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Palme d' or pour une syntaxe défunte

Envoyé par Philippe Versini 
Voici un texte d' Alain Finkielkraut , publié dans Le Monde 3 juin 2008 , qui devrait intéresser les participants de ce forum .

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Pour François Bégaudeau, auteur du livre Entre les murs (Verticales, 2006) et acteur principal du film qui en a été tiré, la Palme d'or du Festival de Cannes est un véritable conte de fées. Sa joie, partagée avec le metteur en scène Laurent Cantet et les élèves du collège Françoise-Dolto, qui jouent leur propre rôle, fait plaisir à voir. On lui pardonne même son brin de suffisance : comment garder la tête froide dans un moment aussi inattendu et aussi exceptionnel .

Bégaudeau n'a pas le triomphe modeste, soit. Mais pourquoi l'a-t-il acrimonieux ? Pourquoi cette vindicte à l'égard des professeurs qui ne partagent ni ses méthodes, ni ses objectifs, ni son optimisme ? Pourquoi être si mauvais joueur quand on a gagné la bataille, et s'acharner contre les derniers récalcitrants quand on a, à ses pieds, le président de la République, la ministre de la culture et celui de l'éducation nationale ? Et pourquoi faut-il que Le Monde (le 28 mai) alimente cette étrange aigreur en dressant le repoussoir des "fondamentalistes de l'école républicaine" qui prônent "l'approche exclusive de la langue française par les grands textes" ?

Fondamentaliste, la lecture d'A la recherche du temps perdu, de Bérénice ou du Lys dans la vallée ? Fondamentaliste, l'expérience des belles choses, l'éventail déployé des sentiments et le tremblement littéraire du sens ? Le fondamentalisme est arrogant, catégorique et binaire ; la littérature problématise tout ce qu'elle touche. Le fondamentalisme enferme l'esprit dans le cercle étroit d'une vérité immuable ; la littérature le libère de lui-même, de ses préjugés, de ses clichés, de ses automatismes. Le fondamentalisme est une fixation ; la littérature, un voyage sans fin.

On jugera le film de Laurent Cantet lors de sa sortie en salles. Peut-être sera-t-on intéressé, voire captivé par cette chronique d'une année scolaire dans une classe de quatrième à travers les tensions, les drames, les problèmes et les imprévus du cours de français. Mais s'il est vrai qu'après s'être vainement employé à corriger la syntaxe défaillante d'adolescentes qui se plaignaient d'avoir été "insultées de pétasses", l'enseignant finit par utiliser certaines tournures du langage des élèves, "plus efficace que le sien", alors on n'aura aucun motif de se réjouir.

Car la civilisation ne demande pas à la langue d'être efficace, d'être directe, de permettre à chacun de dire sans détour ce qu'il a sur le coeur ou dans les tripes, à l'instar de ce magistrat qui a conclu son réquisitoire contre un accusé terrifiant par ces mots : "A gerber !" La civilisation réclame le scrupule, la précision, la nuance et la courtoisie. C'est très exactement la raison pour laquelle l'apprentissage de la langue en passait, jusqu'à une date récente, par les grands textes.

Naguère aussi, on respirait dans les oeuvres littéraires ou cinématographiques un autre air que l'air du temps. Sean Penn, le président du jury, a remis les pendules à l'heure en déclarant, dès la cérémonie d'ouverture du Festival et sous les applaudissements d'une presse enthousiaste, que seuls retiendraient son attention les films réalisés par des cinéastes engagés, conscients du monde qui les entoure. Sarabande, Fanny et Alexandre, E la nave va, In the Mood for Love, s'abstenir. Un conte de Noël, ce n'était pas la peine. Le monde intérieur, l'exploration de l'existence, les blessures de l'âme sont hors sujet. Comme si l'inféodation de la culture à l'action politique et aux urgences ou aux dogmes du jour n'avait pas été un des grands malheurs du XXe siècle, il incombe désormais aux créateurs de nous révéler que Bush est atroce, que la planète a trop chaud, que les discriminations sévissent toujours et que le métissage est l'avenir de l'homme.

L'art doit être contestataire, c'est-à-dire traduire en images ce qui est répété partout, à longueur de temps. Big Brother est mort, mais, portée par un désir de propagande décidément insatiable, l'idéologie règne et veille à ce que notre vie tout entière se déroule entre les murs du social.


