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Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!

Envoyé par Gérard Rogemi 
J'avoue que je n'ai toujours pas digéré la facon cavalière avec laquelle nous nous sommes faits à cette déclaration d'indépendance qui laisse, entre autres, 250 000 serbes dépossédés de leur terre natale et spoliés de leurs biens. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'ils l'ont bien cherché!.

"Ensuite, il faudrait faire revenir un quart de million de réfugiés serbes dans la province, leur restituer leurs biens usurpés par les Albanais et reconstruire leurs temples profanés et détruits par ceux-là mêmes."

Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
Lettre à Monsieur Nicolas Sarkozy,
Président de la République Française
par Komnen Becirovic

Monsieur le Président,

Autant j’ai salué votre idée d’une politique de civilisation, ainsi que celle de la religion en tant que le fondement sur lequel reposent les sociétés humaines – qui avait été du reste l’une des idées maîtresses de Malraux – autant j’ai été stupéfait par votre appel, lancé le 18 janvier dernier devant le corps diplomatique, aux Etats de l’Union européenne d’être unis et fermes dans la reconnaissance du Kosovo occupé par les Albanais sous l’égide de l’Otan, en tant qu’Etat indépendant. Vous en faites même une fatalité en répétant que cette issue est inéluctable et la seule solution praticable.

Mais savez-vous, Monsieur le Président, que vous cautionnez ainsi la plus noire barbarie non seulement qui y règne depuis la conquête du Kosovo par l’Otan en juin 1999 – deux cents cinquante mille Serbes chassés, cent cinquante églises détruites – mais également celle qui y a sévi au cours des ages et sous les régimes tyranniques précédents, turc féodal, germano-italien fasciste et communiste titiste, les Albanais ayant l’art, comme nul autre peuple, de se mettre toujours au service du plus puissant. Leur proverbe forgé pour justifier leur conversion massive à l’islam : « Là où est le glaive, là est la foi », en dit suffisamment.

La solution serait, Monsieur le Président, d’abord de considérer la question du Kosovo sous ses divers aspects, géographique, historique, culturel, bref civilisationnel – et là vous seriez pleinement en accord avec vous-mêmes – et non pas seulement sous son aspect démographique et faussement idéologique, comme on l’a fait, hélas, toutes ces années. Ensuite, il faudrait faire revenir un quart de million de réfugiés serbes dans la province, leur restituer leurs biens usurpés par les Albanais et reconstruire leurs temples profanés et détruits par ceux-là mêmes. On pourrait ainsi commencer à rétablir l’équilibre ethnique de la province, rompu à l’ombre de divers règnes esclavagistes, et réparer d’effrayantes injustices commises à l’encontre des Serbes, afin que le Kosovo redevienne ce qu’il avait été il y a de longs siècles, terre de civilisation par excellence, et non pas de demeurer le trou noir de l’Europe, ce qu’il est à présent. Et que, de plus, on se prépare à légitimer !

Voici, Monsieur le Président, une occasion de démontrer que votre projet de civilisation, n’est pas du domaine de la simple rhétorique, mais qu’il puisse bel et bien être traduit en œuvre. Le résultat en serait multiple et considérable : tous les hommes de conscience à travers le monde vous approuveraient, les Serbes vous en sauraient gré à jamais et vous leur redonneriez la confiance perdue en la France, vous laveriez la France de l’opprobre dont l’a couvert votre prédécesseur en la mettant au service des terroristes kosovars contre une nation amie, enfin vous réconcilieriez la Russie avec l’Occident sur la question immense du Kosovo, qui dépasse de loin le contentieux serbo-albanais, fût-il multiséculaire.

Il suffit d’avoir de l’audace – et ce n’est certainement pas ce qui vous manque – pour développer une telle action. En tout cas, veuillez trouver, Monsieur le Président, dans ces lignes que je vous adresse, l’expression de ma très haute considération. n

