Ils en restent cois

Pendant plus de trente ans, les intellos bien pensants (mais n'est-ce pas un pléonasme ?) n'ont cessé de répéter (sans preuve) à France Culture, dans Le Monde, Libération, le NO, dans les colloques et autres cérémonies savantes, que les ploucs du Middle West profond détestaient les noirs, les étrangers, les indiens, les juifs et les homos, etc., qu'ils vivaient entre "petits Blancs" bornés et stupides, persuadés que Paris est au Texas et ne sachant pas placer la France sur une carte du monde, qu'ils étaient racistes, xénophobes, intolérants, et tout ce que l'on voudra encore..., alors que les Américains de la côte Est ou vivant en Californie étaient ouverts, éclairés, tolérants, cultivés, sans doute parce qu'ils étaient nos jumeaux.
Or, ce sont ces ploucs qui, dans les "primaires" - et cela a commencé dans l'Iowa, où, ont dit les commentateurs, ne vivent que quelques noirs -, plébiscitent Obama, moins pour son programme que pour son charisme, le symbole qu'il représente, sa personne. Obama est né à Hawaï d'un père kenyan musulman : noir, en partie étranger, d'ascendance islamique. Il porte deux prénoms arabes : Barack ("Benoît" ou "béni", qui a reçu la "baraka", la "bénédiction" d'Allah) et Hussein. Pourtant, c'est ce candidat que choisissent les ploucs, supposés racistes et, bien entendu, islamophobes. Contre toute attente et en dépit de tout pronostic, ils plébiscitent celui qui est à l'exact opposé de leurs supposées haines et répulsions et ce sont les nantis de la Côte Est et les bobos de gauche de Californie qui préfèrent, à ce damné de la terre, la candidate BCBG de l'establishment politico-financier et intellectuel.
A ma connaissance, personne, dans l'intelligentsia, n'a commencé la moindre esquisse, non pas d'autocritique (ce n'est pas dans leur culture !), mais de rectificatif du tableau ou du portrait de l'Amérique profonde que ses membres ont diffusé pendant quarante ans.

Autre "sujet" renversant.
Lundi et mardi soir, France 2 a diffusé deux "docu-fictions" (mélange d'images d'époque, films ou photos, de documents écrits analysés, de témoignages et de scènes jouées par des acteurs "en costume" à partir de témoignages avérés) sur la résistance en France entre 1940 et 1944 : la première partie sur les réseaux de résistance à l'occupant, la seconde partie sur les réseaux d'aide aux populations étrangères, surtout les juifs, menacées à la fois par le régime de Vichy et par l'occupant. Pour la première fois, depuis près de quarante ans, n'a pas été entonné le petit air de serinette : tous collabos, veules, lâches, délateurs, cupides, intéressés, pleutres, racistes, xénophobes, etc., qui est joué dans quasiment tous les media et les lieux où l'on pense (on parle) depuis la fin des années 1960. Les documents montrés l'attestent : si le peuple français n'a pas été toujours héroïque entre 1940 et 1945, il n'a jamais été veule et les messages haineux de la propagande nazie ou vichyste l'ont laissé indifférent.
De ces trois heures de télévision, se dégage un tout autre tableau de la France occupée. En d'autres temps, ces émissions auraient provoqué des séismes. Or, il semble que l'intelligentsia médiatique reste coite. Je n'ai pas entendu ou lu le moindre commentaire émanant de l'intelligentsia autorisée sur les faits avérés montrés par France 2 sans haine, sans gloriole.

Les deux fonds de commerce - l'Amérique raciste et la France xénophobe - sont en train de fondre comme neige au soleil, laissant les intellos bien pensants stupides et muets, abasourdis, pétrifiés. Le XXe siècle - le siècle des ténèbres - serait-il enfin terminé ?

Citation
Le XXe siècle - le siècle des ténèbres - serait-il enfin terminé ?

Il semblerait que notre intelligentsia commence à vieillir et que le ressassement interminable depuis 40 ans des mêmes mensonges l'ai épuisée. Mais Hollywood veille au grain et continue de produire des films et des feuilletons dans lesquels l'américain moyen cad blanc et chrétien est présenté comme une raclure de la pire sorte.

Dans le dernier film à succès de Mike Nichols - La Guerre de Charlie Wilson - les conservateurs chrétiens fondamentalistes sont présentés, contre toute raison, comme des alcooliques fornicateurs.

