Le site du parti de l'In-nocence

Mise au point salutaire

Envoyé par Virgil Waldburg 
30 avril 2008, 20:05   Mise au point salutaire
Je trouve la réponse d'Alain de Libera très maladroite, car elle confond les ordres, à savoir le problème méthodologique du livre et les soupçons qu'il est possible de nourrir à l'endroit de l'orientation biaisée de l'auteur.

Voici une réponse plus sobre et qui me semble tout à fait dans le ton. Le problème y est bien posé et l'analyse claire :

Article envoyé au Monde par H. Bellosta :
Prendre de vieilles lunes pour des étoiles nouvelles,
ou comment refaire aujourd’hui l’histoire des savoirs.
En France et à l’étranger, bon nombre de lecteurs du Monde ont lu avec quelque étonnement, dans Le Monde des livres du 4 avril 2008, l’article intitulé « Et si l’Europe ne devait pas ses savoirs à l’islam ? », rendant compte de l’ouvrage de Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont-Saint-Michel : les racines grecques de l’Europe chrétienne (Seuil, L’Univers historique, 2008).
Il suffira, pour donner une idée de cet ouvrage, de mentionner qu’à en croire Le Monde son auteur, spécialiste des chevaliers teutoniques, pense réécrire l’histoire culturelle médiévale en s’appuyant sur la « découverte » de Jacques de Venise et de ses traductions d’Aristote. Celle-ci révolutionnerait non seulement notre connaissance de la réception de l’aristotélisme en Europe médiévale, mais jusqu’à notre compréhension générale de l’histoire des savoirs.
Rappelons tout d’abord que — depuis les travaux fondateurs de Haskins (1924), poursuivis par A. Birkenmajer (1932), L. Minio-Paluello, M. T. d’Alverny… — l’existence et le rôle des traductions d’Aristote (et pas seulement d’Aristote) faites directement sur le grec au XIIe siècle (et pas seulement par Jacques de Venise) sont bien connus ; L. Minio-Paluello, le premier, a attiré l’attention du monde savant sur l’importance du rôle de Jacques de Venise* (dont rien ne dit du reste qu’il ait jamais mis le pied au Mont-Saint-Michel). Les textes de ces traductions latines d’Aristote (y compris celles de Jacques de Venise) forment une part de l’imposant Aristoteles Latinus en cours d’édition à Louvain et dont les premiers tomes ont paru en 1957. Des textes peuvent cependant rester lettre morte, et nul n’ignore que la connaissance de la philosophie aristotélicienne a nécessité, pour les penseurs scolastiques, non seulement de disposer des écrits d’Aristote traduits en latin, mais également de clés pour les comprendre. Or ces clés, ce sont bel et bien les milliers de pages d’Averroès, d’Avicenne et d’Algazel traduites en latin qui les ont fournies. Le développement d’un aristotélisme de haut niveau dans l’Europe latine va de pair, au XIIIe siècle, avec la diffusion des commentaires d’Averroès à la Faculté des Arts de Paris. Quant à l’influence d’Averroès et d’Avicenne sur les systèmes de Saint Thomas d’Aquin et de Duns Scot, pour ne citer que deux des plus grands, elle n’est plus à démontrer.
En second lieu, réduire “l’archéologie du savoir” à la réception de l’aristotélisme témoigne d’une vision si limitée qu’elle en devient erronée. Quelle n’est donc pas notre surprise de voir l’article du Monde des Livres, prenant prétexte de cette « découverte » de Jacques de Venise par S. Gouguenheim, procéder à une mise en question radicale des travaux des cinquante dernières années en histoire des sciences et de la philosophie – sont citées, en compagnie de la philosophie, « médecine, mathématique, astronomie ». Il n’y aurait là que l’expression d’une « vulgate », qualifiée de « tissu d’erreurs, de vérités déformées, de données partielles ou partiales ». Le fruit de ces travaux, manifestement ignorés, serait le reflet de « préjugés de l’heure », de « convictions dominantes » et de « croyances » qu’il s’agirait de
« rectifier » – étrange procédé que de mettre ainsi sur le même plan, faits, textes, croyances, opinions, préjugés !
Il n’est aucun philosophe ou historien des sciences sérieux pour affirmer que « l’Europe doit ses savoirs à l’islam » ; la science en tant que telle se développe selon ses voies propres et ne doit pas plus à l’islam qu’au christianisme, au judaïsme ou à toute autre religion. En revanche, l’idée que l’Europe ne doit rien au monde arabe (ou arabo-islamique, ou islamique, comme on voudra bien l’appeler) et que la science moderne est héritière directe et unique de la science et de la philosophie grecques, n’est pas nouvelle. Elle constitue même le lieu commun de la majorité des penseurs du XIXe siècle et du début du XXe siècle, tant philosophes qu’historiens des sciences, dont le compte rendu du Monde reprend tous les poncifs, faisant fi des progrès de la recherche.
Les modalités de la circulation des savoirs autour de la Méditerranée et la part qu’y ont prise les chrétiens (d’Orient ou d’Occident), les musulmans, les juifs, les zoroastriens, les sabéens…, en Sicile, en Italie du sud, en Andalousie, à Alep, au Caire, à Lunel, voire au Mont-Saint-Michel…, sont complexes et ne se laissent pas réduire à une opposition simpliste entre Islam et Chrétienté. Elles ont donné, et donnent encore, lieu à bon nombre d’études documentées qu’un professionnel du sujet ne peut ignorer.
