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Envoyé par Henri Rebeyrol 
25 mai 2008, 19:07   Choses vues
(comme Totor)

En face d'une zone commerciale "achalandée" de la région parisienne (sud-est, près de la forêt de Fontainebleau), de l'autre côté de la rue, s'élève un magasin. Sur le toit, bien visible de la zone commerciale, est écrite en grandes capitales rouges sur fond jaune la raison commerciale : "ROTISSERIE HALLAL", et, au-dessous, sur un bandeau de couleur beige, en caractères romains, "PRODUITS ORIENTAUX", et, en caractères arabes manuscrits et peints en vert - évidemment -, à première vue, en style nashkhi, les mots "mogzarah islamiyyah", soit en français : boucherie islamique.

Ce qui tire l'oeil, c'est le signe caché, à savoir l'adjectif "islamique" écrit en arabe seulement. "Orientaux" (Hallal semble être le nom du rôtisseur) ne réfère pas, de façon explicite, à la religion.
On en comprend les raisons : "islamique" pourrait éloigner la clientèle juive ou bobo transculturelle.
Mais la cupidité ou le simple intérêt commercial n'épuise pas l'interprétation du signe. On pourrait y voir l'expression habituelle de la takia, la dissimulation ou le double langage, recommandé par Mahomet à ses affidés, lorsque ceux-ci se trouvent hors de la communauté. On ne dévoile son islamité qu'aux musulmans : aux autres, on la cache.

J'y verrai le signe d'une autre loi, plus forte encore et qui énonce en substance ceci : là où vit un musulman s'applique la loi de l'islam ou le lieu où vit un musulman et où il s'établit devient de fait islamique et relève de l'oumma. De nombreux commerces ou mosquées portent des noms qui résonnent comme des cris de guerre ou de victoire. Ainsi, à Lille, une boucherie explicitement "hallal" et évidemment islamique a comme raison sociale : "boucherie NASR", c'est-à-dire "boucherie de la victoire", la victoire en question étant celle des armées d'Allah, quand elles ont conquis l'univers connu après 635. Ou encore une mosquée à Paris a pour nom "Mosquée El Fattah", qui signifie, au sens propre, "l'ouverture", métaphore par laquelle est désigné l'acte par lequel les guerriers d'Allah se sont ouvert le monde en quittant la péninsule arabique en 635.

Soyez attentifs aux noms, vous comprendrez les choses : c'est ce que n'a jamais dit (ni fait) Totor, hélas.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 19:35   Re : Choses vues
"(...) en style nashkhi, les mots "mogzarah islamiyyah",(...)"

C'est peut-être une langue régionale qui ne demande qu'à être protégée par la Constitution ?

A propos, sur quels critères définit-on officiellement une "langue régionale" ? Ancienneté de la présence sur un territoire ? Monuments littéraires ? Nombre de locuteurs ? Vigueur de l'usage ?
Il semblerait que ne puisse être considérée comme langue régionale en France une langue qui serait officielle dans un autre pays. C'est en tout cas ce qu'affirmait Jean-Jacques Mourreau dans un article d'Eléments où il dénonçait la promotion en Alsace du dialecte alsacien au détriment de l'allemand, qui selon lui a de tout temps été la langue de culture dans la région.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 20:41   Re : Choses vues
""hallal" (qui signifie en arabe "sacré" ou "licite"), qui ne réfèrent pas, de façon explicite, à la religion. "
.....................................

Cher JGL "Halal" (un seul "l" je crois bien (?)) signifie "Permis", et s'oppose à "Haram", "Interdit".

Ces deux termes se réfèrent bien de façon explicite à la religion. Car un aliment est toujours considéré comme étant "Halal", ou "Haram", en regard des seuls commandements divins que le fidèle se doit d'observer scrupuleusement.
Par la nourriture et dans l'acte quotidien de manger le musulman se "souvient" de Dieu (de même que le chrétien ou le juif pratiquant) ; laissé à lui-même, et sans la menace de l'"Interdit", celui-ci, à l'évidence, ne présenterait aucune tendance naturelle à se tourner vers Dieu. Aussi le propre de la révélation musulmane est-il d'offrir au fidèle une sorte de guide de conduite que le Coran appelle "hudâ", terme qui signifie "le droit chemin", "la direction juste" (notion qui apparaît plus de 120 fois dans le Coran), et dont la stricte observance de ce qui est "Halal" fait partie intégrante.


