Le site du parti de l'In-nocence

Just a short parenthèse

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
20 juin 2008, 14:14   Just a short parenthèse
« Qu'on "voie" un peu la mer, est grammaticalement juste, mais c'est assez laid, ça coince je trouve. Impossible de m'y faire. Toujours eu de la peine avec certaines formes du subjonctif. Je préfère le T, à la 3e personne. It was just a short parenthèse. »

Trouvé sur le blog d'un éditeur français. (Ce n'est pas l'éditeur qui écrit ça, bien sûr.)

On voit bien, en lisant ce petit commentaire qui n'a l'air de rien, où nous en sommes, à propos de la langue, de la syntaxe, de la grammaire, des règles et règlements, des usages, de la vie en société, et finalement de la politique.

"Je préfère" est le fin mot de l'histoire, ou le mot de la fin de l'Histoire.
L'auteur d'un tel commentaire, il faudrait que je le visse, que je le hélasse et que je le battisse comme plâtre.
Utilisateur anonyme
20 juin 2008, 17:53   Re : Just a short parenthèse
Fasciste !
Ils sont en vente où, les shorts Parenthèses ?
Utilisateur anonyme
20 juin 2008, 21:43   Re : Just a short parenthèse
Ce n'est pas du subjonctif, qu'il est question, mais de cette idée qui voudrait qu'on doive faire ce qu'on veut de la langue, qu'elle nous appartient !

Le réel (tout le réel) est à notre disposition. Puisque la langue fait partie du réel, il est normal qu'on en fasse ce qu'on veut. Les religions, les corps, la manière de mourir, de naître, de nommer, la manière de se comporter en public, la sexualité, tout est à nous, il n'y a justement plus RIEN entre parenthèses, ou à l'abri, plus rien qui doive rester intouché, intact, à distance de notre capacité à transformer.
"Il n'y a justement plus RIEN entre parenthèses"

Très juste ! En revanche, et comme le disait Muray (désolé pour ceux qu'il agace), on peut mettre toute l'époque entre guillemets...
21 juin 2008, 20:30   Charia
Le Coran ne vous suffit pas ? faut-il lire le monde à travers Muray ?


Cela serait un bon sujet de philosophie : "Peut-on vivre sans Livre Saint ?".
Utilisateur anonyme
21 juin 2008, 21:02   Faut pas charia non plus j'ai envie d'dire
Jmarc, je peux comprendre votre exaspération, à nous voir toujours citer ce que vous nommer drôlement le Livre saint. Mais ce n'est tout de même pas le seul livre saint souvent cité sur ce forum.

Puis-je vous demander si vous avez lu un peu Muray, et si oui, quel livre ?
21 juin 2008, 21:10   Réaction
Bien cher Boris,

Je ne reproche absolument rien à M. Muray.

Lisez simplement, dans un des messages ci-dessus : "comme le disait Muray (désolé pour ceux qu'il agace)", vous comprendrez que le commentaire m'est destiné.

En matière de citations, j'ai une pratique qu'on peut critiquer et qui est la suivante : ne citer que les personnages majeurs de la littérature et de l'histoire, si possible quand le temps a permis de déterminer leur crédibilité. Cela ne s'applique évidemment pas aux anecdotes, qui peuvent être rapportées par n'importe quel témoin.

En somme, mon idée est celle, ancienne, de l'Eglise : sauf mérites vraiment éminents, on ne peut être saint qu'après "un certain temps".
Utilisateur anonyme
21 juin 2008, 21:16   Re : Réaction
Oui, très bien, très bien. Mais alors, on ne citera plus Finkielkraut (toujours vivant, le salaud) ni même Renaud Camus, ni Sloterdijk, ni Millet, ni Brague, Baudrillard (mort depuis trop peu), ni Cassandre ??? Bien sûr, le niveau va monter en flèche, personne n'en doute, mais enfin, ça va être assez difficile, tout de même. Vous avez l'âme bien forgée, JMarc, mais nous, pauvres pécheurs…
21 juin 2008, 22:42   Re : Réaction
Elle est très bien, votre pratique, cher jmarc, mais elle est un peu trop calquée sur les préceptes que l'on donne aux lycéens et étudiants pour leurs dissertations ou compositions. Je suppose que vous n'avez plus ni l'âge ni le statut d'un lycéen ?
D'autre part, le commentaire sur l'agacement provoqué par un trop-plein de Muray ne vous était pas spécialement destiné; à vrai dire, je me souvenais seulement que quelqu'un s'en était plaint récemment, et j'ai simplement (et sincèrement) voulu adoucir son courroux.
Enfin, et s'il faut absolument se justifier, je n'avais lancé cette petite allusion à P.M. que parce qu'elle me paraissait faire un écho badin au message de notre ami Boris qui la précédait.
Voilà...
Utilisateur anonyme
21 juin 2008, 22:49   AMHA
Francmoineau, c'est exactement comme ça que j'avais compris la chose.
21 juin 2008, 22:50   Fond du problème
Vous êtes, cher Boris, au coeur du problème : à partir de quand un moraliste ou un penseur est-il crédible ?


