Le site du parti de l'In-nocence

Suite du baccalauréat

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
21 juin 2008, 14:52   Suite du baccalauréat
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Magnifique festival : "perturbateurs" qui agressent des "jeunes", "jeunes gens" qui mettent le feu aux poubelles, "jeunes majeurs" venant des départements de la périphérie de Paris, "jeunes qui avaient le visage dissimulé avec des foulards et des capuches"...
Les journalistes tournent tellement autour du pot que leurs pauvres circonlocutions à base de "jeunes" se prennent les pieds dans le tapis pour peu qu'il n'y ait face à face, comme ici, que des "jeunes".
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 10:24   correction du baccalauréat
22 juin 2008, 11:24   Re : Suite du baccalauréat
Comment s'y prend-on pour déterminer qu'un être humain encagoulé est jeune ?
22 juin 2008, 13:26   Re : Suite du baccalauréat
C'est que l'état de jeune n'a plus grand-chose à voir avec l'âge. Notre société en a fait une malédiction ontologique dont la cagoule (ou la capuche) est un des signes. Aujourd'hui, on affecte de plaindre les maudits, demain on - les mêmes - les brûlera.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 13:40   Re : Suite du baccalauréat
À propos de maudits, j'ai lu, à votre suite, l'Opprobre, de Richard Millet. Je n'en fais pas un livre saint, mais il faut le lire. Cependant, Cher Marcel, ne trouvez-vous pas qu'il ressemble de plus en plus à Sollers ?
22 juin 2008, 14:38   Re : Suite du baccalauréat
Millet se met à ressembler à Sollers ? Vous m'étonnez. Pas sur le plan littéraire en tout cas. Sollers a la plume alerte et j'ai longtemps lu avec plaisir ses critiques littéraires. Je me souviens aussi avoir réellement découvert Hemingway après y avoir été incité par la lecture de La guerre du goût, mais tout cela était dans une autre vie, et Philippe Solers, lui, est resté dans la même. Quant à ses romans, j'ai essayé deux fois d'en lire un, ils me sont tombés des mains.
Jeunes, moins jeunes, encagoulés, encapuchonnés, emmitouflés, caparaçonnés même, allez, pourquoi pas, en tout cas une chose est sûre : ce sont toujours des énergumènes.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 15:09   Re : Suite du baccalauréat
Peut-être n'avez-vous pas assez lu Sollers, mon Cher Marcel. Sollers a (avait) beaucoup de talent, quand il le veut, ou quand il le peut. Si j'ai le courage et le temps, je vous montrerai de quoi je parle, et c'est saisissant. Je persiste à penser que Millet aujourd'hui, surtout dans l'Opprobre, ressemble au Sollers d'il y a vingt ans.
22 juin 2008, 15:29   Re : Suite du baccalauréat
J'en serais ravi, Cher Jérôme.

J'ai acheté l'album Chant d'amour, savez-vous. Ces temps-ci, quand je me sens agressé, sali par la vulgarité, la gnangnantise et la violence ambiantes, je cours écouter Chant d'amour, Ouvre ton cœur et Adieux de l'hôtesse arabe. Hier, j'en avais les larmes aux yeux.
Utilisateur anonyme
22 juin 2008, 15:34   Re : Suite du baccalauréat
Ah… Comme je comprends… Et le merveilleux Hai Luli de Pauline Viardot ? Quel talent, ces deux sœurs ! Ah, je suis bien content que vous ayez ce disque !
Quelqu'un se souvient-il d'avoir lu "L'écriture et l'expérience des limites" de Sollers dans le tout début des années 70, à l'époque où l'on pensait qu'il était l'auteur des ouvrages de Kristeva ? Ce Sollers-là promettait beaucoup, de même qu'à l'époque, par exemple, un Jean-François Lyotard. Mais c'est que Sollers a déçu parce que l'époque a déçu. Il semble qu'il ait voulu (amour inconsidéré de la vie ?) ne pas mourir avec son époque, et muer avec elle, pour voir, comme au poker.

La dimension ludique-curieuse des écrivains et des hommes (des hommes, pas des femmes) est trop souvent mésestimée lorsqu'on juge de leur devenir: les hommes (pas les femmes) vivent souvent pour voir, comme quand on arrondit un pot de poker par curiosité du résultat final, des conclusions du jeu.

Les femmes se foutent des résultats des courses, et des courses en général. L'excitation d'en faire partie leur suffit. (McCarthy développe ce thème dans Blood Meridian, faisant dire à son héros nietzschéen - le juge Holden - que la guerre et le jeu sont les seules passions génératrices de vérité. La guerre-jeu étant tout à la fois un moyen de divination du vrai et praxis du vrai. C'est un parti pris diabolique, certes, mais cela reste un trait commun des hommes - vieillissant, Sollers a évolué en petit diable cornu au sourire méphistophélique, on l'aura remarqué).
Cher Francis,
Je crois que cet ouvrage, un "manifeste", pour lequel Sollers a choisi de mettre en exergue une sorte de "phrase" cliché ou passe partout (le degré zéro de la pensée) de Lénine : le langage la pensée ? ou quelque chose comme ça, a été publié en 1967, au moment où Sollers, de formaliste marxisant qu'il était, devient mao et applique à la langue et à la littérature les principes (si tant est qu'il y en ait eu) de la révolution culturelle : en
substance, il expose la théorie en acte de la destruction de la langue ;
plus exactement, il donne un travestissement théorique ou philosophique à cette destruction, au nom du matérialisme dialectique. Objectivement, ce n'est rien d'autre qu'un salmigondis d'âneries "proférées" sur un mode incantatoire mi messianique mi idéologique de cellule PCMLF. Si ce n'était pas tragique, ce serait à se tordre de rire.
Sollers n'est pas très fier de cet ouvrage. Il n'en parle plus. Ses thuriféraires non plus.
Cher JGL,

Merci de ces précisions, j'avais lu cet ouvrage il y a bien trente cinq ans et comme souvent ma mémoire a dû en inverser la teneur. A moins que ce soit le temps lui-même qui ait "pourri" ce livre. Jeune esprit impressionnable, ma mémoire avait dû consigner l'importance de ce livre pour et dans l'air ambiant qui se respirait alors et agissant sans mon accord l'aura conservé ainsi à travers les âges (étiqueté "important"). C'était l'époque où les Cahiers du Cinéma publiait un manifeste de 90 pages sur papier recyclé sans photos pour déclarer que toute l'équipe se mettait désormais au service du Prolétariat. C'est à Jean-Luc Godard et à Sollers, paraît-il, que l'on doit les premières diffusions germano-pratines du Petit Livre Rouge à ce moment. Epoque étrange où les intellectuels vivaient une politique fiction, une uchronie en temps réel. (Au cinéma, cela donnait "Prima della Revoluzione" de Bertolucci, enfin sa diffusion en France).
24 juin 2008, 09:33   Re : Suite du baccalauréat
J'ai gardé de Prima della Revoluzione le souvenir d'un film magnifique. Il y a notamment une scène au bord du Pô qui, dans ma mémoire - mais cela date de quarante ans - constitue le plus poignant hommage à l'aristocratie agonisante.
24 juin 2008, 11:20   Re : Suite du baccalauréat
Oui, c'est, en effet, un très beau film.
Utilisateur anonyme
24 juin 2008, 19:11   Re : Suite du baccalauréat
25 juin 2008, 22:52   Re : Sollers
Cher Jérôme, je viens de relire Corbeaux. Je crois bien que je me passerai de creuser le cas Sollers, en tout cas pour le moment.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter