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Culture vidéo

Envoyé par Pierre-Marie Dangle 
06 mai 2008, 11:44   Culture vidéo
Ce matin, dans les "Matins de France Cultchure", Ali et tous ses amis se sont préoccupés de savoir si les "jeux vidéo" pouvaient ou non être considérés comme des "produits culturels"... Amusante question, qui contient déjà sa réponse par sa formulation oxymorique même, ou plutôt, qui en contient deux : la première témoigne d'une désinvolture ou d'une ignorance (ou les deux) malheureusement fort habituelles, désormais, à l'égard du sens des mots; la seconde est un oui implicite, quels que puissent être par ailleurs les développements et les conclusions de la discussion qui lui serviront d'alibi.
Comme toujours, dans ce contexte, et en particulier sur cette station, hélas, le simple fait de formuler une question en des termes "désastrophiles" suffit à l'entériner et en faire exister les désolantes conséquences.
Mais ça ne fait rien, au contraire, et une certaine Caroline quelque chose en frétillait même d'aise, annonçant aux deux invités, d'un air gourmand : "j'ai plein de questions à vous poser"...
Ah, quelle tâche ingrate que de défendre sur ce beau forum les jeux vidéo. Comme d’autres, lorsque j’entends le mot culture, je sors mon revolver, et en ce sens, les jeux vidéo sont biens des « produits culturels », comme aujourd’hui les « disques », les « bouquins » et le modèle de votre machine à café. Mais ils sont autre chose.
D’abord pour un enfant, ils sont l’équivalent des cubes, triangles et boules de plastique (ou de bois pour les plus anciens) que nous avons tous manipulés, jetés ou insérés dans des fentes prévus à cet effet.
Pour les adolescents et de plus en plus pour de jeunes adultes, les jeux sont un moyen moderne d’évasion et même de découverte d’autres mondes, d’autres époques. Un équivalent de 20 milles lieux sous les mersou d’Ivanhoé si vous voulez.
J’ai 30 ans, ai été nourri aux jeux vidéo dès mes 5 ans, et ne m’en porte pas (trop) mal. A 8 ans, je m’enfuyais d’un temple aztec et sauvais ma dulcinée d’un sacrifice rituel. A 11 ans, j’étais capitaine corsaire au service de sa majesté. A 13 ans, je voyageais à l’aide d’une machine à remonter le temps, volais à Richelieu les bijoux de Milady, et sauvais Churchill d’une tentative d’assassinat nazie. A 15 ans je planifiais le plan Barbarossa, etc.
Tout est question de qualité et je vous jure qu’il existe (existait?) des jeux tout simplement « bon », aussi stimulant qu’une partie d’échec ou simplement aussi relaxant qu’une bonne belotte coinchée.
Je vais à contre courant et ne persuaderais personne. Il est évident que rien ne remplacera la lecture de l’île au trésor. Ou une bonne partie de cache-cache en forêt. Mais les nouvelles générations font avec ce qu'elles ont.
"Mais les nouvelles générations font avec ce qu'elles ont."

Vous avez en tête GTA IV ou Assassin Creed ?
07 mai 2008, 15:33   Re : Culture vidéo
J'ai toujours été un joueur invétéré. Mon jeu de prédilection est le jeu d'échecs, mais j'ai connu, enfant, la fièvre des jeux vidéos et des jeux de rôle.

Ce que je retiens de mon expérience de joueur, c'est d'abord l'évidence que le jeu est une drogue douce et qu'il aborbe une énergie que nous pourrions utiliser à meilleur escient. Tant qu'il demeure moyen de relaxation, instrument de socialité ou de convivialité, ou même entretien des facultés (intellectuelles ou physiques), il doit être encouragé. Mais assez vite il devient exutoire, refuge, substitut, manie obsessionnelle. Il remplace le contact avec le monde extérieur, le sport, la lecture, et même l'amour. Il fut un temps où, lorsque je rentrais du travail, je n'avais d'autre envie que de déplacer les pièces d'un échiquier. Et lorsque j'ouvrais un livre, il m'ennuyait s'il ne racontait pas les exploits de Morphy, Tal ou Fischer. Des vacances réussies, pour moi, se passaient dans un gymnase avec d'autres fous d'échecs. Voilà le type d'excès dont il faut se garder. "Si vous voulez détruire un homme, apprenez-lui à jouer aux échecs" disait Oscar Wilde.

