23   Re : La musique se meurt
(Message supprimé à la demande de son auteur)
20 février 2008, 22:02   Re : La musique se meurt
Merci pour votre réponse, cher Didier Bourjon.
Je pense qu'à Bruxelles, des soirées spéciales sont organisées pour les écoles qui participent aux journées "Opéra".
Mais il y a , à chaque représentation (comme ailleurs sans doute) une heure à l'avance, une trentaine de places réservées aux moins de 26 ans et elles ont du succès.
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