Citation
Didier Bourjon
Si "universel" signifie le "généralement vrai", l'invariant des multiples instances du réel, ou s'il signifie "abstraction" autorisant à rebours une taxinomie généralisée
Citation
Marcel Meyer
Je ne dirai pas que l'universel désigne le "généralement vrai" mais plutôt le commun anthropologique, ce qui me permet d'écouter de la musique indienne, d'être ému par une statuette nègre ou d'aimer une Japonaise et, le cas échéant, lui faire un enfant....
Citation
Ostinato
Et ne doit-on pas dire que le propre des civilisations c'est d'inventer des universels particuliers ? C'est à dire de combiner les données anthropologiques dans une réalisation particulière....
Je vois avec intérêt cette discussion sur ce thème qui m'est cher. Je note que la notion d'universel fait débat.
J'aimerais faire juste une remarque en passant :
Si j'utilise la logique de la langue dans son utilisation des affixes pour créer les mots, alors l'utilisation du terme universel pour désigner le "commun anthropologique" est très impropre. En effet, universel est composé du préfixe
uni-, qui marque l'unicité, de l'affixe
-vers-, issu de
versum "dans la direction de", et du suffixe adjectival (qui forme un adjectif)
-alis.
Par la logique de la langue, donc,
universel désigne
la propriété d'aller dans une direction commune.
Si je partage une passion commune avec quelqu'un, alors nous évoquerons souvent notre passion universelle.
L'universel est la marque d'
un but commun.
De ce point de vue, je me retrouve totalement dans la remarque d'Ostinato, à savoir qu'une civilisation produit des universels particuliers à elle-même : une convivialité. Les jeux du cirque pour les Romains, les corridas en Espagne, ... Autant d'évènements où les gens convergent.
Le faux-sens actuel, non logique dans la langue, me semble venir de traductions hasardeuses d'Aristote (Boèce ?). Aristote emploie le terme katholikos qui signifie "pour tous", "en général". (En aparté, il y aurait beaucoup à voir quant aux traductions de la renaissance de l'anglais vers le français, par exemple.)
Bref, le sens moderne d'
universalisme, doit être désigné par un autre terme, plus correct vis-à-vis de la langue. Je propose le terme de
généralisme : idéologie qui consiste à raisonner
en général.
Je préfère donc parler de la dialectique du général et du particulier, du généralisme et du particularisme.
Résumé :
L'universalité marque une caractéristique universelle de plusieurs choses : ce qui est commun
dans leur but.
La généralité marque une caractéristique générale de plusieurs choses : ce qui est commun
dans leur nature.
L'université, c'est l'assemblée de ceux qui partagent le même but : L'université d'un parti, l'université d'un syndicat.
La générité, c'est l'ensemble de ceux qui partagent la même nature : les gens.
Le généralisme, ou pseudo-universalisme moderne, constate que chaque homme a une
nature commune : ils peuvent tous engendrer d'autres hommes, se métisser, il n'y a aucun obstacle biologique à cela.
Là où les gens diffèrent, en général, c'est par la diversité de leurs buts particuliers, conséquence du libre-arbitre, de la diversité des ascendances, de la diversités des intérêts. C'est ici qu'intervient le Politique, dont le rôle consiste à réguler les fins particulières (loi) et les harmoniser (répartition des fonctions sociales et dignités) pour que règne la paix sociale.
Le généralisme, ou pseudo-universalisme moderne peine à envisager les conséquences pratiques des particularismes, étant donné qu'il nie l'importance considérables des causes finales dans les comportements humains, car le généralisme est axé sur la nature. Pourtant, les particularismes sont à prendre avec précaution. Les fins divergentes, qui scindent l'humanité, sont porteuses de conflits (guerres civiles, guerres de religion, discorde), comme l'histoire le montre.
Manifestement, il y a des particularismes contradictoires, qui s'excluent mutuellement.
Autant l'huile est hydrophobe, autant l'eau est oléophobe. Ainsi, certaines
substances de civilisation ne peuvent se réellement métisser. L'émulsion, mixture forcée, finit tôt ou tard et les substances réciproquement phobiques se séparent.
L'Islam est christianophobe depuis 1300 ans. La France est le coeur historique de la chrétienté. Il y a une contradiction manifeste.
Le généralisme refuse tout principe de civilisation, qui donnerait une direction irréversible à notre société. Il envisage un homme nu, sans héritage, isolé, individuel. C'est ce nouvel homme qu'il a d'abord voulu fonder. Il a alors détruit la chrétienté. Au nom du généralisme, les biens de l'église ont été confisqués.
Maintenant, le généralisme, ou pseudo-universalisme moderne, en vient à vanter la diversité, car "en général" tout le monde a le droit d'être particulier. Au nom du généralisme, des mosquées sont financées... Allez comprendre...