Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 645 : Sur la campagne présidentielle américaine

Le parti de l'In-nocence remarque à l'occasion de la campagne présidentielle américaine et de ses plus récents développements la persistance obstinée de thèmes et de répartitions d'opinions comme d'attitudes dont l'antiracisme dogmatique et la vision du monde qu'il charrie, multiculturaliste et pluriethnique, veulent à toute force nous convaincre, contre l'évidence, qu'ils n'ont plus de pertinence et ne doivent plus avoir de portée quant au destin et au gouvernement des nations.

Le parti de l'In-nocence voit dans les lignes de fracture dont la campagne présidentielle américaine et tout spécialement l'affaire dite "du pasteur Wright" révèlent la constance une confirmation de ses vues sur certains types de société dont il faut bien s'accommoder quand il est trop tard pour faire autrement mais qu'il est aberrant de prétendre instaurer et encourager quand c'est encore évitable.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce communiqué. Je suis scandalisé par les propos de Wright, évidemment, mais je ne suis pas certain que cet homme ne soit pas représentatif d'une grande partie de l'opinion noire américaine. Il va de soi que je ne la partage pas, mais elle n'en est pas moins un reflet de ladite opinion. Or, le communiqué semble suggérer une analogie entre la ligne de fracture Noirs américains/Blancs américains et Français de souche/Français issus de l'immigration (ou musulmans). Me trompé-je ? Ai-je lu trop vite ? Mais s'il s'avérait que ce fût le cas, le communiqué ne reposerait pas sur une analyse sérieuse de la société américaine, puisque la plupart des Noirs américains sont établis depuis plus longtemps que beaucoup de Blancs sur le territoire des Etats-Unis. Par ailleurs, les conditions de leur immigration ne sont évidemment pas comparables à celles des populations Ouest-africaines et Nord-africaines en France... Il ne faudrait tout de même pas tomber dans le piège où est tombé ce bourru de Sarkozy, lorsqu'il a insinué publiquement que Condoleeza Rice était un magnifique exemple de la réussite de l'intégration, comme si elle arrivait de la savane !
06 mai 2008, 20:11   El Burrito Brujo
Un point de détail: l'épithète "bourru" ne saurait s'accorder avec le comportement de Sarkozy que vous évoquez. Rustaud, rustre peut-être, yo no sé, burrito, certainement, mais "bourru", comme dans le titre du roman de J.C Carrière "Le vin bourru", non.

C'était notre rubrique "La correction des noms: seule voie possible vers la Vérité".
06 mai 2008, 20:16   Re : El Burrito Brujo
D'accord avec la remarque de Francis sur "bourru".
De votre correspondant en francophonie nord.
Voilà une discussion intéressante, me semble-t-il. Le parallèle fait par Bruno Chaouat montre à mon sens que les clivages essentiels ne sont pas forcément liés à la qualité d'immigré de plus ou moins longue date opposée à celle de national de souche, mais au fait que les gens se pensent ou non membres de plein titre de la nation. Les choses ont du reste évolué : longtemps, les Noirs américains ont été des citoyens de seconde zone mais des Américains, évidemment américains (et très méprisants à l'égard des Africains), et réclamant de l'être de plein droit. Aujourd'hui, le discours de Wright ("God damn America") n'est plus marginal : le fait même de se faire appeler African Americans en dit long.

De même, les Antillais se sont-ils longtemps considérés comme des Français de plein droit, fiers de l'être depuis plus longtemps que les Savoyards. Aujourd'hui, le discours de Césaire sur le "génocide par substitution", qui suppose évidemment que les Antillais se sentent antillais par opposition à l'identité française, semble devenir beaucoup plus courant.

Ainsi, les clivages sont de plus en plus de nature ethnique. Voilà le résultat le plus tangible de l'omniprésente et obsédante propagande de l'antiracisme dogmatique.
Citation
Ainsi, les clivages sont de plus en plus de nature ethnique. Voilà le résultat le plus tangible de l'omniprésente et obsédante propagande de l'antiracisme dogmatique.

