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L'art de communiquer le désir de lire un livre

Envoyé par Marcel Meyer 
Accomplissant de façon distraite mon pensum quotidien, lire Le Figaro (ce journal m'est de plus en plus insupportable, je vais finir par retourner au Monde ou plutôt, sans doute, cesser de lire un quotien de façon systématique), je tombe sur une brève intitulée "Le mari de NKM prend la plume". NKM ? Je connais NTM, je connais le NKVD mais NKM, non. Ma curiosité piquée, plus ou moins malgré moi, je lis ceci (je ne mets ni guillemets ni italiques pour reproduire la typograhie) :

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Le mari de NKM prend la plume

OU C KON VA COM CA?
est le titre, qui l'eût cru, d'un essai politique à paraître en septembre (Panama) et Signé Jean-Pierre Philippe. Mari de Nathalie Kosciusko-Morizer et PDG de Médical Mobile, cet énarque collecftionna les postes de conseiller dans divers cabinets ministériels de gauche. Il fut maire PS de Villefontaine (Isère) avant d'être candidat UMP à Longpont-sur-Orge (Essonne) lors des dernières municipales. Faut-il s'étonner que dans son livre, sous-titré Le Besoin de politique, il se demande s'il existe encore une frontière entre droite et gauche...

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Bien. En dépit du titre qu'il a choisi pour son livre, on apprend, grâce au sous-titre, que monsieur NKM sait écrire autrement qu'en écriture phonétique SMS. On apprend aussi qu'il se pose au moins une question. Allez, bon prince, je lui fournis la réponse : oui, il existe une frontière entre une politique de droite et une politique de gauche, mais la droite française ayant aussi honte de ses idées que du passé et de la civilisation de son pays, s'obstine à faire une politique de gauche et à engager pour cela des génies du genre de M. et Mme NKM.
Chez lez bobos qu'ils soient de droite ou de gauche, les idées "culturelles" à la dernière mode "progresssite" font partie du standing comme le sac Vuitton.
30 avril 2008, 15:34   Et inversement
... et la gauche une politique de droite, cher Marcel.
Et en Belgique, on néologise. Ça vient de sortir, de la bouche de cet inénarrable François de Brigode, qui présente le journal du soir de la RTBF, après avoir été pigiste à RTL. C'est lui aussi qui présenta ce fameux docu-fiction annonçant comme un fait réel la partition de la Belgique. Nous avons donc un journal télévisé du soir présenté dans tel style que l'on préfère encore ne pas être informé des affaires belges. Je vous l'annonce donc, car cela viendra bientôt chez vous : ça « crise ». Nous connaissons la crise permanente, en Belgique, étant donné le nationalisme flamand, vous le savez. Mais pour dire où le bât blesse, le besoin d'un nouveau mot se faisait sentir. Court, et qui crisse. L'on dit donc désormais : « c'est la question de l'arrondissement de Bruxelles qui crise, ou « c'est le pouvoir d'achat qui crise ». Faudra s'y faire.
Bigre... Je me demande si je ne préfère pas encore ceux informés du désastre, Code Napoléon à l'appui...
A propos de mots nouveaux, ou plutôt d'acceptions nouvelles de mots anciens, j'ai trouvé ce matin, en promenant mon chien, les murs de mon quartier placardés d'affichettes annonçant que "Le café-philo est reporté à jeudi prochain. Pardon pour ce facheux."
Il devait sans doute être animé par Michel Onfray (pardon pour lui...)
Mon cher Bernard, il y a belle lurette que les Djeun's de ma connaissance ont cessé d'employer le verbe criser : "Elle a crisé quand elle a vu sa mouille". Il est presque tombé en désuétude par chez moi.
Ah ! J'ignorais complètement. Merci de cette information, cher Henri. Notre présentateur n'a donc fait que changer de niveau de langage ! (Ce qui, pour moi, ne fait qu'aggraver son cas : il s'agit tout de même du journal télévisé national...)
03 mai 2008, 21:43   L'art de communiquer
Les innovations de langue vont si vite, et si loin dans l'horreur bouffonne, cher Bernard Lombart, qu'on est vite dépassé, à moins de tenir à jour ses tablettes de lexicographe. La besogne est décourageante et je n'ai pas la vocation. Parfois, ce qu'on entend dans le poste (cette présentatrice d'Arté, par exemple, qui a la manie de parler comme une à qui on ne la fait pas, à qui la culture inspire une ironie de bon aloi, et qui vient de dire triomphalement "salut!' aux téléspectateurs il y a un quart d'heure, à la fin de Metropolis), ce qu'on entend, donc, est si attristant qu'on se prend à vous envier, vous là-bas qui avez deux langues. Il doit être possible de changer de chaîne et de passer au flamand, où un francophone, à moins d'être très versé dans cette langue, sera moins sensible aux fautes et impropriétés des journalistes, s'ils en commettent. Et vice-versa. Tiens, d'ailleurs, je vais écouter Arté en allemand, puisque je n'y comprends goutte. Cela me fera du bien.
Si ça se trouve, le virus se transmet entre étudiants. Les frontières sont fort poreuses pour eux.. Si j’en crois un article lu à la sauvette ce matin dans mon Delhaize – dans ce magazine de luxe « JV* » qui s’adresse aux Français de Belgique -, 50 % des étudiants viennent de France, dans les écoles vétérinaires, dans les écoles de kinésithérapeutes ainsi qu’à la Cambre (École Nationale Supérieure des Arts Visuels). Si j’en crois mes propres étudiants, tout ce petit monde s’amuse beaucoup des différences, notamment langagières. Attendez-vous, cher Henri à voir arriver jusque dans la Drôme les belgicismes de toutes sortes !
(De toute façon, en juillet en Provence n’entend-on pas plus l’accent bruxellois que les cigales ?)
(( J’y pense, dans certains villages, paraît-il, on ne démonte pas le podium du 14 juillet car il doit servir le 21 pour la fête nationale belge)).