C'est encore plus vrai des jeux vidéos, qui peuvent aisément ruiner votre vie sociale, vous réduire à l'état de "no-life", de mort-vivant électrisé par les lumières des écrans. Sans compter qu'ils apportent très rarement la jouissance intellectuelle et esthétique du jeu d'échecs. Du point de vue culturel, ils sont nuls. L'esprit dans lequel ils sont conçus est exécrablement vulgaire et pernicieux (en ce sens qu'ils visent consciemment à créer un phénomène de dépendance).
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 15:43   Re : Culture vidéo
Je veux bien qu'on fasse tous les parallèles qu'on veut, mais quand-même ! Comparer, même un instant, le jeu d'échecs avec les jeux vidéos me paraît tout à fait insensé.
07 mai 2008, 15:51   Re : Culture vidéo
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils sont incomparables : en tant qu'activité ludique, ils peuvent justement produire des effets similaires. De plus, le jeu d'échecs sous forme de jeu vidéo est très répandu. Les robots sont d'ailleurs beaucoup plus forts que l'homme.
07 mai 2008, 15:52   Re : Culture vidéo
Ah ! Et que faites vous des échecs sur ordinateur, mon cher Jérôme Spassky ?
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 16:05   Sur ordinateur
Je n'en fais rien du tout.

Par contre, si l'on pouvait passer la tondeuse sur ordinateur, alors là tu vois, j'crois qu'je suis client à donf.

Olivier, je n'essaierai pas de polémiquer avec vous (comme dirait Marcel) car je suis tout à fait incompétent, aussi bien aux échecs qu'en ce qui concerne "les jeux vidéos", mais, vous voyez, ce qui me gêne est justement que, dans ce genre de comparaisons, on en vient immédiatement à parler "des effets", comme si en eux résidaient l'alpha et l'oméga de ce qu'on nomme "un jeu". Si l'on réduit les activités humaines à des productions d'endorphines et autres substances chimiques ou connexions électriques, par exemple, un jeu forain peut bien égal à une pièce de Racine, et Big Blue à Bobby Fischer.
07 mai 2008, 17:02   Re : Culture vidéo
Votre remarque est judicieuse, Cher Boris, mais il ne me semblait pas que les échecs et les jeux videos fussent impossibles à comparer. Si la comparaison de leurs effets n'est pas pertinente, la comparaison de leurs fonctions l'est. Bien entendu les échecs s'élèvent bien au-dessus des la plupart des jeux videos, et de tous les autres jeux, mais ils ne peuvent pas prétendre au statut d'art ou de science pour autant. Ils visent à amuser, à divertir.

Je me pose toutefois des questions sur la nature et la fonction de certains types de jeux vidéos. Ils sont à peu près au jeu ce qu'une revue pornographique est à la littérature. Alors la comparaison avec les échecs cesse peut-être d'être pertinente, et même possible.

Quand on commence à parler de comparaisons, les problèmes de définition donnent rapidement le vertige.
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 17:33   Re : Culture vidéo
Je crois que les comparaisons, même quand elles sont "insensées", amènent toujours avec elles de la vérité. En cela j'avais tort, et vous aviez raison.

Mais pour revenir au jeu d'échecs, que vous semblez très bien connaître, dire de lui qu'il vise à amuser, à divertir, me paraît très réducteur, sans que je sois capable de dire en quoi. Ne pourrait-on imaginer une catégorie intermédiaire, peut-être réservée seulement à ce jeu, quand-même très particulier ?
07 mai 2008, 17:38   Re : Culture vidéo
Et le Go ?
07 mai 2008, 18:36   Re : Culture vidéo
"Ne pourrait-on imaginer une catégorie intermédiaire, peut-être réservée seulement à ce jeu, quand-même très particulier ?"

Vous savez que vous posez là, Cher Boris, LA question qui anime les débats les plus enflammés du monde échiquéen.