Alain Finkielkraut est philosophe.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 00:29   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
Où commence vraiment le texte de Finkielkraut ?
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 00:47   Re : Palme d' or pour une cinéma défunt
Ah, si c'est cet abruti de Sean Penn qui était le président du jury, alors, pas de quoi être surpris, en effet.
Restons calmes . Le texte d' A.F commence immédiatement après ma phrase de présentation .
04 juin 2008, 04:56   Oeuvres difficiles
Est-ce un hasard si Alain Finkielkraut cite, comme exemples, trois oeuvres qui ont la réputation d'être difficiles ?

A ma connaissance, Proust n'était pas enseigné au lycée, classiquement (ou alors abordé très brièvement). Balzac était plutôt représenté par "Le Père Goriot" ou "Eugénie Grandet", et Racine par "Phèdre" ou "Andromaque".
04 juin 2008, 09:58   "Rien sur Robert"
Alain Finkielkraut restera aussi dans la postérité post-désastriale comme un des plus grands critiques de films de notre temps. Pourquoi ? Parce qu'il n'a pas besoin de les voir les oeuvres pour les juger. Déjà, il y a quelques années, il avait démoli, sans l'avoir vu, le grand film d'Emir Kusturica, Underground. N'y-a-t-il pas une contradiction chez cet homme, qui ne cesse de pourfendre la légèreté, le zapping permanent, à vouloir réagir dans l'instant ? Alain Finkielkraut disperse trop son talent.
Cela dit je lui trouve des circonstances atténuantes : il y a de très très fortes probabilités pour que le film de Cantet constitue une illustration cinématographique de la démagogie ambiante dès lors qu'il s'agit des "jeunes-issus des-milieux-populaires".
Déjà, il y a quelques années, il avait démoli, sans l'avoir vu, le grand film d'Emir Kusturica, Underground.

En lisant l'article du Monde, j'étais persuadé que l'on n'allait pas tarder à ressortir l'affaire Kusturica, et en effet...
Boris, Boris pourquoi abruti ? Sean Penn est un très bon acteur - il est inoubliable dans Mystic river de Clint Eastwood - et un bon cinéaste - j'ai aimé Into the Wild.

Alexis, je vous le redis : vous êtes trop fort comme diraient les jeunes de Bégaudeau.
[J'ai inséré une distinction claire entre la phrase d'introduction écrite par M. "geronimo", que je remercie d'avoir posté ici ce texte, et celui-ci.]

Il me semble, cher Michel, que les deux cas sont différents. Notre ami avait imprudemment jugé le film de Kusturica sans l'avoir vu, mais ici il juge le contexte, les déclarations des uns et des autres et répond à un article polémique du Monde dénonçant les "fondamentalistes de l'école républicaine". Il prend la peine de préciser "On jugera le film de Laurent Cantet lors de sa sortie en salles. Peut-être sera-t-on intéressé, voire captivé". Votre critique ne me paraît pas fondée.
Peut-être cher Marcel. Je l'ai critiqué sans l'avoir lu.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 10:51   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
A propos de l'affaire Kusturica, je signale que l'on peut trouver ici les pièces principales du dossier.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 13:04   Penn Penn le Héros
Pourquoi abruti ? Mais parce que ce Sean Penn est vraiment l'archétype de l'abruti fait acteur ! Si vous aimez ce comédien, avec ses grimaces perpétuelles, qui lui tiennent lieu de jeu, tant mieux pour vous, Petit Détour, tant mieux pour vous, vous avez plus que moi l'occasion de vous réjouir dans une salle obscure. Pour moi c'est vraiment ce qu'on peut faire de pire, parmi les nouveaux cabots du cinéma, tous pays et tendances confondus. En outre, il porte son idéologie sur la figure, on sent que c'est un soi-mêmiste d'exception. Je ne l'ai jamais aimé, et le voir devenir président du jury du Festival de Cannes est une confirmation de tout ce que je pense de lui.

Quant au film de Kusturica, que j'avais vu à l'époque où Finkielkraut ne l'avait pas vu, je veux témoigner pour lui : il avait vu juste, même sans voir.