Nota bene : M. Chebel, dans son "Dictionnaire des symboles musulmans", écrit "Halal" avec un "l".
25 mai 2008, 20:55   Re : Choses vues
Oui, peut-être. Mes souvenirs d'arabe sont loin. Il me semble pourtant (à vérifier) qu'en arabe, hallal ou halal s'écrit avec un double lam ou avec un damma suscrit sur le lam. Mais c'est peut-être une erreur de ma part.

Le problème est que vous soulevez est intéressant. "Permis" ou "licite" (et son contraire haram, "interdit") réfère à la loi, au droit, à ce qui est établi. En raison, c'est une notion juridique. Religieuse peut-être, si on accepte de réduire la religion à une loi : ce que fait l'islam. Qu'est-ce qui rend "halal" ou "hallal" la nourriture ? C'est la taxe prélevée par la mosquée ou au bénéfice de la mosquée. Rien d'autre.
Il me semble que la religion mérite autre chose que cette pauvre limitation. Chebel noie le poisson dans la salade qu'il vend. On peut le lire pour la rigolade. Il voit de la mystique dans la manducation : libre à lui, il a sans doute la vue perçante. Il n'a sans doute jamais vécu dans un pays arabe ou musulman autrement qu'en touriste. Sinon il ne tiendrait pas la grande bouffe (vite avalée) pour l'expression la plus haute du mystère divin.

Le damma est en fait un chadda : une sorte d'oméga
Il fallait lire dans le premier message mal relu (qui signifie, vs haram "sacré" et "interdit", "licite")
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 21:10   Re : Choses vues
" Qu'est-ce qui rend "halal" ou "hallal" la nourriture ? C'est la taxe prélevée par la mosquée ou au bénéfice de la mosquée. Rien d'autre. "



Là, vous exagérez un peu...

Jugeriez-vous aussi sévèrement les nombreuses prescriptions alimentaires de la religion juive (prescriptions bien plus draconiennes encore) ?
25 mai 2008, 21:19   Re : Choses vues
Il serait possible, cher JGL, de transposer vos remarques de l'islam au judaïsme, qui a, lui aussi, une catégorie de commandements destinés à se souvenir de l'Eternel, que l'homme n'a que trop tendance à oublier : les tsitsioth par exemple, ces quatre fils tressés pendant aux quatre coins du vêtement. D'autre part, il me semblait que ce qui rendait halal une nourriture était le mode d'abattage de l'animal, non la taxe payée à la mosquée. Enfin, la manducation peut s'entendre en termes sacrés : je n'ai pas lu Malek Chebel, mais j'ai entendu Léon Askénazy et lu Elie Munk, qui exposent de belles choses sur la religion comme loi divine et sur la manducation comme rappel des sacrifices du Temple, annonce de la rédemption à venir et du festin messianique. Vous savez comme j'ai l'habitude de lire attentivement ce que vous écrivez, mais en ce cas, n'allez-vous pas un peu vite?
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 21:33   Re : Choses vues
"Vous savez comme j'ai l'habitude de lire attentivement ce que vous écrivez, mais en ce cas, n'allez-vous pas un peu vite?"

J'aurais pu écrire la même chose...


Pour ce qui est de M. Chebel, là, je rejoins le jugement de JGL !
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 21:40   Re : Choses vues
Si je puis me permettre, je trouve qu'au sujet de "Totor", JGL est également un peu expéditif.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 23:31   Re : Langues régionales
"Il semblerait que ne puisse être considérée comme langue régionale en France une langue qui serait officielle dans un autre pays."

