Le site du parti de l'In-nocence

Vingt ans après

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 21:12   Vingt ans après
Bernanos et Pialat ont enfin des successeurs : François Bégaudeau et Laurent Cantet. En effet, plus de vingt ans après Sous le soleil de Satan, un film français obtient la Palme d'or à Cannes : Entre les murs, une adaptation du roman de Bégaudeau. C'est le triomphe de la France multicolore et du cinéma en prise directe avec son temps. Il faut s'attendre à une grande opération de propagande avec articles dithyrambiques, enthousiasmes ministériels et classes entières réquisitionnées pour voir sur grand écran le spectacle auquel elles assistent tous les jours dans leurs collèges. Bref, c'est que du bonheur !
25 mai 2008, 21:21   Re : Vingt ans après
"Classes réquisitionnées"! Hélas! Quand je pense à Indigènes où il fallut les accompagner toutes affaires cessantes, en plein milieu de cours bien plus intéressants... Enfin, pour moi au moins.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 22:00   Re : Vingt ans après
"Classes réquisitionnées"!


Ma fois, s'il n'y avait que les classes...
Oui, le festival ne fait que commencer...
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 22:14   Re : Vingt ans après
Après le césar du meilleur film pour l'Esquive en 2005 et pour La graine et le mulet en 2008, on ne s'étonne plus de ce genre de choses. Abdellatif Kechiche est le seul réalisateur, avec Roman Polanski, a avoir obtenu deux fois ce prix.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 22:25   Re : Vingt ans après
C'est tellement grotesque que P. Muray serait capable de revenir...
Plus c'est gros, plus ça passe!
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 23:09   Cent cinquante ans après
Pourquoi s'étonner ? Le cinéma, depuis La sortie des usines Lumière jusqu'à aujourd'hui, a toujours été l'instrument de choix d'une propagande quelconque. C'est son fond, son naturel.
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 23:32   De l'écrasant naturel de la propagande...
Oui, cher Orimont, mais reconnaissez que là, le "naturel" n'en finit pas d'être écrasant ! - Je ne sais pas moi... ils pourraient peut-être nous abêtir plus en finesse... !?
Utilisateur anonyme
25 mai 2008, 23:43   Re : Cent cinquante ans après
Dans ses réflexions sur l'Inquisition, Joseph de Maistre écrit :

"Il y a dans tous les siècles certaines idées générales qui entraînent les hommes et qui ne sont jamais mises en question. Il faut les reprocher au genre humain ou ne les reprocher à personne."

Au fond, l'ainsi nommé "Empire du Bien" est-il peut-être en train de charrier de ces idées générales qu'on ne pourra plus reprocher à personne.
25 mai 2008, 23:56   Re : Vingt ans après
Le livre tombait des mains à force d'être démagogique, le film ne peut l'être moins et ce que j'en ai entendu voilà quelques mois sur France Culture, à l'occasion d'un long documentaire fait à propos de la préparation du tournage, était consternant.
Ce Bégaudeau est une créature médiatique fabriquée par France Culture, car avant son prix, il n'était pas lu.
Son livre sur l'école a flatté tous les bobos qui ont, malgré tout, mauvaise conscience !
25 mai 2008, 23:57   Re : Vingt ans après
Ah là, je dois dire que le triomphe de Bigoudis, c'est trop fort...
Cela dit, je viens de voir Iron Man avec mon fils. Cela m'a bien déprimé : la guerre totale, la high-tech et l'humanitaire complices de la culture du divertissement et du tout-à-l'égo. C'est vraiment effroyable, mais au fond, c'est un fidèle miroir des temps.
J'ouvre ma BAL et trouve l'habituel flot publicitaire, de plus en plus marqué sexe, couples, rencontres, libido épanouie, etc. Aujourd'hui, on me rappelle que "le massage peut ranimer le désir du couple quand il s'est émoussé". Le viagra aussi, au moins dans un côté du couple, celui qui dort côté fenêtre, pour atténuer le ronflement.