Il est certain que le jeu d'échecs, le "Roi des jeux", jouit d'un statut à part dans l'univers ludique (avec le jeu de Go, d'ailleurs Cher Didier - que je connais beaucoup moins). Il a tellement de liens avec la vie de l'esprit en général, qu'il est en effet réducteur de l'appeler simplement : un jeu. Je suis évidemment le premier à défendre cette particularité, mais au bout du compte, après l'avoir beaucoup fréquenté, je suis revenu à une définition plus restrictive des échecs, justement parce que les superlatifs dont on l'a affublé justifient trop souvent les "carrières" - ratées ou réussies - dans cette seule et unique activité, aux dépends de tout intérêt pour d'autres aspects de l'existence.

Certains maitres considèrent les échecs comme un art à part entière, et pensent, par exemple, qu'une vie peut être consacrée au jeu comme elle est consacrée, ailleurs, à la musique ou à la littérature. C'est discutable, mais je crois que c'est tout de même faire trop d'honneur à cet ingénieux divertissement, malgré sa superbe. Quand vous voyez les brutes épaisses qui montent parfois sur les podiums des compétitions d'échecs (c'est d'ailleurs de plus en plus vrai), cette idéalisation du jeu vous parait injuste envers les autres arts. Un grand musicien ou un grand écrivain peuvent être aveugles ou immoraux, mais ce ne sont jamais des imbéciles ou des incultes. Dans les sphères des échecs, il n'est pas rare d'en rencontrer.

Une autre catégorie pour le maître-jeu, oui, vous avez raison, il faudrait l'inventer.
07 mai 2008, 18:45   Re : Culture vidéo
Il me semble que vous avez, cher Boris, écarté un peu vite ma question. Ce n'était pas vraiment une objection, plutôt une vraie question. Il m'arrive de jouer aux échecs sur mon ordinateur (le logiciel que j'ai est nettement plus fort que moi, ce qui n'était pas le cas des premiers que j'avais essayés). Il m'arrive aussi de jouer à d'autres choses, des jeux de cartes et des jeux d'adresse. Ce que je ne pratique pas du tout, ce sont les jeux de mise en situation dans lesquels le ou les joueurs pilotent un avion ou une voiture, combattent une armée ou des monstres, et ceux que pratiquent mes fils dans lesquels ils conçoivent et construisent des villes ou même des civilisations.

Il me semble qu'il y a là trois catégories qui n'appellent pas la même analyse : transposition à l'ordinateur de jeux existants (échecs, go, bridge, tarot), jeux d'adresse (certains sont des transpositions comme le flipper Windows XP mais la plupart sont spécifiques comme Tétris, Pacman, etc.) et jeux de mise en situation. Quant à cette troisième catégorie, elle recouvre des choses très différentes qui vont du stupide et brutal massacre avec flots d'hémoglobine jusqu'à des choses qui m'ont épaté lorsque je les ai vues pratiquer (notamment "Sim City").
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 19:11   Re : Culture vidéo
Oui, Marcel, je l'ai écartée très vite, car je n'ai rien à en dire. Comme le dites vous-même, le jeu-d'échecs-à-l'ordinateur est une simple transposition, si ce n'est que votre adversaire n'est pas réel. Je ne suis pas joueur d'échecs, mais il me semble que si je l'étais, je n'aimerais pas jouer contre une machine, sauf (mais vous allez me dire ce que le sauf est d'importance) à améliorer ma technique, comme il nous arrive de jouer une partie de piano accompagnée par l'ordinateur qui joue la partie d'orchestre. L'intérêt, bien que réel (mémorisation, possibilité de jouer moins (ou plus) vite que le tempo normal, répétitions d'un passage périlleux), est tout de même très mince. Le jeu d'échec (et de go, et de bridge, et de poker), me semble-t-il, intègre une dimension humaine irréductible. Je me trompe ?

