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L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille

Chers amis,

Nous avons procédé l'été dernier à la publication, par épisodes, du livre écrit par "notre" Cassandre sous le titre : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille. Nous remettons "en Une" ce fil qui permet de lire ce texte, à destination de nos nouveaux liseurs qui n'auraient guère de chance sinon de le découvrir.

Rappelons que ce texte a été refusé à ce jour par tous les éditeurs à qui il a été proposé parce qu'il dit — contre toute les censures idéologiques et le terrorisme bienpensant — ce qui se passe réellement, ce qui s'est déjà en bonne partie passé pour notre pays. Dans ses premières versions, il a été "publié" par LibertyVox comme un fichier en téléchargement gratuit (téléchargé plus de... 300.000 fois !).
Celui que nous publions en est une version reprise et remaniée.

Merci infiniment à Cassandre pour ce travail, ce legs, c'est avec un immense plaisir que nous contribuons à notre tour à le faire connaître. C'est une tâche nécessaire : il existe si peu d'antidote au poison à nous de toutes parts administré !

Une première version téléchargeable (en pdf) :

- première partie ici
- deuxième partie ici

À diffuser sans modération !
Il s’agit d’une série de conversations à bâtons rompus entre une grand-mère et sa petite-fille. Le texte peut parfois paraître un peu répétitif, mais c’est qu’il se veut pédagogique et que la répétition est souvent nécessaire à la pédagogie.


Réinformez-vous !


L’assassinat de la France expliqué à ma petite fille




Si nous, Français « de souche » – et assimilés – devons disparaître avec notre civilisation, comme ont disparu les Indiens d’Amérique avec la leur, qu’au moins nous ne mourions pas idiots et que nous gardions, si possible à jamais, de génération en génération, la trace, dans nos mémoires, de ce crime inouï que les assassins voudraient parfait en en effaçant jusqu’au souvenir. Sachons que nos adversaires ne nous feront pas de cadeau, pas même celui de rendre hommage aux vaincus que nous serons. Ils ne sont pas du genre à avoir de ces grandeurs d'âme.


Première partie


Chapitre I


Où l’on commence à parler des « Arabes »



Un jour, tu es revenue du collège, l’air maussade et préoccupé. Je t’ai demandé : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu t’es fait saquer par tes professeurs ? »

Après avoir hésité, tu m’as répondu comme à contre cœur : « C’est pas avec les professeurs que j’ai des problèmes, mais avec les élèves.

— Ah bon ? Et lesquels ? »

Tu as biaisé : « Tu comprends, j’en ai marre d’entendre certains répéter que nous, les Français, on leur doit le respect. »

J’ai réfléchi et je t’ai demandé : « Mais qui dit ça ? »

En haussant les épaules, tu m’as répondu sur un ton d’évidence où j’ai cru sentir bizarrement comme une pointe de défi : « Qui ? des Rebeus, pardi ! Des Arabes.

— Ah, bon ? Et comment sais-tu qu’ils sont ‘‘arabes’’ ? »

Là, tu m’as fixée, un court moment interloquée, comme si je me moquais de toi.

— Quoi, comment je le sais ? Parce que je le sais ! Tout le monde le sait ! Et d’abord ce sont eux qui s’en vantent tout le temps.

— Bon. Admettons. Mais suppose que tu n’aies jamais entendu parler d’eux, est-ce que, de toi-même, toute seule, tu les aurais reconnus comme un groupe différent des autres élèves, de Corinne, de Boris, de José et de toi, par exemple ? »

Tu te concentres un peu avant de répondre : « Au début, j’avais rien remarqué, mais, petit à petit, sans m’en rendre compte, avant même que j’entende le mot ‘‘arabe’’, que j’y fasse gaffe, j’ai commencé à les repérer comme différents de nous et des autres.

— Qui ‘‘nous’’ ?

— Je sais pas… Hélène, Boris, José, Michel, Alain, moi… et même Tchang… et même Indira.

— Différents comment ?

— Euh… ben… D’abord, peu à peu, j’avais remarqué que d’une classe à l’autre, d’une année à l’autre, d’une école à l’autre, on retrouvait chez certains toujours les mêmes prénoms : Ali, Djamel, Kader, Aladin, Mohamed, Selim ou d’autres un peu pareils ; et que, bien sûr, ceux qui les avaient, ces prénoms, étaient, en général, plus bronzés, plus bruns de poil que nous.

— Et c’est tout ?

— Euh… non… J’ai découvert que ceux qui se nommaient comme ça mangeaient pas de porc, alors que les autres et moi on en mangeait ; qu’ils faisaient le ramadan alors que les autres et moi on le faisait pas, et aussi qu’ils se regroupaient entre eux, surtout les garçons. Voilà. »

Tu fais un geste vague comme pour signifier que tu en avais dit assez, mais je vois que tu n’en as pas vraiment terminé.

J’insiste : « Mais encore ? »

Tu hésites avant de répondre tout à trac : « Et puis, à partir de la sixième, ce sont eux les plus frimeurs, eux qui nous embêtent le plus et qui nous débitent le plus d’insultes et de cochonneries. »

Je constate que tu es passée au présent et je sens que, pour parler familièrement, tu en as gros sur la patate. Je t’encourage : « Allez, vas-y ! vide ton sac, c’est le moment. C’est bien tout ?

— Oui, enfin… non. »

Et cette fois, comme on se jette à l'eau, tu lâches d’un trait : « En plus, dès qu’un d’autre qu’eux ne leur plaît pas, ils se mettent à le tabasser à dix contre un. On dirait qu’ils prennent plaisir à persécuter les plus faibles. Parfois, je te jure, avec leur demande continuelle de respect ils me font penser aux mafieux impayables ridiculisés dans le film Les Affranchis. Ah, et puis quand il y en a un pris la main dans le sac, même jusqu’à l’épaule, il se rebiffe toujours en disant : ‘‘C’est pas moi, m’sieur !’’

— Ils ne vous empêchent pas de travailler ?

— Ben… si… quand même… D’abord ils s’insultent et se bagarrent même entre eux, sans arrêt. Dès qu’il y en a un qui entend le mot ‘‘nique’’, c’est parti ! Je te dis pas le bazar ! Et puis lorsqu’on a un travail à faire en classe et qu’ils ont oublié leur matériel – et ça leur arrive souvent –, ils nous piquent le stylo, le compas, la règle ou la gomme et du coup, nous, on ne peut plus travailler. Quand c’est pas carrément le travail tout fait qu’ils nous piquent…

— Et les professeurs ne sévissent pas ?

— Ça dépend. Beaucoup font semblant de rien voir. Ou alors c’est plutôt nous qu’ils punissent si on se laisse pas faire !

— Oui, je sais. Pour ne pas passer pour des racistes.

— Peut-être, mais aussi parce qu’ils ont plus peur d’eux que de nous. Ils savent qu’avec nous ils risquent pas de retrouver les pneus de leur bagnole crevés et qu’on les menacera pas de représailles à la sortie en les prévenant : ‘‘Tu vas voir mon frère !’’ D’abord ils ont des frangins à la pelle, eux. Pas comme nous. C’est plus des familles, c'est des commandos. Pas étonnant qu’ils tiennent le haut du pavé ! »

Il me semble que ton « pas comme nous » vise autant tes parents à qui tu en veux un peu d’être restée fille unique. Je préfère ne pas réveiller ce sujet sensible et passe outre : « Et ils font tous pareil, ces ‘‘Arabes’’ ?

— Non, non, pas tous ! J’en connais aussi qui sont sympas.

— Ah, tu vois bien. Tu ne peux pas ne pas en tenir compte.

— J’essaie d’en tenir compte, figure-toi. Qu’est-ce que tu crois ? Oui, il y en a pas mal qui sont sympas, mais ils laissent toujours faire les autres.

— Et les José, les Paul, les Alain, les Boris, ils n’en font pas autant ? Ils ne les embêtent pas, les Arabes ? »

Tu protestes avec véhémence : « Non, jamais ! On n’est pas des skins ! Et puis même, on n’est pas assez nombreux. D’ailleurs il y en a beaucoup qui finissent par les imiter, les Rebeus, histoire de se faire bien voir d’eux.

— Bon, bon, ça va ! Je te crois. Ta mère et moi qui avons été professeurs dans des établissements différents à une époque où les ‘‘Rebeus’’, comme tu dis, étaient encore très minoritaires dans les classes, nous n’avons jamais vu de non-arabes, nombreux ou pas, les embêter ou leur mener la vie dure. Au contraire. Et pourtant nous étions très vigilants. D’ailleurs, de mon temps, presque tous les délégués de classe étaient des ‘‘Arabes’’.

— Ah, bon ? Déjà ?

— Oui. Et je suis sûre que si tu pouvais vérifier dans les archives de ton école, tu pourrais faire la même constatation. Preuve que, à l’époque, les petits Français comme toi, loin d’être racistes, les avaient à la bonne, les Arabes, puisque bien qu’étant majoritaires ils les élisaient délégués. Ne parlons pas des professeurs ni de l’ensemble des acteurs sociaux qui se sont toujours mis en quatre pour eux bien plus que pour n’importe quels autres élèves, histoire de bien montrer à quel point ils exécraient les préjugés raciaux. Difficile de soutenir que les Arabes ont baigné dans le racisme.

— Ben… C’est pareil maintenant !

— Oh, je sais bien ! Je me rappelle même que les sondages répétés faits il y a trente ans montraient, au grand désespoir des professionnels de l’antiracisme, que la quasi-majorité des immigrés affirmaient ne pas souffrir du racisme. »

Tu insistes : « Alors pourquoi ils s'en plaignent tant aujourd'hui ?

— Parce que les antiracistes de profession voyant qu'ils ne pouvaient pas compter sur un racisme réel, se sont acharnés à en inventer, à en fabriquer artificiellement de toutes pièces afin de convaincre les Arabes, puisque c’est uniquement d’eux qu’il s’agissait à l’époque, qu’ils étaient vraiment victimes d'un abominable racisme. La manœuvre a commencé avec les contrôles d’identité. On a diabolisé, quand elle concernait les ‘‘Arabes’’, cette inoffensive et banale mesure de prévention policière comme s’il s’agissait d’une terrible mesure de répression raciste. Et pour que nul ne l’ignore, on l’a rebaptisée ‘‘contrôle au faciès’’, avec trémolos indignés de rigueur.

— Mais pourquoi est-ce que tu dis que ces antiracistes étaient désespérés de constater qu’il y avait peu de racisme en France ? Ils auraient dû être contents ? Pourquoi est-ce qu’ils voulaient à tous prix qu’il y en ait ?

— Pour une raison très simple : sans racisme, pas d’antiracistes. Or se poser en donneurs de leçons antiracistes a d’abord donné du pouvoir, d’intéressantes subventions, puis, très vite, LE pouvoir tout court. Sans oublier d’autres raisons dont je te parlerai plus tard.

— Autrement dit, ces antiracistes auraient intérêt à jeter de l’huile sur le feu ?

— Évidemment. C’est à la fois leur fonds de commerce, le racisme, et ce qui leur permet d’exister.

— Tu oublies les skins, n’empêche.

— Parlons-en des « skins », comme tu dis ! À entendre les journalistes, on avait l’impression qu’ils étaient des centaines de milliers à terroriser les Arabes à travers toute la France. En réalité ils n’étaient pas deux mille et leurs méfaits, plutôt rares, ont été, eux aussi, grossis à plaisir.

— De toute façon, maintenant même si on avait envie de les embêter, on n’oserait pas : ils nous font trop peur.

— Peur ? C’est bien ce que j’ai toujours craint. Mais pourquoi ne nous as-tu jamais parlé de tout ça ? »

Tu réponds sur un ton bizarrement rancunier : « Parce qu’il aurait fallu parler des Arabes et que personne ne parle jamais d’eux – vous pas plus que les autres – comme s’il s’agissait d’un sujet défendu. Ou alors seulement pour en dire du bien. Du coup, forcément, on n’ose pas. »

Je comprenais mieux, à présent ton air de défi du début. Il est vrai, nous nous étions fixés la règle de ne jamais parler de qui que ce fût devant toi en faisant référence à une race quelconque.

Tu as poursuivi : « On dirait, d’ailleurs, qu’ils font peur à tout le monde, y compris aux profs, y compris à eux-mêmes. J’en ai vu se cacher pour manger pendant le ramadan, de frousse d’être maltraités par les autres, les autres Rebeus. En tout cas, question de savoir qui ils sont, le problème ne se pose pas puisque, je le répète, je les entends se vanter d’être arabes, ou muslims (c’est pareil) et dire que nous, les Français, on leur doit le respect. »

Je choisis de ne pas relever pour le moment la fin de ta phrase.

« Non, ce n’est pas pareil : il y a des Arabes qui ne sont pas musulmans, mais chrétiens.

— Ah, bon. Je croyais. Pourtant…

— Non, non. ‘‘Musulman’’ veut dire que tu adhères à la religion qui est l’islam. ‘‘Arabe’’ veut dire que tu appartiens à la race du même nom. En fait c’est un peu pareil quand même parce que quatre-vingt-quinze pour cent des Arabes sont, effectivement, musulmans. Alors on peut confondre. »

Tu as levé les yeux au ciel : « C’est là que je comprends plus ! Tu dis qu’‘‘Arabe’’ c’est une race, mais le professeur d’histoire-géo nous a dit que les races existent pas ; qu’il y a qu’une seule espèce : l’espèce humaine. »

Je n’avais jamais autant remarqué chez toi cette manie générationnelle de ne pas utiliser la négation. Je décide de remettre à plus tard de t’en faire la remarque. Je ne veux pas prendre le risque de te braquer trop tôt. J’ai tellement à te dire !

S’agissant des races j’ai senti que je ne pouvais plus te répondre du tac au tac. La discussion prenait une tournure trop sérieuse et trop délicate. Je t’ai dit que je m’en tiendrais là pour aujourd’hui, qu’il me fallait un peu de temps pour réfléchir et que nous reprendrions tout ça demain.



***



Chapitre II


Où l'on parle des « races », des incohérences de l'antiracisme
et où l'on découvre que les Arabes ont été des colonisateurs comme les autres.




Le lendemain, j’étais prête à reprendre le fil de notre discussion et toi aussi. Tu étais même très impatiente.

C’est toi qui as attaqué la première : « Alors, les races, ça existe ou pas ?

— Écoute, je ne vais pas faire la savante ni la scientifique que je ne suis pas du tout. Je vais laisser parler avec le maximum d’honnêteté le bon sens que le grand philosophe Descartes disait être partagé par le commun des mortels, et ma culture banale de Français moyen. Est-ce que les races existent ? Oui et non. C’est que depuis le nazisme le mot ‘‘race’’ est devenu délicat à employer. On préfère parler d’‘‘ethnie’’. Tu as bien étudié, le nazisme ?

— Oui, oui, me réponds-tu d’un air plutôt indifférent.

— Bon, alors tu dois pouvoir comprendre pourquoi le mot ‘‘race’’ est devenu suspect. »

Tu réfléchis, tu te tors une mèche de cheveux et réponds : « Oui… à cause des Juifs que les Allemands ont voulu exterminer ?

— Exactement. Entre autres.

— Mais c’est si loin, maintenant, tout ça…

— Pour toi peut-être. Pour les gens de mon âge, ça ne paraît pas si loin. Il y a encore des survivants des camps de la mort, figure-toi ! Et les Juifs dont la famille proche a péri dans les camps sont encore nombreux.

— Ah, oui ? Je savais pas… »

Je lève au ciel des yeux navrés.

Tu t'empresses de te rattraper : « En fait, si, je savais, mais j'y ai pas pensé.

— Tu te souviens, en tout cas, que les nazis voulaient exterminer les Juifs parce que ceux-ci appartenaient à la race sémite, qui, aux yeux de ceux qui étaient alors au pouvoir en Allemagne, était considérée comme une race inférieure et nuisible. Les Allemands, eux, appartenant à la race aryenne, se considéraient supérieurs à tous les autres peuples ; moyennant quoi, ils ont décidé, comme de leur devoir, de purger de ces Juifs l’humanité.

— Évidemment que je m’en souviens ! Et ils ont failli réussir puisqu’ils en ont massacré six millions dans les camps d’extermination. Heureusement qu’ils ont fini par être vaincus !

— Tu vois ! Alors on peut comprendre que, après cette horreur commise contre les Juifs, le mot ‘‘race’’ soit devenu suspect. Pour autant, affirmer que les races n’existent pas du tout c’est aller un peu vite en besogne.

— Pourquoi ? Ou elles existent ou elles existent pas. Je vois pas où est le problème.

— Ce n’est pas si simple parce qu’il est difficile de nier que, en effet, visiblement, à l’œil nu, elles existent au sens où il est impossible de ne pas voir, par exemple, que les populations venues de Scandinavie ont plutôt la peau blanche et les cheveux clairs, alors que les populations venues d’Afrique sub-saharienne ont plutôt la peau noire ainsi que les cheveux noirs et crépus. Si tu vas par là, vue au microscope, la matière solide non plus n’existe pas, elle est faite d’atomes séparés par l’équivalent d’un vide intersidéral. Mais à l’œil nu, et à main nue, si j’ose dire, elle existe bel et bien.

— Et le corps, non plus, alors… En sciences-nat, on nous a dit que c’est de l’eau à quatre-vingt-quinze pour cent.

— Exact. Et pourtant imagine que l’on vive selon cette vision scientifique des choses : que l’on fasse fi des obstacles sous prétexte que la matière est du vide ou le corps, de l’eau…

— Ouh là ! Bonjour les bleus et les bosses ! Et puis si on suit toujours le même raisonnement, il faudrait dire aussi qu’il y a ni table ni tabouret mais seulement des planches à quatre pieds.

— Autrement dit : que la table n’est qu’un tabouret comme les autres. Oui. Sauf que personne ne peut manger assis sur une table avec le repas sur un tabouret. »

Tu ris : « Sûr que ça doit pas être commode !

— Je ne te le fais pas dire. Selon le microscope, encore, il existe plus de différence entre deux hommes ou entre deux femmes qu’entre l’homme et la femme ; faut-il en conclure que l’homme et la femme n’existent pas ?

— Ben, non ! Heureusement qu’on vit pas l’œil collé au microscope, dis-donc !

— Heureusement, oui ! De même que si, toujours selon le microscope, il n’existe ni races pures, ni races différentes, mais seulement une même espèce humaine, on pourrait aussi bien affirmer, selon la même logique, qu’il n’y a qu’une civilisation, la civilisation humaine. Or personne ne conteste qu’il existe plusieurs civilisations différentes.

— Et les langues pures, ça existe ?

— Il doit en exister, mais la plupart sont faites de mélanges. Pourtant le Français n’est pas l’Anglais qui n’est pas l’Allemand ni l’italien. La frontière entre le jaune et l’orange est difficile à discerner ; faut-il en conclure que le jaune et l’orange n’existent pas ?

— Le rouge non plus, alors…

— Tu vois bien. De fil en aiguille, dans cette logique, il n’y aurait plus de distinction possible. Or penser c’est établir des distinctions et des classifications sans lesquelles il n’y aurait que chaos. D’ailleurs, on nous bassine assez pour nous vendre la Diversité et le Métissage. Mais si les races n’existaient pas, alors…

— De quoi serait diverse et métissée la France ?

— En effet, on se le demande ! Bravo ! À quoi bon, en effet, tant vanter la Diversité et le Métissage si c’est pour nier ce qui les constitue le plus visiblement ? En fait, il y a plusieurs niveaux de lecture, d’approche du réel : celui qui est donné directement par tes sens et avec lequel tu dois vivre et composer constamment et celui qui est donné par la science. La vérité est que depuis très longtemps on admet que l’humanité, à l’œil nu, se divise en grands ensembles d’humains nommés ‘‘races’’ dont chacune a une origine géographique particulière et des caractéristiques physiques qui la distinguent des autres.

— Et d’où viennent ces caractéristiques physiques qui les distinguent les unes des autres ?

— Elles viennent d’un même ‘‘programme’’, pour ainsi dire, dont les humains d’une même origine géographique héritent à leur naissance. Et ce programme, ils le transmettront à leur tour, inchangé, à leurs descendants.

— Un peu comme un logiciel d’ordinateur ?

— Oui, c’est ça, si tu veux.

— Et ce ‘‘programme’’, comme tu dis, il vient d’où ?

— Alors là, ma chère enfant, je ne suis pas assez savante en la matière pour te donner une explication. D’ailleurs la science elle-même n’a pas réponse à tout.

— Et est-ce qu’on peut changer ce ‘‘programme’’ après la naissance ?

— Non. Justement. Parce qu’elles sont raciales, on peut dire, aussi, génétiques, ces caractéristiques ne peuvent être modifiées quelle que soit la volonté de ceux qui appartiennent à la ‘‘race’’ qui les leur a transmises. Les Africains d’Afrique ‘‘noire’’, précisément, naîtront forcément – hormis exceptions rarissimes toujours possibles – avec la peau noire, les yeux noirs ainsi que les cheveux noirs et crépus. Et ils auront beau vouloir changer, faire des régimes et des exercices, ils resteront noirs de peau, d'yeux et de cheveux, car ils sont ‘‘programmés’’ racialement pour être ainsi.

— Ils peuvent se teindre les cheveux en blond, s'éclaircir la peau avec des crèmes, et se faire décrêper chez le coiffeur. Il y en a beaucoup qui le font.

— Oui, mais ce ne sont que des artifices à recommencer éternellement : leurs cellules continueront à fabriquer de la peau noire et des cheveux crépus. Et leurs enfants naîtront comme sont nés leurs parents, noirs et les cheveux crépus. C’est inéluctable. Pareil pour les Scandinaves : ils peuvent toujours se taper des bronzings d’enfer, se teindre les cheveux en noir et se faire frisotter afro, leurs cellules continueront à leur fabriquer des cheveux clairs et un teint de navet. »

Je te vois soudain trop sérieuse pour être honnête. Je te connais ; je sais que, sérieuse, tu ne peux jamais le rester très longtemps et que tu ne sais pas résister à une plaisanterie ou à un « mot » bon ou mauvais. Ça ne rate pas : « D’ailleurs, en Afrique, pour dire ‘‘échanger des manières polies, civilisées’’, on dit : ‘‘se dé-crêper le chignon’’ », assures-tu d’un air docte, avant de te mettre à rire, visiblement contente de toi.

J’apprécie du bout des lèvres : « Moui… Franchement, c’est un peu…

— Tiré par les… cheveux, c’est le cas de le dire ! Oui, je sais », conviens-tu joyeusement.

Je connais ton goût, celui de tous ceux de ton âge, pour les blagues débiles. Ce sont celles qui t’amusent le plus. Un peu agacée malgré moi à cette idée je me dis : « Attends un peu, ma jolie ! Rira bien qui rira la dernière ! » et j’attaque d’un air sévère :

« Et puis, excuse-moi, mais ta plaisanterie a des relents carrément racistes. »

Tu restes un moment interloquée avant de t’écrier : « Raciste ? n'importe quoi ! mais j’ai rien dit de raciste ! »

Je réponds, inflexible : « Eh bien, qu’est-ce qu’il te faut ? ! le cheveu lisse est, à l’évidence, le symbole du blanc et le cheveu crépu le symbole du noir. Donc, si ‘‘se dé-crêper le chignon’’ signifie ‘‘recourir à des manières polies, civilisées’’, c’est comme si tu disais que les Noirs sont des sauvages. Point final.

