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Petain et le djihad

Envoyé par Ostinato 
29 mai 2008, 09:21   Petain et le djihad
Après la lecture du livre de Muray "Chers amis djihadistes", qui au premier abord m'avait un peu convaincue, m'est venue en tête cette phrase de Pétain du discours du 25 juin 1940.

« Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. C’est à un redressement intellectuel et moral que, d’abord, je vous convie. »

Parlant ainsi, usant de son prestige, attribuant aux Français la responsabilité de la défaite, Pétain a cherché à saper l'esprit de résistance optant pour la résignation et presque légitimant l'agression..

Autre contexte, mais à mon avis, même inversion de l'ordre des facteurs.

Je verrais plutôt dans le djihad une mise en action de la rivalité mimétique qu'une réplique à un défaut de notre spiritualité et à notre matérialisme. Une jalousie irrépressible vis à vis des succès de notre civilisation "matérialiste" et "libérée" qu'il s'agit de détruire avec pour viatique "nos" jouissances au moins dans le trépas.
Il en va en politique un peu comme au jeu, ou même, disons-le mot, comme en bourse: celui qui perd, qui subit une lourde défaite ou qui connaît un grave revers, perd généralement deux fois; une première fois quand survient la perte, quand il en prend conscience, l’enregistre instantanément, puis une seconde fois, à l’instar d’une réplique de séisme, quand le souvenir, le traumatisme de l'horreur de la perte lui font craindre irrationnellement sa répétition, sa récurrence régulière; il se figure supersticieusement que toutes conditions évocatrices de celles qui entourèrent la cuisante défaite enregistrée annoncent le retour du même malheur.

Les spéculateurs boursiers donc, parlent d’une paume: après une première paume, la méfiance, la perte de confiance s'installent et la lucidité se trouble; on ne juge plus les cas qui se présentent autrement qu’à la lumière fatidique de la paume passée; et c'est ainsi qu'on laisse filer des opportunités de gain. C'est ainsi donc que l'on perd une seconde fois.

C’est ce phenomene qui, en les épargnant, rend les novices chanceux au jeu.

Le reductio ad hitlerium, dont le reductio ad petenum n’est qu’une variante mineure, n'est autre que la transcription politique de ce phénomène commun à tous les jeux: la trouille qui nous taraude de leur ressembler dans leur horreur est telle que, bien que de longue date, dans les faits, nous nous soyons rétablis de la perte pour l’humanité que fut l’exercice du pouvoir par Hitler et Pétain, ils continuent de nous effrayer et en un sens nous subissons, en nous privant d'opérer les choix politiques judicieux et libres de cette contrainte, une perte-réplique, à tel titre que l'on peut dire sans exagérer que Hitler et Pétain gagnent leur guerre aujourd'hui, en nous-mêmes: en troublant notre analyse et notre vision des faits contemporains, en castrant notre pensée et en amputant nos moyens d’agir de manière posthume, les voici parvenus à leurs fins.

Vous noterez par exemple que leur "jalousie irrépressible vis à vis des succès de notre civilisation "matérialiste" et "libérée"" ne les conduit pas a tagger les grands edifices neufs d'abou dhabi ni a y precipiter des avions.
Francis, votre explication de l'attitude psychologique de Pétain ne me paraît pase dénuée de vérité. Mais n'est-elle pas de l'ordre de la manipulation psychologique, justement. Car la suite du discours est fortement structuré par les thématiques de la révolution nationale : "la terre qui ne ment pas"...etc. Et me semble une préparation des esprits à ce qui va suivre.

Quant à la fameuse "réductio" il ne faut pas en abuser ... dans les deux sens. Je ne visais nullement à disqualifier les analyses de qui que ce soit mais à faire part de ma réelle perplexité à la lecture de Muray, qui m'est venue bien avant les débats ici. Comparaison n'est pas reduction, sinon impossible d'évoquer quoi que ce soit ayant trait au passé qui toucherait à Hitler et à cette sphère.

L'Islam n'a rien à voir en apparence avec l'hitlérisme. Toutefois il rentre avec lui dans la catégorie des totalitarismes, et la cruauté extrême ainsi que l'anti-sémitisme leur sont un trait commun.