(((En revanche, la présence d'In the mood for love, dans la petite liste des films qui devraient selon lui être distingués du lot courant me désole un peu. Finkielkraut a parfois un petit côté Françoise Hardy…)))
Citation
Sean Penn est vraiment l'archétype de l'abruti fait acteur

Oui absolument c'est un histrion qui plastronne depuis trop longtemps et qui a en outre l'outrecuidance de vouloir nous donner des lecons de morale.

De toute facon le simple fait de se revendiquer admirateur et ami de Fidel Castro et de Chavez le disqualifie totalement à mes yeux.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 13:28   Re : C'est à Alain auquel je pense
(((En revanche, la présence d'In the mood for love, dans la petite liste des films qui devraient selon lui être distingués du lot courant me désole un peu. Finkielkraut a parfois un petit côté Françoise Hardy…)))

Et il aime beaucoup les Beatles (et tout particulièrement Paul Mc Cartney)...
"Finkielkraut a parfois un petit côté Françoise Hardy"
"Et il aime beaucoup les Beatles (...)"

Oui, et il paraîtrait même que... (non, rien).
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 13:59   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
Qui donc ? Annie Cordy ?
Je suis entièrement d'accord avec Boris et Rogemi. Dans cet atroce milieu de pantins que sont les acteurs de cinéma, il est certainement ce que l'on fait de pire à mes yeux : fils à papa nombriliste qui se la joue "rebellâme" et dont le seul bagage culturel est le catéchisme multiculturaliste. Et en plus je trouve sa gueule de petite frappe repoussante.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 14:36   "Et en plus je trouve sa gueule de petite frappe repoussante"
Absolument d'accord avec vous, Chère Cassandre. Je n'osais pas le dire.

Ce que vous m'apprenez à propos de Sean Penn, Cher Rogemi (Castro et Chavez), ne m'étonne pas du tout.


À propos de Finkielkraut et des Beatles, que voulez-vous que je vous dise. Il fait ce qu'il veut, évidemment, je n'ai pas de leçon à lui donner. Cependant, je préfère ne pas y penser.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 16:33   Re : "Et en plus je trouve sa gueule de petite frappe repoussante"
C'est ce qu'on appelle le délit de sale gueule ?
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 16:46   Patibulaire
Cher Corto, je n'arrive pas à savoir si votre réponse est lard ou cochon. Il ne s'agit pas d'un "délit", il s'agit tout simplement de ce que tout le monde fait continuellement, jour après jour, depuis que le monde existe : il y a des têtes qui nous reviennent, et d'autres pas. Et je serais prêt à parier que vous ne faites pas exception. Je ne vois pas bien en quoi cette manière tout humaine d'être vis à vis de son prochain serait condamnable, pour ma part. Si l'on poursuit un peu dans cette voie, il y a aussi des voix qu'on aime et d'autres pas. Vous trouvez que ça mérite la geôle ?

Je suis absolument convaincu que ma "gueule" déplaît à beaucoup, et je ne peux pas leur en vouloir ; on n'est pas forcé d'être copain avec l'humanité entière.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 17:01   Re : Nuance
Lard et cochon ?

Lard : "il y a des têtes qui nous reviennent, et d'autres pas".
Cochon : "je trouve sa gueule de petite frappe repoussante".
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 17:14   cochon qui s'en dédie
Mais quoi ? "Je trouve sa gueule de petite frappe repoussante", je vous accorde que ce n'est pas gentil, mais quand j'ai lu ça, je me suis dit, oui, c'est exactement ce que je ressens.
04 juin 2008, 17:17   Re : "Rien sur Robert"
c'est exactement ce que je ressens
Attention, Boris Joyce, vous êtes "soi-mêmiste" là.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 17:24   Cassandre-mêmiste
Pas du tout, je fais le détour par Cassandre
Et n'oublions pas que M. Penn (pas Arthur) a commencé sa brillante carrière en visant directement la case trésor, soit l'entrejambe de Madonna (avec passage par la mairie).
Ah ça, oui, Didier Goux, n'oublions surtout pas "l'entrejambe de Madonna"...
04 juin 2008, 17:57   Re : "Rien sur Robert"
Il y a des personnes qui, comme on dit, portent bel et bien ce qu'elles sont sur leur gueule. Tenez, au hasard : un Tariq Ramadan , par exemple ... Je pense surtout à l'expression du visage plutôt qu'aux traits. De plus, s'il y a des gens qui ne me donnent aucune envie d'être gentille avec eux, ce sont bien les acteurs. Et puis, je trouve normal qu'ils soient jugés sur leur gueule. Le cinéma ne fait que ça : trouver la gueule de l'emploi. On donne aux traîtres des visages de traitres, aux méchants des visages de méchants, aux durs des visages de durs, etc. Or, je crois que les acteurs stupides, ou vides, finissent par se confondre eux-mêmes avec leur emploi, par se prendre pour les personnages qu'ils interprètent. Et ce Sean Pen me paraît particulièrement stupide. S'il n'était le fils de son père il n'aurait que des rôles subalternes de petit truand dans des films de série B. Et ne me dites pas qu'il joue bien. Jouer est à la portée du premier venu. Il suffit d'en avoir envie, d'un peu de culot et d'une bonne direction d'acteurs. Preuve en est tous ces non professionnels que certains metteurs en scène utilisent dans leurs films et qui font merveille.
«Et ne me dites pas qu'il joue bien. Jouer est à la portée du premier venu. Il suffit d'en avoir envie, d'un peu de culot et d'une bonne direction d'acteurs.»

