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Au pays des vandales

Envoyé par Thierry Noroit 
20 avril 2010, 12:35   Au pays des vandales
Après les Couvertes, le Jour ni l'heure et les Autoportraits, on note une nouvelle rubrique, toute
récente, parmi les photographies de Renaud Camus exposées sur Flickr : Au pays des vandales.

Cette rubrique comporte déjà vingt clichés, tous plus éloquents les uns que les autres.

N'est-ce pas un peu dommage ?

Les photographies de Renaud Camus se présentaient comme le refuge ultime de la beauté du monde.

Fallait-il que les vandales s'immiscent parmi elles, prennent de la place, et de plus en plus, bientôt toute
la place, peut-être, comme dans la réalité ?

A noter une autre nouveauté, plus discrète. Alors que toutes les photographies, hors les autoportraits bien
entendu, étaient remarquablement vierges de toute présence humaine (qui s'en plaindrait ?), un enfant
apparaît dans le paysage, Place Stanislas, à Nancy. Un enfant d'origine européenne d'ailleurs, ce qui
tient du miracle, compte tenu de la sombre démographie qui nous submerge. Cela semblerait prouver
que ce cliché n'est pas le fait du hasard...
20 avril 2010, 12:55   Photographies
Bien cher Buena Vista,

Au contraire, je trouve très pertinent de tenir une telle rubrique : en effet, il ne s'agit pas de "vandalisations" ordinaires, mais de choses réalisées avec le consentement, voire à l'initiative, des Architectes des bâtiments de France. Cette engeance est inexcusable.
20 avril 2010, 14:41   Re : Photographies
Je suis bien d'accord avec Jean-Marc : c'est une excellente initiative que ce registre photographique du vandalisme administratif, patrimonial & culturel ! Cependant, il faut être juste : les crimes représentés ne sont pas tous couverts par les ABF...
20 avril 2010, 15:25   Re : Au pays des vandales
Vous n'auriez pas un lien, s'il vous plait ?
Bien cher Francmoineau,

Le cas du château de Lunéville est consternant, tout comme celui du grand panneau devant le château du Grand-Pressigny.

Pour ce qui est du lien : [www.flickr.com]
"(...) il ne s'agit pas de "vandalisations" ordinaires, mais de choses réalisées avec le consentement, voire à l'initiative, des Architectes des bâtiments de France."

Mais pas seulement, loin de là.

Et puisque Jean-Marc ne ne perd jamais une occasion de nous rappeler l'existence des propriétaires de ces fameux "poils dans la main", je me permets de rappeler, moi, l'existence de ces bien plus avérés "actifs" (ou plutôt faux-travailleurs, "over-bookés" du néant, maudite engeance de "cabinets d'audit" et autres parasites sociaux de l'expertise), à qui nous devons - ET A EUX SEULS - toutes ces merveilles photographiés par Renaud Camus.
20 avril 2010, 18:29   Propriétaires
Bien cher Orimont,

Ces personnes aux palmes velues ne sont point propriétaires mais en fait usufruitières : le poil dans la main présente un caractère de rente viagère, il est chéri et entretenu et il regroupe deux des droits de la propriété ; en effet, on en use, on recueille les fruits de sa présence.

Cela étant, contrairement à ce que disent les jeunes, on n'en abuse pas, car on ne saurait couper le précieux poil, source intarissable de revenus, chiches peut-être, mais constants et agréables à empalmer (malgré le poil).

