Le site du parti de l'In-nocence

Petite anthologie de l'In-nocence (pour le livre — déposez vos suggestions)

Envoyé par Renaud Camus 
"Cachez ce Rom que je ne saurais voir ! Cela dit quand les faits deviennent aveuglants même les sociologues postbourdieusiens ne peuvent plus les nier. J'en veux pour preuve l'article, paru dans Le Monde daté d'aujourd'hui, sur l'étude, à paraître prochainement aux éditions du Seuil, et réalisée par Hughes Lagrange sur les facteurs culturels liés à la délinquance. Après quelques années d'enquête, cet homme de gauche arrive à la conclusion que le taux de délinquance est de deux à quatre fois plus élevés chez les Maghrébins et les Subsahariens que chez les autochtones et que l'explication ne réside pas fondamentalement dans la stigmatisation ou l'exclusion sociale mais bel et bien dans une inadaptation aux valeurs du pays d'accueil du fait de moeurs antagoniques (polygamie notamment) au système de valeurs (encore) dominant. C'est peu dire que Muchielli n'est pas content.
Quoi qu'il en soit ne rêvons pas amis in-nocents car selon Lagrange, tout cela c'est la faute à la France, qui accueille mal et... ne respecte pas assez les spécificités culturelles des immigrés !
Il en va de la question de la délinquance comme de la question de l'immigration. Comme les faits sont impossibles à nier, les amants du désastre adoptent une nouvelle ligne de défense. Avant-hier, on nous serinait : "il n'y a pas plus d'immigrés qu'en 1937" ; aujourd'hui on nous dit : "Désormais la France est multiraciale, multiculturelle, diverse et c'est comme ça, faut s'adapter ou ce sera la guerre civile (dixit le gros Yazid)" ; sur la délinquance ça donne : hier : " à condition de vie égale, la délinquance n'est pas plus élévée chez les arables et les Noirs que chez les Souchiens" ; aujourd'hui c'est "la délinquance est quatre fois plus élévée chez les blacks parce que la France est pas gentille, stigmatisante, irrespectueuse, blablabla."
Voilà c'est comme ça. En tout cas Zemmour doit bien rire." (Petit-Détour).
La France accueille trop bien, c'est ça l'erreur. Pour ma part c'est fini, j'en ai marre d'être gentil, je vais faire le salaud, plus de pitié.
"En compagnie apéritive, on présente souvent comme une inestimable richesse le fait de « pouvoir aller au boulot à pied. » Ô le plaisant cri du cœur de l’homme qui a tant aimé sa brouette à pistons et carburateurs ! « Pouvoir aller au boulot à pied » est plus sincèrement souhaité que fouler le sol de la planète Mars.

Sur le chemin du retour, on se prend à rêver : et si l’automobile avait su en rester aux balbutiements ! On n’a pas assez profité du tacot, du « fiacre électrique », de ces fauteuils de salon lancés dans le paysage à 25 km/h. Est-il pensable que l’industrie automobile ne se soit pas développée ? Non, non. Les bosseurs veillaient au grain. On ne s’en est pas tenu longtemps à la griserie d’un paysage défilant à cette allure, qui a pu s'appeler "conduite sportive."

Il est toujours curieux d’observer l’un quelconque de ces premiers modèles d’engins motorisés avec le regret que cette trouvaille n’ait pas stagné, mettons, un ou deux siècles sans la moindre amélioration. Rien ne semble pourtant plus improbable à imaginer. Qui se serait retenu de pousser le moteur ? Le tacot n’avait aucune chance de rester lui-même.

Il y a une bonne tranche d’uchronie à composer sur l’hypothèse d’un monde qui, au milieu du XIXème siècle, aurait renversé la vapeur c’est-à-dire décidé de ralentir la Révolution Industrielle, pris beaucoup de temps en observations avant d’admettre l’innocuité de telle ou telle application d’une découverte scientifique.

Une telle uchronie réclamerait une imagination fertile car on voit mal quel fait de politique ou circonstances d'histoire, quels événements rationnels eussent pu tempérer la Révolution Industrielle et l’empêcher de nous conduire à l’entière soumission au moteur à explosion, à cette prétentieuse marmite qui réclame sans cesse du paysage qu’il se plie à ses besoins et, surtout, qui ne consent à se déplacer qu'à la condition qu’on déroule partout devant elle le tapis noir de son bitume, qu'on l'agite même en ponts suspendus, rocades, enjambements de routes.

Ah ! La fine invention, et qui plaide mal en faveur de la prévoyance humaine ! Qui l’eût cru ? Que cet innocent tacot aille s’emparer de tous chemins et façonner les modes de vie d’une partie considérable de la population, mettre la question du déplacement au coeur de l’organisation des travaux et les jours ? Que cette fatale combustion du naphte retarderait - et pour de longs siècles - toute recherche d’une oisiveté bien tempérée à l’usage de l’espèce ?" (Orimont Bolacre.)
Je crois que cet extrait avait été en partie relevé par Renaud Camus dans son Journal de 2008.


Francis Marche - mai 2008

Retour en Malaisie après cinq ans d’absence: les femmes voilées de noir ne s’y remarquent plus – nombre d’entre elles se masquent le visage d’un voile de crêpe funèbre, ne laissant voir que leurs yeux, bouleversants de mobilité, de vie, de frayeurs, de signaux de panique ou d'enthousiasme contradictoires, fuyants, indéchiffrables, où grouillent mille codes (le masque – qui doit avoir un nom arabe que je ne connais pas – fait plus qu’exalter le regard: il impose à la femme de faire par lui s'exprimer tout ce que son corps absent, son habillement absent, ne peuvent plus exprimer).

En contrepoint de ce mouvement, partout inexorable, de progrès de l'emphase islamique, la Malaisie est devenue la Mecque du tourisme indien matérialiste. L’Inde qui pour Madame Blatvatski, Rudolf Steiner ou Annie Besant et leurs amis de l’Adyar avait été la terre promise du monde futur – terreau de spiritualité par excellence – , vient d’embrasser le matérialisme industriel, comme d’ailleurs la Chine et avant elle encore le Japon. L’Inde a trahi l’espoir théosophique d’un âge nouveau et vient d’embrasser sur la bouche le XIXe siècle le plus maudit qui soit aux théosophes.

Impossible, en Malaisie, de ne pas corréler ces deux évolutions: le besoin de spiritualité ferait dans l'humanité une somme constante; dans cet équilibre de vase communiquant le monde musulman s'affirme avec violence - et quelle violence ! - dernier territoire de résistance au matérialisme. Mais qu'on se penche sur le langage de l’Islam, sa geste, son esthétique, son éthique générale: il n’est rien, il est plus que pauvre, moins que pauvre, plus que vide, plus que noir. L'exact contrepoint vide et noir au trop-plein, au trop débondant de couleurs et de formes du matérialisme planétaire triomphant.

Le Herald Tribune en ligne de ce jour présente un article sur une femme belge de 48 ans, internaute djihadiste, veuve d’un des assassins du commandant Massoud, passionaria islamiste qui depuis son ordinateur personnel appelle par de longues diatribes et incantations quotidiennes (livrées en français) à la destruction de l’Occident. La photo de l’article montre cette femme, qui ressemble à celles que l’on peut croiser ici : elle est une tache noire, un programme spirituel par défaut, qui n'existe, que la civilisation matérielle ne tolère, que comme ombre d'un plein spirituel qui l’a désertée. Par sa noire absence d'ornement, de palpable signe de tout sens autre que le gouffre-objet du Coran, cette personne semble offrir un pendant nécessaire à l’écœurante corporéité du monde qui l’abrite (et la finance : l'Etat belge lui remettant 800 euros par mois en allocation chômage, apprend-on).

Il est probable que si toutes les civilisations à vocation spirituelle, l’indienne, la chrétienne d’Occident, la chrétienne d’Orient, la chinoise, la japonaise, sombrent corps et bien et définitivement dans le matérialisme le plus bas, le plus plein et le plus ivre de lui-même, le Djihad vaincra par nécessité autant que par défaut.

Le noir programme de mort que nous imposent et où nous attirent les Osama Ben Laden, programme spirituel vide (le plus con du monde, comme l’a si bien caractérisé Houellebecque) nous engloutira comme un trou noir cosmique. Les trous noirs cosmiques punissent ainsi l’opulence de lumière, le dégorgement de néon, auxquels cèdent certaines galaxies. Si rien n’est fait pour régénérer l’esprit en Occident - l’Inde et la Chine sont trop jeunes encore dans leur ordalie matérialiste pour pouvoir compter sur elles -, ce miroir de mica noir de notre défaut de spiritualité, qui recouvre la face des femmes du crêpe de notre deuil de Dieu, dont la vocation est de nous engloutir, irrésistiblement, nous engloutira.
C'est en 2007, je crois, que je suis intervenu la première fois sur ce forum. J'ai pris l'habitude de conserver les messages les plus éclairants et les plus remarquables à mes yeux. Il me faudrait avoir le temps de chercher dans mes archives. J'ai, si je me rappelle bien, des interventions de Cassandre, de MM. Renaud Camus, Henri Bès, Orimont Bolacre, Marcel Meyer, Francis Marche...
Cher Bily, je n'ai eu d'autre mérite sur ce forum que de dire peut-être la première, ou l'une des toute premières, ce que d'autres depuis disent bien mieux que moi..
Oui, Cher S. Bily, si vous pouviez... Un bon Marche, un bon Meyer, un bon Cassandre il va sans dire, un bon Bolacre, un bon Bourjon, un bon Eytan, etc., et même un bon Biencherjmarc pour qu'on ne nous accuse pas de chauvinisme partisan...
J'ai déjà collecté 34 pages en fichier Word. Mais je crains que cette collection de textes ne soit par trop hétéroclite. Je veux dire que sur le moment et au cours de mes visites sur le site, je n'ai pas collecté ces textes dans la perspective d'un livre sur l'In-nocence. Aussi ai-je laissé passer beaucoup des meilleures interventions.
Un beau lamento du Maître, cuvée septembre 2009 :

"Jamais conquérants n'auront été si dégoûtés que les nôtres par leur conquête. Non seulement ils ne lui trouvent aucun mérite, on dirait qu'elle est l'objet d'une véritable exécration de leur part. On voit tout le bas de leur visage se contracter en un rictus d'animosité et de mépris, quand ils en parlent, comme s'ils allaient cracher (or ils crachent beaucoup, surtout quand nous les croisons…). Tout ce qu'ils semblent aimer un peu en ce beau royaume qui leur échoit par hébétude, lassitude d'être, trahison de ses princes, c'est leur présence sur son territoire, et leurs intentions à son égard.

Les colonisateurs de jadis étaient souvent séduits par leur conquête, voire conquis par elle. Ils la trouvaient au moins pittoresque, exotique, amusante, curieuse. Il arrivait assez fréquemment qu'ils s'y attachassent vraiment et que, rentrés au pays, ils se plussent, au fond de leur province, à aménager en souvenir d'elle des salons, des fumoirs ou des pavillons de jardin, décorés de leurs souvenirs. Il y avait même parmi eux des érudits, des savants, des philosophes de la religion, des amateurs d'art qui consacraient leur vie à l'étude respectueuse et souvent admirative de son histoire, de ses mœurs, de ses monuments ou des ses objets d'art. Les contre-colonisateurs, eux — sans compter qu'ils n'ont aucune intention de rentrer jamais "chez eux" (chez eux c'est ici) —, ne sont que vindicte, incuriosité, dédain. Combien en voit-on dans les musées, les expositions, les églises, les châteaux, les "Journées du Patrimoine" ? Combien en voit-on regarder avec admiration un monument, une oeuvre d'art ? Tout cela ne les intéresse pas, c'est comme si ça n'existait pas : c'est ce qui n'aura plus aucun sens quand ils seront tout à fait les maîtres. Sans doute ne sera-t-il même pas nécessaire de le détruire. Pourquoi lever le petits doigt afin de s'en débarrasser ? Cela tombera tout seul en poussière, abandonné, invisible par défaut de pertinence, de lien avec ce qui sera."
Il y a vraiment de beaux textes, c'est frappant à les relire ci-dessus...

Le prix "hors concours" (et hors flagornerie) revient à la phrase : "Les colonisateurs de jadis étaient souvent séduits par leur conquête, voire conquis par elle", et le prix "pour l'ensemble des messages" à Francis, tant cet article relatif à la Malaisie est parlant et pertinent.
Et JGL, on l'oublie ?

Racisme, vous avez dit racisme ?

"Il m'a été donné au cours de ces deux dernières semaines d'entendre des personnes parfaitement honorables employer les mots "racisme" et "raciste", et ce dans des contextes singuliers.

D'abord, une vieille dame, très digne, pratiquante et très démocrate-chrétien : le patronyme de son mari, d'origine étrangère (européen), porte un tréma. Or, son petit-fils, il y a quelques années, quand il était en CE 2, refusait d'écrire son nom avec un tréma. La raison avancée : "il n'y a que moi et Saïd qui écrivons notre nom avec un tréma". La remarque de la dame : Dieu sait si, dans notre famille, on n'a rien à voir avec le racisme.

Ensuite, un médecin (femme, miresse, disait-on en ancien français), qui "vote à gauche", se vante-t-elle, reconnait candidement que, quand elle voit des Chinois, ils lui semblent tous pareils et elle n'est pas capable d'en distinguer un seul. Sa remarque : "on va dire sans doute que je suis raciste" ou bien : "c'est peut-être que je suis raciste".

Enfin, un bobo, "marathonien" de la montagne, 50 ans environ, né à Saint-Denis (autrefois dans le département de la Seine) et établi dans le Val d'Oise ("ouf", dit sa femme, soulagée), n'a plus rien reconnu quand, par hasard, il est revenu récemment dans sa ville natale. Sa remarque : "on se demande où on est; il n'y a plus, dans la ville (ou dans le département ?) que deux boucheries : tout le reste est halal. Et ce n'est pas du racisme que de dire cela".

Autrement dit, à trois reprises et dans des circonstances très différentes (diner amical dans un petit village loin de tout, apéritif dans le Luberon et excursion en haute montagne), des individus, de convictions différentes et même opposées, ont fait référence au racisme et aux racistes, mais de façon totalement inappropriée, et ont donné à ces deux mots un sens "fantasmatique". Aucun de ces Français (de souche) ne croit à la supériorité de sa "race", religion (deux n'en ont pas), culture, civilisation, peuple sur les autres races, religions, cultures, civilisations, peuples... Aucun n'est xénophobe. La haine d'autrui est un sentiment qui leur étranger. Tous les trois portent des jugements bienveillants sur les étrangers, que ceux-ci vivent dans leur pays ou qu'ils soient établis en France.

Et pourtant, ils se croient obligés, fût-ce en mots, de se défendre de toute suspicion de racisme, quand ils évoquent des étrangers ou des musulmans; ils sont, non pas sur leurs gardes, mais sur une position de défense ou de pré-repentance; avant même que quiconque les accuse, ils devancent d'éventuelles accusations, en affirmant leur innocence ou leur bonne volonté. Ils campent déjà, verbalement du moins, dans la position des vaincus, qui courbent la tête et rasent les murs.

Il faut donc croire que la propagande antiraciste massive a atteint ses véritables buts, à savoir culpabiliser un peuple, le stigmatiser, le marquer au fer rouge du nouveau péché originel."
Ainsi que celui-ci, édifiant :

La France est entrée dans la grande nuit de sa langue

"Université du centre de la France. 50 copies d'examen de L3, comme on dit maintenant, ou de licence (lettres modernes et lettres classiques), comme on disait naguère. Pas ou peu d'étrangers, sinon 3 étudiants Erasmus. Les étudiants sont Bac + 3 et quasiment tous Français "de souche". 5 étudiants - soit 1/10 de l'ensemble - ont fait dans 4 pages manuscrites (équivalant à une page format A4 corps 12) plus de vingt fautes d'orthographe, de grammaire et de vocabulaire. Aucune phrase n'est ponctuée correctement. Ils écrivent éthymologie, therme (pour "mot"), silocisme ou sélicisme (pour solécisme). Pour eux, le participe passé "d'acquérir" est "acquéri" et le présent ou le passé simple (allez savoir !) de ce verbe est acquérit. Ils confondent la troisième personne de l'indicatif du verbe "avoir" (qu'ils écrivent à) avec la préposition à (qu'ils écrivent a). Ils ignorent l'orthographe de l'infinitif passé (ou composé) des verbes du premier groupe : ils écrivent avoir céder (appliquant sans doute la règle : quand deux verbes se suivent le second se met à l'infinitif). L'orthographe des participes passés est pour eux un casse-tête, à moins qu'ils ne se fient au hasard : ils écrivent "il a subit" ou "ils ont faits". Ils n'accordent pas le verbe avec son sujet, ni l'adjectif avec le nom auquel il se rapporte. Ils emploient de façon erratique les déterminants possessifs, le plus souvent à la place de l'article défini. Les impropriétés sont aussi fréquentes que les bourdes. Je n'ai pas eu le coeur à les relever. Alors que 10% des étudiants font plus de vingt fautes, du type de celles que j'ai relevées ci-dessus, les autres font entre 5 et 15 fautes. Si elles avaient été corrigées en rouge, ces copies auraient été autant barbouillées de rouge que les thèmes latins des plus mauvais potaches d'une classe de Première C ou A d'il y a quarante ans. Je ne n'ai lu que deux ou trois copies sans faute, mais, même dans ces copies, à peu près correctes, les accents et les virgules sont placés aléatoirement. Le désastre touche aussi bien les étudiants de lettres modernes que ceux de lettres classiques : l'apprentissage du latin et du grec ne protège personne de la catastrophe. Il est vrai que s'il ressemble à celui du français...

Ces 50 étudiants obtiendront tous en juin leur diplôme : ils seront licenciés ès lettres (modernes ou classiques); dans deux ou trois ans, ils seront ou professeurs des écoles (instituteurs) ou professeurs (certifiés) dans un collège ou auxiliaires ou vacataires quelque part, enseignant peut-être le français à l'étranger.

Le désastre verbal va de pair avec des discours faits de fragments de slogans, en particulier pour tout ce qui se rapporte à l'histoire de France ou à l'histoire de la culture - du type l'obscurantisme médiéval ou le roi, monarque de droit divin, qui impose ses propres croyances à toute la société, l'Eglise ramenée au rang d'un parti totalitaire du type PCUS, empêchant toute expression individuelle, la Révolution libératrice, la loi de 1905, lumière qui a éclairé les ténèbres, les bienfaits de la science au XIXe siècle, etc. En bref, leur culture se résume à un chapelet d'inanités, infirmées depuis longtemps par de grands historiens (le Goff, Pernoud, Le Roy-Ladurie, Goubert, Furet, etc...), comme si ces étudiants avaient séjourné, non pas, comme l'indique à tort leur carnet scolaire, pendant 5 ans à l'école primaire, 4 ans au collège, 3 ans au lycée, mais dans des cellules de partis crypto gauchistes ou comme s'ils avaient été catéchisés, pendant leur scolarité, par des secrétaires de cellules crypto-gauchistes grimés en prof d'histoire ou de français.

Dans les pays du tiers-monde, les disciplines universitaires s'étageaient dans une stricte hiérarchie, des plus prestigieuses, celles qui attiraient les élèves les plus vifs, les plus intelligents, les plus sérieux (médecine, pharmacie, sciences, techniques, écoles d'ingénieurs), aux méprisées, celles où s'inscrivaient les élèves médiocres, bornés, paresseux, un peu sots, pas très intelligents : histoire, géographie, socio, psycho et, tout en bas, de l'échelle, l'arabe, la langue "officielle" ou "nationale" de ces pays, les échelons médians étant occupés par le droit, le commerce, le marketing, les langues étrangères. Dans les années 1960-70, un Français, prenant connaissance de cette échelle de valeurs et la transposant, par pure spéculation, dans son propre pays, pouvait légitimement penser que les humanités, les lettres, l'étude de la langue nationale, ne subiraient jamais en France un si cruel abaissement : il y avait dans les lycées, dès la classe de 6e, des sections classiques, puis de la classe de 4e aux classes terminales, les sections A ou A' ou C, enfin les classes préparatoires ou même les universités - de sorte qu'apprendre le latin, le grec, le français, ou faire des lettres n'était pas déchoir ou se retrouver tout en bas de la caste intellectuelle. Le Ministère de l'Education nationale veillait aussi, il y a trente ans, à ce que les professeurs soient recrutés parmi les anciens bons ou très bons élèves.
Il semble que tout cela soit "caduc", comme disait Arafat. La France est rentrée dans le rang. L'échelle de valeurs qui y a cours, pour ce qui est des études, est, si l'on se fonde sur ce qu'on lit dans les copies d'étudiants de licence, celle qui prévalait (et prévaut encore) dans les pays dits du tiers monde. Le désastre ne suffit pas : il faut que l'humiliation le couronne. "
J'en ai maintenant quelque 80 pages (parmi lesquels se trouve une de mes interventions qui naguère avait eu l'heur de plaire au Maître de ces lieux). Dois-je égrener les textes sur ce "fil" ?
J'approuve le choix d'Olivier. S'il fallait voter pour décerner à quelqu'un un "prix pour l'ensemble de ses contributions au Forum", je voterais JGL.
Nous aurions aussi Cassandre, forcément Cassandra aurait dit la Duras, mais dans une catégorie spéciale : le prix Bossuet, car Cassandre, sans doute inspirée par le cheval de Troie, qui devait être de labour vu sa taille, pratique l'art aratoire en profondeur, avec persévérance, bos suetus aratro.

Nous avions l'aigle de Meaux, nous aurons celle de l'Hérault, car telle l'aigle Cassandre a la vue perçante, et telle l'aigle elle indique le chemin à suivre.


Signé : les Amis du zeugma.
J'approuve également. La façon dont JGL expose son point de vue fait mon admiration. J'y trouve : simplicité, clarté, précision, équilibre, élégance et discrétion. Le tout sans jamais donner l'impression de forcer la note, de chercher l'effet ni de vouloir faire du style, comme si tout cela coulait de source. On nomme cela le talent, je crois, mais j'imagine aussi qu'il s'agit du fruit d'un patient labeur.
Allons-y, dans le désordre :


Re: ART / NON-ART ?
Envoyé par: Marcel Meyer
Date: 09 juillet 2009, 14:53

« Aucun Etat n'a jamais subventionné la subversion de ses propres valeurs. L'"avant garde" ennuyeuse et répétitive que l'on achète, que l'on expose, que l'on promeut, intitutionnalisée, n'est plus guère qu'un alibi. » dit Zendji.

Je ne sais pas. Tantôt je pense cela, moi aussi. Dans cette ligne-là, le capitalisme mondialisé, c'est-à-dire apatride, fait tout pour faire disparaître ce qu'il reste des nations vues comme le dernier obstacle à son triomphe. La racaille lumpen-prolétarienne et, plus généralement, la contre-colonisation par le Tiers Monde des anciennes puissances coloniales, laquelle a engendré cette racaille, constituent son meilleur auxiliaire dans cette entreprise : raison pour laquelle elle répand, soutient, promeut par tous les moyens l'idéologie immigrationniste et réprime avec tant de haine et de façon tellement impitoyable toute contestation de celle-ci.

Mais tantôt je pense que ce conspirationnisme est, pardonnez-moi, un peu simple. Et je me rappelle le fait que l'avant-garde, depuis au moins les lendemains immédiats de la Première Guerre mondiale, appelle à la subversion, à la destruction de tout ce dont elle est issue, l'Occident, la société libérale, la bourgeoisie, la culture, le "monde blanc", et ce avec la bénediction et le soutien matériel, bien avant les subventions publiques, de ces élites qu'elle appelle à révolveriser. Dans cette ligne de pensée-là, l'avant-garde apparaît comme l'avant-garde, au sens précisément militaire du terme, du suicide de l'Occident que nous voyons s'accomplir sous nos yeux. Cela me paraît plus crédible, plus éclairant. Plus désespérant aussi.

Quoi qu'il en soit, j'ai reçu il y a une semaine, en tant qu'abonné du Figaro (mais quelle idée !), par courrier électronique, une offre signée "l'équipe des Enquêtes du Figaro" à laquelle j'ai répondu ceci :

Mesdames et Messieurs de l'équipe des Enquêtes du Figaro,

Vous m'avez envoyé un courriel pour m'inciter à participer à un tirage au sort dont l'enjeu est une invitation au vernissage de l'exposition "Né dans la rue, Graffiti". J'aurais aimé vous remercier de votre sollicitude mais, curieusement, je ne brûle pas d'envie de voir cette exposition. Il est vrai qu'habitant la Seine-Saint-Denis, je suis aux premières loges pour contempler tous les jours, en vrai, ces graffiti que la fondation Cartier s'apprête, avec la participation empressée du Figaro, à magnifier. En revanche, si vous désirez une visite guidée de ce grand art dans son contexte, je suis prêt à vous l'offrir, gratuitement et sans tirage au sort. Je ne doute pas qu'à l'exemple de M. Guaino la nuit dernière, vous tiriez grand profit d'un tel plongeon dans le monde réel.

Je crois qu'il faut être à la fois très sot et complètement coupé des réalités sociales pour ne pas sentir ce que votre démarche a d'insultant pour tous les Français confrontés à l'ensauvagement de la société dans laquelle ils vivent.

Dans l'espoir — sans doute vain hélas ! — que vous perdiez un peu de votre arrogante niaiserie,

Marcel Meyer.
Les 27 membres du "gang des barbares" sont désormais fixés sur leur sort. Après onze semaines de débats et deux jours de délibération, la cour d'assises des mineurs de Paris a rendu son verdict en l'absence de la famille Halimi. Sans surprise, elle condamne Youssouf Fofana chef du "gang des barbares" à la perpétuité avec 22 ans de sûreté pour l'assassinat d'Ilan Halimi. Au cours du procès, le Franco-Ivoirien âgé de 28 ans avait reconnu avoir porté seul les coups fatals à Ilan Halimi. "Oui, c'est moi qui l'ai fait, vous savez bien que c'est moi qui l'ai fait... Et j'en suis fier", lançait-il le 28 mai dernier, devant la cour et les parties civiles. À l'énoncé du verdict, il s'est contenté de tapoter dans ses mains.

