Ouverture du Festival d'Aix-en-Provence

Je ne sais pas ce qu'en aurait pensé Gabriel Dussurget, mais voici la description du concert qui ouvrira le festival d'Aix cette année :

En guise d’ouverture à son édition 2008, le festival d’Aix vous invite à un concert donné par 600 enfants issus des écoles d’Aix, de Marseille et de la région, encadrés par la Maîtrise des Bouches-du-Rhône et son chef de choeur Samuel Coquard.
Depuis janvier, chaque semaine, ils ont voyagé à la rencontre des rythmes indiens, des vocalités africaines, du jazz, de la chanson européenne.

Ils s’apprêtent à partager un moment exceptionnel en compagnie de deux très grandes chanteuses : Oumou Sangare, véritable ambassadrice musicale du Mali et de l’Afrique noire et Claron Mc Fadden, qui a chanté plusieurs fois au festival d’Aix et que l'on retrouve dans ce répertoire éclectique. Ce duo est complété par Yassine Benbekhm, rappeur aixois qui participe au chœur « Ibn Zaydoun », dirigé par Moneim Adwan dans la production de Zaide de Mozart.
La musique est celle de Fabrizio Cassol et ses amis du groupe Aka Moon, qui permet et célèbre le dialogue interculturel.

Je vous suggère aussi la lecture de ces notes prises par Avery Willis, l'assistante de Peter Sellars, qui met en scène cette année au théâtre de l'Archevêché le Zaide de Mozart.

Des "vocalités africaines"? La créativité des milieux cultureux officiels est admirable. En même temps, je me demande si c'est mon mauvais esprit qui me fait entrevoir une ombre de condescendance dans ces vocalités. Ces antiracistes ont décidément des progrès à faire dans l'antiracisme. Y a-t-il une entrée dans le Dictionnaire de M. JGL, notre Furetière, au suffixe -ité, très productif dans la langue politiquement correcte? Ainsi, les homosexuels adoptionnistes (on dirait une hérésie du IV°s) parle de parentalité, les sectateurs de Bové repensent la ruralité, etc. Si l'on voulait noyer l'In-nocence dans son bain, on parlerait de nocité et d'in-nocité...

À vomir…

Voilà près de vingt ans ou plus que quelques penseurs et deux ou trois associations tentent d'informer les élus en France et les citoyens français que l'esclavage prospère un peu partout dans le monde, même et surtout en France, patrie des droits de l'homme, qu'en France, l'esclavage (non pas au sens d'être réduit à l'état d'esclave, mais le fait de réduire autrui à l'état d'esclave) est le fait d'immigrés ou de diplomates musulmans, et enfin que les chiffres qui mesurent l'ampleur du phénomène varient de deux ou trois millions à plus de 200 millions de personnes touchées (nombreuses en Asie : le travail gratuit des enfants pour payer des dettes, par exemple). N'importe quel citoyen français qui, comme dit A Finkielkraut, a "le souci du monde" (non pas pour le changer, mais pour le préserver de la barbarie) sait cela. Même sans être en mesure d'expliquer le phénomène , il en est informé. Il n'est même pas besoin d'avoir obtenu le baccalauréat, ni même le Certificat de fin d'études primaires.

Or, de ce niveau minimal d'information - le SMIG de la conscience du monde -, les cultureux sont loin. Cf. cette lumière d'assistant réalisateur : "La plupart des gens sont indignés lorsqu’ils apprennent que l’esclavage existe encore de nos jours. A Vienne, à l’occasion d’une de nos discussions préalables à la représentation, un psychiatre nous a relaté l’histoire d’une jeune femme qui a été libérée du joug d’une famille de diplomates" (bien entendu, on tait la religion ou l'origine des diplomates en question). Et pourtant, ces sous-doués de l'info prétendent expliquer comment va le monde et nous asséner leurs leçons de morale à deux sous. Bon Dieu, mais qu'ils aillent le faire en Arabie saoudite ou au Soudan ou en Somalie ou en Mauritanie, etc. ! C'est là-bas que leur agit-prop est urgente.