M. Muray ne saurait être comparé à MM. Finkielkraut et Camus : MM. Finkielkraut et Camus ne se contentent pas d'épingler l'époque, ils se battent contre les Chevaliers du Bien (il n'y a qu'à voir la haine déployée à leur encontre). Par ailleurs, M. Finkielkraut est un philosophe, on débat autour de son oeuvre, et M. Camus un écrivain, chacun excellent dans son domaine. Il n'est pas injuste de dire que Muray ne peut rivaliser avec Finkielkraut du point de vue de la philosophie, ni avec Renaud Camus du point de vue de la littérature.

Par ailleurs, vous noterez que Renaud Camus, à travers le parti sur le site duquel nous écrivons essaie de trouver des solutions (avec lesquelles je suis rarement d'accord quoique je partage assez généralement l'analyse), ce que Muray ne faisait pas.

En ce qui concerne la litanie de penseurs que vous évoquez, j'ai lu certains d'entre eux (pas tous) et je ne les ai jamais cités.


Les citations de Cassandre, éventuelles, ne sont pas littéraires (Cassandre n'est pas un bas-bleu) : elles sont des phrases dont le bon sens m' a frappé, alors que souvent, chez les autres, il n'y a que la musique des mots.

Cela dit, il reste assez de citations possibles, rassurez-vous ! La Rochefoucauld, La Bruyère, Saint-Simon, les propos prêtés à Talleyrand, par exemple, nous offrent bien des possibilités. Et puis, n'oubliez pas les citations anecdotiques. La fameuse anecdote, sans doute apocryphe, que j'ai déjà citée :


Eva Peron, de voyage en Italie, était escortée par un amiral. La foule lui criait : "Putain !". Elle se tourna vers l'amiral et lui dit : "Mais on me traite de putain !". L'amiral lui répondit : "Vous savez, Madame, cela fait dix ans que je n'ai plus mis les pieds sur un bateau, et on m'appelle toujours amiral".

faisait la joie de Borges, homme que vous savez être raffiné.


J'aurai donc la prudence, pour ce qui est des penseurs, de me limiter à ceux éprouvés par le temps, n'ayant pas le talent me permettant de juger des qualités des penseurs trop actuels. En revanche, pour les anecdotes, vous me trouverez, tel les scouts, semper paratus.
21 juin 2008, 23:06   Idiot international
Pour tout vous dire, bien cher Boris, je n'aime pas les "gens de l'idiot international".

Ce torchon, fruit de l'union coupable de M. Hallier et de Mlle de Beauvoir, fut, paraît-il, "rouge-brun". De ce que j'en ai lu (et je l'ai lu), il joignait en effet les genres de la presse d'extrême droite d'avant guerre, et de la presse stalinienne (voir Krokodil). Il est vrai qu'il avait en plus une composante "people", assez proche du Hush-Hush décrit par Ellroy.


Je me souviens assez bien des propos infâmes d'Hallier au sujet des juifs, du juge Bidalou, et de M. Séchan, frère de qui vous savez, je me souviens des attaques contre Jack Lang et autres, et aussi de M. Nabe.

Vous savez, bien cher Boris, asinus asinum fricat : M. Muray avait de mauvaises fréquentations.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 10:32   Re : Idiot international
« M. Muray ne saurait être comparé à MM. Finkielkraut et Camus : MM. Finkielkraut et Camus ne se contentent pas d'épingler l'époque, ils se battent contre les Chevaliers du Bien (il n'y a qu'à voir la haine déployée à leur encontre). Par ailleurs, M. Finkielkraut est un philosophe, on débat autour de son oeuvre, et M. Camus un écrivain, chacun excellent dans son domaine. Il n'est pas injuste de dire que Muray ne peut rivaliser avec Finkielkraut du point de vue de la philosophie, ni avec Renaud Camus du point de vue de la littérature. »

JMarc, je ne sais pas quoi dire. Je suis en désaccord presque total avec ce que vous écrivez. Je ne peux que répéter ma question : avez-vous lu Philippe Muray ? Et je me demande vraiment ce que vient faire Edern Hallier dans cette galère…
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 10:51   Re : Just a short parenthèse
Pour tout vous dire, bien cher Boris, je n'aime pas les "gens de l'idiot international".