Et cette palme d'or le souligne assez cruellement.
Finalement, c'est un aveu de la part de M. Penn (je ne l'ai vu jouer que dans un film – 21 grams, je crois – au long duquel il réussissait à n'avoir qu'une mimique – inexpressive), que son «métier» n'en est pas un, et que n'importe qui peut faire ce qu'il fait.
C'est courageux de sa part, tout de même.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 18:51   Rien sur rien
Moi, Cassandre, quand elle parle des acteurs, je l'aime.


« Et puis, je trouve normal qu'ils soient jugés sur leur gueule. Le cinéma ne fait que ça (…) »

Exactement, ils veulent gagner sur tous les tableaux à la fois. S'ils sont beaux, c'est merveilleux, ce sont de grands acteurs parce-qu'ils-sont-beaux : s'ils sont laids et déplaisants, c'est encore parce que ce sont de grands acteurs (quoi de plus difficile, que d'être laid, quand on-est-un-acteur (beau par définition)?). Ils jouent mal ? Mais non, ils entrent dans leur personnage.

21 grammes, je l'ai vu il y a quelques jours, me disant : Ah, ouf, pour une fois, au lieu de 21 grimaces en boucle du grand style Sean Penn, il n'y en a qu'une. À tout prendre, je préfère. À côté, Madonna, je suis désolée, c'est une grande artiste !
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 18:59   Re : Qualité essentielle
Ah ça, oui, Didier Goux, n'oublions surtout pas "l'entrejambe de Madonna"...

C'est bien elle qui chante "Like a virgin" ?
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 20:46   l'article auquel répond Finkielkraut
La Palme d'or réactive le débat national sur l'école
LE MONDE | 27.05.08 | 15h39 • Mis à jour le 28.05.08 | 10h46

On croyait le débat sur l'école en France tranché en faveur d'un grand serrage de vis et du retour aux fondamentaux dans tous les domaines, et voilà qu'un événement cinématographique vient tout remettre en question. La Palme d'or, attribuée au film Entre les murs, réactive toutes les questions sensibles que l'on peut se poser sur les profs, les élèves, ce qu'ils peuvent avoir à se dire et comment ils le disent. Ce qui éclate, à travers le film de Laurent Cantet, c'est la vraie vie d'une classe ordinaire d'aujourd'hui.

Le succès du livre, prix France Culture/Télérama en 2006, pouvait encore être ignoré. Mais pas la Palme d'or, venant honorer la France et placer ses anecdotes scolaires à la hauteur d'un universel planétaire. Derrière l'unanimité des hommages, l'événement ne peut pourtant pas faire plaisir à tout le monde. Car, dans ce débat, François Bégaudeau, auteur du livre dont est tiré le film (où il joue le rôle du professeur qu'il fut) n'est pas neutre. "J'en avais assez de tous ces livres de profs qui se réduisent à des essais au ton apocalyptique. Ils filtrent la réalité pour la faire correspondre à leurs a priori idéologiques, le plus souvent réactionnaires", déclarait-il en mars 2006, dans un chat commun à Télérama et au Monde.