Paris, le 22 janvier 2008
Komnen Becirovic

Journaliste-écrivain serbo-français

Orginaire du Monténégro

Komnen Becirovic a publié en 2007 « Le Kossovo de l'absolu» aux éditions de L'Âge d'Homme.
Je pense que la situation déplorable faite aux Serbes au Kosovo s'explique aussi par la politique de terreur infligée aux Albanais par le régime de Milosevic. L'UCK, comme le FLN en Algérie avec les pied-noirs, est le prix que paie aujourd'hui la communauté serbe pour la politique de ses dirigeants. Vous n'avez pas voulu Rugova et l'autonomie, vous avez Taci et l'indépendance. Vous ne vouliez pas de Messali et de l'égalité des droits et des devoirs, vous avez eu Ben Bella et l'épuration ethnique. Tragique.
Utilisateur anonyme
22 février 2008, 16:11   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
"Mais savez-vous, Monsieur le Président, que vous cautionnez ainsi la plus noire barbarie non seulement qui y règne depuis la conquête du Kosovo par l’Otan en juin 1999 – deux cents cinquante mille Serbes chassés, cent cinquante églises détruites – mais également celle qui y a sévi au cours des ages et sous les régimes tyranniques précédents, turc féodal, germano-italien fasciste et communiste titiste, les Albanais ayant l’art, comme nul autre peuple, de se mettre toujours au service du plus puissant. Leur proverbe forgé pour justifier leur conversion massive à l’islam : « Là où est le glaive, là est la foi », en dit suffisamment."

Ainsi, pour M. Becirovic, la barbarie a commencé au Kosovo avec l'intervention de l'Otan, et dans l'énumération des régimes tyranniques précédents ne figure nullement celui de Milosevic ! L'article de ce journaliste est tout à fait révélateur de l'aveuglement et de l'impudence d'une certaine intelligentsia serbe qui n'envisage pas une seconde de prendre une part de cet opprobre dont ils chargent si généreusement leurs adversaires.
Dois-je piquer un coup de sang devant les énormités proférées par Petit-Détour et Alexis?

Comme le dit le vieil adage: il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir!
Utilisateur anonyme
22 février 2008, 18:33   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
Que ce journaliste qui n'a pas un mot pour évoquer – ne parlons même pas de regretter – les exactions commises au Kosovo par Milosevic et ses hommes de main vienne donner des leçons de civilisation à la France et à son Président, voilà ce que pour ma part je trouve vraiment énorme.
Utilisateur anonyme
22 février 2008, 18:45   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
22 février 2008, 19:50   Antériorité
Il est exact que les problèmes entre Albanais et Serbes sont antérieurs à l'arrivée au pouvoir de M. Milosevic.

Cela étant, la politique de fuite en avant du Gouvernement serbe (dit "yougoslave") les a exacerbés.

Sur le fond, et pour être bien compris, je suis autant partisan du rattachement de la partie serbe de la Bosnie (pays qui n'a pour moi aucune existence réelle) à la Serbie que je le suis de l'indépendance du Kosovo (en fait, son rattachement à terme à l'Albanie).

L'idée est que la résolution des problèmes balkaniques passe tout simplement par la séparation des populations (et non leur transfert, il s'agit de bouger des frontières).


Prenons un exemple qui n'est pas polémique, et qui met en jeu deux peuples pacifiques : les thèques et les Slovaques se sont séparés sans drame, et ont mis fin à la fiction de la Tchécoslovaquie.
22 février 2008, 19:58   Re : Antériorité
Il faudrait aussi, dans ce cas, rattacher à la Serbie le Nord-Ouest du Kosovo. C'est compliqué mais je ne vois pas, moi non plus, comment restaurer la paix à long terme dans la région autrement qu'en faisant coïncider autant que possible les Etats et les peuples.
22 février 2008, 20:10   Coïncidence
Bien cher Marcel,

C'est exactement ce que je pense.
Utilisateur anonyme
22 février 2008, 20:18   Re : Antériorité
Je suis entièrement d'accord avec Jmarc. Pour répondre à M. Bourjon, l'annulation du statut d'autonomie du Kosovo par Milosevic et la mise en place d'un véritable régime d'apartheid (au bénéfice exclusif de la population serbe, cela va sans dire) date de 1989 et l'on situe la naissance de l'UCK en 1992.
22 février 2008, 20:25   Re : Antériorité
» Il faudrait aussi, dans ce cas, rattacher à la Serbie le Nord-Ouest du Kosovo.

C'est pourquoi je trouve le nouveau drapeau du Kosovo, avec la silhouette du pays, une belle illustration d'esprit pervers...
Utilisateur anonyme
22 février 2008, 20:39   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
22 février 2008, 20:52   Frontières
Bien sûr, cela n'est valable que lorsque les gens ne peuvent plus s'entendre !

Sinon, une excellente solution est le fédéralisme ou une autonomie très poussée, mais elle suppose que les deux parties soient prêtes à discuter : c'est ce qui se passe avec la Catalogne, ce qui est en train de se passer en Ulster et ce qui, j'espère, se passera au Pays Basque.