Muray a publié quelques textes dans L'Idiot International (c'est arrivé aussi à Jean Dutourd, Michel Déon, Jacques Laurent, Gabriel Matzneff, Jean Cau, Philippe Sollers, Michel Houellebecq et j'en passe) ; il n'a jamais eu aucune reponsabilité éditoriale dans ce journal. A ce compte-là, Finkielkraut pourrait faire partie des "gens de Libé" puisqu'il lui est arrivé d'écrire quelques articles pour ce journal...
22 juin 2008, 10:58   Re : Just a short parenthèse
Cher Jmarc, Muray est, à mes yeux, un imprécateur grandiose, un génie du sarcasme. On n'attend pas d'un imprécateur des solutions.
22 juin 2008, 11:05   Reproches à Philippe Muray
Je reprocherais vivement à Philippe Muray de citer d'autres auteurs sans jamais se donner la peine de préciser de quel livre provient la citation... Agacement de rat de bibliothèque, j'en conviens. Je n'aime guère non plus son utilisation terroriste d'une certaine pensée d'origine psychanalytique, qui feint de voir des symptômes dans les objections qu'on lui oppose, symptômes d'un intérêt personnel lésé bien souvent. Fidèle à sa stratégie de l'outrage, il ne prend pas la peine d'y chercher des essais de discussion et de réfutation. La psychanalyse a donné lieu à une renaissance perverse et parfois raffinée de l'argument ad hominem, et pendant l'Affaire Camus, on a assisté à un vrai festival ("vous n'êtes pas antisémite et vous lisez Renaud Camus ? Mais justement, quelque part..."). Enfin, si je ris de bon coeur aux portraits, dignes de Molière et de La Bruyère, des abbés de cour contemporains, je ne le suis plus quand il systématise sa pensée, s'éloigne de l'analyse de notre empire des signes fous, où il est incomparable, pour s'aventurer dans des affirmations qui laissent un peu sceptique. Ma perplexité fut grande quand je lus Chers Djihadistes, mais il faudrait une relecture dont je n'ai guère envie, si je voulais dire précisément pourquoi.

En revanche, je ne lui reprocherais pas ses fréquentations éditoriales et journalistiques : après tout, le directeur des éditions des Belles-Lettres était aussi un grand ami de Philippe Muray. Je ne vois pas comment la fréquentation de J.E. Hallier peut servir d'argument à une critique de Philippe Muray, qui a écrit dans l'Idiot International, mais aussi dans d'autres journaux. Enfin, le reproche de fond que l'on peut lui faire est de ne rien proposer : en avançant cette objection, il est peut-être nécessaire d'examiner soi-même à quel genre de discours et d'idéologie on se joint, quand ce ne serait que pour en avoir une claire conscience. C'est la dimension ad hominem des débats d'actualité culturelle et politique.

Au-delà, pareil reproche a-t-il quelque pertinence par rapport à l'oeuvre en question ? Il serait dommage de trouver Pascal trop catholique (critique de lecteur que je viens de trouver sur Amazon.fr ce matin), Voltaire trop ironique (après tout, il ne cherche aucune solution, lui non plus, dans sa critique du catholicisme), Retz, Saint-Simon ou Chateaubriand trop occupés à écrire leurs mémoires, ou La Bruyère trop moraliste... Or Muray s'oppose à Alain Finkielkraut et à Renaud Camus par son refus absolu de trouver des solutions, pour des raisons que j'ai tenté d'expliquer il y a quelque temps. Ce refus est inhérent à sa pensée, comme à celle de Cioran. On a parfaitement le droit de ne pas apprécier ce qui, pour certains "actionnaires", a paru du nihilisme, mais il me semble difficile de lui en faire grief. D'autre part, il a écrit quelques belles pages sur le catholicisme et contre les spiritualités mollasses de notre temps, nées au XIX°s. Utiliser péjorativement et ironiquement à son propos l'expression "Livre saint", c'est parler la langue du XIX°s à travers les âges, de son laïcisme et de son amour du sacré indéterminé. Et vous savez bien que la langue que l'on parle engage nécessairement dans des voies et systèmes idéologiques : parler de vocalités africaines au Festival d'Aix est le signe d'une certaine surdité à la voix et d'une soumission sans réplique à la religion contemporaine, pour prendre un exemple récent.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 11:26   Re : Just a short parenthèse
Chère Cassandre, vraiment, Philippe Muray n'est que cela, pour vous ?