Ne devrions-nous pas critiquer les insuffisances, les faiblesses de notre monde démocratique, sans pour autant attribuer la responsabilité dans le développement de l'islamisme à sa spiritualité apparemment affaiblie. La liberté de conscience, c'est ce que combat l'Islam, et la "spiritualité" qu'il impose veut avant toute chose détruire cette liberté. Il me semble que si nous souhaitons défendre "notre" civilisation, c'est d'abord pour sa valeur de liberté qui ne pourra jamais rivaliser en spiritualité apparente avec l'Islam sans prendre un tour inquiétant comme certaines sectes évangélistes peuvent nous le faire entrevoir.
31 mai 2008, 19:04   Re : Armageddon...
Cher Francis, vos textes brillants et « inspirés » sur l’autre fil ("Défaut de spiritualité") me/nous font trembler de terreur ! Vous m’en rappelez d’autres, assez effrayants et à peine moins trempés de sang. Quelqu’un parmi vous a-t-il lu « Les habits neufs de la terreur » de Paul Berman (américain de gauche, essayiste, journaliste) préfacé par P. Bruckner (et publié en 2003, à la suite des attentats du 11 septembre)? J’essaie de faire un « topo » bien que toute lecture soit entachée de subjectivité.
Berman fustige l’angélisme d’une certaine gauche et surtout la « rationalité » dont beaucoup usent pour tenter d’expliquer les actes terroristes et la marche du monde actuel. Il montre comment les totalitarismes, ces mouvements de destruction de masses nés dans nos sociétés en révolte régulière contre le libéralisme ont essaimé notamment au Moyen-Orient. Pour construire son plaidoyer, il part à la recherche de l’origine des terrorismes et de la fascination pour la mort, le sacrifice individuel et de masses. Pour lui, les totalitarismes occidentaux ont déteint sur le monde musulman qui avait déjà lui-même suffisamment de raisons de sombrer dans cette folie. Il reprend toute l’histoire de la révolte chez Camus (L’homme révolté) et démontre comment, l’idéal de départ (Révolution Française) s’est transformé peu à peu en culte de la mort. Il inventorie bien sûr les divers avatars de la révolte, du héros romantique (Hugo, Baudelaire) en passant par le nihilisme russe et la mort poétique, l’acte gratuit des surréalistes, les anarchistes, aux les assassinats politiques en Russie, en Italie, à Sarajevo et à la révolte libertaire poussée à l’extrême. Il explique comment, en Occident, le mythe de Prométhée se transformera rapidement en mythe « de la guerre de l’Armageddon » ( l’attaque, la souillure vient à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, d’où la nécessaire extermination, la destruction des forces sataniques dans le but d’une » pureté » retrouvée pour un règne de mille ans). Il analyse ce mythe à travers ses versions modernes : chez les bolcheviks et les staliniens, les fascistes mussoliniens, les phalangistes de Franco et le mythe de la race aryenne chez les nazis (soit, dans l’ordre : l’âge du prolétariat, l’Empire romain ressuscité, le Royaume du Christ, le 3° Reich). Pour Berman, la particularité du mythe totalitaire de la fascination pour la mort et le massacre c’est de pouvoir s’appliquer à tous les peuples, toutes les croyances. L’auteur montre alors comment le fascisme et le nazisme ont trouvé des résonances dans le monde musulman, notamment chez les Frères musulmans admirateurs des chemise brunes. De là, il décrit longuement la théorie islamiste du grand écrivain égyptien Sayyid Qutb (« À l’ombre du Coran »), ses analyses du monde contemporain occidental qu’il agonit ; d’abord pour l’erreur fatale du Christianisme ( Saint Paul et son acceptation des gentils dans les disciples, l’introduction dans la religion chrétienne des idées de la philosophie grecque et romaine, et enfin, - je passe des étapes (et d’importance sans doute) - la monstrueuse et