«Les Parisiens sous l'Occupation»: l'exposition qui dérange.

En passant je rappelle qu'une exposition intitulée «Les Parisiens sous l’Occupation» se tient depuis le 20 mars à la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris. Cependant, il y a un problème... les quelques 270 clichés réalisés par le photographe André Zucca (qui fut le photographe français accrédité du journal "Signal") suscitent une grossière polémique, allant jusqu’à la demande par l’adjoint au maire à la Culture, Christophe Girard, de la suspension de l’exposition (ni plus ni moins !).
On comprendra aisément qu'il ne s'agit pas seulement d'assassiner une oeuvre, un auteur, une exposition, mais de réaffirmer haut et fort que le Bien ne désarme pas.

Puisqu'il s'agit d'une œuvre, d'un auteur, pourquoi ne pas avoir intitulé cette exposition, mettons, "André Zucca, un photographe au service de l'occupant" au lieu de lui donner un titre à large prétention documentaire, comme si on livrait les clichés d'un photographe entièrement libre de ses prises de vue ?

Sur le même principe, il ne serait sans doute pas très difficile d'organiser une exposition intitulée "Les Moscovites sous Staline", "Les Pékinois pendant la Révolution Culturelle", d'un Zucca de là-bas qui n'aurait saisi qu'entrain dans les rues de Moscou et franche camaraderie à Pékin.

Oui, très juste, cher Orimont. Et c'est à se demander si la polémique (plus que prévisible) n'était pas déjà programmée.

J'avoue ne pas très bien comprendre cette polémique.
Implicitement, on a l'air de considérer que des photos de Paris sous l'Occupation devraient forcément être dramatiques; or, c'est un fait établi que, durant cette période, il y avait aussi des gens aux terrasses des cafés, et des femmes élégantes dans les rues.
Je ne vois pas où est le problème.
Intituler l'exposition: "André Zucca: un photographe au service de l'occupant" est lui donner d'emblée, et de façon univoque, un caractère accusateur; je trouve cela un tantinet restrictif.
A mon sens, il suffit de dire qu'il s'agit de photos de Paris sous l'Occupation, point; rien n'empêche, ensuite, d'effectuer la mise en contexte nécéssaire.

Intituler l'exposition: "André Zucca: un photographe au service de l'occupant" est lui donner d'emblée, et de façon univoque, un caractère accusateur; je trouve cela un tantinet restrictif.

Il n'y aurait rien d'accusateur dans cet intitulé, qui ne serait qu'un simple rappel de la vérité historique : André Zucca était en effet correspondant du magazine allemand Signal et disposait en tant que tel d'un laissez-passer et de rouleaux de pellicule fournis par les autorités allemandes. On sait en effet que toutes les prises de photographies en plein air étaient interdites en zone occupée. Les photos d'André Zucca constituent des documents qu'il est bon de montrer, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agissait d'éléments de propagande au service de l'occupant. Ma réaction va sans doute sembler très prévisible pour certain(s), mais mon refus du politiquement correct ne va pas jusqu'à considérer comme "accusateur" et "restrictif" le fait de rappeler qu'André Zucca n'était pas seulement un bon photographe, mais aussi un collaborateur actif de la propagande nazie.

Ici, un diaporama consacré à cette exposition.

"Les photos d'André Zucca constituent des documents qu'il est bon de montrer, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agissait d'éléments de propagande au service de l'occupant. Ma réaction va sans doute sembler très prévisible pour certain(s), mais je ne pense pas que le refus du politiquement correct aille jusqu'à refuser de rappeler qu'André Zucca n'était pas seulement un grand photographe, mais aussi un collaborateur actif de la propagande nazie."

C'est tout de même extraordinaire qu'il faille rappeler ces simples réalités !

J'ai vu cette exposition, et, ce qui pourrait sembler éminemment suspect, j'y ai pris un certain plaisir. Outre l'indéniable qualité des clichés il y a cette ambiance... sorte de parfum trop sulfureux... mais tempéré par l'insouciance des Parisiens, et la beauté des Parisiennes.
Paris paraît tellement léger, tellement propre, et les femmes si élégantes... bref, un autre Paris.

Enfin un D. Wagner lyrique! On commençait à désespérer.

Dans un de ses livres, Henri Amouroux rapporte qu'un numéro de Paris-Match de mai 1940 (à vérifier) consacrait sa couverture aux couleurs de la mode, qui seraient "militaire" ce printemps.

En fait, il me semble bien difficile de trouver un titre satisfaisant.

"Les Parisiens sous l'Occupation" ne correspond pas, à l'évidence, à toute la réalité : ces photogrpahies ne montrent qu'un des aspects, un aspect réel certes, mais un point de vue limité.


"André Zucca: un photographe au service de l'occupant" me paraît poser un autre problème : c'est une exposition sur les Parisiens, pas sur André Zucca.


Alors, pourquoi ne pas prendre un titre certes moins accrocheur mais tout simplement "factuel", du style :

"Les Parisiens sous l'Occupation : le regard de Signal" ?



PS : pour les amateurs de photos de presse en général, je vous conseille la bouquiniste du Somail (Aude), qui dipose aussi bien d'une extraordinaire collection de l'Illustration que d'une collection complète de Signal.

""Les Parisiens sous l'Occupation : le regard de Signal" ? "



Je propose : "Les Parisiens vus par les nazis !", et qu'on en finisse...

Paris paraît tellement léger, tellement propre, et les femmes si élégantes... bref, un autre Paris.

Et puis la rue de Rivoli décorée avec tous ces drapeaux rouges et noirs, c'était tellement joli !

"mais je ne pense pas que le refus du politiquement correct aille jusqu'à refuser de rappeler qu'André Zucca n'était pas seulement un grand photographe, mais aussi un collaborateur actif de la propagande nazie."


A quel moment ai-je dit qu'il ne fallait pas le rappeler?
Ce qui est extraordinaire, c'est surtout la façon dont on est lu ici parfois.
Je disais simplement que je trouvais l'intitulé "André Zucca, un photographe au service de l'occupant" un tantinet restrictif car seulement accusateur et dénonciateur; au fond, vous ne dites pas le contraire.

Je disais simplement que je trouvais l'intitulé "André Zucca, un photographe au service de l'occupant" un tantinet restrictif car seulement accusateur et dénonciateur; au fond, vous ne dites pas le contraire.

Ce que je voulais dire, si vous me permettez d'y revenir une dernière fois, c'est qu'il n'y a ni dénonciation ni accusation dans l'expression "André Zucca, un photographe au service de l'occupant", mais la simple énonciation d'une vérité historique.

Ach ! Wagner ! Les betites femmes !

Ottavi,

Si, en effet, comme titre d'exposition, "André Zucca, un photographe au service de l'occupant" [est] un tantinet restrictif ", ce n'était qu'une proposition au fil de la plume (ou plutôt du clavier), mais "Les parisiens sous l'Occupation", comme titre, me semble une imposture ou un laisser-aller infiniment plus malvenus.

Le titre proposé par jmarc me semble bien moins tromper sur la marchandise, neutre, précis, sans ambiguïté et prêtant aux visiteurs quelques connaissances de l'histoire : "Les Parisiens sous l'Occupation : le regard de Signal"

"ces drapeaux rouges et noirs, "

Esthétiquement parlant je trouve cela plutôt... et même assez... au risque de... non, rien.