Mais, au fait, de quoi parle-t-on, si JMarc n'a pas lu Muray ?
22 juin 2008, 14:56   Re : Just a short parenthèse
" vraiment, Philippe Muray n'est que cela, pour vous ? "

Bien sûr que non, mais j'avoue que c'est d'abord cet aspect qui m'a séduite.
Qu'auriez-vous aimé que Muray proposât en matière de solutions ? Des recettes pour un monde meilleur ? Il n'y a pas de solution et le meilleur des mondes est déjà là : la seule attitude qui lui semblait légitime, c'était de travailler d'arrache-pied à sa débâcle (Ce n'est qu'un début, continuons leur débâcle, in Moderne contre Moderne, pp 266-276), en le mettant inlassablement à nu.
22 juin 2008, 15:33   Lecture de Muray
Bien cher Boris,


Pour répondre à votre question (je ne la pensais pas si insistante), j'ai lu partiellement Muray.

Que voulez-vous dire ? objecterez-vous.

En fait, j'ai entrepris de lire son essai à propos de Céline, auteur pour lequel j'éprouve de la fascination et du rejet, et sur lequel j'ai, au fil du temps, recueilli une très abondante documentation.

J'avoue que j'ai été partagé, à la lecture de cet ouvrage, entre l'intérêt pour la façon d'écrire et l'agacement par rapport aux thèses développées.

J'ai aussi lu quelques chroniques, au fil du temps. J'avoue avoir été séduit tout d'abord puis, là encore, agacé.


Je déplore d'avoir été trop incisif à propos des relations entre Muray et l'Idiot, mais je persiste à penser qu'il y a là une part du problème (je veux dire ce goût pour l'imprécation, si bien souligné par Cassandre).

Pour le reste, je partage très largement l'opinion d'Henri, notamment sur les différences entre Muray et Renaud Camus et Alain Finkielkraut (il est dommage que le français ne permette pasune construction plus claire, ou du moins que ma connaissance du français ne la rende pas simple).
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 15:40   Re : Lecture de Muray
JMarc, je crois que le Muray dont nous parlons ici est plus celui des Exorcismes spirituels, d'Après l'Histoire, de Désaccord parfait, de Festivus Festivus, que de son Céline.

Pour le reste, je continue à ne pas vraiment vous comprendre, quand vous l'opposez à Renaud Camus et Alain Finkielkraut.
22 juin 2008, 15:45   Opposition
Bien cher Boris,


Muray s'oppose à Renaud Camus et Alain Finkielkraut car il se refuse à proposer une quelconque solution, comme le souligne très justement Henri. Notez que je ne suis pas le seul à penser cela.

Pour ce qui est de l'opinion qu'on a des gens, et des écrivains en particulier, je fais mienne l'avis de Talleyrand suivant lequel il faut se méfier de la première impression, car c'est souvent la bonne, surtout quand elle est mauvaise.

J'ai aussi tenté de lire l'ouvrage que cite Henri, Chers Djihadistes, il m'est tombé des mains.

Vous savez, en matière littéraire, les haines sont rapides. Si vous êtes intéressé, je vous dirai comment et pourquoi j'ai lu une et une seule page de Nabe, avant de prendre la ferme résolution de ne plus rien lire du tout de cet auteur.
22 juin 2008, 15:50   Débâcle
Bien cher Marcel,


Justement, un de mes problèmes est ce goût pour la débâcle, ce nihilisme, que je pense étranger à la culture occidentale. Celle-ci, qu'elle soit chrétienne ou issue des Lumières, a toujours cherché des solutions (le marxisme étant le type de la mauvaise solution à un vrai problème).

La force de l'occident est de ne pas se réfugier dans le strict respect d'une norme, comme l'islam.
22 juin 2008, 15:52   Jérémie
Je vous indique par ailleurs qu'au sermon de France-Culture, diffusé depuis une église corse où l'office était soutenu par de très belles polyphonies, il fut question ce matin de Jérémie, sorte de Muray biblique.

La différence est que les bayloniens viennent maintenant du sud.
22 juin 2008, 15:56   Envie de pénal
Un exemple : la stigmatisation de l'envie de pénal.

Tout le monde constate cette montée, et beaucoup, dont moi, la déplorent.

Muray oublie un point majeur dans cette "envie du pénal", dans laquelle il ne voit qu'atteintes aux libertés et tentative de règler par la justice tout problème personnel.

Il feint de ne pas voir qu'une des raisons, certes limitées, de l'envie de pénal est la fuite devant les responsabilités.

Je tiens à votre disposition un très bon exemple, un peu long, et qui concerne les effondrements de barages en Californie, pour vous montrer qu'il y a maintenant envie de pénal car les acteurs jouent au mistigri avec les responsabilités.
Je ne comprends pas comment vous pouvez asséner de tels jugements intempestifs sur l'oeuvre de Philippe Muray, cher Jmarc, sans l'avoir lu.

Comme vous vous êtes fait sur ce forum une réputation de défenseur du christianisme je tiens à préciser et, même si cela en surprendra plus d'un, que Philippe Muray était un catholique fervent.

Voici ce qu'il écrit dans Modernes contre modernes. On peut parler ici d'une profession de foi d'ampleur symphonique.