Cette idée que lorsque le désir s'émousse, au lieu de passer à autre chose, de la collection de papillons à la métaphysique de Jean Wahl, non, il faille faire quelque chose pour le ranimer, vite, d'où nous vient-elle ? Qu'est-ce qui la justifie et surtout pourquoi et en quoi le désir est-il désirable ? Cette indiscutable désirabilité du désir, en voilà une belle, "d'idée générale qui entraîne les hommes". On est passé du stade de la reconnaissance du désir, et donc de la désirabilité de sa satisfaction, à celui où il devient une fin en soi, imposant des sacrifices (prises médicamenteuses, massages, etc.), bref où il est du devoir du couple, de chacun de ses composants envers le partenaire, de l'entretenir. Si le partenaire fout le camp par défaut d'entretien du désir de la part du vis à vis, qu'aura donc à regretter le vis a vis déserté ? Devrait-il pleurer la désertion d'un(e) partenaire qui le prenait pour une fucking machine ?

Mais pourquoi donc mon dieu, faut-il "entretenir" le désir en se bourrant de viagra, de porno, de massages savants ? Si le désir meurt de sa belle mort il n'y a rien à regretter, en tout cas pas à regretter qu'il n'ait été point satisfait puisqu'il est mort de sa belle mort.

Le viagra: imaginons qu'un laboratoire mette au point une pillule destinée à assurer la jouissance féminine, et donc le comblement viril de l'avoir déclenchée. Qu'en diraient les féministes ? Quel tollé un tel devoir ne déclencherait-il pas chez les femmes ainsi ravalées au statut de machines à jouir ?

Comment les hommes ne révoltent-ils pas à la seule idée, ô combien insultante pour leur personne, qui a présidé à l'invention du viagra ?
26 mai 2008, 08:07   Re : Vingt ans après
Citation
Comment les hommes ne révoltent-ils pas à la seule idée, ô combien insultante pour leur personne, qui a présidé à l'invention du viagra ?

D'aucuns diront : mais comment osez-vous remettre en question le droit le plus élémentaire et le plus démocratique des seniors à avoir une vie sexuelle comblée ?
Les élèves de la classe du film ont quant à eux déclaré à l'AFPTV que la Palme d'or du 61e Festival de Cannes est un "truc de dingue".
Pour Franck Keïta, qui interprète le rôle de Souleymane dans ce film sur le quotidien d'une classe de collège parisien, la récompense obtenue est "un truc de dingue. On était tous émus, tous contents".
"Si on nous aurait dit qu'on irait à Cannes, je l'aurais pas cru. Si on nous aurait dit qu'on aurait la Palme d'or, non plus", s'exclame l'adolescent.

SI j'avais su j'aurais pas lu.
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 10:49   Re : Vingt ans après
Oui Franky, c'est un vrai "truc de ouf" ta vie d'acteur !...
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 11:00   Re : "Enthousiasmes ministériels"
Dans un communiqué, le président français Nicolas Sarkozy a fait part de "sa joie et sa satisfaction" à l'annonce de cette Palme qui récompense un film montrant "les difficultés de l'école dans la France d'aujourd'hui mais aussi les efforts, les espoirs et les réussites des professeurs dont l'engagement au service des élèves forme la trame du film".

Quant au Premier ministre François Fillon, il a salué un "hymne à la diversité de notre République", un film montrant "une école vivante, au service des élèves, forte de son engagement". Pour le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos, cette Palme "constitue un message fort à l'égard des enseignants dont il rappelle le dévouement, le mérite et les difficultés quotidiennes".

Source : Nouvel Obs. com

Entendu aussi ce matin dans la "revue de presse" de France Inter, cette citation d'un article du Républicain lorrain : "Cette palme, c'est un peu la revanche de l'Education nationale sur la Culture."
26 mai 2008, 11:27   Re : Vingt ans après
La phrase du Républicain lorrain, citée par Alexis, est vraiment superbe ! On en arrive à se demander s'il ne s'agit pas d'un trait d'humour, d'une tentative de parodie...
"Cette idée que lorsque le désir s'émousse, au lieu de passer à autre chose, de la collection de papillons à la métaphysique de Jean Wahl, non, il faille faire quelque chose pour le ranimer, vite, d'où nous vient-elle ? Qu'est-ce qui la justifie et surtout pourquoi et en quoi le désir est-il désirable ? Cette indiscutable désirabilité du désir, en voilà une belle, "d'idée générale qui entraîne les hommes". On est passé du stade de la reconnaissance du désir, et donc de la désirabilité de sa satisfaction, à celui où il devient une fin en soi, imposant des sacrifices (prises médicamenteuses, massages, etc.), bref où il est du devoir du couple, de chacun de ses composants envers le partenaire, de l'entretenir. Si le partenaire fout le camp par défaut d'entretien du désir de la part du vis à vis, qu'aura donc à regretter le vis a vis déserté ? Devrait-il pleurer la désertion d'un(e) partenaire qui le prenait pour une fucking machine ?