Habitant, aux yeux de nombreux francais, le pays des bourrus je dis jawohl...
Vous avez raison, Monsieur Meyer. Un "détail" vient tout compliquer : dans quelle mesure peut-on associer Obama à Wright ? Faudrait-il aussi associer l'antisémite Jesse Jackson à Bill Clinton ? Je n'en suis pas sûr. Les Républicains feront tout pour amalgamer Obama et Wright, mais je ne suis pas convaincu qu'il y ait de telles affinités idéologiques. Personnelles, peut-être, idéologiques, j'en doute. Obama, il y vingt ans, avait besoin de l'"endorsment" d'une star de l'Eglise pour entrer en politique, pour dissiper les soupçons sur son origine musulmane, etc. Il a eu la mauvaise idée, en effet, de choisir Wright...

Quant à "bourru", et puisqu'on se déchaîne sur mon mauvais usage, je l'entendais dans l'une des acceptions que donne le Trésor de la langue française, que je copie ci-dessous :

b) [En parlant de l'apparence ou du comportement d'une pers.] D'une rudesse qui n'exclut pas la bienveillance. Air, ton bourru; manières bourrues; voix bourrue :

4. Beaconsfield trouva Bismarck très changé. (...). Mais il retrouva le ton qu'il aimait, simple et réaliste, un peu bourru, d'une brutale franchise, ...
Ah, très chic, "Beaconsfield"....

Je pense que ce communiqué fait allusion entre autres choses aux réactions de la "communauté noire" dont de très nombreux membres ont l'air de ne rien trouver de bien révoltant dans les propos du pasteur Wright et de ne pas voir où est le problème. Pour le reste les interventions de Marcel Meyer expriment parfaitement mon sentiment.
Je suis tout à fait d'accord sur le fait que ladite "communauté noire" (if there is such a thing), ne semble pas choquée par les propos de Wright, et que cette apathie doit être dénoncée. Nation of Islam est passé par là, et a fait de sérieux dégâts dans le mouvement des civil rights. Par ailleurs, les théories du complot sont légion en Amérique, et sont une folie partagée par les Blancs et les Noirs, la gauche et la droite. On voit la main des Juifs, des Sionistes, des Islamistes, de je ne sais qui partout. Alors, l'inoculation du virus du Sida par le gouvernement américain, afin d'exterminer les Africains, les Noirs et les pauvres, ma foi...
Dans la dernière livraison du journal édité par la municipalité de L'Île-Saint-Denis, un éloge d'Aimé Césaire :





et, quelques pages plus loin, cette illustration concrète du génocide par substitution, l'état civil du mois :






Dans le même journal, on parle du "Secours pop" (le Secours Populaire) et de "Plaine co" (Plaine Commune, le syndicat intercommunal dont fait partie ma ville) : tout se tient.
07 mai 2008, 07:04   Prénoms
J'attire votre attention sur le second avis de naissance, celui d'une petite fille nommée Manel Brahmi (dans le bon ordre). C'est la deuxième fois que je tombe sur le prénom Manel (la première fois que je l'ai rencontré, il était porté par une adolescente maghrébine). J'ignore absolument son origine, il n'a pas tellement l'air arabe, et je serais curieux d'en savoir plus: est-ce du kabyle? du punique? Les prénoms semblent de moins en moins fixés par la tradition dans les milieux musulmans. Ce processus et ce désordre sont presque achevés dans certaines autres ethnies (Portugais ou Polonais catholiques, par exemple) ou milieux culturels de France, alors qu'il commence parmi les musulmans. Si l'on trouve toujours, bien attestés, les Mohamed, Ali, Fouad et autres, on observe l'émergence de prénoms moins typiques et plus rares: ainsi, "Alycia" (Lewis Carrol hellénisé), ou Manel, ou bien encore Ouissam. Un socilologue quelconque (je conserve précieusement ce beau lapsus trouvé un jour sur ce forum) n'aurait-il pas fait une observation sur ce sujet? Et d'où vient Manel? Il me paraît peu probable que ses parents soient des lecteurs distraits de Marcel Schwob (1894, Le livre de Monelle) dans mon genre.
07 mai 2008, 07:34   Manel
C'est un prénom fort classique en Catalogne, plutôt en Catalogne-sud que dans le Roussillon.

Cela veut dire Emmanuel (la forme castillane est Manuel, dite souvent Manolo).