De la même façon, comment voyez-vous Israëliens et Palestiniens exister si ce n'est chacun chez soi ? ce n'est pas parce que la Palestine a été une et une seule entité dans le passé qu'il ne faut pas tenir compte des réalités.
Utilisateur anonyme
22 février 2008, 21:08   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
A quelles questions faites vous allusion ?
Utilisateur anonyme
23 février 2008, 08:18   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
23 février 2008, 11:32   Frontières
En ce qui concerne ces pays, les frontières sont particulièrement artificielles. Si vous étudiez une carte de la Serbie, vous verrez que c'est un pays mouvant.

La solution des déplacements de population est malheureuse, mais c'est parfois la seule possible.

Prenons un cas célèbre : celui de la Pologne.

Celle de l'après-guerre a "glissé" à l'ouest : la Silésie, la Poméranie sont devenues polonaises. En revanche, une bonne part de la Galicie, autour de Lvov, est devenue ukrainienne.

Ma réponse sera donc : faire cadrer au mieux limites nationales et limites ethniques.

Pour l'Albanie, je la pense dépassée par les évènements. Elle a déjà du mal avec ses propres affaires, même si, à terme, une unification des populations albanophones est probable.

Enfin, pour la question de fond qui est celle de "la terre est à ceux qui la cultivent", je suis en effet de cet avis, à partir d'un certain degré d'ancienneté et dès lors qu'il y a une écrasante majorité. Une population ne devient pas majoritaire à 90% en quelques années.

Pour ce qui est des "gens qui ne peuvent plus s'entendre", c'est une considération de fait. Pour moi, Castillans et Catalans peuvent s'entendre, Serbes et Albanais ne le peuvent plus.
Utilisateur anonyme
23 février 2008, 16:04   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Quien levantò los olivos
Andaluces de Jaen ?

No los levantò la nada
ni el dinero ni el señor
Sino la tierra callada
El trabajo y el sudor...


(Miguel Hernàndez)
La reconnaissance du Kosovo, c'est une triple faute
22/02/2008 | Mise à jour : 15:01

Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, se demande «si la France est assez futile pour se flatter d'avoir un nouvel ambassadeur dans sa capitale avant même que le Parlement ait été saisi».

<< M. Thaçi a déclaré l'indépendance du Kosovo et derechef nos médias s'illuminent devant la profusion des drapeaux agités à Pristina. On peine un peu à nous expliquer la signification du nouveau drapeau kosovar, vu la difficulté à justifier que les étoiles censées représenter les «minorités ethniques» sont précisément rejetées à l'extérieur du dessin du pays.

Reconnaître «l'État du Kosovo», c'est une triple faute.

Une faute contre l'histoire. Celle-ci, contrairement à ce qui s'est passé pour les pays Baltes, n'a jamais connu de Kosovo indépendant. Longtemps soumis au pouvoir turc (comme le fut aussi la Serbie), le Kosovo était, depuis plusieurs décennies, partie intégrante d'un État né par accord international : la Yougoslavie. Au sein de cet État fédéral il faisait partie de la Serbie qui, comme il a été mille fois rappelé, plaçait dans le Kosovo l'origine même de son identité. Que la démographie ait changé, assurément. Belgrade elle-même favorisa cette évolution en accueillant généreusement dans sa province du Kosovo les Albanais qui fuyaient la dictature d'Enver Hodja. Il y avait là matière à imaginer un régime d'autonomie. Cela fut fait. On sait que Milosevic supprima ce régime. Certains, qui auront la curiosité de lire les chroniques, découvriront que l'une des raisons de cette décision fut la plainte des Serbes qui étaient fort mal traités dans un Kosovo «autonome». Milosevic abolit l'autonomie. Il fit mal. Mais la réponse n'est certes pas d'aller à l'excès inverse, créer un État là où il n'y en eut jamais un. Ou alors allons jusqu'au bout. Bafouons l'histoire : reconnaissons la République turque de Chypre ; intéressons-nous au Cachemire ; découpons un peu en Espagne, au Mali, au Tchad, etc., et en France, pourquoi pas ?

Les Français ne veulent plus rien savoir de l'histoire. Mais ce qui est tout récent devrait quand même rester en mémoire et faire réfléchir. La Serbie, objet aujourd'hui de tant de critiques, n'a pas fait la moindre difficulté pour reconnaître l'indépendance du Monténégro, preuve qu'il ne s'agit pas de la part de Belgrade d'attitude obtuse maniaque.

Une faute contre le droit. Il y eut guerre, déclenchée en 1999 par l'Otan en ignorant les principes du droit international, pour mater les Serbes coupables d'avoir réprimé durement trop durement un mouvement d'indépendance qu'ils qualifiaient de terroriste.

