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Requiem pour une nation défunte

Envoyé par Gérard Rogemi 
Ci-dessous la critique d'un livre qui devrait intéresser nos amis belges!
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Requiem pour une nation défunte

On attendait qu’un Belge nous dise le gâchis que va représenter l’éclatement de son pays. Pol Vandromme s’en charge dans un livre très personnel.

Un jour, lorsque nos petits-enfants ou nos arrière petits-enfants voudront se souvenir de que fut la Belgique, royaume souverain créé en 1830 après qu’Anvers, Liège et Bruxelles eurent rompu leurs liens avec les Pays-Bas, ils se reporteront aux livres de Pol Vandromme, écrivain francophone, hussard d’honneur, journaliste et témoin de la vie intellectuelle et littéraire belge au XXe siècle.

Cet homme de fidélité et d’espérance garde celle-là chevillée au corps, mais manque un peu de celle-ci dans l’obscurité et le désordre des temps où nous sommes. On le découvre en lisant Belgique, la descente au tombeau, un livre dans lequel il s’interroge sur la condition belge et sur les menaces d’éclatement qui pèsent sur son pays. Auteur d’essais consacrés à Félicien Marceau, Jacques Brel, Georges Simenon et Michel de Ghelderode, Pol Vandromme insiste sur la singularité humaine de l’ancienne Belgique, «carrefour de cent climats divers».

À le lire, on comprend que le politique, pour ne s’être pas donné les moyens de surplomber les problèmes culturels et linguistiques, s’est condamné à les subir. La charge contre le flamingantisme et sa volonté jamais prise en défaut de démanteler le Royaume est sévère et argumentée. Monarchiste de cœur et de raison, Pol Vandromme est sans doute moins cruel avec Albert II qu’il ne le faudrait. Vu de France, il semble pourtant que ce roi un peu mou porte une lourde responsabilité dans le carnage en cours. Vandromme en veut davantage aux élites et à une «classe politique écervelée» incapable de mettre fin à la guerre civile belgo-belge. L’anarchie dans laquelle elle se complet lui semble avoir valeur d’excuse pour le malheureux roi Albert II. «Quel régime bordélique que cette monarchie sous la République des partis ! Quelle infortune pour un prince d’être monarque de cette République !» Officiellement fédéral depuis 1994, l’Etat belge ne se prépare pas beaucoup de lendemains qui chantent. Le nationalisme flamand, jadis instrumentalisé par le Reich nazi, a redressé la tête et retrouvé de la vigueur dans l’Europe nouvelle dont Bruxelles, la capitale, ne sait pas si elle appartient aux uns et aux autres.

L’avenir de la petite Belgique semble derrière elle désormais. «L’Etat démembré et dépecé ne sera plus qu’une coquille vide ; le flamingantisme l’aura dissous pour de bon. Restera une fiction d’Etat, que l’on continuera d’appeler Belgique, par habitude, par politesse-rétro, par gratitude aussi envers d’anciens Belges - Simenon, Michaux, Hergé, Verhaeren, Ensor, Memling -, dont la mémoire n’aura pas été effacée par les nouveaux temps chaotiques et les nouveaux messieurs amnésiques.»

Sébastien Lapaque

Belgique la descente au tombeau de Pol Vandromme
Editions du Rocher, 104 p., 14,50 €

Article paru dans l'Opinion Indépendante, édition du Vendredi 15 Février 2008.
On dirait que ce Laplaque a une dent contre le pauvre Albert, qui est d'une finesse sans doute hors de sa portée...
20 février 2008, 21:56   Re : Requiem pour une nation défunte
Je suis d’accord avec vous. Il est déjà bien difficile de comprendre à l’école que « Le Roi règne mais ne gouverne ». Il faudra l’expliquer à ce journaliste et aussi que le Roi est « asexué politiquement ». Et qu’Albert II, navigue assez bien et avec sagesse jusqu’à présent, entre les peaux de banane qu’on glisse obligeamment sous ses pas par-ci par-là.
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