Tu n’en crois pas tes oreilles et reste, à nouveau, sans voix, la bouche ouverte ; puis tu finis par protester avec véhémence : « Attends ! C’est top délire, là ! J’ai pas dit ça du tout ! j’ai seulement voulu dire que si ‘‘se crêper le chignon’’ signifie ‘‘se battre comme des chiffonniers’’, ‘‘se dé-crêper le chignon’’ signifie le contraire, point barre ! »

Et moi, toujours aussi inflexible : « Tu aurais du mal à le prouver ! »

Suffoquée d’indignation, tu ne sais que bredouiller : « M… mais, mais ! ça alors !

— Il n’y a pas de mais ! » tranché-je, catégorique, et un brin sadique.

Toutefois, devant ton exaspération grandissante, je décide, un peu honteuse, de cesser de jouer la comédie : « Allons ! Calme-toi ! j’ai voulu seulement de montrer comment fonctionnent les antiracistes de profession, comment ils s’y prennent pour faire passer pour suspect le propos le plus inoffensif. Tu dois savoir qu’aujourd’hui, les Français comme nous se retrouvent avec une accusation de racisme plus rapidement qu’il n’en faut à un arriviste du show-biz pour cracher sur son pays ! Ce n’est pas peu dire ! Attention : Big Bwôzeu nous su’veille !

— Big quoi ?

— Big Brother.

— C’est qui ?

— Personne. Laisse tomber. »

Tu remarques alors d’un ton plaintif : « Ma parole, dans le genre ‘‘fout-les-nerfs’’, on fait pas mieux !

— Écoute, tu vas grandir dans ce monde d’inquisition permanente où les antiracistes de profession feront la loi. Autant que tu en prennes conscience le plus vite possible. C’est dans ton intérêt. Tu vois en tout cas à quel point ça peut rendre enragé, au point que certaines personnes en arrivent à se déclarer ‘‘racistes’’ par exaspération.

Tu m’adresses une moue revêche et décides de revenir au point de départ de notre discussion : « Donc c’est pas scandaleux, alors, de dire que les races existent ?

— Vu sous cet angle, ni scandaleux ni, encore moins, criminel. Seuls les fanatiques hystériques de l’antiracisme y trouvent à redire. Disons que c’est une commodité de langage. Dans le passé on a, d’ailleurs, souvent attribué à ce mot des sens très différents. En revanche, carrément contestable est d’affirmer qu’à ces caractéristiques physiques communes, correspondraient des caractéristiques mentales, intellectuelles – voire morales et spirituelles – non modifiables et qui se transmettraient de la même façon : héréditairement.

— J’imagine que lorsqu’il s’agit de bonnes caractéristiques comme le courage ou l’intelligence, on ne pense pas à trouver ça contestable ni scandaleux mais seulement quand il s’agit de mauvaises caractéristiques comme, par exemple… je sais pas, moi… la fainéantise ou la violence.

— Évidemment. À partir du moment où le propre de la ‘‘race’’ serait de transmettre inéluctablement à tous ceux qui en font partie les mêmes caractéristiques à jamais non modifiables, on suspecterait de fainéantise ou de violence indécrottables tous ceux qui appartiendrait à une ‘‘race’’ supposée fainéante ou violente et l’on jugerait qu’il conviendrait de ne faire confiance à aucun d’entre eux en particulier ni à sa race en général…

— Alors, c’est quoi, exactement, le racisme ?

— Le racisme, ce n’est pas l’affirmation qu’il existe des ‘‘races’’. Qu’elles existent ou non, on s’en fiche un peu. Le racisme c’est l’affirmation qu’il existe des races inégales entre elles : supérieures ou inférieures, bonnes ou nuisibles. Point final. En dehors de cette affirmation, toute accusation de racisme devient suspecte d’instrumentalisation et de règlement de comptes. En fait, je le répète, il faut prendre le mot ‘‘race’’ comme une commodité de langage. Quel est le lien, par exemple, le dénominateur commun entre les chrétiens et les musulmans du Moyen-Orient, si ce n’est que les uns et les autres sont des Arabes, qu’ils sont, donc, de la même ‘‘race’’ ? J’ai beau chercher, je ne vois pas quel autre mot employer. »

Tu sembles réfléchir intensément en te mordillant l’ongle du pouce et finis par observer : « C’est un peu comme ceux qui trouvent pas sympa pour les vieux qu’on dise ‘‘les vieux’’. »

— En effet. D’ailleurs il n’y a pas de critère scientifique rigoureux non plus qui permette d’établir la différence entre une personne jeune et une personne adulte et, surtout, entre une personne adulte et une âgée. Pourtant tout le monde vit avec l’idée qu’il existe des jeunes, des adultes ainsi que des gens âgés. Et, bien que le racisme antivieux existe au moins autant que l’autre, sinon plus, on ne criminalise pour autant le terme de ‘‘vieux’’. Il est commode, voilà tout.

— On dit plutôt quand même ‘‘personnes du troisième âge’’ ou ‘‘séniors’’.

— Non, justement, on ne le dit pas tant que ça ! Et heureusement ! Presque tout le monde préfère le mot ancien à ces horribles expressions. ‘‘La paille des mots ne change rien au grain des choses’’ : proverbe du Monomotapa !

— Du quoi ? !

— Du Monomotapa. Parfaitement.

— Jamais entendu parler !

— Eh bien, rassure-toi, l’Éducation nationale a veillé à réparer cette regrettable lacune. Désormais le Monomotapa sera au programme d’histoire. J’anticipe un peu pour te mettre dans le bain. C’est mon modeste hommage citoyen à la diversité des cultures. Bon, quoi qu’il en soit, mettons qu’il faille à la rigueur prendre le mot ‘‘race’’ avec des pincettes0 c’est-à-dire l’entourer de guillemets et basta. Et puis supprimer le mot ‘‘race’’ nuirait considérablement à la langue de notre jeunesse à capuche. Ce serait une intolérable atteinte à sa culture que le monde entier nous envie. »

Tu flaires aussitôt, cette fois, qu’il y a du marrant dans l’air.

« Ah, bon ? Vl’a aut’chose, observes-tu, à la fois méfiante et amusée.

— Oui. Cela amputerait les échanges verbaux de nos jeunes des cités de ces expressions riches et savoureuses dont ils ont, n’ayons pas peur des mots, le génie.

— Ah, oui ? Et lesquelles, s’te plaît ?

— ‘‘Nique ta race !’’ ‘‘La mort de race !’’ ou, plus sobre mais plus catégorique, ‘‘Ta race !’’ tout court. »

Tu secoues la tête en gloussant.

— J’étais sûre que tu allais me sortir quelque chose de ce genre ! En tout cas, si je comprends bien, les races existent plus ou moins. Elles sont différentes, OK, mais en aucune façon inégales.

— Voilà ! C’est pourquoi tu peux dire que X et Y, deux Africains, sont ‘‘je-m’en-foutistes’’, ou que deux Corses, X et Y, sont paresseux, mais tu ne peux pas, en principe, généraliser, dire que tous les Africains ont la particularité d’être ‘‘je-m’en-foutistes’’, ni tous les Corses celle d’être paresseux. En effet, ça signifierait que tous les Africains naissent avec le gène du ‘‘je-m’en-foutisme’’ ou que tous les Corses naissent avec celui de la paresse, et que ces caractéristiques respectives sont, chez les uns et les autres, irrémédiables, ce qui est faux et en ferait, aux yeux de beaucoup, des sortes de ‘‘races’’ inférieures. »

Tu n’as pas l’air vraiment convaincue.

— Oui, oui… mais alors, c’est bien ce que je disais tout à l’heure : je ne peux pas soutenir non plus que les Africains, par exemple, sont des gens gais et qu’ils ont le rythme dans le sang.

— En effet.

— Pourtant quand on dit ça, personne ne trouve que c’est raciste.

— Tu as tout à fait raison. C’est bien la preuve que l’idéologie que l’on nomme ‘‘antiracisme’’ est une idéologie incohérente, autrement dit contradictoire et illogique. Oui, cette idéologie que l’on nous matraque vingt-quatre heures sur vingt-quatre – et je suppose que le collège ne fait pas exception – est incohérente, et je me fais fort de le démontrer. Les exemples que tu donnes ne sont pas les plus graves. Ils ne jurent qu’avec la logique. Il y en a de bien pires. Je t’expliquerai mieux plus tard, au fur et à mesure.

— Tant que tu y es, explique-moi ce que signifie exactement ‘‘idéologie’’. »

Je soupire devant tes lacunes de vocabulaire pour une élève qui va rentrer en seconde dans trois mois, mais m’exécute : « Une idéologie est – là aussi, pour faire simple – un ensemble d’idées découlant d’un même principe et visant le même but auquel soumettre les hommes : le nazisme, le communisme étaient des idéologies.

— Et le christianisme ?

— Dans un sens, oui. Comme l’islam ou le judaïsme. On peut dire que les religions, surtout les religions monothéistes, sont des idéologies religieuses dont l’origine serait une divinité qui les aurait révélées à certains hommes pour qu’ils les divulguent autour d’eux. Et, inversement, l’on pourrait dire que le communisme et le nazisme, entre autres, ont été des religions profanes, laïques, sans dieu.

— Oui, je vois. En tout cas j’ai compris une chose : ce que tu appelles l’‘‘idéologie antiraciste’’ juge que généraliser un défaut c’est raciste, mais un compliment ça l’est pas. Les deux généralisations sont pourtant aussi racistes l’une que l’autre.

— En effet. C’est pour ça, entre autres, que je dis que cette idéologie est incohérente.

— Donc, si je trouve que les Arabes de mon collège sont, en moyenne, plus agressifs que les autres élèves, là, je suis considérée comme raciste, même si ça vient de mon expérience quotidienne ?

— Dit comme ça, on te reprocherait, en effet, de l’être.

— ‘‘Dit comme ça’’ ! et comment faut le dire alors ?

— Je vais essayer de t’expliquer. En fait, qu’on le veuille ou non, il existe bien des façons de penser et de se comporter communes, spécifiques à des groupes d’humains et par lesquelles ces groupes d’humains se distinguent, se différencient les uns des autres. Tu l’as constaté toi-même en distinguant tes camarades arabes des autres. Mais ces façons de penser et de se comporter ne sont pas liées à la ‘‘race’’ mais à la CULTURE, laquelle ne se transmet pas par les ‘‘gènes’’, l’hérédité, mais par l’exemple et, surtout, par l’éducation. Les Arabes, par exemple, ne se comportent pas tous de la même façon.

— Tu veux parler des Arabes chrétiens ?

— Oui, par exemple. Entre autres. Et ceux-ci n’ont pas le même comportement que les Arabes musulmans. Or ils sont de la même ‘‘race’’ qu’eux. Des Noirs et des Blancs chrétiens auront dans certaines situations des comportements semblables, différents de ceux de Noirs ou de Blancs musulmans. Donc, je le répète : il existe bel et bien des groupes humains différents les uns des autres, mais ce qui est déterminant dans leur différence c’est leur culture.

— Mais qu’est-ce que c’est, au juste, la ‘‘culture’’ ?

— Un mélange de croyances – religieuses ou idéologiques –, de façons de vivre, de langue et de savoirs. Ce mélange est dû, en partie, au hasard, et est en partie imposé par le climat, la flore, la faune et la situation géographique ; mais surtout par les hommes eux-mêmes. Or la ‘‘race’’, quel que soit le sens scientifique qu’on donne au mot, n’est jamais le fruit de la volonté humaine. En fait, le plus souvent, un groupe humain est un mélange d’une ‘‘race’’ particulière et d’une culture, comme les ‘‘Arabes’’, encore une fois, qui sont à quatre-vingt-quinze pour cent musulmans, si bien qu’on oublie qu’il existe des Arabes chrétiens. C’est pourquoi au mot ‘‘race’’ on préfère aujourd’hui celui d’‘‘ethnie’’ ou de ‘‘variété’’. À ce sujet, une remarque : ces élèves qui se vantent comme tu dis d’être arabes, sont, j’imagine, originaires du Maghreb ?

— Oui, la plupart.

— Donc, en fait, ils ne sont pas arabes ‘‘racialement’’ parlant, mais berbères. En Algérie, les Kabyles sont des Berbères. Ils se sont arabisés, un peu racialement, mais surtout culturellement, lors de la conquête de leur pays par les Arabes musulmans : alors qu’ils étaient chrétiens, leur religion est devenue l’islam, leurs noms se sont arabo-islamisés et leur langue a beaucoup emprunté à la langue arabe. »

Tu ouvres des yeux ronds : « QUOI ? ! Tu as dit que les Arabes ont conquis le Maghreb ou j’ai mal entendu ?

— Non, tu as parfaitement entendu.

— Sans blague ! Et, si j’ai bien compris, ils l’ont colonisé ?

— Oui, tu as bien compris, on peut dire ça comme ça, sauf que, à leur époque, on n’employait pas le mot de ‘‘colonisation’’. Ils ont également colonisé l’Espagne, et après eux, les Turcs ont colonisé l’Algérie et la Tunisie. Et ils auraient conquis et colonisé la France si Charles Martel ne les avait battus à Poitiers en 732. Et même l’Europe entière, s’ils n’avaient pas été repoussés à Vienne au XVIIe siècle, à peine moins de deux siècles avant que nous ne nous mettions à notre tour à la conquête – ou reconquête, va savoir – de certains pays musulmans. Tu l’ignorais ?

— Complètement !

— Tes professeurs d’histoire ne te l’ont jamais dit ?

— Jamais ! J’ai toujours cru que la France était le seul pays colonisateur de la planète.

— Non seulement c’est faux, mais la colonisation française n’a été qu’une parenthèse de cent trente ans alors que la colonisation musulmane a été définitive, irréversible, sauf en Espagne où elle a duré quand même huit siècles. En vérité, grâce à la victoire de Poitiers nous avons eu un répit de treize siècles. Hélas, je crains qu’il ne touche à sa fin. Et je ne parle pas de bien d’autres peuples conquérants.

— Mais alors, pourquoi on nous le dit pas ?

— Tout le problème est là : ou tes professeurs sont ignares et ils ne méritent pas d’être professeurs, ou ils ne le sont pas et ils ne peuvent pas ne pas savoir que l’histoire de l’humanité est en grande partie une histoire de massacres et de conquêtes : presque tous les peuples – à commencer par les Arabes qui en sont, eux, démesurément fiers – ont, à un moment ou un autre, conquis des pays étrangers de façon souvent bien pire que la France, ou se sont fait conquérir par des étrangers. Presque tous les peuples ont été tour à tour dominants ou dominés. Et quand ils étaient dominants, ils exploitaient et réduisaient en esclavage d’autres peuples.

— C’est pas vraiment une excuse. »

Je te sens partagée entre l’envie et le refus d’entendre un autre discours que l’habituel. Et comme tu n’es pas du genre à rendre les armes facilement, je sens que notre conversation ne sera pas toujours qu’un long fleuve tranquille.

« Non, ce n’est pas une excuse, mais ce n’est pas une raison pour nous faire porter le fardeau d’une culpabilité dont les autres se dispensent. Et puis il y a une différence de taille entre les autres et nous, Français et Anglais surtout.

— Laquelle ?

— Eh bien, ça aussi, tu devrais le savoir : nous avons été les premiers à condamner solennellement puis à interdire effectivement l’esclavage alors qu’il perdure dans nombre de pays. La conquête, l’esclavage, la colonisation étaient considérés par toute la planète comme des pratiques tout à fait normales et banales. Il n’y a donc pas lieu de ne les reprocher qu’à l’Occident. En revanche, son mérite éclatant est, précisément, de ne plus les avoir considérés, à partir d’une certaine époque, comme normales et banales, mais barbares ou dépassées. C’est là que se situe l’exception occidentale, et non dans la colonisation ni l’esclavage ! Même chose pour le racisme : tous les pays sont racistes et plutôt deux fois plus que l’Occident, mais c’est l’Occident seul qui a condamné le racisme et inventé l’idéologie antiraciste.

— Alors pourquoi est-ce qu’on tape toujours sur l’Occident ?

— Parce que n’oublie jamais que l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs et que c’est leur morale et leur vérité qui s’imposent.

— Et nous, on fait partie des vaincus, alors ?

— Je le crains. Nous, les Occidentaux, nous faisons, en quelque sorte, partie des vaincus. Mais nous sommes des vaincus particuliers, uniques en leur genre.

— Pourquoi ça ?

— Parce que, ayant tous les moyens d’être les vainqueurs, nous nous voulons vaincus. »

Tu me lances un regard d’incompréhension.

« Ne t’inquiète pas, j’aurai l’occasion de revenir là-dessus.

— Mais c’est quoi, au juste, l’Occident ? On ne nous l’a jamais appris. »

Je réprime une réaction d’étonnement et, pour finir, je réponds, résignée : « Il est vrai que ma génération n’avait pas besoin qu’on lui apprenne ces choses-là. On les savait d’instinct, elles allaient de soi. Tu fais, toi, partie d’une génération où l’on voudrait, au contraire, vous faire désapprendre tout de votre histoire et de vos racines. L’Occident est – en très gros – la partie du monde façonnée par la culture gréco-romaine et judéo-chrétienne, à savoir tout ce qui se trouve à l’ouest d’une ligne verticale passant par le Bosphore.

— L’Europe, en somme.

— Oui, et l’Amérique, surtout l’Amérique du Nord.

— La Russie n’en fait pas partie ?

— Si, c’est pourquoi je dis ‘‘en très gros’’, parce qu’‘‘Occident’’ ne renvoie pas seulement à un lieu géographique, mais aussi à une culture. On peut considérer que culturellement l’Australie et la Nouvelle-Zélande, par exemple, aujourd’hui, en font aussi partie, et d’une certaine façon, Israël, et même le Japon. Enfin, bref : s’ils savent tout ça, tes professeurs, alors ils sont irresponsables de le dissimuler parce que, ainsi, ils montent délibérément les Arabes contre les Français comme nous, et nous conditionnent à accepter leur comportement agressif comme mérité. »

À cet instant, un coup de téléphone de ta copine préférée nous a interrompues. Je savais que vous en auriez pour une heure de confidences et de fous rires. J’ai préféré remettre la suite au lendemain.
J'ai hâte de lire la suite. C'est admirable. Un grand merci.
Chapitre III

Où l’on parle de race et de culture et, encore, des incohérences de l’antiracisme




Le lendemain tu me sautes dessus et me rappelles à brûle-pourpoint : « Mais, quand même, l’armée française a dépassé les bornes en Algérie. »

J’attendais que tu me sortes ce grand classique de la propagande antifrançaise.

Je devine que tu vas avoir du mal à admettre certaines vérités, comme ceux qui, n’en n’ayant pas l’habitude, tiennent mal l’alcool et préfèrent s’en priver. Mais je fais confiance à ton non-conformisme et à ta curiosité d’esprit.

Tu insistes : « C’est vrai ou pas ?

— Dépassé les bornes, je ne sais pas. Tout dépend du point où la guerre t’oblige à placer les bornes. Qu’est-ce que c’est, d’après toi, la principale raison d’être d’une armée ? »

Tu as l’air de te creuser la tête et tu finis par répondre en hésitant : « Protéger les habitants ? Leur sauver la vie ?

— Tout juste ! C’est, avant tout, la protection des populations civiles quand un ennemi s’en prend à leur vie ou à leur intégrité physique. Or, as-tu jamais entendu parler des horreurs commises par les Algériens du FLN eux-mêmes ?

— Non.

— Tu m’étonnes. Exemple flagrant de la désinformation des citoyens qui a commencé pendant la guerre d’Algérie et qui a empiré, depuis, d’année en année. Ce sont les atrocités des Algériens du FLN qui, dès le départ, ont été, délibérément, sans bornes. Devant l’horreur absolue de ces atrocités, l’armée ne pouvait guère réagir autrement qu’elle l’a fait sous peine de trahir sa mission, de ne pas faire, en un mot, son devoir : protéger les civils.
» À Alger notamment, c’était une course contre la montre quotidienne. Tous les jours les terroristes posaient des bombes qui faisaient des dizaines de morts et de mutilés à vie dans la population civile, y compris musulmane. J’ai connu une gamine de quatorze ans qui a perdu sa mère et ses deux jambes lors d’un attentat terroriste dans un cirque de Mostaganem. Et combien d’autres ont connu le même calvaire que l’on s’est chargé d’effacer de notre mémoire collective. Le devoir de l’armée était de débusquer à tout prix celui qui allait poser la prochaine bombe. Bien malin qui peut dire où placer les bornes dans des cas pareils.
» Tu sais combien le terrorisme algérien a provoqué de morts dans la population civile française d’Algérie ?

— Non.

— En à peu près quatre ans, plus de 10 000 sur une population d’un million de personnes. Sans compter, à la déclaration d’indépendance, les assassinats d’Oran.

— Oui, mais nous, nous avons tué un million d’Algériens.

— Faux. Propagande. Les derniers chiffres donnés par les meilleurs historiens de gauche comme de droite donnent au maximum 250 000, tous, hormis de rares exceptions involontaires, des combattants, et dont une grande partie tuée par les Algériens eux-mêmes (car ce qu’on ne dit jamais c’est que la guerre d’Algérie a été aussi une terrible guerre civile). Les 10 000 morts français n’ont été, eux, que des civils désarmés, soit un sur cent tué par terrorisme puisque la population ‘‘pied-noir’’ était évaluée à un million de personnes ; ce qui ferait, rapporté à la population française d’aujourd’hui, 600 000 civils tués en quatre ans ! Et je ne parle pas des milliers de disparus ni des mutilés à vie.

— Waouh ! 600 000 ! »

Tu sembles, cette fois, médusée par le nombre donné.

« En proportion, oui. Tiens, pour te donner une autre idée : quel est aujourd’hui le conflit le plus meurtrier pour les populations civiles ?

— Euh… je dirais… l’Irak ?

— Exact ! Or ce que l’on appelle, à juste raison, la ‘‘boucherie irakienne’’, a fait environ 60 000 tués, alors que la population de ce pays s’élève à 25 millions d’habitants, soit, si tu sais compter, plus de trois fois moins en pourcentage que les tués civils de la guerre d’Algérie ! Alors, qu’aurait dû faire l’armée ? Laisser sous ses yeux massacrer tous les jours des civils innocents par des terroristes anonymes sous prétexte qu’il ne fallait pas ‘‘dépasser les bornes’’, comme tu dis ?

— Non, bien sûr.

— Noyer la casbah, repaire des terroristes, sous les bombes ? C’était possible : il n’y vivait pas d’Européens.

— Non plus !

— Tu as raison. Et, justement, n’ayant pas eu ce cynisme criminel, nous avons prouvé que nous ne dépassions pas certaines bornes. Alors que fallait-il faire ? »

Tu t’énerves : « Je sais pas, moi !

— Tu vois, tu fais comme tout le monde : tu te défiles. Mais quand tu es responsable de la vie de tes compatriotes et que tu as vu, de tes yeux vu, des boucheries quasi quotidiennes de femmes et d’enfants déchiquetés par les bombes, tu ne peux plus faire dans la dentelle. Ce n’est pas par sadisme, par gaieté de cœur que les militaires ont dû parfois dépasser certaines bornes.

— Ouais… dis tout de suite que c’est par humanité. »

J’ignore ton sarcasme.

« La guerre, ma chère petite, n’est pas une compétition sportive. Il est rare qu’elle soit humaine.

— Et la sécurité est revenue, au moins, à Alger ?

— Oui, malgré la guerre, Alger est redevenue une ville paisible.

— Mais les crimes de guerre ou contre l’humanité sont imprescriptibles, je crois.

— Tu veux parler du terrorisme ?

— Oui.

— Je crains que tu n’y sois pas du tout ! La morale d’aujourd’hui aurait tendance à condamner davantage comme crime contre l’humanité ou crime de guerre, non le terrorisme, mais les dispositions prises pour défendre les populations civiles contre celui-ci.

