Langue et milieu social

« L'argent étant partout et toujours donné comme l'unique clef de tout, il n'y a plus entre les riches et les pauvres, comme le remarquait très justement Nicolas Gomez Davila, qu'une seule différence, c'est l'argent. »

(La grande déculturation)

Je viens de passer quelques jours en compagnie d'une "héritière". Fille de très riches industriels lorrains protestants, vivant à Paris, dans le XVIe arrondissement.

Je suis encore sous le choc de cette rencontre. Je viens de vérifier, in vivo, qu'on peut être à la fois né dans une vieille famille de la haute bourgeoisie française, avoir fait des études, avoir été en contact avec ce qui se fait de "mieux" dans ce milieu-là, et parler comme une concierge, s'habiller comme la fille de la concierge, lire Catherine Pancol et s'extasier sur cette "littérature" (« tellement bien écrite »), avoir de manières de (je n'ose même pas prononcer le mot qui me vient à l'esprit) et une morale de ruffian. "Attendez" tous les quatre mots, "mais bon", "j'ai envie d'dire", "booster", "magique", et je ne parle même pas du "c'est-vrai-qu'isme" virulent, "Sarko", "Ségolène", un accent et une prononciation affolante, une inculture crasse, un racisme et un antisémitisme pénibles, omniprésents, étouffants…

Avec, in fine, une grande proximité à ce qu'il y a de plus repoussant et de plus matérialiste dans l'"Arabitude" m'as-tu-vue et arrogante qui peuple nos palaces et achète nos tableaux.

Sidérant !

"qu'une seule différence, c'est l'argent. »

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"Les pauvres sont les riches sans le sou, et les riches sont d'infâmes pauvres comblés d'argent."

Léon Bloy, "Le Mendiant ingrat".

Catherine Pancol, kèkcèkça ?

Votre observation confirme ce que l'on sent assez bien depuis un certain temps : le salut ne viendra pas des débris de l'ancienne classe dirigeante, ci-devant classe cultivée.

Ne pourrait-on pas parler de prolétarisation culturelle des élites en général ?

Quand on voit la famille royale anglaise aller assister à un concert de rock on en reste médusé!

"Ne pourrait-on pas parler de prolétarisation culturelle des élites en général ?"


Les anciens "prolos" avaient au moins une conscience de classe, eux !, et bien souvent ils affichaient même un certain panache. Pour être davantage précis ne pourrait-on pas parler de lumpen-prolétarisation de la société en général et des élites en particulier ?

» prolétarisation

Par lointaine métonymie, alors. Je crois qu'on trouve les concepts qu'il faut chez Renaud Camus...

« Catherine Pancol, kèkcèkça ? »

Aucune importance, Cher Marcel…


« Les anciens "prolos" avaient au moins une conscience de classe, eux !, et bien souvent ils affichaient même un certain panache. Pour être davantage précis ne pourrait-on pas parler de lumpen-prolétarisation de la société en général et des élites en particulier ? »

Je serais assez d'accord avec Pascal Orsoni, les prolos d'antan avaient certainement moins de vulgarité (car c'est bien ça qui se voit comme le nez au milieu de la figure) que ces nouveaux ci-devants.

« Il lit pas et alors ?! C'est vrai qu'on n'a pas tous les mêmes goûts bon ben c'est comme ça, hein. » « J'lui ai dit : ça tombe bien parce que moi j'ai la culture des Jaguar. »

Je préfère passer sous silence les phrases sur "la musique".

Les anciens prolos, n'avaient pas cette obssession mafieuse des fringues de marque et des voitures de luxe qu'a imposé à tous ce lumpen-prolétariat de culture islamique dès son arrivée en France. Preuve de l'appétit matérialiste que donne cette culture. Je n'ai d'ailleurs jamais ouï dire qu'un seul prêche d'imam, qu'une seule fatwa, y compris celles émanant des plus hautes autorités religieuses ait mis en garde cette jeunesse contre cette obssession grotesque.

A cette aune-là, Cassandre, la France est musulmane. Quarante ans après Mai 68 "nous sommes tous des musulmans".

Ces gens sont si pauvres qu'ils n'ont que de l'argent...
(Phrase admirable d'un écrivain sud-américain dont le nom, hélas, refuse de me revenir dans l'instant).

C'est très beau, merci !

Mais, Boris, vous coupez la tête à cette vue (de l'esprit ?) de l'existence d'une élite de souche, gardienne d'une culture française millénaire.....

Corto, voyons ! C'est un peu facile, non ?

Vous avez raison, cher Boris, je suis un peu fatigué....

C'est la pluie qui nous assomme. Le ciel est lourd, ces derniers jours.

Citation

Ces gens sont si pauvres qu'ils n'ont que de l'argent...

Oh ! Cher Francmoineau, dites nous, s'il vous plaît, qui est l'auteur de cette phrase admirable !

Vous me voyez marri, cher Corto, de m'avouer incapable de me souvenir de son nom. Je sais qu'il est là, quelque part, dans un amoncellement de documents et papiers divers, mais impossible de mettre la main dessus... Il y faudrait beaucoup plus de temps que celui dont je puis disposer. Je ne manquerai pas de vous le communiquer si toutefois le hasard, la chance ou la mémoire, qui sait, le plaçaient à nouveau sur mon chemin!

« Ces gens sont si pauvres qu'ils n'ont que de l'argent... »

(Francmoineau, 1966-2032)

Citation

« Ces gens sont si pauvres qu'ils n'ont que de l'argent... »

(Francmoineau, 1966-2032)

Pourquoi si tôt ?

Mais nous n'oublierons jamais cette phrase magnifique !

Attendez un peu, dites, il peut encore servir un peu, non ?

Non, cette-phrase-magnifique n'est pas de mon cru, et
Oui, je peux encore servir...

« La justice est lente, dispendieuse et partiale : pourquoi plaidez-vous ? la finance vous scandalise par son faste et par son insolence. Eh, les pauvres gens, ils n'ont que de l'argent, plaignez-les bien sincèrement. »

Anecdotes échappées à l'Observateur anglois et aux Mémoires secrets
en forme de correspondance
1788, sans nom d'auteur. Merci Googoo.

J'ai retrouvé l'auteur de notre petite énigme (je me suis donné du mal...).
Il s'agit d'un certain Joan Brossa, poète, qui n'est pas sud-américain, mais catalan.
Je remercie néanmoins Bernard Lombart de s'être lui aussi investi dans cette recherche, et d'avoir, qui plus est, trouvé quelque chose! Les belles images voyagent dans le temps comme dans l'espace, n'est-ce pas? Et puis peut-être le sieur Brossa a-t-il lu ces Anecdotes échappées à l'Observateur anglois?...

Merci infiniment, cher Francmoineau et cher Bernard Lombart. Je vais rechercher les oeuvres complètes de Joan Brossa.

De rien, cher Corto. Et moi qui croyais que vous étiez ironique... (cependant, j'avoue que j'ai encore un léger doute.)

Les œuvres complètes… Tout de suite les grands mots ! Et s'il n'était l'homme que d'une seule phrase ?