Contre les 26 autres accusés, la cour a prononcé deux acquittements et des peines allant de six mois de prison avec sursis jusqu'à 18 ans de réclusion. Les jurés condamnent Samir Ait Abdelmalek, le relais de Fofana dans ses allers-retours en Côte d'Ivoire à 15 ans de prison , et à 18 ans de prison Jean-Christophe Saubour, qui a participé à l'enlèvement d'Ilan. Emma, la rabatteuse, âgée de 17 ans au moment des faits écope de 9 ans de prison. C'est elle qui avait séduit le jeune vendeur de téléphone et lui avait donné rendez-vous le 20 janvier 2006. Ce soir-là Ilan est tombé dans le piège imaginé par Youssouf Fofana dont le but est d'obtenir de lui une rançon. Le "gang" qui avait manqué plusieurs cibles avant de s'en prendre à lui, le supposait forcément riche parce que juif. Il est séquestré et torturé pendant 24 jours, dans une cité HLM de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine. Le 13 janvier, le jeune est retrouvé agonisant le long d'une voie ferrée de l'Essonne. Il meurt lors de son transfert à l'hôpital.


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Envoyé par: Francis Marche
Date: 11 juillet 2009, 11:58

Les types et typesses qui ont torturé à mort, des jours durant (24, crois-je me souvenir dans le cas du petit Halimi) ont été plus cruels et barbares encore que les tortionnaires nazis, boches ou de la Milice, sous l'Occupation, qui généralement torturaient trois, quatre jours, avant soit de relâcher leur victime, soit de s'arranger pour l'achever.

Je suis pour la peine de mort dans ces cas là. Mais pas pour l'injection léthale, honteuse et privée; je suis pour la guillotine, avec cérémonial, demande de pardon aux familles et à la société. L'exécution devrait s'opérer dans un très grand respect, une reconnaissance solennelle de la fraternité humaine que nous éprouvons pour le monstre, qui doit mourir parce que nous le respectons; je suis pour que le monstre fasse connaître son acceptation publique et raisonnée des motifs de son exécution, qu'il fasse savoir au monde en termes clairs, consentants, qu'il approuve et comprend que cette punition vaut hommage à sa dignité d'homme (ou de femme). On ne guillotine pas les rats, les cafards, les lentes: on les repousse dans les recoins, les chasse vers les trous, comme les prisonniers d'aujourd'hui.

Envoyé par: Henri Bès
Date: 11 juillet 2009, 13:11

Justement, j'écoutais dimanche sur France 2 une intéressante exégèse de Daniel Sibony, lors d'une émission consacrée à une "certaine communauté", comme je crois que l'on dit ici. Il parlait du verset d'Exode XXIII-3 : "Ne favorise pas le pauvre dans son procès". Kant disait que cette phrase était la plus sublime de la Bible, et Sibony expliquait, à propos de ce verset, que la véritable égalité de tous devant la loi ne se vérifiait jamais plus clairement que dans le procès et la sentence. S'il est inique de favoriser le puissant dans son procès (Lévitique XIX-15), il l'est peut-être plus encore de mêler compassion et justice et de minimiser la faute et le châtiment du faible ou du pauvre. Sibony parlait d'expérience, disant que bien des jeunes "Chances pour la France" ne commettaient des délits qu'afin d'en subir le châtiment, marque d'égalité des citoyens entre eux. J'ignore si je le suivrais jusque-là, mais j'ai trouvé très juste cette association de la justice et de la dignité du criminel, et même de sa réintégration dans la communauté sociale par le châtiment. Huysmans, dans sa vie de Gilles de Rais, raconte magnifiquement le procès et la mort de son héros, en des termes proches de ceux de M. Francis Marche. Daniel Sibony et le rabbin qui l'interrogeait rappelaient enfin que le Talmud distingue soigneusement entre le moment de la justice et celui de son application, adoucie en certains cas. Ainsi, un Beth Din (tribunal) condamnant publiquement un pauvre à une amende ou à une réparation financière se cotisait pour l'aider à la payer, si le pauvre y consentait, bien sûr.

Envoyé par: Francis Marche
Date: 11 juillet 2009, 13:36

Oui, Merci à Henri Bès de si bien éclairer cet angle du débat. La peine de mort solennisée vaut reconnaissance subtile du lien d'humanité entre le juge et le condamné. Elle proclame que l'un et l'autre, le juge/la cité humaine d'une part, et le condamné d'autre part sont d'une même humanité que maintient la même cheville de l'humaine mort. Donner la mort, c'est un peu donner la communion (presque le pardon) puisque celui qui la donne (le juge qui prononce la sentence) lui-même, un jour, devra l'accueillir - alors qu'il est à peu près sûr de ne jamais devoir s'accommoder de l'existence dans le trou à rat des prisonniers. Bref, la peine de prison à perpétuité est une sentence non pas moindre mais inférieure à la peine de mort: elle infériorise le criminel en minorant son délit.

Si je m'étais rendu coupable d'actes tels que ceux dont on parle ici, j'accueillerais la sentence de mort avec honneur, reconnaissance, de cette reconnaissance même de qui se sent généreusement réintégré dans le monde des mortels, des humains. Je serais profondément déçu que l'on se contente de me faire loger quarante ans comme un rat parmi les rats en attendant une mort vide de sens, voire précédée d'un bout de vie hors les murs qui n'en aurait pas davantage.

Envoyé par: Francis Marche
Date: 11 juillet 2009, 17:29

Fofana a tué pour tuer, ni pour l'argent (il ne faut pas 24 jours de torture d'un homme pour comprendre qu'il n'a pas un kopeck, une petite demi-journée devrait suffire), ni par emportement violent (effets de cocktails de drogues, etc. qui en aucun cas ne sauraient durer 24 jours sans discontinuer), ni même par "sadisme" car le sadique, généralement vise la satiété, il se rassasie, ce qui peut prendre une poignée de jours, admettons, puis son imagination s'étiole avec sa faim de douleurs.

Torturer un homme sans s'interrompre pendant 24 longs jours n'est pas à la portée de n'importe quel salaud: il faut que la victime "tienne" tout ce temps et puis il faut surtout que l'on ne s'ennuie pas, au fil des jours, à la faire souffrir, donc il y faut un savoir-faire particulier, qui ménagera le bourreau comme la victime. Je suppose que le brutal, la brute épaisse, violente et directe, échouera (il tuera son homme trop tôt), le colérique de même, seul le raffiné, le lent, le ricanant qui ménage ses forces et ses effets, y parvient, et encore. 24 journées de tortures ininterrompues. L'art de tuer lentement, tel qu'on l'a pratiqué en Orient, n'est pas toujours parvenu à ces sommets. Le pal, l'écharnement (bien l'écharnement, à la chinoise) venaient à bout du malheureux en 48 heures.

Je ne sais pas si l'humanité s'est trouvée, tout compte fait, face à une gueule comme celle de Fofana très souvent dans son histoire. Ce type, qui s'est livré à des clowneries dans le prétoire, à des bras d'honneur à la famille de sa victime, à des jets de chaussures, a pris une petite perpète. C'est injuste. C'est injuste car déséquilibré. Le juge qui a dû prononcer cette sentence a fait de toute la condition humaine une plaisanterie (condamnant le larron à 22 années fermes, il a dit "voit, l'extrême mort humaine dont tu t'es fait le maître, ne vaut que 22 ans de la vie d'un rat"). Il n'y a peut-être rien au-delà de la mort, éventualité qui reste encore difficile à exclure, mais il n'y a, dans cette plaisanterie, rien non plus en-deçà, absolument rien comme sens, si le sens de ces actes n'est ni pris dans la peine qu'ils exigent, ni compris avec toute la gravité humaine requise par le terrifiant clown ambigu qui les a commis.
Renaud Camus
Date: 07 octobre 2009, 23:48

J'ai depuis longtemps repéré Mme Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche au Centre d'études et de recherches internationales, comme une des championnes les plus extrémistes de l'immigrationnisme à tout crin. Elle préconise un droit universel à la mobilité sans limite.

En mai 68 j'éprouvais une certaine sympathie pour les thèses les plus chambardeuses, qui en appelaient à un monde radicalement nouveau en tous ses aspects. Ce que je ne pouvais pas supporter, et qui m'a jeté dans les bras du gaullisme et dans la manifestation du 30 mai sur les Champs-Élysées, c'était la récupération socialiste, mitterrandienne, du mouvement : que cette énorme commotion n'aboutisse qu'à un "gouvernement de gauche", en somme, un retour à la Quatrième Répuplique. Mais quitte à changer, changer radicalement tout, pourquoi pas ?

C'est ce que propose et même réclame Mme de Wenden, au moins quant à l'immigration, qui d'ailleurs ne s'appellerait plus comme cela, bien entendu. Je crois comprendre d'un entretien qu'elle a donné hier au Monde que c'est ce que souhaite une majorité des pays membres des Nations unies et le PNUD, Programme des Nations unies pour le développement. Un monde où il n'y aurait aucune limitation à la circulation, où tout le monde pourrait s'installer où il voudrait : après tout, est-ce que je ne prétends pas à ce droit pour moi-même ? Si je décidais de m'installer en Patagonie ou en Nouvelle-Zélande, je trouverais fort mauvais qu'on prétendît m'en empêcher. En même temps je crois que je ne prétendrai pas devenir Patagon ou Néo-Zélandais, Argentin ou Maori. Comme toujours, j'ai du mal à articuler les cas individuels et la réflexion sur les peuples, les races, les cultures, les continents…

Que de passerait-il si toutes les frontières étaient ouvertes, si la mobilité totale était un droit acquis, comme le désire Mme de Wenden ? Tous les peuples et toutes les cultures se mélangeraient, aucun peuple ne pourrait dire d'aucun territoire qu'il est plus le sien que celui d'autres peuples, d'autres cultures présents sur le même territoire. Il me semble qu'il ne pourrait plus y avoir de culture. La culture est un acte de propriété. Comme telle, elle serait nécessairement récusée. Il n'y aurait plus de culture que de l'instant, du présent, sans référence au passé, fatalement suspecte. Or c'est à peu près ce qui se passe déjà. Une culture de l'instant ne saurait être qu'une culture du divertissement, de ce qui plaît pour le moment, sur le moment. L'aplanissement chronologique implique l'aplanissement quantitatif. Toute culture plus exigeante encourrait immédiatement l'accusation d'aspirer au temps ou, pis encore, de s'en réclamer : de renvoyer au passé, de faire état d'un droit, d'un acte de propriété ancien et révolu. Une sorte de sauvagerie divertissante s'instaurerait comme une exigence politique, voire morale. Mais encore une fois, n'est-ce pas plus ou moins ce qui se passe déjà ?

Il en irait de la France pour tous comme il en est allé de l'éducation pour tous : plus de France, plus d'éducation.
A propos de la notion de colonisation
Envoyé par : virgil
Date : 20 septembre 2009, 12:35

A bien réfléchir à la notion de colonisation, il me semble que le terme est souvent employé abusivement : on confond occupation et exploitation, ce qui fut le cas en Afrique noire, par exemple, ainsi qu’au Maroc et en Tunisie, et colonisation qui suppose un peuplement et un caractère irréversible : ce fut le cas de l’Algérie. Les Britanniques en Amérique du Nord, les Espagnols et les Portugais en Amérique du Sud, voilà de la colonisation. L’Australie, l’île de la Réunion, l’Afrique du Sud furent colonisées : soit le territoire contenait déjà une population comme en Australie et, pour partie, en Afrique du Sud, soit il n’en contenait pas, comme à l’île de la Réunion. Les Islandais nomment « colonisation » leur installation sur l’île volcanique vide où leurs ancêtres norvégiens avaient décidé de se réfugier.

La colonisation, si elle est vraiment colonisation, rend plus ou moins impossible la décolonisation. Le fait que la France ait pu évacuer si vite, si facilement et de manière si indolore tous les pays d’Afrique noire et les deux pays du Maghreb (Tunisie et Maroc) qu’elle occupait, exploitait et contrôlait, prouve bien qu’il n’y avait pas colonisation au sens strict, qui suppose une colonie de peuplement. Mutatis mutandis, la décolonisation n’est pas très différente du départ de la France de l’armée, l’administration et quelques ressortissants allemands en 1945. Les Allemands ne s’étaient pas installés, mais ils contrôlaient le pays, l’exploitaient et s’efforçaient de le modeler selon leurs désirs et leurs croyances. Les Français et la Anglais furent souvent de même avec les territoires de leur « empire colonial ».

La chose fut évidemment beaucoup plus difficile et douloureuse lorsqu’il y eut une vraie colonisation, comme dans le cas de l’Algérie, où un grand nombre d’Européens, Français, Espagnols, Maltais, Italiens vinrent s’installer, fonder des exploitations agricoles, bâtir des villes (ou certains quartiers des villes existantes), à côté ou au détriment des populations locales, sans cependant les faire disparaître, les exterminer ou les chasser desdits territoires. Certes, on leur vola souvent partie ou totalité de leurs terres, on les méprisa, on les maltraita, il arriva qu’on les tua – surtout durant la phase de conquête. Mais, la colonisation n’est pas la conquête : elle consiste dans l’installation d’une population allogène sur un territoire donné avec l’intention de n’en plus partir.

C’est ce que firent tant d’Européens en Amérique, et ils y sont encore. C’est que firent les Athéniens tout autour de la Méditerranée pendant l’Antiquité : la Grande Grèce, notamment, s’en souvient sous la forme des temples de Sicile. C’est ce que firent les Romains en Provence, puis dans la Gaule, avant que les Germains leur succèdent : nous en sommes les ultimes descendants.

Ce qui rendit donc douloureuse la guerre d’Algérie, c’est que les « Pieds noirs » n’étaient plus des allogènes depuis quelques décennies. Ils étaient désormais sur leur terre, dont ils avaient souvent su tirer de nombreux fruits, qu’ils avaient mis en valeur. C’était leur terre, même s’ils se pensaient français. Au fond, s’ils étaient français par la langue et le système politique, ils étaient viscéralement algériens par la terre, par la lumière, par la nourriture – sans être arabes pour autant. De la même manière qu’un Brésilien était brésilien sans être ni tout à fait portugais, ni du tout indien, un « Pied noir » était algérien, ou le fut pleinement devenu si l’indépendance avait leur combat et non seulement celui des « indigènes », des « Arabes » (et des Kabyles).

Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est une colonisation : les gens viennent, s’installent, imposent leur manière d’être, leurs croyances, leurs mœurs, parfois même leur langue, sans chercher à se fondre dans la nation qui les accueille. Ils n’ont pas l’intention de revenir sur la terre de leurs ancêtres et ils méprisent souvent la terre des ancêtres des indigènes que nous sommes. Ils se comportent en ayant-droits aussi tatillons et pleins de la même morgue que tous les colons. Ce sont des colons d’un nouveau genre : des lumpen-colonisateurs. Ils sont plutôt pauvres, plutôt incultes, plutôt miséreux chez eux : ils viennent pour changer la donne.

Ceux qui tentaient l’aventure coloniale autrefois étaient ceux qui n’avaient pas leur place en Europe : ceux qui tentent l’aventure coloniale inverse sont ceux qui n’ont pas leur place en Afrique, en Chine ou ailleurs. Il ne s’agit pas d’immigration, qui est un phénomène plutôt individuel. Il s’agit de colonisation qui est précisément une immigration de masse.

Je m’étonne qu’on ne nomme pas cette immigration de masse de ce nom qui est en droit le sien : colonisation – et pas contre-colonisation, puisque nous ne colonisâmes jamais, au sens strict, l’Afrique noire, le Maroc et la Tunisie…

***

Francis Marche
Date: 20 septembre 2009, 12:58

Bien vu, évidemment. L'absurdité de la thèse martelée ici par M. Elcano apparaît clairement: dès lors que les néo-colons investissent la totalité du territoire où ils ont eu accès et où ils circulent librement, soit ce qui se nomme encore "la France", il faudrait, pour que les indigènes français puissent se parquer dans un coin dudit territoire, qu'ils en purgent au préalable ces néo-colons. Ce qui porte un nom à la réputation détestable: épuration ethnique. Il va de soi que le type de programme "partition à l'indienne" dont M. Elcano se fait ici le propagandiste éhonté porte en germe une double épuration ethnique, attendu que les néo-colons répliqueront instantanément par une épuration ethnique sur les territoires qu'ils seront en droit de revendiquer leurs puisqu'on les leur aura abandonnés. Il semble bien dès lors que M. Elcano n'aura guère le loisir de se divertir de ses matchs de rugby à Bayonne, trop occupé qu'il sera à chercher des matelas pour y faire dormir dans le couloir de son rez-de-chaussée de lointains cousins de Marseille qu'il n'avait jamais vus auparavant, chassés de chez eux par les néo-colons épurateurs.

Le programme de M. Elcano est évidemment irresponsable, il ouvre grand la porte à la phase sanglante du désastre, et ce dans les pires conditions qui puissent s'imaginer pour les autochtones de France.

Tout ce qui manque à présent, ou dans peu de temps, aux néo-colons est la revendication d'un partage du pouvoir politique, au plan national ou à celui des collectivités territoriales avec les autochtones. Il va sans dire par ailleurs que le programme de M. Elcano fournirait, si d'aventure il venait à se concrétiser, l'occasion rêvée d'une promotion de cet agenda.
Cassandre et Francis Marche sur certains propos de Houria Bouteldja :


Francis Marche
Date: 18 septembre 2009, 00:53

Il est exact que l'énoncé de la petite Houri porte une contradiction, presque une fêlure, qui tient à cet usage de transformer. En ce sens, ce discours est bien celui d'une fêlée. Mais notre glose de ce "transformisme amoureux" est elle aussi porteuse d'une fêlure dans notre camp, celui de la logique en son temps dénoncée par Cassandre comme "logique rantanplan", celle de qui voit et entend dans les appels à notre annihilation un chant d'amour qui nous serait destiné.

Pourtant, cette jolie tête d'intraitable pétroleuse au regard de Claudia Cardinale semble être toute faite pour être tournée, en effet; ses appels à la transformation par le métissage agressif et non choisi sont porteurs d'une fin (celle d'une humanité toute-semblable et rabotée - ne disons pas "polie" - comme les cailloux d'une grève) en même temps que d'un terme inexorable: celui que ce métissage s'impose à lui-même par épuisement de ses facteurs; en effet le métissage ne peut durer et ne prétendre au sens que le temps que perdurent les différences qu'il lime et gomme dans le temps, si bien que par la loi d'entropie générale son mouvement est appelé à s'étouffer "victime de sa réussite", comme on dit. C'est ainsi que la belle fouettarde est condamnée par l'histoire; son discours est sans avenir; elle est un être transitoire qui transforme ce qu'il trouve par la force de son être brut intransformable, sans autre projet que celui-là et sans pensée particulière, et cette agression ferme et sûre de son fait dont elle croit nous larder à coups d'images lamartiniennes est toute suicidaire puisque porteuse d'une auto-annihilation, et tout son plan est de toute façon déjà échoué sur les rochers de sa métaphore puisque de plan de navigation, de but construit, d'art conscient et maîtrisé de la transformation, il n'est point.

Les faciès de farouches utopistes tel celui que nous montre ce portrait possèdent un immense talent pour l'échec. Donc, face à Houri, tout n'est pas foutu. Rien n'est foutu. C'est Houri qu'est foutue.

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Du transformisme
Envoyé par : Cassandre
Date: 17 septembre 2009, 19:15

"Nous transformons la France" air connu des contre colonisateurs qui ne se rendent même pas compte qu'ils vendent ainsi la mèche.

Parlons-en de cette France transformée, nouvelle !

Nouvelle comme quoi ? Comme l’Algérie, « nouvelle », elle aussi ? Ce pays doté par la nature, l'histoire et l'entreprise coloniale de fabuleues richesses, qui aurait dû être un Eldorado et qui, quelques années à peine après l’indépendance, s’est transformée en champ de ruine et coupe gorges ? Comme le Zimbabwe nouveau et autres Guinées, « nouvelles » elles aussi, tous pays en faillite depuis leur « nouveauté » ? Pourquoi ce qu’ils ont fait de l’Algérie, de la Guinée, de la Centrafrique, du Zimbabwe et de tant d’autres - l’Afrique du sud prenant le même chemin- ils ne le feraient pas de la France puisqu’ils y reconstituent la culture de leur Mère-Patrie d’origine au mépris d'une France qui n'est, à leurs yeux, qu’une horrible marâtre ? Ah, certes, cette France qu’ils nous promettent ne le sera que trop « nouvelle ». Par cet adjectif, ils usurpent le prestige attaché aujourd'hui à la "nouveauté" confondue avec la "modernité" et le « progrès », signifiant par là que la France qui n'est pas celle de la jeunesse, bientôt majoritaire, issue de l'immigration africano-musulmane, serait, de toutes façons, vieille, ringarde, "frileuse", moisie, bref : à mettre au rebut. Si ce discours n’est pas un discours colonialiste, alors c’est que les mots n’ont plus de sens. Passe encore, à la rigueur, que cela soit vrai, que cette France " nouvelle " soit effectivement une France neuve, inventant au jour le jour une identité inédite, enviable et enviée. Pourquoi pas ? Mais Ils jouent sur les mots. Cette France nouvelle qu'on nous vante et nous vend n'a rien de neuf ni de jeune, vu que les populations qui s'en réclament se targuent, elles, d'un héritage vieux de quinze siècles et plus, passablement poussiéreux et pas seulement parce qu’il vient des sables du désert mais parce que contrairement à celui des "de souche", il n'a jamais été remis en question et ne prend pas le chemin de l'être. "Leur " France n'est, en réalité, qu'une annexe, une extension de leur pays d’origine dans laquelle ils ne trouvent rien de mieux ni de plus pressé que de reconstituer les conditions de chaos, de violences, d’ignorance, d’irresponsabilité, qui les ont fait fuir leur Mère-patrie. C'est une France en train de devenir non seulement étrangère à elle-même mais d’un archaïsme sidérant. Une nation tellement "nouvelle", en effet, tellement différente, que lui conserver le nom de France est une imposture.

Pourraient ils citer, ces contre colonisateurs, quoi que ce soit de moderne dans le sens progressiste du mot que nous leur devrions ? Quoi que ce soit d’enrichissant qui leur soit spécifique, dont nous ne serions pas capables et que nous envierait la planète ? Rien. nada.

A moins de voir du progrès et du modernisme dans le retour du machisme le plus matamore, le plus rouleur de mécaniques qu’on ait vu depuis des lustres ; dans une misogynie pathologique avec son mépris inouï des femmes et des homosexuels, dans leur mise au pas, dans l' enfermement domestique et vestimentaire des premières, dans les crimes d’honneur et les défigurations à l’acide pour les récalcitrantes ; dans le refus de toute liberté d'expression, dans le retour du délit de blasphème, dans la mise à mal de la laïcité rebaptisée « positive » comme les démocraties communistes étaient « populaires », façon de dire qu’elles n’avaient rien de démocratiques ; dans l'inaptitude à l'autocritique, dans la remise à l’honneur du passe-droit sous couvert des discriminations positives, dans la persécution raciales qui se banalisent comme jamais ; dans la justice expéditive, dans la confusion du religieux et du politique, dans l’indifférence à l’environnement urbain ou naturel, dans l’aversion pour les animaux en particulier, le chien, dans l’intimidation mafieuse quotidienne , dans le dégoût du saucisson ; dans le refus de l’effort et de tout savoir non conforme aux vieilles fables éventées depuis longtemps d’un bédouin analphabète ?

Avant cette contre colonisation "régressiste" la France était un pays admiré et imité dans le monde entier pour sa culture et sa civilisation. Aujourd’hui, qui l’admire dans le monde ? Qui a envie de l’imiter ? Personne. C’est d’ailleurs elle maintenant qui imite la sous culture américaine comme le rap par exemple. Elle représente même aux yeux de la plupart des pays qui seraient tentés par l’immigration, à commencer par ceux qui se débarrassent de leur surplus d’habitants chez nous, le contre exemple absolu. Que nos contre colonisateurs demandent aux Japonais, aux Chinois, aux Indiens, aux Russes, entre autres, s’ils trouvent cette France nouvelle enviable ? Qu'ils leur demandent s’ils nous envient la culture de nos banlieues ? Chiche !
Sur les protestations d'une Norvégienne à l'encontre de la présence de crucifix dans les salles de classe italiennes.

Rogemi
Date: 04 novembre 2009, 17:23


Question:
Peut-on considérer comme convenable qu’une immigrée entame un combat juridique contre la culture de son pays d'accueil? Est-ce décent ? Est-ce gentlemanlike ? Pour ma part j'aurais honte d'immigrer vers l'Espagne et de faire campagne contre la corrida, d’immigrer en Norvège et de protester contre la chasse à la baleine. Comment un nouveau venu peut-il avoir l'idée de s’opposer, dans sa nouvelle patrie, à des traditions, des coutumes, des habitudes vieilles de plusieurs siècles?
Tenez, du JGL des familles :


Envoyé par : JGL
Date : 28 octobre 2009, 18:56

Je comprends le désarroi de Mme Polony, qui constate effarée que de jeunes gens rejettent ou renient la nationalité française qui leur a été prodiguée, la France étant quasiment le seul pays au monde, non colonisé jusqu'à présent, qui soit aussi généreux dans l'accueil en son sein de populations étrangères.

Quelques-unes des idées qu'elle exprime me sont chères. Mais, si elle a mesuré la crise de l'école, je doute qu'elle en ait vraiment compris les enjeux.
Quand on sait ce qu'est, au sens propre, un creuset, la métaphore du creuset, appliquée aux valeurs républicaines, obscurcit plus qu'elle n'éclaire. Pour que ce soit un creuset de valeurs, il faudrait que s'y mélangent des valeurs issues de paradigmes divers ou opposés et même contraires : républicaines, royalistes, communistes, etc.