"S'il n'y avait pas l'Eglise visible, écho de Dieu fait homme dans son fils, pour répandre en tous temps et en tous lieux l'œuvre divine du salut par les sacrements et la vérité divine par son enseignement doctrinal, il n'y aurait pas tout simplement d'intérieur et d'extérieur, de sujet et d'objet, d'individuel et de collectif, de passé et de présent, d'intime et de public, d'homme et de femme, d'autre et de même. Il n'y aurait que de l'indifférenciation, en faveur de laquelle les sociétés modernes conspirent de mille manières, parce qu'elles veulent, contre Dieu, la mort qui vit une vie humaine."
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 16:07   Re : Just a short parenthèse
Cher Rogemi, j'ajoute que je suis sans doute autant catholique que JMarc, même si moins pratiquant, et cette dimension ne m'a jamais gênée pour lire Philippe Muray.
Citation
Muray oublie un point majeur dans cette "envie du pénal", dans laquelle il ne voit qu'atteintes aux libertés et tentative de règler par la justice tout problème personnel.

Vous vous égarez, cher Jmarc, reprenez vos esprits car vous nous aviez habitué à plus de hauteur de vues.

Personne ne peut vous empêcher de ne pas apprécier l'oeuvre de P.Muray et c'est votre droit le plus strict mais par pitié ne vous enferrez pas dans un triage de lentilles du plus mauvais aloi.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 17:29   Égarement
Rogemi, tout de même, vous exagérez ! Sommes-nous obligés d'être tous du même avis, sur tout ?
22 juin 2008, 17:51   Re : Just a short parenthèse
C'est peut-être dans son catholicisme que Philippe Muray puisait cette indifférence souveraine aux solutions politiques, culturelles, et aux activismes. L'athée (puisque l'on confronte ici Philippe Muray, Renaud Camus et Alain Finkielkraut), dont le rôle serait joué par Renaud Camus, n'a que ce monde à aimer et à habiter, tragiquement. Le Juif (même laïc, même déjudaïsé à l'extrême, comme il le dit dans Le juif imaginaire, Alain Finkielkraut ne refuserait pas, je pense, cette identification) n'envisage pas le messie ailleurs que dans ce monde, et sa venue n'est concevable que si l'humanité rend elle-même, par ses efforts concrets, le monde habitable pour lui. En attendant, il panse ses plaies parmi les mendiants aux portes de Rome, selon le Talmud.

A la différence de ces deux traditions spirituelles, le chrétien catholique ne considère pas de son devoir de chrétien d'améliorer le monde. Certes c'est un devoir d'homme, mais non de disciple du Christ, qui n'exige de ses adeptes aucun engagement caritatif ou politique, ni aucune recherche de solution à la question du mal. Bien sûr, dans le dernier siècle, on a vu apparaître une nouvelle sorte de catholiques (et même d'Orthodoxes, comme l'héroïque Mère Marie Skobtsov) qui se sont senti responsables du monde et ont cru de leur devoir de chrétiens d'y agir positivement. Je me souviens cependant de splendides pages de Philippe Muray sur le péché originel, si absolument présent en tout que seule la présence surnaturelle du Rédempteur est la solution. Tout le mal, juste ou injuste, qu'il dit de Luther et du christianisme qu'il a fondé, serait peut-être aussi à étudier dans ce sens.
Citation
Rogemi, tout de même, vous exagérez ! Sommes-nous obligés d'être tous du même avis, sur tout ?

Boris, Boris, vous avez raison nous ne sommes en aucun cas obligé d'être du même avis sur tout et c'est ce que je concéde d'ailleurs à Jmarc.
22 juin 2008, 21:05   Ardeur du débat
Bien cher Rogémi,


Je me suis en effet laissé emporter par la chaleur du débat (il devrait y avoir, sur ce forum, un système qui permet aux messages de "reposer" un peu avant d'être diffusés).

Je livre cependant une opinion à votre réflexion : on m'a toujours appris (et, je pense, on aprenait classiquement en France) à peser le pour et le contre, c'est en quelque sorte le schéma connu "thèse, antithèse, synthèse".

Par ailleurs, toujours aussi classiquement, on m'a appris que les formes de pensées (ou, plutôt, de présentation) plus "vives" étaient réservées aux hommes que leur action avait, comme aurait dit Sénèque, "extrait du commun". Je prends l'exemple du cardinal de Retz, de Clémenceau, du général de Gaulle.


Je ne voudrais pas passer pour un ennemi de Muray, ni perdre toute mesure. Je voudrais simplement essayer de m'expliquer : ce style, qui revient à formuler des vérités absolues, m'est étranger. Je ne cherche pas à être ébloui par des formules brillantes, je cherche à comprendre.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 21:07   Re : Concession bienvenue
Citation

Boris, Boris, vous avez raison nous ne sommes en aucun cas obligé d'être du même avis sur tout et c'est ce que je concéde d'ailleurs à Jmarc.