— Peut-être parce que le terrorisme est l’arme des faibles ? Enfin… il y en a qui disent ça.

— Arme du faible ! Je ne connais pas d’argument plus choquant ni plus fallacieux que celui-là. D’abord les critères de la faiblesse ou de la puissance ne sont pas des plus rigoureux, surtout quand la subjectivité s’y mêle. On est tous, ou on se croit tous, le faible de quelqu’un. Sans compter qu’on est souvent responsable de sa propre faiblesse, à commencer par certains peuples. Avec ce genre de raisonnement on aurait vite fait de mettre la société la plus idyllique à feu et à sang. Les forces combattantes algériennes, par exemple, étaient armées jusqu’aux dents. Je ne vois pas en quoi, d’autre part, des civils désarmés et sans méfiance seraient moins faibles que les terroristes anonymes prêts à faire exploser au milieu d’eux leurs bombes ou leurs camions piégés. Nulle cause au monde ne justifie le massacre des innocents, d’autant qu’on ne peut jamais être sûr qu’une fois le but atteint, le nouvel ordre se révèle plus juste que l’ancien.

— Mais alors pourquoi, puisqu’on nous reproche d’avoir commis des crimes de guerre et autres en Algérie, les Algériens, qui ne sont pas du genre à nous faire le moindre cadeau, n’ont jamais poursuivi les coupables en justice ?

— En effet, d’autant qu’une grande partie de nos ‘‘élites’’ n’auraient pas mieux demandé, toutes prêtes à appuyer ce genre de poursuite et même à en prendre l’initiative. Pourquoi ? demandes-tu : parce qu’un procès contre la France aurait amené la défense à mettre en lumière les mensonges des Algériens et les horreurs bien pires que les nôtres qu’ils ont commises, en particulier sur leur propre population, et que, contrairement à nous, ils entendent cacher à perpète. Et je ne parle pas que du ‘‘simple’’ terrorisme.

— Pourtant j’ai entendu qu’à présent, elle voulait le faire, ce procès.

— Penses-tu ! Gesticulations d’un pouvoir destinées à faire oublier qu’il a ruiné son pays, et qui seras, tu verras, sans lendemain. »

Tu restes un moment silencieuse et puis ta curiosité gore reprend le dessus :

« Quel genre d’autres atrocités, encore, a commis le FLN algérien ?

— Outre le terrorisme ‘‘ordinaire’’ ? Des yeux crevés, des oreilles et des nez coupés, des femmes éventrées vivantes, les seins tranchés, le ventre éviscéré, rempli de pierres et recousu, des enfants arrachés de leurs entrailles ou jetés vivants dans des fours, d’autres écrabouillés et taillés en pièces, les hommes émasculés, dépecés vivants ! Et je n’ose même pas parler de ce qu’ils ont fait subir aux Harkis (je te vois grimacer d’horreur). Crois-moi, quand tu as vu ces monstruosités, tu ne peux qualifier de ‘‘faibles gens’’ ceux qui les ont commises de sang-froid. Les faibles ne méritent pas d’être associés à ça ! Ou alors ce serait dégoûter à jamais d’eux et de la faiblesse les âmes les plus charitables.

— Pourtant, on nous dit que les Algériens qui ont combattu la France étaient comme les résistants qui ont combattu contre l’Allemagne. Ces résistants ont commis eux aussi de telles horreurs ?

— Pas du tout ! La Résistance française ne s’en est jamais prise aux civils, femmes et enfants, n’a jamais commis ce genre d’atrocités. Et je ne comprends pas, mais alors pas du tout, que les résistants français survivants tolèrent que ces bouchers sadiques leur soient comparés ! Tu ne me crois pas ?

— Si, si, mais…

— Oui, je sais. Je vois bien que tu ne peux t’empêcher de penser que je vais trop loin, que j’affabule. Tu voudrais d’autres preuves que mes propos. Et tu as raison. Mais ces preuves indiscutables existent. Tu peux en prendre connaissance dans les ouvrages de nombreux historiens et écrivains qui n’ont jamais été contredits. La stratégie est de ne pas leur donner la parole, de ne pas les faire connaître du grand public. C’est aussi simple que ça. Je t’en ferai lire quelques-uns. Tiens, tu connais Albert Camus ?

— Oui. On a fait L’Étranger, cette année, en français.

— Tu as aimé ?

— Oui ! Je suis pas sûre d’avoir tout compris mais j’ai trouvé ça super bien écrit.

— Tu dois donc savoir qu’Albert Camus, prix Nobel de littérature, est un de nos plus grands écrivains et penseurs. Or, il s’est énormément impliqué dans le drame algérien. Révulsé par l’indifférence des intellectuels au sort des pieds-noirs, il a écrit les Chroniques algériennes pour prendre leur défense en rappelant l’horrible terrorisme qu’ils subissaient, et celle de la France dont il ne supportait pas la mise en accusation partiale. Il l’a fait avec l’objectivité et la mesure que tout le monde lui reconnaissait. Tu vois qu’on peut lui faire un peu plus confiance en la matière qu’aux amuseurs et pseudo-penseurs médiatiques d’aujourd’hui qui donnent leur avis sur une époque dont ils ignorent à peu près tout. Malheureusement, il est mort très jeune. S’il avait vécu, il n’aurait jamais laissé tomber dans l’oubli ces cruautés abominables du FLN, comme on le fait aujourd’hui dans le seul but de salir la France.

— En somme, si je te suis : parler de la guerre d’Algérie en taisant tout ce que tu viens de me dire, c’est comme parler de la Révolution française sans faire la moindre allusion à la Terreur, à la guillotine ni aux guillotinés.

— Oui. Très juste. À toi de mesurer le degré de désinformation que l’on nous fait subir ! Il convient aussi de préciser que l’armée française n’a pas utilisé ces horribles mines anti-personnel ni d’aucune sorte, pratique qui s’est banalisée dans les guerres qui ont suivi. Elle n’a rien napalmé, n’a incendié ni cultures ni forêts hormis, une fois, un petit morceau de forêt kabyle, n’a pas répandu d’exfoliants, et n’a bombardé ni villages, ni routes, ni ponts. Elle a laissé l’Algérie intacte. J’ai pu le vérifier, comme sans doute d’autres coopérants de l’époque, en visitant la Kabylie, haut lieu pourtant de la rébellion, quelques mois à peine après l’indépendance. Bref : cette guerre a été beaucoup moins ‘‘sale’’ qu’on ne l’a prétendu, compte tenu, encore une fois, de la cruauté de l’adversaire et de ce qui était en jeu. Toutes les guerres qui depuis ont suivi ont été beaucoup plus ‘‘sales’’.

— Bon, je te vois venir. Dans une minute, tu vas me dire que nous nous sommes conduits en Algérie comme de preux chevaliers.

— Eh bien, moque-toi tant que tu veux ! La vérité est que nous avons fait une guerre bien moins dégueulasse qu’on ne le dit dans le seul but, encore une fois, de salir la France. Si ce n’était pas le cas, explique-moi pourquoi les officiers américains s’intéressent de si près à l’action de l'armée française en Algérie dont la connaissance leur paraît essentielle pour gagner la guerre en Irak et en Afghanistan ?

— Pour ne pas refaire les mêmes erreurs ?

— En partie, sans doute. Qui peut se vanter de ne commettre ni erreurs ni exactions, dans cette sorte de guerre voulue dès le départ par le FLN algérien délibérément atroce à l’encontre des populations civiles ? C’est la France qui a essuyé les plâtres, si j’ose dire, de ce genre de conflit. Mais c’est surtout pour savoir comment, malgré tout, elle l’a gagnée, que le commandement américain l’étudie de si près. »

Tes yeux s’agrandissent.

« Mais j’ai toujours cru qu’on l’avait perdue !

— Pas du tout ! On l’a gagnée militairement, et à plate couture, encore ! Mais on l’a perdue politiquement parce que les grandes puissances nous ont impitoyablement condamnés et calomniés dans l’espoir de nous remplacer dans un pays fabuleusement riche en pétrole. Et puis il était évident que la page de la colonisation devait être tournée.

— Et alors, on l’a gagnée comment ?

— Nous l’avons gagnée en… gagnant, justement, la population algérienne à notre cause, ou du moins en ne nous la mettant pas à dos. C’est si vrai que, malgré des exactions, encore une fois, presque inévitables, la population algérienne, dans son immense majorité, ne nous en a pas voulu. Elle n’a témoigné, sitôt la guerre finie, aucune haine de la France ni des pieds-noirs, comme ont pu le constater tous les coopérants français et étrangers – et ils étaient nombreux – qui ont débarqué en Algérie à l’époque de l’indépendance. Elle avait d’ailleurs souffert du FLN autant que nous, cette population. Tu vois à quel point on a calomnié la France au grand désespoir de ce pauvre Camus.

— Mais si la population ne leur en voulait pas, alors pourquoi les pieds-noirs se sont sauvés si vite ?

— C’est, précisément, le souvenir des atrocités inouïes d’un FLN désormais au pouvoir, et l’absence totale de garanties les concernant dans les accords d’Évian, qui les ont fait fuir. Et puis la crainte, justifiée, qu’en cas d’échec si prévisible de cette indépendance, ce pouvoir aux mains du FLN ne les prît comme boucs émissaires.

— Mais je crois qu’à la fin les Européens aussi ont pratiqué le terrorisme.

— Hélas, c'est vrai. Les tout derniers mois, comprenant que la France était en train d’abandonner l’Algérie, certains pieds-noirs, surtout à Oran, ont eu recours à un contre-terrorisme du désespoir, celui de l’OAS, qui a dressé contre les Français oranais une partie de la population algérienne de cette ville, laquelle population s’est vengée horriblement avant même le jour de l’indépendance. Cette vengeance a été d’une cruauté égale à celle qui s’abattait sur les harkis. Elle a provoqué un sauve-qui-peut des Européens d’Oran que l’armée française encore présente avait, cette fois, ordre de ne pas défendre ! Cependant tous les pieds-noirs ne se sont pas sauvés du jour au lendemain. À Blida, par exemple, où j’ai vécu pendant douze ans après l’indépendance, ils sont restés assez nombreux environ deux ans, et je peux t’assurer qu’ils avaient avec les Algériens de biens meilleurs rapports que les coopérants gauchistes, malgré toutes les courbettes déshonorantes que ceux-ci leur adressaient. J’aurai l’occasion de revenir sur tout ça et tu comprendras mieux encore la vérité de ce point de vue.

— Mais alors pourquoi, s’ils ne nous en voulaient pas au lendemain de l’indépendance, les Algériens nous détestent-ils tant aujourd’hui ?

— C’est le beau résultat de la propagande antifrançaise et des mensonges que les médias diffusent depuis plus de trente ans. »

Tu sembles plutôt convaincue sans pour autant me tenir quitte : « Bon, d’accord, je veux bien te croire sur ce qui s’est passé en Algérie, mais tu peux pas excuser, par exemple, le massacre d’octobre 1961 à Paris ! » observes-tu d’un ton à peu près aussi bienveillant que celui d'un juge d’instruction face à Maurice Papon. Tu ne peux pas soutenir qu’il n’a pas été purement gratuit et raciste…

— D’abord, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit : je n’excuse pas la guerre d’Algérie qui a été une guerre tragiquement inutile, je te donne sur l’événement des informations qu’on ne donne jamais et qui l’éclairent différemment. Nuance. Quant au ‘‘massacre’’ d’octobre 1961, je n’ai pas à l’excuser pour la bonne raison qu’il n’a jamais existé ! Tu connais le conseil donné par le ministre de la Propagande sous Hitler ?

— Oui, je crois : ‘‘Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !’’

— Juste. Eh bien, c’est exactement la stratégie de ceux qui veulent, au nom d’un prétendu antiracisme, la perte de notre pays et de notre peuple : pleins feux médiatiques des jours durant, avec ou sans preuves, sur tout ce qui pourrait salir notre pays et les Français comme nous, et inversement silence quasi absolu dans le cas contraire.

— Moi j’ai entendu dire qu’on avait vu flotter quantité de cadavres sur la Seine !

— Oui, je connais la légende véhiculée par des médias qui prennent pour argent comptant la propagande du FLN. Il semblerait que les journalistes français se soient, désormais, donné une nouvelle déontologie : croire sur parole la propagande éhontée des pires ennemis de leur pays !

— Bon, alors vas-y ! Donne ta version, je t’écoute.

— Ce n’est pas ma version, c’est la version officielle que les médias se sont bien gardé de répercuter. Tu as déjà vu la presse reconnaître qu’elle s’est trompée, faire son autocritique aussi visiblement, aussi bruyamment qu’elle diffuse des erreurs ou des mensonges, surtout quand ils visent les Français comme nous ? »

Tu t’impatientes : « J’en sais rien. Allez, raconte !

— Il y a quelques années, pendant des semaines, toute la presse a fait état d’un horrible massacre d’Algériens, par la police, qui aurait eu lieu le 17 octobre 1961 à Paris. Des centaines et des centaines, voire des milliers d’Algériens !

— Moi, je crois même avoir entendu parler d’un véritable génocide.

— En effet ! Pour finir, le gouvernement socialiste (le détail a son importance) de Lionel Jospin a diligenté, au moment du procès Papon, une enquête afin d’établir définitivement les responsabilités de ce massacre. Elle a été confiée à des enquêteurs au-dessus de tout soupçon. Ils ont épluché minutieusement les archives de la police, celles de toutes les morgues de la capitale et de l’Institut médico-légal. Ils ont creusé de fond en comble un endroit où la rumeur situait un immense charnier. Ils ont sondé la Seine à l’endroit des barrages qui ne pouvaient qu’avoir arrêté les cadavres jetés dans le fleuve, etc. Et le résultat de tout cela ? Le ‘‘génocide’’ se réduit à… trente et un Algériens tués ce jour-là, ni plus ni moins. Eh bien, les médias se sont à peine fait l’écho de cette enquête et de ses conclusions, et continuent à véhiculer l’idée d’un massacre de centaines d’hommes, comme ce téléfilm récent que tu as dû, je le devine, regarder. Et ce prétendu massacre est commémoré pieusement chaque année. Le maire de Paris a même fait poser une plaque pour en perpétuer le souvenir. Par conséquent, la mémoire collective ne retiendra que l’idée de son existence, et non la vérité.

— Et pourquoi cette manif avait été interdite ?

— Comment la France pouvait-elle tolérer qu’une organisation étrangère qui était en guerre contre elle, qui avait sur les mains le sang de milliers de nos compatriotes, se permette d’organiser sur son territoire une manifestation sous la menace, qui plus est, de représailles féroces contre ceux qui s’en seraient abstenus ? C’est comme si des immigrés arabes ou pakistanais avaient manifesté dans les rues de New York, au lendemain des attentats du 11 septembre, aux cris de “Vive Al-Qaïda !”

— Bon, d’accord, c’était pas un génocide, mais c’était pas une fête de charité, non plus ! Trente-et-un Algériens tués dans la même journée, c’est pas rien !

— Sans doute… sauf que la mort de ces trente-et-un Algériens a été automatiquement attribuée à la police sans qu’il y ait aucune certitude absolue qu’ils aient tous été tués par elle, loin de là. De plus, il ne s’agissait pas de meurtres prémédités avec chasse à l’homme, autrement dit de ‘‘ratonnades’’. Ces hommes ont été vraisemblablement tués quand la manifestation ‘‘pacifique’’ a dégénéré en échauffourées qui ont obligé les policiers à faire usage de leurs armes pour se dégager. Qu’ils l’aient fait sans modération, peut-être. Il est à noter toutefois qu’aucune femme ni enfant n’a été tué. Pourtant, selon l’habitude bien connue des Arabes musulmans et de leur sens très particulier de l’honneur, ils avaient été placés en tête du cortège dans l’espoir qu’il y aurait des morts parmi eux. Les Algériens auraient pu ainsi jouer, comme ils savent si bien le faire, les victimes, et prendre le monde à témoin de la répression coloniale aveugle qu’ils subissaient.

— Tu dis qu’il n’y a aucune certitude qu’ils aient tous été tués par la police, mais si c’est pas la police, c’est qui alors ?

— Bonne question ! Très probablement d’autres Algériens, car le second scandale de ce prétendu massacre est qu’il en cache un autre, et un vrai, celui-là : le massacre délibéré de ses opposants et de ses rivaux par le FLN, qui a assassiné en un an trois pour cent de la population algérienne vivant à Paris ! Sans compter une cinquantaine de paisibles gardiens de la paix en faction et quelques civils Français ! Il y a eu certes beaucoup d’Algériens tués en octobre 1961, mais avant et après ce 17 octobre, et pas par la police française ! »

Tu admets du bout des lèvres : « Va pour octobre 1961, mais les massacres de Sétif, alors ? Tu vas pas me soutenir qu’ils ont pas existé ! Je suis curieuse de savoir, tant qu’on y est, comment tu vas les excuser.

— Encore une fois, il ne s’agit ni d’excuser, ni de condamner, mais d’informer et de raisonner de sang-froid. On oublie un peu trop de nos jours que le fascisme ne commence pas, comme on voudrait nous le faire croire depuis mai 68, avec le zéro ou les heures de colle que mettent les professeurs aux élèves, mais il commence quand l’émotion l’emporte sur la Raison et la réflexion.

La vérité est que d’abord il y a eu massacre des deux côtés et que ce sont les Algériens qui ont commencé. Ce jour-là, une manifestation d’Algériens avait été autorisée en même temps qu’une autre manifestation commune de Français et d’Algériens pour célébrer l’Armistice.

— Mais, des deux côtés, il s’agissait de manifestions pacifiques, non ?

— Oui… qu’ils disaient. Tout se passait bien, jusqu’au moment où un homme de la manifestation algérienne a brandi un drapeau algérien alors que des slogans antifrançais fusaient, en arabe, de partout. C’est alors qu’un coup de feu a été tiré contre le porte-drapeau, lequel a été touché et en est peut-être mort, on n’en sait trop rien, de même que l’on n'a jamais su qui avait tiré. Aussitôt, comme s’ils n’attendaient que ça, découvrant des bâtons et des poignards, les ‘‘pacifiques’’ manifestants algériens se sont rués sur les Français désarmés qui célébraient l’Armistice et en ont tué, en seulement deux heures de temps, plus d’une centaine de façon horrible, femmes, vieillards, enfants, à commencer par une fillette de huit ans, égorgée sans autre forme de procès. La répression ne s’est pas fait attendre et a été très sévère. Si l’on fait la moyenne entre les nombres avancés par les différents historiens qui se sont penchés sur ces événements, elle se serait élevée à 10 000 Algériens tués en quelques semaines. »

Tu secoues la tête : « Moi, j’ai entendu parler de 45 000 Algériens tués. »

Je te sens décidée à résister pied à pied, mais j’apprécie que tu ne te laisses pas trop facilement convaincre.

« Oui, ça, c’est le nombre donné, en Algérie, par l’historiographie officielle algérienne, la seule autorisée, qui est à la science historique ce que l’astrologie est à l’astrophysique : une vaste fumisterie, et que certains de nos historiens se déshonorent de reprendre à leur compte. Et pourtant ce chiffre est malgré tout un bon étalon de mesure.

— Je comprends pas. Il est vrai ou faux ?

— Il est faux, mais dans les mêmes proportions que le nombre de morts à la guerre donné par l’Algérie. Rappelle-toi que tous les historiens français dignes de ce nom, de gauche ou de droite, donnent 250 000 morts, alors que le chiffre officiel donné par l’Algérie est d’un million et demi, soit… six fois plus. Il suffit donc de diviser 45 000 par 6 et tu obtiendras un peu moins de 8 000. Ne chipotons pas et disons 10 000.

— Même 10 000 ! Tu appelles ça ‘‘sévère" ? mais c’est monstrueux ! ça fait cent Algériens tués pour un Français !

— Pas plus monstrueux que plus de cent Français tués pour… un seul Algérien, à supposer, d’ailleurs, qu’il ait été tué. La proportion est exactement la même. De plus, je te rappelle qu’en Algérie la population européenne s’élevait seulement à un million et la population musulmane à environ dix millions. Cent Européens tués pour un million, c’est comme mille pour dix millions ! Et puis ce n’est pas par bonté d'âme que ces hommes se sont arrêtés à une centaine, mais parce que la répression a été immédiate. Je n’ose imaginer combien il y aurait eu de Français massacrés si la répression avait attendu ne serait-ce que quelques jours ! Cent en deux heures, soit cinquante par heure. Je te laisse faire le compte toute seule. On serait vite arrivé aux mille morts français pour un seul mort algérien !

— Franchement je trouve ces calculs macabres un peu limites.

— Mais, ma chère petite, à qui la faute ? Ce n’est pas moi qui ai parlé de répression ‘‘disproportionnée’’, mais le chœur médiatique ! Alors, si l’on parle de proportions, c’est la moindre des choses qu’on en parle exactement. Cela dit, je suis la première à trouver regrettable l’ampleur de cette répression, par ailleurs contre-productive. Il est bien sûr très déplaisant que la France se rabaisse à la barbarie de l’adversaire… »

Tu parais vouloir m'objecter quelque chose, puis te ravises.

Je pense avoir commencé à t’ébranler et je reprends le fil de la discussion : « Tiens, prends les Juifs, par exemple. Ils sont devenus, à force de persécutions subies pendant des siècles, l’emblème absolu de la victime, mais il a suffi qu’ils aient un pays à eux pour que, à leur tour, ils soient obligés de recourir à la violence contre les Palestiniens, chaque fois qu’il leur semble, à juste raison d’ailleurs, que la survie de leur pays est en jeu. »

Tu sembles alors te décider, non sans réticence, à abonder quelque peu dans mon sens : « Maintenant que j’y pense, c’est vrai ce que tu as dit à propos des Rebeus : on suppose vaguement que même si on le pouvait, ce serait mal de vouloir réagir, comme si on méritait, en effet, de se faire agresser par eux. On aurait plutôt tendance à leur faire un redoublement de lèche.

— Oui, c’est bien ça : on vous a conditionnés à vous sentir coupables d’être des victimes. Mais il faut reconnaître que votre génération a fait, en même temps, l’apprentissage d’un exploit extraordinaire, unique, digne de figurer dans le Livre des records.

— Ah, oui ? Et lequel ? » demandes-tu, vivement intéressée.

À quoi je réponds, imperturbable : « Marcher sur la tête.

— Pfff !…, fais-tu, l’air désabusée, en te tassant de déception sur ton siège. N’importe quoi !

— Évidemment, ça ramollit les cerveaux, à la longue. Mais rassure-toi, tu as le crâne assez solide pour résister à ce genre de gymnastique ! Et puis je suis là pour veiller au grain. »

Tu es sur le point de me répondre sur le même registre, mais tu y renonces pour admettre : « Il y en a un, dans ma classe, Bernard Felonat, qui les défend tout le temps, les Rebeus, quoi qu’ils fassent, même quand ils prennent comme souffre-douleur Martin Durand, haut comme trois pommes, sans le sou, et qui n’a que sa mère pour veiller sur lui, mais elle a pas le temps.

— Classique : faute d’avoir le courage de leur tenir tête ou de s’avouer sa lâcheté0 on préfère se persuader qu’ils ont raison. Et puis, vous êtes, comme on dit, inhibés.

— Inhibés ?