Mais pourquoi donc mon dieu, faut-il "entretenir" le désir en se bourrant de viagra, de porno, de massages savants ? Si le désir meurt de sa belle mort il n'y a rien à regretter, en tout cas pas à regretter qu'il n'ait été point satisfait puisqu'il est mort de sa belle mort.
Là, j'imprime vite votre texte magnifique, cher Francis."Si le désir meurt de sa belle mort il n'y a rien à regretter, en tout cas pas à regretter qu'il n'ait été point satisfait puisqu'il est mort de sa belle mort. "

Magnifique texte, cher Francis, que j'imprime, avec votre permission, pour le relire pendant ces jours et ces nuits magiques où l'on éprouve la pure joie satisfaite de n'être pas taraudé par ce vibrionnant désir sexuel.
Oui, je suis d'accord avec Corto : ce que vous dites me semble très juste, cher Francis, et très "zen". Je crois me souvenir que les stoïciens et Cicéron ont parlé de la fin du désir sexuel comme un état fort enviable.
26 mai 2008, 13:22   Re : Vingt ans après
Vous aviez compris que j'ironisais, cher Francis, car l'injonction de la post-modernité de prolonger le régne de la libido au-delà de la date de "validité" est une des plus déshonorantes, des plus indignes.

Une fois de plus vous nous faites cadeau d'un texte qui tape en plein dans le mille. Que ferions-nous sans vous. Merci !
26 mai 2008, 18:25   Re : Vingt ans après
Luis Bunuel s'était déclaré extrêmement satisfait d'être enfin libéré par l'âge de la tyrannie du désir. (Voyez comme je fusionne habilement les deux discussions!)

Finalement, pourquoi ne voyons-nous pas s'éteindre avec joie les passions qui ont failli nous détruire si souvent?
Utilisateur anonyme
26 mai 2008, 18:42   Re : Vingt ans après
Luis Bunuel s'était déclaré extrêmement satisfait d'être enfin libéré par l'âge de la tyrannie du désir. (Voyez comme je fusionne habilement les deux discussions!)

Il a quand même tourné à soixante-dix-sept ans Cet obscur objet du désir...

(Le message de Francis a fait légèrement dévier ce fil, mais il est finalement logique qu'une discussion sur Begaudeau provoque cette débandade générale.)
Utilisateur anonyme
27 mai 2008, 11:40   Bander au taf à 70 ans : un droit, une obligation, une conquète
"(...) l'injonction de la post-modernité de prolonger le règne de la libido au-delà de la date de "validité" est une des plus déshonorantes, des plus indignes." et n'a d'égal (très étroitement liée avec elle, soit dit en passant), que l'injonction de prolonger le règne du labeur au-delà de la date de "validité".
Utilisateur anonyme
28 mai 2008, 12:57   Débandade de morue
Salut!

Voulez-vous lire Dites "NON" a` la dysfonction érectile!:

[www.geocities.cam]

Nigel David
Utilisateur anonyme
28 mai 2008, 13:07   (…) qui le prenait pour une fucking machine.
Cher Francis, vous savez que ce sujet me passionne. J'ai découvert les fucking machines il y a peu, et je m'étonne vraiment qu'on n'en parle pas plus, tellement ces machines vont changer bien des choses, dans notre sexualité déjà moribonde.
Je me réjouis que personne ici, jusqu'à présent, que je sache, n'a cliqué sur le bouton "alerter un modérateur".
Utilisateur anonyme
30 mai 2008, 16:29   Re : (…) qui le prenait pour une fucking machine.
Bernard, pourquoi devrait-on "alerter un modérateur" ?
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter