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Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
03 mai 2008, 23:07   Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").
La réception d'Aristote par Averroès ?, les racines musulmanes de l'Europe ?, j'aimerais en savoir davantage... par exemple, quel est l'avis de Rémi Brague sur ce sujet ?

Par avance merci d'éclairer ma modeste lanterne.
Sur le sujet, il est intéressant de lire "Au moyen du Moyen Âge" de Brague (très bon livre), ainsi que le livre sur Albert Le Grand d'Alain de Libera. Son introduction au "Contre Averroès" est intéressante aussi (en GF).
Son manuel de philosophie médiévale aux PUF est très utile : il restitue chaque tradition dans ses droits, sans polémique. C'est une introduction, mais la bibliographie est riche et il est possible d'approfondir à partir de ses indications.
Les spécialistes d'Averroès en France sont Jean Jolivet et Dominique Urvoy, notamment.
On peut lire l'avis de Brague sur l'abus des références à Aristote dans l'ouvrage cité plus haut et sur Dailymotion où il ridiculise notre ancien ministre de l'éducation (qui aurait mieux fait de ne pas parler de ce qu'il ignore).
Utilisateur anonyme
04 mai 2008, 09:40   Re : Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").
"sur Dailymotion où il ridiculise notre ancien ministre de l'éducation (qui aurait mieux fait de ne pas parler de ce qu'il ignore).


Cher Virgil, merci !

J'ai écouté la salutaire mise au point de Rémi Brague sur Dailymotion - le moins que l'on puisse dire, c'est que Luc Ferry n'en sort pas grandi (ce dernier ne fait jamais que ressasser ce qu'on savait déjà, à savoir que nous devons tout (ou presque) à la culture arabo-musulmane).

"Au moyen du Moyen Âge" de Brague, je vais commencer par cet ouvrage.
Tant que vous y êtes , commandez donc son livre sur la philosophie grecque chez le même éditeur. C'est très bon aussi.
Utilisateur anonyme
04 mai 2008, 10:58   Re : Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").
Que de pain sur la planche !

Merci.
Utilisateur anonyme
05 mai 2008, 16:59   Re : L'Europe ne doit rien à l'islam.
Intéressante et rigoureuse mise au point d'Alain de Libera dans le quotidien suisse "Le Temps" de ce jour qui confirme le point de vue exprimé par Virgil sur ce site et qui permet d'éviter de trop promptes diabolisations....ou sanctifications.


"Attaqué par Sylvain Gouguenheim, Alain de Libera, professeur de philosophie à l'Université de Genève, réplique.


Patricia Briel
Lundi 5 mai 2008



Le Temps: Que pensez-vous du livre de Sylvain Gouguenheim?

Alain de Libera: C'est un livre militant, qui porte à la fois sur l'histoire intellectuelle du Moyen Age et l'identité culturelle et religieuse de l'Europe. Le projet d'ensemble est idéologique et apologétique: essai ou pamphlet, dont la vraie cible est le dialogue des cultures. L'information scientifique est sélective. Les thèses nouvelles déjà connues. La «découverte» de Jacques de Venise un non-événement. Il eût été préférable de comparer les entrées successives d'Aristote à partir du grec et de l'arabe et de ne pas se limiter à quelques sciences. Qui lisait ces textes? Combien de gens les lisaient? Et pourquoi faire? L'arrivée des textes traduits de l'arabe a non seulement fait exploser l'offre philosophique, mais elle a aussi suscité une nouvelle demande. Provoqué de nouvelles questions. Soulevé de nouveaux problèmes – c'est aussi cela la science, et la philosophie. Les textes d'Averroès, le «Commentateur d'Aristote», ont été lus, souvent commentés eux-mêmes, jusqu'à la fin du XVIe siècle. Leur diffusion coïncide avec l'essor des universités. En éliminant de sa démonstration tout ce qui est postérieur au haut Moyen Age, sous prétexte que cela était bien connu, M. Gouguenheim s'est fait la partie belle: il a laissé de côté quatre siècles de réception des sources arabes, de crises universitaires européennes, de censures, de résistance à l'aristotélisme, d'effervescence théologique, de conflits entre la raison et la foi. Il est vrai qu'en poussant jusqu'à 1210 et au Concile de la Province ecclésiastique de Sens, il lui aurait fallu montrer l'Europe chrétienne tout occupée à arracher ses racines, en interdisant la lecture des «livres naturels d'Aristote», la Métaphysique, le De anima, la Physique, «ainsi que de ses commentaires, tant en public qu'en privé sous peine d'excommunication».