Que ce pitre de Sellars puisse encore faire la pluie et le beau temps dans les grandes maisons d'opéra d'aujourd'hui est tout de même la preuve, s'il en fallait vraiment une, que quelque chose ne tourne pas rond.

Alexis, vous avez gâché mon dimanche !!!

Vous m'étonnez beaucoup en laissant entendre qu'il vous faut encore des preuves que quelque chose ne tourne pas rond, cher Boris. Pourquoi diable voudriez-vous que les "grandes maisons d'opéra" soient à l'abri de la grande déculturation ?

On pourrait peut-être suggérer à Carla Bruni qu'en secondes noces, elle épouse Peter Sellars ? Ils formeraient un couple tellement bien.

Laissons tranquille Carla Bruni ; pour ma part, je ne lui en veux pas le moins du monde.

Cher Marcel, j'essayais précisément de vous étonner, mais j'ai du mal, j'ai de plus en plus de mal. Bien entendu, je n'ai besoin d'aucune preuve supplémentaire, mais ce Sellars me donne toujours furieusement envie de distribuer des gifles, et c'était l'occasion. Vous voyez, ce type n'est que le sommet de l'iceberg, et c'est pourquoi j'ai toujours du mal à me réjouir que des mises en scène d'opéra, même réussies, fassent naître un enthousiasme que je ne peux que juger suspect, a priori. (Je pense bien sûr à certaine discussion que nous avions ici avec Aline…) Sellars est particulièrement caricatural, mais il n'est pas le seul à faire du mal à la musique, très loin de là.


    Tout de même, vous comprenez, Aix-en-Provence, c'était quelque chose, jusqu'à il y a peu. À quand du rap à La Roque d'Anthéron ; maintenant que Brendel et le Quatuor Alban Berg ont tiré leur révérence, il y a de la place pour les jeunes, non ?

La Culture tuera la création, c'est programmé. La Culture, c'est la propagande, c'est-à-dire le contraire de l'art. Pour la Culture, le rap est un instrument fabuleux, efficace: de la merde à la gueule des musiciens, le rêve quoi!

Ce qu'il y a, avec la musique, c'est qu'on lui fait du mal depuis l'extérieur, bien sûr, mais aussi depuis l'intérieur. La Culture, comme vous le dites, est certainement l'instrument le plus puissant qu'on ait inventé contre l'art, mais ce qui est inquiétant est que même les musiciens se mettent de plus en plus à parler lalangue de laculture et n'hésitent plus à s'allier avec leurs pires ennemis pour faire front contre ceux qui refusent ce système.

Vous savez bien qu'il n'y a pas de hierarchie dans les " arts ". D'une certaine façon, je suis d'accord avec ça : je mets le rapeur au niveau de l' " artiste pétomane " , "artiste" dont je m'étonne que l'on ne l'ait pas encore réhabilité. Bizarre ... quelque chose me dit, que les rapeurs n'apprécieraient pas . Seraient-ils contre le métissage en art?

Bon, oui, c'est certain, ça fait mal, ça gâche le dimanche, mais en grattant bien on trouve toujours un petit quelque chose qui peut servir de dictame. Je vous propose ce petit passage, qui j'espère vous aura fait rire comme moi :
"Le public était si bouleversé (ou rongé par la culpabilité?) [ben voyons] qu'au cours de l'entracte certains d'entre eux [sic] ont quitté la salle".
("Tex" Avery Willis)

Je vous trouve méchant avec Tex Avery (le vrai).

Vous avez raison, cher Marcel, je bats ma coulpe.
Cassandre : merci, c'était très drôle...

Je signale que l'on peut voir ce soir Zaïde en direct du théâtre de l'Archevêché ici ou là. (Je décline toute responsabilité en cas de soirée gâchée.)

Je signale un autre concert en direct du Festival d'Aix ce soir à neuf heures : c'est ici.