Olivier, "brute épaisse", vous voulez dire… comme Sviatoslav Richter ?
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 19:26   Neuf raisons de ne pas jouer aux échecs
« Nous aurons à plusieurs reprises, tout au long de ce modeste ouvrage, pour aider à la compréhension de certains principes du jeu, l'occasion de parler des échecs.
Comprenez bien que ce n'est là qu'une béquille, imposée par la fâcheuse popularité de ce jeu minable en France.
Car, il faut bien se pénétrer de cette idée majeure : le GO, c'est l'anti-échecs.
Le jeu de GO n'est pas le jeu d'échecs japonais. Il existe un jeu d'échecs japonais, même qu'il s'appelle le Shôgi. On n'a jamais vu un joueur de GO jouer au Shôgi.
Qu'il nous soit donc permis de résumer ici tout le mal que nous pensons des échecs.
1. C'est un jeu féodal, fondé sur l'Exaltation du Tournoi et l'inégalité sociale.
2. C'est un jeu dont les règles varient tous les trois siècles.
3. C'est un jeu d'une antiquité contestable (à peu près contemporain de la Canasta !)
4. C'est un jeu qui (comme les Dames !) ne connaît que trois issues sans nuances : la victoire, la défaite, le nul. On gagne, on perd, certes, mais on ne peut pas gagner d'un point, ce qui est l'un des suprêmes raffinements du GO !
5. Pis d'abord, c'est pas un jeu qui rend poli !
6. Deux joueurs de force différente ne peuvent pas jouer ensemble avec intérêt pour le plus fort.
7. Une partie d'échecs dure tout au plus trente coups.
8. C'est un jeu confus où il n'y a pas deux pièces qui fassent la même chose.
9. Nous ne savons pas jouer aux échecs.
Il est inutile d'ajouter que le GO n'a aucun de ces manques (à l'exception du point n° 9, mais, en France, nous sommes à peu près les seuls à le savoir). »
07 mai 2008, 19:48   Re : Culture vidéo
L'informatique a influencé la pratique des échecs de plusieurs façons. Les "moteurs d'analyse" (qui calculent le "meilleur coup" dans une position) ainsi que les bases de données (sur lesquelles vous pouvez trouver les parties jouées par vos futurs adversaires) et les logiciels divers (de tactique, de stratégie) sont largement utilisés pendant la phase d'entrainement. Jouer contre un ordinateur est souvent moins amusant que jouer contre un être humain, mais c'est une pratique assez courante des joueurs de compétition. Il demeure toujours un "style d'ordinateur" qui n'est pas très agréable. De plus, la force des ordinateurs est telle que jouer contre eux est vite décourageant. Certains logiciels proposent toutefois des simulations de parties contre des joueurs de tous niveaux et de styles différents.

Si l'on excepte les tricheries pendant les compétitions ("vérification" de la valeur d'un coup sur un ordinateur portatif dans les toilettes de la salle de jeu), le désastre engendré par les machines dans l'univers des échecs concerne le jeu par correspondance (par courrier ou courriel). La tricherie dans ce mode de jeu est presque une norme; en tout cas c'est un secret de polichinelle. Celui qui n'utilise pas les moteurs d'analyse est considéré comme un doux rêveur, et c'est un fait qu'il n'a plus aucune chance de remporter la victoire sur ses adversaires. C'est un véritable fléau dans les zones de jeu virtuels, y compris de jeu "en direct", puisqu'il est possible d'utiliser son moteur d'analyse en même temps que sa connexion internet. On surnomme les adeptes de cette méthode les "secrétaires d'ordinateur", ils ne font plus que répéter les coups conseillés par la machine.



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07 mai 2008, 19:52   Re : Culture vidéo
Et l'on pourrait rajouter un point :

10. Les ordinateurs ne savent pas (encore) dépasser les humains au jeu de Go!
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 20:05   Re : Culture vidéo
Donc, là aussi, les effets de la vie numérique sont néfastes.
07 mai 2008, 20:18   Re : Culture vidéo
Absolument.

Et dites-moi, votre Richter, là, il était aussi débile que mon Fischer?
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 20:25   Re : Culture vidéo
Je ne connais pas bien votre Bobby, mais non, je ne crois pas du tout que mon Sviatoslav soit débile, très loin de là. J'avais juste envie, en passant, de faire semblant de dire un peu de mal de lui, histoire de faire réagir Francis.
07 mai 2008, 21:04   Re : Culture vidéo
Ah bon, parce que mon Bobby, s'il n'avait pas été doué de la bosse des échecs, au plus haut point évidemment, il n'aurait pas eu grand chose pour lui...
Utilisateur anonyme
08 mai 2008, 02:44   ?
"Mais assez vite il devient exutoire, refuge, substitut, manie obsessionnelle. Il remplace le contact avec le monde extérieur, le sport, la lecture, et même l'amour."