– Le médiéviste démontre qu'au sein du monde islamique, les musulmans n'ont joué pratiquement aucun rôle dans la traduction des textes grecs. Ces traductions auraient été le fait uniquement des chrétiens syriaques.

– Il faut distinguer ici deux choses: la philosophie en Islam et la philosophie de l'Islam. Uniquement et principalement. L'existence de médiateurs chrétiens du syriaque à l'arabe n'est contestée par personne. N'oublions pas cependant que ces «passeurs» du grec au syriaque, les nestoriens, les jacobites, étaient aussi des «hérétiques» aux yeux des Byzantins. N'oublions pas non plus que les Byzantins étaient antihelléniques, et que les musulmans étaient philohelléniques parce qu'antibyzantins. Ce qui est inacceptable dans la démarche de Sylvain Gouguenheim, c'est de mêler à ces questions de fait des hypothèses d'un autre âge sur le génie de la langue arabe – langue sémitique inclinant à la poésie plus qu'au concept, et sur l'essence des religions – l'islam incompatible avec la raison. L'islam n'étant pas soluble dans l'hellénisme, les musulmans n'auraient retenu de la pensée grecque que ce qui était compatible avec le Coran. Mais que faisaient d'Aristote les chrétiens du haut Moyen Age, avant l'arrivée des traductions tolédanes ou de celles de Michel Scot? Ils n'en retenaient majoritairement que ce qui était utile à la théologie trinitaire, à l'élaboration du dogme, à la controverse intra et inter-chrétienne: une petite partie de la logique. L'alliance de la raison grecque et du christianisme ne concernait qu'une partie limitée des savoirs grecs.

– En définitive, qu'est-ce que l'Europe doit à l'islam?

– Elle ne lui doit rien. Un héritage culturel ne réclame pas de don préalable, ni de testateur. La circulation des savoirs se fait par appropriation volontaire. Il y a quelquefois des échanges et des réciprocités. Plus souvent des porosités. Au minimum, des contacts, qui peuvent être conflictuels. La religion ne produit pas la science. Bien heureux quand elle ne l'empêche pas.

Les chrétiens se sont approprié certains savoirs arabes, grâce à des politiques de traduction, comme les musulmans l'avaient fait, entre autres pour les savoirs grecs, en Orient. Cela dit, il faut garder la mémoire de ce que l'on a acquis: où, quand, comment, par quels intermédiaires.

– On ne peut donc pas parler des racines grecques de l'Europe chrétienne?

– Le président Sarkozy le fait. On devrait plutôt s'intéresser de manière critique aux transferts culturels, une notion inventée au Moyen Age, avec la translatio studiorum érigeant le monde carolingien contre Byzance, puis le royaume de France contre l'Empire, et l'Université de Paris contre l'Anglais, en seuls héritiers légitimes d'Athènes et de Rome. Ces filiations revendiquées sont des mythes fondateurs, permettant, comme dans un roman familial, la construction d'une identité collective. Cela n'a rien à voir avec la circulation réelle des savoirs ou des textes. L'image des racines vient d'ailleurs. Par exemple des débats sur le Préambule de la défunte Constitution européenne et des «racines chrétiennes de l'Europe». C'est une image à usage polémique, qui va de pair avec la déploration par Benoît XVI dans le Discours de Ratisbonne de la «déshellénisation du christianisme» entamée par la Réforme."
Utilisateur anonyme
05 mai 2008, 17:16   Re : Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").
Très intéressant, merci. Le débat n'en finit pas de rester ouvert...
» Les thèses nouvelles déjà connues. La «découverte» de Jacques de Venise un non-événement.

Gouguenheim présente-t-il des thèses nouvelles comme telles ? Non.
Prétend-il avoir "découvert" Jacques de Venise ? Non.

Je sens que je n'aurai pas le temps de lire ce Libera.
M. de Libera, par rapport à ces deux interventions antérieures, met un peu d'eau dans son vin : fini l'islamophobie, Huntington, la guerre des civilisations. C'est un progrès. Il est vrai qu'il s'adresse aux Suisses, qui, à la différence des Français, ne prennent pas les arguments idéologiques pour des raisons.