Il est difficile de voir dans l'ouvrage de S. Gouguenheim, tel que Le Monde en rapporte les thèses de façon complaisante – lui assurant ainsi une diffusion inespérée –, autre chose que le propos d’un idéologue. C’est cependant moins dans le domaine de l’histoire de la philosophie ou des sciences, que sur la formation du grand public cultivé, que l’on en redoutera les effets. Nous sommes là bien loin de l’histoire des savoirs.
* On pourra en particulier se rapporter à :
L. Minio-Paluello, « Iacobus Veneticus grecus, Canonist and translator of Aristotle » , Traditio 8, 1952, p. 265-305,
L. Minio-Paluello, « Aristotele dal Mondo arabo a quello latino », Settimana di studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo, XII, L'Occidente e l'Islam nell'alto Medioevo, Spoleto, 2-8 aprile 1964, Spoleto 1965, p. 603-637.
Signataires :
Philippe Abgrall
Chargé de recherche, Centre d’épistémologie et d’ergologie comparatives, CNRS UMR 6059
Hélène Bellosta
Directeur de recherche honoraire, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Hourya Benis Sinaceur
Directrice de recherche émérite, Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, CNRS-Université Paris I-École Normale Supérieure,
Membre du conseil d’administration du Collège international de philosophie,
Membre correspondant de l’Académie internationale d’histoire des sciences
Bernard Besnier
Maître de conférences de philosophie ancienne, École Normale Supérieure (Lyon), Département de lettres et sciences humaines
Thierry Bianquis
Professeur émérite d’histoire et civilisation islamiques, Université Louis Lumière Lyon II, CNRS UMR 5648 CIHAM.
Joël Biard
Professeur des universités, Université François Rabelais, Tours, directeur adjoint du Centre d’études supérieures de la Renaissance, CNRS GDR 2522
Michel Blay
Directeur de recherche, CNRS
Jean Celeyrette
Professeur émérite, Université de Lille III, UMR savoirs, textes, langage
Karine Chemla
Directrice de recherche, CNRS, Directrice du laboratoire REHSEIS (Recherches épistémologiques et historiques sur les sciences exactes et les institutions scientifiques), CNRS-Université Paris Diderot
Pascal Crozet
Chargé de recherche, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Michel Crubellier
Professeur de philosophie ancienne, Université Lille III
Catherine Dalimier,
Professeur de première supérieure, traductrice d’Aristote
Abdelali Elamrani Jamal
Directeur de recherche, CNRS, Centre Jean Pépin
Gad Freudenthal
Directeur de recherche, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Jean-Claude Garcin
Professeur émérite d’histoire du monde musulman médiéval, Université Aix-Marseille I
Patrick Gautier-Dalché
Directeur de recherche, CNRS, Directeur d’étude EPHE
Ahmad Hasnaoui
Chargé de recherche, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Maurice-Ruben Hayoun
Philosophe, écrivain
Roland Hissette
Chercheur, Thomas Institute, Cologne
Philippe Hoffmann
Directeur du Laboratoire d'études sur les monothéismes, CNRS UMR 8584,
Danielle Jacquart
Directeur d’études, École pratique des hautes études
Mehrnaz Katouzian-Safadi
Chargé de recherche, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
George Labica
Tony Levy
Chargé de recherche, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Dominique Mallet,
Professeur, Université Bordeaux III
Régis Morelon
Directeur de recherche émérite, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE, dominicain
Barbara Obrist
Chargé de recherche, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Marco Panza
Directeur de recherche, laboratoire REHSEIS (Recherches épistémologiques et historiques sur les sciences exactes et les institutions scientifiques), CNRS-Université Paris Diderot.
Michel Paty
Directeur de recherche émérite, CNRS
Pierre Pellegrin
Directeur de recherche, CNRS, Directeur du Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE
Emilio Platti
Professeur, Université de Leuven, dominicain
Marwan Rashed
Professeur d’Université, Département des sciences de l’Antiquité, École Normale Supérieure
Roshdi Rashed
Directeur de recherche émérite, Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, CNRS-Université Paris VII-EPHE, Professeur honoraire, Université de Tokyo
Gérard Simon
Professeur émérite, Université de Lille III, UMR savoirs, textes, langage
Ivahn Smadja,
Maître de conférences, Université paris VII
Pierre Thillet
Professeur émérite, Université Paris I Sorbonne
Gudrun Vuillemin-Diem
Editrice et membre du Comité éditorial de l’Aristoteles Latinus (Leuven).
Utilisateur anonyme
30 avril 2008, 21:10   Re : Mise au point salutaire
Cette longue liste ressemble surtout à une tentative d'intimidation
Utilisateur anonyme
30 avril 2008, 21:25   Re : Mise au point salutaire
J'imagine que Roger Pol Droit va bientôt retourner sa veste.
Je me demande si cette dame a lu le livre de SG.