Vous me paraissez injuste, cher Rogemi. Quand j'ai vu ce film, qui vaut ce qu'il vaut par ailleurs, le personnage de Charlie Brown m'a paru plutôt sympathique, entre autres parce qu'il était alcoolique et fornicateur.

L'ami JGL constate avec son brio habituel que les idéologues de l'Empire du Bien restent cois devant l'évolution des choses. Il est bien vrai en effet qu'il ne se passe guère de jours sans qu'on voie s'écailler un autre morceau de cette vilaine peinture à la confiture rose qu'ils ont tartinée sur le monde depuis une quarantaine d'années. Et toujours cette lancinante question : n'est-il pas trop tard ? Que reste-t-il à sauver ?

Citation
Vous me paraissez injuste, cher Rogemi. Quand j'ai vu ce film, qui vaut ce qu'il vaut par ailleurs, le personnage de Charlie Brown m'a paru plutôt sympathique, entre autres parce qu'il était alcoolique et fornicateur.

Cher Marcel,

Je pensais moins au personnage de Charlie Wilson, qui était, c'est vrai, assez sympathique, d'ailleurs joué avec maestria par Tom Hanks, qu' à celui joué par Julia Roberts cad le rôle de Joanne Herring, milliardaire texane, fervente anticommuniste chrétienne.

Quant à la valeur et la véracité du film lui-même je vous recommande, si vous avez quelques minutes à perdre, d'aller lire l'article suivant: paru dans l'American Thinker

Je suis assez d'accord avec JGL, à la nuance près que les gens qui votent au cours des "Primaires" ou des "Caucus" ne sont pas forcément représentatifs de la classe ouvrière blanche pour la raison qu'elles sont soit militantes, soit sympathisantes du Parti Démocrate. Cela dit, il est évident que la popularité et l'audience de Barack Obama marquent sans doute un tournant dans les relations entre races aux Etats-Unis.

J'ai été moi aussi très agréablement surpris par la qualité du "docu-fiction" de France 2 sur la Résistance (je n'ai pu voir que la première partie, malheureusement). On y note un souci de rapporter les faits exacts avec une glose aussi maigre que possible, et sans moraline ni exaltation dans un sens ou dans un autre; une grande sobriété en même temps qu'un bel exercice de synthèse historiographique. On peut cependant regretter que pas un mot n'ait été prononcé dans ce film sur le débarquement en Provence.

Nicolas Sarkozy il y a quelques années avait signé le scénario d'un téléfilm sur Georges Mandel, dans lequel Jacques Villeret jouait le personnage de Mandel. Il peut sembler que Sarkozy soit animé d'un projet ambitieux de remise en relief et en perspective de l'histoire de la deuxième Guerre mondiale en France, et peut-être d'une réhabilitation morale de ce que fut le pays et le peuple français à cette époque. Qui sait si son idée d'une "chaîne publique" populaire et débarrassée de publicité ne s'inscrit pas en droite ligne de ce projet de revalorisation du passé français? Un tel film donne des espérances.

Une modeste contribution à cette discussion, remarque tout à fait empirique car je ne connais rien à la démographie électorale. Mais habitant depuis pas mal d'années dans le MidWest, justement, mon impression est que l'Obamomanie provient bien de la middle class cultivée, du milieu universitaire et étudiant. Je ne crois pas qu'il y ait un raz de marée obamien parmi les blue collars, la classe ouvrière et petits employés, que je crois plutôt républicains.

Bien cher Bruno,


Votre remarque est tout à fait juste : depuis l'élection de Johnson (ce qui remonte donc à assez longtemps) les "blue collars" masculins ont toujours voté républicain.

Les majorités démocrates ont souvent été acquises par le vote des femmes et des minorités.

Il semblerait cependant que M. Obama, qui jusqu'à présent avait concentré son vote dans les catégories suivantes : aisée, jeunes, noirs, soit en train de "mordre" sur les électeurs républicains et non affiliés.

Par "ploucs" du Middle West, j'entendais les fermiers, les paysans, les rustres. Dans l'Iowa, il semble que de nombreux habitants de cet Etat rural, jugé souvent arriéré ou ringard, aient voté pour la première fois de leur vie à des "primaires" et que, dits "indépendants" (c'est-à-dire non "affiliés" à l'un des deux partis politiques) ou même anciens électeurs républicains, ils aient choisi Obama.