Il ne manque en définitive au jeu que d'être un empoi.
08 mai 2008, 07:22   Re : Culture vidéo
Tiens, Boris, cela faisait un moment que je voulais savoir si comme moi, vous trouviez des ressemblances entre le Bobby de William et votre Gould. J'entends: par l'approche générale de leur art, leur intime conviction, à peu près totalement justifiée, de leur supériorité écrasante sur leurs contemporains; la suprême nochalance apparente, la déconstruction des pratiques consacrées, l'origine nord-américaine, la nord-américanité dans l'âme, la morgue, le caprice, la faconde glacée et glaçante, l'éclat aveuglant des solutions originales qu'ils ne cessèrent d'inventer depuis l'enfance dans tout ce qui touche à leur art respectif, leur goût d'être contre, l'enfance prodige, l'admiration déroutée qu'ils inspirèrent aux maîtres du passés penchés sur leur berceau, et jusqu'à leur fin précoce et navrante.

Il y aurait ainsi une façon éblouissante et déconstruite de jouer des échecs comme du piano qui serait, si un mot pouvait suffire, nord-américaine.
J'attends le Zweig de notre temps qui nous livrera Le joueur de GTA IV...
Utilisateur anonyme
08 mai 2008, 22:26   Catalin cerné
"Paris 22 mars. Pour la première fois, un ordinateur a battu un des meilleurs professionnels européens du go - Catalin Taranu - lors d'un match officiel organisé au tournoi de Paris. La machine, un supercalculateur Bull, faisait tourner MoGo : cet algorithme, issu de recherches fondamentales sur la planification, a été adapté pour le jeu de stratégie par des spécialistes en intelligence artificielle. Certes, MoGo n'a remporté qu'une manche sur les trois du match, et sur une version réduite du plateau (9X9). Mais la performance reste historique : impossible, comme avec les échecs, de se reposer sur du calcul brut. Car au go, les positions à évaluer sont plus nombreuses que le nombre d'atomes de l'univers !"

Revue Science et vie (mai 2008)
Utilisateur anonyme
10 mai 2008, 12:35   Re : Culture vidéo
"C'est encore plus vrai des jeux vidéos, qui peuvent aisément ruiner votre vie sociale"

On parle souvent de la violence des jeux vidéos comme étant le risque majeur qu'ils présenteraient. Sans vouloir minimiser ce problème, je pense que l'addiction est en réalité le principal risque. Il fut un temps où je passais des nuits entières dans un magasin de jeux qui avait installé une dizaine d'ordinateurs pour le jeu en réseau. J'y passais, au fil de temps, de plus en plus d'heures, de journées et de nuits. Des amis, bons élèves jusqu'alors, se mirent peu à peu à décrocher complètement de leurs études à cause du jeu en réseau, qui était devenu, pour eux, une véritable drogue. J'aurai sans doute fini comme eux. Heureusement, un évènement s’étant produit lors d’une « soirée réseau » m'a définitivement éloigné de cet univers : durant la nuit du samedi à dimanche, alors que nous avions payé pour jouer du samedi soir jusqu’au dimanche matin vers neuf ou dix heures, le responsable du magasin nous indiqua qu'il allait fermer plus tôt que prévu, vers une heure du matin. Pour s'en excuser, il nous invita à passer le reste de la nuit chez lui. Il semblait être à la fois ivre et sous l'emprise de la drogue. Dans sa voiture, nous étions loin d’être rassurés, sa voiture faisant d’étranges zigzags nous rapprochant chaque fois plus du bas-côté. Arrivé chez lui, il commença par nous présenter son trésor : un véritable arsenal militaire caché dans son armoire ; on y trouvait à la fois de vieux fusils datant de la Grande Guerre, toutes sortes de pistolets, des sabres, des machettes ... et même des grenades. Il s'amusa alors à pointer fusils et pistolets dans notre direction, criant "faut pas avoir peur, j'vais pas vous tirer dessus" dans un état second (l'effet de la drogue et de l'alcool). Puis, il se saisit d’une machette et s’amusa à la passer très rapidement quelques centimètres au dessus de nos têtes. Il faut imaginer la frayeur qui était la nôtre à ce moment : un type ivre mort, drogué, tenant à peine debout, vociférant, un sabre à la main, nous, de notre côté, sentant passer sur nos cheveux, l’air produit par le sabre, passant chaque fois plus proche de nos têtes.