a) Elle évoque la diffusion au XIIIe s d'une partie de l'oeuvre d'Aristote grâce aux traductions de l'arabe, elles-mêmes traduites..., et le succès à Paris des commentaires qu'Averroès a faits d'Aristote : sans doute, mais l'enquête de SG est "limitée" dans le temps, du VIe au XIIe s : donc l'objection n'a pas de valeur - du moins pour ce qui est de ce point-là.

b) Elle juge que le livre de SG porte sur Aristote ou la réception d'Aristote, comme le titre le laisse croire : or, il suffit de lire le livre pour constater que son objet est la "science" grecque - en réalité, le savoir grec...

c) Elle tend à rabaisser SG en faisant de lui un simple spécialiste des "chevaliers teutoniques" : autant dire (chacun l'a compris) du Diable en personne (pourquoi pas des SS ?). Or, SG a écrit d'autres livres : sur les mystiques rhénans et sur les prétendues terreurs de l'an mil. Elle aurait pu, par souci d'équilibre, indiquer la vraie spécialité d'Averroès : elle ne le fait pas.

d) Elle invoque les "philosophes ou historiens des sciences sérieux", qui, selon elle, n'ont jamais dit que l'Europe aurait une dette immense vis-à-vis de l'islam (religion) et de l'Islam (civilisation). Elle ne les cite pas. SG les a cités. De plus, tous les spécialistes d'histoire des sciences qu'elle cite sont justement ceux sur les recherches de qui SG a fondé son étude.

e) Elle oublie le refus de SG de tenir, pour quelque raison que ce soit, le Moyen Age européen pour un "âge médian", obscurantiste et barbare.


Ainsi sont écartées toutes les questions que pose M. SG, de façon posée, claire, objective, raisonnée et sans passion : ses doutes sur la nature scientifique de la "science" médiévale (des connaissances livresques, oui : une pratique scientifique, non) ; ses doutes sur l'hellénisation de l'islam ; la fabrication du mythe des racines musulmanes de l'Europe qui ne répond qu'à des opérations de basse police idéologique ; l'essence de l'Europe : est-elle sur les bords de la Méditerranée, comme le pensent les détracteurs de SG, ou plus au nord, à Paris, dans la vallée du Rhin, dans les monastères perdus dans les brumes, comme le pense SG ? Est évidemment niée la parenté que voit ou suggère, dans l'annexe 1, SG (de façon, il est vrai, peu loyale) entre les thèses de l'idéologue nazie et raciste, Sigrid Unke ("Le soleil d'Allah brille sur l'Occident"), et les défenseurs de la thèse des racines islamiques de l'Europe.

Les deux thèses sont inconciliables, mais ce serait s'aveugler que de se focaliser sur les interprétations opposées (ce qui est la règle dans ces disputes universitaires). La violence des diatribes contre SG cache aussi des conflits d'intérêt (défense des fonds de commerce ou des prés carrés). La plupart des détracteurs de SG sont du CNRS ou sont liés à des UMR du CNRS : si les hommes politiques accordaient du crédit au livre de SG, ils pourraient établir un rapport entre les crédits et subventions que reçoivent tous ces centres de recherche et l'objet même (anodin ?) de leur recherche.
A lire SG, de toute évidence, c'est un savant à l'ancienne, qui cherche aussi à éclairer et à instruire et qui ne tient pas le savoir pour un labyrinthe conceptuel. Il ne semble pas que ce soit le cas de ses détracteurs : cf la distinction entre "musulmans" et "islamiques" du premier manifeste anti SG ou la formule obscure : "les modalités de la circulation des savoirs" - une fois ces modalités connues (?), on doit être bien avancé pour ce qui est de ces savoirs, sans parler de la langue utilisée par les auteurs de ces manifestes / pétitions : "professionnel du sujet" ou "études documentées".
30 avril 2008, 22:10   Re : Mise au point salutaire
« bon nombre de lecteurs du Monde ont lu avec quelque étonnement, dans Le Monde des livres du 4 avril 2008, l’article intitulé « Et si l’Europe ne devait pas ses savoirs à l’islam ? »