Mais la guerre aérienne de l'Otan n'a rien réglé. Pour vaincre, l'Otan devait aller à terre, ce que les Alliés, pas fous et se rappelant la manière dont les divisions nazies furent accrochées, ne voulaient pas. On négocia donc un nouvel accord Serbes-Russes-Américains-Européens qui déboucha sur une résolution des Nations unies, celle dont on voudra bientôt nous faire oublier l'existence, mais qui est le seul droit applicable : la résolution 1244, du 10 juin 1999 : réaffirmation de l'attachement de tous les États membres à la «souveraineté et à l'intégrité territoriale de la République fédérale de la Yougoslavie ». Appel en vue d'une «autonomie substantielle et d'une véritable auto-administration du Kosovo».

Autonomie. Pas d'indépendance, pas de nouvel État. Préservation de ce vieil acquis européen que sont les accords d'Helsinki. C'est à cette condition qu'il y eut paix, et que l'Europe (et les États-Unis) s'épargnèrent une guerre horrible.

Certes une résolution n'est pas intangible. Si le Conseil de sécurité juge que les Kosovars ont raison de proclamer leur indépendance, il adoptera une nouvelle résolution qui se substituera à la résolution 1244. Mais si le Conseil de sécurité ne modifie pas la résolution 1244 et il ne le fera pas , le droit reste aujourd'hui ce que dit ce texte.

Que la France, après les beaux discours de 2003 sur le respect du droit, suive l'exemple des États-Unis et de la Grande-Bretagne est une triste évolution. Nous n'aurons rejoint le camp ni des réalistes ni des cyniques, mais celui des veules, de ceux qui se refusent, par lâcheté, à négocier encore et toujours.

Une faute contre l'Europe unie. Nous sortons d'une de ces brèves périodes où l'on nous a refait le coup de l'Europe projet, de l'Europe politique.

Et si le Kosovo, situé lui aussi comme on le disait avec excitation de la Bosnie, à deux heures d'avion, n'était pas précisément un beau sujet de délibération pour l'Europe unie à laquelle nous sommes censés tant aspirer. Et que fait donc l'Europe unie ? Rien. Bien sûr, sinon constater ses divisions.

Mais faute contre l'Europe, au sens plus large, l'Europe de nos pères, l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, l'Europe qui veut bien accepter de considérer que la Russie n'est pas une steppe peuplée de Tatars aux yeux cruels, que les Slaves sont aussi européens, et allons jusqu'au bout de l'ouverture que les Slaves orthodoxes sont aussi européens. La singularité de la France fut d'être ce pays occidental, majoritairement de culture catholique mais heureusement de tradition laïque, qui tendait la main à l'Orient orthodoxe et noua en particulier de solides relations avec la Serbie et avec la Russie. Vis-à-vis de Belgrade, notre seule offre est celle de l'argent européen. Et vis-à-vis de Moscou, faut-il prendre les devants, déployer des éléments de système antimissile, agiter des drapeaux américains à la barbe des vieux popes ? Prenons garde, dans notre excitation, de ne pas perdre entièrement raison. Réputée bien théoriquement vieux pays recru d'épreuves, etc., la France est-elle assez futile pour se flatter d'avoir un nouvel ambassadeur dans sa capitale avant même que le Parlement ait été saisi, et de gâcher très sérieusement des chances de paix sur le continent ... >>
Quelques notes glanées ici et là sur la tragédie du Kosovo