— Oui, inhibés parce qu’on vous conditionne à ressentir en permanence un sentiment de culpabilité envers les Africains. Or ce sentiment est injustifié pour les raisons que je t’ai déjà données, mais aussi pour les suivantes : la France ne connaît plus ni colonisateurs ni colonisés depuis un demi-siècle, ni esclaves ni esclavagistes depuis un siècle et demi et, par conséquent, il ne peut plus y avoir de coupables, à supposer que les coupables d’hier l’aient été tant que ça. Il n’y a qu’en Europe, et surtout en France, que sévit cette situation, absurde, ubuesque : des gens passant leur temps à s’excuser de choses – la colonisation, l’esclavage – dont ils ne sont pas responsables auprès de gens qui ne les ont pas subies. D’ailleurs… »

Tu m’arrêtes : « Répète ce que tu viens de dire… »

Je m’exécute : « Il n’y a qu’en Europe, et surtout en France, que sévit cette situation ubuesque : des gens passant leur temps à s’excuser de choses – la colonisation, l’esclavage – dont ils ne sont pas responsables auprès de gens qui ne les ont pas subies.

— Tiens ! c’est vrai, ça ! Pourquoi est-ce qu’il faudrait que j’aie des complexes devant mes copains Kamel, Moussa ou Selim : je les ai jamais esclavagisés ni colonisés, et eux, ils ont jamais connu ni l’esclavage ni la colonisation, pas plus que leurs parents, vu qu’ils doivent avoir dans les trente-cinq, quarante ans.

— Et que la colonisation a cessé depuis bientôt un demi-siècle. Et c’est encore plus vrai pour l’esclavage qui a cessé, lui, depuis près d’un siècle et demi !

— Les Indiens et les Asiatiques, ils ont été colonisés, eux ?

— Autant et plus que l’Afrique ! À commencer par l’Inde, qui, pourtant, contrairement à l’Algérie française et même à l’Afrique noire française, a vraiment été pillée par l’Angleterre. Or, les Asiatiques et les Indiens ont tourné la page de la colonisation depuis belle lurette et s’efforcent de s’en sortir sans jouer les éternelles victimes. Nous aussi, Français, nous avons beaucoup souffert des Allemands : trois guerres abominables en soixante-quinze ans, avec des millions de morts et la France en ruines. Nous avons pourtant tourné la page dès les années soixante, c’est-à-dire quinze ans à peine après la dernière guerre. Et ne parlons même pas du Japon qui est depuis longtemps réconcilié avec les Américains malgré les deux bombes atomiques que ces derniers lui ont balancées.

— Tu sais, en y réfléchissant, je crois qu’on nous le dit, pour les Arabes et l’Espagne, mais sans jamais employer les mots ‘‘conquête’’ ou ‘‘colonisation’’, et comme si venant d’eux ce n’était pas un crime, au contraire. On nous montre même la civilisation arabe au Moyen Âge, comme bien supérieure à l’européenne, n’apportant que du bien aux pays conquis. »

Je constate avec satisfaction que tu es sur la bonne voie : « Ta désinhibition semble s’amorcer.

— Oui. Et j’imagine que, concernant l’Algérie conquise et colonisée par la France, on t’en a dit pis que pendre, alors que les deux phénomènes à huit siècles de distance l’un de l’autre sont exactement interchangeables : l’Algérie française a été à l’Algérie musulmane ce que l’Espagne musulmane a été à l’Espagne chrétienne.

— Oui, tiens ! C’est vrai aussi ! »

Et tu répètes comme si tu savourais la phrase : « ‘‘L’Algérie française a été à l’Algérie musulmane ce que l’Espagne musulmane a été à l’Espagne chrétienne.’’ J’avais jamais fait le rapprochement !

— Difficile de le voir par toi-même. Tout est fait pour nous empêcher d’en prendre conscience. Les coupables sont tes professeurs. En tout cas, tu vois, les voilà de nouveau surpris – et l’idéologie antiraciste avec – en flagrant délit d’incohérence, et grave pour le coup. Tu es assez futée pour t’en rendre compte toute seule maintenant. Tiens ! je t’écoute. »

Tu t’exécutes sans te faire prier : « D’un côté on ne cesse de nous répéter que toutes les cultures et les civilisations se valent, que c’est ‘‘raciste’’ d’affirmer que la nôtre était supérieure à celle de l’Algérie, et d’un autre côté on nous enseigne que l’Espagne musulmane a constitué un grand progrès sur l’Espagne chrétienne, parce que la civilisation arabo-musulmane de l’époque était très supérieure à celle de l’Europe occidentale.

— Eh bien, voilà ! Tu vois, quand tu veux ! Tu as tout compris !

— Mais, en tout cas, parler d’une civilisation supérieure, c’est supposer qu’il en existe d’inférieures.

— C’est on ne peut plus logique ! Inférieures ou arriérées.

— Alors peut-être que, à l’époque, l’Espagne était vraiment arriérée et que sa colonisation par les Arabes a été une réussite, après tout ?

— Pourquoi pas ? Mais essaie de dire que l’Algérie était un pays arriéré et que sa colonisation par la France a été une réussite, ou même simplement de dire que cette colonisation n’a pas eu que des effets négatifs, et c’est tout juste si on ne va pas t’accuser d’apologie de crime contre l’humanité ! D’ailleurs, si la colonisation de l’Algérie avait duré sept siècles aussi et non cent trente ans à peine, j’imagine le paradis que serait devenu ce pays ! À l’inverse, pour un peu l’on voudrait nous faire regretter que la France n’ait pas été conquise par les Arabes en 732 ! Quand des contradictions aussi criantes – si criantes qu’un enfant de dix ans pourrait les constater de lui-même – ne sont pas soulignées, c’est qu’on te ment en connaissance de cause ; et si l’on ment ainsi c’est qu’on poursuit un but inavouable. Toutes ces incohérences font partie de ce qu’on appelle le ‘‘politiquement correct’’.

— Le quoi ?

— Le ‘‘politiquement correct’’. J’y reviendrai.

— D’un autre côté, on peut dire qu’au bout de huit siècles ils étaient quand même un peu chez eux en Espagne, les Arabes.

— Un envahisseur reste un envahisseur tant qu’il n’est pas accepté par le peuple du pays envahi.

— En Algérie les Français n’ont pas été acceptés, non plus.

— Peut-être. Sauf que la grande majorité des Algériens n’avaient pas envie de se rebeller contre la France. Ils y ont été obligés par la terreur qu’a exercée sur eux une toute petite minorité : le FLN.

— Donc, on peut dire que certaines cultures ou civilisations sont supérieures à d’autres.

— Certainement. La preuve : on ne se gêne pas, encore une fois, pour t’apprendre que la civilisation arabo-islamique était bien supérieure à celle de l’Europe occidentale au Moyen Âge.

— Si j’ai bien compris, crier : ‘‘Vive l’Espagne arabe !’’ mais : ‘‘À bas l’Algérie française !’’, c’est ce que tu appelles du ‘‘politiquement correct’’ ?

— Voilà ! Entre autres. De la même façon, aujourd’hui, la civilisation occidentale, à laquelle appartient la France, est encore, pour le moment, une civilisation qui dépasse les autres même si c’est défendu, par le ‘‘politiquement correct’’, précisément, de le dire. Ce que la France a commis de pire, toutes les nations à leur échelle l’ont commis, un jour ou l’autre, dans leur histoire ; en revanche, le bien qu’elle a fait au monde par ses qualités propres, aucune autre nation ne l’a fait.

— Et quelles sont ces qualités propres et ce bien ?

— Le bien ? La liberté de pensée, la séparation du religieux et du politique, l’égale dignité de principe de tous les êtres humains, l’abolition de l’esclavage, le droit de vote, et j’en passe. Les qualités ? si je devais les résumer en trois mots : l’aptitude à l’autocritique, le doute, et même, peut-être, le scrupule.

— Le scrupule ? Eh ben dis donc, qu’est-ce que ça aurait été si on n’en n’avait pas eu !

— Pourtant, quoi qu’on dise, je maintiens que notre civilisation imprégnée des valeurs chrétiennes est une civilisation du scrupule, ne serait-ce que parce que nous sommes les seuls à reconnaître et à dénoncer nos fautes et nos crimes passés. Nous avons inventé la mauvaise conscience. Certains, d’ailleurs, en sont si fiers qu’ils se croient obligés de la porter en bandoulière.

— Être fier d’avoir mauvaise conscience, c’est bizarre…

— Ma chère petite, tu n’as pas idée de ce que ton époque peut avoir de bizarre ! Quoi qu’il en soit, si nos crimes paraissent beaucoup plus grands que ceux des autres peuples, c’est parce que ces peuples avaient une puissance infiniment moindre que celle de l’Occident, sans commune mesure, et que leurs moyens techniques ont été longtemps infiniment inférieurs aux siens.

— Tu veux dire qu’on tue forcément beaucoup moins de monde avec des arcs et des flèches qu’avec des fusils mitrailleurs et des bombes.

— Oui. En effet. Encore que… Tu as entendu parler des Tutsis ?

— Oui. J’ai une bonne copine tutsie dans ma classe.

— Alors tu dois savoir qu’au Rwanda les Hutus ont massacré, en seulement trois mois, près d’un million de Tutsis, ce qui fait un rendement presque supérieur à celui des camps d’extermination nazis ! Et pas avec les moyens techniques sophistiqués des nazis, mais simplement à la machette ! Tu peux mesurer, à ce rendement obtenu par un procédé aussi archaïque, l’intensité de leur haine ! Prions le ciel qu’il ne nous en arrive pas autant en France ! »

Tu me regardes d’un air incrédule, vaguement narquois.

« Pourquoi ? En quoi ça risquerait ?

— Parce que nos médias ont ‘‘millecollinisé’’ à point les Africains de France contre les Français comme nous.

— Mil… quoi ?

— Millecollinisé.

— Quèsaco ?

— Tu vas comprendre. Au Rwanda, ce génocide a été rendu possible par la propagande diffusée à jets continus par la sinistre radio hutue dite des « mille collines » qui n’a cessé d’accuser les Tutsis de tous les maux que subissaient les Hutus, si bien qu’il a suffi d’une étincelle pour que se produise et se répande cet effrayant massacre.

— Mais nous n’avons pas de radio des « mille collines » en France !

— Si ! Nous avons même peut-être pire, car voilà plus de trente ans que tous nos faiseurs d’opinion, ou presque, déversent dans tous les médias, ou presque, une propagande haineuse dirigée contre les Français comme nous accusés de tous les maux qui accableraient les populations d’origine africaine. Et comme, en général, les mêmes causes produisent les mêmes effets… »

Tu te contentes de hausser les épaules sans rien dire. Tu dois penser, comme toujours, que j’exagère.

À ton âge, quand on a vécu protégé des atrocités humaines, on ne prend pas ce genre de crainte au sérieux. Et, dans un sens, ce n’est peut-être pas plus mal. Aussi ai-je repris sans insister : « Et puis nos crimes paraissent d’autant plus grands que, contrairement aux autres peuples qui cachent les leurs, nous n’avons cessé de condamner, d’exposer et de surexposer les nôtres, d’autant mieux que ceux du XXe siècle, les plus importants, ont été commis sous l’œil de l’appareil de photo et de la caméra que nous venions juste d’inventer. D’ailleurs, pourquoi la mémoire collective garde-t-elle à ce point le souvenir des camps nazis et très peu celle des camps soviétiques ?

— Parce que les camps nazis étaient une horreur absolue ?

— Certes ! Mais les camps soviétiques aussi ! L’explication de cette différence est simple : nous avons des photos et des films montrant l’horreur des premiers, et nous n’en n’avons presque pas sur les autres. Pour toutes ces raisons, je persiste à penser que la civilisation occidentale est sans doute la seule et – hélas ! – la dernière civilisation du scrupule ! Et je plains le monde à venir quand il se sera débarrassé de notre domination pour une autre ! Cela ne veut pas dire que notre civilisation a vocation à être de toute éternité une civilisation supérieure aux autres. Elle ne l’a pas toujours été et il est probable que dans l’avenir elle soit supplantée dans le domaine de l’excellence. À propos : tu connais la fable de La Fontaine : « Les animaux malades de la peste » ?

— Vaguement. Il y a une histoire d’âne, là-dedans. C’est lui que les animaux comme le lion, le loup et le renard accusent d’être le grand méchant qui leur vaut la peste en punition.

— Oui. Aujourd’hui, l’âne de la fable, c’est nous. Quoi que nous fassions ou ayons fait, nous nous sentons toujours coupables et nous avons perdu toute velléité de répondre aux offenses qui nous sont faites. On nous a conditionnés à ne plus y réagir. A l’inverse, personne ne demandera des comptes aux pays arabo-musulmans. On minimise ou l’on passe sous silence, eux les premiers, les crimes qu’ils ont commis dans leur histoire et qu’ils commettent encore, en sorte que nous sommes perçus comme des minables. Riches mais faibles et, du coup, on espère de notre culpabilité des réparations juteuses. »

Tu hoches la tête pour signifier que tu as compris, mais tu es comme le Petit Prince, tu ne renonces jamais à une question : « Qu’est-ce que ça veut dire, ‘‘inhibé’’ ?

— Cela veut dire que l’on s’interdit inconsciemment de réagir à un désagrément, une offense, ou une agression. »

Tu t’obstines : « En tout cas, à moi, on m’a appris que toutes les cultures se valaient, qu’aucune détenait la Vérité.

— Pour commencer, c’est une affirmation purement et uniquement occidentale dictée en partie, quand elle est sincère, et dénuée d’arrière-pensées suspectes, par le doute et le scrupule, justement. Ensuite, c’est sans doute vrai dans l’absolu, dans l’abstrait, comme on dit que tous les individus naissent libres et égaux. Il n’empêche que, par rapport au vécu, un individu lâche et égoïste n’est pas à mettre à égalité avec un individu courageux et compatissant, ni un as de l’astrophysique avec quelqu’un d’incapable de comprendre une règle de trois. C’est pareil pour les cultures. D’ailleurs, si toute vérité est relative, alors il ne faut pas prendre comme vérité absolue le fait que toutes les civilisations et les cultures se valent. Les partisans du relativisme culturel devraient commencer par appliquer leur logique à leur idéologie, au lieu d’imposer cette dernière comme si c’était une vérité… absolue. »

Un peu dépassée par ces considérations paradoxales, tu préfères recadrer le débat : « Donc, toutes les cultures se valent, mais, comme dirait Coluche, certaines, à un moment donné, se valent plus que d’autres.

— Voilà. Tu as parfaitement résumé.

— Mais si c’est pas valable de généraliser, à partir de la race, des caractéristiques mentales et comportementales, est-ce que c’est valable de le faire à partir de la culture ?

— Dans une certaine mesure, oui.

— Mais pourquoi est-ce que ça serait acceptable dans le cas des cultures ? Pourquoi le racisme, non, mais le ‘‘culturalisme’’, oui ? Je ne vois pas de différences entre les deux, finalement. »

— Détrompe-toi : la différence est énorme. Je le répète : le racisme affirme que les comportements, les mentalités, qui caractérisent un groupe humain, qui forment, comme on dit, son ‘‘identité’’, seraient dus, comme les caractéristiques physiques, à des gènes raciaux. Le ‘‘culturalisme’’, comme tu dis, affirme, en revanche, qu’ils sont dus à la culture de ce groupe, en particulier à ses croyances religieuses et idéologiques.

— Je ne vois pas très bien ce que ça change… Quelle différence que la fainéantise, par exemple, soit culturelle ou génétique ?

— Tout, ça change tout ! Si elle est raciale, génétique, rien, jamais, ne pourra la corriger, ni la volonté ni l’éducation, pas plus que tu ne pourrais changer tes yeux bleus en noirs, ou ton mètre soixante-dix en mètre quatre-vingts, quels que soient ta gymnastique ou ton régime. Fainéant tu es, fainéant tu resteras. En revanche… rappelle-toi ce que je t’ai dit de la culture…

— Oui : qu’elle ne se transmet pas par les gènes, l’hérédité, mais par l’exemple et surtout l’éducation.

— Bravo ! Donc, change d’éducation, et tu changes de culture. Et n’importe qui peut changer d’éducation, il suffit d’en avoir la volonté et – ou – que les circonstances s’y prêtent. Si cette fainéantise est culturelle, la volonté, l’éducation peuvent arriver à la corriger. Il se peut aussi que la culture d’un groupe humain finisse par changer d’elle-même assez rapidement sous la pression des circonstances, d’un contexte différent ; la ‘‘race’’ et ses caractéristiques, hormis mutations improbables, JAMAIS, ou alors tellement lentement que ça revient au même.

— Autrement dit, tu peux améliorer, faire progresser une culture et les personnes qui vont avec ; une ‘‘race’’ et les personnes qui vont avec, jamais.

— Oui, tu as bien compris. Le raciste considère que les personnes censées appartenir à une race inférieure sont, elles-mêmes, des êtres inférieurs voués à le rester pour toujours. En revanche, le culturaliste ne considère pas que les personnes appartenant à une culture arriérée soient des êtres inférieurs vouées à le rester. Ni même que cette culture soit vouée à rester arriérée. Pas plus qu’une culture supérieure aux autres à un moment donné ne soit vouée à le rester de toute éternité. Voilà toute la différence – et elle est immense. Cela dit, voilà qui n’empêche pas l’agressivité d’exister chez certains individus, dans tout groupe humain quel qu’il soit.

— Comme chez le cinglé du troisième. »

Je ris : « Exactement. Un Français bien de chez nous, celui-là.

— Oui… En somme, si je dis que l’agressivité de mes copains arabes est due à leur race, je suis coupable de racisme, mais si je dis qu’elle est culturelle, je le suis pas. Je ne vois toujours pas, concrètement, la différence. »

Tu avais l’air un peu perdue et tu as prétexté un coup de fil à une copine pour souffler un peu.

« Bon, ai-je dit, je crois que ça suffira pour aujourd’hui. On en reparlera demain. »
Chapitre IV


Où l’on parle de race, de culture, d’identité culturelle et de liberté d’expression, ainsi que...
des incohérences de l’antiracisme.




Le lendemain c’est toi, comme toujours, qui a attaqué bille en tête : « Si j’ai bien compris dire que certaines ‘‘races’’ sont supérieures ou inférieures à d’autres, généraliser un comportement à l’ensemble d’une ‘‘race’’, c’est faux et raciste. En revanche, dire qu’une culture est supérieure à une autre, et généraliser un comportement culturel n’est ni faux, ni raciste. Mais si c’est pas du racisme qu’est-ce que c’est, alors ?

— On pourrait appeler ça du ‘‘culturalisme’’, comme tu l’as très bien trouvé toi-même.

— Oui, ça, j’ai compris ; mais ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est en quoi la généralisation ‘‘culturaliste’’ serait vraie, plus vraie que la raciste et moins scandaleuse ? »

M’armant de patience, je décide de reprendre le problème sous un angle un peu différent : « Écoute, en dehors de l’aspect physique, c’est bien par son identité culturelle que l’on peut distinguer tel groupe humain d’un autre, qu’on peut, à la lettre, l’identifier, non ?

— Si.

— Et cette identité, puisqu’elle distingue non des individus mais des groupes d’humains, est bien collective, non ?

— Si, si !

— Donc, qui dit identité collective suppose du pareil, sinon il n’y aurait pas de l’identique, et du général, sans quoi elle ne serait pas collective, non ?

— Si, si ! Enfin…non. Ou plutôt, si !

— Réfléchis au lieu de te payer ma tête.

— Pas besoin de réfléchir : tu parles comme Monsieur de La Palice ! L’identique c’est du pareil et pas du différent tandis que le collectif c’est du général et pas de l’individuel.

— Et moi je dirais même plus : le blanc, c’est pas du noir et si toi, grand-mère, en… non, rien. »

Ta bonne éducation – relative – t’interdit in extremis d’aller jusqu’au bout de cette vieille gauloiserie dont je m’étonne, par devers moi, que tu la connaisses.

Je m’obstine sans prendre la peine de relever : « Par conséquent, il est logique de généraliser à un groupe humain les coutumes, les comportements et les mentalités qui sont celles de sa culture. En bref : c’est leur culture qui façonne, collectivement, à l'identique, les personnes qui se réclament, pour cette raison, de la même identité culturelle.

— Autrement dit : ceux qui ont la même identité culturelle sont pareils et donc sont pas les mêmes que ceux qui en ont une différente ! Tu parles d’une démonstration ! On risque pas la méningite ! La Palice a encore frappé !

— Eh bien oui ! C’est du La Palice ! Je ne te le fais pas dire ! Mais alors qu’on m’explique pourquoi ce raisonnement si évident qu’il est, en effet, une lapalissade, est négligé au point qu’on nous soutient sur tous les tons le contraire, à savoir qu’il ne faut surtout pas généraliser ? Or, l’idée même d’identité collective suppose, comme on vient de le voir, par définition, cette généralisation. Si l’aversion pour le porc est une caractéristique de la culture d’un ensemble d’individus, les individus appartenant à cet ensemble auront tendance à détester le porc. On a presque honte, je te l’accorde, d’avoir à souligner des choses qui tombent à ce point sous le sens.

— Faut quand même pas oublier, c’est toi-même qui l’as dit, qu’il y a toujours des exceptions.

— Oui, justement : il ne faut pas non plus ne voir qu’elles. Les poissons volants, ça existe aussi, mais ils ne constituent pas la majorité de l’espèce, comme disait Jean Gabin. »

Tu ris et puis demandes : « Jean qui ?

— Jean Gabin, ça ne te dit rien ?

— Non, pourquoi ? ça devrait ? »

Je retiens une exclamation d’étonnement et puis admets : « Non, finalement. Normal. C’était un grand acteur de ma génération et certaines de ses répliques sont passées à la postérité comme cette autre : ‘‘Si les cons pouvaient voler, tu serais chef d’escadrille’’. Tu ne la connaissais pas ? »

Tu glousses : « Non. Elle est marrante, n’empêche. »

« N’empêche ? Pourquoi n’empêche ? », ai-je pensé. Ce simple mot qui t’a innocemment échappé, me semble à lui seul résumer le fameux fossé des générations. Je préfère ne pas relever.

« Allons, tant mieux si tu la trouves drôle. Je vois avec plaisir que, malgré la différence d’âge, nous pouvons encore rire des mêmes blagues.

— En tout cas, je n’arrive toujours pas à voir pourquoi il est si scandaleux de généraliser racialement et pas culturellement.

— Parce que, contrairement à la généralisation raciale, la généralisation culturelle suppose TOUJOURS des exceptions. Le façonnage culturel est, en effet, beaucoup moins rigoureux que ne le serait le génétique, le racial. Les Français, par exemple, ont le goût – culturel – de la gaudriole. Pourtant, ne serait-ce que dans la famille0 on connaît quelques exceptions notoires ! Ton oncle Ernest n’est pas spécialement un gai luron !

— Ah, ça tu peux le dire ! Ni le cousin Jules !

— Non plus, en effet ! Et puis surtout, n’oublie pas, encore une fois, qu’une culture peut changer, évoluer ou, même, qu’on peut changer de culture par la volonté personnelle ou l’éducation alors qu’aucun changement racial n’est possible. Avant, d’ailleurs, c’était le rôle de l’école républicaine de permettre aux individus de s’émanciper des carcans identitaires. Aujourd’hui, hélas, elle fait le contraire ! »

Tu t’obstines : « Mais si la culture peut laisser passer de nombreuses exceptions, alors il est encore plus discutable de généraliser culturellement que racialement…

— Non, parce que ces exceptions confirment, selon l’expression consacrée, sinon la règle, du moins la tendance générale sans laquelle il n’y aurait pas, encore une fois, d’identité culturelle collective possible. Dans le cas de la culture, la généralisation indique une tendance. C’est un repère commode. Les généralisations culturelles construites sur l’expérience séculaire de milliers et de milliers d’anonymes, s’appellent ‘‘lieux communs’’. Contrairement à ce qu’en pense l’élite, ou prétendue telle, ils sont souvent précieux pour se repérer dans la jungle humaine, pour la débroussailler, savoir un peu où l’on va mettre les pieds.

