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La fabrique de la vérité

Envoyé par Francis Marche 
Ca y est, c'est fait, la boucle est bouclée, la vérité est constituée, elle est claire, elle est close: les violences xénophobes meurtrières qui secouent l'Afrique du Sud depuis une semaine, dans lesquelles des dizaines de personnes ont trouvé la mort et qui en ont fait fuir des milliers, ont été fomentées, elles s'inscrivent dans une menace, un stratagème de renversement du régime dont les instigateurs sont des agents subversifs téléguidés par le fantôme de l'Apartheid. Ci-dessous l'article du IHT en ligne de ce jour

South Africa's security chief on Friday accused rightists linked to the former apartheid government of fanning violence against foreigners that has spread to Cape Town, the country's second-largest city and its tourist center.

At least 42 people have been killed and more than 25,000 driven from their homes in 12 days of attacks by mobs who have stabbed, clubbed and burned migrants from other parts of Africa whom they accuse of taking jobs and fueling crime.

The South African government has come under strong criticism for its slow reaction to the violence, which started in a Johannesburg township on May 11, and for not adequately addressing poverty widely blamed for the bloodshed.

But Manala Manzini, head of the National Intelligence Agency, said that people linked to the apartheid-era security forces were stoking the violence.

"Definitely there is a third hand involved. There is a deliberate effort, orchestrated, well-planned," he said.


"We have information to the effect that elements that were involved in the pre-1994 election violence are in fact the same elements that have re-started contacts with people that they used in the past."

Manzini said some of the violence had emanated from worker hostels where Zulu migrants traditionally live.

Much of the township bloodshed in the final years of apartheid involved brutal clashes between supporters of the Zulu-based Inkatha Freedom Party and the African National Congress, which has been in power since the end of white rule.

Inkatha fighters were widely believed to have been clandestinely sponsored by the apartheid government.

"We don't want to blame the IFP for this," Manzini said, but, he added, "some of their people might be used."

The police and prosecuting office said they would work together to speed up cases linked to the violence, while the Justice Department was considering the establishment of special courts to deal with suspects.

Deputy President Phumzile Mlambo-Ngcuka apologized to those caught up in the violence while on a visit to Nigeria, one of the countries whose citizens are threatened.

"The violence is regrettable and shocking," she said before meeting Vice President Goodluck Jonathan of Nigeria.

"I want to apologize to those who have been affected and want to give the assurance that those who are responsible will be dealt with by the law," she said.

The police said mobs had attacked Somalis and Zimbabweans overnight in Cape Town and looted their homes and shops. More shops were looted in Lwandle township near Strand, north of Cape Town, and Knysna, a resort town on the southwest coast. Hundreds of migrants were evacuated from a squatter camp near Cape Town, hub of the tourist industry.

"We don't know the exact number of shops looted and burned, but it's a lot," said Billy Jones, senior superintendent with the Western Cape provincial police. He added that a Somali had died but that it was unclear whether the death had been linked to the attacks.

The authorities said that a Malawian man had been shot in Durban overnight and that three other foreigners had been stabbed in North West Province.

Mozambique said nearly 13,000 migrants and their families had left South Africa since the violence broke out, while Malawi said it had begun evacuating more than 850 of its citizens.

There are an estimated three million migrants fleeing Zimbabwe's economic collapse, making them the biggest group among about five million immigrants in a country of 50 million people.

After more than a week of sporadic anti-immigrant violence in Johannesburg, thousands of frightened immigrants are trying to return to their home countries.
En Afrique on ne fait pas dans la dentelle.

Est-ce que quelqu'un se rappelle des émeutes meurtrières à Durban dans les années soixante ou soixante-dix qui avaient poussé des milliers d'indiens à prendre la fuite?
Utilisateur anonyme
24 mai 2008, 10:52   Re : La fabrique de la vérité
On pensera ce qu'on veut mais, sur le plan "technique", c'est une façon redoutablement efficace de régler le problème de l'immigration.
Si on compare ces méthodes avec nos dérisoires "primes au retour"...
"On pensera ce qu'on veut(...)"
Effectivement, on pense, on pense...
Utilisateur anonyme
24 mai 2008, 13:59   Re : La fabrique de la vérité
Sait-on ce qui se passe vraiment en Afrique du Sud, hormis que des pogroms y ont lieu ? S'il était en effet prévisible que de bons esprits routiniers mettent tout sur le compte du régime de l'apartheid, il n'est pas moins léger, selon moi, de l'en exonérer complètement sous prétexte que ce régime a été aboli il y a quatorze ans. A ce compte-là, quatorze ans après la chute du régime cubain, par exemple, et le pays ayant sombré dans le chaos, faudrait-il s'interdire de faire porter la situation sur les cinquante ans de régime castriste ? J'observe qu'ici même plusieurs participants n'hésitent pas à attribuer la situation actuelle de la France aux conséquences de la Révolution française qui, d'après eux, seraient encore à l'œuvre ! “Les évènements actuels ne viennent pas de nulle part.” écrit de son côté Petit-Détour. Il me semble légitime que dans ce “quelque part” d'où viendraient les événements on puisse faire figurer, aussi, les années du régime d'apartheid qui ne consistait pas seulement en un règlement des édicules publics, comme en sa truculence bien connue nous le laisse entendre Francis.