progressive séparation du religieux et du monde physique. Déploration ensuite de la lente destruction de la suprématie scientifique du monde musulman affaiblie par les attaques mongoles, chrétiennes, croisées, sionistes etc. Et enfin, fulmination contre l’humiliation, l’aliénation infligée par la domination du monde européen affranchi des dogmes de l’Église (« la hideuse schizophrénie imposée par ce monde occidental dépravé aux autres peuples de la terre »). Berman évoque aussi son gigantesque commentaire du Coran, la révolution qui doit être opérée pour sauver l’humanité menacée par les sionistes et les Occidentaux (attaquée aussi par Atatürk, la menace « intérieure ») Mais, comme l’Islam est une religion destinée à l’humanité tout entière, l’heure est au djihad et à la guerre « défensive ».ce djihad doit être mondial ne prendra fin qu’au jour du jugement.
Je passe sur la description de la montée du terrorisme et de l’apologie du martyre.
Ce qui inquiète au plus haut point Berman et c’est là un des moments de son livre qui a le plus retenu mon attention, c’est le fait que tant d’hommes de bonne volonté puissent refuser de croire que des dizaines de millions de gens puissent adhérer à un mouvement politique de nature pathologique. La rationalité universelle ne lui paraît pas du tout un facteur d’analyse pertinent. Et il reprend tous ces mouvements et les doutes, les scepticismes, les explications bancales. Il évoque au passage le « pathétisme » de l’aile pacifiste du socialisme français opposée à la ligne dure de Léon Blum face à Hitler qui, par inconséquence, par souci de « compréhension » par souci de rationalité finit par agir « comme les fascistes » (C’était il y a longtemps dit-il ? Non, c’était hier). Il se demande donc, après avoir décrit l’incroyable fascination exercée de par le monde par les actes terroristes, comment on peut trouver de par le monde tant de personnes se dépêchant d’y trouver des explications « rationnelles », comme si une logique rationnelle devait absolument gouverner le monde, Et là, il fait un sort aux théories de Chomsky, à son apologie du côté « prévisible » des représailles (opuscule 9/11). Il explique encore comment et pourquoi l’Histoire ne se termine pas en 1989, comment les pulsions de meurtre et de suicide continuent à se répandre partout dans le monde et pourquoi les massacres ne sont pas terminés. Il essaie encore de définir une démocratie libérale, reprend l’histoire de l’idéal démocratique et prédit ses maigres chances de survie s’il n’y a pas un réveil salutaire en Occident. Il regrette à cet égard l’absence de curiosité de la part de nos civilisations libérales qui nous a permis de penser que le totalitarisme avait été vaincu en 1989, trop peu curieux que nous somme des courants intellectuels du reste du monde. Il regrette aussi que « la gauche antimpérialiste ait perdu la capacité de se dresser contre le fascisme et même est allée parfois plus loin sur cette pente glissante ». Au nom des opprimés, dit-il, nous pactisons avec les » fossoyeurs de la liberté » (par exemple l’alliance entre les altermondialistes les fondamentalistes musulmans).
Il n’est pas manichéen : chacun, Europe, États-unis (et monde islamique, bien sûr,) reçoit sa part de blâme. Il ne manque pas enfin de proposer quelques pistes de réflexion pour tenter d’éviter que sonne encore « l’heure de la lutte finale où des masse d’hommes devront encore être tués ».
« Paul Berman prône donc en conclusion un libéralisme armé, protecteur des droits et des libertés mais capable d’affronter les dangers qui le menacent ». (P. Brucner)
Ouf, ce n’est pas vraiment complet mais je m’arrête car mon texte me déprime complètement moi-même.
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 02:06   Re : Armageddon...
Citation