Ensuite, il n'est pas sûr que la république, en tant que "régime politique", ce que, jusqu'à plus ample informé, elle est en France (officiellement, la mystique républicaine n'a pas cours en France, ni n'a jamais eu cours), ait des "valeurs" : des principes (démocratie, égalité des citoyens en droit, etc.), oui; des institutions, assurément; des valeurs - je n'en vois pas, à moins que l'on entende par "valeurs" des "principes" ou des "institutions"...


Ni Condorcet, ni Ferry n'ont tenu l'école pour un "creuset" : une institution, oui, sans doute. L'un et l'autre se sont bien gardés d'assigner à l'école, qu'elle soit publique ou privée, d'autres buts que d'instruire les enfants. Pour eux, l'école est, non pas un sanctuaire, mais un lieu neutre ou vide, d'où tout ce qui n'est pas rudiment de savoir doit être chassé, un lieu en creux ou en négatif, au sens où il doit rester à l'écart des disputes des adultes ou des manigances des politiciens ou des discours sociaux ou des campagnes de propagande morale ou idéologique. On y apprend le calcul, la lecture, le latin, des rudiments d'histoire et de géographie, l'écriture, à réciter la poésie, quelques éléments de littérature française, la grammaire, l'orthographe, etc. - surtout pas "le respect" (l'irrespect, oui), surtout pas la sociabilité, surtout pas l'intégration (s'intégrer au vide ?), surtout pas la culture de l'Autre (l'autre, c'est soi-même), etc.


Ce qui fait crever lentement l'école depuis trente ans ou plus, c'est le politique (croire que tout est politique, alors que rien ne l'est), c'est l'idéologie à tout crin, c'est l'intrusion de l'Etat, des régions, des groupes de pression, des syndicats, etc. dans l'école, ce sont les missions qui jadis incombaient à l'Eglise, aux familles, aux partis, aux patronages, etc. et dont on l'accable, au détriment de ce pour quoi elle a été instituée : l'instruction publique.


Mme Polony semble croire que les choses pourront changer en remplaçant une politique ou une idéologie (rouge ou blanche ou bleue) par une autre (verte ou marron). En fait, elle ne rompt avec rien; elle avance dans la voie ouverte il y a plus de trente ans, peut-être avant - par Carcopino, l'Ecole des Roches ?
Et cette belle formule de Marcel Meyer, saisie au vol :

Marcel Meyer
Date: 14 novembre 2009, 14:46

L'irréfutabilité absolue du "je pense que" est dans les fourgons du relativisme.
Francis Marche (message envoyé au Figaro.fr, et refusé)
Date : 01 décembre 2009, 09:24

L’ONU :


Il faut à présent qu'elle s'élève pour condamner fermement l'interdiction qui est faite aux musulmans dans les pays de l'Union européenne de lapider les femmes adultères comme le prescrit le saint Coran et de fouetter jusqu'au sang celles qui ont l'effronterie d'aller en cheveux devant les hommes. Cette interdiction, qui est encore générale dans les pays de l'Union, est parfaitement discriminatoire et bafoue de manière scandaleuse le droit humain fondamental de chacun à appliquer les préceptes de sa religion sans s'en détourner. Si cette interdiction est maintenue, et avec elle celle de couper la main droite aux voleurs de mobylettes et de stylos billes, la Commission des Droits de l'Homme doit être saisie sans délais et des sanctions doivent être prises à l'encontre des pays qui s'obstinent à réprimer ainsi de manière discriminatoire le droit du culte de leurs communautés issues de la diversité, et ce alors même que ce droit est inscrit dans la constitution de la plupart de ces pays ! Soyons nombreux à dénoncer cette hypocrisie en écrivant à la Halde pour qu'elle intervienne en haut lieu afin que la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU se détermine de façon la plus claire qui soit et qu'elles prennent les mesures qui s'imposent contre l'islamophobie qui règne sans partage dans le droit des pays européens.
Prochaine livraison dans quelques heures.
Cassandre
Date: 07 décembre 2009, 10:01

Je sens que Bruno Chaouat va encore se moquer (gentiment) de ma manie des comparaisons. Tant pis, j'assume.

Réduire l’identité française à une définition édifiante du genre pays des droits de l’homme, de l’égalité de la tolérance, de la Diversité , ou à la citoyenneté, c’est comme ne vouloir apprécier dans des plats gastronomiques que leur concentration en vitamines, en fibres et sucres lents. Autrement dit c'est comme n'apprécier un plat d'artichauds à la barigoule que parce que c'est bon pour le foie. Pas étonnant que cette France de régime, insipide, n’inspire pas les étrangers et qu’elle les laisse gourmands de leur pays d’origine qui risque de rester jamais leur vraie Mère-patrie dans le sens charnel du terme.
Renaud Camus
Date: 06 décembre 2009, 17:43

Cette histoire de citoyenneté "hermogénienne" (pour aller vite, pardon) est une invention rétrospective qui n'a aucune réalité "ontologique", comme vous dites, avant 1950, où aucun français n'avait le moindre doute sur ce que c'était qu'être français, et qui n'était pas très différent de que c'était qu'être juif en Israël ou arabe en Arabie ou japonais au Japon. C'est le bourrage de crâne immigrationniste qui fait croire à présent qu'être français, et cela depuis toujours, c'est avoir de papiers de citoyen français "point barre", comme dit élégamment M. Hervé Le Braz. Toute la littérature en atteste. D'autre part la France ne se limite en aucune façon à la République, ni diachroniquement ni synchroniquement.


[Ici une intervention de M. Chaouat que je n'ai pas retenue, c'est malheureux]


Renaud Camus
Date: 06 décembre 2009, 22:12

Ah oui mais ça c'est votre façon de voir les choses et celle qui a été imposée à notre peuple depuis deux siècles (un peu, très peu) et depuis cinquante ans (massivement) ; ce n'est pas du tout, au moins, la mienne (ni celle de nombreux Français, tout de même). Je suis d'accord avec votre premier point, pas du tout avec le second. Vous pointez exactement la faille qui a permis qu'on en arrive où nous en sommes : l'assertion selon laquelle les Français ne serait pas un peuple, mais un ramassis de vagues peuplades agglomérées à la va comme je te pousse. Je tiens moi que les Français sont bel et bien un peuple et que toute notre littérature en atteste — raison pour laquelle la Grande Déculturation était le prélude indispensable au Grand Remplacement en cours.


Francis Marche
Date: 07 décembre 2009, 03:24

Du reste il semble y avoir une confusion générale (ou un glissement sémantique général qui fait se fondre ces deux notions quand elle ne le devraient pas ?) entre citoyenneté et nationalité. Qu'est-ce qu'un Français de l'étranger, par exemple ? S'il ne vit pas dans la cité, en les murs de la nation et sous ses lois, que reste-t-il de sa superficielle citoyenneté ? Un Français de l'étranger, qui, au sens strict, n'est plus résident citoyen de France, reste un Français comme un juif est un juif à Barcelone, à Quimper ou à Buenos Aires.


Bruno Chaouat se méprend: il y a, chez certains Français, citoyens ou pas, et qui font peut-être encore la majorité, un Français profond, cratylien par la langue et le regard qu'il porte sur le monde, ce Français peut être un élément déclassé (comme on disait) chercheur d'or vivant en concubinage au fond d'une forêt avec une métisse amérindienne du Brésil et leurs douze enfants nu-pieds ne sachant lire ni écrire, ou ministre de France à Tokio comme l'était Claudel, ils poseront sur le monde un vieux regard parent, tout comme s'ils étaient, entre eux, des juifs.

Pire encore: ce regard, distant, désabusé, passant jugement intime sur le monde et paradoxalement en sympathie profonde avec lui, cet air retranché (que les Américains aiment qualifier d'arrogant) vous le voyez, vous le reconnaissez sur un visage ou deux parmi ceux de deux mille cinq cents touristes internationaux, par exemple, à la descente du bac qui assure encore le passage entre Tsim Sha Tsui et Hong Kong Central, dans le coeur de Hong Kong où mouillent les grands navires de croisière internationale. Vous voyez, dans ces regards, penser français.

Vous êtes donc priés de ne pas nier l'existence de cet être français quand vous revendiquez avec raison que s'affirme l'être juif. Chez cet être, juif ou Français dans l'âme, les considérations juridiques de citoyenneté ou de "nationalité" ne jouent guère.
Cassandre
Date: 19 décembre 2009, 17:54

Hier soir à l'émission de FO Giesberg, Arditi y est allé de son numéro bien rodé à propos du débat sur l'identité nationale qui, selon lui, rappelle "les-heures-les plus sombres-de notre-histoire". Qui a vu le soir même de l'arrivée de le Pen au second tour des élections présidentielles, Arditi errant dans Paris, hagard et mal rasé, accablé de honte pour la France, n'est pas près d'oublier cette image. Ce - beau - rôle lui collant à la peau, lui allant commun gant, on l'a sentit tout heureux d'avoir l'occasion de se le rejouer chez Giesberg, dans un registre différent, mineur et d'autant plus subtil (on n'est pas un grand acteur pour rien ) : ce n'était plus, en effet, la prostration navrée du 22 avril, mais l'air entendu de qui n'a pas besoin d'en dire plus pour se faire comprendre, quand il a lâché ce poncif éculé de la Bien pensance sur l'étranger qui devient en période de crise, et surtout s'il est basané (là, suivez mon regard ... ) le bouc émissaire idéal.

Ces gens qui depuis trente ans accusent le peuple de France de berlue : son remplacement par des populations étrangères ? un fantasme. L'insécurtié qu'elles engendrent ? un fantasme. La dangerosité de l'islam ? un fantasme. Le jihad ? un simple effort intérieur, et j'en passe, n'ont du peuple qu'une connaissance de seconde main, ou qu'un ...fantasme, un vrai de vrai, pour le coup. Ils l'imaginent comme ils voudraient qu'ils soient afin d'en faire le coupable idéal. Or quand on le connaît et le fréquente d'un peu près, jamais au grand jamais il n'a reproché ni ne reproche aux immigrés issus d'Afrique la crise, pas plus qu'il ne leur avait reproché au début des années 8o , le chômage. Les Français en première ligne sur le front de l'immigration ont toujours su faire la part des choses. Dès le début ce qu'ils ont reproché à la jeunesse issue de l'immigration africaine, c'est son détestable comportement, comme en pays conquis, et son manque de respect pour la population d'accueil, et rien d'autre. Comment quelqu'un qui semble si intelligent peut-il se déconsidérer ainsi ? Au point où il en est, et à son âge, il n'a tout de même plus de bile à se faire pour sa carrière !
Un très beau texte de M. Francis Marche, qui mérite tout particulièrement d'être retenu :


Clocher et Minaret
Envoyé par : Francis Marche
Date : 17 décembre 2009, 22:24

J'ai passé deux jours à Macau cette semaine, que je n'avais par revu, et dont je n'avais pas reparcouru les rues ni les cours depuis deux décennies. A l'époque, des familles de Portugais, ne parlant pas la langue commune et universelle qui en ces lieux d'Asie est le chinois dans tous ses états (cantonnais, hakka, mandarin dégradé, etc.) habitaient encore Macau. Ces Portugais pauvres, effacés, respectueux, triomphants (les plus beaux, les plus illustres monuments chrétiens avaient été bâtis par leurs ancêtres à l'est de Goa, tout le long de la côte chinoise, qui part de très bas (Malacca) et remonte très haut (Nagasaki)) tenaient famille, faisaient affaires, vivotaient, vivaient, à Macau.


Ces gens vous cuisinaient la bacalhau, vous présentaient l'huile d'olive qui n'existe pas, est inconcevable, en cette partie du monde, la bonne huile d'olive de l'archipel grec, de l'Odyssée, de Paul Claudel vous parlant de l'Odyssée, du berceau d'Occident, eux seuls, les Portugais, la faisaient couler encore en filet, comme s'ils étaient chez eux, sur ce littoral damné pour les Chrétiens. Je les revois encore, leurs petites filles pâles jouant au cerceau dans les hautes ruelles crasseuses de Macau comme si l'on eût été à Badajoz...


Ils ont disparu; leur langue, ce qui étonne tout le monde sauf ceux qui savent que le Portugal, jamais, de toute son histoire, ne dirigea ses bouches à feu contre la Chine, leur langue est respectée par la Chine! qui l'inscrit au fronton de SES monuments, qui protège des jésuites, des savants, des hommes de bibliothèque, et qui, invraisemblablement , alors qu'elle est depuis 10 ans à Macau chez elle, rénove, enjolive, exalte les vieilles églises de stuc et de bois de Macau: San Lorenzo, par exemple, et les pauvres monastères qui abritent encore, ainsi que le prétendent leurs vieux gardiens et dépositaires, des restes osseux de Saint-François Xavier...


La colonisation portugaise de ces côtes, hasardeuse, anecdotique, ô combien fragile (Macau ne dut de rester portugaise qu'à un boulet de canon qui fit exploser la flotte batave en frappant, lors d'un siège que les macanais soutenait avec l'energie du désespoir, les magasins de poudre du navire amiral protestant!), cette colonisation fut le fait de pauvre gens tenaces, infaillibles dans leur foi, respectueux du Grand Empire chinois, se sachant faibles, sages pourtant suffisamment pour ne rien ignorer de leur faiblesse et mesurant que leur génie ne pallierait jamais l'immense puissance d'un Empire qui se savait, depuis toujours, chez lui.


Et voici que Macau a tenu, tel le roseau: la Chine n'a pas daigné le détruire, et même, l'a adopté. Il est de ces colonisations qui, je ne sais par quelle profonde ingéniosité, sont fécondantes, de leur humilité même, de leur force désespérée à se plier, à ne JAMAIS plier.


De la contre-colonisation des faux dominants, des faux forts que l'on voit parader, se vautrer dans "le respect" anecdotique qu'ils imposent à qui les accueille en France, il ne restera strictement rien quand ceux qui sont chez eux se redresseront du buste et les balaieront.


Il ne reste de la britannique Hong Kong à peu près rien aujourd'hui, si ce n'est, à tout prendre, des idéaux droits de l'hommistes, continentaux, napoléoniens que Chris Patten (dernier gouverneur britannique de Hong Kong) est parvenu à insuffler à cette population avant de replier le drapeau pour toujours.


L'oeuvre portugaise, à l'inverse, modeste, moulée dans le réel, désespérée de jamais regagner son Portugal, à Macau, à fait souche, a fait naître une entité original et pérenne, respectée des nouveaux maîtres. Personne, sur cette côte chinoise qui frange un continent entier, ne déteste, n'a de haine envers les Portugais.

Dans certains jardins chinois secrets, on trouve des stèles portant des vers de Camoès.
Un texte de Cassandre, que par bêtise j'ai oublié de copier en entier. Dès que je trouve la fin, je la mets ici.


Cassandre
Date: 15 décembre 2009, 10:36

"Le respect du peuple souverain a néanmoins des limites. Le peuple peut se tromper gravement et il n'est pas nécessaire de remonter à l'Allemagne de 1933 et à l'élection d'Adolf Hitler pour en prendre conscience"


Cet argument du vote en faveur d'Hitler pour déconsidérer le peuple est on ne peut plus spécieux.


Primo, le parti nazi est resté minoritaire jusqu’à l’arrivée d’Hitler au pouvoir qui lui-même n’a jamais récolté plus de 37 pour cent des voix.


Deuxio, ce n’est pas seulement le peuple allemand qui s’est laissé avoir par Hitler mais toutes les « élites » dirigeantes européennes qui l’ont considéré comme un interlocuteur respectable et n’ont pas vu venir le danger, exactement comme aujourd’hui elles ne voient pas venir le danger de l’islam, avec ou sans isme, car de toutes façons c’est de l’islam que naît l’islamisme comme le poussin sort de l’œuf.


Tertio, le nazisme était une idéologie entièrement nouvelle et personne ne pouvait savoir à l’avance ce qu’elle allait donner. Les rares qui ont senti le danger, jugés fous ou offensants pour l’Allemagne, se sont faits interdire de parole et leurs livres n’ont pas été publiés. Ce fut par exemple le cas du grand écrivain Suarès, qui dès 36 avait écrit un livre pour mettre en garde contre le danger nazi que tout le monde voulait ignorer, comme aujourd’hui on fait taire ceux qui dénoncent le danger de l’islam et de l’invasion islamique alors que la religion musulmane, ses méfaits et ses nuisances, sont connus depuis fort longtemps et que cette connaissance aurait dû ouvrir les yeux aux élites d’aujourd’hui. Or, c'est le peuple et lui seul qui , présentement, les ouvre.


Enfin, une fois arrivé au pouvoir c’est par une FORMIDABLE PROPAGANDE TOTALITAIRE que le nazisme a déchaîné les Allemands contre les juifs. Or aujourd’hui la même formidable propagande totalitaire est déchaînée contre les Français et autres Européens DE SOUCHE qui commencent à être traités par l’envahisseur islamique comme les juifs des années 30. Qui dans ces années-là, en effet, brisaient les vitrines des magasins juifs ? Les petits voyous boches. Qui aujourd’hui brisent les vitrines des magasins « roumis » les petits voyous afro-maghrèbins. Qui dans ces années- là incendiaient ces mêmes magasins juifs ? les petits voyous boches. Qui aujourd’hui incendient les voitures appartenant aux Français roumis les plus modestes ? Les petits voyous afro-maghèbins. QUI, dans ces années-là, crachait, au sens propre et figuré, impunément, sur les juifs et les insultaient ? Les petits voyous boches. Qui, aujourd’hui crachent, au sens figuré et beaucoup au sens propre, impunément, sur les Français roumis, appellent à tout casser en France et à la « niquer » ? Les rappeurs afro-maghrèbins. Et qui passent à l’acte en brûlant les écoles, les bibliothèques, les bus et parfois les passagers avec ? Toujours les petits voyous afro-maghrèbins. Contrairement au peuple allemand, le grand mérite des Suisses est d'avoir su réagir à la propagande totalitaire qui se déverse sur l'Europe, [...]
Clocher et Minaret
Envoyé par : Damien Le Goaziou
Date : 16 décembre 2009, 14:35

Au courrier des lecteurs du monde (12 décembre) un monsieur s’offusque qu’on ne puisse construire des minarets en France au nom de l’argument rappelé par Mme Boutin selon lequel la France n’est pas une terre d’Islam. Nous avons, dit-il, construit des cathédrales à Alger donc en terre d’Islam, la logique voudrait donc que des minarets puissent s’installer dans une terre dite chrétienne. Mais contre toute logique notre lecteur condamne la première colonisation (implicitement) sans condamner la seconde. L’argument est sans doute davantage éthique : colonisation contre colonisation comme l’on peut dire œil pour œil, dent pour dent. L’ignorance règne : la terre d’Islam en question fut terre chrétienne avant que toutes traces historiques disparaissent ou à peu près, le concept de terre d’Islam et celui de terre Chrétienne ne sont pas réciproques et c’est peu dire, la colonisation française fut civilisatrice ce qui n’est pas le cas de celle à laquelle nous avons à faire mais affleure dans ce courrier également une grande lucidité quoique inconsciente : « Est-ce que les colons français qui construisirent des cathédrales à Alger se sont préoccupés de savoir si les clochers appartenaient à l’architecture arabe ? » Non. Logiquement donc les nouveaux colons ne sauraient s’encombrer à leur tour d’un tel souci. Le terme nouveaux colons n’apparaît pas mais l’idée est bel et bien présente. A travers tout cela et plus profondément c'est un désir de mort qui s'exprime. Baudrillard le dit je crois en substance : nous avons nous même suscité l'effondrement des Tours jumelles et leur substitution par des milliers de petites tours toutes de noirs vêtues. Contrairement à Baudrillard sans doute il faut s'en désoler.
Le Divers du Château de Grignan
Envoyé par : Francis Marche
Date : 28 décembre 2009, 22:20

C'est la saison de la discrimination positive. On le savait. L'Etat, le plus fort des états, le Tiers-Etat des Régions, la surpuissance territoriale, départements, régions, communautés de communes, entre les doigts de qui coulent les milliards, rachètent les châteaux que leurs propriétaires à particule seraient prêts à vendre à l'encan ou pire, comme carrière de pierre à bâtir pour payer leurs impôts locaux.


Ainsi la Drôme, département pourtant oublié de la collectivité nationale, en 1978, racheta la demeure de Mme Sévigné, château dressé sur son vieil entablement de 5000 mètres carrés, site d'un ancien oppidium romain, qui faisait plus que menacer ruine quand les ayant-droit de Mme Fontaine qui avait racheté la bâtisse en 1913, menaçaient, les ayant-droit, cette dernière, la bâtisse remise sur pied, du plus funeste des sorts. Plus funeste encore que celui que le comité révolutionnaire de Montélimar, organe inspiré et fortement déterminé à mener l'entreprise robespierriste jusqu'au bout, avait ordonné, en 1793, en décrétant la vengeance populaire sur la façade et les aîtres du château, et leur saignante déconstruction. Les révolutionnaires des bourgs marseillais et rhodaniens, en France, furent, 150 ans avant l'heure, les vrais précurseurs, inspirateurs, suprêmes modèles, des garde-rouges de Lin Piao et Mao. Zélés, capables, pénétrants dévorateurs de symboles, sublimes éradicateurs, fins débusqueurs du privilège indu, déduisant leur cible, l'isolant à l'issu de compliqués et irréfutables calculs, le comité des Sans-culotte de Montélimar s'arrêta sur le château de Grignan. Le Comité fit du très bon boulot.


La visite du château de Grignan où la vieille Mme de Sévigné, qui détestait la Provence venteuse et parfaitement glacée, et ses gens chaleureux entre eux mais méfiants et froids envers les visiteurs du grand nord qui commence à Lyon, n'eut d'autre choix qu'y mourir, est accompagnée. Un guide est désigné. Il est Arabe. Ce guide, qui est un type à vrai dire formidable, est le seul Arabe que l'on puisse trouver à 25 km à la ronde. Jamais guide de château ne fut plus prolixe. Sur la grande terrasse, de la superficie d'un bon demi-terrain de football, dans l'âpre mistral qui caresse le Ventoux, dans la grande froidure générale de tous les vents coulis qui descendent des Alpes, le voilà qui nous retient, nous comptant trente-cinq longue minutes quand nous nous tenons au garde-à-vous les pieds gelés comme des soldats à la revue, les fortunes et infortunes de la famille Adhémar en Provence, à qui l'on doit la première formule, quinziémiste, du château, les heurs et malheurs des divers corps de bâtiment, etc.


La discrimination positive est zélée. Elle donne sa chance au zèle parfait. Jamais, de toutes mes visites de châteaux depuis mon enfance dans une famille de grands visiteurs de château devant l'éternel, je ne connus guide plus exact, plus exhaustif, acharné au détail, à la date, à la récitation parfaite, au débit fluvial, qui ne s'interrompt pas. L'homme débite: "ce lit fut crié à l'occasion du séjour au Château de la comtesse polonaise Mme ..., qui demeura au château du 12 juillet au 21 septembre 1704". On traduit "ce lit fut créé", mais le reste est irréprochable. On remplace mentalement cet Arabe trentenaire par un bon guide chauve, un rien égrillard, un rien ventripotent, comme on les faisait autrefois et l'on entend déjà les "vannes" sur le lit, les passages secrets derrière les lambris, etc.: pas un quart des "données" que nous débite à la serpette notre guide Arabe, furieusement engagé dans la défense de sa discrimination positive, ne nous seraient livrées par l'autre débonnaire, son concurrent imaginé, qui serait évasif, qui nous prendrait avec des "entre nous, hein, on se comprend".


Je suis contre la discrimination positive, et je n'ignore pas que cet homme, compétent, irréprochable, savant et scrupuleux, prend la place d'un jeune Français tout aussi compétent, irréprochable, savant et scrupuleux que lui; pourtant qui blâmer et qui récuser ? le château de Grignan ("Versailles de la Provence") fut détruit par des petits hobereaux locaux en alliance avec la pègre et la basse plèbe qui ne juraient que par Saint-Just et Robespierre; il fut vendu, transformé en carrières, par des nobles et nobliaux du Royaume; il est là aujourd'hui grâce au Département et au Ministère et ses pierres continuent d'être agencées savamment par la collaboration de tous - bourgeois mécènes (Mme Fontaine de 1913 à 1937, date de sa mort) et compagnons.


Un Arabe, le seul que l'on ait vu ici, se met corps et âme au service de l'entreprise parce que le gouvernement local, enfin sage (?) le permet.
Qu'en dire ?

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Re: Le Divers du Château de Grignan
Envoyé par : Francis Marche
Date : 30 décembre 2009, 01:47

[…] M. "M'sieurs dames". Ce tic n'est pas exaspérant en soi, il est commun aux guides de monuments historiques, y compris et surtout aux "guides à l'ancienne", ceux qui tendaient la casquette, ou presque, avec leur "n'oubliez pas le guide" quand on franchissait la porte de sortie. Ce qui est exaspérant, ne craignons pas de le dire, c'est l'accent d'outre-méditerranée qui se révèle dans ce "M'sieurs dames". Il est très difficile de visiter un fleuron du patrimoine en emboîtant le pas à un cicerone accentué de la sorte. Il y a un pli, indiscutablement, chez le visiteur, qui tolère cet accent chez le garagiste, le fleuriste si l'on veut, mais qui le fait s'irriter ou se hérisser quand il doit le subir durant une visite patrimoniale. Je ne crois pas, à priori, que ce pli soit à défendre comme on défendrait son patrimoine. C'est un pli arbitraire et sans valeur, que l'on devrait passer outre. Il est certaines gênes qui doivent être tolérées quand celui qui les cause n'est pas nocent, ne désire pas ostensiblement s'imposer ou prévaloir.
La Comédie française par JGL le bien-aimé :


Le désastre touche aussi la Comédie française
Envoyé par : JGL
Date : 28 décembre 2009, 14:16

Samedi soir, à une heure de forte audience, la 2 a diffusé L'Avare, mis en scène par Mlle Riegel et joué par des sociétaires ou des pensionnaires de la Comédie française. Les journalistes assurent que ce fut un naufrage d'audience (moins d'un million de téléspectateurs) et ils en font porter la responsabilité à la 2 : du théâtre du XVIIe s à une heure de grande écoute au XXIe s, c'est le naufrage assuré. Mais aucun ne s'est interrogé sur la qualité du spectacle qui a été donné ce soir-là.