Ouf, cher jmarc, je commencais à avoir peur que vos critiques à l'encontre de l'imprécateur Muray, idole des foules in-nocentes, ne vous valent une méchante lapidation sur ce forum public. Permettez-moi donc de vous dire que je partage pleinement votre point de vue et notamment ceci :
Citation

M. Muray ne saurait être comparé à MM. Finkielkraut et Camus : MM. Finkielkraut et Camus ne se contentent pas d'épingler l'époque, ils se battent contre les Chevaliers du Bien (il n'y a qu'à voir la haine déployée à leur encontre). Par ailleurs, M. Finkielkraut est un philosophe, on débat autour de son oeuvre, et M. Camus un écrivain, chacun excellent dans son domaine. Il n'est pas injuste de dire que Muray ne peut rivaliser avec Finkielkraut du point de vue de la philosophie, ni avec Renaud Camus du point de vue de la littérature.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 21:09   Re : Miel
Et ceci encore, c'est du miel :

Citation

ce style, qui revient à formuler des vérités absolues, m'est étranger. Je ne cherche pas à être ébloui par des formules brillantes, je cherche à comprendre.
22 juin 2008, 21:13   Catholiques
Bien cher Rogémi,

J'avais en effet observé, au fil de bien des blogs catholiques que je désignerai comme "conservateurs", un grand intérêt pour Philippe Muray.

J'avoue avoir un peu de mal avec cela, car, vous en conviendrez je pense, Muray n'écrit pas exactement comme Thérèse de Lisieux et les autres Docteurs de l'Eglise.

Le fait d'être catholique n'est pas non plus, pour moi, la condition nécessaire et suffisante pour que j'adopte les théories d'un auteur.

Alain Finkielkraut n'a jamais évoqué une quelconque catholicité, et Renaud Camus, historiquement catholique, si je puis dire, ne se réclame pas de cette religion. Je les estime, les respecte et les écoute avec intérêt.


On ne contestera pas en revanche à Mgr Gaillot une catholicité à toute épreuve : cela ne suffit pas à me faire admirer ses thèses.
Bien cher Henri,

Vous m'écrivez :

A la différence de ces deux traditions spirituelles, le chrétien catholique ne considère pas de son devoir de chrétien d'améliorer le monde. Certes c'est un devoir d'homme, mais non de disciple du Christ, qui n'exige de ses adeptes aucun engagement caritatif ou politique, ni aucune recherche de solution à la question du mal. Bien sûr, dans le dernier siècle, on a vu apparaître une nouvelle sorte de catholiques (et même d'Orthodoxes, comme l'héroïque Mère Marie Skobtsov) qui se sont senti responsables du monde et ont cru de leur devoir de chrétiens d'y agir positivement. Je me souviens cependant de splendides pages de Philippe Muray sur le péché originel, si absolument présent en tout que seule la présence surnaturelle du Rédempteur est la solution. Tout le mal, juste ou injuste, qu'il dit de Luther et du christianisme qu'il a fondé, serait peut-être aussi à étudier dans ce sens.


C'est sans doute assez vrai du catholique pris individuellement, encore que cela dépende de ce qu'on nomme le "devoir d'état". Il me semble cependant que de nombreux exemples existent, au fil du temps, d'un certain catholicisme social, d'un côté, et politiquement conservateur de l'autre.


Pour ce qui est du péché originel, on revient à mon problème avec l'oeuvre de Muray : pour moi, c'est une question de théologiens, je ne conçois pas qu'on puisse écrire sur le thème hors de ce cercle (un peu comme sur la Sainte Trinité, mystère révélé).
Bien cher Boris-François,


Plus haut, je vous ai parlé de Nabe et de la réaction épidermique que j'ai eue. Vous ne m'en avez pas parlé, mais je vous la raconte, afin d'expliquer un peu comment je vois les choses.

J'étais à Istanbul, où j'avais visité, seul un jour d'automne, le quartier d'Eyup et le café Pierre Loti.

Revenant de cela, j'avais fait quelques recherches sur la toile pour compléter mon information lacunaire.

Je suis tombé sur le passage suivant, de Nabe :

Piyerloti Kahvesi! L’endroit même! Je sais que Loti à tout exagéré, que la Corne d’Or, même en son temps, n’était pas le paradis qu’il clama, qu’Aziyadé était peut-être une pétasse à peine entrevue ou carrément un éphèbe bien monté... Qu’importe! On sait que l’art copie la vie. La Corne d’Or de Loti est la Corne d’Or. Celle que je vois aujourd’hui n’est qu’une mauvaise page de Loti, un brouillon... Froissons-la...