Je réussi, malgré tout, à rentrer vivant chez moi le lendemain matin, après avoir vraiment cru devoir finir avec une balle ou un sabre planté dans le crâne.

Trois jours après cette fabuleuse soirée « jeu en réseau – réalité » (oui, car le jeu auquel nous nous adonnions s’appelait « counter strike », un jeu de guerre, où fusils, grenades et sabres étaient également au programme), je rencontrai par hasard ce collectionneur d'armes dans la rue. Celui-ci marchait avec des béquilles. Il s'était tiré une balle dans la jambe en s'amusant avec ses "jouets". J'appris par la suite qu'il avait également un casier judiciaire particulièrement chargé. Cela m'a définitivement éloigné de ce magasin et du jeu en réseau, ce qui m'a permis de ne pas décrocher de mes études à côté. Cette péripétie fut un mal pour un bien, assurément.
10 mai 2008, 12:48   Re : Culture vidéo
"Culture" oui, indiscutablement: quand j'entends le mot "jeu vidéo", je sors mon révolver.
Utilisateur anonyme
10 mai 2008, 13:07   Quand j'entends…
Tout à fait en accord avec ce que disent Stéphane et Francis. J'ai eu moi aussi ma-période-jeu-vidéo. Fort heureusement, elle n'a duré qu'une nuit.
Si je comprends bien tous vos messages : c'était mieux avant. Les échecs sont addictifs, la machine la moins puissante est capable de battre un grand maître, le jeu a perdu tout intérêt mais cela ne change rien, les échecs sont supérieurs à TOUS les jeux vidéo. Il me vient à l'esprit un jeu vidéo bien précis qui s'appelle Civilization (ce que le monde du jeux vidéo a produit de mieux), jeu tellement subtil qu'aucune machine ne peut rivaliser avec un joueur humain. Ce jeu est effectivement très addictif parce que très bon.
Utilisateur anonyme
13 mai 2008, 12:24   Re : Culture vidéo
« Ce jeu est effectivement très addictif parce que très bon. »

La dépendance (plutôt que l'addiction) n'a pas grand-chose à voir avec la qualité. Le jeu auquel j'avais joué, une nuit entière, chez une amie à Paris, était aussi stupide que fruste. Ça ne m'a pas empêché d'avoir les pouces marqués, le lendemain, des empreintes de la télécommande.

Il me semble que ce qui rend dépendant, c'est le "toujours plus". Vous avez fait tel "score", mais il serait certainement possible de faire mieux, et pourquoi pas encore mieux, etc. Cette logique n'a pas de terme. Comme il n'y a pas de véritable but, la pulsion pulsionne à vide, ce qui la rend monstrueuse…
13 mai 2008, 12:29   Re : Culture vidéo
Il est généralement possible de battre un robot d'échecs en jouant plus bêtement que lui. Le robot d'échec, aussi peut-être parce qu'un robot ne sait ni tricher ni mentir - demandez à un robot "êtes-vous un humain?" et vous le verrez se décontenancer car obligé de vous avouer son infériorité constitutive, incapable de tenter de vous bluffer en répondant "oui" - ne sait pas jouer comme un imbécile, et c'est là qu'est votre force. Commencez par lui prendre des petites pièces en dépit du bons sens; forcez-le à sacrifier un cheval dès le quatrième coup, montez vos pions très haut, et vous le verrez commencer à perdre pied, à sortir sa reine pour des riens, à ne plus pouvoir roquer, et c'est parti...

Si vous croyez devoir faire de la stratégie et jouer comme un maître, ou tout au moins comme un être raisonnable, vous êtes perdu.
Le jeu d'échecs a perdu tout intérêt parce que la machine est capable de battre un grand maître? Zut alors, et moi qui continuais d'y jouer, comme un ignorant...
13 mai 2008, 19:54   Re : Culture vidéo
Personne n'a dit que le jeu avait perdu son intérêt à cause de la supériorité des machines, enfin je ne crois pas l'avoir dit, ni l'avoir lu dans ce fil. Vous avez bien raison de continuer à jouer. Mais le jeu par correspondance, lui, a été vidé de sa substance par l'emploi des ordinateurs, c'est une certitude.
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