— Pourtant l’élite combat, en général, les lieux communs. D’après toi, elle a tort, alors ?

— Oui. Parce que dans son arrogant mépris du peuple, elle ne se fonde, en général, que sur sa seule expérience. Or cette expérience est des plus limitées puisque l’élite n’est formée que d’un très petit nombre de personnes qui vivent entre elles, en vase clos. En outre, elle change parfois d’une époque à l’autre. Elle n’a donc pas forcément le temps d’accumuler l’expérience qui contredirait ses clichés erronés.

— Dans ces cas-là, alors, on ne devrait pas parler de pré-jugés mais de post-jugés ?

— Très juste ! Les ‘‘lieux communs’’ ne sont autres, en effet, que des post-jugés. Ils font partie du trésor de ce qu’on appelait de mon temps la sagesse populaire. C’est bien pourquoi, comme dit le philosophe : ‘‘Si un peu d’expérience éloigne des lieux communs, beaucoup y ramène.’’ C’est comme une boussole, ils ne sont pas suffisants mais nécessaires. Ils expriment une vérité approximative qu’il convient par l’expérience de nuancer. Tes copains arabes ne sont pas plus agressifs que la moyenne parce qu’ils sont arabes mais parce qu’ils sont musulmans et que l’agressivité est considérée dans leur culture comme une qualité virile à ‘‘cultiver’’, justement. Ça fait partie de ces lieux communs que l’expérience vérifie comme toi-même l’as vérifié ; mais tu as aussi vérifié qu’il existe des exceptions.

— Et les Corses, alors, c’est vrai ou pas qu’ils sont cossards ? »

J’aurais dû me douter que tu me poserais cette question ; pourtant je te réponds sans réfléchir : « Oui, enfin… n’exagérons pas ! Je ne connais personne de paresseux dans la famille ! »

L’occasion était trop belle. Tu n’es pas du genre à la laisser passer. Tu ironises aussitôt : « Tiens, tiens ! À ce que je vois, les lieux communs pas flatteurs, c’est surtout valable pour les autres. »

Un peu confuse, je m’empresse de me rattraper : « Tu as raison. Cette réputation est, avouons-le, plutôt fondée, mais le problème n’est pas là : la trop fameuse paresse des Corses ne leur vient pas de gènes ‘‘raciaux’’, mais de leur culture, et il existe de nombreux Corses très travailleurs. D’ailleurs ceux du ‘‘continent’’, comme nous, dis-je en insistant lourdement sur le ‘‘comme nous’’, tout en négligeant ton air moqueur, le sont généralement, travailleurs, parce qu’ils se sont imprégnés d’une autre culture que celle de leur île. »

Tu consens à te satisfaire de ma réponse, pressée de me demander : « Répète voir un peu ton truc, là... sur les lieux communs.

— Mon ‘‘truc’’ ! Tu ne peux pas dire ma ‘‘phrase’’ ? Ce n’est pas difficile, pourtant ! Le voilà, mon ‘‘truc’’ : ‘‘Si un peu d'expérience éloigne des lieux communs, beaucoup y ramène.’’ Tu vérifieras par toi-même, au fur et à mesure que tu vieilliras et accumuleras de l’expérience, l’extraordinaire vérité de cette formule qui n’est pas de moi mais d’un grand philosophe dont j’ai oublié le nom.

— Donc, si je dis que les muslims de ma classe sont plus agressifs que la moyenne, c’est pas du racisme ? » demandes-tu d’un air soulagé.

— Non. Pas plus que de dire que les Corses, culturellement parlant, sont en moyenne plus paresseux que les Bretons. Ainsi, ce n’est pas parce que la plupart des musulmans dans le monde voilent leurs femmes, qu’il existe, chez eux, un gène racial de la misogynie radicale. Même chose pour l’agressivité. Elle n’est aussi qu’une caractéristique culturelle ; donc, en tant que telle et contrairement aux raciales, MO-DI-FIA-BLE. Néanmoins, on peut, grosso modo, la généraliser à condition de tenir compte d’exceptions plus ou moins nombreuses. Tu me suis, maintenant ?

— Oui, je crois. Autrement dit : c’est une erreur de généraliser à partir de la ‘‘race’’, mais c’est valable de le faire, jusqu’à un certain point, à partir de la culture.

Jusqu’à un certain point, voilà, qui varie selon les cultures, selon qu’elles sont plus ou moins ouvertes. Tu as parfaitement compris et résumé. Cela dit, comme la plupart des Arabes sont de culture ou de religion musulmane, il est normal de dire, par commodité, ‘‘les Arabes’’ plutôt que de se fatiguer à préciser chaque fois les ‘‘Arabes musulmans’’.

— Oui, d’accord. Je comprends. Pourtant j’ai idée qu’on me reprocherait quand même de dire ça : qu’ils sont plus agressifs que la moyenne.

— Sans doute. Incohérence supplémentaire : on nous exhorte sur tous les tons, s’agissant des identités culturelles, à respecter leurs ‘‘différences’’, mais quand on pointe, en toute connaissance de cause, ces différences, on est vite traité de raciste. Et puis certains disent aussi : mais il n’y a pas que chez eux. Chez nous aussi il y en a qui font pareil, qui sont comme eux !

— C’est comme ceux qui disent que tout est dans tout et que le tabouret n’est qu’une table comme les autres.

— Très juste. Mais alors, si tout est dans tout, pourquoi tant nous bassiner avec le respect de différences qui n’existeraient que dans notre imagination ?

— En somme, encore un exemple de ce que tu appelles les ‘‘incohérences du politiquement correct’’.

— Exactement. Essaie de dire, par exemple, aux gentils dialogueux antiracistes qu’une des caractéristiques de la culture arabo-musulmane est de respecter la force, la force avant tout : tu les entendras se récrier d’indignation et t’accuser de racisme ! Et pourtant, en ayant ce regard négatif typiquement occidental sur cette caractéristique typiquement arabo-musulmane qu’ils nient parce qu’elle leur paraît détestable, ne sont-ils pas, eux, les véritables intolérants ? Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Nietzsche, un des plus grands philosophes de l’Occident, chantre de la force virile et de l’instinct vital, admirait tant l’islam.

— Hitler aussi l’admirait, à ce qu’il paraît.

— Oui. Lui aussi. Si seulement ces gentils dialogueux se doutaient à quel point les musulmans les méprisent de multiplier les courbettes, les salamalecs à leur intention ainsi que les dialogues perdus d’avance ! »

Tu réfléchis et finis par constater : « C’est vrai qu’on peut pas se convertir à une race, mais à une religion, oui. »

— Très bonne remarque. Tu vois bien que la ‘‘race’’ n’a rien à voir avec la religion, qui elle-même est un phénomène culturel. Critiquer celle-ci ne peut donc être raciste. D’ailleurs, on ne se prive pas de critiquer le catholicisme qui a été le fondement de l’identité française pendant plus d’un millénaire ou le communisme qui a été le fondement de l’identité culturelle de la Russie soviétique pendant soixante ans. La critique est toujours salutaire et féconde. Nous sommes, nous, Occidentaux, bien placés pour le savoir : c’est grâce à elle que nous avons pu atteindre ce développement que le monde entier nous envie.

— Mais que ce soit par racisme ou par ‘‘culturalisme’’, montrer du doigt, en mal, une catégorie de personnes, peut être dangereux, non ? On le sait depuis le nazisme. C’est pour ça que je te disais que je ne voyais pas de différence concrète entre l’un et l’autre.

— Je vais te surprendre : à mon avis aucune opinion, si détestable qu’elle paraisse à certains, n’est dangereuse si elle n’appelle pas explicitement à la violence et si n’importe qui a la liberté de la discuter, de la nuancer ou de la contredire, c’est-à-dire, en somme, si les règles du débat démocratique sont respectées. Par contre toute opinion, si généreuse qu’elle paraisse, est dangereuse si elle devient envahissante, totalitaire, c’est-à-dire si elle ne laisse plus aucun espace ni aucune possibilité aux opinions différentes de s’exprimer. »

L’air ahuri et indigné, tu t’exclames : « Alors tu serais d’accord, par exemple, pour laisser les antisémites exprimer leur antisémitisme ?

— Oui. Ce n’est pas l’antisémitisme qui est dangereux, c’est l’antisémitisme totalitaire de l’Allemagne nazie qui a mobilisé contre les Juifs un colossal appareil de propagande. Si l’on juge l’antisémitisme dangereux au motif que le nazisme a massacré des millions de Juifs, alors l’‘‘antibourgeoisisme’’ est aussi dangereux puisque la Russie soviétique a massacré des millions de bourgeois ou prétendus tels. Or la critique de la bourgeoisie est parfaitement admise, que je sache. Tu connais au moins la chanson de Brel ?

— ‘‘Les bourgeois’’ ? oui, je la connais, tout le monde la connaît. »

Tu te mets aussitôt à fredonner : « Les bourgeois, c’est comme les cochons…

— Tu vois ! Personne ne se gêne pour dire pis que pendre des bourgeois mais on est libre aussi de les défendre et d’en dire du bien. Par contre, si belle que fût l’idée de la ‘‘fin de l’exploitation de l’homme par l’homme’’, devise du communisme, à partir du moment où elle est devenue totalitaire dans la Russie soviétique, qui a mobilisé un formidable appareil de propagande contre la bourgeoisie, et qu’il a été impossible de faire entendre des avis contraires, de s’opposer à la façon dont on mettait en œuvre cette idée – elle a fini par produire des dizaines de millions de morts. Je crains qu’il n’en aille de même avec l’antiracisme et son engouement aveugle pour la ‘‘Diversité’’, comme on dit.

— Voilà que tu es pour le racisme, maintenant ? » me demandes-tu comme si je m’apprêtais à militer pour la réouverture des camps de la mort.

Je décide, cette fois, de réagir : « Inutile de te fatiguer à le prendre sur ce ton avec moi : ça ne marche pas ! Je suis vaccinée. Je vois que, malgré tout, tu es bien de ton époque, de cette génération qui, à la moindre opinion, à la moindre information défavorable à la ‘‘Diversité’’, a pour réflexe de prendre la posture de l’indignation vertueuse. Aujourd’hui, dis seulement que ni les chiffres ‘‘arabes’’ ni le zéro n’ont été inventés par les Arabes, et te voilà suspect de vouloir les expédier dans les camps de la mort.

— Ah, bon ? Les chiffres arabes et le zéro n’ont pas été inventés par les Arabes ?

— Non. Par les Indiens.

— Je savais pas !

— Et pour cause ! tu ne risquais pas de le savoir, pas plus que tu ne risquais de savoir pour la colonisation de l’Espagne par les Arabes. Je suis absolument contre le racisme, le vrai, qui est une horreur ; il n’empêche que je suis aussi pour la liberté d’opinion démocratique. Dans ces conditions mêmes, l’opinion raciste, si elle s’exprime sans insultes véhémentes, sans appel direct à la violence et au meurtre mais à la façon d’une simple opinion qui autorise toutes les réfutations, devrait être libre, parce qu’alors elle est sans danger. Elle devrait être combattue comme une erreur ethnologique, anthropologique, bref, scientifique, ce que, après tout, elle peut très bien être chez certains, et non punie comme un délit, un crime ou un péché. Depuis quand punit-on de prison ou d’amende les erreurs intellectuelles ?
Ce serait revenir au temps de l’Inquisition. Sans droit à l’erreur, il n’y a pas de liberté d’expression possible.

— Si je comprends bien, la liberté d’expression est plus dangereuse à interdire que les idées dites dangereuses.

— Oui, parce que ces idées ne sont dangereuses que si elles deviennent totalitaires, c’est-à-dire si la liberté de les réfuter est interdite ! Tiens ! un exemple qui te fera mieux comprendre : l’affaire Dreyfus. Tu connais ?

— Oui, c’est cet officier juif qui a été injustement condamné pour trahison ?

— Exactement. Il a été condamné à la suite d’un procès inique et uniquement parce qu’il était juif. Voilà du racisme pur et dur. Mais tu sais, aussi, que Dreyfus a fini par être reconnu innocent ?

— Oui.

— Et tu sais grâce à qui ?

— Non, je sais plus.

— Grâce à un officier, le colonel Picquard, qui a découvert les preuves de l’innocence de Dreyfus et qui les a fait prévaloir contre vents et marées au risque d’être renvoyé de l’armée, ou pire. Or, ce colonel devait être lui aussi plus ou moins antisémite comme l’étaient à l’époque les officiers de l’armée française. Il n’empêche que l’injustice et le mensonge, fût-ce contre un Juif, l’ont révolté. Qui est plus estimable, d’après toi : l’antiraciste qui laisse faire ou le raciste qui réagit avec courage pour rétablir la justice et la vérité ?

— Ben... le raciste courageux. N’empêche que...

— Que quoi ?

— N’empêche que le mieux du mieux c’est encore l’antiraciste courageux.

— Certes ! Mais que penses-tu des antiracistes qui pullulent aujourd’hui et qui ne défendent jamais une personne injustement condamnée pour peu qu’elle passe – je dis bien qu’elle passe – pour raciste ?

— Dans ce cas, je préfère ton colonel Picquard, même s’il était antisémite.

— Tu vois bien ! Ce n’est pas l’antiracisme qui l’a fait réagir, mais le sens de la justice et de la vérité joint au courage de dire cette vérité que les antisémites auraient voulu interdire. Le racisme, d’ailleurs, c’est comme l’amour : il n’y a que les actes qui comptent. Je connais des racistes qui ne feraient pas de mal à une mouche et parfaitement capables de compassion de proximité pour un Noir ou un Arabe qu’ils verraient dans la détresse. Par contre je connais des antiracistes, ou se croyant tels (ce serait un autre débat) dont je me méfierais comme de la peste, même si j'étais juive, noire ou arabe.

— En somme, tu es contre le racisme, mais tu es aussi contre l’antiracisme. Faudrait savoir.

— Je ne suis pas contre l’antiracisme. Pas du tout. Je suis contre l’antiracisme totalitaire et mystificateur, nuance. Je suis pour l’antiracisme mais le véritable, qui était, au départ, une idée très noble. Malheureusement il est en train de devenir une idéologie envahissante et totalitaire qui camoufle un répugnant racisme à rebours dirigé contre les Français comme nous. Tu as, d’ailleurs, sans doute remarqué que ce racisme-là n’est jamais condamné par les faiseurs d’opinion si vigilants à dénoncer le nôtre pour la moindre broutille. »

J’insiste : « Tu l’as remarqué ou non ? »

Mais il te reste encore trop d’adhérences de politiquement correct qui entravent ta liberté de penser. Comme si je t’acculais, soudain, à un aveu trop osé, trop dérangeant, tu choisis de rester évasive : « Si je l’ai remarqué ? Oui… enfin, peut-être… maintenant que tu le dis… » Et tu te hâtes d’enchaîner : « En tout cas, on dit que le racisme n’est pas une opinion mais un délit.

— Justement ! Figure-toi que transformer une opinion en délit est le propre des dictatures ! Une opinion, raciste ou non, reste une opinion et n’a pas à être sanctionnée, surtout que, faute de définition plus précise, l’accusation de racisme est mise aujourd’hui à toutes les sauces et sert à tous les règlements de compte.

— C’est quoi, alors, pour toi, le vrai racisme ? Ce n’est pas encore clair dans ma tête.

— La véritable opinion raciste c’est, encore une fois, l’affirmation de l’inégalité irrémédiable entre les ‘‘races’’. Le véritable acte raciste, c’est s’autoriser à s’en prendre à l’intégrité physique, à la vie ou aux biens d’une personne qui n’a fait aucun tort à personne, au seul motif qu’elle appartiendrait à une ‘‘race’’ prétendument inférieure ou nuisible. Sans cette affirmation d’inégalité, il n’y a pas racisme, et sans passage à l’acte, le racisme n’est qu’une opinion pernicieuse qui doit être inlassablement réfutée démocratiquement par l’argumentation. Point final.

— Pourtant, j’ai l’impression moi aussi que, parfois, le mot ‘‘racisme’’ est souvent employé à tort et à travers.

— Oui. Ce n’est que trop vrai. Il est employé ainsi par des gens qui ont intérêt à brouiller les cartes. C’est d’autant plus grave qu’aujourd’hui l’accusation vaut presque preuve. Or, neuf fois sur dix le racisme que condamnent les faiseurs d’opinion n’en n’est pas.

— Par exemple ?

— Pour commencer : d’après le raciste, qu’il s’agisse d’une personne ou de millions ne change rien à son aversion. Un seul arabe est pour le raciste aussi haïssable que des millions. Or tant que les Arabes ont été peu nombreux et se sont comportés comme tout le monde, en gros jusqu’au regroupement familial, les Français n’ont fait aucun rejet des Arabes, ne leur ont voulu aucun mal.

— Ils ne les portaient pas dans leur cœur, non plus, j’imagine ?

— Et pourquoi aurait-il fallu qu’ils les aiment ? Tu aimes les Auvergnats, toi ?

— Euh… je m’en fiche. Ni je les aime ni je les déteste.

— Voilà : ils te laissent indifférents. Eh bien les Arabes nous laissaient indifférents. Et c’est la réaction la plus naturelle, la plus saine et, selon moi, la moins raciste qui soit.

— OK. Donc, les Français étaient pas racistes.

— Non, en dehors d’exceptions qui, comme je te l’ai expliqué, existent toujours et confirment la règle. Ils étaient même sans doute – et sont encore – un des peuples les moins racistes au monde.

— Et qu’est-ce que tu appelles le ‘‘faux racisme’’ ?

— Tu me demandes des exemples de faux racisme ? Eh bien, justement, dénoncer l’invasion et la colonisation d’un pays par des millions d’étrangers qui ne le respectent pas n’est en rien du racisme, ni de la xénophobie, mais du patriotisme, de l’instinct de conservation identitaire et national. Ou encore : quand on subit soi-même (ou ses proches ou ses connaissances) des nuisances répétées de la part d’individus appartenant tous, toujours et partout à la même communauté, en vouloir à cette communauté, la prendre en grippe, la critiquer sans pour autant passer à la castagne, n’est en rien du racisme mais de l’exaspération légitime. »

Tu daignes en convenir : « Ben, faudrait être des saints pour réagir autrement ! Déjà que c’est galère d’aimer comme il faut les gens qui vous aiment et qui se mettent en quatre pour vous, alors ceux qui vous détestent…

— Tu as raison. Mais si l’antiracisme exige de la sainteté, c’est qu’il y a maldonne quelque part, car l’être humain n’est pas programmé pour la sainteté. Et je peux t’assurer que tous ces parangons d’antiracisme sont tout sauf des saints !
Tiens, encore un exemple de cette stratégie du ‘‘deux poids, deux mesures’’ au détriment des Français comme toi et moi dont on a déjà parlé, au sujet de la colonisation : tu te souviens qu’hier, aux informations, on a rendu compte d’une cérémonie qui a lieu chaque année, cérémonie pendant laquelle des célébrités de la politique viennent déposer des fleurs à l’endroit où un ‘‘Arabe’’ a été tué par un Français comme nous il y a quinze ans.

— Oui, je m’en souviens parfaitement.

— Eh bien, est-ce que le nom de Jean-Claude Irvoas te dit quelque chose ?

— Non, pas du tout.

— Le contraire m’eût étonnée. Ce nom ne te dit rien parce que les médias n’en parlent jamais, et n’en ont jamais parlé même quand celui qui le portait, un paisible père de famille, photographe de son état, a été battu à mort devant sa femme et sa petite fille par des jeunes issus de l’immigration africaine.

— Pour quelle raison ?

— Pour rien ! ou plutôt uniquement parce qu’il était blanc d’origine européenne, comme nous. Il se contentait de photographier les réverbères de je ne sais plus quelle banlieue africaine. Pourtant, aucune commémoration annuelle ne vient rappeler au souvenir des Français cet horrible assassinat, autrement plus horrible que celui de ce pauvre homme poussé dans la Seine, à la suite d’une altercation lors d’une belle journée ensoleillée de mai. Malheureusement il ne savait pas nager, détail que, à une époque où tout le monde sait nager, devait ignorer son meurtrier.

— Bien plus horrible aussi que les deux qui se sont électrocutés tout seuls l’année dernière. Ceux-là, on risque pas de les oublier, non plus : pendant des jours on n’a entendu parler que d’eux !

— Tu vois ! Très bon exemple. Les antiracistes de profession ont si peu de racisme authentique à reprocher aux Français comme nous qu’ils en sont réduits à bricoler les fonds de tiroir – ou plutôt de transformateurs. C’est ainsi qu’ils s’acharnent à faire passer la mort de deux petits voyous qui, afin d’échapper à un contrôle de police, se sont tués tout seuls en se réfugiant dans un transformateur, pour un cas d’abominable racisme ! Et que je te commémore ! et que je te ‘‘défile-dans-la-dignité’’ – après l’émeute de rigueur, quand même, faut pas pousser ! Comme si ces deux pauvres idiots étaient morts en martyrs d’une noble cause !
— En somme, ces antiracistes seraient des faussaires en racisme.

— Oui, on peut dire ça ! Et pourquoi les médias et les responsables politiques commémorent-ils les uns et ignorent-ils les autres ?

— Parce que les uns sont des Rebeus ou des Blacks, et les autres des comme toi et moi, j’ai compris.

— Voilà ! Et Jean-Claude Irvoas est loin d’être le seul de son espèce à avoir été aussi affreusement assassiné pour rien par des jeunes issus de l’immigration africaine. Il y aurait même un véritable martyrologue à établir.

— En tout cas, j’avais remarqué quand même quelque chose : quand un Rebeu ou un Black est tué par un Blanc comme nous, accidentellement ou non, ça déclenche aussitôt des émeutes dans la cité et tout le monde a l’air de trouver ça normal. Par contre, quand c’est un Blanc comme nous qui est tué par un Arabe ou un Noir, il n’y a jamais d’émeutes.

— Très juste. Tu l’avais remarqué, et sûrement, d’autres choses encore, mais tu faisais ainsi que la plupart des Français tels que nous, comme si tu ne l’avais pas remarqué. Tu l’avais ‘‘refoulé’’, dirais-je, en termes de psychanalyse. Mais gare au retour du refoulé ! Il est rare qu’il se passe sans dégâts. On reprend demain ?

— OK. »

Notre conversation quotidienne a pris désormais sa vitesse de croisière. Nous avons senti toutes les deux au même moment quand il fallait arrêter.
Chapitre V


Où l’on parle d’islamophobie, d’anthropophageophobie et d’identité française



Le lendemain.

C’est encore toi qui reprends le fil de la veille : « Alors, d’après toi, dans un pays démocratique, on devrait laisser libres de s’exprimer les racistes antiarabes, antinoirs ou antisémites, et les ‘‘culturalistes’’ antimusulmans…

— Oui, autant que les racistes antiblancs et les ‘‘culturalistes’’ antichrétiens, à la condition expresse qu’ils n’incitent jamais à la violence, ce qui d’ailleurs, dans une démocratie est – ou devrait être – sanctionné par la justice. Pourquoi l’affreux rap que tu écoutes avec tes copains est-il si dangereux ? »

Tu protestes : « J’en écoute plus depuis un moment.

— C’est heureux. Je me suis toujours demandée comment vous pouviez supporter ces... ‘‘productions’’ – impossible d’appeler ça de la chanson ou de l’art – si injurieuses et humiliantes à votre encontre. Pourquoi, disais-je, ce rap haineux est-il si dangereux ? Parce qu’il est à sens unique, à savoir exclusivement dirigé contre les Français comme nous. Non seulement c’est un appel incessant à nous humilier et à nous maltraiter gravement, mais un rap inverse, antinoir ou antiarabe, même modéré, ou simplement problanc, n’aurait pas l’ombre d’une chance de se faire entendre. Par conséquent, c’est un phénomène qui relève du totalitarisme.