Cependant,
a) il continue à reprocher à SG de ne pas avoir traité ce qu'il aurait dû traiter afin de confirmer ou de justifier M. de Libera, à savoir étudier la réception d'Aristote du XIIIe au XVIe s. Je cite : "en éliminant de sa démonstration tout ce qui est postérieur au haut Moyen Age, sous prétexte que cela était bien connu, M. Gouguenheim s'est fait la partie belle : il a laissé de côté quatre siècles de réception des sources arabes, de crises universitaires européennes, de censures, de résistance à l'aristotélisme, d'effervescence théologique, de conflits entre la raison et la foi". Evidemment, s'il l'avait fait, il aurait traité un autre sujet. M. de Libera n'a qu'à s'y atteler.

b) M. de Libera affirme que "l'Europe ne doit rien à l'islam" - exactement le contraire de ce qu'il disait dans ses interventions antérieures (pourquoi accuser SG d'islamophobie ?) et dans "Penser au Moyen Age".

c) Je cite : "c'est un livre militant, qui porte à la fois sur l'histoire intellectuelle du Moyen Age et l'identité culturelle et religieuse de l'Europe. Le projet d'ensemble est idéologique et apologétique: essai ou pamphlet, dont la vraie cible est le dialogue des cultures" ("dialogue des cultures", dont on sait que ça ne veut rien dire et que c'est un projet tout idéologique). M. de Libera reproche à SG ce dont ce dernier se défend dans son livre et explicitement, en distinguant ce qui relève de l'idéologie de ce qui tient du savoir, et ce qu'il prend soin d'éviter : les a priori idéologiques, les prises de position partisanes, les arguments de basse police idéologique. Il est étrange de reprocher à quelqu'un ce dont justement il se défend : du type "vous êtes communiste", alors que ce "vous" n'a cessé de répéter qu'il n'était pas communiste.

d) Le livre de SG compte 557 notes (pour un peu moins de 200 p de texte); certaines citent sept ou huit ouvrages ou articles différents, rédigés en allemand, en anglais, en italien, en français. Ce qui est impressionnant dans ce livre, c'est la variété, l'ampleur, la richesse des références érudites de SG. Relever les erreurs éventuelles, oui; redresser les interprétations inexactes, oui; discuter les conclusions auxquelles SG parvient, oui : tout cela fait partie de la controverse scientifique, de la dispute universitaire, du débat intellectuel : le réduire à un livre "idéologique et apologétique", sous le prétexte que l'auteur parvient à des conclusions différentes, ou à un "essai ou à un pamphlet", c'est indigne d'un Professeur et s'adressant à des Suisses, c'est les prendre pour des demeurés.
"Evidemment, s'il l'avait fait, il aurait traité un autre sujet. M. de Libera n'a qu'à s'y atteler. " : Alain de Libera s'y attelle de livre en livre depuis plus de vingts ans. Lisez notamment "La querelle des universaux" ou "L'art des généralités" qui sont des livres exceptionnels.

"b) M. de Libera affirme que "l'Europe ne doit rien à l'islam" - exactement le contraire de ce qu'il disait dans ses interventions antérieures (pourquoi accuser SG d'islamophobie ?) et dans "Penser au Moyen Age". "
Je rappelle ici ce que j'ai dit déjà : "Penser au Moyen Age" est un texte un peu polémique qui était destiné en son temps à détruire l'idée reçue (du grand public) que les Arabes n'aurait jamais rien produit en fait de savoir et de science. Il rappela que l'Europe devait aux Arabes (et non à l'Islam, encore moins à l'islam) !

Concernant le point d), je crains que vous ne vous laissiez abuser par la quantité des références. Il se trouve que sur certaines questions que je connais bien, manquent de nombreuses références incontournables qu'un bon historien de la philosophie un tant soit peu versé dans le Moyen Age ne peut ignorer. Soit SG ne les connaît pas, ce qui est grave ; soit il les connaît et il les passe sous silence (alors qu'elles ne sont pas forcément sans son sens), ce qui l'est davantage.
Son chapitre sur la langue arabe est tout à fait ridicule d'un point de vue linguistique (une langue est ce qu'on en fait !) et d'un point de vue historique : l'arabe a donné lieu à de grands textes philosophiques, sans avoir besoin d'aller contre son "génie". Al-Farabi, Avicenne, Averroès, Al-Kindi, Al-Jahiz, etc. en témoignent, à condition de prendre la peine de s'y intéresser.

Je trouve JGL bien sévère avec Alain de Libera et bien tolérant avec SG... sa position serait-elle un peu biaisée ?
Cher ami,

Un éditeur sérieux a publié dans une collection prestigieuse le livre d'un historien reconnu et qui a de vrais talents (il écrit bien, il rédige clairement, il sait conceptualiser, il a horreur de l'idéologie).