...un libéralisme armé, protecteur des droits et des libertés mais capable d’affronter les dangers qui le menacent
Oui, je ne vois pas d'autre possibilité.
01 juin 2008, 03:32   Re : Armageddon...
Chère Aline,

Je vous remercie de votre message. Je ne peux y répondre sans l'avoir relu, et ne peux le relire ni l'étudier en étant en déplacement constant emmi les valises.

Une remarque minuscule en attendant:

Un pays comme la France, qui a pu être sauvé par une pucelle en sabots de 17 ans, laquelle n'avait jamais lu de livres ni tenu un sabre, ne doit jamais désespérer du sort. Ce pays ne sera jamais avalé par la progression du désert venu en lui repousser ses bords. De cela je ne peux pas ne pas être convaincu.
01 juin 2008, 08:20   Re : Armageddon...
Un historien pourra sans doute nous expliquer en deux mots qui était Jeanne d'Arc, cher Francis. Mais ce n'était pas une pucelle inculte, qui n'avait jamais vu une arme.
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 09:15   Re : Essentiel
Mais ce n'était pas une pucelle inculte, qui n'avait jamais vu une arme.

Je suggère que l'on saisisse le parquet de Lille afin que toute la lumière soit faite au plus vite sur cette affaire.
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 13:05   Re : Armageddon...
Citation

Un pays comme la France, qui a pu être sauvé par une pucelle en sabots de 17 ans (...), ne doit jamais désespérer du sort. Ce pays ne sera jamais avalé par la progression du désert venu en lui repousser ses bords. De cela je ne peux pas ne pas être convaincu.
Absolument d'accord !
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 13:09   Re : Armageddon...
Oui mais bon, comme le dit très justement Alexis, faudrait voir un peu tout ça sur le terrain quoi…
01 juin 2008, 17:56   Re : Armageddon...
Ah, une pucelle inculte, ça, au moins, ça n'aurait pas donné lieu à l'annulation d'un mariage!
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 17:59   Ma femme ne sait pas lire
Et rétroactivement, Corto, y aurait quelque chose à faire ? Je peux demander une pension ?
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 19:12   Re : Armageddon...
Mais essayez donc de suivre, Boris ! Orimont vous a dit que vous deviez découvrir l'erreur essentielle dans un délai de cinq ans, selon l'article 181 de l'admirable Code civil français. Et puis, je veux bien vous aidez, mais soyez un peu plus explicite sur la nature de cette erreur, s'il vous plaît. Il faut tout dire à son conseil qui vous garantit, naturellement, la confidentialité la plus absolue.
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 19:23   Corto Courbet
Ben elle sait pas lire… Elle a fait semblant pendant trente ans et je me suis aperçu de rien ! Maintenant que j'ai perdu la vue je voudrais qu'elle me lise Pancol et Musso et elle me récite son chapelet ou des poésies de Théodore de Banville alors forcément ça le fait pas on va dire.

Me laissez pas tomber M. Corto j'ai plus que vous.
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 20:12   Re : Maître Corto sur un arbre perché
Mais.................si vous avez perdu la vue, cher Boris, expliquez-nous donc comment vous parvenez à nous lire ?

PS Ne pas savoir lire, c'est assez répandu de nos jours (même le procureur de Lille....) et je ne suis pas sûr que ce soit une erreur essentielle au sens de la loi. Pour mieux vous aidez, il faudrait trouver autre chose. Quelque chose d'horrible, je ne sais pas moi.... Est-ce qu'elle utilise une fucking machine dans le lit conjugal ou pire encore

pète-t-elle au lit ?

Dois-je appeler un modérateur ?
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 20:49   Moderato cantabile
Comment que j'lis ? Ben j'ai une machine pardi ! J'la branche sur l'In-nocence, et elle me susurre à l'oreille, vous avez pas ça vous ? Vous êtes de la campagne ou quoi ?

Dites M. Corto ma machine à susurrer elle fait pas la différence entre les petits et les gros caractères si vous voyez c'que j'veux dire alors pas d'blague hein c'est qu'la Josette elle sait p'têt'pas lire mais elle a l'tympan bien tendu.

La fucking machine j'y avais bien pensé pour qu'elle me laisse tranquille mais on n'a pas les moyens et puis mon but à moi c'est d'avoir d'la lecture pas d'lui donner plus de plaisir à c'te grosse bête.

Pour l'modérateur comment j'veux dire j'croyais qu'en fait c'était un peu vous quoi. Y va y avoir encore à en payer un aut' ?
Utilisateur anonyme
01 juin 2008, 21:35   Re : NO MONEY, NO LAWYER
Citation

Y va y avoir encore à en payer un aut' ?

Vous faites bien d'aborder la question, cher ami, car, en effet, si mes précieux services apportent tellement plus qu'ils ne coûtent, tout de même, tout de même, ils nécessitent le versement préalable d'une petite provision. Alors avec un aveugle et votre Josette qui doit censément pas savoir plus écrire que lire, je vous pose la question ou plutôt je vous la sussurre dans le cornet de votre prothèse :
Qui va me le signer mon petit chèque, hein ?

