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Moi j'dis qu'c'est pas suffisant

Envoyé par Michel Le Floch 
En visite à Guelma, l'ambassadeur de France en Algérie regrette les "massacres" du 8 mai 1945

LEMONDE.FR avec AFP | 28.04.08 |
Pour la première fois, un responsable français a qualifié de"massacres" la répression par les autorités françaises des manifestations d'Algériens en faveur de l'indépendance, immédiatement après la fin de la seconde guerre mondiale. "Le 8 mai 1945, alors que les Algériens fêtaient dans tout le pays, au côté des Européens, la victoire sur le nazisme, à laquelle ils avaient pris une large part, d'épouvantables massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata", a souligné Bernard Bajolet, ambassadeur de France en Algérie, lors d'une visite dans une université de Guelma (est du pays), dimanche 27 avril.
Le diplomate français a souligné "la très lourde responsabilité des autorités françaises de l'époque dans ce déchaînement de folie meurtrière [qui a fait] des milliers de victimes innocentes, presque toutes algériennes". "Aussi durs que soient les faits, la France n'entend pas, n'entend plus, les occulter. Le temps de la dénégation est terminé", a-t-il ajouté. Ces massacres "ont fait insulte aux principes fondateurs de la République française et marqué son histoire d'une tache indélébile", a-t-il dit.

DANS LA LIGNÉE DE NICOLAS SARKOZY
Selon les Algériens, cette répression, à laquelle avaient participé des milices de civils, aurait fait 45 000 victimes. Du côté français, le bilan oscillerait entre 1 500 et 8 000 morts.
La déclaration de M. Bajolet intervient cinq mois après un discours du président Nicolas Sarkozy à l'université de Constantine, dans lequel il avait évoqué "les fautes et les crimes du passé" colonial français en Algérie, qualifiés d'"impardonnables".
Pour le quotidien algérien Liberté, la visite de Bernard Bajolet à l'université du 8-Mai 1945, à Guelma, est un choix "loin d'être fortuit". "Son discours s'inscrit en ligne droite du discours du président Nicolas Sarkozy à Constantine", note le journal. "Mais il n'en recèle pas moins un nouveau développement, qui a la prétention de réduire pour ainsi dire l'écart entre Français et Algériens dans leur vision du fait colonial."
[www.piednoir.net]

J'ai toujours lu ce récit comme un préfiguration, une prospective de ce qui doit arriver.
Utilisateur anonyme
28 avril 2008, 14:38   Re : Moi j'dis qu'c'est pas suffisant
Il me semble que des propos similaires avaient déjà été tenus l'an dernier par un "responsable français" en Algérie. On va y avoir droit tous les ans, maintenant?
Ensuite, et comme d'habitude, on notera dans les propos de M.Bajolet l'absence totale de référence aux massacres d'Européens par des musulmans dans la région de Sétif le 8 mai 45.
On se contente d'évoquer la "répression", sans mentionner ce qui l'a provoquée; si bien qu'on a l'impression, à lire ce communiqué, que les autorités françaises ont été prises d'un brusque coup de folie et se sont mises à massacrer sans raison de paisibles Algériens qui fêtaient dans la joie la capitulation de l'Allemagne.
Un coup de scirocco, en quelque sorte.
"Le temps de la dénégation est terminé", nous informe M.Bajolet. Commence apparemment celui de la franche rigolade.
Utilisateur anonyme
28 avril 2008, 14:41   Un processus sans fin.
""Mais il n'en recèle pas moins un nouveau développement, qui a la prétention de réduire pour ainsi dire l'écart entre Français et Algériens dans leur vision du fait colonial."



L'essayiste Pascal Bruckner qui, dans "La tentation de l'innocence", s'est penché sur l'obsession "victimologique", à bien noté la façon dont se développe chez les "victimes" (ici les Algériens) cette idée que le dommage subi donne tous les droits et surtout celui de poursuivre à l'infini.

Ce "Mais il n'en recèle pas moins" annonce clairement la couleur : la repentance que l'on se doit d'exprimer continuellement envers l'Algérie nous engage dans un processus sans fin.
Message de l’écrivain martiniquais Raphaël Confiant en soutien à la Marche du 8 mai

Chers frères, chers sœurs,

Je m’adresse à vous depuis la Martinique pour porter mon plus ferme soutien à la manifestation que vous organisez le 8 mai prochain. Il était nécessaire, indispensable même, que les descendants de tous ceux que le colonialisme et le capitalisme français ont arrachés à leur terre natale afin de venir rebâtir la France d’après-guerre, tous ceux qui ont contribué aux « Trente glorieuses », qui en ont été les véritables soutiers, puissent désormais redresser la tête et réclamer leurs droits. Oui, petits-fils et petites filles des transportés d’antan, des immigrés, vous avez des droits dans ce pays, vous avez des droits sur ce pays ! Car une grande partie de sa richesse actuelle découle des siècles d’exploitation qu’ont subi vos ancêtres tant dans les colonies que dans l’Hexagone. Vous n’avez donc rien à quémander. Nul ne peut s’autoriser à vous concéder des droits dans un geste de feinte générosité.
Par centaines, par milliers, les noms de vos parents venus défendre le sol français figurent sur les stèles de tous les cimetières de France et de Navarre. Le sort qui vous est fait, pour la plupart aujourd’hui, est inadmissible, insupportable. Il est une insulte à ce que ceux qui vous oppriment appellent « les droits de l’homme ».