On ne saurait donc, vous le voyez, parler de propriété. Ce poil donne par ailleurs un droit (un de plus, direz-vous), celui de geindre et de râler, celui de réclamer et, comme on dit, d'exiger. Rien n'est assez pour l'hirsute palmaire, tout fait ventre, et on exige ceci, et on revendique cela... Besancenot, Bernard Thibault, Mme Duflot, Mme Royal, ces quatre cavaliers de l'Apocalypse gauchiste ou gauchisante sont les soutiens moraux de ces profiteurs, et Mme Aubry, championne nouvelle du "Care", leur emboîte le pas...
Par ailleurs, bien cher Orimont, et quoiqu' étant éclairé par vous sur les crimes les plus divers que les auditeurs commettent, depuis la bataille de Cannes jusqu'à la peste noire, je ne parviens pas à très nettement apercevoir leur lien avec ces dégradations. Auriez-vous l'obligeance de bien vouloir me fournir le "Passage" ?
20 avril 2010, 21:10   Sous la niche didactique
Cher Jean-Marc,

Pensez-vous vraiment que les "panneaux didactiques" aient poussé à l'entrée du château de Lunéville à la façon du poil palmaire ?

Combien de consultations ad hoc pour arrêter la forme gracieuse de ces maisonnettes miniatures et finalement les préférer à des champignons, des oriflammes, des tourniquets, des marguerites en aluminium, que sais-je, le tout solidement documenté à force de plans, schémas, projections et tout le saint frusquin ? Vous qui aimez les chiffres, combien de coups de fils, de mails, de photocopies entre "intervenants sur le projet Lunéville" estimez-vous avoir été échangés entre "gros bosseurs" pour accoucher de ces niches grotesques ? Combien de fabricants furent-ils "audités" pour les forger ? Pensez-vous que le texte finalement retenu n'ait généré son lot d'expertises et que quelques demi-douzaines de réunions n'aient été englouties à seule fin de déterminer la taille des caractères ou la police de capitales ?

Avant de travailler il y a quelques années au Conseil général des A.M. (service patrimoine), je pensais naïvement que tous ces travaux préparatoires au vandalisme étaient, au moins, menés par les services de l'Etat. Mais non, on fait largement appel à ces fameux bureaux d'experts qui, Dieu sait, ne se déplacent pas pour rien, nonobstant le fait que, la plupart du temps, le cahier des charges qui doit encadrer leur mission d'expertise est si "pointu" qu'en réalité leur travail est déjà pratiquement bouclé. On leur demande l'heure, ils regardent à votre montre et vous présentent l'addition, selon la plaisanterie bien connue.


Rien de diabolique là-dedans, ce serait trop dire pour une simple entourloupe qui se répète depuis des lustres. Vous ne voyez pas le "passage" entre les délires d'aménagement publics et les cabinets d'audit ? C'est ne pas voir l'intérêt des seconds à pousser les premiers à "rénover", "rénover plus pour gagner plus."
20 avril 2010, 21:19   ABF
Mais c'est aussi l'intérêt des Architectes des bâtiments de France que de rénover pour gagner plus...

Au fait, pendant que les auditeurs auditaient, que faisaient les agents du Conseil général des Alpes-Maritimes ?
20 avril 2010, 22:44   Re : ABF
Ils préparaient le travail pour les "auditeurs", tiens ! Ce qui m'a été le plus pénible et m'a épuisé pendant cette période (la seule de toute mon existence, soit dit en passant, où j'ai pris du poids, je veux dire, au sens propre, j'ai grossi !), c'est de faire semblant de travailler, d'être obligé de me caler sur un tempo général (auquel se faisaient très bien les intervenants du privé) où une simple lettre à rédiger faisait figure de grande affaire à engloutir une matinée entière et je ne vous dis rien de ces maudites réunions où l'on prend date pour la prochaine, tout ce temps perdu à singer l'occupation pour justifier les heures passées à "travailler". D'ailleurs, la varitété des secteurs d'activité où j'ai eu à gagner ma vie, m'a offert pratiquement partout cette grande comédie du "temps de travail", artificiellement maintenu dans des proportions qui, dans une infinité de cas, n'ont pas lieu d'être, alors même qu'ailleurs des cadences trop pressantes sont imposées.

Vous, Jean-Marc, vous me semblez avoir la vision d'un monde du travail assez désuet, avec ses porteurs de "poil dans la main", son art de "relever ses manches", sa "France qui se lève tôt" et ses "bouffeurs de subvention", comme si le monde du travail..... tiens, j'ai la flemme de continuer.

