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Jacques Ellul en croisade

Envoyé par Quentin Dolet 
En écho à son excellente préface du livre de Bat Ye'or, que Rogemi nous a dénichée il y a quelques jours. Il ne tourne pas autour du pot.

Non à l’intronisation de l’Islam en France
par Jacques Ellul


Ce n’est pas une marque d’intolérance religieuse: je dirais "oui", aisément, au bouddhisme, au brahmanisme, à l’animisme..., mais l’islam, c’est autre chose. C’est la seule religion au monde qui prétende imposer par la violence sa foi au monde entier.

Je sais qu’aussitôt on me répondra : " Le christianisme aussi ! "

Et l’on citera les croisades, les conquistadors, les Saxons de Charlemagne, etc. Eh bien il y a une différence radicale.

Lorsque les chrétiens agissaient par la violence et convertissaient par force, ils allaient à l’inverse de toute la Bible, et particulièrement des Evangiles. Ils faisaient le contraire des commandements de Jésus, alors que lorsque les musulmans conquièrent par la guerre des peuples qu’ils contraignent à l’Islam sous peine de mort, ils obéissent à l’ordre de Mahomet.

Le djihad est la première obligation du croyant. Et le monde entier doit entrer, par tous les moyens, dans la communauté islamique.

Je sais que l’on objectera : "Mais ce ne sont que les 'intégristes' qui veulent cette guerre."

Malheureusement, au cours de l’histoire complexe de l’Islam, ce sont toujours les "intégristes", c’est-à-dire les fidèles à la lettre du Coran, qui l’ont emporté sur les courants modérés, sur les mystiques, etc.

Déclarer sérieusement qu’en France l’adhésion de "certains musulmans" à l’intégrisme est le résultat d’une crise d’identité est une désastreuse interprétation.

L'intégrisme en Iran, en Syrie, au Soudan, en Arabie Saoudite, maintenant en Algérie est-il une réaction à une crise d’identité?

Non, l’intégrisme est seulement le réveil de la conscience religieuse musulmane chez des hommes qui sont musulmans mais devenus plus ou moins "tièdes".

Maintenant, le réveil farouche et orthodoxe est un phénomène mondial. Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra "intégrer" des musulmans pacifiques et non conquérants. Il faut oublier ce qu’est la rémanence du sentiment religieux (ce que je ne puis développer ici). Il faut oublier la référence obligée au Coran. Il faut oublier que jamais pour un musulman l’Etat ne peut être laïque et la société sécularisée: c’est impensable.

Il faut enfin oublier comment s’est faite l’expansion de l’Islam du VIe au IXe siècle. Une étude des historiens arabes des VIIe et IXe siècles, que l’on commence à connaître, est très instructive : elle apprend que l’islam s’est répandu en trois étapes dans les pays chrétiens d’Afrique du Nord et de l’Empire byzantin. Dans une première étape, une infiltration pacifique de groupes arabes isolés, s’installant en paix. Puis une sorte d’acclimatation religieuse: on faisait pacifiquement admettre la validité de la religion coranique. Et ce qui est ici particulièrement instructif, c’est que ce sont les chrétiens qui ouvraient les bras à la religion soeur, sur le fondement du monothéisme et de la religion du Livre, et enfin lorsque l’opinion publique était bien accoutumée, alors arrivait l’armée qui installait le pouvoir islamique — et qui aussitôt éliminait les Eglises chrétiennes en employant la violence pour convertir.

Nous commençons à assister à ce processus en France (les autres pays européens se défendent mieux). Mais c’est du rêve éveillé que de présenter un programme de fédération islamique en France, pour mieux intégrer les musulmans. Ce sera au contraire le début de l’intégration des Français dans l’islam.

La seule mesure juridique valable, c’est de passer avec tous les immigrés un contrat comportant : la reconnaissance de la laïcité du pouvoir, la promesse de ne jamais recourir au djihad (en particulier sous forme individuelle — terrorisme, etc.), le renoncement à la diffusion de l’islam en France. Et si un immigré, beur ou pas, désobéit à ces trois principes, alors, qu’il soit immédiatement rapatrié dans son pays."