Tito
C’est la politique anti-serbe de Tito qui est, en grande mesure, responsable de la tragédie du Kosovo. Pour briser la résistance des Serbes, Tito créa des régions autonomes (la Voïvodine et le Kosovo). La Région Autonome du Kosovo et Metohija (désignée comme telle à partir de 1945) se vit accorder (1959) des zones appartenant à la Serbie Centrale, zones qui d'ailleurs n'avaient qu'une faible population albanaise ou en étaient même dépourvues. La Constitution de 1974 octroya une autonomie encore plus large au Kosovo, équivalant à la formation d'un Etat dans l'Etat. Dans la même période, les communistes albanais rayaient le nom de « Metohija », avec sa dimension historique serbe et son contenu chrétien, de l'appellation de la région (« Metohija » vient du grec et signifie « propriété ou domaine de l'Eglise »). Avec l'Université de Pristina (fondée en 1970), entretenant d'étroites liaisons avec le régime d'Enver Hodja, une intelligence albanaise mécontente, radicalisée était formée. (Hashim Thaci, le leader politique de l'UCK, est un ancien activiste estudiantin de Pristina.). Représentant environ 40 % de la population en 1912 (61 % selon le recensement de 1929), les Serbes ont été continuellement expulsés du Kosovo (ou contraints à quitter la région) pendant la période communiste. Tito interdit aux réfugiés serbes et monténégrins de retourner dans leurs foyers après la guerre, il favorisa l'afflux de population albanaise, ainsi que l'explosion démographique des Albanais du Kosovo (la natalité la plus élevée de l'Europe). Menacés, victimes des violences, sans possibilité de trouver du travail, beaucoup de Serbes et de Monténégrins (42,2 % des Serbes, 63,3 % des Monténégrins) quittèrent la province de 1961 à 1981. A la fin des années 1990, la population serbe ne représentait plus que 10 %. Le séparatisme albanais au Kosovo, l'escalade de la violence par l'UCK (fondée en 1991), les mesures prises par Milosevic en 1989 de ramener le Kosovo dans les limites du statut d'avant 1974, reflètent, en partie, la crise créée par la politique de Tito. Rappelons aussi que le démantèlement sanglant de l'ancienne Yougoslavie a provoqué de grandes vagues de réfugiés (la Serbie en accueille environ 700 000), l'expulsion, en 1995, de 360 000 Serbes (suite aux opérations croates « Eclair » en Slavonie occidentale et « Tempête » dans la Krajina de Knin), étant considérée, même en tenant compte du caractère endémique du phénomène dans cette région, comme une purification ethnique de proportions considérables.
Sources (Aleksa Djilas, « Imagining Kosovo », in Foreign Affairs, septembre-octobre 1998, pp. 124-131 ; Milovan Radovanovic, « Kosovo and Metohia — A Geographical and Ethnocultural Entity in the Republic of Serbia », in The Serbian Question in the Balkans, Faculty of Geography, University of Belgrade, 1995, pp. 83-121 ; Traian Stoianovich, Balkan Worlds : The First and Last Europe, New York, M.-E. Sharpe, 1994, p. 304 ; Chris Hedges, « Kosovo's Next Masters », in Foreign Affairs, mai-juin 1999, pp. 24 -42.)

L'exode des derniers Serbes du Kosovo, contraints à abandonner leurs foyers à cause de la violence albanaise, représente le dernier chapitre d'un long processus historique, commencé en 1689-90 (le Grand Exode), poursuivi pendant des siècles, aggravé pendant le communisme. La Pax Americana a parachevé ainsi l'une des plus grandes tragédies historiques d'un peuple européen.
Utilisateur anonyme
24 février 2008, 08:03   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
24 février 2008, 08:13   Voïvodine
Pour ne pas rester sur le cas du Kosovo, je vais prendre celui de la Voïvodine.

Elle est située immédiatement au nord de Belgrade et va jusqu'à l'actuelle frontière hongroise.

C'est une très vieille terre de l'Empire et Royaume d'Autriche et de Hongrie, qui servit aux XVIIème et XVIIIème siècles de refuge aux Serbes chassés effectivement du Kosovo. Ils fondèrent Novi Sad en 1694, étant interdits de séjour à Petersvarad, capitale hongroise de la province. Les Serbes atteignirent 97% de la population à la fin du XVIIIème siècle.

Il n'en reste pas moins que cette terre est, historiquement, hongroise. Actuellement, la Voïvodine compte 15% de Magyars.

Vous trouverez ci-joint un lien à propos du comté hongrois de Bacs Bodrog, qui finit par compter près de 50% de Hongrois à l'issue de la Grande guerre et 20 % d'Allemands. Malgré cela, il fut rattaché à la Yougoslavie.

[en.wikipedia.org]


Vous comprendrez dès lors que quand je lis : "C’est la politique anti-serbe de Tito qui est, en grande mesure, responsable de la tragédie du Kosovo. Pour briser la résistance des Serbes, Tito créa des régions autonomes (la Voïvodine et le Kosovo)", je ne porte pas de jugement de valeur sur le Kosovo, mais pour la Voïvodine, vous admettrez que c'est totalement faux.

De même, quand Monsieur Chevènement écrit : "Une faute contre le droit. Il y eut guerre, déclenchée en 1999 par l'Otan en ignorant les principes du droit international, pour mater les Serbes coupables d'avoir réprimé durement trop durement un mouvement d'indépendance qu'ils qualifiaient de terroriste", puis "en accueillant généreusement dans sa province du Kosovo les Albanais qui fuyaient la dictature d'Enver Hodja", il assène des contre-vérités : vous vous souvenez des évènements de 1999 (M. Dantec aussi, d'ailleurs) ; en ce qui concerne l'Albanie, on ne pouvait ni y entrer, ni en sortir !