Je ne dirai rien des partis pris de mise en scène, assez incompréhensibles : la scène réduite à un très large escalier, sur lequel débouchent deux autres escaliers, l'un venant de l'entrée de la maison, l'autre allant vers les appartements et une porte menant aux cuisines et aux communs (? : c'est là d'où vient maître Jacques, cocher et cuisinier) ; des comédiens qui courent dans tous les sens, de gauche à droite ou de droite à gauche, qui montent et qui descendent les marches, on ne sait pourquoi, ou qui, quand ils ne courent pas, marchent à grands pas du côté cour au côté jardin ou inversement. Pourtant, la scénographie, le décor (de belles couleurs passées), les costumes aux belles nuances d'époque, le grain même des tissus, tout cela a été conçu avec soin et a nécessité sans doute d'importants investissements. En bref, la production n'a pas mégoté.


Ces partis pris seraient supportables si le texte avait été dit intelligiblement. Et pourtant, ce n'était pas des vers. Qu'aurait été le désastre si les comédiens avaient dû dire des alexandrins ? Le désastre vient surtout des comédiens (ou de celle qui les dirigeait) et de leur incapacité à dire le texte de Molière qui, certes, est dense, mais n'est pas très difficile. Une syllabe sur deux avalée; une phrase sur deux et même deux phrases sur trois rigoureusement incompréhensibles, même en mettant le son du téléviseur au maximum : une sorte de purée de mots dont on ne sait de quelle langue ils sont tirés. Le lendemain, le bêtisier de TF1 (vers 7 h) était présenté par une Suédoise, parlant à peine le français, mais qui ne disait pas plus mal son texte que les acteurs du Français.


Si seule la diction était en cause, cela ne porterait guère à conséquence. Le seul qui ait été intelligible est celui qui jouait le rôle d'Anselme : sans doute, un vieux comédien. En fait, les comédiens ont donné le sentiment qu'ils ne comprenaient pas grand chose à ce qu'ils disaient, comme si le français du XVIIe siècle ou le français littéraire était devenu pour eux une langue étrangère. Si les comédiens avaient été des amateurs qui font du théâtre le samedi soir pour se distraire ou pour "sortir d'eux-mêmes", cela n'aurait eu aucune signification. Le drame est que ces comédiens sont des "professionnels", qu'ils sont censés avoir reçu une vraie formation au métier de comédien, qu'en tant que sociétaires ou pensionnaires de la Comédie française, ils ont reçu pour mission d'illustrer, de féconder, de maintenir une tradition vieille de plus de trois siècles, et dont le fondateur est justement Molière, dont ils ont massacré le texte devant un million de téléspectateurs.


Il y a là un symptôme qui va au-delà de ce que l'on constate dans l'enseignement en général et dans l'enseignement des lettres en particulier, symptôme qui confirme les intuitions de nombreux penseurs, Steiner, Finkielkraut et autres, à savoir la fin de la littérature, comme il y a, selon Danto ou Belting ou Clair, une fin "de l'art", ou la fin de la vision littéraire du monde et son corolaire : la mise à l'encan du patrimoine littéraire de la France.
Rappel des faits par Olivier :


Envoyé par : Olivier
Date : 09 janvier 2010, 14:29

Islam B. a tué Hakim, hier, au lycée Darius Milhaud du Kremlin-Bicêtre.

Hakim : le nom a été prononcé ce matin, timidement. Mais d'Islam B., point. Ce prénom-là est sacré. J'ai dû me rendre sur le plancher des vaches du site "FdS" pour en trouver mention.

"Un drame individuel" qui ne doit pas donner lieu à des "interprétations démagogiques" : voilà ce qui s'est passé au Kremlin-Bicêtre hier, entre Hakim, qui voulait défendre sa soeur, et Islam B. - victime de la France.
M. Francis Marche, dans une passionnante conversation avec M. Bernard Lombart dont - hélas ! - je n'ai pas retenu les interventions :


Francis Marche
23 novembre 2009


Les temples d'Angkor -- qui forment un réseau s'étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres-carrés sur la rive gauche du Tonlé Sap -- attirent des centaines de milliers de visiteurs tous les ans, parmi lesquels cette semaine votre serviteur qui, pendant ses longues années asiatiques, s'en était vu proscrit l'accès pour cause de "guerre civile", ainsi que les Khmers nomment cette période qui débuta avec la chute de Lon Nol en 1971. Je savais que les Khmers Rouge les avaient occupés, s'y étaient retranchés: dans l'un d'eux qui leur servait de camp d'entraînement (à la guerilla urbaine ? qui sait) on me montre une pierre, une pierre carrée munie d'un déversoir, qui doit toujours être orientée vers le nord, cette pierre de grès, qui se nomme yuni, au centre de laquelle doit se dresser le lingua (statuette stylisée d'un phallus représentant l'essence du dieu Shiva), montre des bords rabotés, creusés comme la margelle d'un vieux puits: les Khmers Rouge s'en étaient servi de pierre à affûter leurs couteaux, leurs machettes. Le grand temple d'Angkor Vat, la vedette de cet ensemble, fut pillé comme tous, tout le long de ce conflit mais aussi de tous ceux que le pays a pu connaître depuis... le 12e siècle: chaque envahisseur, indou, cham (des musulmans venus de Cochinchine,), siamois, appuyés de mercenaires parfois, et puis tous les rois des multiples reconquistas dont le pays a pu être le théâtre, ont tenu à en corriger les traits, les dieux: c'est tantôt les boddisathvas, les bouddhas, qui sautent de leur niche sous les coups de burin, ou qui, plus étrange, se parent de barbes sous l'inspiration de prêtres indous pour qui ce trait doit les débouddhiser, tantôt les adjonctions, les aberrantes "restaurations" des Occidentaux (j'y reviendrai) censées faire pardonner les destructions; sans compter les pires et paradoxalement les meilleurs des pillages: les pillages par les affamés, j'y reviendrai aussi. L'une des portes secondaires de l'entrée ouest du temple d'Angkor Vat, qui est l'un des deux seuls temples du pays dont la chaussée royale se trouve aboutir à ce versant du temple, montre les stigmates de combats de "la guerre civile", soit ici un assaut de l'armée régulière contre les Khmers Rouges retranchés dans l’enceinte du temple, transformée pour l’occasion en citadelle: des impacts d'AK 47, avec, dans deux d'entre eux sur cette façade de grès et de latérite, fichée au coeur de la pierre comme un clou dans le puits de l'impact, une balle de ce fusil restée là depuis, et qui fait mesurer la terrible puissance de cette arme dont le nom (harmonie imitative) est déjà un mitraillage (hakkakarrrantset !) Quel dommage, quel désolant contraste que celui de balles d'AK 47 sur les murs d'un temple voué, somme toute, à la spiritualité, direz-vous. Au détour des galeries extérieures ornées de bas-relief, pourtant, cette impression se nuance: voici, sur les courses de mur de 28 mètres, des frises de bas-relief, qui ne sont que batailles, marches conquérantes, défis aux démons, mêlées inextricables, roulis de chars de guerres, arcs levés, piques dressées, corps agonisants, éléphants caparaçonnés chargeant, montés de jeunes amazones (comment les nommer autrement ?), tambours, meutes de singes en armures - vous avez bien sûr reconnu les thèmes de ces fresques, qui ne sont autres que ceux du Mahabharata et du Ramayana. Ici, c’est la bataille du Sri Lanka, avec le roi des singes, le grand singe blanc Hanuman (ab-humain ?), qui sauvera la princesse…


Les Khmers Rouges au fond, ont-ils fait autre chose que rallonger cette saga, en tenant à la lettre le rôle indispensable des asuras (démons) ? Et leurs impacts de balle font-ils autre chose que prolonger cette fresque infinie ? Infinie, à vrai dire non. Cette fresque fourche en son bout (le coin sud-est du grand temple) ; elle fourche classiquement, indo-européennement, en trois branches où sont figurées, par trois frises superposées, la vie terrestre avec ses travaux et ses jours, sise au niveau médian, le paradis au niveau supérieur, et en dessous, l’enfer, le Styx : tourments, corps étique des damnés, tortures imaginatives allant très loin, bien au-delà en tout cas, du coup de pique aux fesses, feux, fers, clous plantés dans tout le corps, démembrements lents, corps livrés aux bêtes, etc…


Et voici, incontournable, que dans un échange de regard avec mon guide dont le père a été tué par les Khmers Rouges, s’éclaire la vérité que j’attendais: ce que nous montre la frise de l’Enfer, les Khmers Rouges l’ont porté sur terre ; les Khmers Rouges, ennemis du Jugement Dernier, mécréants méconnaissant le péché, ont ouvert la trappe de l’enfer ; l’irréligieux fait cela, il mêle, il ré-entremêle ce que la spiritualité chrétienne, bouddhique, indouiste avait eu la sagesse, l’heur de déméler, de peigner; il fait remonter l’enfer sur terre quand la religion et le sacré avaient mis des siècles à l’y enfouir. Et si la religion n’était autre que cela : un grand peigne pour chevelure d’apsara, un grand peigne à trois dents (ciel, terre, enfer) servant à épouiller les hommes du mal ? Ce démêlage par ces trois frises au coin sud-est du temple se situe en bout du long déambulatoire des galeries où s’allongent les interminables mêlées que je vous ai évoquées. L’ultime message spirituel d’Angkor Vat ne tient-il pas dans cet ordre, l’aboutissement de cette longue, multimillénaire séquence ?


Les « restaurateurs » occidentaux ont tenu à laisser leur marque sur ces temples. Commençons par les Japonais qui, au côté des Français (notre prestigieuse « Ecole Française d’Extrême-Orient) se sont plus à nipponiser leur projet ; on se gausse, au Cambodge, de la misérable restauration des tours de l’un de ces temples où les Japonais ont décidé de sévir : des cordes, vous entendez, des cordes, de simples cordages à palettes d’emballage ceinturent les tours menaçant ruine, et, dans les galeries des bois d’étais, des bois d’étais comme dans les mines de jadis, soutiennent les murs et les acrotères. Mais quoi ! me reprend mon guide : les Japonais se sont voulus respectueux du site au point de n’y injecter que des matériaux périssables, ultra-respectueux de la pierre : foin de l’anastylose avec eux. La plus accomplie des anastyloses sera celle qui tient le temple « dans son jus » comme disent les antiquaires vulgaires. Et puis, j’y songe : au Japon, un temple, tous les trente ou quarante ans finit ainsi : en amas de bois et de cordes. On me fait en outre observer que ce qu’on fait les Japonais n’est pas décrié par tout le monde au Cambodge et que leur approche et leurs travaux ont le mérite d’exister, de ne pas nuire. De ne surtout pas nuire. Les Japonais sont un peuple in-nocent.


Les Américains, eux, coulent du béton sur la pierre, entre les pierres. Ils bombardèrent Angkor Vat sans état d’âme. Les Américains, qui n’ont jamais été bombardés, généralement bombardent sans états d’âme ; remettent sur pied leurs victimes tout autant sans état d’âme, à vrai dire galamment (plan Marschall).


Les Français : voici, en bout de galerie, le plafond de la chambre de Mme de Sévignée à Grignan, ou peut s’en faut : des caissons, bien carrés, en stuc, ornés d’un lotus en leur centre. Et puis, aux rambardes, où s’allonge le serpent Naga, des fers. En France, on s’en souvient, les bâtisses qui menacent, dans les campagnes, ont leurs murs tenus par des fers, des tenons de fer, des broches, des tés. La France des années 30 et sa ferronnerie efficacement à l’œuvre se rappellent ici. (toute la Troisieme Republique fut une sorte de petit age du fer -- ouvrages d'Eiffel, de Baltar - les Japonais, attentifs a distinguer les natures occidentales, a Yokohama, sur le site de la vieille mission francaise detruite par le grand tremblement de terre et l incendie qui s ensuivit, ont erige une replique a echelle reduite d un pavillon Baltar, en extreme-orient, la France, c est le fer)


Le pire et le meilleur des pillages : ces temples ont tous été pillés par les « brigands » qui n’étaient autres que des paysans souffrant de la disette, venus cueillir ici une tête de Bouddha, là sont allés décoller une aspara de stuc, un avatar de Vishnu comme on va cueillir un raisin dans une vigne par une nuit sans lune, quand on a faim. Des têtes de dieux ont été cueillies comme des fruits. Regardez, ici une statue de buffle a été sciée à sa base, et emportée, comme pour être mangée. Un petit trafic, vaille que vaille, où les Khmers rouges eurent sans doute leur part, a pu être entretenu dans les années d’enfer qu’a traversé le pays, qui a permis à certains de ne pas mourir de faim.


Et si ces temples, si riches, avaient eu aussi cela pour finalité ? S’ils avaient été édifiés en temps de gloire et de faste comme greniers de pierre pour les générations futures ? François Jullien, et bien sûr d’autres sinologues avant lui, aimait répéter que les monastères chinois étaient un peu la sécurité sociale de la société chinoise ; qu’en est-il exactement de la pierre de ces temples, n’a-t-elle pas été une manne pour temps de disette que le souverain prévoyant et prescient eût pourvu pour les générations futures ? Et si ce type de « dépenses somptuaires », pharaoniques, qui, engagées il y a des siècles permettent aujourd’hui, grâce aux revenus du tourisme, à ce pays de se maintenir dans la paix, peu ou prou, ne faut-il pas ajouter à leur intérêt et leur valeur intrinsèque celle d’une authentique utilité économique, d’un trésor d’investissement dont les intérêts, par les œuvres de restauration et les flux touristiques et donc de devises qu’elles génèrent à présent, se réalisent avec une ou deux dizaines de générations de décalage ? Et si tout temple, tout château, Versailles même, eussent ainsi été bâtis avec cette finalité annexe d’être plus tard consommés, tel un gâteau, un trésor pour pauvres d’après-demain qui, au lieu d’être enfoui sous terre comme, par exemple, le trésor des avaricieux (templiers, pirates) eussent été cachés dans le ciel pour, loin avant dans le temps servir de manne, servir la manne, faire, de leur pierre, aumône aux nécessiteux. Manne des rois, charité céleste, astucieusement pétrifiée, don impensable, don scandaleux aux yeux des petits riches qui, sans s’en douter, les auront respectés pour le bien des vrais grands pauvres à venir et le bon accomplissement de la noble volonté des constructeurs, laquelle, dissimulée dans le bel azur où elle se porte, sans rien en dire, aboutit et touche à ses fins pour les déshérités des siècles futurs quand ceux-ci en détachent les fruits.

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Ce que je retiens, préserve et laisse mûrir en moi de ces temples, de ces immenses amas de pierre et de végétation, laquelle détruit, retient, disloque, unit, façonne la pierre, est que ces temples, que fréquentaient les prêtres, ne furent jamais des lieux de congrégation si ce n'est dans le viol que leur firent subir les actes de guerre, les Khmers Rouges en particulier qui en usèrent comme abri. En Orient, comme vous le savez, le prêtre n'est pas un berger et ces demeures furent demeures des dieux qui jamais n'accueillirent aucune congrégation de fidèles. Les prêtres, les souverains, y venaient communier avec les dieux en de rares occasions; de tout temps, même par temps de pillage, on y est venu communier et les pilleurs ne firent jamais que consommer la demeure des dieux comme en Occident l'on s'incorpore le corps du Christ dans la communion. Le corps des dieux est ici un corps de pierre de carrière que la jungle épouse et auquel le pilleur, dernier disciple, dernier fervent, vient picorer sans autre cérémonie que l'alimentaire consommation des dieux pétrifiés. Ces temples de jungle - qu'on ne s'illusionne pas, la jungle fut là toujours - avaient pour vocation de ne jamais réunir personne que les dieux. Aussi tout ce qui y advient - mais c'est de ma part grande spéculation - ne fut jamais que sacré. Le massacre, l'apparente rapine, l'occupation armée des Khmers Rouges, y furent, par défaut, eux aussi sacrés et, paradoxalement, confirmèrent cette vocation. En Chine, les églises, les temples confucéïstes furent transformés en usines, en dortoirs par la Chine maoïste, furent convertis à divers usages utilitaires; mais non point ici où Shiva, dieu de la guerre, ne cessa d'affirmer en ces temples son domaine quand les Khmers Rouges y affûtaient leurs couteaux. Je n'en tire évidemment aucun enseignement, si ce n'est peut-être celui d'une permanence: la présence des dieux intime aux hommes bas de les imiter quand il avait plut aux dieux, dans leurs sagas, dans leurs fresques qui ornent ces demeures, d'imiter les hommes.

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Je ne sais vraiment pas si l'on peut parler de "déprédation": parleriez-vous d'anthropophagie à propos du "prenez et mangez, ceci est bon corps" des chrétiens ? Il en est de même ici, dans ces temples païens qui ne furent jamais conçus pour accueillir congrégation humaine mais le furent à la lettre comme séjour des dieux. Ces déprédations uniformes, cette érosion d'un trésor vivant ("trésor d'idées" comme Lévi-Strauss aime à caractériser le mythe quand il l'associe au "bricolage" ) ont eu un sens: le sens rituel conjonctif. Claude Levi-Strauss dans La Pensée sauvage (chapitre premier) démontre le rôle disjonctif des jeux, parmi lesquels il faut ranger la guerre, qui ont pour fonction de créer un événement asymétrique (à l'issue duquel se dégagent un vainqueur et un vaincu distincts et séparés), qui sera fruit du hasard et du talent exercés dans le cadre structuré des règles de l'art; tandis que le rituel part à l'inverse d'une situation asymétrique (le prêtre ou officiant d'une part - la part sacrée - les fidèles et les profanes d'autre part) pour aboutir à une communion et une égalisation symétrique, une fusion conjonctive. Il me semble que le grand spectacle de cette usure entropique, cette immense inertie aujourd'hui paisible qu'incarnent ces temples ruinés mais profitables sont là pour nous indiquer que la guerre est finie et qu'au plus fort de la guerre la communion rituelle avait lieu et lentement minait déjà l'événement, le jeu guerrier; et nous voyons le rituel nourricier ayant pris le pas sur le jeu se poursuivre aujourd'hui: les hommes qui ont mangé aux demeures divines, communiaient dans la faim et la nutrition -- les assassins, comme leurs victimes partageaient la même la faim --, continuent de le faire de manière structurée: les populations paissent aujourd'hui au tourisme qui s'allaite à ces demeures de pierres croulées. La voie du retour à la symétrie, à la ruine et à la poussière, bref, à la paix des érosions, est salutaire aux hommes.

En ce qui me concerne, cette paisible ruine physique des dieux païens m'apaise et me comble; à mes yeux, elle satisfait un cycle. Mais me direz-vous, tout ça est affaire de goût.
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Je profite de cette facétieuse fonction "ludion" du forum nouvelle formule pour vous répondre, cher Bernard, avec deux bons mois de retard à ceci, que vous écriviez fin novembre : Personnellement, je ne poussais pas trop loin cet éloge du recyclage des dieux de pierre. Il me semble que le moindre sentiment du sacré ferait respecter ces images divines et le travail des ancêtres, même devant la famine, d'autant plus que, comme vous le dites, Mère Nature est toujours là.


J'ai appris hier, car n'étant pas helléniste, que l'Athena Parthenos, statue chryséléphantine que fit construire Périclès sur l'Acropole, et qui coûta à la cité d'équivalent de deux cents navires de guerre, ne put l'être qu'avec l'assentiment du demos lorsque Périclès fit valoir qu'en cas de difficultés économiques graves, de péril majeur, il serait toujours possible de fondre l'or qui la recouvre pour financer l'effort que requerrait la crise. Et ce fut bien le cas quelques années plus tard lorsque l'on dépouilla la statue de son or pour financer la guerre du Péloponèse et faire face à la crise provoquée par "la peste d'Athène". Voyez donc comment, aussi en Occident, la thésaurisation dans et par la culture prit la forme d'un enfouissement des trésors dans l'empyrée et comment les Cambodgiens construisant puis déconstruisant leurs temples pour financer la guerre et échapper à la disette appliquèrent une recette d'épargne dont Athènes était coutumière.


Par ailleurs il y aurait un parallèle très intéressant à dresser entre la procession des Panathénées (la frise qui orne le monument de l'Acropole) et les interminables processions de guerriers et de gens du peuple, de dieux, demi-dieux et démons qui peuplent les galeries d'Angkor Vat: leurs dessins, leurs conceptions, le caractère hétéroclite et parfois prosaïque des scènes représentées, le fait que les "guides" de la processions avancent ça et là le regard tournée vers l'amont, etc. sont remarquablement similaires.
Ce genre de texte qui allie légèreté et lucidité me semble particulièrement correspondre à l'esprit de l'In-nocence où l'on cultive si savamment l'ironie :


Agrippa
22 janvier 2010, 15:10


L'institutrice demande au petit Vovotchka pourquoi il se permet de venir en classe avec des pantalons tous froissés : "C'est que hier soir nous avons branché la radio et nous avons entendu "l'oeuvre de Lénine est vivante". Ensuite nous avons branché la télévision et nous avons entendu "l'oeuvre de Lénine est vivante". Alors ce matin nous avons eu peur de brancher le fer à repasser.
Sur la communauté musulmane à Marseille, à l'occasion d'un discours du maire de cette ville :

Francmoineau
Date: 16 janvier 2010, 18:04

Moi, ce que j'aime bien, c'est : "Ces communautés, nous les subissons... nous les respectons".

Sinon, j'ai pris bonne note d'une insoutenable provocation, à l'égard des sensibilités laïques et républicaines, en forme de gigantesque sapin de Noël au cœur de l'espace public.

Trêve de plaisanterie, ce qui me hérisse à chaque fois dans ce genre d'incidents grotesquement montés en épingle, c'est l'obligation à laquelle croient devoir se soumettre les "accusés" d'en faire ensuite des tonnes pour rattraper leurs prétendues bourdes : précautions oratoires en acier blindé, circonlocutions embarrassées, protestations de bonne foi, exhibition de certificats d'amour de la diversité et de la tolérance, etc. - c'est encore plus pitoyable après qu'avant.
L'affaire Pie XII vue par l'In-nocence ; point de vue à mon avis très éclairant de M. Henri Bès :



Henri Bès
07 février 2010, 08:09 Vagues...

On reproche donc à Pie XII son silence, et à Céline ses paroles, ce qui me paraît une projection typique sur le passé des idées et préjugés du présent. Notre présent est dominé par le journalisme et ses valeurs : rien dans le monde journalistique actuel n'est plus important que ce que l'on dit, ou ce que l'on tait. Dans un univers journalistique, l'acte compte moins que la publicité qu'on lui fait. Il est avéré que Pie XII a sauvé des Juifs, mais cela importe beaucoup moins que son "silence" médiatique. S'il avait rompu ce silence, je gage qu'il n'aurait pu sauver personne, comme le roi de Danemark s'il avait porté une étoile jaune. Porter une étoile jaune est considéré aujourd'hui comme un "geste fort", qui vous assure l'estime de tous, et peu importe si on la découd une fois rentré chez soi. Les chapitres que Philippe Muray consacre à Céline et à ses pamphlets (analysés par rapport à la notion d'avant-garde dans ses Exorcismes spirituels) sont lumineux, et l'on ne peut qu'y renvoyer les lecteurs de ce Forum que la littérature intéresse.
Cassandre, à propos d'un sondage du Point :


Cassandre
08 février 2010, 14:26 Diversité : puisque les Français adorent ça...

[À propos de l’article du Point :
« 77% des Français apprécient la diversité des origines et des cultures »

Adresse :
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-02-07/77-des-francais-apprecient-la-diversite-des-origines-et-des/920/0/421586]


Ces sondages ne veulent rien dire. Ils font partie de la grande machinerie à bourrage de crâne.
A question insignifiante, réponse insignifiante. Demander à brûle-pourpoint à une personne qui a mille autre choses en tête sur le moment si la " diversité " est une bonne chose pour la France, elle répondra quasi automatiquement :oui, tant la question est dans tous les sens du terme insignifiante.

La question signifiante eût été la suivante : Trouvez-vous que la " diversité ", quelle qu'elle soit, est une bonne chose pour la France ? Et là vous auriez eu une toute autre réponse, à plus forte raison si la question avait été encore plus signifiante, à savoir : Trouvez-vous que la " Diversité " qu'apporte l'immigration massive d'Africains et de musulmans est une bonne chose pour la France ? Toutefois la réponse n'eût été différente que si les sondés avaient été certains que l'anonymat leur était absolument garanti, ce qui n'a pas été le cas dans ce sondage, car les Français ont désormais intériorisé, même inconsciemment, le Poliquement correct et beaucoup se seraient censurés par prudence, surtout si dans les sondeurs avaient figuré des personnes issues, elles-mêmes, de la "diversité " qui fait problème, ce qui est de plus en plus fréquent.

En outre parmi les sondés il faut désormais retrancher au moins 10 pour cent de personne issues de la " Diversité " qui fait problème, lesquelles, évidemment, n'ont pas sur la question le même point de vue que les autres.

Pour toutes ces raisons, et j'en passe, ce sondage n'est qu'une escroquerie de plus.
M. Francis Marche sur le Baiser de la Lune (http://www.le-baiser-de-la-lune.fr/partenaires/)


Francis Marche
01 décembre 2009, 15:39 Quelle adorable connerie !



Mais cette vision étroite de l’amour est bouleversée par Félix, qui tombe amoureux de Léon, un poisson-lune, comme par la lune, amoureuse du soleil : deux amours impossibles, pour « la vieille Agathe ».

Pourtant, en voyant ces couples s’aimer, librement et heureux, le regard de la chatte change et s’ouvre à celui des autres. C’est ainsi qu’elle quitte son château d’illusion et se donne enfin, la possibilité d’une rencontre…



Pauvre couille... comme si l'ahmûür, avait quelque chose de "libre et heureux" ici bas. Pauvres gosses.