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Article paru dans l'hebdomadaire Réforme le 15 juillet 1989.
Utilisateur anonyme
02 mai 2008, 23:05   Re : Jacques Ellul en croisade
"La seule mesure juridique valable, c’est de passer avec tous les immigrés un contrat comportant : la reconnaissance de la laïcité du pouvoir, la promesse de ne jamais recourir au djihad (en particulier sous forme individuelle — terrorisme, etc.), le renoncement à la diffusion de l’islam en France. Et si un immigré, beur ou pas, désobéit à ces trois principes, alors, qu’il soit immédiatement rapatrié dans son pays."


Dommage que cet article se termine aussi naïvement, pour ne pas dire aussi bêtement... je pense à Carl Schmitt pour qui une "situation exeptionnelle" (ou très bientôt exeptionnelle...) exige non pas une énième mesure juridique, qui ne vaut essentiellement que pour une situation courante, que précisément elle normalise, mais une décision !, car il est capital de reconnaître, tout juriste que l'on soit, qu'à côté du juridique il existe toutes sortes de sphères non juridiques, d'ordre politique, économique, religieux ou scientifique qui, pour régler les contestations ou les conflits qui leur sont internes, en appellent à leurs normes propres et non à celles du droit, sinon secondairement.

Une difficulté d'ordre religieux doit être (si j'ose dire) résolue religieusement, en tout cas pas juridiquement.

La "situation exeptionnelle" se caractérise justement par le fait qu'elle suspend le droit, et qu'elle échappe aux normes; c'est cela même qui lui confère son caractère d'exeption. Ceux qui provoquent la situation exeptionnelle n'ont cure des aspirations abstraites. Les terroristes ne demandent pas aux passagers d'un avion s'ils ont le droit de le détourner. De quel contrat (là, pardonnez-moi, mais c'est consternant...) parle-t-on ? Comment, et qui pour le mettre en oeuvre ? Quelle validité ? Quelle éfficacité face à l'urgence, au danger ?
Utilisateur anonyme
02 mai 2008, 23:51   Re : Jacques Ellul en croisade
Manda la pumpa !
... est le titre d'un bref essai de Jacques Ellul (PUF, 2004), qui analyse et réfute ce qu'il appelle "les trois piliers du conformisme":
le premier est "nous sommes tous des fils d'Abraham", le second, l'argument du monothéisme, le troisième, "des religions du Livre". La réfutation est claire, raisonnée, et l'on sort de cette lecture totalement dessillé. Deux points me surprennent un peu dans le message de M. Olivier citant Jacques Ellul : c'est la pénétration originellement pacifique des premiers musulmans dans l'empire romain d'Orient, qui précéderait l'invasion des guerriers. Il y eut de tous temps des Arabes polythéistes puis chrétiens en Syrie et aux frontières de l'empire perse, comme en témoignent le royaume de Palmyre (détruit par Aurélien en 250) ou Ammien Marcellin au IV°s, dans son histoire militaire des guerres frontalières sous Constance, et de la campagne de Julien en Perse. Je ne savais pas que ces Arabes de l'empire, et ces nomades frontaliers qui servaient comme mercenaires alternativement le Shâh de Perse et l'empereur romain, avaient été islamisés avant la conquête (au VII°s au moins, puisqu'au VI° l'islam n'existait pas encore) et que les autorités impériales, si à cheval sur l'orthodoxie religieuse des sujets aux VI° et VII°s, avaient toléré cela au point que l'on "[admît] la validité de la religion coranique", et que les chrétiens de l'époque aient "ouvert les bras à la religion soeur." Cela m'a semblé un anachronisme qui m'étonnerait quand même de la part de Jacques Ellul, théologien scrupuleux, mais il a des sources que je ne connais pas ("une étude des historiens arabes des VII° et IX siècles"). Une note donne-t-elle le titre de cette étude?
Utilisateur anonyme
03 mai 2008, 07:47   Re : "Je promets de ne jamais recourir au djihad."
Jacques Ellul est sans doute un théologien scrupuleux, mais le dernier paragraphe du texte que cite Olivier prouve qu'il est aussi un grand humoriste.
Utilisateur anonyme
03 mai 2008, 08:24   Re : Curiosité
Manda la pumpa !

Qu'es aco ?
Utilisateur anonyme
03 mai 2008, 09:25   Re : Jacques Ellul en croisade
"le dernier paragraphe du texte que cite Olivier prouve qu'il est aussi un grand humoriste."

De l'humour ?, rien de moins sûr... en tout cas la mesure proposée, pour naïve qu'elle soit, ne sent pas l'enseignement, ni le dessèchement intellectuel.
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