Je ne comprends vraiment pas cette haine contre le Kosovo indépendant : c'est la politique de la Grande Serbie, depuis le début du XXème siècle, qui a sans cesse poussé au pire, ce n'est pas autre chose. Alors, évoquer "une présence historique" pour brimer des populations qui sont aussi historiques, c'est un non sens.

Vous noterez que le seul appui de la Serbie est le Gouvernement de M. Poutine (que j'apprécie fort au demeurant, pour sa cohérence). J'ai cru, ces dernières semaines, constater qu'il n'était pas en odeur de sainteté au sein du Parti. M. Poutine a toujours été très clair. Il voit les seuls intérêts de la Russie, et accessoirement de l'orthodoxie, et considère que la force est un excellent moyen.

J'ai lu plus haut qu'il y avait un enjeu au Kosovo entre les USA et la Russie, c'est vrai, de même que les liaisons entre la Serbie et la Russie furent au départ de la Grande guerre (notez à ce propos l'influence ds princesses monténégrines sur la cour de Petrograd).
Utilisateur anonyme
24 février 2008, 08:20   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
24 février 2008, 08:28   Bons baisers de Russie
Je parlais, àpropos de haine, des interventions de M. Dantec, dont vous pourrez juger sur pièce si elles sont haineuses ou pas.

Celle de M. Chevènement me semble simplement malhonnête.

Celle du Gouvernement Russe, qui n'essaie pas de trouver tout un tas d'argments historico-sociologiques, me semble plus pertinente, en ce sens qu'elle souligne le véritable danger, qui est la contagion (danger qui est effectivement réel). Je joins la dépêche de Novosti, afin d'éviter les biais des médias occidentaux :

MOSCOU, 22 février - RIA Novosti. La reconnaissance par une série d'Etats de l'indépendance du Kosovo à l'égard de la Serbie, proclamée à titre unilatéral le 17 février, porte atteinte au système des relations internationales et aura des conséquences imprévisibles, a déclaré le président russe Vladimir Poutine.

"Le précédent du Kosovo est un précédent inquiétant qui met à mal l'ensemble du système des relations internationales, bâti pendant des siècles. Il peut bien entendu provoquer une réaction en chaîne d'événements imprévisibles", a indiqué M. Poutine lors du sommet de la Communauté des Etats indépendants qui se tenait vendredi.

Ceux qui reconnaissent l'indépendance du Kosovo ne sont pas conscients des conséquences de leurs actes, a fait savoir le président russe.

"En fin de compte, c'est une arme à double tranchant, qui pourrait fort bien se retourner contre eux un jour ou l'autre", a conclu M. Poutine.
Utilisateur anonyme
24 février 2008, 08:41   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
24 février 2008, 08:50   Principes
Je vous réponds directement.

Pour moi, il n'y a pas de sens de l'histoire, c'est une notion matérialiste et marxiste.

Il n'y a pas non plus de principes, il y a des intérêts.

Quand Bethmann-Hollweg parle à l'ambassadeur Goschen du fameux "mare scrap of paper", il se trompe du tout au tout : les Anglais partent en guerre non pour le traité de Londres, mais pace qu'il est pour eux insupportable que les ports belges soient sous contrôle allemand.
24 février 2008, 08:53   Péguy
C'est en cela que je me trouve en accord avec M. Poutine, si décrié.

Il est parfait d'avoir les mains propres, c'est encore plus facile quand on n'a pas de mains.
Utilisateur anonyme
24 février 2008, 10:19   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"content de votre retour, cher Rogémi"

Cher Didier,

La guerre menée en 1999 par l'OTAN contre la Serbie me choqua profondément mais ce qui me révolta encore plus fut l'enthousiasme avec lequel la gauche progressiste soutint cette guerre lâche où une coalition de 19 nations attaqua un petit pays quasiment sans défense.

Quand nous voyons des images de cpf en train d'attaquer en groupes des personnes seules nous sommes normalement indignés mais en 1999 presque personne ne se formalisa de la monstruosité de cette attaque.

Pendant plus de deux mois l'OTAN détruisit systématiquement l'infrastructure d'un pays et elle accepta sans état d'âme la mort de milliers de civils, en particulier de celle de milliers de Kosovars qui moururent sous les bombardements mais dont on se garde bien de parler.

Le pire dans cette non-guerre fut la trouille de la coalition d'intervenir avec des forces terrestres. On se contenta de tuer du ciel en envoyant des missiles gros comme des baleines détruire des ponts, des usines, etc...

