Le site du parti de l'In-nocence

Renaud Camus sur Radio Courtoisie

Envoyé par Marcel Meyer 
Renaud Camus parlera du parti de l'In-nocence, sur Radio Courtoisie, ce soir vers dix heures.
Utilisateur anonyme
05 janvier 2011, 11:42   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
Merci pour cette précieuse information !
Utilisateur anonyme
05 janvier 2011, 12:14   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
Nous mettrons à disposition de ceux qui le souhaitent l'enregistrement de cette émission sur ce fil même, comme nous le ferons désormais systématiquement.
Je suis preneur, merci bien, cher Julien.
J'hésitais à le demander ; c'est très gentil à vous.
Utilisateur anonyme
05 janvier 2011, 22:30   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
Toujours un plaisir d'écouter M. Camus.
Utilisateur anonyme
05 janvier 2011, 23:53   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
Renaud Camus a fait vers la fin de l'émission l'éloge de Musset. Un court texte de Musset sur les temps à venir.

L'Univers, mon ami, sera bouleversé.
On ne verra plus rien qui ressemble au passé.
Les riches seront gueux et les nobles infâmes.
Nos maux seront des biens.
Les hommes seront femmes et les femmes seront tout ce qu'elles voudront.
Les plus vieux ennemis se réconcilieront,
Le Russe avec le Turc, l'Anglais avec la France.
La Foi avec l'indifférence,
Et le drame moderne avec le sens commun.
De magistrats : néant
De lois : pas davantage.
J'abolis la famille rompt le mariage.
Voilà : quant aux enfants en feront qui pourront.
Ceux qui voudront trouver leur père, chercheront.



Alfred de Musset (parue dans la Revue des Deux Mondes du 15 juillet 1838).
Passons, car c'est la loi ; nul ne peut s'y soustraire, comme disait l'autre.
06 janvier 2011, 15:54   Rendons à Césure…
Nos maux seront des biens. Les hommes seront femmes

Et les femmes seront tout ce qu'elles voudront.


Cette “coupe” ne serait-elle pas plus logique ?
"J'abolis la famille et romps le mariage", non ?
06 janvier 2011, 19:22   Musset vagabond
Tels qu'ils sont retranscrits, ces vers paraissent libres.
Musset expose en 1838 le grand projet moderne, dont il a compris les fondements :
"Le monde sera propre et net comme une écuelle ;
L’humanitairerie en fera sa gamelle".
On comprend que les modernes, imprimés chez Ladvocat et grand régénérateurs de l'humanité (cf; la fin du poème), aient "occulté" et continuent à le faire ce petit chef d'oeuvre d'ironie et de lucidité.




J’avais fait un projet... Je te le dis tout bas...
Un projet ! Mais au moins tu n’en parleras pas
C’est plus beau que Lycurgue, et rien d’aussi sublime
N’aura jamais paru si Ladvocat m’imprime.
L’univers, mon ami, sera bouleversé,
On ne verra plus rien qui ressemble au passé ;
Les riches seront gueux et les nobles infâmes ;
Nos maux seront des biens, les hommes seront femmes,
Et les femmes seront tout ce qu’elles voudront.
Les plus vieux ennemis se réconcilieront,
Le Russe avec le Turc, l’Anglais avec la France,
La foi religieuse avec l’indifférence,
Et le drame moderne avec le sens commun.
De rois, de députés, de ministres, pas un
De magistrats, néant ; de lois, pas davantage.
J’abolis la famille et romps le mariage ;
Voilà. Quant aux enfants, en feront qui pourront.
Ceux qui voudront trouver leurs pères chercheront.
Du reste, on ne verra, mon cher, dans les campagnes,
Ni forêts, ni clochers, ni vallons, ni montagnes
Chansons que tout cela ! Nous les supprimerons,
Nous les démolirons, comblerons, brûlerons.
Ce ne seront partout que houilles et bitumes,
Trottoirs, masures, champs plantés de bons légumes,
Carottes, fèves, pois, et qui veut peut jeûner,
Mais nul n’aura du moins le droit de bien dîner.
Sur deux rayons de fer un chemin magnifique
De Paris à Pékin ceindra ma république.
Là, cent peuples divers, confondant leur jargon,
Feront une Babel d’un colossal wagon.
Là, de sa roue en feu le coche humanitaire
Usera jusqu’aux os les muscles de la terre.
Du haut de ce vaisseau les hommes stupéfaits
Ne verront qu’une mer de choux et de navets.
Le monde sera propre et net comme une écuelle ;
L’humanitairerie en fera sa gamelle,
Et le globe rasé, sans barbe ni cheveux,
Comme un grand potiron roulera dans les cieux.
Quel projet, mon ami ! quelle chose admirable !
A d’aussi vastes plans rien est-il comparable ?
Je les avais écrits dans mes moments perdus.
Croirais-tu bien, Durand, qu’on ne les a pas lus ?
Que veux-tu ! notre siècle est sans yeux, sans oreilles
Offrez-lui des trésors, montrez-lui des merveilles
Pour aller à la Bourse, il vous tourne le dos.
Ceux-là nous font des lois, et ceux-ci des canaux ;
On aime le plaisir,l’argent, la bonne chère ;
On voit des fainéants qui labourent la terre ;
L’homme de notre temps ne veut pas s’éclairer,
Et j’ai perdu l’espoir de le régénérer.
J'ignorais, je l'avoue, que Musset eût écrit de semblables poèmes. Merci de nous les faire connaître.
Il avait prévu jusqu'au « Voilà. » moderne.
Utilisateur anonyme
07 janvier 2011, 19:32   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
Dur dur la stigmatisation baudelairienne.
Je laisse en devinette le nom de l'auteur de ces lignes.