Mais alors une langue régionale parlée dans n'importe quel pays où elle n'y serait donc pas officielle pourrait être considérée comme langue régionale sur le territoire français si elle venait à y être parlée ?
26 mai 2008, 00:43   Re : Choses vues
A Saint-Ouen, on trouve des boucheries qui se disent "islamiques" en français. L'une des seules non islamiques a brûlé l'automne dernier...
26 mai 2008, 00:46   Re : Choses vues
Il me semble qu'une langue régionale est une langue qui a son berceau dans cette région. Le béarnais, le gascon landais, le languedocien, le vannetais, le normand, le picard, le corse, le catalan disent dans leur nom de quelle région de France ils viennent ; le créole réunionnais, antillais ou guyanais, de même, le maorais (Mayotte) aussi. S'ils sont parlés ailleurs, ils ne sont pas de cet ailleurs.
Les dialectes arabes, berbères, le portugais, le polonais, etc. n'ont pas leur berceau dans l'hexagone ou sur le sol national (qui inclut l'outremer). Ces langues sont néanmoins considérées comme langues de France par l'Etat (l'allemand aussi, à cause de l'alsacien), mais ce ne sont pas des langues régionales, ou pas encore.
Certains arguments que l'on oppose à l'islam sont tirés d'une tradition européenne chrétienne inaugurée par Saint Paul. On y oppose une religion formaliste du commandement dont le fidèle s'acquitte, sans plus d'effort d'amélioration intérieure, à une foi spirituelle annulant le commandement au profit d'une exigence de perfection jamais atteinte, sauf par la grâce d'un Dieu qui intervient dans la vie du fidèle pour le rendre capable de se conformer à ce qu'Il exige de lui. Les actuels débats sur l'islam réactivent ces reproches pauliniens, adressés au judaïsme en leur temps. Franz Rozenzweig disait d'ailleurs, je crois, que ces deux religions étaient des législations révélées (c'est à vérifier).

Ce retour de la pensée paulinienne ne me dérange aucunement, mais ce n'est pas bien argumenter que de reprocher à l'islam son formalisme sans inclure le judaïsme dans cette critique. On se rend compte ensuite que la légalité sacrée, voire le légalisme, recouvrent des réalités plus profondes, et l'on est amené à voir que dans le judaïsme comme dans l'islam, le respect de la loi s'accompagne d'une méditation sur elle, cabalistique dans un cas, soufie dans l'autre (méditation institutionnalisée ou "sauvage"). La connaissance, même superficielle, de la Cabale ou du Soufisme, rend très prudent ensuite quand on s'avise de reprocher à ces religions leur légalisme pauvre et étroit. (Les deux sont associés à la fin du volume passionnant Réceptions de la cabale, aux éditions de l'Eclat.)

Ce qui m'inquiète dans la présence musulmane en Europe n'est pas sa qualité islamique, mais, si j'ose dire, la quantité des fidèles qui investissent l'espace public, comme le voit très bien M. JGL. Même dans la Pologne ou l'Ukraine d'avant 1939, les Juifs n'avaient pas l'intention de supplanter les Polonais ou les Ukrainiens, y compris aux villages où ils étaient majoritaires. D'autre part, ils n'avaient pas non plus l'intention de soumettre chacun à leur loi et n'avaient pas même la force légale de retenir leurs membres dissidents, après l'abolition du Conseil des Quatre Provinces à la fin du XVIII°s. La différence majeure entre ces deux religions qui se ressemblent tant, c'est que l'une survit à un état dans l'attente d'un autre, qui sera messianique et venu d'en-haut, tandis que l'autre, l'islam, est bien "un règne de ce monde", très politique, universaliste et non universel, convertisseur, dissolvant les entités nationales, et confié exclusivement à l'action des croyants. La différence n'est pas dans le légalisme, mais dans le projet de société que portent ces législations.