Vous comprendrez, Cher Didier, que j'ai eu du mal à garder mon calme en lisant les posts des divers intervenants acceptant d'un coeur léger l'ignominie que représente l'indépendance du Kosovo.

La colère étant une mauvaise conseillère j'ai alors préféré me taire.

Toutes les preuves avancées par L'OTAN pour justifier cette guerre furent de grossiers mensonges, de l'agit-prop de bas-étage, de la désinformation qui s'avéra après-coup totalement fausse. Ils n'ont même pas trouvé un seul charnier pour appuyer leurs accusations de génocide.
Permettez-moi de vous dire, cher et estimé Rogemi, que je trouve en l'occurrence votre argumentation très faible. Milosevic avait été mis en demeure par la « communauté internationale », comme on dit erronément, d'arrêter ses entreprises. Je me souviens encore des semonces solennelles de Madeleine Albright, sur tous les médias internationaux. On ne peut dès lors taxer les « forces de l'ordre » d'être plus fortes que les « délinquants ». Je conçois fort bien — je l'espère, même —, que les termes que je mets entre guillemets soient fondamentalement critiqués, mais justement, c'est sur ces points-là, alors, qu'il faut faire porter la critique, et non sur l'honneur d'un duel médiéval équilibré.
"semonces solennelles de Madeleine Albright"

Sur le plan théorique, cher Bernard, vous avez absolument raison mais à condition que les arguments avancés pour l'emploi de la force correspondent à des faits réels et ne soient pas, comme ce fut le cas au Kosovo, des affabulations, des constructions montées de toutes pièces pour faire admettre par une opinion publique une décision politique (accord secret avec l'UCK) longtemps prise à l'avance.

Ne ressentez vous pas, cher Bernard, la disporportion entre les moyens utilisés et le but recherché ?

Petit rajout:
Je sais que c'est toujours une faute que de se laisser envahir par ses émotions. Mais certaines colères sont saines. Celles liées au sentiment d'injustice, par exemple. Les émotions ne sont pas toujours le contraire de la raison mais on peut les considèrer comme particulièrement bénéfiques, bénéfiques à l'activité rationnelle elle-même. Comme disait Rousseau:
"La sublime raison ne se soutient que par la même vigueur de l'âme qui fait les grandes passions".
Bien cher Rogemi,


Vous nous écrivez :

Le pire dans cette non-guerre fut la trouille de la coalition d'intervenir avec des forces terrestres. On se contenta de tuer du ciel en envoyant des missiles gros comme des baleines détruire des ponts, des usines, etc...


Franchement, je ne vois pas pourquoi, dans une guerre, on n'utiliserait pas ce genre de moyen et pourquoi on enverrait à la mort ses propres soldats...
24 février 2008, 21:56   Intérêt
Vous m'interrogez sur ce que je pense être l'intérêt de cette reconnaissance.


A mon avis, la création des deux entités "Tchéquoslovaquie" et "Yougoslavie" est largement le fruit de la politique française de l'après Grande guerre, afin de constituer en Europe centrale des contrepoids à une éventuelle puissance allemande (la Hongrie étant comptée, par définition, comme pro-allemande, et la Pologne étant plutôt anti-russe).

Dès lors que la France et l'Allemagne sont devenues alliées, cet intérêt cessait (il avait d'ailleurs cessé dès la mainmise soviétique).

Cela explique, à mes yeux, le "lachage" de l'idée Yougoslave (ce qu'on dit actuellement à propos de la province du Kosovo, on aurait pu le dire de la Croatie et de la Slovénie).

Par ailleurs, cette question Serbo-kosovare est un abcès de fixation : plutôt il sera guéri, y compris par la cautérisation, plus tôt l'Europe en sera débarassé.

En ce qui concerne l'intérêt américain, il est évident : avoir un allié, même petit, reconnaissant alors qu'il est largement musulman, et surtout affaiblir la position de la Russie (intérêt aussi pour l'Europe).
Citation
Franchement, je ne vois pas pourquoi, dans une guerre, on n'utiliserait pas ce genre de moyen et pourquoi on enverrait à la mort ses propres soldats...

Cher Jmarc,

Pour vous cette non-guerre était légitime, ergo on peut aller tuer des gens qui le méritent en économisant ses propres forces.