Or donc, à l'échelle historique, c'est comme si le régime d'apartheid venait à peine de tomber. Ou l'on estime (et on le déclare sans ambiguïté) que ce régime était tout à fait adapté à cette région et à ses habitants blancs et noirs, qu'il maintenait la paix civile (et assurait la protection de ses habitants, spécialement celle des noirs, s'il faut comprendre ainsi le message de Francis) et permettait le développement harmonieux du pays ; ou l'on estime (et je le déclare sans ambiguïté) que ce régime était structurellement vicié, pathologique, pour ainsi dire "fictionnel" et que son maintien autoritaire pendant des décennies n'a pu que détraquer pour longtemps les relations entre les différents groupes peuplant le pays. Dans un cas comme dans l'autre, je vois mal comment ne pas tenir compte de l'existence du régime de l'apartheid si l'on veut essayer de comprendre ce qui se passe aujourd'hui en Afrique du Sud et, au contraire, faire comme si, après quatorze petites années, la page était définitivement tournée. Et d'en tenir compte y compris du point de vue de toute sorte de manipulations complexes. Pourquoi rejeter a priori, eu égard, encore une fois, à la proximité temporelle de la fin de l'apartheid, l'hypothèse que certains Afrikaners n'aient pas accepté le nouvel ordre des choses et n'alimentent le chaos, d'une façon ou d'une autre ? Autant de nuances qui me semblent avoir leur place dans l'analyse, plutôt que des explications sur le racisme des noirs un point c'est tout, "fabrique de vérité" tout aussi tranchée et partielle, selon moi, que celles des “bien-pensants”.

Par ailleurs, il est presque comique de lire, dans l'interviou proposée par Rogémi, qu' “il existe aujourd’hui une haine raciale que je n’ai jamais connue dans ma jeunesse », observation faite par le citoyen d'un pays dont l'organisation reposait entièrement sur la séparation autoritaire des races. C'est un peu comme si un Soviétique déclarait avec candeur : “Il existe aujourd'hui un problème abkhaze, géorgien ou ukrainien que je n'ai jamais connu dans ma jeunesse.”
Pour repondre tres brievement (et sans pouvoir inscrire les accents) au message d'Orimont: si comme il le presume, nous sommes en presence d'une resurgence de la violence fomentee par des factions, telles l'Inkarta, nostalgiques du Old Governement, lequel, dans sa forme la plus fantomatique qui se puisse concevoir, continuerait de les soutenir en sous-main, pourquoi ne pas NOMMER ces factions, comme il etait possible par exemple, sous De Gaulle, de nommer l'OAS, aussi clandestine et terroriste soit-elle, et comme du reste il avait ete possible de les nommer en regime d'Apartheid et en situation de lutte contre ledit. Cette terminologie qui fait fremir - une main tierce - rappelle le type de langue cryptee employee par les dictatures dont justement l'URSS evoquee par Orimont.

Deuxieme volet de mon commentaire, que je ne peux developper davantage: pourquoi une telle resurgence aurait attendu 14 annees pour se manifester ? Encore une fois c'est helas chez les dictatures que l'on trouve ce phenomene: blamer les maitres dechus de longue date du marasme dont on est soi-meme responsable. La dictature n'est JAMAIS responsable du malheur, des dechirements et des horreurs qu'elle preside; et c'est toujours l'ennemi d'hier, jamais suffisamment battu, jamais suffisamment ecrase, aneanti, qu'il faut aneantir encore et traquer toujours, et reprimer, et a l'encontre duquel on ne saurait trop grande vigilance exercer, a coup de police, de Tcheka, pour faire aux masses briller la lumiere du salut. Voila un symptome qui ne trompe pas.
Voilà ce que dit Brink dans l'interviou paru dans le Monde en 2006

"Mais pour beaucoup, les Blancs renvoient à l'apartheid. C'est un sentiment que je ressens beaucoup plus qu'en 1994. "

Cela rejoint donc le constat du sudafricain blanc dont j'ai, il y a deux jours, mis en ligne l'interviou:

“il existe aujourd’hui une haine raciale que je n’ai jamais connue dans ma jeunesse »


Le tour d'horizon que nous propose d'Orimont ne manque pas de pertinence et il serait par exemple idiot de nier que 14 ans ne représente rien à l'échelle historique.

Cependant il faut mettre un bémol à certaines de ses assertions. Avant 1917 les minorités abkhaze, géorgienne ou ukrainienne faisaient déjà problèmes. Problèmes qui furent étouffés par la dictature communiste.