Les règles non écrites, celles du "libre examen" (règles qui ont plus de trois siècles : cf. Bayle, Fontenelle, etc.) et qui devraient être respectées à la lettre dans l'université, imposent, quand on n'est pas d'accord avec les faits établis, les analyses développées, les interprétations exprimées, de reprendre un à un ou une à une ces faits, analyses, interprétations et de les redresser, en justifiant, par un raisonnement autre ou en se référant à d'autres documents ou en établissant de nouveaux faits, ces redressements ou ces corrections.

SG a suivi ces règles; ses détracteurs s'en exonèrent. Il faut vraiment qu'ils soient du côté du manche pour s'autoriser cela. Au lieu de discuter point par point chacune de ses analyses (et dans les lieux idoines ; revues savantes, colloques, séminaires, etc.), ils lui intentent en public un procès de sorcellerie, le soupçonnant d'être le Diable, l'accusant de tous les maux, sans avoir lu son livre : tous contre un, haro sur le baudet, tous ensemble tous ensemble tous contre un homme seul, pétitions dans la pire des presses (Télérama et Libération, le journal des khmers rouges), présomption d'innocence bafouée, sans parler de la cible qu'il devient de fait, comme Van Gogh ou Farag Foda ou Redeker, pour d'éventuels égorgeurs.

Pierre Manent dit de l'ENS des années 1970 qu'elle était la "nef des fous". La folie a contaminé d'autres institutions, en théorie consacrées au savoir. C'est ce qu'est l'université pour ce qui est des sciences humaines et sociales. Oser invoquer comme horizon indépassable de la recherche le "dialogue des cultures", comme le fait A de Libera, c'est-à-dire quelque chose qui est un pur slogan de processions, c'est soumettre l'enquête, la recherche, la vie intellectuelle, la liberté de l'esprit à un impératif extérieur; c'est plier l'histoire, le passé, les réalités mortes aux contingences idéologiques, provisoires et éphémères, du présent; c'est de l'esclavage intellectuel. Contre cela, je défends la liberté de l'esprit, quand elle est fondée en raison : rien d'autre.
Lorsque Alain de Libera parle de dialogue des cultures, il parle des échanges de savoir entre diverses aires culturelles et religieuses tels qu'il en fait l'histoire depuis vingt ans.
La réponse scientifique viendra.
Ce qui inquiète, à juste titre, me semble-t-il, les médiévistes (de toutes tendances politiques d'ailleurs), c'est les dégâts sur le grand public de ce livre. Ses partis-pris historiques (faire la réception d'Aristote n'a de sens que si on va au bout, c'est à dire sans se limiter à la réception de la logica vetus, ainsi que le fait SG), certains de ses développements (je pense à ceux sur la langue arabe qui sont plus que contestables) sont plus que discutables d'un point de vue méthodologique et scientifique. Le problème est que ce livre au moins très imparfait vient d'être porté aux nues par des critiques ignorants tout ou presque du Moyen Age. Dès lors, ce n'est pas à un progrès des représentations historiques qu'il faut s'attendre, mais à la prolifération de représentations caricaturales, du type "nous devons tout à l'Islam" ou "nous ne devons rien aux Arabes". Ce type d'affirmations n'a rien de scientifiquement sérieux.
SG fait un livre sur un sujet dont il n'a manifestement guère la maîtrise car son livre ignore de grands travaux récents sur le sujet. Les recensions de son livre ont présenté Jacques de Venise comme une découverte de SG qui n'a pas fait de démenti expliquant qu'il ne l'avait pas découvert... Or, Jacques de Venise est très connu des médiévistes depuis au moins trente ans.

S'agissant de l'idéologie, il ne suffit pas de dire qu'on n'en fait pas pour effectivement n'en point faire. Les communistes affirmaient n'en point faire (ils prétendaient lire le réel et se faire la voix de l'histoire), etc. L'idéologie est devenu le vilain mot qu'on applique à ses adversaires et dont on se défend. Je crois que ce terme n'apporte rien au débat ni dans un sens ni dans l'autre. Sauf à faire une analyse bathmologique de l'usage qui est fait sans cesse de ce terme.
SG n'est la cible de personne. Il n'a pas été accusé d'islamophobie ou autre. J'espère qu'il ne le sera pas. Pour le moment, il n'a eu à essuyer que des attaques de spécialistes du Moyen Age (musulman ou non). Son cas n'est pas comparable à celui de Redeker.
Par pitié JGL, évitez ces trompettes et ces violons qui sont indignes de vous.
» "Penser au Moyen Age" est un texte un peu polémique qui était destiné en son temps à détruire l'idée reçue (du grand public) que les Arabes n'aurait jamais rien produit en fait de savoir et de science.