Heureusement, il est mort avant de voir pareils désastres! Loti est resté dans ses frissons jusqu’au bout. Le nom d’Aziyadé tatoué sur sa petite poitrine, il est allé prolonger son rêve éveillé à Rochefort chez lui, dans son château des Charentes, ramenant la son butin de bric et de broc-à-brac... Il vivait dans le fourbi chic : c’est un fou! On le voit sur certaines photos, funèbre et délicate semi-tantouze, déguisé en pacha, ruisselant de fard, l’air hibou sur son pouf dans son patio en marbre, feuilletant des tapis, tirant de vagues taffes à la pipe à eau. J’allais oublier ses yeux magnifiques, des yeux qui ont l’air de supplier la vie de ne pas passer si vite.
Sacré Loti! C’était l’original du village! “Le Turc pour rire” qu’on croisait en ville en ricanant : il promenait à l’aise ses gros turbans ; dans une gerbe d’amendes amères et de galons, il déplaçait ses plumes de héron, encombré dans des cafetans compliqués, une poignée de yatagan au flanc. On aurait dit un vieux sultan dans sa mosquée sous les voûtes, parmi les catafalques, les cataplasmes. Il faut toujours imaginé Loti ainsi, soutenu par deux matelots dans sa vieille cathère de bois poli, emmiaulé par ses “moumouttes” sous les palmes. Blême ombre en slip japonais il luit là, avec son beau visage opale de Bosphore ; fabuleusement. A deux doigts de la mort, exorbité, trempé, pré-momifié, il bande encore pour Aziyadé, les tcharchafs, la Corne d’Or, les cypres, le Vieux Sérail et la Sublime Porte!...
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 21:49   Re : Variations capricorniennes
Très bel extrait de Visage de turc en pleurs, qui est un des très bons livres de Nabe. Précisons au passage que "des yeux qui ont l'air de supplier la vie de ne pas passer si vite" est une citation d'Henri de Régnier.
Bien cher Alexis,


Il sera dit que ce n'était pas mon jour de chance.

Pour ma part, je trouve ce style très déplaisant (à l'exception de la citation que vous indiquez, et dont j'ignorais totalement qu'elle fût d'Henri de Régnier).

Tout cela est bien conforme à l'idée d'une diversité des goûts en matière littéraire. Entendons-nous : je ne dis pas que ce soit mal écrit. C'est en tout cas très cruel pour le pauvre Loti, qui n'avait, à ma connaisance, fait de mal à personne ni critiqué quiconque.
22 juin 2008, 21:56   Aziyadé
Reconnaissez, bien cher Alexis, qu'Aziyadé en pétasse, c'est tout de même original...

Si Nabe s'est intéressé aux visages turcs, j'espère qu'il ne s'est pas plongé dans les sagas, ni penché sur les Basques...
22 juin 2008, 22:01   Turqueries
Bien cher Alexis,


Etant une fois de plus en déplacement, je n'ai pas sous la main l'ouvrage de Loti, parti à la recherche d'Aziyadé, bien des années plus tard...


Lisez-le, c'est extraordinaire, il se nomme "Fantômes d'Orient".

Je précise que je ne crois pas qu'Aziyadé fût un homme, le jeune ami de Loti étant plutôt le serviteur qui le conduisait, le jeune Achmet.
Je le trouve assez bien enlevé, moi, ce texte de Nabe (et pourtant je n'aime pas beaucoup ce monsieur), et même pas si méchant que ça pour Loti !
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 23:32   Re : Epiderme, slip japonais et petite poitrine
et même pas si méchant que ça pour Loti !

Bien sûr, et tout le passage de Visage de Turc en pleurs consacré à Loti (pages 77 à 81) est très admiratif !
Citation
Il n'est pas injuste de dire que Muray ne peut rivaliser avec Finkielkraut du point de vue de la philosophie, ni avec Renaud Camus du point de vue de la littérature.

Cette comparaison est totalement indue, pour ne pas dire inconvenante surtout que celui qui l'exprime n'a pas lu Philippe Muray ou si peu et ne s'en cache même pas. Je ne comprends pas, cher Corto, comment vous pouvez vous laisser aller à approuver une telle assertion.

En outre, si on prend en compte l'admiration qu'avait Alain Finkielkraut pour Philippe Muray on ne peut qu'être désolé de lire de tels propos.