Pour reprendre enfin la remarque d'Alexis, je dirais avec M. JGL que Victor Hugo n'est quand même pas un modèle de lucidité politique et sociale. C'est un phraseur, un magicien des mots, mais essayez donc de comparer, par exemple, sa description de la chaîne des forçats dans Les Misérables, et ce qu'en écrit Tolstoï dans Résurrection. Hugo ne voit pas les forçats, mais lit et cite Dante à leur propos. Tolstoï les voit et les sent. Il n'a pas besoin de légitimer son sujet par des allusions littéraires.
26 mai 2008, 11:53   Re : Choses vues
Oui, je crois que sur la question du "halal" (ou "hallal"), je suis allé un peu vite.
Dans les pays arabes ou musulmans où j'ai vécu, je n'ai jamais entendu qui que ce soit rappeler cette obligation : en fait, tout le monde s'en fichait ou faisait comme si l'obligation n'avait pas d'importance. L'interdit du porc n'était pas violé, mais l'hallalité semblait quelque chose de secondaire. Cette obligation devient affaire d'Etat en France. Voilà qui est étrange.
Je voulais simplement rappeler que le "permis" relève de la loi et que, pour moi (c'est ce que m'enseignent l'expérience et les lectures), l'islam est littéraliste au possible, juridique dans son essence et affreusement matérialiste dans la façon dont il voit le monde.
26 mai 2008, 12:24   Re : Choses vues
Cher Henri, je ne connais pas assez le judaïsme pour en parler, mais je sais que l'islam réglementaire, orthodoxe, a toujours vu d'un mauvais oeil le soufisme qui ne concernene qu'une infime minorité de musulmans lesquels, d'ailleurs, même s'ils privilégient le jihad intérieur, ne remettent absolument pas en cause le jihad geurrier ni aucune des dispositions de la charia. La spiritualité de l'islam est une vaste rigolade. Comme le dit JGL, pas de religion plus matérialiste que celle-ci. Il suffit de voir comment elle se représentente le paradis. Au reste je suppose que dans le judaïsme, l'observance du rituel n'empêche pas le recherche de l'amélioration morale de la personne. En islam, l'observance du rituel tient lieu de morale et de bonne conscience.
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 14:05   Re : Choses vues
" l'islam est littéraliste au possible, juridique dans son essence et affreusement matérialiste dans la façon dont il voit le monde."


Dans l'islam, la volonté de Dieu est d'abord une volonté écrite, dictée par Dieu lui-même ; tandis que dans le christianisme, elle est un esprit à discerner et à mettre en pratique. Aussi bien la volonté de Dieu est-elle, dans l'islam, affaire d'abord d'obéissance ; dans le cas du christianisme, elle est (devrait être) affaire d'abord d'élaboration (au fur et à mesure du déroulement de l'histoire).

Dans le premier cas, la vie spirituelle est de fidèle exécution ; dans le second, elle est (devrait être) de fidèle invention.

L'islam chiite, lequel n'en finit pas de me passionner, échappe quant à lui à l'enfermement littéraliste propre à l'islam sunnite (là il faudrait développer mais je manque de temps...).
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 16:06   Re : Choses vues
18% des boucheries sont musulmanes
. Publié le 29 juillet 2006 (Le Figaro)

Le développement du marché halal repose encore quasi exclusivement sur les boucheries musulmanes de proximité. Il a donc pour conséquence une nette augmentation du nombre de ces établissements. En région parisienne, en 2005, on dénombrait ainsi 625 boucheries musulmanes pour 1 500 boucheries de quartier (41,6%). Les chiffres étaient de 110 sur 500 (22%) dans le Rhône et de 115 sur 1 200 (9,5%) dans les Bouches-du-Rhône.

Au total, 4 000 des boucheries de quartier seraient musulmanes, soit 18,2%. Selon les experts, les bouchers traditionnels musulmans deviennent «incontournables pour l'ensemble de la filière». Et ce d'autant plus que les consommateurs à acheter dans les supermarchés.J. C.
26 mai 2008, 16:19   Re : Choses vues
Vous avez raison, chère Cassandre, sur le caractère très minoritaire des soufis. Le judaïsme a connu un phénomène inverse : la Cabale fut d'abord le fait de confréries minoritaires et élitistes, en Espagne, Terre Sainte et en Europe centrale. Mais très vite, l'imprimerie s'est emparée (au XVI°s) de textes qui circulaient peu, les a popularisés et des traductions du Zohar en yiddish parurent dès 1711, mettant ce livre éminemment mystique à la portée des simples fidèles et ... des femmes (exclues de l'étude). En plus de l'effort moral exigé de tous par la tradition publique, le mouvement hassidique inspiré par la Cabale a totalement modifié ce qu'il aurait pu y avoir de légaliste dans la religion. Ce n'est pas le caractère écrit de l'injonction divine qui produit ces dérives littéralistes, c'est la fausse bonne conscience acquise par l'obéissance aux commandements. Cette fausse bonne conscience s'observe dans toutes les religions, même les plus évasives dans la formulation de leurs exigences. Peut-être insiste-t-on davantage en France qu'ailleurs sur la question halal, par imitation des Juifs, car j'ai lu quelque part que leurs institutions communautaires servent de modèle à tout groupe désirant se constituer en communauté.
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 16:54   Re : Choses vues
"le caractère très minoritaire des soufis"