"Quitter son château d'illusion": ceux qui, grand-mères arriérées ou vieux castrats d'une époque abrutie, croiraient encore en l'impossible et indispensable amour entre prince d'un soir ou de toujours et princesse construite pour un soir ou pour toujours, doivent se réformer, se repenser, se raboter leurs rêves, se rectifier: leurs désirs n'étaient qu'une putain d'illusion. J'adoooooore les gai(e)s de propagande. Ils sont simples, ils sont bruts, ils sont directs. Comme Pol Pot.
M. Francis Marche sur la poésie européenne, sur l'Esprit européen et son destin :


Francis Marche
20 février 2010, 00:25 Divertimiento


C'est une chanson d'un auteur-compositeur français que j'ai traduite en anglais sans m'y attarder, à main-levée, pour donner une idée de ce qu'elle contient à des amis américains. Le résultat révèle l'étonnante docilité de la langue anglaise, si docile que cela doit tenir de l'illusion, vraisemblablement une illusion collective: cela pourrait être du Dylan Thomas, du Ted Hugues, du Auden. Le texte original est à mes yeux extraordinaire. Le texte anglais qui résulte de ce petit travail ne l'est évidemment pas, pourtant il s'accolerait sans problème à quelque recueil de classiques du XXe siècle, par l'imagerie, la technique, la "facture" générale, comme si, sans le savoir, les poètes d'une époque, quelle que soit leur culture et leurs connaissances des poésies étrangères, chantent partout le même siècle. On peut s'amuser à retrouver cette chanson, divertissement du samedi matin, après les rapports sexuel et le petit déjeuner, mais avant la promenade des chiens.




The incredible is this : things that cannot be seen ---
Flowers with pencils, Debussy on the sandy strand
in some seaside town I know nothing about,
Girls cast in iron deep in drudgery
And miners mining in the girls’ white-hot belly
Cats wearing brassieres and factory owners
Labouring away in the South for the benefit of their workers

Myself, I leave in the fourth dimension
With the Comic Strip from mc2
I am TOMORROW and I am the oak tree and I am the hearth
Come, come to my home my love come to my home I’ll build a fire for you

I fly for no profit on the fields of miseries
I am an old Boeing from the year eighty-nine
And I start out for the last of all wars holding a flower between my teeth
My typewriter wears a brand new tuxedo
I can see the hi-fi system in the eye of child girl, and
Pianos on the bellies of girls in Paris,
A frozen chimpanzee singing along my music
humming along with me while yourself, you just kept silent.

You never say a word, you never say a thing
You weep sometimes, or you cry like animals do
When they know neither the whys or the wherefore and they say nothing
Just like you, when they leap to welcome me with an empty gaze or faraway eyes

In your deserted belly I can see multitudes
My name is TOMORROW and the tomorrow of my life is YOU
I can see fiances gone astray who strip naked
When hearing your velvety voice that sails over the pitch black night

I can see tepid odours on the cobblestones of dreams
In Paris, when I lie on your bed staring at
Girls and sponges streaming on over me, who sob away the sap and quintessence
Of the Age of Madness

Myself, I live elsewhere, in the X dimension
With the Comic Strip in a friend’s place
My name is NEVER and my name is FOREVER and my name is X
I am the X of the formula of Love and Boredom

I can see blue street cars on the toy railroad of sad-looking children
And Chinese screens standing against the northern gale
And objects without object and windows of artists lodgings
Wherefrom Sunshine and Genius and Death are exiting

Look ! nearby these windows I can see an orphan star
Who flies down into your house to talk to you about me
I have known that star for a long time, she is a neighbour of mine
But its twinkling light is only an illusion, much as I am an illusion


And you never say a word and you never say a thing
But you glow in my heart like that glowing star
With her fire gone lost on far away paths
You never say a thing and you never utter a word….

Just like the stars of the night that never could speak

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Je vois que la poésie ne fascine plus les foules de l'In-nocence, qui s'en détournent mindlessly à la poursuite du leurre matérialiste et de la préparation des vacances à Megève... tss...tss..tss... Il y aurait eu tant à dire, pourtant, de ce phénomène: que des langues aussi disparates qui, suivant la doxa académique, devraient produire des "visions du monde" divergentes, poser sur le réel des prismes différents, etc.., se trouvent, sans que le traducteur ne l'ait voulu ou mis en scène le moins du monde, mobiliser des outils croisés dans leur équivalence. Les poètes de langues et de cultures différentes voient et écrivent les mêmes choses et ô surprise ces choses ne sont nullement "éternelles" ou transcendantales, elles sont temporelles, et les moyens pour les dire ou les évoquer ou les représenter ne sont pas uniformes certes, mais ils ne sont pas non plus sans équivalence car ils sont engendrés et livrés par les formes mêmes d'une expérience extra-linguistique partagée: la rime ici (dans la version anglaise) dissoute et absente, loin de soustraire à l'enchantement du poème, fait évoquer un classicisme d'école ou d'époque du domaine anglais qui se révèle lui-même enchanteur et qui avait donc été suscité, dans les originaux de cette langue, non point par quelque parti pris formaliste, savant ou obéissant aux seules traditions d'écoles de poésie de cette culture mais bien par le contenu lui-même, ou plus précisément par l'effet ordinaire de l'être des choses et de l'expérience à la fois commune et singulière où il a plongé les hommes du siècle (singulière mais commune à leur insu).


Il est probable que le XXe siècle, qui fut le premier à introduire une uniformité dans l'expérience du sensible chez les hommes cultivés et cultivant perception et pratique de la poésie (partout, en Angleterre, en Allemagne, en France ou en Amérique, l'industrie, la monoculture, le paysage artificialisé qui s'uniformise, l'enclos urbain partout le même, l'habillement aussi, etc.) révéla aux poètes et à tous ceux qui les écoutent et les aiment qu'il n'y a plus ni école, ni histoire de l'esthétique désormais mais seulement un dictateur (ce qui dicte) et forge son emprise sur les formes: le réel dans toute l'uniformité de son chaos.

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L'auteur de la chanson française est un natif de chez vous, et présentait un profil biographique et familial ressemblant aux vôtres. Croyez-moi bien navré et très sot de ne pouvoir vous écrire cela en italien.


Un dernier mot: je propose qu'à partir des premières années du 20ème siècle, une inversion se soit produite: jusque là, le paysage européen avait été unifié dans l'esprit (celui, pour commencer, du christianisme), cependant que le paysage physique et sensible du continent demeurait des plus contrastés: la Bavière, la Provence, le Buckinghamshire étaient divers, différents, incomparables les uns aux autres, et les poètes, très longtemps, n'eurent d'yeux que pour l'idée, l'idée esthétique, et l'esprit qui dictait les formes communes aux poètes de ces cultures. Le renversement du premier quart du siècle, que, dans le domaine anglais, l'on pourrait dater de la parution de The Waste Land de T.S. Eliot en 1922, consista simplement en ceci: désormais, c'est le paysage physique qui serait partout ressemblant et dicterait l'unité ou la congruence des formes de l'évocation poétique, cependant que l'Esprit se disloquerait lentement (la mort de l'esprit prend du temps, des dizaines et dizaines d'années) dans, précisément, la mortelle diversité des cultes, des singularités et le culte de la singularité.

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Dans l'espace européen au sortir de la première Guerre mondiale s'affirme une unité du sensible elle-même issue d'une uniformisation des paysages (sous l'effet de la normalisation industrielle et technique) et des conditions de l'expérience; on assiste alors à une substitution progressive de cette unité de l'expérience sensible à l'ancienne unité de l'Esprit et c'est cette unité nouvelle de l'expérience qui dictera désormais à l'esthétique ses tours -- par un éventail de moyens classiques et relativement réduits, les poètes, les artistes désormais, chanteront un réel uniforme et son corollaire, l'uniforme désastre de l'Esprit -- cependant que la dislocation de l'ancienne unité de l'Esprit donne naissance à des fragments que l'on verra se durcir en idéologies contradictoires et antagoniques (communisme, fascisme, démocratie, Révolution, etc.) qui vouent l'Esprit à une plus grande mort encore; puis les poètes, suite au deuxième désastre européen des années 40, ne chanteront plus que des fragments de l'Esprit (Aragon chantant le Communisme, etc.), la fascination pour l'unité du sensible en étant venue à son tour à les déserter.


On remarquera que l'Esprit ne s'étant pas résolu à se reconstituer à ce jour, il n'existe encore aucun poète des Droits de l'Homme dans l'espace européen.
Tableau réaliste de la "France d'après" :


M. Petit-Détour
11 février 2010, 13:40 Destin

La France dans quarante ans ? Un pays peuplé de 85 à 90 millions d'habitants, urbanisé ou plutôt banlocalisé jusqu'à la trogne, tout juste autosuffisant sur le plan alimentaire du fait de la stérilisation de ses sols et secoué régulièrement de micro guerres civiles identitaires locales.
M. Marche sur la Journée sans immigrés :


Francis Marche
03 mars 2010, 00:18 Re: Communiqué n° 1004 : Sur la "journée sans immigrés"


La Journée sans immigrés devrait, pour donner toute la mesure de la contribution à la société des personnes étrangères vivant et travaillant en France, s'accompagner également d'une grève des remises d'argent aux comptes dont sont titulaires leurs proches à l'étranger, de manière à ce que l'on puisse efficacement mesurer les sommes qui quittent ainsi le pays par cette voie; elle devrait également s'accompagner d'une suspension des versements d'allocations familiales françaises outre-méditerranée, pour la même raison. Enfin, souhaitons que l'édition 2011 de la Journée sans immigrés soit l'occasion d'une mobilisation massive des Français à l'étranger qui s'obligeront ce jour-là à dépenser sans compter dans le commerce en ligne auprès d'établissements français, de manière à ce que l'on puisse mesurer à cette occasion la masse de PIB perdue que représentent ces Français qui se sont exilés à l'étranger pour, entre autres raisons, ne plus avoir à subir la présence des "immigrés", avec ou sans papiers.
Ceci, que je trouve particulièrement savoureux :


Renaud Camus
22 mars 2010, 10:05 Re : Quand les résultats du second tour des élections régionales déplaisent à SOS Racisme.

Quand je serai grand, je veux faire catalyseur de grille de lecture, comme boulot.
La gauche et le peuple par Cassandre :


Cassandre
17 mars 2010, 10:49 Re : Dupont Lajoie: un hymne à la francophobie


Je suis entièrement d'accord, comme souvent, avec Michéa. La Gauche de plus en plus caviar n'a feint de respecter le peuple que tant qu'elle n'a pu faire autrement sans perdre la face, de même que l'Eglise n'a feint de respecter la laïcité que tant qu'elle n'a pu faire autrement. Mais toutes les deux piaffaient de saisir l'occasion qui leur permettrait à l'une de laisser libre cours à son mépris, voire à sa haine du populo, à l'autre de mettre à nouveau le religieux au centre de la société. Pour la première, les évènements du Chili, mais surtout le refus du peuple de prendre au sérieux la "révolution" de fils à papas que fut mai 68, constituèrent ce prétexte, et l'immigration l'aubaine d'un peuple de remplacement paré pour les besoins de la cause de toutes les vertus que l'on refuserait désormais de reconnaître à celui de souche. Quant à l'islam qui est une aubaine pour l'Eglise puisqu'il permet de remettre en cause la laïcité, il en est une autre pour la gauche caviar et une certaine droite : Le peuple divisé, remplacé par des communautés réduites aux aguets, n'est désormais plus à craindre.

En somme après avoir liquidé l'aristocratie avec l'aide du peuple et au nom de la nation, la caste bourgeoise au pouvoir liquide aujourd'hui le peuple et la nation avec l'aide de l'immigration. La boucle est bouclée.
Analyse éclairante et vivifiante de M. Marche de l'ouvrage Le Racisme expliqué à ma fille de Tahar Ben Jelloun :


Francis Marche
13 mars 2010, 17:49

Ce type est sale. Il diffuse ainsi un catéchisme du ressentiment musulman. Ce catéchisme ("à ma fille" et autres mièvreries) est bien pire que tout manifeste de haine dressé contre des adultes. Ce type est un guerrier qui avance tête basse; sa tête est basse parce qu'elle est penchée sur la prime jeunesse, l'enfance, l'innocence et l'ingénuité. Il est fin, il est lourd, pesant et insidieux; il "travaille" l'enfance et ses naturels défauts de connaissance du monde réel, du monde adulte. Il travaille sur l'enfance, terrain acquis au lâche. Avec des mots simples, des mots de livres pour enfants, il inculque, il édifie, il dresse. Il est un faiseur anodin et tranquille de violences et de destructions futures. "Les Croisés", dit-il, et en-avant... il déroule, il contente l'enfant de choses efficaces et simples, de choses finies et prêtes à l'emploi, prêtes à l'action et à la tuerie, de choses toutes crues pour la compréhension de l'enfant affamé de mise au clair et de déblaiement léger et naturel. L'enfant le suit, nul doute pour l'enfant qui l'écoute que le Chrétien est un chiendent à éliminer, sans haine particulière d'ailleurs, l'élimination du Chrétien, qui n'est pas un juif, doit s'opérer sans haine particulière - vous ne haïssez pas la poussière de vos meubles que vous époussetez - vous les époussetez seulement avec tout le souci premier, naturel, de remettre le monde à l'endroit.

Quelle sinistre pouillerie, savante, appliquée, pliée au réel du monde dans lequel Ben Jelloun a conquis sa notoriété, le monde bobo Saint-Germain, pouillerie simple, avec son parfum d'exotisme juste ce qu'il faut, parfaitement tolérable, et qui pour un peu, se donnerait des airs de vieille France, qui s'attendrirait presque sur la faute des Chrétiens qui ne savent pas ce qu'ils font en n'étant pas musulmans....

Aucun chrétien, jamais, ne serait-ce que parce que l'entrepreneur en chrétienté (saint Augustin, saint Thomas) n'a jamais eu de temps à perdre avec quelque considération de "supériorité" que ce soit des uns sur les autres, pour songer à traiter les musulmans comme poussière, ne s'abaissera à combattre cette tête baissée, ce mufle fin.
Dialogue au sommet entre MM. Francis Marche et Orimont Bolacre à l'occasion de l'affaire dont M. Eric Zemmour a été l'objet en mars dernier :


Francis Marche
11 mars 2010, 15:47 Un commentaire



[…] Je doute, hélas, qu'il soit entièrement dans le vrai. Mais au fond il peut encore ne s'agir que d'une question d'optimisme. Les idées avancées par Zemmour sur les plateaux de télévision font leur chemin tout autant que les nôtres sur ce forum, mais elles butent tout autant sur les arguments que l'on voit, par exemple, Miller et son comparse leur opposer: Qu'est-ce que vous dites à ces Noirs, à ces Arabes des banlieues ? Les paroles de Zemmour ne sont pas bisounours, les nôtres non plus, et dans ce monde, cela ne passe pas; ne pas être gentil et conciliant avec les minorités hostiles, les catégories sociales qui étalent en toute impunité leur haine et leur dangerosité, voilà ce qui est condamnable à leurs yeux. La vérité ou le mensonge ne sont déjà plus que secondaires, ce qui compte, ce qui prime désormais, c'est d'apaiser... apaiser... apaiser les tensions, réduire les risques de conflits, de "flambée des banlieues", de caillassage généralisé, de désintégration du corps social. Les Miller, Begaudeau et autres dont je n'ai cure de retenir les noms sont D'ACCORD, au fond, avec nous; lorsqu'ils se démarquent des constats les plus alarmants que nous leur soumettons, c'est parce qu'ils s'épouvantent des conséquences que peut comporter la mise au clair de ces constats. En ce sens, nous devrions dire que les vrais réactionnaires apeurés, ce sont eux, qui font la chasse, non point exactement à la vérité mais à la parole qui l'énonce. Cette parole est condamnée comme dérapage, sous-entendu dérapage dangereux, sortie de route avec son risque de heurt violent ("guerre civile" disent-ils), qui, comme toute guerre qui a lieu un jour, n'aura pas lieu, concluent-ils en forme de voeu pieux.


Un dernier mot si vous le permettez, s'agissant des "relations publiques" du P.I.: le site du Forum de l'In-nocence est trop peu référencé en liens dans les sites amis (ceux notamment qu'il est convenu de désigner comme "réacosphère").

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Francis Marche
11 mars 2010, 16:56 Pessimisme


Le monde n'est pas (ou devrait-on dire n'est plu) complaisant avec ce qui se présente à nos yeux comme des évidences. L'évidence à nos yeux -- les traits du personnage Renaud Camus que vous nous énumérez en dressant d'eux un bilan positif dans la perspective d'en faire un personnage médiatique -- a pris l'habitude, en gros depuis le tournant du millénaire, de mordre la poussière. Votre "lecture" du personnage Renaud Camus est bâtie sur des références qui n'ont plus cours dans la population, y compris dans celle que l'on est convenu d'appeler "de souche". Renaud Camus, pour elle, est opaque, dans le meilleur des cas; dans le pire des cas, il est un "freak"; il n'est ni sympa ni pas sympa; il est indéchiffrable et appartient à un monde, en gros celui décrit dans les livres que les gens lisaient autrefois, qui n'intéresse personne. Nous sommes, la plupart d'entre nous, des hommes du XXe siècle, nous sommes encore en lui, ce siècle passé qui a bien failli ne jamais finir, et nous conférons comme des personnages de Tchékov (la Ceriseraie) ancrés dans un XIXe siècle révolu et ne voyant pas que le siècle nouveau, non content de ne pas les comprendre, refusait même de les connaître.


Je ne vois pas d'explication autre à ce phénomène. Voyez ce qu'écrit ici Cassandre depuis des années: quoi de plus pur et transparent, évident, articulé, quels argumentaires sont plus fortement et plus souplement construits, dans une langue modeste et irréprochable, abordable à tous ? Pourtant, elle m'apparaît seule, sans écho particulier dans le brouhaha général des prises de parole publiques sur les sujets qui lui tiennent à coeur.


J'ai vu par hasard il y a quelques mois des images de ce qui ressemblait à ce que l'on appelait autrefois un meeting, en un lieu de rassemblement dans la capitale. Ce devait être à l'occasion de l'affaire des caricatures de Mahomet. On se relayait pour prendre la parole, grosso modo pour y dire ce que peut dire sur le sujet un Pat Crondell. Un homme d'âge mûr, remarquablement convaincant, improvisa un véritable discours à l'ancienne, à la Jaurès, sur le droit d'expression et notre refus de voir notre société revenir au 8e siècle - de très belles envolées, des phrases claquantes, des images fortes, des arguments, des comparaisons, des illustrations, en béton. Après lui, un jeune homme, a voulu prendre la parole, pour renchérir, et étoffer ce qui venait d'être dit, et ce jeune homme est alors apparu, à dire vrai, comme un qui manquerait de conviction; il n'avait pas suffisamment vécu en ce sens qu'il lui manquait l'expérience du monde ancien, du monde libre d'autrefois, pour ne serait-ce que prolonger ce qui avait été dit par son aîné. Son aîné avait tout dit, et il n'y aurait, après son départ, aucune relève véritable à espérer. Le meeting s'est étiolé ensuite, l'assemblée a commencé à penser à se disperser. Je n'ai pas le temps de vous en écrire davantage mais je vous fais confiance: vous m'avez compris.



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Orimont Bolacre
11 mars 2010, 17:40 De la graine d'émigré pragmatique


Le message de Francis m'a rappelé une conversation récente avec une adolescente d'une quinzaine d'années. Parlant de tout et de rien, le sujet tombe sur ses camarades de classe et elle relève avec humour les contradictions identitaires des élèves d'origine maghrébine ou africaine, le patriotisme délirant qui les tient pour leur fameux "bled", le rejet de la France mais l'exigence d'être considérés comme aussi Français que pas un, l'habituel caprice. Là-dessus la conversation roule sur les rapports entre jeunes et, en direct du "pays réel", on est bien loin des millnerades de plateaux télé. Tout cela est dit sans le moindre complexe, en toute tranquillité, oui, la racaille, oui, évidemment, il faut faire attention etc. et j'imagine alors que les propos de cette jeune personne ressortissent à cette fameuse "libération de la parole", que cette génération-là ne s'en laisse plus compter par la crainte de passer pour raciste et, de fait, ça ne l'effleure même pas, elle ne fait que dire ce qui est. Parfait. Seulement voilà, après cette entrée en matière, voici qu'elle ajoute que, de toute façon, la France, maintenant, c'est comme ça et que ça ne va pas changer, qu'on ne reviendra plus en arrière et que ceux qui ne sont pas contents n'ont qu'à partir. "Ceux qui ne sont pas contents", on aura deviné que ce sont les habitants de la France d'avant, dont elle est pourtant la descendante mais que lui importe car elle est bien plus la descendante du "faut voir les choses en face", du "c'est clair", du "on peut pas faire autrement".


(Après coup, je me suis étonné que cette injonction à "aimer la France comme elle est ou la quitter" ne soit pas encore, à ma connaissance, utilisée à l'encontre de "ceux qui ne sont pas contents", au gré d'un de ces retournements de situation dont l'histoire a le terrible secret).
A propos de l'instruction publique en France, une citation qui m'a enchantée ; Virgil nous avait livré un petit extrait percutant de Georges Pompidou :

"... des enseignements destructeurs - je parle de la sociologie notamment. Il s'agit d'une science balbutiante, dont beaucoup de spécialistes ont d'autant plus d'assurance que leurs connaissances sont plus incertaines et bien souvent, en France au moins, mal assimilées. Comme les sophistes de Platon, les scolastiques du XVe siècle, ou les médecins de Molière, ils cherchent leur autorité et leur prestige dans un jargon spécifique, inaccessible au profane, et appliquent leur intelligence et les détours de leur esprit à critiquer une société où de fait ils n'ont aucune utilité clairement définie. Ne menant pratiquement à rien et les bourses aidant, ces études n'ont nulle raison de finir : il est caractéristique de constater que la plupart des leaders du mouvement de Nanterre avaient passé l'âge où un homme normal déserte la faculté pour un métier et l'étude pour l'action."
Georges Pompidou, Le noeud gordien, 1974, p. 22.

C'était hier le 17 septembre 2010 à 10h58

J'ai un doute : des textes uniquement de la plume des participants à ce forum ?
MM. Henri Bès et Marcel Meyer sur Pie XII :


Henri Bès
13 mai 2009, 10:35 Le dégoût et le mépris


J'ai suivi sur une chaîne historique câblée (c'était, je crois, "Toute l'histoire") un documentaire intéressant sur Pie XII, et sur ses actions concrètes de sauvetage de personnes en danger. Je me disais en suivant cette émission, que le reproche qui lui est fait d'avoir gardé le silence, était bien un reproche de journaliste, pour qui la parole, la déclaration, la prise de position verbale, sont tout, et rien les actes que n'accompagneraient pas les médias et leurs campagnes publicitaires. Peut-être que s'il avait parlé ("dénoncé") et condamné hautement le nazisme, il aurait subi des représailles telles que tout sauvetage concret aurait été impossible. Le haut rang des ecclésiastiques ne les protégeait pas des nazis : l'évêque orthodoxe de Prague, qui donna asile aux assassins de Heydrich, fut exécuté avec son clergé, si ma mémoire est bonne. J'ai entendu dire que Pie XII se préoccupa d'abord des catholiques d'origine juive menacés par les persécutions raciales. Si c'est vrai (il circule tant de calomnies sur Pie XII), je déplorerai ce choix, qui est peut-être compréhensible d'un point de vue catholique. Qui mesurait, dans les années quarante, l'ampleur et la spécificité de l'entreprise nazie? Pie XII (qui participa à la rédaction de l'encyclique Mit brennender Sorge) a pu se taire pour se ménager une marge de manoeuvre. Je me suis souvenu de ce gauchiste anglais qui avait proclamé hautement devant les caméras qu'il se constituait "bouclier humain" à Bagdad, et qui avait quitté discrètement l'Irak quelques jours après son arrivée triomphale. Cet homme, à l'inverse de ce pape, est une pure créature de la médiasphère, médiasphère qui s'acharne sur la mémoire de Pie XII comme elle s'acharne sur Benoît XVI. Pour moi, c'est une raison suffisante de les défendre.

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Marcel Meyer
13 mai 2009, 10:51 Re : Le dégoût et le mépris


Disons que le cas de Pie XII est complexe. Il ne faut pas cependant sous-estimer, dans le contexte de la Shoah, l'importance des déclarations publiques. Le massacre se déroulait dans le secret et soulever l'éteignoir, faire passer l'information, crier la vérité à la face du monde constituait un enjeu d'une importance vitale.

Pie XII ne s'est d'ailleurs pas complètement tu puisque dans son message de Noël 1942, il a évoqué « les centaines de milliers de personnes, qui sans aucune faute de leur part, parfois seulement en raison de leur nationalité ou de leur lignage, sont destinées à la mort ou à un dépérissement progressif. » C'est de la litote, mais c'est mieux que rien. Il ne lui est d'ailleurs rien arrivé à cause de cela, et quand bien même... Une chose en tout cas est certaine : le Vatican savait parfaitement bien ce qui se passait, on en a de multiples preuves. Or en septembre 1942, Myron Taylor, représentant des États-Unis à Rome, et ses homologues anglais, brésilien, uruguayen, belge et polonais préviennent que le « prestige moral » du Vatican est sévèrement compromis par sa passivité face aux atrocités, à quoi le cardinal Maglione répond que les rumeurs ne sont pas vérifiées.