Sachez toutefois que vous n’êtes point seuls dans ce combat qui sera long et difficile ! Dans les dernières colonies de la France que sont les DOM-TOM, des populations réclament la libre disposition d’elles-mêmes, se battent pour acquérir leur souveraineté. En Martinique, en Guadeloupe, en Kanaky, par exemple, nous sommes nombreux à suivre attentivement votre lutte et, chaque fois que cela nous est possible, à vous apporter notre soutien. Soutien que nous espérons de votre part en retour car notre cause est commune.

Sachez aussi que dans les soi-disant pays indépendants d’Afrique et du monde arabe, l’ancien maître colonial continue, par le biais de tyrans autochtones, à pressurer les peuples, à les maintenir dans la misère la plus effroyable et la mésestime. Les émeutes de la faim qui secouent à intervalles réguliers pas moins d’une trentaine de pays du Tiers-Monde en sont la preuve concrète.

Alors, chers frères et sœurs, ensemble, indigènes de la République vivant sur le sol français, colonisés des DOM-TOM et néo-colonisés d’Afrique et du monde arabe, il est grand temps que nous nous donnions la main afin que nous puissions « sortir hors des jours étrangers » comme le disait Aimé Césaire et que nous cessions d’être « les damnés de la terre » comme le disait Frantz Fanon.

Seule une unité sans faille entre nos trois populations rendra ce rêve possible.

Que votre manifestation du 8 mai puisse en être le début !

Raphaël Confiant, le 25 avril 2008
Utilisateur anonyme
28 avril 2008, 14:48   Re : Contre la République raciste et coloniale
Magnifique.
"Sachez aussi que dans les soi-disant pays indépendants d’Afrique et du monde arabe, l’ancien maître colonial continue, par le biais de tyrans autochtones, à pressurer les peuples, à les maintenir dans la misère la plus effroyable et la mésestime."
Et la perversité de cet ancien maître est telle que, la plupart de temps, il n'y même pas besoin de lui pour pressurer les peuples et les maintenir dans la misère.
Les tyrans autochtones y arrivent tout seuls!
Merci, cher Francis, pour ce texte qui rappelle les atrocités inouïes commises par les Algériens, atrocités que l'on a réussi à faire totalement oublier et qui faisaient partie, en effet, d'une stratégie délibérée de la terreur. Il fallait faire en sorte que les atrocités soient telles, que l'hystérie dans la cruauté paroxystique soit si incompréhensible à tout être humain normalement constitué que les Européens, affolés, finissent par perdre tout contrôle. Le livre : "Le onzième commandement" explique très bien, entre autres choses, cet aspect de la guerre.
Les atrocités ont du reste commencé dès le 8 mai. La répression a été d'une violence inadmissible, c'est vrai, mais elle a été la réaction à des violences tout aussi inadmissibles commises contre les "Européens" qui ont tout de même fait une centaine de morts, avec viols et actes de barbarie. Et, comme le rappelle cet article assez équilibré, parmi ces victimes pieds-noirs, on trouve des modérés dits du "troisième camp", comme le maire de Sétif, ou Albert Denier, le secrétaire du Parti communiste, qui a eu les deux mains tranchées.

Une fois de plus, les autorités françaises se laissent entraîner dans l'autoflagellation unilatérale.
Utilisateur anonyme
28 avril 2008, 15:10   Re : Moi j'dis qu'c'est pas suffisant
A lire M. Confiant on s'aperçoit que plus on s'éloigne de la colonisation, plus son histoire se transforme en mythe, en référence obsessionelle, pour ne pas dire en fantasme.
C'est un véritable appel à la contre-colonisation, presque à la croisade.

Lire que des peuples entiers ont des droits sur mon pays me fait froid dans le dos. Que des individus, "soutiers des Trente Glorieuses", puissent faire valoir leurs légitimes droits (sociaux, etc.) je le comprends parfaitement, que ceux qui ont combattu pour la France, et même leurs enfants qui n'ont pas combattu, puissent en avoir aussi, cela se conçoit, mais que leurs descendants ou les supposés "descendants d'esclaves" (les "transportés" comme se plaît à les désigner tous ce R. Confiant en amalgamant esclaves et travailleurs immigrés venus travailler en France de leur plein gré dans un flou artistique très efficace) affirment des droits collectifs sur un pays, voilà qui est grave.