Ne vous sentez vous pas mal à l'aise en tapant de telles phrases surtout en sachant que l'adversaire de l'OTAN était dans l'impossibilité réelle de se défendre face à une coalition militaire disposant de moyens illimités.
Citation
Par ailleurs, cette question Serbo-kosovare est un abcès de fixation : plutôt il sera guéri, y compris par la cautérisation, plus tôt l'Europe en sera débarassé

J'espère, cher Jmarc, que vous n'êtes pas sérieux?

Croyez-moi l'indépendance de la province n'a en aucun cas résolu le problème serbo-kosovare. L'OTAN va devoir rester pas mal de temps dans ce pays pour y maintenir un semblant de paix !

Par contre les serbes, les roumains, les grecs, les macédoniens, les monténégrins, les russes, etc... sont scandalisés par l'évolution politique actuelle et il est à craindre que dans le futur un réglement de comptes sanglant ait lieu.

Citation
En ce qui concerne l'intérêt américain, il est évident : avoir un allié, même petit, reconnaissant alors qu'il est largement musulman, et surtout affaiblir la position de la Russie (intérêt aussi pour l'Europe

A quoi cela sert-il de se mettre plusieurs peuples à dos juste et qui sont 10 fois plus nombreux pour faire plaisir à 2 millions de musulmans kosovars ou pour contrer la russie.

Et vous n'avez tout de même pas l'illusion de croire que les musulmans du Kosovo se montreront, le jour venu, reconnaissants pour leur indépendance?

Rappellez-vous ce qui s'est passé en Afghanistan, après que la résistance ait chassé l'armée soviétique uniquement grâce à l'aide militaire des USA.
24 février 2008, 22:42   Kosovo
Bien cher Rogémi,

Tout d'abord, que faire ?


On a tout essayé pour le Kosovo, sauf cela, et tout à échoué ! que voulez-vous faire d'autre, concrètement, qui n'aurait pas été fait jusqu'à maintenant ?

Vous me dites toujours à ce propos :


Par contre les serbes, les roumains, les grecs, les macédoniens, les monténégrins, les russes, etc... sont scandalisés par l'évolution politique actuelle et il est à craindre que dans le futur un réglement de comptes sanglant ait lieu.

Les Serbes ont totalement hors jeu, ils n'ont aucun moyen d'action concret ni maintenant, ni dans le futur.

Les Roumains, les connaissant, doivent avoir le scandale assez peu démonstratif en cette matière.

En ce qui concerne les Grecs, pensez-vous un instant qu'ils vont s'opposer à l'Europe occidentale, dont ils tirent tant, et compromettre leur cause sacrée, celle de Chypre ?

Ce n'est pas, ensuite, insulter les Monténégrins que de souligner leur faiblesse évidente.

Pour la Macédoine, je vais être plus direct : elle va avoir assez de mal avec sa survie pour ne pas s'occuper du reste.

En fait, la seule véritable partie prenante d'influence est, je vous le concède, la Russie. L'appétit de M. Poutine pour les droits de l'homme étant bien connu sur ce forum, je le pense guidé par des motifs autres (essentiellement avoir un pied en Europe, voir ce qu'il fait dans les pays baltes).


Pour le point suivant, concernant les Etats-unis, c'est l'argument inverse qui est primordial : affaiblir la position russe.
Cher Jmarc,

Je ne sais pas quel âge vous avez mais il se peut que vous viviez assez vieux pour être témoin d'une guerre inter-ethnique qui dans un avenir assez lointain pourrait avoir lieu dans les Balkans et qui ne sera (si elle a lieu) que la conséquence des conditions imposées par la force brute depuis 1999.

Pour l'instant votre analyse est pertinente car les USA et l'Europe sont encore puissants et craints mais qui peut aujourd'hui prédire et prévoir ce qui se passera dans 10, 20 ou 30 ans.

En Europe tant que l'économie ira cahin-caha et que la jouissance d'un certain train de vie sera possible pour la grande majorité de la population il ne se passera pas grand chose, du moins dans un proche avenir.

Mais si par malheur une crise économique majeure survenait obligeant les USA à se retirer, les contraignant à renoncer au maintien de son système de protection militaire global alors tout pourrait arriver, je veux dire le pire.

A propos de votre question: que faire?.

Mais cher Ami les dès sont jetés, le mal a été fait en 1999, il n'y a pas de retour en arrière et il faudra boire la coupe jusqu'à la lie.
Utilisateur anonyme
27 février 2008, 15:23   Re : Prôner la civilisation à Paris, cautionner la barbarie au Kosovo!
(Message supprimé à la demande de son auteur)
27 février 2008, 18:01   Ambassadeur
Cela me semble tout à fait raisonnable, surtout pour la partie concernant les populations.
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