— Alors pour toi, il ne doit pas y avoir de limites à la liberté d’expression ?

— Non. Aucune. La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et de la paix civile. Si l’on interdit aux gens d’exprimer ce qu’ils pensent, il est normal qu’ils cherchent à le faire par la violence. Sans liberté d’expression, la démocratie n’est plus qu’un mot vide de sens. Donc, en ce qui concerne les cultures, la critique à leur encontre devrait être libre par principe démocratique et, en outre, parce qu’elle leur est indispensable.

— Comment ça ? Pourquoi la critique est indispensable aux cultures ?

— Rappelle-toi, encore une fois, ce que je t’ai dit : une culture peut changer, se corriger, progresser. Mais comment pourrait-elle le faire si elle s’estime parfaite, inattaquable ? Je pense en particulier à la culture engendrée par cette religion qui n’admet aucune critique, aucun reproche, aucune plaisanterie à son encontre et essaie de les faire passer pour des diffamations racistes… Ah, zut ! À mon âge, la mémoire joue de ces tours ! Voilà que, soudain, le nom m’échappe… »

Ta réponse fuse instantanément : « L’islam ?

— Tiens ? et pourquoi l’islam ? Pourquoi pas le christianisme ou le bouddhisme ?

— Heu... ben… parce qu’on parle des musulmans depuis deux jours, c’te question !

— Des musulmans, oui, un peu, pas tant que ça, mais pas du tout de l’islam. M’est avis que c’est plutôt ton inconscient qui a parlé et l’espace d’une fraction de seconde il a pris ton inhibition de vitesse. J’ai idée que ça t’aurait échappé de toute façon.
Mais, bon : admettons. Comme l’islam, oui, qui va jusqu’à légitimer la mort contre les apostats.

— C’est quoi, un ‘‘apostat’’ ?

— C’est quelqu’un qui renonce à sa religion pour une autre ou qui l’abandonne purement et simplement. Or, pour les autorités religieuses de l’islam, la moindre entorse à leur religion peut être assimilée à de l’apostasie. En fait, ces cultures intolérantes au vrai sens du terme – c’est-à-dire qui ne supportent, encore une fois, ni la critique, ni le reproche, ni la moindre moquerie, qui se replient sur elles-mêmes pour ne pas subir la contagion des autres – fonctionnent presque comme un code, un programme génétique puisqu’elles ne laissent que très peu de chance d’échapper au moule originel.

— Elles, non plus, alors, ne laissent pas le choix.

— Non, en effet. Et l’exaltation tellement à la mode des ‘‘différences’’, la sacralisation des identités culturelles, ne peuvent qu’aggraver le phénomène, car on renâcle d’autant plus à échapper au moule originel qu’il est ressenti comme sacré. La sacralisation des cultures raréfie donc les exceptions et rétablit la rigidité des mentalités et des comportements, rendant tout changement éventuel, si nécessaire soit-il, impossible. Autrement dit, elle anéantit la supériorité radicale de la culture par rapport à la ‘‘race’’, à savoir : la faculté d’adaptation.

— Par conséquent, ces cultures auxquelles on ne peut pas échapper tiennent un peu lieu de races ?

— Exactement ! Sauf que leur sacralisation produit, mais pour de bon, les effets que l’on reprochait, à tort, hier, aux races ! L’idée de caractéristiques générales et à jamais non modifiables associées à la race, idée que l’on croyait avoir chassée définitivement par la grande porte, revient par la fenêtre sous la forme de la sacralisation des identités culturelles. C’était bien la peine ! Comme la race, la culture quand elle est sacralisée, ne laisse, en effet, plus aucune liberté de choix à l’individu : le programme culturel fonctionne alors comme un programme génétique et fabrique un ghetto mental avant de fabriquer de véritables ghettos où les gens ne se supportent plus qu’entre eux.

— Et pourtant, comme rien d’humain n’est parfait, chaque culture doit forcément avoir ses défauts.

— Bien sûr ! Ses défauts et ses et ses démons. Encore faut-il être capable de bien les connaître pour les corriger, comme nous, Occidentaux, ne cessons de le faire. Ainsi attribuer, à priori, par pure malveillance, certains défauts à telle ou telle communauté ethnique est, certes, raciste, mais refuser de voir, à postériori, par pur parti pris idéologique, ceux qui sautent aux yeux est aussi malsain et aussi gros de catastrophes. »

De nouveau tu t’obstines : « N’empêche que cette généralisation peut être également dangereuse. Elle peut dégénérer en violences injustes contre des innocents.

— Peut-être, il faut toujours rester vigilant… sauf qu’aujourd’hui ce sont plutôt les gens comme nous qui sont les victimes innocentes de ces cultures intraitables. Et puis, quoi qu’il en soit, à qui, encore une fois, la faute, sinon à ceux qui les sacralisent, ces cultures ? Sans cette sacralisation qui rend vain tout espoir de voir se corriger des comportements identitaires insupportables ou incompatibles avec les nôtres, on n’aurait pas ce sentiment d’impuissance, d’exaspération, et ça changerait tout.

— En somme, avoue-le, tout ça pour dire que tu es islamophobe.

— Et après ? Appelle ça comme tu veux : islamophobe ou anti-islam. Si tu veux dire par là que je critique l’islam, en effet. Et c’est mon droit le plus strict de bonne républicaine. Que seraient une république, une démocratie, sans le droit de libre critique ? Je t’ai expliqué pourquoi celle-ci est toujours féconde ; mais, en outre, elle honore les critiqués.

— Ah, bon ? ironises-tu, comment ça ? À les voir et à les entendre, ils donnent pas l’air d’être tellement honorés, pourtant.

— Eh bien, tant pis pour eux ! Parce qu’être critiqués suppose chez eux la capacité de réfléchir, de raisonner et, éventuellement, d’évoluer. Ce n’est pas pour rien qu’on s’abstient de critiquer les fous, les très jeunes enfants ou… les animaux. C’est donc bien une façon d’honorer les musulmans que de les critiquer et la preuve que le racisme n’a rien à y voir.

— Ça peut-être aussi du racisme déguisé...

— Parfois, peut-être, mais on n’en sait rien, sauf à faire de continuels procès d’intention ou en sorcellerie ! Or ce genre de procès, on peut les faire à propos de n’importe quelle opinion. Il faudrait donc les interdire toutes. ‘‘Tout est suspect aux soupçonneux.’’

— Proverbe du Monomotapa ?

— Non : proverbe dogon. Si, si, je t’assure : dogon. Oui, ‘‘tout est suspect au soupçonneux’’ et nul n’est plus soupçonneux qu’un antiraciste de profession. Tu l’as bien compris, j’espère, quand j’ai fait mon antiraciste avec ta plaisanterie sur le décrêpage de cheveux. Et puis, qu’est-ce que je t’ai expliqué sur les caractéristiques raciales ?

— Euh... qu’il était impossible de les faire changer !

— Eh bien, si tu critiques les musulmans, c’est que tu supposes qu’ils peuvent changer. C’est donc tout le contraire d’une démarche raciste ! C’est pourquoi le fait d’assimiler l’islamophobie au racisme est, en réalité, bien plus raciste que l’islamophobie elle-même. Cela signifie que l’islam serait indissociable de la race arabe, qu’il ferait partie de ses gènes, que, donc, cette race n’aurait pas d’autre possibilité que produire de l’islam comme un Noir produit de la mélanine et qu’il lui serait impossible d’y échapper.

— Ça revient presque à dire, à la limite, que le ramadan, le voilage des femmes seraient dans les gènes des Arabes, qu’ils les auraient, comme on dit, dans le sang ! Et là où y a du gène y a pas de plaisir ! »

Je ne peux m’empêcher de rire.

« Oh… pas mal ! Enfin, comme tu vois, c’est non seulement tout à fait absurde, mais totalement faux, car il existe encore de nombreux Arabes qui ne sont pas musulmans, mais chrétiens. Ils ont même été longtemps bien plus nombreux que les musulmans. S’ils sont devenus ultra minoritaires dans leurs pays d’origine c’est parce que, à force d’être persécutés, ils les ont quittés peu à peu ou se sont convertis à l’islam. Or, ces Arabes chrétiens n’ont pas du tout la même mentalité ni les mêmes comportements que les musulmans. Assimiler donc tous les Arabes à des musulmans c'est tomber en plein dans cette inéluctabilité et cette généralisation abusive que les antiracistes sont pourtant les premiers à dénoncer…

— Et est-ce qu’il y a des musulmans non arabes ?

— Bien sûr ! Si tu comptes les Nigériens, les Maliens, les Turcs, les Afghans, les Pakistanais, les Indonésiens et j’en passe, qui n’appartiennent pas à la ‘‘race’’ arabe. Ils sont même de très loin la majorité. À plus forte raison pour ne pas assimiler l’islamophobie à du racisme antiarabe !

— C’est comme j’ai dit tout à l’heure : un Arabe peut se convertir au bouddhisme ou au christianisme, mais un bouddhiste ou un chrétien ne peut se convertir à la race arabe.

— Très juste. Argument imparable. On ne le répètera jamais assez : une religion n’est pas une race. Il ne peut donc être ‘‘raciste’’ de la critiquer. Je suis, parmi tant d’autres, très critique à l’encontre de l’islam comme beaucoup l’ont été à l’encontre du communisme ou du nazisme et comme, aujourd’hui, beaucoup le sont, encore, à l’encontre du christianisme.

— Ce sont des ‘‘christianophobes’’, alors ?

— Oui, exactement : ceux qui critiquent le christianisme – et Dieu sait qu’ils ne se gênent pas pour le faire ouvertement – sont des christianophobes.

— Et pourtant, il me semble pas que les chrétiens se scandalisent de ça.

— Tu as raison. Preuve qu’ils sont tolérants, eux. La vraie tolérance, en effet, n’est pas de clamer, comme le font les médias : ‘‘Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.’’ Le seul critère valable de la tolérance est de tolérer… la critique contre soi-même ! Tiens, prends Nietzsche, encore une fois. Autant il admirait l’islam, autant il détestait le christianisme. Rien ne peut se comparer à la haine féroce qu’il manifeste dans ses écrits contre cette religion. Même la pire des ‘‘islamophobies’’ chez nous n’est rien comparée à la fureur christianophobe de ce célèbre philosophe. Eh bien, jamais il n’a été menacé d’amende, de procès ou, encore moins, de prison. D’ailleurs, nous autres islamophobes, ne dénions pas le droit à ceux qui défendent l’opinion contraire à la nôtre, aux islamophiles, de vanter urbi et orbi les vertus de l’islam, de le proclamer une religion de paix, d’amour et de tolérance, si ça leur chante ; mais à condition qu’ils nous accordent le même droit de dire que nous ne sommes pas d’accord, ce qui est très loin d’être le cas !

— En somme, ce sont les islamophiles qui sont totalitaires et pas les islamophobes…

— En effet. »

Tu gardes un moment le silence avant de remarquer : « Sûr que si on me dit que je suis belle et intelligente, je vais tolérer facilement cette opinion !

— Évidemment ! Donc, rien de raciste dans l’islamophobie. ‘‘Phobie’’ veut dire simplement ‘‘peur’’. Quelle loi pourrait, sans ridicule, prétendre interdire la peur ?

— C’est vrai ! Interdire la peur serait aussi idiot que d’interdire l’amour ou le rendre obligatoire.

— Tout juste. Oui, j’ai peur de l’islam parce que l'islam lui-même abonde en phobies de toutes sortes : phobie des non-musulmans, des juifs en particulier, phobie des homosexuels, phobie des femmes, phobie des apostats, phobie des blasphémateurs ou supposés tels, et j’en passe. Même les chiens, nos braves toutous de compagnie, sont détestés par les musulmans. Et ces phobies s’expriment non par de simples critiques comme les nôtres, mais par des exhortations au meurtre !

— On te dira que tout ça c’est que des racontars ou des préjugés.

— Oui, je sais. La seule excuse – si tant est que c’en soit une – de ceux qui disent ça est qu’ils n’ont lu aucun des livres sacrés de l’islam et qu’ils se contentent de quelques citations coraniques tirées du contexte, car sinon, ce ne seraient que des menteurs éhontés.

— Pourquoi tu parles au pluriel ? Il n’y a pas que le Coran comme livre sacré ?

— Non, justement. On ébruite peu qu’il existe deux autres livres, aussi sacrés, à un dixième de poil près, que le Coran pour les musulmans : la Sira ou ‘‘Vie du prophète’’ et la Sunna. Or que nous dit la Sira ? Que Mahomet était un homme qui s’est imposé par la terreur en faisant, par exemple, assassiner, entre autres victimes innocentes, un vieillard et une femme poète qui n’avaient commis comme seul crime que de se moquer de lui !

— Tout le contraire de Jésus-Christ, en somme. Et de Bouddha.

— En effet ! Et la Sunna, recueil d’anecdotes concernant Mahomet et de paroles prononcées par lui, confirme aussi que c’est bien l’idée de violence qui domine dans l’islam. La lecture de la Sira et de la Sunna annule donc l’effet des – rares – versets ambigus ou tolérants que l’on peut lire dans le Coran et qui, du reste, ont été abrogés par Mahomet lui-même à partir de Médine, ce que très peu de gens savent, parce qu’on se garde bien de le faire savoir.

— Pourtant on dit aussi qu’il y a d’un côté l’islam et de l’autre l’islamisme, qu’ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre et que seul l’islamisme est violent.

— On le dit, oui. Mais alors, de deux choses l’une : ou bien Mahomet, prophète de l’islam, homme qui s’est imposé par la terreur et a toujours agi en islamiste, est musulman, et c’est la preuve que l’islam et l’islamisme ne font qu’un. Ou bien Mahomet est islamiste et, s’il est islamiste – puisqu’on nous dit que l’islamisme n’est pas l’islam – Mahomet n’est pas musulman ; mais alors, comment le prophète et l’inventeur de l’islam pourrait-il ne pas être musulman ? CQFD. »

Tu hoches la tête, en signe d’accord, mais tu ne veux toujours pas rendre les armes : « Il y a quand même des musulmans modérés, non ?

— Bien sûr, et heureusement ! Des musulmans modérés il y en a beaucoup, par tempérament, inclination naturelle, mais il n’y a pas d’islam modéré, en sorte que tout modérés qu’ils soient, ils sont pris dans un système qui lui ne l’est pas et qui les oblige, ne serait-ce que par la peur qu’il inspire, à rester dans le rang. Il faut même que ces peuples convertis à l’islam aient gardé des qualités humaines bien ancrées pour ne pas sombrer davantage encore dans la violence. En fait, dis-toi bien que si on fait ce distinguo entre l’islam et l’islamisme, un distinguo tout récent comme par hasard, c’est simplement une astuce pour interdire toute critique du premier.

— Et est-ce qu’on fait la différence entre chrétiens et ‘‘christianistes’’ pour désigner les chrétiens que l’on considère comme des fanatiques intégristes ?

— Non. Tu vois bien.

— Comment pourrait-on interdire, par conséquent, que s’exprime la phobie de l’islam sous la simple forme de critique, alors qu’on autorise les phobies criminogènes enseignées par cette religion, la christianophobie de nos ‘‘‘‘élites’’’’ ou la haine antifrançaise sauvage, féroce, des rappeurs ?

— Pour les rappeurs, on te répondra que ce sont des artistes et qu’il faut les laisser libres de s’exprimer.

— Artistes ! Dans mon extrême jeunesse, le pétomane aussi se disait ‘‘artiste’’. Aujourd’hui, au nom du relativisme culturel, on nous ferait croire pour un peu que le pétomane vaut Mozart ! Et puis l’art a bon dos. Quel artiste, français comme nous, pourrait, au nom de cette fameuse liberté artistique, se produire sur scène ou sur vidéos avec des textes aussi haineux contre les Arabes et les Noirs ?

— Là, tu as raison. Aucun, je crois.

— Toujours cet insupportable ‘‘deux poids, deux mesures’’. Sache, d’autre part, que les plus grands auteurs, les plus grands penseurs des siècles passés, de Voltaire à Lévi-Strauss, en passant par Gibbon, Hugo, Churchill, De Gaulle, Kateb Yacine, Jacques Ellul, Malraux, l’admirable Lawrence Durrell, le prix Nobel anglo-indien Naipaul, et bien d’autres, étaient ou sont islamophobes. Avoue que je suis en meilleure compagnie qu’avec Diam’s ou Cali. Cela dit, il n’y a pas que l’islam qui prône la violence. Chez nous, en Occident, l’idéologie gauchiste aussi. À propos, tu es pour ou contre le cannibalisme, l’anthropophagie ? »

Tu hausses les épaules : « Contre, c'te question !

— Malheureuse ! Tu as de la chance que le cannibalisme ait disparu.

— Pourquoi ?

— Parce que, sinon, on te reprocherait d’offenser les ethnies qui pratiquent ce rite religieux.

—On m’accuserait de ‘‘cannibalophobie’’ ?

— Parfaitement ! D’anthropophageophobie, plus exactement. Et bien entendu de racisme. »

Tu prends un air songeur et entendu : « Ah, oui… je vois… » avant de demander : « Au fait, si tu critiques ou insultes une personne, est-ce que tu peux être condamné par la justice ?

— Non. Sauf s’il y a diffamation. Encore faut-il la prouver ! Si la justice estime qu’elle ne l’est pas, le plaignant sera débouté. Tu peux crier sur les toits que tel ou tel ministre est un incapable mais tu ne peux le traiter de voleur ou de pédophile sans preuves.

— Alors comment se fait-il que ce qui vaut pour les individus ne vaut pas pour les communautés ethniques ou les religions ?

— Tout dépend des communautés et des religions. Sois plus claire.

— J’ai l’impression que toute critique à l’encontre de la communauté musulmane de France ou de l’islam est automatiquement assimilée à une diffamation qui n’a même pas besoin d’être prouvée.

— Oui, tu as parfaitement raison. Non seulement la justice ne cherche même pas à rassembler les preuves de la diffamation, mais encore, en l’occurrence, celle-ci est assimilée aussitôt à une incitation à la haine raciale et aboutit neuf fois sur dix à la condamnation de l’accusé. Ainsi de l’affaire Louis Chagnon : ce professeur d’histoire et de géographie avait enseigné à ses élèves, pendant une leçon sur l’islam, que le prophète Mahomet avait pillé des caravanes et égorgé tous les hommes adultes, 700 ou 800, d’une tribu juive vaincue par lui. Il a été aussitôt poursuivi par la justice pour incitation à la haine raciale et présenté par les médias comme un abominable raciste. Heureusement, il a fait appel, et la justice cette fois a consenti à faire son travail. Elle s’est penchée sur la vie de Mahomet et a tenu compte des preuves évidentes accréditant ce qu’avait enseigné ce professeur, lequel, une fois n’est pas coutume, a été acquitté. Ces faits sont d’ailleurs bien connus des musulmans eux-mêmes puisque, comme je te l’ai dit, ils sont rapportés dans leurs livres saints.

— Mais alors pourquoi avoir aussitôt condamné ce professeur s’il était aussi évident qu’il avait raison ?

— Parce que, d’une part, la justice, comme la plupart des Français, ne connaît rien à l’islam et que, d’autre part, elle fait du zèle antiraciste chaque fois que le raciste supposé est un Français comme nous.

— Mais c’est quand même le rôle de la justice de découvrir l’exacte vérité ; sinon, à quoi elle sert ?

— Hélas, on peut en effet se demander quand une justice, au lieu de servir la vérité, est aux ordres d’une idéologie totalitaire, ce qui est de plus en plus le cas en France, si elle mérite encore le nom de justice. Enfin, les musulmans se doivent d’admirer sans restriction aucune les actions de leur Prophète, si choquantes soient-elles, ou nous paraissent-elles telles, à nous, Occidentaux. Et ils jugent blasphémateur celui qui ne les admire pas, qui n’en parle pas sur un ton élogieux, ou du moins avec une neutralité bienveillante.

— Pas étonnant, alors, que ce Mahomet pousse tant de gens à devenir des… »

Je me hâte de te couper la parole : « Ne dis jamais ça de ceux qui imitent Mahomet !

— Quoi ‘‘ça’’ ? Mais j’ai rien dit !

— Oui, mais tu allais le dire ! Sache que ceux qui imitent Mahomet sont juste de bons musulmans un poil plus pieux que les autres, et qui veulent seulement être certains d’entrer au Paradis. Il faut bien te mettre dans la tête que l’islam est une religion de paix, d’amour et de tolérance et que les individus qui disent le contraire ne méritent que d’être zig… euh… ignorés ! je veux dire. C’est ça : ignorés ! »

Ma petite comédie tombe à plat. Tu sembles poursuivre une idée et n’avoir rien entendu. « À quoi penses-tu ?

— À Napoléon. Pour la plupart des Corses, c’est presque un dieu, non ?

— Oui, on pourrait dire ça. Il est l’objet d’un véritable culte. D’ailleurs certains l’ont surnommé le Mahomet de la Corse. En tout cas, pour la plupart des Corses c’est un très grand homme.

— Mais ailleurs, je crois que beaucoup le détestent.

— Oui. Ceux qui le détestent l’assimilent à un massacreur digne d’Hitler.

— Et ils ne se gênent pas pour le proclamer?

— Non. Ni pour l'écrire dans des livres dont ils viennent parler à la télévision.

— Est-ce que les Corses ont poursuivi en justice pour napoléophobie, corsophobie, ou racisme anticorse, appelle ça comme tu veux, ceux qui comparent Napoléon à une sorte d’Hitler ?

— Évidemment non ! Ni ceux qui critiquent son code civil.

— Alors pourquoi ceux qui détestent Mahomet et son Coran seraient-ils poursuivis pour islamophobie et ceux qui détestent Napoléon et son code civil ne le seraient-il pas pour napoléophobie ou corsophobie ? » lances-tu, toute fière de ton raisonnement et comme si tu étais la première surprise de l’avoir trouvé.

J’applaudis et te félicite à nouveau, heureuse de ne pas avoir méjugé tes capacités de réflexion.

« En fait, reprends-je, la responsabilité de cette situation incombe à une loi, la loi Gayssot, prise, au début, pour épargner aux Juifs de nouvelles persécutions, hélas, toujours à craindre. Or cette loi est liberticide et, comme tout ce qui est liberticide dans le domaine de l’expression, elle finit par avoir des effets pervers. Aujourd’hui cette loi est en train de protéger plus les nouveaux persécuteurs que les anciens persécutés, les Juifs, et les nouveaux : les Français comme nous.

— N’empêche que les Arabes, eux, ont toléré les trois religions, surtout en Espagne.

— Oui : le fameux mythe d’Al-Andalous et de sa tolérance ! Car c’est bien d’un mythe qu’il s’agit. D’abord, l’Espagne au XVIIe siècle comptait des millions de chrétiens et quelques dizaines de milliers de juifs. Une fois le pays conquis par les musulmans, celui-ci comptait donc, par la force des choses, des chrétiens, des juifs et des musulmans. Ce n’est pas de la tolérance, c’est de l’arithmétique. Exactement comme l’Algérie colonisée, laquelle comptait sur son territoire, outre les musulmans, des juifs et des chrétiens. De plus, ils ont vécu ensemble au moins en aussi bonne intelligence qu’en Espagne, et sans doute bien plus, avec, en prime, des libres penseurs et des athées avérés.

— Alors pourquoi on vante jamais l’Algérie française comme modèle de tolérance ?