Cher M. Bès pardonnez-moi mais les soufis, essentiellement tournés vers la dimension ésotérique de la Révélation, ne peuvent être que minoritaires... L'exotérique étant, et dans toutes les religions (révélées ou pas), la "part" revenant prioritairement aux masses.
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 17:04   Re : Choses vues
Une question qui pourrait paraître incongrue Cassandre, mais comme on n'en parle jamais, je suis sûr que pas mal de gens l'ignorent comme moi : on prédit toujours le Paradis d'Allah et ses fameuses vierges pour les hommes, mais qu'en est-il pour les femmes à leur décès ?
26 mai 2008, 17:11   Re : Choses vues
Certes, mais, je le répète,les soufis étaient suspects aux yeux de l'islam orthodoxe. D'autre part, l'islam, hormis précisément dans le soufisme et dans quelques rares confréries religieuses, n'a jamais connu le phénomène chrétien si répandu du monachisme où la spiritualité se manifestait sans besoin d'ésotérisme.
26 mai 2008, 17:26   Re : Choses vues
Cher M. Orsoni, c'est justement ce qui frappe les historiens dans la réception de la Cabale : elle fut en Orient et en Europe centrale un ésotérisme de masse, si j'ose dire. En effet, une masse juive, ce n'est pas beaucoup de monde, comme le fait dire Goscinny à ses Gaulois privés de potion magique : "Faisons-leur voir qui nous sommes!... - Et ne leur faisons surtout pas voir combien nous sommes." Ce trait fut relevé par M. le grand Rabbin Sitruk qui rendait hommage au dessinateur.
Utilisateur anonyme
27 mai 2008, 09:18   Re : Choses vues
"un ésotérisme de masse",

Cher M. Bès vous m'étonnez... cependant je veux bien vous croire.
Utilisateur anonyme
27 mai 2008, 09:29   Re : Choses vues
"Certes, mais, je le répète,les soufis étaient suspects aux yeux de l'islam orthodoxe"

Pardonnez-moi d'insister mais l'orthodoxie, de quelque religion que ce soit, demeure toujours méfiante envers les "spirituels purs" et les chercheurs en sciences ésotériques.
27 mai 2008, 09:43   Re : Choses vues
Sans doute, plus ou moins ; mais il n'empêche qu' une religion comme le christianisme n'a pas besoin d'ésotérisme pour exister spirituellement.
27 mai 2008, 19:34   Re : Choses vues
Merci de votre confiance, cher Pascal Orsoni. J'osais l'oxymore "ésotérisme de masse" sous l'autorité de Jean Baumgarten, La naissance du hassidisme, Albin Michel 2006, p. 82 ("le H. convie les simples juifs à l'exploration du monde céleste et à la connaissance des savoirs mystiques", etc), 101 sq ("La popularisation de la Cabale et l'influence de la magie"), et 271, à la fin de l'étude sur Israël Baal Shem Tov, en qui le personnage du sage reclus, pratiquant en petit comité une connaissance et une étude quasi secrètes, se change en "un hassid de type nouveau, tourné vers l'union au monde divin par des techniques mystiques, vers autrui et la collectivité d'Israël. Ou tout du moins chez qui se conjuguent une visée individuelle, tendue vers la rédemption personnelle, et une volonté de rédemption collective du peuple juif." Et plus loin : "Il s'agit donc d'une mystique performative, centrée sur la praxis, comme condition de transformation de l'individu et du klal Israel (totalité du peuple juif)". J'en suis là de ce livre si intéressant mais sans grâce.

Le même auteur a participé au volume collectif intitulé Réceptions de la cabale (éditions de l'Eclat, 2007), où il consacre vingt pages à "La popularisation de la cabale, quelques textes éthiques en yiddish ancien de la fin du XVII° et du début du XVIII°s." On apprend dans ce dernier livre à quel point l'imprimerie, adoptée en milieu juif dès son invention, contribua à cette popularisation d'un savoir ésotérique, dans le même temps qu'elle ne semblait pas affecter l'islam le moins du monde (je note cela parce que les exilés d'Espagne fondèrent leurs propres imprimeries dans l'empire ottoman). Je me demande au passage, sans connaissance précise, si tout l'intérêt pour nous du chiisme iranien n'est pas justement qu'il réintroduit l'attente insatisfaite d'une rédemption dans un système théologique clos sur lui-même et sur sa propre illusion de perfection.
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