"Mais c'est aussi l'intérêt des Architectes des bâtiments de France que de rénover pour gagner plus... "
Bien sûr, une foule de personnes ont intérêt au vandalisme, à commencer par les créateurs d'empoi.
20 avril 2010, 22:54   Monde du travail
Nous avons des points d'accord évident :

- j'ai en horreur les "heures de fainéantise", où l'on "fait semblant". Pour moi, quand le travail est fait, on part. Étant donné que, quand il y a un travail à faire, je le fais quelle que soit l'heure, personne ne m'a jamais fait de remarque à ce sujet. En cette période de calme, j'arrive à neuf heures et demie et je pars à quatre. En période de forte activité, cela m'arrive de dormir au bureau ;

- les cadences pressantes devraient, de mon point de vue, ne jamais être imposées aux employés, mais seulement à l'encadrement : quand on fait quelque chose d'intéressant (par exemple un chercheur dans son domaine), on ne sent pas le stress et on ne voit pas le temps passer ; quand on fait un travail abrutissant, on souffre, j'en suis conscient.

Pour ce qui est du côté "désuet", je suis très "Japonais" (mélange de tradition et d'extrême modernité). Un de mes points les plus désuets est qu'il y a des chefs et des pas chefs, mais qu'aussi on ne peut exiger des "pas chefs" qu'ils participent à la définition de leurs conditions de travail (en clair, je ne crois pas au management participatif).
21 avril 2010, 10:25   Re : Monde du travail
Bon, je résume : Orimont a raison et Jean-Marc n'a pas tort.
21 avril 2010, 10:33   Cette France là
En pendant ce temps à Perpignan, d'autres vandales sont à l'oeuvre :
[www.midilibre.com]
21 avril 2010, 10:49   Scotome
Le panneau Info insultant ce pauvre gisant m'a fait éclater de rire, et il n'est pas sûr qu'il vaille mieux rire de cela que d'en pleurer. Je trouve cette collection de photographies d'un profond intérêt, car j'ai eu parfois du mal à trouver où était le vandalisme, tant mon regard est habitué à la laideur, au point qu'il ne la voit plus ou pire, la trouve normale. C'est pourquoi je suis loin de partager les regrets de M. Buena Vista le bien nommé (sans aucune référence aux activités du parc san-franciscain du même nom), car ces clichés ont une merveilleuse vertu éducative, secouent les mauvaises habitudes et rouvrent les yeux fermés.
21 avril 2010, 10:50   Remise Du Parc
Bien cher Henri,

Ne réveillez pas en moi le cochon la bête qui sommeille...
Utilisateur anonyme
21 avril 2010, 10:52   Re : Scotome
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 avril 2010, 11:13   vertu éducative
Cher Monsieur Henri Bès,

Je ne doute pas un seul instant de la vertu éducative des clichés de Renaud Camus récemment
réunis sous la rubrique Au pays des vandales.

Cependant, j'avais pris l'habitude de consulter chaque jour les nouveaux clichés de Renaud Camus
mis en ligne comme une récréation, une échappée bienvenue vers la beauté du monde, disons la
part qui en subsiste encore.

Notre écrivain, comme tous les plus grands, a aussi la vertu de rafraîchir notre regard, d'offrir un
espace, si mesuré par ailleurs, à la contemplation et même à l'oubli (passager).

Les photographies appartenant à la rubrique Au pays des vandales figuraient déjà pour la plupart,
semble-t-il, sur le site Flickr de Renaud Camus, mais elles étaient "noyées" parmi plus de 7000
clichés. Le fait de les regrouper leur donne un poids qu'elles n'avaient pas, éparses.

Je le regrette. Où trouverais-je désormais un refuge qui permette d'oublier momentanément ?

