Communiqué n° 644 : Sur l'affaire Gautier Béranger

Le parti de l'In-nocence souhaite très vivement que toute la lumière soit faite au plus vite sur l'affaire de ce fonctionnaire du ministère de l'immigration, M. Gautier Béranger, qu'un vigile de grand magasin accuse d'avoir proféré à son égard, alors qu'il lui demandait une pièce d'identité, des injures racistes et des menaces quant à son emploi, assorties de la phrase la plus ridicule à la fois et la plus choquante par ses implications de toutes celles qui puissent surgir en de pareilles occasions : « Vous ne savez pas qui je suis ».

Le parti de l'In-nocence estime naturellement que si les faits sont avérés ils doivent être suivis des sanctions les plus sévères, à commencer bien entendu par la perte, pour M. Béranger, de sa situation au ministère de l'Immigration, incompatible aussi bien avec des injures racistes qu'avec des menaces d'usage et d'abus de position de pouvoir.

Le parti de l'In-nocence se souvient toutefois qu'il n'est pas sans exemple que des accusations d'une pareille gravité se soient par le passé révélées sans fondement, et il estime qu'en l'occurrence la présomption d'innocence, jusqu'à ce que les faits soient mieux connus, est plus nécessaire que jamais.

"Le parti de l'In-nocence se souvient toutefois qu'il n'est pas sans exemple que des accusations d'une pareille gravité se soient par le passé révélées sans fondement"


Oui, car cette affaire est tellement "comme il faut", et cette sorte de racisme si bêtement prévisible... Reste qu'il est assez désespérant, aujourd'hui, de ne vivre en France qu'au rythme lancinant des condamnations, sanctions, et autres appels à la vigilance des sections d'assaut de l'antiracisme.
Honnêtement, tout ceci m'effraie un peu... d'autant que cela ressemble à s'y méprendre à cet insupportable "univers du discours clos" et de "l'effacement de la critique" dans une "société sans opposition" que dénonçait si justement Herbert Marcuse il y a déjà presque cinquante ans.

Mon inculture et ma jeunesse m'ont fait complètement négliger Herbert Marcuse. Auriez-vous l'extrême amabilité de nous en dire un peu plus monsieur Orsoni?

Tiens Herbert Marcuse... que je ne pensais pas retrouver là...

Celui qui promouvait "la tolérance envers toutes les opinions sauf les opinions "qui perpétuent la servitude", malmènent l'autonomie au profit du statu quo répressif et protègent "la machine de discrimination qui est déjà en service" (Herbert Marcuse, tolérance répressive, Homnisphère, 2008, p.36-40). Pour Marcuse, la tolérance envers des idées qui servent le système de domination et d'oppression est une dénaturation du concept de tolérance: Marcuse oppose la vraie tolérance qui est nécessairement émancipatrice à une perversion opportuniste de l'idée de tolérance qu'il qualifie de "tolérance répressive". Selon Marcuse, c'est la "tolérance répressive" qui a autorisé la prise du pouvoir par le parti nazi en Allemagne( Herbert Marcuse, tolérance répressive, Homnisphère, 2008, p.68-69).

En 2003, les cendres de Marcuse sont rapportées à Berlin pour être enterrées près de la tombe d'Hegel"

Paix à ses cendres...

Cher DJF il y a fort longtemps l'ouvrage majeur d'Herbert Marcuse ("L'homme unidimensionnel") m'impressionna beaucoup, je citais seulement de mémoire...

De mémoire également ceci, d'H. M. : "La tolérance devrait être désormais limitée à ce qui est tolérable".

"La tolérance devrait être désormais limitée à ce qui est tolérable".

Oui, évidemment, avec ça, on ne risque pas grand-chose.

Oui, cher Boris, ça devrait permettre à tout un chacun de s'en sortir à tous les coups...

Marcuse était l'auteur de prédilection de certains lycéens boutonneux du tout début des années 70, dont je devais être. "Eros et civilisation" en particulier, faisait un tabac.

Ce forum est le seul forum "de droite" (qu'on me pardonne cet étiquetage hâtif, indispensable pour les besoins de la démonstration) où sont invoqués comme figures de référence nombre de théoriciens de ce qui était un peu "la nouvelle gauche" il y a quarante ans (Marcuse, Debord, etc.). C'est sans doute d'une part un signe des temps - la pensée aurait changé de camp, tout simplement ou si l'on préfère, la gauche et ses extrêmes auraient depuis une bonne génération déjà déserté le champ de la pensée -, d'autre part ce qui fait un des attraits de ce lieu, ou tout au moins un de ses traits qui le rendent si particulier et si précieux.