— Parce qu’il s’agit de dénigrer notre pays au maximum, tout en valorisant les pays africains, en particulier musulmans, afin de justifier le « Grand Remplacement » de notre peuple – expression inventée par l’écrivain Renaud Camus – par des populations venues d’Afrique. C’est ce que je vais essayer de te faire comprendre tout au long de ces conversations.

— Pourtant on parle toujours des minorités protégées en terre d’islam.

— Dis-moi : je vois que, mine de rien, tu t’y connais drôlement en politiquement correct.

— Oui. Je m’étonne parfois moi-même », me réponds-tu, mi-figue, mi-raisin.

— ‘‘Minorités protégées’’ ! C’est jouer sur les mots. Et de quelle façon ! On cherche à nous faire honte en nous faisant croire que les minorités religieuses étaient protégées en terre d’islam et qu’elles étaient persécutées chez nous, d’où la légende de la tolérance islamique. Rien n’est plus faux. Et d’abord : protégées de qui, d’après toi ?

— Ben, de leurs ennemis.

— Et qui pouvaient bien être les ennemis des chrétiens ou des juifs en terre d’islam ?

— Ben… je sais pas.

— Si, tu sais. Réfléchis bien : les bouddhistes ? Les adorateurs du feu, du Bison blanc ? Les communistes ? »

Tu hausses les épaules.

« Bien sûr que non !

— Alors qui ?

— Ben… à part les musulmans, je vois pas.

— Les musulmans. Tout juste. Les chrétiens et les juifs étaient, donc, censés être protégés de leurs ennemis par… leurs ennemis, eux-mêmes ! On imagine la qualité de la protection ! Les membres des minorités dites ‘‘protégées’’ ne devaient leur survie précaire qu’à la condition de raser les murs, de se soumettre à des règles discriminatoires extraordinairement humiliantes à côté desquelles l’étoile jaune des Juifs fait figure d’aimable fantaisie.

— Oui, drôles de ‘‘protecteurs’’, conviens-tu. On dirait la relation du ‘‘souteneur’’ à sa pute : des torgnoles tant qu’elle file doux, histoire de ne pas perdre la main, la mort si elle se rebiffe.

— Il y a de ça. De plus ces ‘‘protégés’’ devaient payer un impôt spécial à leurs maîtres musulmans, véritable racket légal.

— Ils devaient payer pour rester en vie, quoi…

— Oui, en quelque sorte. On appelle dhimma cette relation véritablement mafieuse faite d’un ensemble de règles discriminatoires de tous ordres. Ces règles étaient imposées par les musulmans aux non-musulmans monothéistes ou dhimmis, et aux dépens de ces derniers.

— Et les autres, alors, les non-monothéistes ?

— C’était la conversion à l’islam ou la mort.

— Je vois. Tu parles d’une tolérance !

— Je ne te le fais pas dire ! Certes, en comparaison les dhimmis étaient mieux traités, mais les dispositions prétendument destinées à empêcher les persécutions des dhimmis étaient en elles-mêmes, déjà, d’intolérables persécutions qui, au reste, ne leur épargnaient même pas les autres, comme l’obéissance de la pute ne lui épargne pas les coups de son ‘‘souteneur’’. En effet, il suffisait d’une rumeur presque toujours sans fondement, de sacrilège à l’encontre de l’islam, ou de la moindre entorse à ces règles de soumission, pour que la rue musulmane se déchaînât en pogromes meurtriers contre eux, comme il ne cesse de s’en produire encore aujourd’hui contre ces malheureux chrétiens en Egypte ou en Irak.

— En tout cas, on dirait que nous, nous sommes déjà des dhimmis.

— Hélas, oui, sauf que nous avons fait nous même le lit de notre propre dhimmitude, comme le disait il y a, déjà, vingt ans, le grand philosophe Jacques Ellul. En réalité, ce n’est pas tant que l’envie leur ait manqué d’en finir avec les chrétiens ; mais comment auraient-ils pu exterminer des populations qui étaient bien plus nombreuses qu’eux et dont ils ont eu besoin, du moins au début, pour administrer les pays conquis ?

— Pourquoi ils avaient besoin des dhimmis ?

— Parce que la culture tribale et le petit nombre des conquérants les rendaient incapables d’administrer les pays conquis. Doit-on être reconnaissant aux gens du mal qu’ils n’ont pas pu vous faire ? Doit-on être reconnaissant à des intrus qui s’installent chez vous d’accepter un minimum votre style de vie ? Est-on reconnaissant aux juifs d’avoir toléré le christianisme dans les pays… chrétiens ?

— Ben… non.

— Et pourquoi, d’après toi ?

— Euh… parce que ça allait de soi.

— Voilà : ça allait de soi. Et il n’est jamais venu aux juifs l’idée de se flatter de leur tolérance à l’égard des chrétiens chez qui ils s’étaient installés. Pourquoi faudrait-il alors admirer éperdument les Arabes d’avoir ‘‘toléré’’, avec tous les guillemets possibles, les chrétiens dans un pays chrétien ?

— Logiquement, c’est plutôt les Espagnols, alors, qu’il faudrait féliciter d’avoir toléré pendant huit siècles les musulmans en Espagne.

— En effet ! Huit siècles pendant lesquels les Espagnols n’ont jamais renoncé à reconquérir leur pays, comme les Algériens le leur. Mais là encore, considère la différence de traitement : alors que les Pieds-noirs n’ont eu droit à aucune compassion quand ils ont dû abandonner leur pays natal, mille ans après on verse encore des larmes sur les musulmans et les juifs qui ont dû quitter l’Espagne, et on s’émerveille que leurs descendants aient gardé pieusement, dit-on, les clés de leur maison d’Andalousie ! En fait, les Arabes ont choisi une voix plus machiavélique que l’extermination impossible des peuples conquis : rendre la vie infernale aux non-musulmans, les obligeant ainsi soit à se convertir à l’islam, soit à s’exiler. Mais bien entendu toute ressemblance avec ce qui se passe dans nos banlieues serait fortuite et issue d’un esprit mal tourné… »

Cette fois, tu réagis : « Tu es sérieuse ?

— D’après toi ? » Tu réfléchis.

« Ben… ça m’étonnerait.

— Tu as raison. En tout cas, aujourd’hui le résultat est là : après avoir été majoritaires, puis être devenus des minorités, les non-musulmans des pays islamiques sont en voie de disparition totale. Pour l’islam, la tolérance religieuse est, parfois, une tactique, jamais un principe.

— Pourtant, on dit qu’islam veut dire ‘‘paix’’.

— Pas du tout. Je ne vais pas te faire un cours d’arabe, j’en serais d’ailleurs incapable même si j’en ai quelques vagues notions, mais on joue sur l’ignorance que les gens ont de cette langue et de ses subtilités pour mentir. Islam ne veut pas dire ‘‘paix’’ mais ‘‘soumission’’. Tout est soumission dans l’islam. Soumission stricte des musulmans aux règles et aux ordres d’Allah et soumission stricte des non-musulmans aux musulmans.

— La paix par la soumission, en quelque sorte.

— Si tu veux. Oui.

— Et le soufisme, alors ? Ce n’est pas un islam tolérant ?

— Le soufisme ne concerne à proprement parler qu’un pour cent de la population musulmane, un pour cent regardé de travers par les quatre-vingt-dix-neuf autres. De plus, contrairement à ce que croient les gogos d’Occident qui adhèrent à cette version prétendument light de l’islam, le soufi a beau avoir une démarche mystique, il ne remet en question ni le Coran, ni la charia, ni la dhimmitude des non-musulmans, ni le devoir de jihad guerrier contre eux.

— Mais les chrétiens aussi, à la même époque, persécutaient les juifs.

— Sans doute, hélas, mais au moins ils ne disaient pas qu’ils les protégeaient. Et puis, sans qu’il soit question une seconde de justifier ces persécutions, elles pouvaient à l’extrême rigueur être plus compréhensibles dans la mesure où les juifs constituaient encore, à l’époque, d’une certaine façon, un corps étranger à l’Europe. Par contre en Espagne, en Perse, en Inde ou ailleurs, le corps étranger c’étaient les musulmans et c’étaient eux qui persécutaient les populations autochtones. Cela dit, je n’ai rien contre l’islam chez lui. Je suis même très sensible au côté chaleureux des musulmans dans leur pays. Malheureusement, ils semblent nombreux à abandonner cette caractéristique pour laisser la place à l’agressivité quand ils s’installent dans les nôtres.

— En somme tu n’es pas « musulmanophobe ».

— Non. En effet. la preuve que l’islamophobie n’est pas du racisme ! Elle n’a rien à voir avec la ‘‘musulmanophobie’’, pas plus que la christianophobie n’a à voir avec la ‘‘christianophobie’’. Je suis islamophobe mais j’ai eu beaucoup d’amis musulmans, morts, hélas, aujourd’hui. Et les christianophobes ont beaucoup d’amis chrétiens, du moins tant que ceux-ci ne s’affichent pas ostensiblement et à longueur de temps comme tels et qu’ils ne s’offusquent ni des critiques ni des moqueries à leur égard, car sinon on les enverrait gentiment balader. Or c’est le comportement contraire qu’adoptent trop de musulmans chez nous ce qui pose justement un problème dans un pays laïque. En outre, je reconnais volontiers que l’islam a produit une civilisation qui a eu sa cohérence et sa grandeur mais il est tout à fait incompatible avec la nôtre.
Quoi qu’il en soit, l’islam serait-il reconnu comme la meilleure religion du monde que cela ne remettrait pas en cause le droit pour quiconque, au nom de la liberté d’expression démocratique, de le critiquer à sa guise. D’ailleurs, le triomphe de notre laïcité a été accompagné et favorisé par une critique féroce du christianisme. On ne voit pas pourquoi l’islam, religion étrangère de surcroît, devrait en être épargné.

— Et qu’est-ce que ça veut dire, ‘‘autochtone’’ ?

— Qui est né du sol même d’un pays. Qui s’y trouve depuis toujours.

— Un peu comme ‘‘indigène’’, alors ?

— Oui, si l’on veut. »

Tu sembles méditer un moment sur cette démystification de la ‘‘tolérance islamique’’, puis tu reviens au propos initial : « Mais alors, pourquoi, si tes arguments sont justes, et puisque nous vivons en démocratie, cette interdiction de critiquer l’islam ?

— Je vais te répondre par une nouvelle sorte de lapalissade : parce que cette interdiction prouve que la France n’est plus, contrairement à ce qu’elle veut faire croire, une démocratie. Elle n’en n’a plus que le nom. Elle est devenue un pays totalitaire où le prétendu antiracisme matraqué par une propagande sans précédent même dans l’Allemagne nazie ou la Russie soviétique, est au service d’un projet inavouable visant à faire disparaître progressivement les Français comme nous. L’antiracisme totalitaire n’est que le masque d’un racisme à rebours contre ces Français-là. Pire que ça, même !

— Ah bon ? Et qu’est-ce qui pourrait être pire qu’un totalitarisme ?

— Pire qu’un totalitarisme ? Deux ! Or, c’est bien ce qui arrive à notre malheureux pays. Deux totalitarismes se conjuguent et se font la courte échelle : l’antiraciste et l’islamique. Quand on sait ce qu’un seul peut faire d’un pays, on ne peut que trembler pour le nôtre !

— On devrait plutôt parler d’‘‘antiracis... tisme’’, dans ce cas-là, je trouve.

— Oui, tu as parfaitement raison. Ainsi, par exemple, les imams intégristes n’ont pas eu à se fatiguer chez nous pour prêcher la haine de la France et de l’Occident. Nos faiseurs d’opinion ‘‘antiracistiques’’ leur avaient bien préparé le terrain. On peut même dire qu’ils avaient déjà fait le sale boulot à leur place. Bref, tu n’as pas fini d’entendre tes ‘‘camarades musulmans’’ dire que les Français leur doivent le respect. En attendant pire car, je te l’ai dit, les médias et les rappeurs les ont millecollinisés à point. »

Tu réprimes un frisson tout en réfléchissant, sourcils froncés : « Mais eux, les Arabes, ils sont bien français, non ? Les profs nous disent que nous sommes tous nés en France, pareillement français : les Algériens , les Marocains, les Sénégalais, les Chinois, d’autres encore et nous. Mais si eux sont aussi algériens, marocains, sénagalais ou chinois, nous, alors, qu’est-ce que nous sommes ?

— Les professeurs, s’il te plaît. Pas les profs. Qu’est-ce que nous sommes ? On pourrait dire que nous sommes, nous, des Français français, des Français gaulois, des Franco-gaulois ou des Franco-français, autrement dit des Français au carré. Des Français ‘‘de souche’’ française, autrement dit les indigènes de ce pays, mais il nous est interdit de le dire.

— Et pourquoi il nous est interdit de le dire ?

— Parce qu’on espère qu’en nous faisant oublier qui nous sommes – les autochtones, les indigènes de la France depuis dix-huit siècles, qui l’avons faite à notre image–, on ne s’apercevra pas qu’on est en train de nous voler notre pays.

— C’est comme si on rendait quelqu’un amnésique pour qu’il se rappelle pas qui il est ni que la maison où il habite est à lui et à sa famille depuis longtemps, et qu’il se la laisse piquer sans réagir ?

— Oui, c’est exactement ça !

— Et pourquoi, quand on est d’origine gauloise ou franque, on est français ‘‘de souche’’ ?

— Parce que les plus anciens peuples de France sont des Gaulois, puis des Gaulois romanisés mêlés vers le Ve siècle d’à peine quelques de milliers de Francs. C’étaient tous des peuples européens – hormis une poignée de familles normandes originaires de Scandinavie –, dont les langues étaient voisines. Et puis tous ces peuples se sont vite convertis à la même religion…

— L’islam ?

— Bien sûr que non, pas l’islam ! Où as-tu péché une idée pareille ? Au christianisme, voyons ! Mais qu’est-ce qu’on vous apprend, grands dieux, au collège ? Tu as vu beaucoup de villes, de quartiers ou de monuments construits, en France, dans le style arabe ? Tu connais beaucoup de rues, de places ou d’écoles qui portent des noms arabes ?

— Euh… non.

— Avant les années 1980, tu voyais beaucoup de mosquées ? Tu rencontrais beaucoup de femmes enfoulardées ou bâchées ? Tu entendais souvent parler arabe ? Tu voyais beaucoup de littérature arabe ou islamique dans les librairies ou les bibliothèques ? Tu entendais beaucoup résonner ‘‘nique ta mère’’ dans les banlieues dites populaires ?

— En 1980, j’étais pas née, figure-toi.

— Hélas. C’est bien le problème. Ta génération est née trente ans trop tard. Toutes les générations à venir de Franco-français vont désormais être nées trop tard pour connaître la vérité.

— J’ai entendu dire que l’Europe avait des racines islamiques, alors…

— Tu ne te méfieras jamais assez de ce que tu entends de nos jours. Depuis l’apparition de l’islam, en gros depuis quatorze siècles, tu chercherais en vain parmi les milliers et milliers d’écrivains, de penseurs, d’historiens européens un seul qui ait jamais soutenu que les racines de l’Europe sont autant islamiques que chrétiennes. Et quand il leur arrive d’évoquer l’islam, c’est, à l’exception de deux ou trois auteurs romantiques fascinés par son exotisme, ou deux ou trois illuminés fascinés par le soufisme, pour en parler comme d’un corps totalement étranger à notre civilisation, voire comme de l’ennemi irréductible de celle-ci. Et voilà qu’au bout de mille quatre cent ans, des énergumènes de derrière les fagots, des intellos de troisième ordre, décident que les racines de l’Europe sont islamiques ! C’est un des plus grands bobards de l’histoire ! C'est digne du Protocole des sages de Sion, tu sais, ce document agité par les antisémites qui se trouve être un faux ! D’ailleurs, tu sais comment les Arabes musulmans nous appellent ? les Roumis, terme qui signifie très exactement : les descendants chrétiens des Grecs et des Romains, preuve qu’ils ne nous voient pas des racines islamiques, eux !

— Bon, bon, j’ai compris, t’énerve pas ! En somme, dire que la France a des racines islamiques, c’est aussi crétin que de dire que l’Algérie a des racines chrétiennes !

— Beaucoup plus crétin que tu ne le dis, et ne le crois parce que l’Algérie, elle, a été vraiment chrétienne pendant plusieurs siècles avant que l’islam ne lui coupât ces racines-là. La France, elle, n’a jamais été musulmane ! Même aujourd’hui, avec six millions de musulmans, elle ne l’est pas, pas encore du moins, et j’espère que... »

Tu m’interromps : « O.K. ! D’accord ! Reviens plutôt à ces franco-Gaulois... »

Je respire à fond et reprends : « Eh bien, ces franco-Gaulois, plus tard appelés Français, ont été les seuls à peupler notre pays jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle, c’est-à-dire pendant mille quatre cent ans depuis l’installation des Francs et beaucoup, beaucoup plus si l’on remonte aux seuls Gaulois. Durant toute cette période la population de notre pays a été particulièrement stable. Cela contredit tous ceux qui veulent absolument que la France n’ait été qu’une terre d’immigration pendant toute son existence.

— Autrement dit, nous sommes les indigènes de la France, comme les Indiens l’étaient de l'Amérique ?

— Exactement. Tu ne crois pas si bien dire, car il n’est pas impossible que nous subissions à long terme le même sort que les Indiens. »

Tu observes rêveusement : « Ça doit quand même pas être un hasard si ce sont les Francs qui ont donné leur nom à la France et pas les Chinois ni les Arabes…

— C’est une évidence !

— Et les autres, ils sont arrivés quand ?

— Seulement vers la fin du XIXe siècle : des Italiens, des Polonais, des Espagnols, des Portugais, mais toujours en relativement petit nombre, et tous européens comme nous, parlant des langues de la même famille. Quant aux Russes, l’élite qui était réfugiée en France parlait impeccablement français et étaient pétrie de notre culture. Et tous, y compris les athées, étaient façonnés par la religion chrétienne et la civilisation gréco-romaine. À te regarder, je comprends que tes professeurs ne t’ont jamais appris ça.

— Non. Jamais. Ils nous disent au contraire que les Français ‘‘de souche’’, ça ne veut rien dire, que nous sommes, tous, pareillement français.

— Oui, pour les Italiens, les Polonais, les Russes, les Espagnols et les Portugais, ça ne veut, en effet, rien dire. Dès la première génération née en France, ils étaient, comme on dit, si bien ‘‘assimilés’’ qu’on ne les distinguait plus des ‘‘de souche’’ que par leur nom. Ils étaient devenus eux aussi des ‘‘de souche’’ aussi vrais que les vrais. D’ailleurs, tes amis José, Boris, Maria sont, d’après leurs noms, de familles d’origine portugaise, russe et italienne.

— Je savais pas.

— Tu ne savais pas parce que, eux, ne la ramènent pas avec leurs origines. Ils s’en moquent depuis belle lurette. Ils se sont si bien assimilés à la population de souche, si bien nourris de sa sève, qu’ils en font partie. Un peu comme nous, les Corses, si tu veux, surtout les Corses du continent, comme on dit. »

Tu hoches la tête, mais tu as l’air ailleurs. « Dis donc : tu m’as fait marcher tout à l’heure, quand tu as fait semblant de ne pas te souvenir du nom de l’islam. C’était gros comme une maison. »

Je proteste de mon innocence, mais tu n’as pas l’air convaincue.

« De toute façon, on arrête là pour aujourd’hui, non ?

— O.K. »
Chapitre VI


Où il est question d’identité française menacée, d’envahisseurs et, de nouveau, des incohérences de l’antiracisme.





Le lendemain.

« Et les Arabes, alors ? Ils sont arrivés quand, eux ?

— Les derniers et tout récemment, avec les Asiatiques et les Noirs d’Afrique. Pas par quelques dizaines ou centaines de milliers comme les Francs de jadis ou les Italiens d’hier, mais par millions. Et ils continuent d’arriver.

— Mais, eux, est-ce qu’ils sont ‘‘assimilés’’, comme tu dis ?

— Tout le problème, qu’on a voulu absolument cacher, est là : oui, beaucoup d’Africains, ‘‘arabes’’ et ‘‘noirs’’, se sont assimilés, mais beaucoup ne s’assimilent pas, en particulier les musulmans.

— Mais pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas d’origine européenne ?

— Non, pas spécialement. Parce qu’ils sont beaucoup trop nombreux et que, en même temps, leurs valeurs culturelles sont le contraire radical des nôtres, si bien que, désormais, voudraient-ils s’assimiler qu’ils auraient beaucoup de mal. Or la plupart ne le veulent même plus.

— Et qu’est-ce qu’elle est, au juste, notre culture ?

— Gréco-latine, judéo-chrétienne et laïque, la laïcité étant un des principaux fondements de la République française.

— La laïcité, c’est si important que ça ?

— C’est fondamental. Elle est la seule façon de faire côtoyer paisiblement des religions différentes.

— Comment ?

— En séparant radicalement la religion et la politique. La religion ne doit pas quitter la sphère privée où c’est à chacun la sienne. La politique, en revanche, c’est la sphère publique où seul compte de respecter l’intérêt général et non celui de quelques-uns, ni, encore moins, les consignes de tel ou tel Dieu dont personne n’a jamais pu prouver qu’il était ceci ou cela ni qu’il existât. Cet intérêt général se fonde, donc, sur la Raison, identique chez tous les êtres humains, et non sur les élucubrations subjectives, contradictoires et souvent pathologiques des divers prophètes et gourous de France et de Navarre. Or, trop de musulmans, par exemple, veulent faire passer la Loi de leur Dieu avant celle de la République.

— Mais la règle de la laïcité, c’est, aussi, de ne pas discriminer de religion, pas plus l’islam qu’une autre, non ?

— En principe, oui, mais à condition que les religions ne quittent pas la sphère privée et n’entendent pas influencer la politique comme le voudrait, précisément, l’islam. De plus, les mœurs et les valeurs qu’il véhicule sont incompatibles avec les nôtres. Or, quand on greffe un élément étranger dans un organisme vivant – et une nation est un organisme vivant –, s’il y a incompatibilité, de deux choses l’une : ou l’organisme vivant rejette la greffe incompatible et redevient sain, ou il n’arrive pas à la rejeter et il finit par en mourir, surtout si la greffe est importante, ce qui est le cas avec les musulmans qui se sont installés en France par millions en peu de temps. Ils sont en train de faire mourir la souche française originelle, d’autant plus facilement que nos liquidateurs se sont chargés de détruire nos défenses immunitaires. Je ne décolère pas quand je pense que les ‘‘Verts’’, les ‘‘écolos’’, sont parmi les plus enragés suppôts de l’immigration de masse et de l’islam.

— Normal : les verts avec les verts.

— Ah, non ! Trop téléphonée, celle-là ! C’est bien comme ça que vous dites, vous, les jeunes : ‘‘téléphonée’’ ? »

Tu as l’air sincèrement étonnée : « Ah ? on dit ça ? Première nouvelle !

— Allons, bon ! Pour une fois que je voulais me montrer à la page, c’est raté ! Je vois que je retarde déjà d’une mode ! De toute façon, il n’y a pas de quoi rire : s’il y avait des gens qui auraient dû combattre avec acharnement l’immigration, c’est bien eux, les Verts !

— Pourquoi donc ?

— Réfléchis. Que défend l’écologie ?

— Euh… les équilibres naturels ? Les écosystèmes ?

— Et quoi, encore ?

— La préservation des espèces, la diversité du vivant ?

— Exact. Ce que l’on appelle la ‘‘biodiversité’’.

— Et alors ?

— Et alors ? Tu ne vois pas ? Pense à ce que je viens de te dire sur les sociétés humaines.

— Que ce sont des organismes vivants ?

