Quelqu'un a-t-il des lumières sur cette question ?

[www.liberation.fr]

Quand je lis ceci :

« Il [le dalaï-lama] traite la destruction des Juifs d’Europe de rétribution, forcément juste, de fautes antérieures : il jette la Shoah à la poubelle du "karma" »,

je ferme, convaincu que ce n'est pas là qu'il faut se renseigner. De toute évidence cette accusation, qui n'est étayée par rien, pas la moindre citation, pas la moindre allusion à quelque chose de vérifiable, est gravement diffamatoire. Je vais donc sur Internet et ne trouve rien, absolument rien de tel, ni en français ni en anglais si ce n'est l'histoire de Heinrich Harrer, quelques échos, déjà, de cet article et de nombreux témoignages sur l'amitié qui lie le dalaï-lama et Elie Wiesel.

Tout cela me paraissait en effet "slanderous". Mais jusqu'où peut aller la presse dans la diffamation ?

Remarquez que, si j'ai raison, vous avez là un cas intéressant où Internet permet d'écarter un soupçon extrêmement grave semé par un "grand" quotidien national.

Ce qui est assez surprenant dans cette affaire, c'est que Laurent Dispot – dont la qualité principale n'a jamais été la modération de ton – est l'un des piliers de la revue La Règle du jeu et l'un des très proches de BHL, qui a pris dans cette affaire une position radicalement opposée et doit donc se sentir directement visé par la phrase finale de l'article : "En acceptant ce discours, des Occidentaux et des modernes se font citoyens du déshonneur".

Moi j'ai fermé à "2008 est l’anniversaire de la «reconnaissance» par Hitler en 1938 de la stratégie de morcellement de la Chine menée par le Japon. Autrement dit la Mandchourie occupée par l’envahisseur fasciste."

Du journalisme de comptoir.

(le Manchoukuo était une colonie de peuplement, l'Algérie des Japonais, institué en Etat par traité international avec le Japon le 15 septembre 1932 [www.ibiblio.org])

Extrait de l'article "Mandchourie" de l'Encyclopédie Universalis:

"En 1931, les Japonais restaurent à Moukden la dynastie des Qing, détrônée à Pékin en 1911. Le dernier empereur, né en 1908, remonte sur le trône. Mais son État, le Manzhouguo, qui n'est qu'un satellite du Japon, disparaît quand ce dernier capitule en 1945.
    Le XXe siècle est pour la Mandchourie une période de grand développement économique. Les Japonais contrôlaient économiquement la région, avant même d'en devenir politiquement les maîtres en 1931. Ils ont ouvert de vastes mines de charbon (Anshan, Penqihu) et de fer (Fushun). Leur chemins de fer ont assuré des débouchés à une production agricole en expansion (céréales, soja, coton). Ils ont équipé les grandes villes. La Mandchourie est une pièce essentielle de l'empire économique des grands zaibatsu japonais (Mitsui, Mitsubishi). La Russie, au contraire, depuis la révolution soviétique, s'est effacée, mais sans se retirer complètement. Elle conservait encore en 1949, quand les communistes arrivent au pouvoir dans toute la Chine, certains droits portuaires et ferroviaires en Mandchourie (elle ne les rendra qu'en 1953)."

La plupart des familles japonaises, notamment dans le sud du Japon, qu'il m'est donné de fréquenter ou de connaître indirectement ont ou ont eu des parents, des aïeux, morts en Mandchourie, rentrés de Mandchourie dans les années 50, qui étaient agriculteurs, ingénieurs, artisans, fonctionnaires, etc.. Le parallèle avec la présence mythique de "l'Algérie" (ou des pays du Maghreb) dans les récits familiaux des Français du Sud (et d'ailleurs) est incontournable.

Il y a aussi les cas assez émouvants d'enfants japonais orphelins confiés à des familles mandchoues qui élevèrent ces enfants dans le respect de leur ascendance (héritage culturel, racial). Ces enfants devenus adultes et pour certains âgés, visitent "leur famille" japonaise au Japon, et témoignent.

J'oubliais: c'est à Jean Chesneaux que l'on doit cet article sur la Mandchourie, personnage peu soupçonnable de sympathies impérialistes!

Ne serait-il pas un de ces enfants nés de Japonais en Chine, ce qui expliquerait son goût pour les langues étrangères ?

Cet article est vraiment un tissu d'absurdités : Dispot dit qu'Herrer a été envoyé en mission par Hitler et Himmler auprès du Dalaï Lama ; or, Herrer est arrivé à Lhassa en janvier 1945 et il y est resté jusqu'en 1950.

Bien cher Marcel, avez-vous entendu dimanche dernier l'émission du matin, consacrée à la culture juive ?

Raphaël Konopniki y racontait sa rencontre, circa 1950, avec un rabbin, qui le révolta en parlant à peu près de rétribution de fautes antérieures. Konopniki lui demanda quelles fautes son neveu de cinq ans avait pu commettre.

Ma foi non, cher Jean-Marc, je n'ai pas entendu cela. Mais cela ne me paraît pas étonnant qu'il y ait eu chez des juifs pieux de telles interrogations. Après tout, la Thora est pleine de ces catastrophes qui se sont abattues sur les hommes en punition pour des fautes commises.

Une voix discordante :

Les accusations contre M. Lama me semblent ausi très injustes. Mais je me souviens aussi d'un très ancien numéro de la revue Historia (?) consacré aux relations entre le nazisme et l'occultisme des sociétés secrètes : parmi les derniers défenseurs de Berlin auraient figuré des Tibétains, membres d'un quelconque ordre secret et venus en Allemagne exécuter les plans d'on ne sait quel dessein...

J'avais entendu M. Mélenchon sur Europe 1 : je note que cet homme tient la dictature maoïste pour peu de choses et le million de morts Tibétains pour rien du tout.