De là à en faire un prénom de fille, j'avoue manquer de lumières.
» D'une rudesse qui n'exclut pas la bienveillance.

Je crois, cher Bruno Chaouat, que c'est exactement ainsi que Francis et moi l'entendions. Cela ne convient pas à Sarkozy, sa grossièreté n'a rien à voir, à mon sentiment, avec une "une rudesse qui n'exclut pas la bienveillance". J'y vois un mélange de comportement de classe, d'ignorance des usages, et d'ambition qui hésite, avec beaucoup de tics, entre auto-affirmation et décence.
07 mai 2008, 09:15   Re : Prénoms
Manel est paraît-il la variante arabe d’Emmanuel. En hébreu Immanu'el signifie "Dieu est avec nous". Je lis cependant qu’en arabe littéraire, Manel signifierait "le don de Dieu", ce qui en ferait un prénom différent, avec la racine "el" en commun (Elohim en hébreu, Allah en arabe, c'est-à-dire Dieu (mais vous savez cela beaucoup mieux que moi, cher Henri)). Cette même variante est courante en Espagne (Catalogne surtout mais aussi région de Valence, Baléares, La Franja De Ponent en Aragon, région de Murcia) et dans le Roussillon. Cependant, ce prénom est donné aux filles chez les Arabes et aux garçons chez les Catalans. La Catalogne n’ayant pas été arabe longtemps, il est du reste probable qu’il s’agisse d’une coïncidence, Manel y étant la version locale du prénom hébreu christianisé Emmanuel(le).
07 mai 2008, 13:18   Re : Prénoms
" "Alycia" (Lewis Carroll hellénisé) "
C'est faire beaucoup d'honneur, il me semble, à ces pauvres fabrications onomastiques, qui tendent à remplacer les prénoms usuels, que de leur trouver des origines à cent coudées au-dessus du trottoir où elles se traînent, parmi les slogans publicitaires et la lie des feuilletons cathodiques...
A ce sujet me revient une petite scène à laquelle j'avais un jour assisté, dans une médiathèque où je me trouvais assis par hasard à côté d'un jeune couple, du genre string-nombril-piercing pour madame et tatouage-casquette-walkman pour monsieur. Après avoir feuilleté, durant quelques minutes assez bruyantes, un dictionnaire des prénoms, le jeune homme s'était écrié, en fermant le livre d'un geste sec : "putain, mais y a que des prénoms français là-d'dans!".
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 13:19   putain, mais y a que des prénoms français là-d'dans!
Magnifique ! Je peux vous l'emprunter ?
Si, comme il me semble, c'est à moi que vous posez la question et qu'elle concerne les photographies du Journal de l'île, bien sûr, je vous en prie.
Euh, non, finalement, je crois que vous parliez de la formule rapportée par M Moineau : pardon.
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 14:34   Re : putain, mais y a que des prénoms français là-d'dans!
Oui, Cher Marcel, c'est l'anecdote qui m'a amusé.
Servez-vous, Monsieur Joyce, tout cela est libre de droits.
Utilisateur anonyme
07 mai 2008, 15:40   Re : putain, mais y a que des prénoms français là-d'dans!
Je vous remercie, Francmoineau, mais je vous citerai tout de même !
Merci, cher Marcel Meyer, pour votre recherche. Je n'arrive pas à savoir de quelle racine trilittère arabe Manel dérive, dans le cas où il serait sans rapport étymologique avec Emmanuel ; car on ne peut supposer, ai-je entendu, une racine MNL, le M initial est un préfixe nominal (comme maktaba, madrasa, etc) et n'appartient pas à la racine consonnantique, qui porte le sens global du mot. Si j'enlève le préfixe M-, il ne me reste plus que deux consonnes et un problème de grammaire : quelle est la troisième, ou la première, qui a disparu écrasée par le préfixe? Je me demande d'ailleurs si -el est bien en arabe le suffixe divin que vous dites. En hébreu, c'est évident, mais il me semblait que ce -el final et biblique devenait -il en arabe : Isra'il, Isma'il, Djibril, etc. D'autre part, ce son i s'écrit, ce qui ne laisse aucun doute sur sa prononciation, c'est un i long. Et comme je n'ai pas de dictionnaire arabe sous la main...
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