L'afrique existait [si, si] avant l'arrivée des européens et les guerres d'extermination inter-ethniques étaient nombreuses et même endémiques et c'est uniquement la colonisation qui a mis provisoirement fin à ces conflits, comme elle a, d'ailleurs, mis fin à la pratique de l'esclavage, elle aussi endémique en Afrique.

Il est probable que la colonisation en bloquant, pendant presque 100 ans , l'histoire inter-africaine porte une grande responsabilité dans les évenement actuels.

On peut néanmoins poser la question suivante: les évenements actuels ne sont-ils pas [aussi] la résurgence de maux anciens, cad pré-coloniaux?
Utilisateur anonyme
24 mai 2008, 19:49   Re : Les accents de la vérité
Hors sujet, comme d'habitude, je suggère à Francis, quand la machine fait des siennes, de copier son message dans sa teneur avant de cliquer sur Aperçu et de le replacer dans un nouveau message. En général, ça marche
Mais, cher Orimont, si on peut dire que la situation actuelle est une conséquence de la révolution française , c'est que cette révolution , depuis plus de deux siècles est, par intellectuels, éducation nationale, médias, partis politiques interposés, évoquée de façon admirative, célébrée, donnée constamment en référence, implicitement ou explicitement, avec les droits de l'homme, la liberté, l'égalité, la fraternité, la lutte contre les privilèges, la haine de la "réaction" et j'en passe. Comment ne se serait-elle pas imprimée dans l'inconscient collectif ? Par contre, je ne vois pas en quoi l'apartheid, période perçue comme totalement négative, pourrait expliquer les pogroms de noirs étrangers.
Coetzee a publié, il y a quelques années, un roman sur l'état réel de l'Afrique du Sud : le diagnostic est effrayant et la lecture en est même insoutenable.
Utilisateur anonyme
24 mai 2008, 23:24   Re : La fabrique de la vérité
Cara Sandra, vous avez entièrement raison et je remise cette comparaison malvenue.
Utilisateur anonyme
24 mai 2008, 23:36   Re : La fabrique de la vérité
"(...) si comme il le présume, nous sommes en présence d'une résurgence de la violence fomentée par des factions (...)"

Cher Francis,

Je n'ai pas la prétention de présumer quoi que ce soit car je n'en sais pas assez sur l'Afrique du Sud. Il me semblait simplement que l'hypothèse d'une intervention de certains Afrikaners ne devait pas être absolument écartée, que son absurdité n'était pas totale.

"La dictature n'est JAMAIS responsable du malheur, des déchirements et des horreurs qu'elle préside (...)". En effet. Mais il me semble qu'on peut en dire autant de tout régime succédant à un autre, fût-ce pacifiquement, au moyen des urnes, même si, évidemment, dans ce cas, les violences physiques ne surviennent pas.
Ce message (inscrit sur une vieille machine d'une station internet de jungle, sous un appentis au toit de tole ondulee dans un pays ou les ordinateurs n'ont jamais de clavier francais, le tout sous une pluie tropicale battante) pour continuer ma reponse a Orimont. Un des traits remarquables des dictatures corrompues est la non-comptabilite de leurs dirigeants vis a vis des evenements presents; ils se veulent comptables de leurs seules luttes passees. Les maux du present s'expliquent par une defaite incomplete de l'ennemi d'hier. Les dictateurs ont le triomphe chroniquement, pathologiquement incomplet: il faut toujours re-tuer l'ennemi d'hier, et c'est au travers de cette repetition (re-enactment) a l'infini de l'extermination et de la purge de l'ennemi que reside la promesse du salut de demain. Entre l'hier et le demain, le present n'existe pas: il n'y a aucune cause presente au present. Vielle trace d'hegelianisme chez les hommes de pouvoir moderne.

Le Maoisme fonctionnait ainsi: si tout allait mal, c'est que l'ennemi d'hier, tel le serpent, relevait la tete, avait mue, avancait masque, etait fantomatique, partout, et a ce titre ne pouvait etre entierement nomme. La lutte contre sa resurgence et ses avatars futurs serait perpetuelle, etc..

En un sens, ceux qui jadis s'exclamaient: la pensee Mao-Tse-Toung eclaire le monde n'avaient pas completement tort: cette "pensee" eclaire en le mettant a nu le fonctionnement mental de toutes les dictatures du monde nees de et par la violence.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 15:27   Re : La fabrique de la vérité
Selon Rogémi, "Il est probable que la colonisation en bloquant, pendant presque 100 ans , l'histoire inter-africaine porte une grande responsabilité dans les événements actuels."

Je partage ce point de vue en grande partie (il faudrait peut-être un autre verbe que "bloquer").

Analogie :

Nous sommes à l'égard de nos propres moyens techniques comme les Africains des débuts de la colonisation à l'égard de l'apport des blancs.
On pourrait dire en "suspendant" ou en "interrompant". A votre choix cher Orimont.
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