Le 4 février 1857, Baudelaire confie à l'imprimeur son manuscrit. Le 25 juin, Les Fleurs du mal paraissent. Entretemps, par une calme nuit de mai, Alfred de Musset avait reçu la visitation, non de la muse, cette fois, mais de la mort. Il dit à son frère : « Dormir..., Enfin je vais dormir. » Peut-être ne songeait-il qu'au sommeil de la terre, comme certains croient que Goethe, mourant, lorsqu'il demande « Plus de lumière » ne souhaitait que de faire ouvrir les volets — tant la parole la plus ordinaire s'élargit aux approches de l'agonie.
Que faisait Baudelaire cette nuit-là, entre le 1er et le 2 mai, et quelles furent ses pensées quand il apprit qu'Alfred de Musset n'était plus ? Il songea peut-être que son destin le forcerait à tuer ce mort encore si vivant et qui avait incarné en poésie tout ce que lui-même haïssait. Dans des notes posthumes (Baudelaire avait songé à défendre Henri Heine contre un article très sot de Jules Janin), on a décourvert ceci qui date de 1865 : « Musset, Faculté poétique. [...] Mauvais poète d'ailleurs. On letrouve maintenant chez les filles, entre les chiens de verre filé, le chansonnier du Caveau et les porcelaines gagnées aux loteries d'Asnières. — Croque-mort langoureux. » Mais déjà, en 1857, les raisons du mépris que lui inspirait Musset avaient éclaté dans une lettre à Armand Fraisse : « Excepté à l'âge de la Première communion, c'est-à-dire à l'âge où tout ce qui a trait aux filles publiques et aux échelles de soie fait l'effet d'une religion, je n'ai jamais pu souffrir ce maître des gandins, son impudence d'enfant gâté qui invoque le ciel et l'enfer pour des aventures de table d'hôte, son torrent bourbeux de fautes de grammaire et de prosodie, enfin son impuissante totale à comprendre le travail par lequel une rêverie devient un objet d'art.»

Il faudrait ici peser chaque mot. Jamais génie ne fut plus lucide que celui de Baudelaire. Jamais la poésie ne se confondit aussi étroitement avec la critique. Jamais l'inspiration ne fut liée à une vue plus nette, dégagée de toute complaisance à l'égard de ce que le poète avait résolu de détruire et qu'il a en effet détruit ; de Rimbaud à Mallarmé et à Valéry, la poésie française n'a plus dévié de la route ouverte par les Fleurs du mal, c'est-à-dire qu'elle n'a cessé de s'éloigner de Rolla et des Nuits.

Si la technique avait pris le pas sur l'inspiration, il n'y aurait pas de quoi se vanter. Mais la rigueur a vaincu le va-comme-je-te-pousse. Et, en gros, il est apparu qu'un poète n'aivait rien à perdre à être intelligent.
Citation
Je laisse en devinette le nom de l'auteur de ces lignes

Mauriac, moins les fautes d'orthographe.

PS: Dans le cadre d'un projet sur la peinture romantique française, je m'intéresse aux rapports de Baudelaire et de Musset (auteur d'un article peu connu sur les tableaux de Gros). Toute information pertinente serait la bienvenue -- par message privé afin de ne pas distraire davantage le cours de ce fil.
Utilisateur anonyme
07 janvier 2011, 22:01   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
Citation

Mauriac, moins les fautes d'orthographe.

Ce scrupule vous honore mais je viens de vérifier, c'est bien comme cela que s'écrit le nom de l'auteur des Mémoires Intérieurs
"les porcelaines gagnées aux loteries d'Asnières."
Déjà le Maghreb !

On peut aimer Baudelaire et, avec le recul, ne pas rejeter Musset. Cette manie de passer d'un extrême à l'autre !
Je m'intercale subrepticement dans cette conversation, je ne voudrais pas ouvrir un nouveau sujet pour si peu,
afin de vous informer que la municipalité de Clermont-Ferrand considère que ce site est infréquentable et on ne peut
plus y accéder à partir d'un ordinateur de la ville ou d'un établissement scolaire clermontois. C'est mal parti pour que Renaud Camus devienne citoyen d'honneur de Clermont où il a suivi une partie de sa scolarité.
Donc le soir, chez moi, j'éprouve le doux frisson de la transgression.
Vous nous donnez là, cher Brindamour, une information d'importance et, pour moi, incroyable.
Utilisateur anonyme
07 janvier 2011, 23:00   Re : Renaud Camus sur Radio Courtoisie
N'y a-t-il pas une adresse électronique, un site où nous pourrions tous écrire à la Municipalité de Clermont-Ferrand pour protester comme il se doit contre cette censure ?
Clermont vient de se faire battre par Brive, ça leur apprendra !
Cher JGL,
Je ne connaissais pas le poème dans son intégralité alors merci car présenté comme cà il est encore plus goûteux.
Le fait que le site ne soit pas accessible ne tient-il pas à sa catégorie d'appartenance ?

Didier pourrait creuser la question.
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