« à en croire Le Monde son auteur, spécialiste des chevaliers teutoniques, pense réécrire l’histoire culturelle médiévale »

« Quelle n’est donc pas notre surprise de voir l’article du Monde des Livres »

« Elle constitue même le lieu commun de la majorité des penseurs du XIXe siècle et du début du XXe siècle, tant philosophes qu’historiens des sciences, dont le compte rendu du Monde reprend tous les poncifs »

« Il est difficile de voir dans l'ouvrage de S. Gouguenheim, tel que Le Monde en rapporte les thèses de façon complaisante »

Et le nom de l'auteur de l'article du Monde des livres, Roger-Pol Droit, n'est même pas mentionné, alors même que cette pétition n'évoque que cet article !

L'Université française : « on l'a pas lu mais on en a entendu causer ».
Utilisateur anonyme
01 mai 2008, 09:52   Re : Mise au point salutaire
« bon nombre de lecteurs du Monde ont lu avec quelque étonnement, dans Le Monde des livres du 4 avril 2008, l’article intitulé « Et si l’Europe ne devait pas ses savoirs à l’islam ? »

Effectivement, il était assez étonnant de lire celà dans "Le Monde", mais pas pour les raisons qu'avance Mme Bellosta.
Quant aux pétitions et autres manifestes anti-Gouguenheim, je me demande s'il est souvent arrivé, par le passé, que des historiens ou des savants de quelque autre discipline désignent ainsi un de leurs collègues, par voie de presse, à la vindicte publique.
Non, je ne crois pas que cela soit déjà arrivé. Même la publication du Livre noir de la Révolution française n'a pas déclenché un tel tir de barrage.
Pour comprendre le sens de la cabale anti SG, il suffit de prendre connaissance de la carrière et des travaux de ses détracteurs : tous sont islamologues ou apparentés; aucun n'est spécialiste, sauf Alain de Libera, de la culture ou de l'histoire de l'Europe :
Martinez-Gros fait partie de l'UMR (CNRS) Islam médiéval; il a pour sujet de recherche "Al Andalous" (qu'il écrit à l'anglaise : al andalus); il n'a publié que des ouvrages sur l'islam;
Son disciple, Loiseau, a fait sous sa direction une thèse sur l'urbanisation et la déprise urbaine pendant la crise mamelouke, 1346-1425; il est membre de la même UMR, islam médiéval;
Mme Bellosta est au CNRS membre du Centre d'histoire des sciences et des philosophies arabes, longtemps dirigé par M. Rouchi Rachid. Elle a publié des ouvrages sur Avicenne et sur l'Histoire des sciences arabes.
M. Rouchdi Rachid, égyptien ou d'origine égyptienne, a obtenu en 1990 la médaille du centre de recherche de l'Organisation de la Conférence islamique (pour l'ensemble de ses travaux); en 1998 le prix mondial du meilleur livre de recherche en islamologie que lui a décerné le président de la République d'Iran, etc.; il est membre de l'académie de la langue arabe de Damas et du Caire;
+ son fils, Marouane Rachid.
Le seul qui n'ait pas ce "profil" d'islamologue et qui soit spécialiste de la pensée européenne est Alain de Libera, qui est actuellement (et sans doute jusqu'à sa retraite, vu les conditions exceptionnelles de travail dont il bénéficie), professeur à l'Université de Genève.