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Henri Bès
14 mai 2009, 20:11 Re : Le dégoût et le mépris

Une idée que je vous soumets comme ça, et qui m'a traversé l'esprit en lisant le post de Rogemi. Et si, par hasard, on reprochait finalement à ce pape d'avoir compris, comme le clergé martyr des pays occupés, l'égalité dans le mal et la perversion des deux totalitarismes complices puis rivaux? Après tout, après 1945 et la victoire de l'un sur l'autre, toute l'historiographie européenne ou presque a été écrite du point de vue stalinien, et Jean Sévillia, par exemple, nous rappelle ce que notre état culturel et idéologique actuel doit à cette stalinisation initiale de la culture européenne. En parlant de silence, je me souviens avoir appris avec étonnement que Primo Levi, se présentant en 1947 à l'éditeur communiste Einaudi avec son livre de souvenirs de déportation, Si c'est un homme, fut éconduit, car la "ligne générale" était d'effacer les aspects raciaux du nazisme et de n'exalter que les martyrs politiques. Pour en revenir à l'église catholique, elle témoigne de cette expérience historique-là, et sa seule mémoire vivante suffit peut-être à remettre en cause l'amnésie de l'horreur communiste et l'hypermnésie de l'horreur nazie (j'emprunte ces termes au Malheur du siècle, d'Alain Besançon). On reprocherait donc moins à Pie XII de s'être tu devant la Shoah, que d'avoir compris en globalité à quel point cette guerre, dans sa dimension génocidaire russo-allemande, était une espèce de lutte entre deux géants également mauvais, Gog et Magog...
Cassandre sur les causes de la violence à l'école :


Cassandre
28 mars 2010, 11:26 Communiqué n° 1023 : Sur l'émission "Répliques" à propos de la violence à l'école

J'ai écouté l'émission et j'ai trouvé que si le sociologue s'était montré courtois, prudent et mesuré dans les termes, il n'en reste pas moins représentatif de cette sociologie de l'excuse, même s'il s'en défend, à l'intention de la jeunesse contre-colonisatrice.

D'abord il est allé chercher à propos des tournantes et de la condition des femmes dans ces ghettos africains l'exemple des ... Italiens en Amérique dans les années 50 ! Ensuite il a mis en avant une idée chère à cette sociologie de l'excuse et que le Monde a souvent fait sienne : ces jeunes refusent les codes d'une république qui ne tiendrait pas ses promesses !

D'abord on ne voit pas que ces promesses soient si claires, si tapageuses qu'elles puissent conditionner à ce point des gamins de 12, 13, 14 ou 15 ans dans ces ghettos, et par conséquent les décevoir. Mais surtout, à supposer que ce soit vrai, de quelles promesses s'agit-il ? celles qui hier encore faisaient espérer, à juste raison, aux enfants du peuple de pouvoir s'en sortir grâce à l'école républicaine, par l'effort, la patience, la persévérance, la discipline et le respect des maîtres , ou les promesses d'aujourd'hui, qui font espérer TOUT TOUT DE SUITE, à égalité et à tout le monde, sans effort et dans le mépris total de toute autorité à commencer par celle des professeurs? Or ce sont ces dernières promesses on ne peut plus démagogiques qui ont rendu impossible la transmission du savoir et l'élévation des enfants les plus déshérités dans l'échelle sociale. Et quels en sont les principaux responsables sinon ces sociologues et pédagogues qui, pompiers pyromanes, déplorent aujourd'hui un échec qui leur est imputable ?
Quand minuit sonne sur l'In-nocence :


Francis Marche

02 mai 2010, 00:00 Vers la disparition des transports en commun ?


S'il ne faut pas redouter d'affronter la violence qui se présente, ni même le recours violent dans des situations qui n'en laissent aucun autre, il est très hasardeux, à grande distance des événements que vous anticipez, cher M. Mavrakis, de tabler sur son escalade mécanique comme vous le faites. L'issue que vous évoquez n'est pas imminente et rien n'indique qu'elle soit encore annoncée comme aboutissement d'un enchaînement de faits qui, déjà, se donneraient à voir et à lire sans besoin d'y réflechir dialectiquement.

En mai 2010, les mouvements violents, ceux du terrorisme musulman, tuent beaucoup certes, mais il ne faut pas perdre de vue que les victimes de ces meurtriers restent en majorité d'autres musulmans - il y eut, en dix ans, à peine une demi-douzaine d'attaques terroristes de masse revendiquées par les djihadistes contre des Occidentaux (11 septembre, Madrid, Bali, Londres, etc.), soit à peine autant qu'en un mois dans les pays non-Occidentaux (Inde, Irak, Pakistan, pays d'Afrique, etc.). Ce qui veut dire que l'histoire va emprunter des voies plus longues, plus détournées et moins linérairement précipitées que celles que vous évoquez. Les sociétés, la nôtre comme les leurs, sont traversées de courants contradictoires qui sont autant de lignes de force principales et secondaires et causes d'incertitude sur l'avenir. Tout ce que nous sommes ou avions cru devenir va disparaître à tout jamais dans la décennie à venir, voilà qui est sûr, pourtant, ce qui s'imposera peut encore ne pas être l'exact contraire de tout ce qui fait notre identité. Loin de moi l'idée de vous objecter que "rien n'est joué" - quelque chose est joué, mais ce quelque chose demeure occulte et cette occultation est le fait de son caractère contradictoire et extrêmement complexe; et si nous devons douter comme je le fais que l'état futur soit le parfait contraire de l'objet de nos vieilles aspirations, ou le plus purement antagonique à nos valeurs et aux manières d'être auxquelles nous mourrons attachés, c'est aussi parce que notre disparition ne signale ni la fin de l'histoire ni ne signe la finalité des forces qui la provoqueront; en d'autres termes, les forces qui menacent de balayer l'occident, sa civilisation et sa société, à l'instar de la mafia, n'ont rien de personnel contre nous; elles luttent contre tout ce qui leur fait obstacle et de manière très indiscriminée et transversale (en puisant notamment dans les forces de la jeunesse occidentale dont une part non négligeable est promise à la conversion à l'Islam). Le schéma que vous évoquez, pour séduisant qu'il soit, repose sur des dynamiques d'affrontement relativement simples, articulées sur un modèle de classe. Or le drame se noue à front renversé: ceux que nous appelons ici "les collabos" y tiendront un rôle déterminant; et il n'est que logique de leur supposer dans le camp d'en face des homologues qui "trahiront" utilement leurs "frères"; or l'issue d'une telle "double trahison", et les dynamiques qu'elles engendreront, demeurent, par définition, rien moins qu'incertaines.

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Disons que ce résidu occulte, c'est l'avenir, qui se noue dans chacun de nos gestes et de nos micro-décisions d'aujourd'hui et c'est aussi le vestige, la vieille trace qui seront les nôtres dans ce monde futur duquel nous aurons disparu. Le malheur du réactionnaire est qu'en réagissant aux éléments les plus manifestes du réel par des révoltes qui ne sont autres que logiques (comme l'explique Alain Finkielkraut dans les entretiens mis en ligne ici aujourd'hui lorsqu'il nous dit qu'en ne pouvant pas de pas réagir, il échappe, croit-il, à l'hébétude et à l'acquiescement au réel, d'une part et que d'autre part, sa pensée en est maintenue en éveil), il laisse ce résidu occulte agir à sa guise, l'avenir advenir. C'est sa faiblesse, mais cette faiblesse n'est que relative; c'est en vérité une force qui n'a pour tout défaut que d'être différée très loin par-delà les conflits hypothétiques ou probables.


Il faudra être un jour proactif, mais pour l'être efficacement il convient de ne rien manquer des forces agissantes du réel d'aujourd'hui et de leur déploiement, de bien en reconnaître le jeu. Je pense en écrivant cela à la "haine" farouche qui anime certains de ces "collabos" (des hommes de média pour la plupart) à l'encontre d'un Renaud Camus ou d'un Finkielkraut ou d'un Zemmour, et qui dépasse de loin tout ce que les représentants des populations occupantes peuvent manifester envers ces mêmes penseurs ou à l'égard de leur personne; et semblablement il ne fait guère de doute qu'aux yeux des djihadistes et salafistes les plus déterminés, les enfants ou petits-enfants de migrants qui se comportent comme l'on sait dans nos banlieues ne sont que des éléments dégénérés qui seront les premiers à mériter le couteau. Si bien que si le pays qui est le nôtre est un jour le théâtre d'un conflit de civilisations avec prise d'armes, les camps protagonistes de cette guerre seront au moins quatre et les jeux d'alliance ne sauraient manquer de nous surprendre. Quand l'heure ne sera plus à la retenue dialectique de la pensée, le temps sera arrivé d'être enfin soi-même dans cet écheveau afin de ne pas risquer de s'y trahir ni ne trahir les siens, certes, mais en attendant, et parce que cette échéance n'est pas encore visible du fait de la complexité et de l'immaturité des rapports de force, il convient de se garder d'accourir vers elle de trop loin.


Au reste, et en explicitation du premier paragraphe de ce papier, il convient de reconnaître que l'éventualité qu'il ne se passe rien sanctionnerait le caractère tout relatif de notre identité, qui n'aurait su faire autrement que de s'effacer ou de se dissoudre face à l'entreprise de son remplacement, évidemment, mais qu'elle sanctionnerait du même coup le caractère tout aussi relatif de notre disparition -- à savoir que si le mouvement de remplacement de population et d'identité n'est pas consciemment dirigé vers cette finalité dans l'esprit de ses acteurs directs (alors que l'on est à peu près sûr qu'il l'était dans l'esprit de ses collabos et instigateurs autochtones), acteurs directs qui n'agiraient que selon le principe mafieux du "rien de personnel contre vous si vous acceptez la dhimmitude", alors tout espoir de renaissance et d'affirmation renforcée de notre identité et de notre histoire serait préservé intact. C'est à ce stade, et dans cette conjoncture que le mot de "résistance" -- dont l'usage actuel est si justement raillé par Finkielkraut -- reprendrait tout son sens français traditionnel, et c'est en y songeant que je vous écrivais que notre disparition, aussi définitive soit-elle, laisserait, à la faveur de la complexité des situations à venir qui nous "oublierait" suffisamment, ou qui ignorerait comme nous les ignorons aujourd'hui les traces pourtant précieuses que laissent dans l'histoire nos gestes actuels, semi-conscients et minuscules, mais vus et observés par nos enfants et qui, eux, s'en souviendront, subsister de nous quelque reste, quelque germe de renouveau.

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La volonté qui fait chemin et qui donc fait son chemin puisqu'elle ne saurait en connaître d'autre que celui qu'elle affirme sien, est une concentration d'énergie qui, en effet, appauvrit considérablement le chaos, il faut donc, comme des alcools forts qui font se concentrer l'énergie et la vision de celui qui les consomme, en user avec prudence et modération car comme eux elle vide le sujet d'une bonne part de ses possibilités en refermant l'éventail des chemins autres qu'il pourrait emprunter dans les arborescences du réel. La volonté qui se trompe (le polpotisme par exemple, l'épuration ethnique ailleurs) cause des dégâts irréparables à l'organisme -- elle dévoie son futur naturel, son futur instinctuel. L'heure de l'instinct doit être brève, forte, décisive comme un knock-out; avant elle, laisser jouer la souveraine maturation des forces du chaos que l'on observe. Si nous ne pourrissons pas, savoir si nous savons entretenir en nous la vérité et si nous conservons intacte notre capacité à la reconnaître et à la dire, l'on doit considérer que les situations ne pourrissent pas elles non plus mais qu'elles évoluent et mûrissent seulement comme on s'y attend et dans le sens que l'on a discerné, jusqu'à l'heure du tournant et de la volonté utile qui imposera sa maîtrise des faits.
Sur un article du Monde écrit par Aline Louangvannasy, professeur de philosophie, 24 avril 2010 :


Francis Marche
27 avril 2010, 08:16 La philosophie au ras des pâquerettes.



Navrant en effet. Si Nicolas Sarkozy n'était pas président, et à la tête du pouvoir véritable, on ne sait pas ce que ces gens penseraient du réel. Le réel, la situation sociale véritable du pays, cesseraient de fournir matière à analyse et à pensée, il n'y aurait, sur cette matière qu'à appliquer les recettes habituelles par réflexe ancien (plus de moyens, de compassion, etc.) A vrai dire, l'homme Sarkozy est pour ces commentateurs "philosophes" une aubaine car il focalise toute leur pensée critique, voire toute leur capacité à penser l'état de la société. Sarkozy a tout faux et tout va mal en France à cause de Sarkozy. Sur un plan purement formel, il faut remonter à De Gaulle pour trouver un président élu qui fascine et monopolise ainsi sur sa personne toutes les pensées et tous les discours de l'opposition de gauche. (Il doit y avoir de ce fantasme là, chez un Badiou : être pour N. Sarkozy ce que Sartre était pour De Gaulle).

Je relis cet article du Monde et je ne sais pas ce qu'il dit. Dit-il que "les classes populaires issues de l'immigration" sont injustement "stigmatisées" par M. Sarkozy ? Que la criminalité qui y règne n'est qu'une vue de l'esprit ? Je ne sais pas. Il n'y a pas de conclusion, ni de thèse discernable dans ce ron-ron. Cela se présente comme une l'analyse et une "dénonciation" d'un discours (celui de N. Sarkozy) derrière lequel le réel n'est pas même envisagé, comme si toute vérité sur lui était de longue date entendue, sous-entendue et immuable, et qu'à l'énoncer en termes clairs et affirmés, sans parler de l'affronter, il n'y aurait pas le moindre intérêt, pas le moindre gain, et que toute entreprise de dénonciation de discours reste préférable à l'énonciation et donc au dévoilement des faits en référence. Ce type d'approche voilée du réel (chose entendue et qui ne mérite pas qu'on s'y attarde) caractérise cette doxa.
M. Francis Marche sur la mondialisation :


Francis Marche
22 avril 2010, 00:51 L'opposé de Jacques Attali : Hervé Juvin

Je viens de suivre les quatre vidéos de sa [Hervé Juvin, ndlr] conférence. L'homme enterre une certaine mondialisation des années 80, cette "mondialisation naïve" dont certains en Occident ont fait les frais, et certains en Orient, leur beurre.

Les Chinois sont des mondialistes post-thachériens, non naïfs. On ne peut leur parler autrement que sur ce terrain. Il n'est point de réponse intelligente à cette force et cette masse, comme dit Juvin, qui ne soit masse d'Occident. Je crois dur comme fer, pour l'avoir vu et vécu, que l'ingénieur chinois travaillant en Chine, aussi inspiré soit-il, ne parviendra pas à égaler son homologue occidental, non à cause d'une infériorité de l'esprit ou de la créativité, mais à cause de l'infériorioté du cadre à la création. La création individuelle (en art, en industrie) n'est rien sans le cadre qui la permet et la promeut. L'innovation industrielle chinoise ne bénéficie d'aucun cadre où l'échec est permis. Echouer en Chine, c'est pire que la mort ou le ruisseau, d'où il découle que l'innovation n'existe pas. L'Occidental qui échoue, se fourvoie, se perd sans périr, se retrouve, et à qui sa civilisation et sa société continuent de pardonner les errements, jusqu'à la résipiscence de la création qui convainc et justifie le pardon principiel dont il a joui, est supérieur à l'ingénieur chinois qui n'a le droit, tout au plus de se tromper qu'une seule fois en se couchant comme un chien devant ses empereurs qui consentent à ne lui pardonner l'échec que cette fois-là.

Juvin dit qu'il faut partir de la mondialisation telle qu'elle existe pour penser sa suite. Oui, certes, mais surtout pas en ignorant cette unité de l'Occident dans le savoir et la pratique du savoir. Le savoir occidental, et la pratique universelle du savoir en Occident, écrasent la démarche et l'abord orientaux aux savoirs. Le malheur de l'Occident est qu'il ne le sait pas. La pratique du savoir en Occident reste encore aveugle, ignorante de sa valeur, frappée à présent (et en partie à cause d'un certain François Jullien) d'un néfaste complexe d'infériorité face à l'Orient.

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Cet aspect est fondamental et les faux rationalistes qui nous disent si facilement "qu'il ne faut pas confondre foi et science" sont largement dans l'erreur. A l'origine de la science moderne, de son essor à la Renaissance, il y a des hommes de foi. François Jullien néglige cette dimension; sa formation d'helléniste le porte à l'ignorer lorsqu'il analyse le fait chinois. Sans économie du pardon, point d'audace dans la recherche, et dans un monde, la Chine, où l'erreur est toujours sanctionnable, il est plus sûr, il est moins risqué, de copier, jadis les Anciens, aujourd'hui l'Etranger dans ce que l'on prend pour recettes infaillibles de la réussite universelle. Sans pardon à la clé, les forces de la créativité et surtout, celles de l'originalité et de la singularité chères à Hervé Juvin, ne se libèrent pas. Foi, force, confiance en soi et certitude du pardon ont formé une sphère en Occident qui après avoir protégé l'esprit, puis la communauté des travailleurs de l'esprit et la société qui en a bénéficié, se délite sous nos yeux. Ainsi en France, aucune action originale, aucune loi, aucune entreprise de réforme ou idée de réforme sociale ou institutionnelle ne sont envisageables qu'elles aient reçu l'aval d'une application à l'étranger (généralement dans les pays scandinaves), voilà un signe de la "sinisation" de ce pays.

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Avant d'aborder la question du Japon, songez à l'exemple coréen de ce scientifique (un biologiste) qui en 2006 avait "arrangé" ses résultats pour ne pas "perdre la face", et accessoirement conserver ses lignes de crédits; il fut confondu et avoua la fraude en confessant son motif: cacher au public et à son administration que lui et son équipe avaient erré.


Le cas du Japon, en un sens est un cas chinois extrême: l'innovation y est un perfectionnement de l'existant, une spirale infini vers l'adéquation aux besoins et aux caprices des hommes, des femmes, des enfants et des femmes-enfants. Il est vrai que le Japon ne copie pas, et il est vrai qu'il invente et crée, mais quoi, mais comment ? en déclinant et en sublimant l'existant, jusqu'à la monstruosité, si fascinante et si charmante dans ce pays. L'inventeur japonais refait tout, ou presque, à partir de zéro et en mieux, mais toujours en prolongement des lignes de force et du concept qui ont guidé l'existant. Pourtant la menace de la sanction pèse là aussi, plus lourdement qu'en Chine encore. Les équipes n'y échappent que par une discipline ou auto-discipline militaire, de tous les instants. La grande différence, bien identifiée et amplement reconnue par les Chinois, du Japon, est évidemment sa capacité extraordinaire d'organiser le travail en équipe, ce qui a une double conséquence: la sanction en devient solidaire ce qui, pour l'individu, en dilue la douleur (l'individu perdant n'est pas isolé, pris pour fou, ou pour dissident, ou pour un moins que rien, comme en Chine), ensuite l'effort groupé, surveillé en interne permet d'éviter les plus grosses toiles, et en tout cas, diminue la peur chez l'innovant individuel dès lors que son groupe endosse solidairement son effort.

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C'est à dire qu'en Orient, cher Johannus, l'erreur ne fait pas qu'engager l'avenir, elle révèle, en s'actualisant, que tout l'antécédent de l'erreur, ce que vous appelez "l'acte considéré dans l'environnement des circonstances" est faux, malvenu, injustifiable, voué à l'anéantissement, nul et non advenu, de tout éternité un dispositif-déchet. Le tireur à l'arc, l'intention qui l'habite, la cible et la flèche, ne sont pas quatre éléments disparates à réunir en un, mais, dès l'origine, un seul élément. Si la flèche manque son but, c'est l'unicité de cette composition qui est fausse. A vrai dire, il n'est pas d'erreur humaine à proprement parler, mais une erreur de la nature, une horreur de la nature dans laquelle le responsable de "l'erreur" n'est qu'un élément, partie à l'horreur. En physique du chaos, l'intention de l'archet (ou sa concentration sur la cible), la cible, l'arc et la flèche peuvent être décrits comme un système unique, instable certes mais qui n'en n'est pas moins tout un, et la flèche enfichée au coeur de la cible un arrêt du système (sa mort en fait) dans la stabilité. L'erreur révèle que tout, depuis le début, dans l'être qui en porte la responsabilité, était faux, jusqu'à ses ancêtres et aux circonstances de sa conception.

Donc si vous commettez une erreur, vous révélez que vous êtes, depuis très longtemps, partie à une monade corrompue. Ce qui aussi peut expliquer le fait qu'à l'époque communiste le savant qui ne produisait pas les résultats attendus dans les délais prescrits était considéré comme un traître à la nation, une véritable pomme pourrie à extraire du baril, le révélateur d'un être-déchet à proscrire, à bannir, à rayer des livres d'histoire: tout, objets, circonstances, associés, qui avaient entretenu avec lui quelque commerce ou quelque rapport, était faux, intrus dans les systèmes stables de l'exactitude et du vrai.


La force de l'Occident fut puisée dans une spiritualité particulière qui se caractérise, comme chacun sait, par une économie du salut et une dispensation du pardon. L'Occidental ne peut être considéré comme plus intelligent ni plus brave que certains hommes qui ne sont pas lui. Mais la spiritualité qui fut la sienne lui ôta la peur irrationnelle des esprits (des revenants du passé, précisément), qui, partout, dévore les nuits de l'Oriental, fût-il samouraï. Alors, en Occident, toutes ces craintes furent réduites en une seule, celle du péché et du Jugement dernier, c'est ainsi que toute crainte fut ramassée en une seule grande crainte projetée vers le futur d'un jugement qui ne jugera ni ne condamnera aucun antécédent du péché commis. Et la crainte d'une faille révélatrice d'un antécédent condamnable s'étant ainsi évaporée avec l'instauration de cette économie de la rétribution relative et du pardon, l'audace en l'Occidental ne connut plus de bornes, et toutes ses conquêtes en devinrent possibles, sur tous les fronts de l'esprit, des techniques et des armes.


Si l'on s'autorisait à résumer cela un peu brutalement, l'on pourrait dire que l'effacement du péché originel, l'absolution accordée au nom de la Sainte Trinité, du même coup lava l'Occidental de ses craintes ancestrales (dont celle de subir toute rétribution rétroactive des puissances mondaines -- blâme remontant vers l'amont de l'être, comme en Orient-- et celle du châtiment descendant, que sont susceptibles d'infliger en Orient les mauvais esprits et les revenants) et débrida sa créativité en laissant cours à l'invention et aux oeuvres de l'esprit exécutées sans peur. Je ne sais pas si l'on réalise bien la féroce modernité du christianisme paulinien, système qui part d'une table rase, la Révélation, au-delà de laquelle, pour l'homme chrétien seul existe l'avenir !
Paroles percutantes de Rogemi sur la burqua :


Rogemi
21 avril 2010, 16:40 Le port de la burqa bientôt interdit

Il faut interdire la Burka sans faire de chichi car on ne discute pas, on n'ergote pas, on ne négocie pas, on interdit tout simplement un signe extérieur qui exprime le message suivant :

Nous sommes ici pour vous emmerder et pour vous prouver que nous méprisons votre culture et votre manière de vivre. Nous ne voulons pas être ce que vous êtes et nous ne serons jamais comme vous.


Tout le reste est une capitulation en rase campagne ...
Sur les pitoyables efforts de l'Eglise pour s'intégrer dans le siècle :


Bernard Lombart
21 avril 2010, 11:59 Racolage ecclésiastique


L'Église, pour se perpétuer, tente de donner aux gens toujours plus de ce qu'ils ont déjà, au lieu de leur donner ce qu'ils n'ont pas. Même en simple théorie mercatique, c'est une erreur. On ne peut qu'aller voir ailleurs.
Cassandre et Francis Marche sur le procès d'un violeur "issu de la diversité" :



Francis Marche
29 mai 2010, 02:26 Un violeur s'explique !


L'accusé se cherche des circonstances atténuantes en caractérisant son crime comme inspiré par des sentiments racistes ("j'ai voulu humilier les Blancs") ce qui, dans le droit français est précisément une circonstance aggravante ! "Excusez-moi Madame la Présidente, mais j'ai violé seulement par racisme". Autrement dit, j'ai rien contre les femmes, seulement contre les Blancs. Le pire est peut-être encore son mensonge éhonté sur ce qu'il décrit avoir vu en Afrique, où, en vérité, les crimes sexuels de masse, y compris contre les enfants sont loin, très loin d'être pratiqués majoritairement par des militaires blancs. Ce document est stupéfiant. Avec lui, le réel confine à sa caricature.

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[Le réel, certes, est seul], mais il a ses témoins. L’homme dit: "C'est vrai, je suis un peu violeur, mais l'essentiel n'est pas là: l'essentiel est que je suis raciste anti-Blanc et contre ça, ni vous, Mme la Présidente, ni moi n'y pouvons rien, si je suis raciste, c'est la faute aux Blancs." Le discours disculpant qui, habituellement, permet un transfert de la faute sur la femme (qui n'aurait pas du aller court vêtue dans telle rue ou tel quartier après 20 heures, qui aurait dû savoir à quoi s'en tenir, etc.) ici, opère un transfert de la faute et du tort sur... toute une race! Quand on est blanche, on doit savoir à quoi s'en tenir quoi. Dans l'affaire Fofana, ce dernier, crois-je me souvenir, avait tenté, avec ses avocats, de nier l'anti-sémitisme dans les mobiles du meurtre; ici, c'est tout le contraire: le racisme anti-blanc offre un espoir d'immunité; il doit peser à décharge dans l'énoncé du mobile; il atténue la gravité du viol. Le plus scandaleux dans cette affaire est qu'il se trouve donc aujourd'hui des avocats de la défense pour tenter pareille stratégie -- miser sur le caractère de circonstance atténuante d'un racisme anti-blanc proclamé en prétoire; c'est donc un signe de ce réel, bien seul en effet, bien loin hors de portée de nos bras et de nos poings. On se dit: tant mieux pour lui, le réel; si nous pouvions l'atteindre, il n'y survivrait pas.

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Ce qui est stupéfiant dans ce document : il révèle que si l'on peut convaincre un tribunal que le viol comportait un mobile de haine raciale, qu'on a bombé une blanche au couteau sous une porte cochère pour la punir d'être blanche, alors ça n'ira pas chercher très loin, ça n'est qu'à moitié du viol, la sévérité du verdict peut en être atténuée. Violer une blanche, ça n'est pas vraiment du viol, c'est un peu, si l'on veut et d'un certain point de vue légitime, de la réparation! En tout cas, un avocat de la défense, un juriste connaissant le droit et la jurisprudence et l'inclination des juges et magistrats a osé cette stratégie, a tablé sur elle parce que, usant de réalisme et fort de sa connaissance des polarisations mentales de la justice française, il a considéré qu'elle serait payante.


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Cassandre
29 mai 2010, 10:24 Un violeur s'explique !

