Cher Monsieur Henri Bès,
Je ne doute pas un seul instant de la vertu éducative des clichés de Renaud Camus récemment
réunis sous la rubrique Au pays des vandales.
Cependant, j'avais pris l'habitude de consulter chaque jour les nouveaux clichés de Renaud Camus
mis en ligne comme une récréation, une échappée bienvenue vers la beauté du monde, disons la
part qui en subsiste encore.
Notre écrivain, comme tous les plus grands, a aussi la vertu de rafraîchir notre regard, d'offrir un
espace, si mesuré par ailleurs, à la contemplation et même à l'oubli (passager).
Les photographies appartenant à la rubrique Au pays des vandales figuraient déjà pour la plupart,
semble-t-il, sur le site Flickr de Renaud Camus, mais elles étaient "noyées" parmi plus de 7000
clichés. Le fait de les regrouper leur donne un poids qu'elles n'avaient pas, éparses.
Je le regrette. Où trouverais-je désormais un refuge qui permette d'oublier momentanément ?
Il y a un autre aspect que je trouve digne d'intérêt. Je n'ai pas examiné à la loupe les 7000 clichés
de Renaud Camus. Mais l'absence de toute figure humaine (sauf dans le cas des autoportraits, et sauf
dans le cas, très rarement, de M. Pierre) y était notable. Notable, et certainement voulue. Or, je remarque,
pour la première fois, un enfant dans le paysage, sur un cliché tout récent de la Place Stanislas à Nancy.
Est-ce une maladresse, un hasard ? Est-ce significatif ? Ou non ? Il reste qu'à mon avis, et compte
tenu de mon usage tout égoïste de la galerie de photos de Renaud Camus, l'absence de tout être humain
dans le paysage représentait une condition "non négociable" de ma délectation.