Bon, si l'argent pose problème, on pourrait recourir à une procédure extra-judiciaire et vous me paierez sur le résultat. Dans ce cas, je suggère un dénouement rapide. A ce propos, pour votre Josette, j'ai peut-être une idée qui m'est venue en suivant les actualités. Sait-elle nager, votre grosse bête ? Si non, je vous suggère de conclure rapidement une bonne police d'assurance sur sa tête et en votre faveur, naturellement. La suite à la prochaine consultation, cher, très cher client.
02 juin 2008, 07:17   Re : Armageddon...
Il se trouve que je ne suis pas d'accord avec les histoiriens des collections bouquins "J'ai Lu" ou "Mysteres du Monde" qui sont prets a m'expliquer l'Atlantide ou les origines extraterrestre de Viracocha, Anna, mais peu importe.
02 juin 2008, 10:12   Re : Armageddon...
Mais oui, comme cela c'est évidement très éclairant.
Et surtout qu'à part les contes et légendes, je me demande bien, ce que je pourrais être capable de lire. Il y a seulement un hic dans cette biographie, qui m'avait semblé digne quand même d'être relevé : comment prendre la tête d'une armée ainsi, par un miracle divin, miracle qui a commencé par des voix impérieuses ordonant à cette fille d'aller "sauver" le roi de France. Vous me prenez pour une simple d'esprit, soit, cela ne me dérange pas, d'autres l'ont fait aussi.

03 juin 2008, 08:08   Armes et guenons
Ma chère Anne,

D'abord, je voyais venir cette remarque sur la biographie de la petite Jehanne de France; j'aurais dû me douter qu'elle viendrait de vous.

Non seulement je ne vous prends pas pour une simple d'esprit mais je crois au contraire que c'est moi qui n'ai pas assez lu de livres, ou vous trop, je ne sais. (Très sincèrement, le sentiment grandit de jour en jour en moi que de tous ceux qui fréquentent ce forum, je suis celui qui ai le moins lu, et croyez-moi, cette pensée m'est pénible).

Toujours est-il que cette différence entre nous, vous trop lu, moi pas assez, nous sépare: elle vous éloigne regrettablement du statut de pucelle inculte en sabots tout en m'en rapprochant incontestablement. Cette idée, qui me place, au fond, assez à mon avantage si l'on tient pour vrai qu'une Jeanne-d'Arc petite bergère lorraine ait sauvé la France ainsi qu'on le disait jadis aux enfants des écoles vêtus de tabliers gris et chaussés de galoches, me console et même me revigore.

Allez dérivons l'assertion a-historique: l'idée même, qui a eu si longtemps cours, qui a tenu les coeurs dans les plus sombres heures du pays (qui n'est d'ailleurs peut-être pas le vôtre, après tout), qu'une pucelle paysanne qui n'avait jamais tenu un sabre (soit, dans la France du 15e siècle, l'être le plus insignifiant qui soit) ait pu sauver la France, garantit, illumine, est gage en soi de la perspective que la France ne sera fera pas avaler, jamais avaler par l'Islam. Comme ça, ça vous va ?

à Cassandre (manquant de place et de temps pour aller répondre dans l'arborescence idoine): votre idée que la 4e Croisade dans ses effets ait été le fameux "paquetage sanglant" de l'Occident non seulement est probablement juste mais elle est de surcroît exploitée par OBL qui ne peut prononcer le mot "Occidentaux" sans y accoler "Croisés": il sait où le bât blesse.

Cette croix rouge qui flambait sur le dos des "Soldats de Marie" (tel est le beau nom d'une revue catholique japonaise), la bannière des Croisés, l'oriflamme de Dieu, a commis un irréparable historique et est rentré en Occident en paquetage sanglant, comme tache, péché. OBL le sait, l'exploite. Mais il se peut qu'il le sache mieux que nous, Occidentaux. Satan connaît l'âme du pécheur mieux que le pécheur lui-même, d'où sa puissance de subjugation. Satan est bon connaisseur de l'inconscient des hommes, bon renifleur de souillure.
"une pucelle paysanne qui n'avait jamais tenu un sabre"
Je ne suis pas un spécialiste, mais le sabre ne me paraît pas avoir été une arme très en vogue dans l'Occident du XVe siècle.
03 juin 2008, 13:20   Re : Armes et guenons
Evidemment, celle-là aussi, est-il besoin de le préciser, je l'attendais. Ce forum devient prévisible - mauvais présage.