Il y a déjà assez longtemps que j'ai écrit ici que pour toute une catégorie de la population en France et ailleurs, commettre les pires atrocités sert désormais de circonstances atténuantes. Ces atrocités sont en effet considérées comme la preuve que ces populations souffrent affreusement par notre faute et sont par conséquent non des coupables mais des victimes. Jamais on a été aussi loin dans la stigmatisation d'un peuple, en l'occurrence, le nôtre, depuis la propagande antisémite nazie. Aujourd'hui on s'apprête à commettre au nom de l'antiracisme, ce que les nazis ont commis au nom du racisme.
M. Francis Marche sur Alain Badiou, l'"idiot utile de tous les universalismes" :


Francis Marche
22 mai 2010, 19:26 L'idiot utile de tous les universalismes


Cette discussion mérite d'être réécoutée, en effet. Badiou, par moment, frôle la vérité, avant de partir en vrille dans les turbulences de la dialectique - à capitalisme universel, seul doit et peut faire pendant un remède universel, propre à mettre un terme à "la pathologie" du capitalisme anonyme et indifférentialiste, et Badiou de se pencher vers le ruisseau, comme il dit, pour y ramasser le concept de "communisme", et voir si, en le fourbissant au mieux, il ne pourrait pas servir de clé ou de passe-partout vers l'universalité nouvelle qui nous guérirait enfin de "la pathologie universelle". Or les grandes manoeuvres vers un remède universaliste sont entamées, d'ores et déjà elles le sont, c'est ce qu'il échoue à voir, ou feint de ne pas voir - chez un maoïste, la feinte n'est jamais à exclure -; en effet, l'Islam, et singulièrement l'islamisme, tantôt compagnon de route du capitalisme transnational actuel et louvoyant avec lui (Al-Qaïda est un réseau de financement transnational) et tantôt sa nemesis farouche et résolue, est bien cet universalisme transnational, l'Oumma, laquelle rend les frontières tout aussi poreuses et inexistantes que le fait le capitalisme des marchés qui s'est érigé ces trois dernières décennies dans le piétinement des singularités nationales.


Le communisme est mort, et qui plus est, il est mort trop tard, ce qui, à tout jamais, l'empêchera de revenir car cette mort tardive a permis son remplacement. Le communisme est mort là où est né et où trouve refuge aujourd'hui l'islamisme terroriste: en Afghanistan. En effet, le reflux de l'Urss, et le commencement de ses défaites militaires et politiques irrévocables commençèrent là, en ce lieu qui vit l'essor de l'islamisme et qui après lui avoir servi de berceau lui sert aujourd'hui de refuge et de base de repli (où il entraîne ses soldats). Cette coïncidence dans le temps et dans l'espace entre cette mort et cette naissance: l'Afghanistan à la charnière des années 1980 ne peut être le fruit du hasard. Une universalité concurrente s'est effacée pour laisser place à sa successeuse dans un lieu géographique circonscrit (le coeur du continent eurasien) où s'opéra le passage du relais. Il est donc nul et non avenu d'affirmer comme le fait Badiou qu'il y a entre "civilisation française" et islam mise en "conflit d'identité" par Finkielkraut et ses amis. L'islam n'est pas une identité ou une singularité: il est une puissante universalité venu remplacer le communisme et le danger d'un retour du fascisme que, pour Badiou, nous devrions craindre d'une "prise en main" par l'affirmation identitaire quand celle-ci s'oppose à l'islam, participe, dans le schéma des années 30 qu'il nous propose, de la même dénonciation que faisaient du fascisme les partisans du communisme de ces années-là, si bien que Badiou se retrouve ainsi, à son insu ou à son corps défendant (on ne sait trop), à servir d'idiot utile à l'Islam puisque, reconnaissant en creux et sans rien en dire (se contentant de condamner comme potentiellement fasciste la résistance identitaire à l'islam) que l'Islam est bien le communisme d'aujourd'hui. L'idiot utile est un cas psychologique intéressant: il est ainsi impossible de déterminer dans quelle mesure il sait qu'il est un idiot utile; nous rejoignons avec lui la figure de la victime consentante; l'idiot consentant est une variante de la victime consentante.


Le chassé-croisé des universalités à la charnière des années 1980 fut donc celui-ci: 1/ début de la chute de l'Urss et du projet communiste; 2/ émergence d'un internationalisme islamiste militant en Afghanistan et par ailleurs en Iran avec la Révolution de 1979 qui pour celui-là déjoua l'entreprise soviétique en Afghanistan et pour celui-ci mit en échec les Etats-Unis (crise des otages américains à Téhéran); 3/ début du réensauvagement du capitalisme et de sa mondialisation par le thatchérisme (Big Bang des marchés) et le reaganisme. Ces trois mouvements, décisifs et quasi-simultanés, opérèrent une fin et un commencement; à leur issue, seuls deux universalismes restent en concurrence et en dialogue tantôt complice tantôt contradictoire: le capitalisme et l'islam. Le communisme s'est à tout jamais effacé de la scène de l'histoire, et le caractère absolu et irrévocable de son effacement est sanctionné par la vitalité de sa succession - l'Islam universaliste qui, en Asie centrale, eut sur lui gain de cause et conspira (avec les Etats-Unis) fructueusement à sa perte.
M. Petit-Détour sur le journal Le Monde :


M. Petit-Détour
15 juin 2010, 11:19


La lecture du Monde est une source inépuisable de bonheur pour l'homme de bonne volonté, soucieux de lutter contre l'islamophobie rampante et l'idéologie nauséabonde de la prétendue identité nationale. Prenez la livraison datée d'aujourd'hui : on y trouve un compte rendu, rédigé par Gilles Paris, du dernier livre du chevalier Bayart (qui est un peu à l'islam ce que Muchielli est à la délinquance) consacré à L'islam républicain. On y apprend avec bonheur que les laïcités islamiques existent, qu'elles se portent très bien au Sénégal, en Turquie et surtout en Iran (qui n'est surtout pas, comme on pouvait le penser, un régime théocratique dirigé par un docte inspiré par Dieu) et que finalement le problème dans notre monde c'est bien évidemment la France et sa place Beauvau, raciste, laïciste et crispée, partie à la reconquête (coloniale ?) des quartiers musulmans.
Belle envolée de Cassandre sur le paradoxe de la gauche française, puis commentaire et illustration par M. Francis Marche :


Cassandre
15 septembre 2010, 10:56 Economie et éducation

Ce sont les syndicats enseignants de gauche qui ont inculqué ce mépris pour le travail manuel vers lequel beaucoup d'enfants du peuple se sentaient portés. La gauche aura réussi ce double tour de force: avoir détruit la culture bourgeoise au nom du non élitisme et la culture populaire par préjugé bourgeois !

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Francis Marche
15 septembre 2010, 12:54 HFC-23

La gauche aura réussi ce double tour de force: avoir détruit la culture bourgeoise au nom du non élitisme et la culture populaire par préjugé bourgeois !


Yessss !

Par ailleurs, et comme en réponse au propos de Mme Poligny: l'essor économique chinois suit un modèle non durable (non pérennisable) :on épuise les Occidentaux en leur achetant leurs savoir-faire, c'est à dire en les dépossédant de leurs atouts tout en les vidant de leur tissu industriel (le modèle managérial des Chinois n'est pas du tout le win-win américain mais le win-kill) Les industriels chinois, et c'est le plus éclatant des paradoxes de cette civilisation, ont toujours marché à l'opposé de la pérennité et du très long terme qui font l'honneur, le blason de la civilisation chinoise : seul existe pour eux le profit-qui-tue, qui tue la concurrence, toute possibilité de partenariat mais qui, à très court terme, vous enrichit. La figure du "marchand" chinois, qui détruit pour s'enrichir, a été toujours été méprisée, honnie par cette civilisation qui en connaît tous les vices et tous les travers -- plus que cela, plus qu'honnie, cette engeance de rapineurs a toujours été considérée comme marginale par rapport à la nature chinoise véritable, à son âme, polie, pérenne, lentement bâtisseuse, exemplaire et vertueuse en tout. Si cette frange marginale que représente l'entrepreneur-voyou a en Chine aujourd'hui "le vent en poupe", si c'est elle qui aujourd'hui conduit les affaires de la Chine, c'est parce que -- on s'en est aperçu à la fin des années 70 -- elle seule, cette classe méprisée par les politiques chinois, pouvait damer le pion aux Occidentaux, offrir à la Chine sa revanche dans un proche avenir; le régime alors, a misé sur elle, lorsqu'il comprit que la Révolution mondiale qui abattrait l'Occident se serait pas pour demain; cette classe de chevaliers d'industrie fut appelée à la rescousse. Des tentatives avaient été faites en ce sens du temps de Zhou En-lai et même avant, dès le début des années 50, mais le défaut de résultats immédiats que les "capitalistes chinois d'outremer ayant volontairement réintégré la patrie en reconstruction" montrèrent dans les délais irréalistes qu'on leur avait impartis pour réussir, et l'urgence cannibale des communistes chinois a faire la démonstration de leur toute-puissance sur ces moutons facilement appâtés, retardèrent de trois à quatre décennies l'émergence de ce "capitaliste chinois" que l'on voit s'imposer aujourd'hui dans ses formes les plus sauvages et les plus fiévreusement canailles.

Un exemple tout récent: les crédits carbone, objet d'un marché mondial de plusieurs milliards de dollars; si votre usine, qui pourra être une usine émettant un gaz (le HFC-23) sous-produit de ceux que l'on utilise dans les climatiseurs, dont la nocivité dans l'échelle des gaz à effet de serre est plusieurs milliers de fois supérieure à celle du CO2, traite, neutralise et recycle une partie importante des volumes de HFC-23 qu'elle produit, ces volumes traités pourront, avec profit, être commercialisés sur ce marché: d'autres industries et industriels vous verseront de l'argent pour le retraitement de ce gaz et ce faisant "achèteront" un droit de polluer. Cela n'a pas manqué: des usines chinoises, en un clin d'oeil, se sont spécialisées dans la production massive de ce gaz, massives et sans destin industriel aucun à la seule fin d'en retraiter des quantités tout aussi massives qu'elle commercialisent comme susdit, s'enrichissant ainsi; le système vertueux, mais ô combien naïf de nos ingénieurs de la finance formés dans nos universités occidentales (merci au passage à nos "mathématiciens français"), du carbon offset ou carbon credit trading a été détourné par cette maudite engeance que je vous ai présentée au paragraphe précédent. La connerie et la naïveté de nos "experts en ingénierie financière", à qui l'on a confié ainsi le destin de l'atmosphère de notre planète lorsqu'on les a chargé de créer un "marché mondial du carbone" n'ont d'égales que le sans-gêne, la ruse et la rapacité de ces industriels-voyous qui commandent la Chine de 2010.
M. Francis Marche sur la notion de "xénophobie" ; ce passage assez récent, qui n'est rien d'autre qu'une leçon de choses à l'intention des idéologues de tout poil, mérite à mon avis d'être retenu :



Sur la "xénophobie" du peuple de France

Martine Aubry, Dominique de Villepin, savent-ils vraiment le sens des mots qu'ils emploient, savent-ils ce que sont les faits que désigne le terme xénophobie ? Pour les éclairer, et éclairer leur public sur leur fourberie politico-lexicale, voici un exemple vécu de xénophobie. Les faits m'ont été rapportés par une connaissance, de nationalité allemande, un jeune homme, qui se trouvait dans un cinéma de Bangkok, capitale du Royaume de Thaïlande, avant les "événements" du printemps dernier. Il essayait de suivre le film projeté, sur la vie de Coco Chanel, avec, assis à côté de lui un jeune couple de Thaïs qui n'arrêtaient pas de jouer avec leur téléphone mobile, de le faire sonner, tinter, bipper, etc. Il finit par leur demander une fois, puis deux fois, d'arrêter, d'interrompre leur jeu. Le couple intervertit ses places, la jeune femme s'asseyant à côté de lui. Moins d'une minute plus tard, la voici qui pousse des cris dans sa langue, que l'Allemand comprend un peu : "Le Farang (étranger en Thaïlande) là ! il fait que de me tripoter, ce dégueulasse! non mais regardez-le...etc." et d'ameuter toute la salle. On s'émeut dans les rangs. On bougonne, on lance des invectives, des menaces.. de loin en loin, et plus on est loin de la scène, plus on se prend à gueuler et à menacer fort... les hommes les plus vaillants enjambent les fauteuils les poings faits dans la direction de l'étranger... des étrangers. Notre Allemand, sentant venir le lynchage, prend la fuite, quitte les lieux, détale. Il ne fut pas le seul, tous les étrangers, occidentaux, présents à cette séance de cinéma, durent le suivre, ayant senti qu'en faisant face à la vague de fureur contre eux lancée, ils risquaient leur vie. Plus tard, cet Allemand confiera qu'il avait ainsi connu la plus grande frayeur de sa vie. Il avait ainsi échappé à un lynchage sans motif, dans un lieu où l'on s'y attendrait le moins.

Voilà ce que désigne le terme xénophobie dans la langue française commune. Nous savons, Mme Aubry, M. Villepin savent pertinemment que ce type de scène ne peut pas se produire en France dans une salle où des Français du peuple historique (*) seraient majoritaires. Je ne connais non plus aucun pays d'Europe occidentale où pareille scène, en 2010 serait concevable, et je crois pouvoir dire que s'il existe en Europe orientale des pays où elle serait possible, ceux-ci sont en nombre très réduit.

Dans la bouche de nos politiciens véreux, qui insultent l'intelligence du peuple historique à longueur d'années, lui mentent sur son histoire et l'état réel du pays, le mot xénophobie n'a strictement que le sens politique projeté qu'eux seuls lui donnent, dans des buts d'intimidation et de culpabilisation du peuple historique, dont ils font tout pour annihiler l'existence et jusqu'à la trace historique même.

(*) Je propose que l'on cesse d'employer ici, sur ce Forum, le terme souchien, impropre et dégradant pour dénommer les Français qui s'identifient au peuple historique de la France. Je propose que l'on adopte celui de "peuple historique". Pourquoi "historique" ? Pourquoi pas "peuple français" comme il y a un "peuple corse". Parce que certains Français, Arméniens, Libanais, Russes, Indochinois ou Maghrébins d'origine acceptèrent de s'identifier au peuple historique de France en reprenant à leur compte ses valeurs et en participant à son histoire. Il ne s'agit pas que des guerres et du "sang versé". Ces "non-souchiens" qui s'obligèrent à élever leurs enfants dans le respect de la Nation, de sa langue, qui prénommèrent leurs enfants en témoignant ce respect, s'intégrèrent et s'élevèrent pacifiquement dans la société française telle qu'ils l'avaient trouvée, font partie, représentent le "peuple historique de France". La racaille parasitaire qui s'agite dans ses quartiers, méprise ouvertement le peuple historique, lui impose mille tourments (qui deviennent des "incivilités" dans la bouche de nos politiciens véreux), conchie sa langue, son histoire, ses lois et ses valeurs, n'est pas du peuple historique. Son appartenance est autre; elle est communautaire, clanique et foncièrement étrangère au peuple historique. Les quartiers que contrôle cette racaille ne doivent donc pas être dénommés "quartiers populaires"; cette dénomination appliquée à de tels quartiers participe encore de l'usurpation organisée par la politicaille véreuse qui amalgame le peuple historique à cette fange dont elle se sert pour alimenter ses phantasmes et ses désirs politico-libidineux les plus troubles.
Lady Astor sur le Titanic:

« I know I asked for ice cubes, but this is ridiculous... »
Cassandre sur... une certaine tendance du cinéma français :


Cassandre
31 août 2010, 16:18 Hervé Morin et les "Français héritiers de l'immigration"

Je regardais un film de Cédric Klapisch tourné en 92 qui évoquait assez drôlement les stratégies à la mode de cette époque, plus absurdes les unes que les autres, pour dynamiser les entreprises . Cela allait de la chorale du personnel aux vendeurs, déguisés en costume de carnaval, du grand magasin "animé" par deux imperturbables danseurs de sirtaki en jupettes, en passant par le stage obligatoire en camp de nudistes, la participation au marathon parisien et le saut à l'élastique, le tout ponctué de discours pontifiants et creux du directeur soulignant que la force de l'entreprise résidait "dans la richesse des individualités qui la composaient". Malgré des efforts couronnés de succès, les propriétaires liquidaient l'entreprise en question pour vendre les locaux à prix d'or, la décision ayant été prise à l'insu même du directeur que l'on avait laissé s'évertuer à redresser la situation en vain et tout le monde se retrouvait au chômage.

J'ai ai vu dans ce film comme une parabole de la France "métissée" d'aujourd'hui avec le même genre de discours pontifiant et creux sur la Diversité, la richesse de ses différences et de sa force black-blanc-beur, avec ses musées d'arts premiers, ses stages de danse africaine, ses festivals de musiques du monde, ses affiches "fièrement hallal" et en guise de saut à l'élastique, ces bobos qui ont décidé de faire le ramadan pour partager l'épreuve des musulmans. Et puis, à plus ou moins brève échéance, la catastrophe finale sans doute prévue déjà par les tireurs de ficelles, où presque tout le monde se retrouvera, passez-moi l'expression, cocu.
Rogemi et 2000 ans de christiannisme :


Rogemi
17 septembre 2010, 08:50 Le Monde de Demain par Fromage +


Je crois que nous avons à faire ici à une incapacité intellectuelle (théologique) de l'Episcopat catholique à faire face à une hostilité récurrente qu'il est dans l'impossibilité de gérer.

L'Eglise a cru, après Vatican II, que s'ouvrir au monde lui faciliterait les choses mais en dépit d'innombrables concessions faites à la modernité celles-ci ne suffisaient jamais. Plus l'Eglise cédait du terrain plus grandes étaient les revendications pour qu'elle dilue (comme les Eglises protestantes) sa doctrine dans une espèce de panthéisme bienpensant.


Depuis plus de 40 ans l'Eglise n'arrête pas de s'excuser pour 2000 ans de christianisme alors comment voulez-vous qu'elle puisse aujourd'hui prendre, sur quoi que ce soit, une position ferme.
M. Francis Marche et l'essence du Divers :



Quand l'UMP court après la diversité.
Francis Marche
18 mars 2009, 16:06

Moi c'est la Révolution Culturelle chinoise, immanquablement : il s'agissait de forger une société nouvelle, et l'on avait imaginé pour levier mental à cette entreprise d'imposer un travail sur soi à une catégorie de la population (les bourgeois, les possédants, les petits propriétaires terriens, les "révisionnistes", les liouchiaochiens, et leurs émules et descendants par nature réactionnaires, etc..) au profit de catégories de la population (les prolétaires, les nés Rouge) qui, elles, se voyaient totalement, radicalement dispensées de tout travail sur soi.

Le ghetto, c'est la faute à la catégorie A (les blancs, les employeurs, les hors-guettos) à qui il faut imposer coercitivement un travail sur soi; quant aux autres, heureux bénéficiaires du travail sur soi imposé à la catégorie A, nous les voyons généreusement dispensés de toute obligation de cet ordre, de toute difficile sortie de soi, de tout effort d'adoption d'un comportement (social, culturel, vestimentaire, langagier) autre que celui qu'ils se sont arrogé de plein droit comme ontologiquement et immarsciblement leur. Ils sont au-dessus de la dialectique sociale; ils sont les Divers, et eux seuls ont le droit de le rester, ne sont tenus à aucune évolution. Les heureux représentants de la catégorie ghettoïsée sont des privilégiés exemptés d'effort dialectique; tout l'effort historique et institutionnel est tendu univoquement vers leur préservation, leur maintien dans leur jus mental, car comme le disait Mao, ils sont sujets véritables de l'Histoire universelle, ils actualisent chez nous l'essence du Divers.
JGL sur la propagande islamique dans les universités françaises :



Propagande islamique dans les universités
JGL
3 février 2009, 18:31

Plusieurs départements d'histoire (tous ? d'autres départements d'université ?) ont reçu en janvier par la poste une épaisse enveloppe envoyée d'Alexandrie (BP 834) et contenant un livret de 94 p, imprimé sur du très beau papier, intitulé "Muhammad" (Mahomet), "le messager d'Allah", et un dépliant cartonné de 4 pages en couleurs, vert et or, imitant les rouleaux sur lesquels étaient écrits les grands textes religieux et intitulé "Voici un message d'amitié à toute personne en recherche de la Vérité".

Le livret et le "message d'amitié" sont rédigés dans un français correct, dont on sent immédiatement à la lecture qu'il est une traduction de l'arabe ou de l'anglais, faite avec précision, relue et révisée avec soin, même si la mise en pages du texte est médiocre.

Le livret relève de l'hagiographie. Mahomet est présenté comme un être moral, pur, désintéressé, pieux, compatissant, miséricordieux, bon mari, bon père, bon commerçant, bon musulman : le modèle parfait. Les preuves alléguées sont extraites de l'abondante littérature hagiographique. Si on lit entre les lignes, on constate très vite que l'auteur de ce livret, un dénommé Abderrahman Al-Cheha répond, point par point, mais sans jamais les citer ou y faire explicitement référence, à toutes les objections et critiques qui sont adressées en Europe à Mahomet et au Coran, comme il insiste sur les convergences (fantasmées) entre le christianisme (jamais nommé) et l'islam, pour prouver que Mahomet est l'ultime prophète, qui rend inutile tout autre prophétie.

Le dépliant en couleurs, tape à l'oeil et m'as-tu vu, ressemble aux dépliants que distribuent parfois les témoins de Jéhovah ou les évangélistes. Ses auteurs ont dû copier des documents publiés par ces églises chrétiennes.

Tout cela (préparation des documents, impression, mise sous enveloppe, envois) bien entendu a un coût très élevé. Quand on sait la très mauvaise qualité des livres et fascicules publiés en Egypte, on peut dire que ces publications sentent le fric dépensé sans compter. Les très généreux mécènes du livret sont saoudiens : c'est "The Islamic Propagation Office", sis à Al Qaseem, "Kingdom of Saudi Arabia". Le dépliant, lui, est signé du tabligh, grand parti "fondamentaliste" fondé en Inde (le Pakistan actuel) en 1920. Ces deux "oeuvres" signent une convergence inquiétante entre les sectes missionnaires de l'islam (le tabligh), prétendument "pauvres" ou "déshéritées", et les richissimes conservateurs wahhabites

A ma connaissance, il n'est pas un seul historien, parmi les destinataires de ces documents, qui ait protesté contre cette propagande. C'est silence et bouche cousue : les historiens bien pensants, si prompts à s'indigner de tout empiètement dans leurs champs soigneusement clôturés, ne se seraient pas infibulé ainsi les lèvres, s'ils avaient été les destinataires de la même propagande de la part de l'Eglise ou des évangélistes.

On peut se demander quel sera l'impact de ces envois : sans doute nul. Encore que... Quand on constate l'état moral des universités, en particulier dans les secteurs des sciences humaines et sociales, on peut s'attendre au pire. Au moment où les wahhabites et le tabligh envoyaient en France leur propagande, des universitaires ont reçu dans leur casier un tract, rédigé par des étudiants, réunis en une coordination syndicale (UNEF, UNEF ID, Libertaires), appelant à résister à Sarkozy et à son gouvernement et qui concluaient ainsi leur appel, en caractères gras (je cite) : "en se sortant les doigts du cul, même dans la merde, on s'aperçoit qu'on a les mains libres !".

Tout compte fait, des étudiants qui rédigent ainsi sont capables d'écouter les sirènes du tabligh et des wahhabites, suivant la maxime connue : "on commence dans l'anarchie, on finit dans la sacristie".
La philosophie, l'école et la mort par Virgil :



La censure des élèves !
Virgil
30 janvier 2009, 18:37

Je me permets de partager une scène que je crois symptomatique de l'évolution de la relation qui a cours entre les élèves et les professeurs.

Un incident eut lieu lors de mon dernier cours, mercredi. Je surpris un élève qui jouait avec son téléphone portable. Je le confisquai, conformément au règlement et à la règle du cours. Il prétexta une urgence : je dus lui dire qu’il n’y avait pas d’urgence qui tienne en cours, puisque son téléphone devait être éteint et qu’il n’y avait pas d’affaire urgente qui ne pût attendre jusqu’à la fin du cours.

Bêtement, je laissai la discussion avoir lieu. Il argua que si quelqu'un était mort, il était nécessaire d’être mis au courant. Je me laissai alors à dire que « quand on est mort, on le reste», que par conséquent la situation ne changerait pas d’ici à la fin du cours. Une élève que je n’aime pas beaucoup se braqua alors, m’expliquant qu’il y avait des choses qu’on n’avait pas le droit de dire, à savoir « que celui qui est mort reste mort » ou quelque chose comme cela. Je n’ai plus la phrase précise en tête. Je lui fis remarquer que c’était une vérité, qui plus est une vérité qui avait sa place dans un cours de philosophie : elle rétorqua que, pour autant, on n’avait pas le droit de le dire. Je fus très étonné qu’on n’eût pas le droit de dire des choses vraies, certes désagréables, mais vraies. Elle tint ferme sur ses positions, comme qui sait qu’il a le droit pour lui. Je fis alors un bref exposé sur la mort et son inscription dans la culture humaine, faisant pleurer une élève dont le père est mort il y a quelques semaines, bien désolé d’être sur ce terrain.

L’élève que je n’aime pas ne fut pas satisfaite pour autant. Il y a des choses, fussent-elles vraies, qu’on n’a pas le droit de dire, et ce sont les élèves qui en sont juges, contre le professeur.

Voilà où en est l’enseignement : nous sommes contraints de ne pas choquer la sensibilité des élèves, non pas leur sensibilité personnelle, leur sensibilité idéologique. Je crois que les régimes vertueux ne faisaient pas mieux pour assurer une mise au pas idéologique des professeurs.

