Communiqué n° 678 : Sur les menaces contre les monuments historiques

Le parti de l'In-nocence s'inquiète vivement des menaces que font porter sur les monuments historiques - déjà gravement affectés ces dernières annés par la très sensible diminution des fonds publics disponibles pour leur entretien et pour leur rénovation — les actuels projets gouvernementaux de lutte contre les dites "niches fiscales". Ces projets, sans doute globalement légitimes en soi, semblent prévoir l'abolition ou la forte réduction des déductions fiscales qui seuls permettent à de nombreux propriétaires privés d'entreprendre les très onéreux travaux indispensables.

Le parti de l'In-nocence est alarmé de voir, en des mesures si manifestement contraires à la bonne conservation du patrimoine architectural et historique, une manifestation de plus du désintérêt des autorités et de la société à l'égard de la culture patrimoniale et de ses monuments reconnus, autant dire, dans une large mesure, à l'égard de la culture tout court quand ne lui sont pas directement attachées des vertus électorales, idéologiques et médiatiques.

Dans les "niches fiscales", on défend son os.

Le jour où j'ai entendu un Inspecteur de Lettres prononcer avec autorité la formule "littérature patrimoniale", dans une réunion de formation (enfin, de remise à jour des "enseignants" retardés) un frisson m'a parcouru l'échine. Cela sonnait comme un arrêt de mort, une relégation au musée. Je ne reproche nullement au communiqué du Parti de l'Innocence d'utiliser ce terme qui est approprié en la circonstance (on parle en effet du patrimoine national.) Voilà toutefois un mot qu'il conviendra de surveiller de près, car il peut se charger des significations les plus désastreuses.

Alain Finkielkraut parlait, pas plus tard que ce matin dans Répliques, de "la culture comme patrimoine touristique".