"BEL HOMMAGE"


Face aux fondamentalistes de l'école républicaine, il fait partie des réalistes qui pensent que l'école doit s'adapter et non exclure. Il récuse la baisse de niveau, récuse toute nostalgie, ne prône pas l'approche exclusive de la langue française par les grands textes... Les élèves, il faut, explique-t-il, les prendre comme ils sont...

Le réel d'Entre les murs c'est, par exemple, des élèves se plaignant d'avoir été (par le professeur lui-même, loin d'être infaillible), "insultées de pétasses" et l'enseignant s'acharnant en vain à établir que l'on dit "insulter tout court ou traiter de, mais pas un mélange des deux". Jusqu'au jour où, à l'usure, il finit par employer certaines tournures du langage des élèves, plus efficace que le sien.

Face à la prévisible audience du film, chacun tente de tirer la couverture à soi. Jack Lang, ancien ministre de l'éducation et député PS, a jugé, lundi 26 mai, sur LCI, que le film tombait "à point nommé, au moment où le gouvernement aime si peu et si mal l'école". Le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, a fait savoir qu'il le tenait pour "un très bel hommage rendu à tous les enseignants de France".

Luc Cédelle
Article paru dans l'édition du 28.05.08.
Il y a des personnes qui, comme on dit, portent bel et bien ce qu'elles sont sur leur gueule

Je crois même qu'on peut avancer l'hypothèse que tout le monde porte ce qu'il est sur sa gueule.

Tout le monde se reflète aussi dans son style. J'ai parfois l'impression de "voir" la gueule de chacun des intervenants de ce forum.

Didier Goux a des airs de Bukovsky par exemple.

Boris Joyce est échevelé et a les joues creuses. Il porte des petites lunettes.

Rogemi a de belles joues rouges.

Pascal Orsoni a de petits yeux pénétrants et un regard un peu fou.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 21:26   Échevelé, livide
Ah, merci, Olivier, vous êtes génial !

Décrivez-nous Francis !
Francis? Une crinière grise puissante et des traits burrinés par les voyages et les tourments de l'âme. Peau mate, chairs dures. Mais des yeux pleins de sensibilité, très enfoncés, presque retirés du monde extérieur.
Quant à Olivier, il est très sexy, avec un p'tit côté Sean Penn...
Belle tentative d'Olivier, risquée cependant : car je suppose que vous avez tous fait cette expérience légèrement dérangeante de découvrir le visage d'une voix que vous aviez auparavant longuement fréquentée par le biais d'un poste de radio? et n'avez-vous pas alors été surpris du décalage? (pas toujours, il est vrai.)
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 22:16   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
Si, toujours.
Une fois, j'ai rendu visite à un écrivain dont je ne connaissais qu'un ouvrage et quelques articles au ton très "nietzschéen". Allez savoir pourquoi, je m'attendais à voir une sorte de Ludwig van Beethoven. Je lui avais même parlé au téléphone, et c'était exactement la voix que je lui avais imaginée. Quelle ne fut pas ma déception lorsqu'un petit barbu au crâne dégarni, sans flamme dans le regard- que je crus être tout d'abord le valet du Grand Homme - m'ouvrit la porte de son bureau parisien! Où était mon Ludwig? Mon Richard? Mon Wolfgang? Celui-ci était un usurpateur!

Depuis j'ai cessé de faire confiance à mon imagination.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 22:38   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
Olivier, rassurez-moi, au sujet de Sean Penn !!!
Le plus inquiétant étant d'être surpris par le visage que l'on trouve devant son miroir, à de certains matins.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 22:56   Miroir sans fin
Vous n'avez qu'à vous métisser avec vous-même !
Et le plus angoissant, d'être condamné à ne jamais savoir exactement la façon dont les gens nous voient.

Cher Boris, soyez rassuré. J'ai davantage de points communs avec Woody Allen qu'avec Sean Penn (ce qui au demeurant ne m'empêche pas d'être éminemment sexy, comme Renaud Camus l'a deviné...)
"Didier Goux a des airs de Bukovsky par exemple.

Boris Joyce est échevelé et a les joues creuses. Il porte des petites lunettes.

Rogemi a de belles joues rouges.

Pascal Orsoni a de petits yeux pénétrants et un regard un peu fou."

Je proteste contre cette discrimination.