Il y a un autre aspect que je trouve digne d'intérêt. Je n'ai pas examiné à la loupe les 7000 clichés
de Renaud Camus. Mais l'absence de toute figure humaine (sauf dans le cas des autoportraits, et sauf
dans le cas, très rarement, de M. Pierre) y était notable. Notable, et certainement voulue. Or, je remarque,
pour la première fois, un enfant dans le paysage, sur un cliché tout récent de la Place Stanislas à Nancy.
Est-ce une maladresse, un hasard ? Est-ce significatif ? Ou non ? Il reste qu'à mon avis, et compte
tenu de mon usage tout égoïste de la galerie de photos de Renaud Camus, l'absence de tout être humain
dans le paysage représentait une condition "non négociable" de ma délectation.
21 avril 2010, 12:08   Re : vertu éducative
Citation
Buena vista
Cependant, j'avais pris l'habitude de consulter chaque jour les nouveaux clichés de Renaud Camus
mis en ligne comme une récréation, une échappée bienvenue vers la beauté du monde, disons la
part qui en subsiste encore.
(...) Il y a un autre aspect que je trouve digne d'intérêt. Je n'ai pas examiné à la loupe les 7000 clichés
de Renaud Camus. Mais l'absence de toute figure humaine (sauf dans le cas des autoportraits, et sauf
dans le cas, très rarement, de M. Pierre) y était notable. Notable, et certainement voulue. Or, je remarque,
pour la première fois, un enfant dans le paysage, sur un cliché tout récent de la Place Stanislas à Nancy.
Est-ce une maladresse, un hasard ? Est-ce significatif ? Ou non .

Je comprends parfaitement vos raisons, Monsieur, d'autant mieux que je n'ai pas la même habitude que vous des photographies de Renaud Camus, et je n'y trouvais pas les plaisirs d'évasion que vous signalez. Je les regardais bien distraitement, à l'exception de cette série des Vandales justement, car elle réveille en moi non le suidé bon vivant de M. Jean-Marc, mais l'aigre amateur de satires et autres vacheries que je suis (quand je n'en fais pas l'objet, bien sûr). Votre remarque sur la figure humaine me paraît aussi très pertinente : l'humain n'avait pas sa place dans ces images consacrées à la beauté du monde. Quand le photographe se consacre à la laideur ou plutôt à sa profanation, il faut bien qu'il fasse figurer les Vandales que nous sommes (même si, pour l'instant, on ne relève qu'un enfant lorrain). Je ne sais plus dans quel poème en prose Baudelaire parle de la tyrannie de la face humaine, qu'il fuit en s'enfermant chez lui, dans cette "Chambre double" où s'opposent, justement, la beauté solitaire sous le regard de l'Idole et l'horreur du retour au réel, quand la pièce est envahie d'importuns à face humaine grimaçante. Il vous reste, je suppose, à ne pas voir les photographies qui vous déplaisent et à regarder les autres, comme nous faisons dans le monde réel.
"Pour moi, quand le travail est fait, on part."

Mes félicitations, cher Jean-Marc, si vous êtes parvenu à faire reconnaître à votre entourage professionnel l'observance d'une telle règle !

Rien de tel pour ma part. Il est vrai que je n'ai jamais eu la moindre ambition professionnelle, ce qui m'a permis de "naviguer" à vue dans le salariat et de constater que, justement, pour la grande majorité des salariés, quand le travail est fait, on ne part pas (ce qui n'empêche pas qu'on reste plus longtemps quand se présente un "coup de bourre".)
(en ce moment, je suis veilleur de nuit dans une Maison de l'Enfance à Caractère Social et c'est la première fois que j'ai l'impression d'une durée de temps de travail incompressible, ce qui est tout à fait normal puisque, en somme, je suis payé à être là, de telle heure à telle heure, c'est une sorte d'absolu du travail.)

Plus généralement, je crois que si on décidait d'appliquer votre règle à l'ensemble du "monde du travail", il en résulterait une sacrée diminution du temps de travail ! Mais comme les salaires sont toujours archaïquement alignés sur les heures de présence (celles-ci fussent-elles vaines et artificielles), il en résulterait aussi une baisse considérable de revenus. Moyennant quoi, on ne travaille plus, on "fait ses heures".
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