La mort n'existe pas vraiment, puisqu'il est devenu interdit d'en parler, en cours de philosophie !
Francis est un ami, mais j'ai trouvé ses brillantes interventions défendant les déprédateurs d'Ankor tout à fait scandaleuses. Il le sait bien, car je ne le lui ai pas caché, ici même.
Pourriez-vous me dire de quel nom était signé le texte : "La France est entrée dans la grande nuit de sa langue" ?
C'est, je crois, une phrase extraite d'un roman de Richard Millet - de Ma vie parmi les ombres.
"L'intelligence découplée de la culture, le raisonnement sans la langue ? C'est une blague. J'ai eu l'occasion, moi-même, de fréquenter ces dernières années des cours de lettres modernes : ce qui frappe, c'est l'absence totale de curiosité intellectuelle chez les étudiants, dont se plaignent d'ailleurs couramment les professeurs. On prend pour de l'intelligence ou de l'esprit critique ce qui n'est souvent qu'une propension à rejetter tout ce que les maigres facultés linguistiques dont disposent les élèves ne leur permettent pas d'assimiler. L'impuissance à admirer ce qui les dépasse prend alors le masque d'une critique éclairée, par l'usage immodéré du jargon universitaire qu'on met à leur disposition." (S. Bily)
Petit-Détour répond à Marcel Meyer à propos des amis du désastre :

Marcel Meyer : "Les amis du désastre ne résident pas tous dans les beaux quartiers. Il y a des foules d'amis du désastre dans les banlieues, aux premières loges ; appuyés sur la rambarde, ils le contemplent, le désastre, l'admirent et en encouragent les protagonistes. Mieux, beaucoup sont les agents actifs du désastre, ils tisonnent, attisent, soufflent sur les braises. Parfois, il est vrai, ils en prennent plein la figure ; mais, tout couverts qu'ils sont de la suie du désastre, le poil roussi, ils n'en continuent pas moins car c'est toujours et encore, encore, la faute de la France, la France moisie, rancie, raciste, au front bas, égoïste et apeurée.

On aurait bien tort de croire que c'est par défaut de proximité ou de connaissance que les amis du désastre le sont. Ils savent. Tout le monde sait. "


Petit-Détour : "Je suis d'accord avec l'intervention de Marcel Meyer à ceci près que le sens investi dans le désastre par les spectateurs au poil roussi du balcon n'est pas le même que pour nous. Là où n'importe qu'elle personne, douée du minimum de sens commun, devant telle ou telle émeute, verra des voyous brûler des écoles, l'ami-du-disaster verra des héritiers de la Commune en insurrection contre la violence symbolique infligée par l'ordre normatif blancho-centré. C'est le règne de l'idéologie au sens de Marx : conscience inversée du réel. Rien de nouveau sous le soleil si l'on songe aux intellectuels qui au moment de la collectivisation stalinienne et la famine en Ukraine dans les années 30 croyaient assiter à la mise en place du paradis abondanciste. Idem en 1966, au moment de la Révolution culturelle."
En effet, superbe. Sur la grand place d'In-nocenceville, il faudra une statue de JGL d'un côté, de Petit-Détour de l'autre. Au centre, Cassandre, mais dans une caisse, qu'on ouvrirait seulement une fois par an (trop irradiant).
Cassandre en Ka'aba ? Nous pourrions venir en pèlerinage et tourner autour. L'un des cinq piliers de l'In-nocence.
Bien cher Maître,

Il semblerait, d'après certaines informations en ma possession, que Cassandre soit une dame.

Par ailleurs, "sous un voile" me semblerait plus adapté que "dans une caisse". Si cette solution était retenue, il conviendrait de remplacer "ouvrirait" par "soulèverait".
Si Cassandre irradie, alors il faut mettre "trop irradiante".
En toute modestie, bien entendu, un texte de votre serviteur à propos du pseudo-débat sur l'identité nationale.

[www.in-nocence.org]


S. Bily
30 octobre 2009, 20:49

Je viens d'écouter, sur France Inter, l'émission "Le téléphone sonne" (je sais, c'est un tantinet masochiste, comme occupation) : l'émission portait sur le "débat" en question, et sur son opportunité. D'une seule Voix, tous les invités (Eric Raoult, Najat Belkacem, Gaston Kelman), à l'exception peut-être de Kelman qui n'a pas beaucoup parlé, ainsi que les auditeurs posant des questions à l'antenne, ont bien rappelé, si ce n'était pas déjà fait, que lier dans une même phrase les mots "identité nationale" et "immigration" relevait du plus haut sacrilège. Belkacem a même rappelé que se poser les mêmes questions que Le Pen était plus que dangereux. La grande leçon : surtout, ne pas "chasser sur les terres du Front National", qui doit être, pour ce que j'en sais maintenant, une sorte d'obscur groupuscule terroriste rassemblant de petits êtres haineux et racistes qui répandent leur fiel dans toutes les consciences, et corrompent les bonnes moeurs multiculturelles. J'ai appris qu'il n'y avait pas de problème de sécurité. Au fond, tout va bien. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi on parle d'identité nationale : être français c'est posséder une carte d'identité française. La vérité est très simple. Et puis, qu'est-ce que je fais ici, moi ?

Pas de contradicteur, donc, dans cette émission qui en préfigure des milliers d'autres (nous ne devrons notre salut qu'à de rares saillies, de piteux "dérapages", qui sauveront un peu l'honneur et seront à la vérité ce que le contrepet est au mot d'esprit et à la réflexion construite, ce que le geste symbolique est à la véritable action politique), on est bien entre soit, on se tient chaud, on calfeutre toutes les ouvertures, et l'on continue à vanter les délices du multiculturalisme et à fustiger les "discriminations". Oh, bien sûr, je ne suis pas assez naïf pour croire qu'à France Inter la notion de pluralité ou de débat contradictoire puisse jamais se faire une place , ni qu'un jour cesse le procédé bien connu de l'intimidation morale. Mais bon, je suis sorti de tout cela assez mélancolique. Oui : aimer la France, si je puis hasarder ici une sommaire définition, c'est être condamné à la mélancolie. Celle-ci vient du regard étonné que nous portons sur nous-mêmes, au moment de comprendre que ce que nous avions cru posséder de plus cher (l'amour sincère que nous portions à notre pays et que nous ne nous expliquions pas) est sommé de comparaître devant le tribunal d'une raison purement procédurale, devant laquelle il ne fait pas le poids.

Notre faiblesse vient de ce que leur définition de l'identité nationale est si étroite, si minimale, que c'est à nous, sur les épaules desquels pèse un poids de siècles, que revient la tâche ardue de la justification. Or il entre dans l'amour que nous portons à notre pauvre patrie un sentiment injustifiable fait aussi de déraison, et qui rend les armes devant les arguties besogneuses et purement conceptuelles de personnes au coeur creux qui se défendent de faire la loi, tout en édictant les règles du bien-dire en la matière.

C'est pourquoi le Parti de l'In-nocence a toujours une longueur d'avance sur les autres, quand il affirme que l'existence d'un tel débat est déjà le signe d'une agonie.
Ceci d'Agrippa sur un difficile cas de conscience :


Agrippa
30 octobre 2009, 20:14 Vous n'allez pas le croire...

Incroyable ! Pendant que j'écrivais les "Questions à poser à un candidat musulman" ci-dessus, il se produisait chez moi un évènement troublant qui n'est pas dépourvu de tout lien avec notre sujet. Explications : ma fille est étudiante en P1 (première année de médecine). Elle prend des cours particuliers avec un professeur de physique d'environ 35 ans, de type Indonésien ou peut-être Malais. Cet homme est professeur d'université dans la même faculté de médecine qu'elle (ce qui est en principe défendu mais bon, c'est avantageux car il connaît bien les sujets tombés les années précédentes et ne se gêne d'ailleurs pas pour faire des sous-entendus sur les "sujets qui pourraient bien tomber cette année"). Ce jeune scientifique serait un brillant physicien spécialiste des lasers. Bref, sur le coup des quatre heures, notre homme déclare à son élève : << Êtes vous chrétienne ou musulmane ? Moi je suis musulman et d'ailleurs, je dois faire ma prière cinq fois par jour, puis-je la faire maintenant ? >>

La pauvre était seule avec lui et n'a pas osé refuser : il lui fait un peu peur à cause de ses manières autoritaires. Notre savant a donc posé une feuille de papier par terre et, pendant que son élève effectuait ses exercices, s'est exonéré de la première obligation qu'Allah impose à ses fidèles. Le tout dans le dos innocent de votre serviteur, tout occupé à éreinter le muzz dans le cyber espace, sans voir qu'il était déjà chez lui.

Toutefois, en réponse à une question de sa part, la brave fille lui a doctement indiqué la mauvaise direction, de sorte que ce fanatique a prié le dos à La Mecque...

En tout cas, il va entendre parler de moi dès lundi. Si les RG lisent ce message, m'est avis qu'ils devraient s'intéresser à la nature exacte des activités fomentées par ce pieux chercheur d'une prestigieuse faculté, sise dans un arrondissement parisien à un chiffre (ou les hijab sont néanmoins fort nombreux paraît-il).
M. Petit-détour sur les réseaux américains dans les banlieues :

M. Petit-Détour
08 juin 2010, 09:55 Communiqué n° 1069 : Sur les réseaux américains dans la France d'après (...la France)

L'article du Monde m'a également beaucoup frappé. J'ai eu une pensée émue pour Badiou et le Comité invisible de Julien Coupat tant il apparaît au vu de l'enquête de Luc Bronner que le grand Satan a pris de l'avance dans la conquête des esprits banlieusards dont personne n'ignore qu'ils sont, aux yeux de la théorie révolutionnaire de notre temps, censés constituer l'avant-garde des insurrections qui viennent contre le règne chosifiant de la valeur d'échange. J'ai été aussi un peu déçu par nos jeunes. Je les pensais en effet un peu plus anti-impérialiste que cela, alors qu'il suffit, semble-t-il, de leur amener une quelconque vedette black accompagnée d'un ambassadeur ; de leur offrir un petit pélerinage à New York au frais de la princesse pour qu'ils fassent les yeux de Chimène aux Etats-Unis. On me dira bien sûr qu'il y a quelque chose de flatteur à voir la première puissance de la planète nous envier nos viviers de banlieues, nos gigantesques réserves de talents bourrés d'énergie. Tellement talentueux d'ailleurs qu'ils n'ont besoin d'aucun diplôme aux yeux des Yankees tant leur génie affleure au moindre de leur geste, au moindre de leur scriboullis taggeurs et rageurs ; à la moindre de leur chorégraphie hihoppeuse. Comme notre pays semble aveugle. Crispé qu'il est encore sur les vieillles certitudes scolaires qui subsistent encore et qui ressortissent finalement au vieux monde blanc agonisant. Certains parleront bien sûr d'ingratitude dans tout cela. Mais que sont les milliards déversés par la République depuis trente ans au nom de la politique de la ville ; que sont les milliers d'assoces subventionnées ; les allocations diverses et variées ; les écoles ; les équipements dits culturels ; les Niagara de repentance face à l'apparition éblouissante d'un Snoop Dog dans le ghetto. Peu de choses.
Un bon texte de M. Henri Bès :


Henri Bès
03 juin 2010, 08:03 Du temps où la France était une nation littéraire...


Soyez certain, cher Buena Vista, que votre enthousiasme pour la citation de Chevillard que vous nous donnez, et les idées qu'elle expose, ont toute ma sympathie. Je me demande cependant si la perte du sens littéraire et de la langue qui l'accompagne n'a pas de meilleure illustration que dans cette citation même :

***

Citation
Buena vista
"Sous l'influence du cinéma, du rock, de la beat generation, de l'Amérique en somme, nous avons pris en horreur
un certain tour d'esprit français, très littéraire, tout en mots, un peu emphatique ou ronflant, y compris quand l'ironie
s'en mêle, que représentent aussi bien Lamartine qu'Alphonse Allais ou encore Brassens - et il faut admettre que cette
langue est trop chargée pour laisser passer un cri, trop grammaticale pour reproduire certains déchirements de
l'âme, trop sûre d'elle pour céder à l'angoisse, cependant elle témoigne d'une ambition folle, d'un rêve téméraire de
conquête et de maîtrise absolue du monde par le verbe, plus délirante en cela et moins artificielle que bien des
ululements de rage et de révolte."


***

Sous l'influence de tous les arts et mouvements de foule mineurs que mentionne l'auteur, et de leur emphase peu réfléchie, il parle de prendre en horreur, d'ambition folle, de maîtrise absolue du monde par le verbe, de plus délirante en cela et de ululements. Ce vocabulaire est le signe même de la perte du sens littéraire de la mesure que Chevillard déplore.

Permettez-moi aussi quelques remarques sur les idées qu'il expose : dans ma jeunesse, j'ai eu horreur, en effet, de ce tour d'esprit français tout en distances, parce qu'il me renvoyait à ma propre jeunesse inculte, à mes enthousiasmes peu éclairés et à mon ignorance, principe de férocité. Ce tour me faisait honte, et jouait un peu le même rôle que les faux prestiges sociaux d'une personne à fréquenter pour un snob : il fallait à toute force s'en approcher, s'approprier ses tics et afficher qu'on était bien membre de la société choisie à ceux qui n'en étaient pas. Dans cette mesure, il avait quelque vertu pédagogique : même s'il transformait les jeunes intellectuels en cuistres ridicules, il leur apprenait à garder leurs distances avec eux-mêmes et à ironiser sur leurs coups de cœur, comme on dit aujourd'hui dans les supermarchés. La jeunesse était encore, dans certains cercles protégés, un ridicule.

J'ai remarqué aussi que le reproche d'emphase fait au tour d'esprit français, y compris quand l'ironie s'en mêle, émanait toujours de personnes qui n'avaient avec ce tour d'esprit que peu de familiarité. Je me souviens d'un passage des Essais de Montaigne à l'éloge de la sexualité, agrémenté de quelques vers de Virgile, qui parut le comble de l'emphase à la Malraux à quelqu'un qui n'avait jamais lu Montaigne, et qui accordait aux vers de Virgile et au tour exclamatif un peu vieilli de la phrase, une valeur ajoutée, si je puis dire, d'exhibitionnisme littéraire. En l'occurrence, ce n'était pas le cas. Le manque de familiarité avec la littérature et avec ses codes fait voir du clinquant partout.

En passant, observez qu'une langue (trop) chargée est un peu malheureux.

Enfin, les cris, les déchirements de l'âme, l'angoisse, l'ambition folle, les rêves téméraires de conquête, etc., on les trouve aussi chez Pascal, Corneille et Racine, malgré (si l'on veut) la langue et malgré les bienséances. On les trouve. Les rêves prométhéens de maîtrise absolue du monde par le verbe sont plutôt allemands, objectera-t-on, mais après tout, Nerval ou Rimbaud ont su les dire en français. Si Chevillard a raison de signaler le caractère contraignant du français littéraire et l'artifice de tous les Howls contemporains, il me semble qu'il a du français littéraire une conception erronée. Il faudrait rouvrir La diplomatie de l'esprit, de Marc Fumaroli, ainsi que Poésie et terreur car ces livres analysent ces questions en profondeur (le premier explique la tension entre baroque et classicisme, le second décrit l'opposition, en Chateaubriand, de la poésie du cœur et de la prose de la raison et des Lumières). Ces deux livres suffiraient à innocenter un peu l'Amérique des influences délétères qu'on lui prête, puisque les excès ont toujours été déjà là.

Pardon, encore une fois, de vous paraître démolir ce qui vous a plu, et qui ne me déplaît pas au fond.
M. Francis Marche sur la signification de la bâche/burqua :


Francis Marche
30 avril 2010, 11:42 Gouvernement des juges

Si l'homme n'est pas le modèle de la Femme - et il va de soi qu'il n'a pas à l'être -, quelle image spécifique d'elle-même la Femme veut-elle donner ?


Cher M. Mavrakis,

il semble ici que la réponse vraie, non rhétorique, soit contenue dans votre question: la bâche noire qui se fait appeler burqa dans nos faubourgs, si elle a un sens dans la problématique que vous nous exposez, ne saurait-être autre que celui-là: ne pouvant prendre l'homme pour modèle, la Femme s'instaure de manière indiscriminée dans une non-image spécifique, savoir que sans ce modèle impossible pour elle qui est l'Homme, la Femme n'est qu'une tache noire, soit un rien, une totale indistinction au monde. Tel est le message de la bâche. La bâche accouple deux énoncés: 1/ je ne suis pas un homme; 2/ ne l'étant pas, je ne suis rien. Cette déclaration ainsi articulée, nous l'entendons tous; le drame, ou l'erreur de notre part, serait de la vouloir relativiser (par le contournement de la gender approach) car elle n'est pas relativisable.
J'avais été frappé par cette confession de Francis :

"L'affiche la plus révoltante que j'ai jamais vue apposée sur un mur était une affiche du MLAC, il y a bien trente ans, où l'on voyait un dessin représentant un bambin stylisé, grosse tête ronde souriante, assis parmi ses jouets, qui proclamait, ravi "C'est quand même plus chouette de naître quand on est désiré". Moi qui avais été un enfant non particulièrement désiré, je me sentis visé personnellement par cette affiche comme déchet de l'humanité, en bonne place sur la liste des créatures à exterminer, à jeter vivant dans un four à la première occasion, un sous-homme que l'humanité n'avait jamais trouvé "chouette" d'accueillir en son sein pour quelque raison qu'elle seule devait connaître et qu'elle ne tenait pas particulièrement à me faire partager. J'avais jusque là été sympathisant de la cause pro-avortement, quand je compris ce jour où je m'avisais de cette affiche et de l'argument qu'elle pose, que si ces gens avait eu gain de cause, j'aurais fini dans une poubelle avant que de voir le jour, et ce fut presque dans une réaction d'autodéfense que je me pris à haïr ces personnes qui s'arrogent le droit de faire disparaître, d'exterminer les vies qu'elles ne jugent pas assez "chouettes" à leur goût."
Tous ces extraits ont vraiment beaucoup d'allure... a-t-on idée de l'ampleur de l'ouvrage ?
Ce n'est pas Cassandre, en l'occurrence, qui irradie, c'est l'arrangement que je propose. Cher M. Biencherjmarc, vous mettez un soin jaloux et très impatient à me corriger incessamment. Consentiriez-vous que je vous corrigeasse en retour ?
"Un "de souche" (ou apparenté) ne peut plus, face à un individu issu d'une certaine immigration, se permettre de s'interroger sur l'identité nationale sans que son interlocuteur lui assène aussitôt, pour lui couper l'herbe sous les pieds et la parole, l'intimidant " mais nous sommes français, aussi français que vous " , signifiant par là qu'il s'agit d'une affaire entendue et que vouloir seulement en discuter serait impardonnablement raciste. Il serait pourtant simple de répliquer, pour commencer, qu'être étranger n'a rien de choquant , que, en France en tous cas, ce n'est pas un gros mot et qu'il n'y a rien d'humiliant à ne pas être français, d'autant que 99 pour cent de la population mondiale ne l'est pas sans s'en sentir mortifiée pour autant. D'autre part, s'il est bien vrai que l'ancienneté ne garantit pas l'authenticité de l'identité, certains, de souche toute récente, et même des étrangers, pouvant être parfois plus français que d'autres de vieille souche, l'inverse aussi est, à plus forte raison, vrai. Il Y A DONC LIEU DE DISCUTER. Si ces personnes issues de l'immigration africano-musulmane, puisque c'est d'elles en général qu'il s'agit, veulent dire que leur passeport et leur carte d'identité français sont aussi valables que ceux d'un " de souche ", elles ont, bien sûr, raison. Administrativement parlant , nous sommes, tous, " de souche " ou non, pareillement français. Mais, encore une fois, est-ce qu'il sufit d'une étiquette collée sur la bouteille pour faire d'une jeune piquette, d'un jus de raisin non fermenté un vieux vin A.O.C ? Suffit-il de coller une étiquette de Château-neuf du Pape sur du Sidi-Brahim pour transformer ce dernier en vin de Bourgogne ? Seuls les objets inanimés auraient donc une personnalité, une âme, et pas les nations, pas la nôtre en particulier ? Or, les cités " sensibles " où se sont fixées les populations issues d'Afrique sont devenues des annexes, de simples extensions des divers pays d'origine au point que la fameuse expression "emporter son pays à la semelle de ses souliers " semble avoir été forgée exprès pour ces populations. Quoi d'étonnant que l'identité que l'on y cultive soit plus près du Sidi-Brahim que du Bourgogne, de l'Algérie, du Maroc ou du Mali que de la France, étiquette ou non ? Au reste, est-ce qu'il a suffi que, administrativement, l'Algérie coloniale fût un département français pour qu'elle fût VRAIMENT française ? Suffisait-il aux Algériens d'avoir, à l'époque, une carte d'identité française pour qu'ils se sentent français ? L'histoire a donné avec éclat la réponse : NON. Ils ont fait la guerre, pour, justement, en finir avec cette convention administrative qui n'était à leurs yeux qu'une imposture. Pourquoi ce raisonnement assez valable hier pour justifier une guerre atroce, ne ne le serait plus aujourd'hui pour justifier un débat pacifique et nécessaire ? Pourquoi serait-il plus condamnable aujourd'hui qu'hier de prendre acte que la nationalité française de certaines personnes n'est qu'une convention administrative, une pure fiction ?
Au reste, comme je crois l'avoir déjà écrit, si cette fiction est désormais prise pour argent comptant , il faudra bientôt s'attendre à voir contester de la même façon l'existence même d'une langue française spécifique. Si, en effet, le français est la langue parlée en France par des populations légalement françaises et n'est que cela (et c'est ainsi, les choses étant ce qu'elles sont, qu'il sera conçu) alors, ces populations conservant l'arabe comme mode de communication, l'arabe sera dit être la langue française. CQFD." (Cassandre.)
"Du temps fort lointain où je m'intéressais vaguement à l'ésotérisme, il me revient que ce que l'on appelait, jadis, la " philosophia perennis " avait pour dogme que l' enseignement de la Sagesse, au sens noble du terme, perdrait en force et qualité ce qu'il gagnerait en nombre d'intéressés et que pour cette raison, pour que le contenu de cet enseignement ne s'altérât pas, il fallait impérativement qu'il fût réservé à un petit nombre d'initiés, de disciples triés sur le volet. Selon ce point de vue un enseignement de masse eût été considéré comme une véritable hérésie. Pourtant l'école républicaine, jusque dans les années 70, a bien failli réussir, en partie, le miracle de conjuguer la qualité et la quantité, peut-être parce qu'elle apparaissait à chacun comme, précisément, un lieu enviable d'inititation , c'est-à-dire d'épreuves acceptées en vue de l'amélioration de ses capacités intellectuelles, coupé du monde, recueilli, et sous l'autorité de maîtres respectés. A partir du moment où les pédagauchistes ont fait disparaître ce côté initiatique de l'école devenue banal "lieu de vie" "ouvert sur la rue" où les maîtres ne sont pas respectés par principe ni la moindre autortité admise, il était évident que l'enseignement y perdrait de son prestige, et irait se galvaudant toujours davantage en fonction d'un public d'autant plus je-m'en-foutiste qu'il était plus nombreux et plus étranger. Je pense, d'ailleurs, que la féminisation du corps enseignant a, aux yeux des garçons, contribué à la disparition de l'aspect initiatique de l'école et donc à la faire, inconsciemment bien sûr, baisser dans leur estime." (Cassandre.)
Bien cher Maître,

Vos corrections sont les bienvenues (et il semblerait d'ailleurs que vous n'ayez point attendu mes encouragements pour les administrer, et je suis donc de vous le fidèle élève, ou du moins le tardif imitateur : je ne me comparerais pas à Maupassant, mais je vous comparerai à Flaubert, dépistant le moindre relâchement et critiquant par exemple la fille au lieu de la câtin).

Je souffrirais donc que vous vous me corrigeassiez, si tel était votre désir, et je dirais "Orimont, serrez ma haire avec ma discipline", car ce rôle, vous l'aurez deviné, m'est cher (je n'ai point trouvé de Laurent au sein de ce forum).
"Les donneurs de leçon autorisés -à la ramener- ont entrepris, depuis quarante ans, de nous persuader, nous français "de souche", que nous étions racistes et que, dorénavant, nous ne devions plus l'être. Bonnes poires, nous nous sommes laissés convaincre avec une touchante bonne volonté, certains que, après tout, ça ne pouvait pas faire de mal même si on exagérait un peu. Il est vrai que chaque Français, ou presque, pris individuellement, était bien persuadé que lui ne l'était pas, raciste, ce qui faisait, en somme, 60 millions de non racistes en France, passons. Mais pour qu'il y quelque satisfaction à ne pas l'être encore fallait-il que les autres le fussent, voilà pourquoi chacun de nous feignait de le croire ; un peu aussi comme ces jolies femmes qui se disent laides mais qui, bien sûr, n'en croient pas un mot : par pure coquetterie. Quoi qu'il en soit , pour montrer notre bonne volonté antiraciste, nous avons a accepté que des populations radicalement étrangères s'installent sur notre sol avec les mêmes droits que nous, puisque, de toutes façons on nous persuadait qu'il ne sortirait de ces dernières, comme de tant d'autres avant elles, que de très bons français. On nous a mis longtemps dans la quasi impossibilité d'entendre la mise en garde de cette frange de nous-mêmes qui, très tôt confrontée à ces populations, découvrait le véritable visage du racisme à côté duquel le nôtre, ou prétendu tel, n'était que racisme d'opérette dont nous savions d'ailleurs nous moquer depuis longtemps en ayant plébiscité des sketchs comme "Le boulanger étranger" de Fernand Reynaud . Et puis, peu à peu, à l'épreuve du réel, nous avons fini par découvrir à notre tour, avec effarement, le véritable racisme, celui des enfants de ceux que nous avions accueillis dans notre pays et qui nous répétaient sur tous les tons que oui, pour sûr, la France était laide, laide de chez laide. Nous avons eu beau vouloir crier "pouce", que nous ne jouions plus à ce jeu là, que nous nous disions racistes un peu pour rire parce que, au fond, nous n'en croyions rien, trop tard, le mal était fait : on nous avait pris au mot. Définitivement.
Il ne nous reste plus, en guise de -maigre- consolation que de nous précipiter pour aller voir "Les choristes" ou "Bienvenue ches les ch'tis" .

(J'ai un préjugé favorable à l'égard de ce Dany Boon, qui, bien que fils d'un père kabyle a, contrairement aux Noah, Naceri, Dieudonné et d'autres, choisi de célébrer ses racines françaises.)" (Cassandre.)
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