Et Cassandre, alors?!
Excusez-moi Cher Cassandre, mais cela n'eut-il pas été inconvenant de ma part de vous décrire, telle que vous êtes, belle brune au sourire un peu carnassier et au regard espiègle?
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 23:15   belle brune au sourire un peu carnassier et au regard espiègle
Ah, on possède la même photographie ?
Vous avez une photographie de Cassandre??
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 23:30   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
Oui, la même que vous.
On ne peut pas le bluffer, ce Boris.
Utilisateur anonyme
04 juin 2008, 23:47   PA
Échange photo de Madonna contre une de Corto.
Corto c'est un beau brun avec un je ne sais quoi de distingué, de nonchalant et de discrètement charmeur.
« Quelle ne fut pas ma déception lorsqu'un petit barbu au crâne dégarni, sans flamme dans le regard- que je crus être tout d'abord le valet du Grand Homme - m'ouvrit la porte de son bureau parisien! »

Oh, Olivier, quelle trahison ! Vous aviez juré que vous ne raconteriez pas cet épisode !
Utilisateur anonyme
05 juin 2008, 00:36   Image volée
Olivier, nous parlons bien de celle-ci ?

"La mer en Corse, c'est un rêve de lumière, de la lumière liquide : vert clair, vert émeraude, bleu turquoise, bleu foncé avec au loin du violet qui déborde en brume rose sur l'horizon. On croirait nager dans un arc-en-ciel tendu le long des plages, blanches comme des dragées.
Mais c'est une mer chatte qui ne dort jamais que d'un oeil. A la voir si lisse, si tranquille ronronner et faire patte de velours sur le sable on n'imagine pas les changements à vue qu'elle réserve. Quelques secondes plus tard la voilà qui se réveille d'un coup, se gonfle, s'énerve, se bouscule, fait sa mauvaise punk, crêtes hérissées sur fond de colère noire, et vous crache au visage, toutes vagues dehors, des paquets de rage et d'écume. On n'a pas intérêt à être dans ses griffes à ces moments-là."
Oui c'est bien cela.

J'espère d'ailleurs qu'elle nous pardonnera cette indiscrétion informatique.
Ah, mais si vous avez triché, alors ce n'est pas de jeu !

D'ailleurs je ne suis plus, depuis peu, une "belle brune" , mais, à l'extrême rigueur, si tant est qu'à mon âge - 70 ans - il puisse me rester quelque beauté, une "belle grise" .
05 juin 2008, 11:17   Re : Image volée
Merci, cher Boris, d'avoir choisi ce passage, un peu moins nul que le reste.
Citation
Rogemi a de belles joues rouges.

Que voulez-vous, nourri depuis 34 ans à la saucisse et à la bière je ne pouvais pas échapper à cette fatalité.
Utilisateur anonyme
05 juin 2008, 12:07   Re : Palme d' or pour une syntaxe défunte
Cassandre, ne me provoquez pas, j'ai d'autres extraits à placer, et pas nuls du tout !
Utilisateur anonyme
05 juin 2008, 12:08   Les Innocents au bord de la Marne
Pour la photo de groupe, je suis partant, et j'ai le matos.
Je veux bien être Bukowsky, mais à la seule condition qu'on rétablisse l'émission de Bernard Pivot. Juste pour moi.
Cassandre est belle, Renaud est beau, Boris, Francis, Didier sont beaux, nous sommes les plus beaux.
Et Pivot est le plus beau d'entre nous ! (Non, vraiment, j'y tiens...)
Puisque personne ne me le demande, je suis un petit barbu au crâne dégarni.
Boris a la plus belle voix, la plus agréable diction masculine qu'il vous sera jamais donné de connaître. Quand on l'entend, on est saisi d'une envie subite de s'asseoir sur la borne de son vieux corps et de pleurer là tout son saoul de n'avoir pas su, de toute son existence, s'arranger pour au moins avoir à soi cette voix-là, cette diction-là, désespérément souveraine, posée, attentive, pensive, réfléchie, soupçonnable d'aucune hésitation, d'aucune lâcheté de sentiment, d'aucun travers d'émotion, distante, lointainement présente, exquisément respectueuse, qui vous envoie à jet continu ses ondes de considération et d'urbanité émises, toutes pour vous, des contrées sommitales du crâne.
Utilisateur anonyme
06 juin 2008, 13:00   Re : Palme d' or pour une diction défunte
Francis… Je préfère me taire…
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