(* JV : « J’y vais » ou « Juliette et Victor » (très beau, très chic, plein de bonnes adresses pour nous !)
Voilà pourquoi je suis un fervent rattachiste, de la France à la Belgique, bien sûr, non l'inverse. Mais comme je dis toujours, on ne sait pas dedans...
Il existe une expression anglaise amusante et très pertinente ici: "the tail cannot wag the dog"*, employée pour objecter à l'argument de ceux qui, à Hong Kong dans les années 80, prétendaient que le rattachement de Hong Kong à la Chine aurait pour effet de contribuer à la modernisation et à la transformation de la Chine, par conduction, en quelque sorte.

* littéralement: la queue ne peut pas remuer le chien
« Mais comme je dis toujours, on ne sait pas dedans... »

Très juste, hélas, cher Henri. Je dirais même plus, ce serait, comme on dit ici « Rue Royalle smal » !

(deux "l" car il faut prononcer le "e" dans les expressions bruxelloises)
04 mai 2008, 22:49   RE: on "sait" là-contre
Une expression de nos campagnes :
« Quand on sait sauter au-dessus d’un chien, on sait sauter au-dessus de sa queue » (qui peut le plus peut le moins).
05 mai 2008, 08:15   Wag the dog
Mais que veut dire smal ? Chaque fois, chère Aline, vos messages me renvoient au néant décourageant de mes compétences linguistiques belges. Le Rattachement n'est pas pour demain, si nous Français sommes si lents à apprendre le wallon... En même temps, je vous suis toujours profondément reconnaissant de me rappeler que je ne sais rien: ce néant est la promesse de progrès à venir, forcément, car on ne peut rien retrancher à zéro. A propos de chiens, on m'a cité ce graffiti amusant trouvé sur les murs d'une université américaine (de l'ouest, bien sûr) : "What does a dyslexic agnostic think about religion? - He keeps wondering if there is a DOG."
il y a celle-ci, d'esprit très "Lewis Carroll":

"Outside of a dog, a book is man's best friend. Inside of a dog it's too dark to read."
celle-ci, qui résonne de toute sa polysémie, comme une cloche:

"The light at the end of the tunnel has been turned off due to budget cuts"
C'est proprement de la théologie amusante. Avez-vous quelques koans, suivis de leur explication bien sûr ? En échange, je peux vous proposer des riddles anglo-saxons du IX° siècle. Enfin, un au moins, celui trouvé dans un livre écrit là-contre, si je puis dire. Il paraît que la devinette était un jeu sacré chez les anciens Germains.
05 mai 2008, 21:12   Re : Wag the zinneke
Très cher Henri, vous êtes au contraire fort doué ! Je ris encore de votre « on sait pas dedans » car c’est incroyablement rigolo d’imaginer un Français dire cela. (Cette annexion nous promet de beaux jours ! ) « Smal » signifie étroit et cette expression bruxelloise (et non wallonne) « rue Royalle smal » a exactement le même sens que votre expression, cela veut dire « être un peu à l’étroit ».
(À propos de chien, je pourrais vous parler de zinneke mais vous connaissez déjà (chien bâtard)…
Un certain Paul McCartney, qui semble avoir tiré un bien curieux profit de ses lectures et autres fréquentations occultes du mage sataniste Aleister Crowley (33 ème échelon), a fait de la riddle, et de ses messages subliminaux, bien plus ou plutôt bien autre chose qu'une pratique sacrée. Il s'est appris à chanter et à s'exprimer verbalement et scripturalement à l'envers (un des talents cachés que possèdent certains gauchers). Presque toutes les chansons des Beatles à partir de 1966 en portent trace, entre autres traces dont elles sont porteuses.

"I am He", qui est la parole d'ouverture du très mystérieux "I am the Walrus", avait été donné comme exemple par Crowley (mort en 1947 [fr.wikipedia.org])
de cet apprentissage dans un de ses écrits initiatiques. Rappelons que le visage de Crowley figure en bonne place parmi les personnalités dont l'image est reproduite sur la couverture de l'album Sargent Pepper's Lonely Hearts Club Band et que la devise thélémique de Crowley "Do as thou wilt" (oui, le Fay ce que voudras de Rabelais) est expressément citée par les Beatles à cette époque.

Il y a dans les apparentes innocentes comptines des Beatles much more than meet the eye, au sens le plus littéral du terme, situé à l'apex de la pyramide.

Paul McCartney, qui en 1998 déclarait dans un webcast "The Fireman is no mason" ("Le Fireman (ainsi que lui-même se désigne) n'est pas un franc-maçon") et qui dans ce même webcast répondit à un anonyme qui lui demandait si cette phrase était un anagramme ou si elle pouvait être lue à l'envers: "no Sam, it's no anagram"...

Spine chilling, isn't it ? But there is more.
06 mai 2008, 21:37   More?
Et moi qui croyais ces jeunes gens bien innocents, anoblis par la Reine et tout. Bien sûr, la noblesse n'a jamais éloigné par elle-même des pactes avec Satan, comme en témoigne le cas de Gilles de Rais. Mais tout de même, les Beatles, quelle surprise et quelle déception!
» Avez-vous quelques koans, suivis de leur explication bien sûr ? En échange, je peux vous proposer des riddles anglo-saxons du IX° siècle.

Je vote pour.
» C'est proprement de la théologie amusante.

J'ai encore dans ma bibliothèque un « Paraboles according to the Peanuts » (si je ne me trompe pas). Je crois que Schultz était protestant.



Source : [www.peanuts.com]
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