Le détail, toujours le détail, comme si le diable n'en était pas encore sorti.
03 juin 2008, 13:25   Re : NO MONEY, NO LAWYER
Corto, appartenez-vous à cette race d'avocats de la petite histoire que vous connaissez peut-être.

Un client potentiel se présente, son chapeau dans les mains, dans un cabinet cossu d'un immeuble qui ne l'est pas moins sis dans un quartier privilégié:

- Bonjour, je voudrais connaître vos tarifs.
- C'est deux mille cinq cents dollars pour trois questions.
- Pffffffuit! 2500 dollars ! Ca fait tout de même cher... non ?
- C'est le tarif mon bon monsieur. Bon. A présent, quelle était votre troisième question ?
Utilisateur anonyme
03 juin 2008, 13:26   Sous-munitions
Je ne suis pas du tout un spécialiste non plus, mais il paraît que "ceux qui critiquent le Rock et la Pop sont les mêmes, exactement les mêmes, que ceux qui critiquaient Mozart" (∞)
Utilisateur anonyme
03 juin 2008, 13:31   Re : NO MONEY, NO LAWYER
Un certain Tisias, ayant entendu dire que la rhétorique est l'art de persuader, s'en va trouver Corax pour se former dans cet art. Mais une fois qu'il n'eut plus rien à apprendre, il voulu frustrer son maître du salaire promis. [O. Reboul, La rhétorique, PUF, 1996]
Les juges s'étant rassemblés, Tisias eut recours, dit-on, à ce dilemme :

- Corax, qu'as-tu promis de m'apprendre ?
- L'art de persuader qui tu voudras.
- Soit, reprit Tisias : ou bien tu m'as appris cet art, et alors souffre que je te persuade de ne point toucher d'honoraires ; ou bien tu ne me l'as pas appris, et dans ce cas je ne te dois rien, puisque tu n'as pas rempli ta promesse."

Mais Corax à son tour riposta, dit-on, par cet autre dilemme :

- Si tu réussis à me persuader de ne rien recevoir, il faudra me payer, puisque j'aurai ainsi tenu ma promesse. Si au contraire tu n'y arrives pas, dans ce cas encore il faudra me payer, à plus forte raison !

En guise de verdict, les juges se contentèrent de dire :

- A méchant corbeau* méchante couvée !

(*) Corax : corbeau
Si vous l'attendiez, cher Francis Marche, que ne vous en garantissiez-vous? Ou bien semez-vous vos "détails" comme des trappes?
Utilisateur anonyme
03 juin 2008, 21:39   Re : A méchant corbeau, méchante couvée !
Oui, naturellement, cher Francis et voyez-vous, comme je rencontrais, l'autre soir, un client lors d'un dîner mondain, après que nous ayons conversé pendant près d'une heure, à l'instant de prendre congé, il m'a salué en me disant :

"C'est extraordinaire, Maìtre, c'est la première fois que je vous parle sans que cela ne me coûte rien !"

Merci Boris, pour cette très belle mais si peu morale histoire !
Utilisateur anonyme
03 juin 2008, 21:50   Tic tac
Dites, Cortox, vous avez mis le compteur en route, quand vous êtes arrivé sur ce forum ? On fait pot commun, ou bien vous distribuez les honoraires selon les temps de parole ?

En tout cas, nous n'avons plus rien à nous dire, Monsieur.
04 juin 2008, 05:24   Re : Armes et guenons
C'est que le mot "épée" vient moins bien sous une main de pucelle que le mot "sabre" quand dans le fil il est question de Djihad, d'une part; d'autre part, je n'aime pas lisser mes messages quand je sais en effet que leurs irrégularités ou aspérités ne manqueront pas de servir d'hameçon à d'autres commentaires dans lesquels pourront se pêcher, qui sait, quelque bonne prise.
Quod erat demonstrandum.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 12:20   Re : Ingratitude
Et moi qui vous propose de devenir riche sur un autre fil. Me voilà bien mal récompensé !
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