Citation
Ce forum est le seul forum "de droite"

Cher Francis,

N'oubliez pas que la plupart de gens qui fréquentent cette assemblée appartiennent au peuple de ceux que l'on appelle en allemand des "rénégats" cad des ex-gauchistes repentis.

Donc la référence à Debord, Marcuse et tuttu quanti n'est pas surprenante.

C'est ça, des rénégats bourrus et des exilés (osons même le mot, des "émigrés") de l'intérieur et de l'extérieur, c'est bien ce que je pensais.

Un mot ou deux en passant sur le Japon, puisqu'il est question de vie d'émigré: ce pays importe 90 % de ses denrées alimentaires, jusqu'aux pousses de bambous importés de Chine. Je ne sais dans quelle proportion le pays importe ses produits alimentaires de base de Chine, mais je crois pouvoir dire qu'elle n'est pas inférieure à 30%. Les raisins frais viennent du Chili, les crabes de Russie, les poulpes de Suède, le thon d'Espagne, les crevettes d'Asie du Sud-Est, les fruits de mer le plus délicats d'Afrique du Sud, le vin de Californie, de France.

Or tous ces produits arrivent sur la table de la ménagère japonaise à des prix en dollars (ou en euros, comme on voudra) qui sont aujourd'hui en moyenne 40 pour cent inférieurs aux prix affichés dans les supermarchés de France. C'est dire : le vin importé de France y est vendu au même prix qu'en France ! et le raisin muscat du Chili y est proposé 30% moins cher que le même muscat vendu en France importé d'Italie (et qui donc n'est pas sorti de la zone euro).

Une grave anomalie existe dans les prix de consommation en France: elle est économique mais je la crois surtout d'origine monétaire et structurelle. Il y a selon moi double fraude, double mensonge au consommateur français: l'euro surévalué enchérit paradoxalement les prix à la consommation intérieure; ensuite, le mouvement de concentration monopoliste de la grande distribution en France (élimination du commerce artisanal indépendant) a permis l'entente entre les principaux acteurs de ce secteur, leur syndication mafieuse. Il y a vol, pur et simple, du consommateur français. Et ce vol s'accelère si j'en crois le journaux.

Une campagne militante très active, très bruyante a été lancée au Japon par des groupes qui interviennent partout, y compris dans les lieux publics - halls de gare, marchés, etc. en faveur d'un boycot "dur" des Jeux Olympiques à Pékin, de manière agressive, avec tracts, haut-parleur, débats, ec. -, or comme je vous le disais, c'est au grand minimun 30% du panier de la ménagère, du bol alimentaire même, qui au Japon, vient de Chine.

Un peu de courage, petits Français !

"la nouvelle gauche" il y a quarante ans (Marcuse, Debord, etc.). C'est sans doute d'une part un signe des temps - la pensée aurait changé de camp, tout simplement"

Cher M. Marche votre remarque est pertinente (comme d'habitude), cependant ce signe des temps dont vous parlez n'est pas nouveau.
En effet, dès les années 70 la "Nouvelle droite" avait déjà "récupéré" nombre de penseurs dits " de gauche" comme Guy Debord, Herbert Marcuse, mais aussi Castoriadis, Gramsci... A. de Benoist remarquant très justement (et là il se démarque des analyses marxistes) que l'aliénation de la liberté tend désormais à remplacer l'aliénation du travail (reprenant ici les analyses de Marcuse), l'exploitation portant maintenant sur la "plus-value loisir", soulignant ainsi que du seul fait qu'on puisse s'interroger sur l'art de vivre (les situationnistes) prouve que les nécessités premières, les exigences élémentaires, commencent d'être satisfaites pour le plus grand nombre. Il me souvient que Marcuse, déjà, demandait l'"abolition radicale de la facticité", ajoutant que "le seul objectif valable, c'est de remplacer les faux besoins par les vrais".

Et puis, comme j'incline à le penser, le "grand style" est invariablement de droite. Un écrivain tel que Guy Debord ne pouvait que passer à droite.