Je rappelle aussi que Philippe Muray est l'auteur d'un livre profondément dérangeant, absolument unique dans son genre je veux dire:

"Le XIXe siècle à travers les âges, Denoël, 1984 (réédition Gallimard, « Tel », 1999")

Ce sera le dernier billet sur le sujet car je trouve ce débat indigne de ce forum.
23 juin 2008, 07:45   Re : Just a short parenthèse
Le péché originel, une question de théologiens ? Voulez-vous dire qu'un diplôme et une habilitation sont nécessaires pour aborder cette question ? J'avoue que je n'avais pas songé à cela. Pour un penseur qui met les enseignements de son église au centre de sa vision du monde, comme Claudel, Bernanos, Muray ou d'autres, le péché originel n'est pas une question pour théologiens : c'est un problème de tous les jours, plus prenant, plus grave, plus quotidien que le temps qu'il fait. Cette question est essentielle dans son analyse de l'art occidental dans ses rapports avec la morale (voir son parallèle de Malraux et de Sartre), de la peinture de Rubens, du roman en général, et en particulier du roman célinien. En cela, Muray est vraiment catholique, à la manière de Pascal et de Claudel : il ne pense pas par compartiments et petites cases.
Utilisateur anonyme
23 juin 2008, 09:54   Rivaliser
Cher Rogemi, je ne sais pas si ce "débat est indigne de ce forum", mais, en tout cas, je ne fais pas mienne l'assertion que vous fustigez plus haut, loin de là.
Utilisateur anonyme
23 juin 2008, 16:32   Re : Just a short parenthèse
Ce débat m'a beaucoup appris. Il m'a éclairci les idées sur les uns et sur les autres et a dissipé un malaise, installé en moi depuis il n'y a pas si longtemps; et ceci de façon très heureuse. Merci donc, et vive la liberté d'expression !
Ah ! moi aussi, j'ai un truc en moi, installé depuis il n'y a pas si longtemps...
Utilisateur anonyme
23 juin 2008, 23:34   Re : Muray : incomparable chanteur
Bon, cher Rogémi, puisque vous trouvez le débat indigne dès que l'on élève la moindre appréciation nuancée sur votre idole, je vous propose de ne pas nous fâcher pour si peu et de convenir ensemble que M. Muray est un incomparable chanteur. Boris, autre grand admirateur de l'idole des foules in-nocentes, ne nous contredira sans doute pas :

Ce que j'aime et autres tubes
23 juin 2008, 23:41   Dont acte
Je prends acte de cela, je ne parlerai donc plus de Muray.

Bien cher Henri, je persiste par ailleurs à penser que si Pascal appartient bien à la catégorie des penseurs chrétiens, il y a une différence entre lui et Claudel de ce point de vue, comme il y a une différence entre Jean de la Croix, Augustin et les penseurs qui ne sont pas Docteurs de l'Eglise.
Citation
je vous propose de ne pas nous fâcher pour si peu et de convenir ensemble que M. Muray est un incomparable chanteur

Cher Corto,

Il n'a jamais été question pour moi de me fâcher mais d'affirmer clairement mon désaccord avec la forme pitoyable qu'avait pris ce débat.

Si on veut critiquer un auteur, que ce soit Muray ou un autre il faut au minimum le faire de manière équitable et surtout ne pas lui faire un procès d'intention scabreux.
Citation
On ne contestera pas en revanche à Mgr Gaillot une catholicité à toute épreuve


Cher Jmarc,

Êtes-vous sérieux?
Utilisateur anonyme
24 juin 2008, 08:41   Re : Epiderme, slip japonais et petite poitrine
« Bien cher Boris-François, »

Mais qui est Boris-François, Jmarc ?

Ah oui, j'oubliais ; même question que Rogemi sur Gaillot et sa catholicité.
24 juin 2008, 14:10   Nabe, Loti, même combat
J'ai toujours pensé que ce Nabe, sorte de Richard Millet malheureux en affaires, n'était pas aussi mauvais qu'il s'en donnait l'air.

Nabe, qui est un Marseillais un peu sombre, comme pouvait l'être Antonin Arthaud (et peut-être Suarès), un peu "over the board", n'en peut plus à la fin de ne pas comprendre pourquoi il n'est pas déjà Celine. Il faut compatir, se pencher sur son cas: le Schpountz n'est pas nécessairement sans talent aucun.

Loti: je fus émerveillé de découvrir que Pierre Loti a son effigie de pierre, au sommet d'un style, dans un jardin de temple à Nagasaki: près de lui nagent en silence, dans une mare sombre, des carpes baroques. Des bambous de vingt-six mètres jouent à lui donner du soleil. Personne jamais ne vient le voir.
24 juin 2008, 19:00   Gaillot
A mon tour, permettez-moi de vous dire que je ne comprends pas votre question.

Que Mgr Gaillot soit catholique, c'est une évidence, il appartient à une partie de l'Eglise nommée "catho de gauche", voire d'extrême-gauche.

Sa "catholicité" ne fait pour moi aucun doute.
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