Un point est en tout cas certain, si on s'en tient à une source purement "technique" (les rapports des renseignements généraux et ceux de la censure postale).
Les mesures antisémites, dès lors qu'elles ont été tournées contre les personnes, essentiellement les femmes et les enfants, ont provoqué la première rupture nette entre la majorité silencieuse et le régime de Vichy (pour être plus clair, l'opinion publique avait été indifférente aux divers numerus clausus et aux spoliations. Quant on se mit à arrêter des gens, ce fut une autre affaire).
On peut aussi voir l'évolution d'un Mgr Saliège, pétainiste au départ et qui s'éleva contre les mesures antijuives.
Je ne suis pas en mesure de conclure sur ce point, mais il me semble assez clairement que les mesures antisémites ont, sinon provoqué des actes de résistance spécifiques, du moins ébranlé la confiance dans le régime et montré nettement son alignement sur les Allemands.
Une autre façon de le dire : les Français, dans leur majorité, se satisfaisaient de Vichy en 1941 et 1942, mais ne voulaient pas de la collaboration, or l'antisémitisme forcéne et la chasse aux juifs furent les signes éclatants de celle-ci.