Minuscules chroniques ...

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Toujours dans ce cadre j’ai reçu un jeune homme de 25 ans, plein de qualités, et recommandé à juste titre par diverses personnes. Au cours de la conversation, il me parle à plusieurs reprises de « son papa » et de « sa maman ». Il habite encore chez eux, alors qu’il est autonome et dans une place intéressante depuis plus de deux ans déjà … J’ai beau relancer la discussion en parlant de « votre père » ou « votre mère » : rien à faire, « papa » et « maman » reviennent aussi sec...

Je vais vous paraître bien laxiste, mais si ce jeune homme est réellement compétent et plein de qualités, je n'hésiterais pas à l'embaucher, malgré ces quelques intempérances de langage.

Ben oui, surtout s'il est plein de qualités…

Cela vaut toujours mieux que d'être plein de soi-même.

Je ne crois pas que l'un exclue l'autre.

Oui, il y a toujours des êtres d'exception qui cumulent...

(Message supprimé à la demande de son auteur)

Attention quand même Didier, car vous n'imaginez sans doute pas tout ce qu'implique, pour la suite, cet usage spontané et systématique du "papa-maman" par votre jeune recrue. On n'est jamais au bout de ses surprises avec les jeunes d'aujourd'hui. Jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, au moins, ils ont des attitudes qui sont à peine croyables même pour certains trentenaires, tant l'effondrement des derniers vestiges de ce qu'on appelait l'"éducation" a été rapide et complet. L'état de puérilité de la jeunesse actuelle est proprement sidérant. Personnellement, à votre place, je crois que je préfèrerais embaucher quelqu'un qui dirait "mon père" et "ma mère", et dont le CV serait moins étoffé. Le chemin vers la compétence sera sans doute moins long que vers la maturité!

Olivier, je vous donne raison, mais il faut alors s'attendre à ce que les postes restent vacants jusqu'à la rentrée des adultes… qui est prévue pour 2672, si mes calculs sont exacts.

Dans la série des séries, et des minuscules exaspérations, une série sur Merleau-Ponty, à France-Culture, aux nouveaux Chemins de la connaissance. Le très cher Raphaël Enthoven s'est appliqué, durant cinq émissions, à appeler le philosophe Merleau, une fois sur deux. Merleau a lu Descartes, Merleau écrit ceci, Merleau n'a pas relevé cela, Merleau est un penseur génial. Un auditeur prenant le train en marche aurait pu penser légitimement qu'il s'agissait d'œnologie.

Ne vous plaignez pas, Monsieur Joyce, savourez même votre bonheur : dans cinq ans il sera Merluche, tellement plus cool.

Bien cher Didier,


Je me demande si vous n'êtes pas un peu sévère...

Ce jeune homme postulait pour quelle fonction ? s'il s'agit d'être chef du protocole, je vous accorde qu'il y a un problème...

» J’ai beau relancer la discussion en parlant de « votre père » ou « votre mère » : rien à faire, « papa » et « maman » reviennent aussi sec...

Je crains que ce ne soit fichu. Même expérience que vous, mêmes relances de ma part. L'ennui est que c'était au cours d'entretiens suivis avec... deux études de notaires ! Je crois qu'une seule employée, très distinguée, au cours d'une douzaine de séances, a employé les termes « votre mère ». Je crois qu'il y a des années que je n'ai entendu « son père » ou « sa mère » dans un journal télévisé, fût-ce en parlant des criminels à la mode.

D'ailleurs, une fois, un élève à qui son professeur annonçait qu'il allait rencontrer sa mère pour parler de son comportement, se déclara offensé par le vocabulaire employé. Authentique...

Tout ça est bien affligeant. Je préfère aller écouter un peu de musique. Voyons... Ah! Ravel, tiens, ça faisait longtemps... Allez hop, c'est parti! Ma Maman l'Oye.

J'ai cherché partout La Maman, de Debussy : pas moyen de remettre la main dessus, dites donc !

Ah ben oui mais si vous trichez, cher Didier...
(Il reste toujours celle de Charles Trenet, notez).

Mille pardons, Monsieur Francmoineau, je n'avais pas toute ma tête : j'étais occupé à relire Neuf-Trois, de Victor Hugo...

Désormais, neuf fois sur dix, à France-Culture, on entend dire : "Musique originelle de" pour "musique originale de".


    Une faute de la catégorie des "C'est bien de la solutionnance, dont vous vouliez qu'on parle, Monsieur Durabert ?" ?

Oui, c'est absolument infernel!

Oh, vous, Francmoineau, pas besoin de faire votre Fernandal, hein !