Je crois que cette « idée reçue » est construite exprès pour la thèse de l'auteur. Lorsque j'étais potache en philo, il y a presque quatre décennies, l'« apport essentiel » des Arabes en philosophie aristotélicienne au Moyen Âge était déjà une vulgate. "Penser au Moyen Âge" est un livre de 1996. Pour prendre une date qui me semble significative, l'Institut du monde arabe fut ouvert en 1987. Ce Libera me semble plutôt suivre l'idée reçue actuelle, celle des Arabic Studies...
Bernard Lombart a évidemment raison. Les manuels d'histoire utilisés dans les collèges de France au tournant des années soixante et soixante-dix, il y a donc près de quarante ans, exaltaient déjà avec ravissement les grandeurs intellectuelles du monde arabe médiéval. Ecrire en 1996 un livre polémique "destiné à détruire l'idée reçue (du grand public) que les Arabes n'auraient jamais rien produit en fait de savoir et de science" est à peu près aussi pertinent que d'écrire aujourd'hui un livre polémique destiné à détruire l'idée reçue (du grand public) selon laquelle les femmes seraient incapables de conduire les automobiles.

Mais revenons aux choses sérieuses : dites-nous donc un peu où en est l'enquête informatique sérieuse et approfondie sur les activités de ce Gouguenheim qui "n'est la cible de personne".
É comico, questo Marcello...
Utilisateur anonyme
06 mai 2008, 12:36   Re : Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").
SG n'est la cible de personne.

"Pourvou qué ça doure !"
Cher Virgil, vous qui paraissez éclairé,

Que me conseilleriez-vous de lire de ou à propos de Al-Farabi, Avicenne, Al-Kindi, Al-Jahiz ?
Utilisateur anonyme
06 mai 2008, 14:13   Re : Question (suite au fil "Une mise au point salutaire").
"Cher Virgil, vous qui paraissez éclairé..."
Oui, éclairé et rigoureux. Cher Virgil, c'est un vrai bonheur de vous lire et vos critiques méthodologiques de l'ouvrage de SG ne sauraient être balayées d'un revers de la main, du moins par tous ceux qui sont plus soucieux de vérité et de sérieux scientifique que d'être confortés dans leurs préconceptions. Vous m'avez convaincu de lire en priorité Alain de Libera sur ce sujet. Merci.

Cela étant, comme vous je crois, j'estime détestable cette pétition contre SG et considère avec JGL que les réponses à faire au livre de SG par ses contradicteurs se doivent de "reprendre un à un ou une à une ces faits, analyses, interprétations et de les redresser, en justifiant, par un raisonnement autre ou en se référant à d'autres documents ou en établissant de nouveaux faits, ces redressements ou ces corrections. "
Cher IPHARK,
Al-Jahiz est le plus grand prosateur de langue arabe. Malheureusment, on ne trouve de lui, en traduction, que des anthologies, notamment chez Sindbad. C'est souvent très drôle et toujorus très intelligent. Je vous recommande les livres d'un Marocain nommé Abdelfattah Kilito qui écrivit beaucoup sur lui.
D'Al-Farabi vient de paraître un petit volume en Point-Seuil qui est bilingue (ce qui ne sert guère aux non-arabisants) et propose un grand nombre d'indications éclairanant sa lecture.
D'Avicenne, tout dépend de vos centres d'intérêt, car il a écrit sur presque tout et on trouve dans les principales langues européennes de nombreuses traductions de lui.
D'Al-Kindi est paru il y a quelques années chez Fayard un volume intitulé "l'art de chasser les pensées tristes" (ou quelque chose d'approchant) qui est très intéressant.
D'Averroès, si vous en avez le courage, certains commentaires sont désormais disponibles en français chez Vrin.
On trouve de nombreux livres sur ces auteurs, livres qui permettent de se faire une idée de leur pensée et de lire de nombreux extraits traduits nulle part ailleurs.

Au fond, ce débat n'aurait pas le même tour si tout était traduit de l'arabe et du persan et que nous pûssions juger sur pièce ; alors qu'une grande partie des textes les plus importants écrits en arabe sont indisponibles en traduction (ou seulement en allemand).

Puis-je me permettre un dernier conseil de lecture : la Lettre aux Français d'Abdel-Kader (Phébus). Il y apparaît comme un fin lettré et un homme de bien. Les moeurs ont bien changé dans ces pays...
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