Ce type de harangue belliqueuse et conquérante de la part de ces "indigènes de la République" est inacceptable. Le pays joue avec le feu en les tolérant en silence.
29 avril 2008, 18:18   Des droits SUR ce pays
Oui, petits-fils et petites filles des transportés d’antan, des immigrés, vous avez des droits dans ce pays, vous avez des droits sur ce pays !

Il semble que je sois le seul ici à me hérisser face à cet appel de M. Confiant.

Il faut bien noter ce glissement sémantique: on est passé d' "un droit à la France" des peuples allochtones d'Afrique et des Antilles, à un "droit sur la France".

Je ne sais pas si un pays comme les Etats-Unis d'Amérique, la Chine, l'Arabie Saoudite ou le Kosovo, ou même Andorre ou Monaco tolèrerait qu'un de ses ressortissants appelle aussi solennellement des peuples étrangers à affirmer, prendre, imposer des droits SUR le pays. Dans la plupart des pays du monde, on nomme cela d'un terme précis: haute trahison.

Un procureur français requiert 2 mois de prison pour une française qui s'est émue et a qualifié de "barbare" le traitement infligé aux animaux dans des rituels religieux selon elle "d'un autre âge". Mais rien, absolument rien, aucune indignation semble-t-il, de la part de qui que ce soit incarnant une quelconque autorité morale ou juridique en réaction à cet appel de M. Constant.

Et notre Mélanchon, lyrique devant les caméras pour défendre l'intégrité du territoire chinois face aux agitateurs tibétains, qu'en pense-t-il, de cet appel à des ressortissants de pays étrangers (tous les pays africains indépendants depuis un demi-siècle) à imposer leurs droits SUR la France, comme à une autre époque les Allemands hitlériens à affirmer et imposer SUR notre pays leur Leberstraum ?
29 avril 2008, 18:36   Re : Des droits SUR ce pays
Non, non, cher Francis, tranquillisez-vous, je suis indignée ; mais je le suis depuis si longtemps que, parfois, ma capacité à exprimer mon indignation s'émousse. Je sais gré, alors , à ceux qui, comme vous le faites, l'expriment pour moi.
29 avril 2008, 19:02   Re : Des droits SUR ce pays
Depuis trente ans, les médias et presque tous les faiseurs d'opinion accrédités "millecollinisent" contre nous les minorités visibles. On sait la part prépondérante que la radio des mille collines a eue dans les atrocités commises contre les Tutsis au Rwanda ... Et pourtant, on laisse faire. Pas un responsable pour s'émouvoir des conséquences possibles voire probables de cette propagande anti française.
Utilisateur anonyme
30 avril 2008, 22:24   Re : Des droits SUR ce pays
"Il semble que je sois le seul ici à me hérisser face à cet appel de M. Confiant."

Ce hérissement s'est changé chez moi en un grand abattement qui ne m'a guère quitté depuis et que j'ai tenté de fuir dans les livres. La déclaration de M. Confiant n'est ni plus ni moins qu'une sorte de rappel des troupes, un encouragement à peine déguisé à la guerre civile.

Mon abattement provenait du fait que, si je vois, comme tant d'autres, se dessiner la violence, elle m'est apparue, depuis les émeutes de 2005, non pas comme devant se conclure par la victoire ou la défaite d'un des adversaires, mais par la gestion d'affrontements devenus chroniques sans qu'ils empêchent le cours ordinaire des choses.
30 avril 2008, 22:35   Re : Des droits SUR ce pays
"elle m'est apparue, depuis les émeutes de 2005, non pas comme devant se conclure par la victoire ou la défaite d'un des adversaires, mais par la gestion d'affrontements devenus chroniques sans qu'ils empêchent le cours ordinaire des choses."

C'est exactement ce que je pense. Et je crois que le "système" finit même par y trouver son compte.
Utilisateur anonyme
03 mai 2008, 15:28   Re : Des droits SUR ce pays
Cassandre écrivait:
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> "elle m'est apparue, depuis les émeutes de 2005,
> non pas comme devant se conclure par la victoire
> ou la défaite d'un des adversaires, mais par la
> gestion d'affrontements devenus chroniques sans
> qu'ils empêchent le cours ordinaire des choses."
>
> C'est exactement ce que je pense. Et je crois que
> le "système" finit même par y trouver son compte.

J'irais plus loin, pour ma part, en disant que le "système" en est, sinon l'organisateur, du moins l'habile promoteur, utilisant la vielle tactique du «diviser pour mieux régner».
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