On comprend mieux la réalité de la "querelle" : islamologues spécialistes, et pour certains, simples chantres, de l'islam, dit des "lumières", ou des Lumières de l'islam, bénéficiant au CNRS de places fortes vs un historien qui ne croit pas que le Moyen Age européen ait été un âge obscurantiste et qui pense que le coeur de l'Europe (ou son essence) se trouve au Mont Saint Michel, à Oxford, à Paris, à Amiens, sur les bords du Rhin; ou encore "groupes" de "chercheurs" ayant des intérêts communs divers, dont certains sont liés à leur carrière, vs un homme seul.
Je me suis laissé dire qu'Alain de Libéra, dans sa préface au Contre Averroès de Thomas d'Aquin soulignait que celui-ci démontrait qu'Averroès s'est en réalité trompé sur Aristote. N'avons-nous pas lu dans unes de ces pétitions vengeresses écrites par nos amoureux des Lumières de l'Islam qu'il est bien connu que Thomas d'Aquin doit à Averroès d'avoir compris Aristote ?
01 mai 2008, 12:22   Re : Mise au point salutaire
Signataire aussi, le père Régis Morelon, dialogueux enragé au point que, à l'indignation des amis de Roger Arnaldez, il avait cru bon de lire des sourates du Coran à l'enterrement de ce grand islamologue , alors que celui-ci, à la fin de sa vie, avait écrit un texte où il reconnaissait la pauvreté de l'apport arabe et que le terrorisme trouvait bien sa justification dans le Coran.
01 mai 2008, 12:40   Re : Mise au point salutaire
Erreur
» J'imagine que Roger-Pol Droit va bientôt retourner sa veste.

Attendons qu'il le fasse, avant de l'insulter. Connaissant plusieurs de ses ouvrages antérieurs, fort intéressants d'ailleurs, il m'étonnerait beaucoup que votre sympathique prédiction se réalise. Si c'est le cas, je mangerai mon chapeau.
J'avoue que je suis un peu surpris par l'image de vertueux petit saint que revêt tout à coup Roger-Pol Droit sur ce forum alors qu'il avait jusqu'à présent, et non sans d'excellentes raisons, une image d'ami du désastre patenté et de Fouqier-Tinville particulièrement retors et acharné. La question ne serait donc pas de savoir s'il va tourner sa veste mais s'il l'a déjà tournée (en notre "faveur", si j'ose dire...).

(Je précise que je ne fais pas allusion à ses ouvrages que je ne connais pas — il ne m'a jamais spécialement donné envie d'aller y voir...— mais à ses articles du "Monde")
Moi, je ne connais pas la couleur de ses vestes, et je le lis très rarement dans Le Monde. Je sais en revanche que plusieurs de ses ouvrages allaient contre l'air du temps, c'est la seule chose que je visais, et la seule chose, je crois, qui importait ici. Remarquons tout de même qu'il a mis en valeur le livre de Gouguenheim, on finirait par l'oublier ! Comme cela ne correspond pas à l'idée que l'on se fait du bonhomme, il faut qu'il ait tourné sa veste, ou qu'il soit en passe de le faire...

Je dois dire qu'un titre comme La philosophie expliquée à ma fille ne me donne pas, à moi non plus, la moindre envie d'y aller voir. Cependant, l'Oubli de l'Inde, même s'il est écrit à la six-quatre-deux, est fort intéressant, et met le doigt sur une question importante (très importante, même, à mes yeux). Ainsi que son Culte du Néant, les philosophes et le Bouddha... Je vois dans son article sur Gouguenheim un prolongement de ces deux derniers livres. J'aimerais seulement que les attaques à son endroit que je lis ici soient motivées. À défaut d'un procès instruit, en effet, j'ai envie de le défendre...
Mais ne montez pas sur vos grands chevaux, Cher Bernard Lombard, personne ne vous reproche de le défendre, au contraire ! Je remarque seulement qu'il en va un peu comme si tout à coup Josyane Savigneau ou Elisabeth Roudinesco devenaient des championnes de la liberté d'esprit plutôt que des dénonciatrices acharnées de tout ce qui dépasse.
Ah, cher Renaud Camus, vous mettez le doigt sur mon problème : je n'ai pas de petits chevaux... Vous savez, je ne veux pas faire de Roger-Pol Droit un champion : il faudrait d'abord qu'il écrive mieux... Il y a un monde entre le fond et la forme, dans l'Oubli de l'Inde... Mais c'est tout de même un raccourci pratique pour ceux qui ne veulent pas prendre le temps de lire les grands : Renou, Filliozat, et aussi Biardeau et Malamoud... Ce que j'ai entrepris, patiemment, pour ma part... Et d'abord, le « Pol » au lieu de « Paul » m'indispose déjà...
"dénonciatrices acharnées de tout ce qui dépasse"

Dépasse est le mot : tous ces cacocrates qui font la bonne pensée et la bonne politique obligées, sont très facilement dépassées. Cela dit sans vouloir diminuer vos mérites, Cher Renaud Camus.
03 mai 2008, 07:50   Lexicographes
J'espère que tout coeur qu'au moins un lexicographe a noté les inventions verbales de ce Forum, qui m'enchantent : après les kleptocraties du Tiers-Monde, voici les cacocrates de M. Meyer! Mon samedi en est tout illuminé.
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