— Exact. Les sociétés humaines, les nations, sont elles aussi des organismes vivants, divers, qui ont mis, parfois, des siècles à construire leur ‘‘équilibre’’, leur ‘‘écosystème’’, à ceci près que celui-ci doit plus à la culture qu’à la nature (ou plutôt qu’il est de sa nature de le devoir à la culture). Or les écologistes se battent dès qu’un écosystème naturel est menacé et pour toutes les espèces vivantes, sauf quand l’une d’elles, en se mettant à proliférer dans un milieu, menace, précisément, de détruire le subtil équilibre de l’écosystème. Tu ne vois toujours pas où je veux en venir ?

— Si, je commence à voir : la nation française est un organisme vivant. Elle avait son équilibre culturel propre et l’immigration massive d’une population totalement étrangère, est comme cette algue venue d’on ne sait où qui colonise les fonds de la Méditerranée et les détruit peu à peu.

— Bravo ! où as-tu appris ça ?

— En Sciences-nat. Pour les algues, je veux dire.

— S’agissant des ‘‘Verts’’, en effet, la nation française, organisme vivant et supérieurement complexe comme toutes les nations, ne fait pas partie de la diversité. Pour eux, elle est moins à respecter que la dernière population de crabes ou d’anchois menacée de disparition.

— En somme, dis tout de suite que tu es contre l’immigration.

— Je ne suis pas contre l’immigration, d’où qu’elle vienne. Pas le moins du monde. En revanche je suis contre l’invasion que constitue l’immigration de masse surtout quand les populations qu’elle draine adhèrent bec et ongles à une culture incompatible avec la nôtre, à nous qui sommes à la fois le peuple d’accueil et le peuple historique. NUANCE. Quoi qu’il en soit, le fait que nombre de personnes issus de ces peuples d’origine africaine, pour ne pas les nommer, nous disent que nous les Français leur devons le respect démontre bien qu’ils ne se sentent pas français puisqu’ils font la distinction. D’ailleurs, ils ne se gênent pas pour le dire haut et fort, et même pour le siffler à l’occasion de matchs de foot.

— Siffler ? je comprends pas.

— La Marseillaise, pardi ! »

C’est à mon tour d’être stupéfaite : « Tu l’ignorais ? !

— Non, mais j’avais oublié. Et puis je devais être encore une gamine, tu sais !

— Eh bien, cela vaut le coup de te rafraîchir la mémoire parce que c’est le genre d’évènement que nos liquidateurs voudraient que l’on oublie : tout un stade de Français d’origine algérienne a sifflé l’hymne national de la France lors d’un match de foot France-Algérie, devant les représentants du gouvernement.

— Et ils n’ont pas réagi, les représentants en question ?

— Non ! Pas un mot d’indignation ni de rappel à l’ordre !

— Ouah ! la honte !

— Tu l’as dit ! Jamais les immigrés d’origine européenne ou asiatique ne se sont permis une chose pareille ! Ils n’y auraient même pas pensé !

— Mais comment se fait-il, alors, que ces gens venus d’Afrique soient, aussi, des Français ?

— Parce que c’est la loi… française ; française, pas franco-arabe, note bien, ou franco-malienne, franco-chinoise, mais franco-française, française ‘‘de souche’’, en quelque sorte, une des plus généreuses au monde, fruit de cette culture que les nouveaux venus méprisent et contribuent à détruire alors qu’ils devraient lui en être particulièrement reconnaissants.

— En Algérie, au Maroc, en Chine, on ne devient automatiquement algérien, marocain ou chinois comme on devient français en France ?

— Tu plaisantes ! Cette pratique n’a aucune réciprocité dans les pays d’où viennent la plupart des étrangers qui s’installent chez nous. Comme 95 % de ceux de la planète, ils veillent jalousement sur leurs frontières et leur sacro-sainte identité, qu’ils préservent bec et ongles en évitant d’attribuer la nationalité marocaine, algérienne ou tunisienne aux étrangers quels qu’ils soient, et surtout s’ils ne sont pas musulmans.

— Cette loi française sur la nationalité, c’est ce qu’on appelle le droit du sol ?

— Exactement. Ce droit du sol s’applique depuis un siècle et demi aux étrangers sans aucune exigence de contrepartie de leur part. Il suffit qu’ils soient nés en France. Mais comme je t’ai dit, il y a étrangers et étrangers : ceux qui sont reconnaissants au peuple d’accueil, se fondent en lui parce qu’ils ne vivent plus dans l’exaltation ni même la nostalgie de leurs racines étrangères, et ceux qui retournent contre lui sa générosité pour le déposséder de son pays. C’est le cas d’un trop grand nombre d’Africains.

— C’est comme si quelqu’un offrait l’hospitalité à une famille inconnue et que, en guise de remerciement, elle mette la maison de son hôte sens dessus-dessous, et décide d’y vivre selon son bon plaisir ?

— Tout juste. C’est exactement pareil pour la maison France et la grande famille que forme son peuple historique : les Français ‘‘de souche’’. Rien ne me semble plus inquiétant que la morgue vindicative avec laquelle certains néo-Français issus d’Afrique, et eux seuls, nous opposent le fait qu’ils sont français, aussi français que nous, voire plus ! »

Tu ne peux t’empêcher d’observer : « À force, on le regretterait presque, ce droit du sol, tellement ils ont l’air d’oublier à qui ils le doivent : à nos ancêtres et pas aux leurs.

— Ils le considèrent, en effet, non comme une faveur que leur fait la France ‘‘de souche’’ alors que rien n’y obligeait celle-ci, mais comme un dû !

— Autrement dit, c’est une fleur qu’on leur a faite.

— Oui : Une fleur qu’ils retournent en arme contre nous. Sache bien que ce qui arrive à la France est un cas unique dans les annales de l’humanité. La seule comparaison possible est le bon accueil que firent les Incas et autres Amérindiens aux quelques centaines de conquérants espagnols, lesquels, en guise de remerciements, préparèrent l’invasion de leurs pays et anéantirent leur civilisation. Encore faut-il souligner que si bonnes poires qu’aient été ces Incas, ils ne sont pas allés jusqu’à promettre aux nouveaux venus de les entretenir à vie, gratos, eux ainsi que leur parentèle présente et à venir, comme nous le faisons en France pour tant d’étrangers qui s’installent chez nous.

— Mais d’abord, pourquoi on l’a votée, cette loi ?

— En réalité, cette loi a été votée à une époque où l’on n’imaginait pas un seconde qu’il pût y avoir une installation massive d’Africains en France, et pour des personnes dont on savait qu’elles ne poseraient aucun problème d’assimilation parce que, du fait de leur culture semblable à la nôtre, elles étaient assimilées d’avance, en quelque sorte.

— On dit que le droit du sol fait partie de nos valeurs fondamentales. Que le bafouer serait bafouer le meilleur de notre identité.

— Tiens ! Comme par hasard on se souvient alors, et alors seulement, que nous avons une identité ! Les liquidateurs de la France, qui n’ont que mépris pour l’identité de la France et de la République, ne retrouvent du mérite à celles-ci que lorsqu’il s'agit de donner des papiers français à tous les étrangers de la terre. Il faut alors entendre avec quels accents vibrants dignes des patriotards de jadis ils vantent et défendent le ‘‘génie français’’ !

— En somme, contrairement aux personnes venues d’Europe, beaucoup de ces gens venus d’Afrique restent des étrangers et ne sont français que par la carte d’identité. On pourrait dire que ce sont des Français de papier(s) et des étrangers de cœur.

— C’est exactement ça. Ce n’est pas un reproche, c’est une constatation. Étranger, pour moi, n’est pas une injure. J’ai le plus grand respect pour les étrangers en général, surtout pour ceux qui, selon le pacte immémorial, respectent le pays qui les accueillent. En revanche, il est parfaitement légitime d’en vouloir ceux qui ne le respectent pas. Ce n’est aucunement du racisme ou de la xénophobie, mais de l’instinct de conservation. En effet, beaucoup trop de ces populations venues d’Afrique, bafouent, elles et elles seuls, ce pacte tacite, tenu pour sacré depuis la nuit des temps par tous les hommes sans exception, entre pays d’accueil et étrangers accueillis.

— Quel pacte ?

— Celui qui veut que l’hôte accueilli montre plus de respect pour l’hôte accueillant que pour lui-même, sa famille ou son pays, jusqu’à ce que l’hôte accueillant l’adopte définitivement ou le rejette, ce qui est parfaitement son droit.

— En tout cas je me rappelle maintenant que c’est le premier conseil que donne le Guide du routard aux Français qui voyagent dans les pays du Maghreb : le respect total de leurs coutumes. Je suis tombé sur le bouquin par hasard et je l’ai un peu lu.

— Exact. Et en plus l’esprit de cette collection est très écolo-gauchiste. En fait, la méfiance vis-à-vis des étrangers qui s’installent à demeure chez vous sans y avoir été invités est normale et saine. Ce temps de mise à l’épreuve, de ‘‘noviciat’’ destiné à juger si l’adoption desdits étrangers ne posera pas de problèmes fait aussi fait partie de l’instinct de conservation. C’est un invariant du vivant, une sorte de défense immunitaire préventive. Il est incontournable. C’est à ce prix, minime, que la paix peut être assurée. Et ce prix à payer vaut pour les individus tout autant que pour les peuples accueillis, sauf désir de colonisation de leur part.

— Autrement dit, il y a bien des Français plus ou moins français que d’autres.

— Oui, forcément. Et, j’insiste, ce n’est pas du tout du mépris pour les étrangers. Après tout, quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population de la planète n’est pas française et n’en fait pas une maladie, que je sache ! Les enfants des Italiens, des Polonais, des Russes, des Espagnols et des Portugais, en revanche, ont tout de suite aimé la France. Ils se sont vite assimilés au peuple de souche, à sa culture et à son histoire. Ils ont pris le train France en marche sans en changer le chargement, ni la direction, ni la vitesse, ni les horaires. Pour les Africains, c’est tout autre chose. Si beaucoup sont aussi de vrais français, beaucoup d’autres n’aiment pas la France, ni son peuple.

— Mais alors pourquoi tiennent-ils tant à venir et à rester en France ?

— Parce que, le train France étant très confortable, ils veulent le prendre en marche, eux aussi, et gratis autant que possible ; mais, par-dessus le marché, ils entendent y imposer le chargement, la direction, la vitesse et les horaires qui leur conviennent, complètements différents de ceux des voyageurs dont les ancêtres ont conçu et construit le train, le réseau ferroviaire et les gares.

— Oui, bon, mais la souche dans tout ça ?

— La souche ? c’est la France historique, vieille de mille huit cents ans. Les Italiens et autres Européens se sont nourris de sa sève comme les branches d’un arbre se nourrissent de la sève du tronc, et très vite, ils n’ont plus fait qu’un avec l’arbre France. Ils sont devenus des Français comme nous, à part entière. Véritables enfants de la France, ils acceptent, comme il se doit, son héritage complet. Les autres, au contraire, ont fait ‘‘souche’’ à part, pour ainsi dire, et se nourrissent d’une sève étrangère. Ils ne se sentent français que lorsque ça les arrange, sinon ils crachent sur leur pays adoptif.

— Ils se nourrissent d’une sève étrangère… Comment ? par pipeline ?

— Oh ! très drôle ! Vraiment !

— Te vexe pas. Faut bien rire un peu. Le train, l’arbre, la souche, avoue que tu abuses un peu de la métaphore. »

Je devine que tu as voulu faire ta savante et que tu as saisi l’occasion de me resservir cette expression et cette remarque qu’on a dû te faire découvrir récemment au cours de français.

— J’‘‘abuse de la métaphore’’ ! Où tu as appris ça ? Au collège, j’imagine ? Certes, comparaison n’est pas raison, mais ça peut valoir mieux que tout un discours pour aider les écervelées de ta génération à mieux comprendre ! Ce qui va de soi est souvent très difficile à expliquer et nos liquidateurs le savent bien. Jésus-Christ aussi enseignait par métaphores, paraboles exactement, et ça ne lui a pas mal réussi. D’ailleurs deux ou trois métaphores valent souvent mieux qu’une. »
Tu ironises gentiment : « Jusque-là, tu te la jouais Jeanne d’Arc, et voilà tu te prends pour Jésus-Christ, maintenant ? »

Je hausse les épaules : « Moque-toi tant que tu veux. Je suis seulement une grand-mère qui s’inquiète mortellement pour ses petits enfants qui risquent de se sentir dans leur pays plus étrangers que les étrangers que leurs parents y ont accueillis. Et sans les égards que l’on a exigés d’eux pour les vrais étrangers. Au fait, puisque tu es si savante, tu sais quelle est la différence entre une parabole et une métaphore ?

— Bien sûr !

— Ah, bon ? fais-je un peu étonnée. Je t’écoute.

— La métaphore ne permet pas de capter les chaînes arabes, la parabole oui. »

Et tu pars d’un rire léger, auquel je m’associe brièvement.

« Quoi qu’il en soit, ce que je veux dire c’est que si ces peuples-là ne s’assimilent pas c’est qu’ils ne considèrent pas la France comme leur Mère patrie. Celle-ci reste à leurs yeux le pays d’origine de leurs parents. Tous leurs comportements et leurs déclarations le clament. Ils ne sont donc français que par la carte d’identité et non par la reconnaissance fondamentale de la France comme Mère patrie. Encore une fois, ce sont des Français de papier(s) et non de cœur.

— Autrement dit, s’il existe des Français de papier(s) et non de cœur, il existe aussi des sortes d’étrangers de papier(s) : tous ceux qui viennent d’un pays européen, puisque tu dis qu’ils sont si proches de notre culture, qu’ils sont comme assimilés d’avance.

— ‘‘Étrangers de papier(s)’’, dans un sens, oui ! La formule est intéressante. A l’inverse de nombre d’Africains, les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Polonais et autres n’étaient, en effet, que des ‘‘étrangers de papier(s)’’ qui sont devenus très vite des Français de cœur. Ils ont formé une population fusionnelle, alors que la plupart des immigrés venus d’Afrique, surtout musulmans, forment, eux, un peuple de remplacement, une nation étrangère dans la nation française.

— Ce qui n’est pas de la blague, c’est que j'ai bien entendu certains Rebeus dire que maintenant c’étaient eux les vrais Français.

— Qu’ils avouent détester la France historique ou se prétendent désormais, comme on commence, en effet, à l’entendre, les seuls vrais Français, revient au même. Cela veut dire qu’ils ne veulent pas de la France comme ils l’ont trouvée, une France à l’image de son peuple, mais comme ils veulent qu’elle soit, conforme à leur pays d’origine. Comment pourraient-ils être, d’ailleurs, de vrais français, alors qu’ils grandissent dans des lieux qui, si ils sont en France, ne sont plus la France.

— Le 9-3 ?

— Le 93, s’il te plaît. Quand c’était encore la France, on disait 93. Oui, la Seine-Saint-Denis, par exemple, ou Roubaix, ou encore d’autres villes ne sont déjà plus la France. Les immigrés venus d’Afrique reconstituent exactement dans le pays d’accueil, sans le moindre respect pour son peuple, leur pays d’origine. Sous tous les cieux et à toutes les époques, depuis que le monde est monde, sauf en France, aujourd’hui, ce comportement est considéré comme celui d’un envahisseur et porte un nom et un seul : colonisation. Nos nouveaux français devraient le savoir mieux que quiconque, eux qui se plaignent tant d’avoir été colonisés !

— Tu l’as déjà dit.

— Tu crois ? Et après ? Il y a des choses qu’on ne répètera jamais assez. La répétition est la base de la pédagogie. D’ailleurs, au bout du compte, inutile de chercher midi à quatorze heures, ni de s’interroger sur l’identité française ou sur ce qu’est être un vrai français. La question qui se pose est bien plus simple et élémentaire : depuis quand est-ce au peuple d’accueil d’avoir tous les devoirs et aux peuples accueillis tous les droits ? Depuis quand est-ce aux ‘‘derniers-là’’ d’imposer leur style de vie aux ‘‘déjà-là’’ depuis bien plus longtemps et dont les ancêtres ont œuvré à rendre si enviable leur pays ? Depuis quand est-ce au peuple d’accueil de se mette au diapason des peuples accueillis au point d’y laisser son âme ? »

Tu ne veux pas être en reste et reviens à ton idée : « Et depuis quand, si un inconnu s’installe chez toi sans te demander ton avis et que tu es assez sympa pour le laisser vivre sous ton toit, faudrait en plus que tu t’excuses de ton ‘‘chez toi’’ et que tu le laisses vivre d’une façon qui dérange la tienne ?

— Et depuis quand, si l’on invite un joueur à sa table, surtout si la partie est commencée, faudrait-il tolérer qu’il décide de lui-même d’en changer les règles ? Demande à ton grand-père qui est, comme beaucoup de Corses, un joueur invétéré…

— Ah, parce que, en plus en plus d’être cossards ils sont joueurs, les Corses ? me demandes-tu, histoire de me faire gentiment enrager.

Je préfère couper court : « En tout cas, ils ne se laissent pas faire, eux ! Toujours est-il qu’on pourrait multiplier à l’infini les exemples illustrant l’ineptie qu’on impose au peuple de France. Par contre, tu ne trouveras pas un seul exemple favorable à la situation humiliante qu’on lui fait vivre. En résumé : depuis quand est-ce à ces millions de gens que nous avons accueillies tout récemment de prétendre que la France qui existe depuis au moins mille cinq cents ans ne commence qu’avec eux ? Car c’est bien ce que beaucoup de ces Français de papier osent prétendre, approuvés en cela par nos liquidateurs : la France, désormais, ne commence qu’avec eux et doit être à leur image.

— On dirait aussi que, pour des tas d’étrangers, être français, ça fait partie des droits de l’homme !

— Très juste. Un grand écrivain que j’adore a dit, il y a bien des années déjà, presque la même chose que toi : ‘‘Aujourd’hui les peuples ne réclament pas le droit à disposer d’eux-mêmes mais le droit à disposer de la France.’’ »

Tu apprécies : « Ah, oui… pas mal ! Et c’était qui ?

— Alexandre Vialatte.

— Jamais entendu parler !

— Normal : on n’en parle jamais. Ça t’étonne ?

— Non, plus vraiment. Mais, au fait, les Algériens, ils ne nous ont pas chassés de chez eux ?

— Bien sûr que si ! Bon exemple. L’Algérie n’était française que par fiction administrative.

— Tu veux dire qu’elle n’était française, en quelque sorte, que sur le papier ?

— On peut dire ça, en effet. Et il ne suffisait pas aux indigènes d’avoir, à l’époque, une carte d’identité française pour qu’ils se sentent français. L’histoire l’a prouvé avec éclat : Algériens de cœur, ils ont fait la guerre afin, justement, d’en finir avec cette fiction qu’ils étaient français. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de dire pareillement que, aujourd’hui, beaucoup de Français d’origine africaine, Africains de cœur, ne sont aussi que des Français de fiction – ou de papiers ? Pourquoi ce raisonnement assez valable hier pour justifier une guerre atroce, ne le serait-il plus aujourd’hui pour justifier un débat pacifique et nécessaire ?

— D’accord, mais à partir du moment où ce ne sont pas des armées de soldats prêts à tuer qui pénètrent dans un pays mais de pauvres hères sans armes, on ne peut pas dire que ce sont vraiment des envahisseurs.

— Quand ils sont des centaines de milliers par an et qu’une fois sur notre sol, nombre d’entre eux et de leurs enfants se montrent sans égards pour le pays d’accueil et agressifs contre son peuple, la différence est bien faible.

— Tu veux dire qu’ils entrent la main sur le cœur, mais qu’une fois dans la place ils se comportent comme en pays conquis ?

— Oui, c’est ça. Pourquoi, d’ailleurs, auraient-ils besoin d’une armée, puisque nous les laissons entrer à peu près comme ils veulent et faire chez nous ce qu’ils veulent ? Tiens, les Européens qui ont immigré en Amérique, étaient aussi, pour la plupart, de pauvres hères sans défense qui, en longues files de chariots, s’enfonçaient à leurs risques et périls, avec leurs maigres baluchons et leurs vieilles casseroles, dans le territoire des Indiens. Pourtant ce sont ces pauvres hères qui ont fini par avoir la peau des populations indiennes, qu’ils méprisaient cordialement, et de leur civilisation.

— Ils avaient quand même l’armée pour les défendre contre les Indiens.

— Un embryon d’armée, qui, dépassée par l’immensité du territoire à couvrir, arrivait souvent trop tard, et qui, d’ailleurs, était nécessaire dans la mesure où les Indiens, eux, contrairement à nous autres Français de souche, luttaient contre cette invasion. Aucune propagande chez eux n’avait démoli leurs défenses immunitaires en leur vantant le bonheur par la Diversité et le Métissage ! Pareillement, les milliers de chercheurs d’or brésiliens, qui, dans l’espoir de faire fortune, saccagent le territoire des Indiens d’Amazonie et vouent ces derniers à disparaître peu à peu sont aussi, pour la plupart, de pauvres hères. Nos immigrés misérables qui viennent en France profiter de la poule aux œufs d’or, au mépris de la population d’accueil et de tout ce qui lui tient à cœur, sont aussi coupables que les Européens misérables immigrés en Amérique ou que les Brésiliens chercheurs d’or. La seule différence est que ceux qui plaignent le sort subi par ces populations indiennes, sont les mêmes qui applaudissent au même sort qui guette leurs compatriotes. Cherchez l’erreur.

— Bon, je retiens donc que les Français ‘‘de souche’’ existent bel et bien, que ce sont dans un certain sens les propriétaires légitimes de la France.

— Oui, ils sont le peuple historique de ce pays, mais ils n’ont pas le droit de le dire et n’ont guère le droit à la parole. »

Pour le coup l’énervement semble vouloir te gagner : « Mais pourquoi ? Tu as beau m’avoir expliqué vaguement, j’arrive pas à comprendre.

— Pas étonnant que tu aies du mal. N’importe qui de sain d’esprit aurait du mal à comprendre, en effet, que s’est mis en place le projet totalitaire délirant de nous faire disparaître, nous les ‘‘de souche’’, sinon physiquement (quoique, si, à la longue…), mais en tant que ‘‘de souche’’ se considérant, à juste titre, comme les héritiers légitimes de notre pays. Ces Français, d’ailleurs, jamais d’eux-mêmes ne se sont perçus comme ‘‘de souche’’. Et ils ne demanderaient pas mieux que de ne pas avoir à se percevoir comme tels. Ce sont leurs adversaires qui leur ont jeté avec mépris l’expression à la figure.

— Normal qu’ils relèvent le gant, alors…

— En effet. Cela n’a débuté qu’une bonne quinzaine d’années après ce que l’on nomme le ‘‘regroupement familial’’, quand ils ont commencé à subir les insultes et la délinquance de nombreux jeunes d’origine africaine. C’est alors qu’ils n’ont pu faire autrement que de se découvrir et se percevoir comme ‘‘de souche’’, puisque c’est pour cette raison qu’ils étaient devenus la cible de ceux qu’ils avaient accueillis chez eux et qui, d’ailleurs, les nomment élégamment ‘‘souchiens’’.

— ‘‘Souchiens’’ ? » répètes-tu en fronçant les sourcils. Eh ben, moi qui aime les chiens, je préfère encore être un souchien qu’un souraté. »

Je feins de ne pas comprendre. Tu te crois obligée d’expliquer comme à une enfant, les yeux dans les yeux : « Coran… sourate… ‘‘souraté’’.

— Moui… Même si le mot est assez bien trouvé, ne nous abaissons pas au niveau de nos adversaires. Laissons leur ce genre d’insultes où, faute d’avoir des arguments, ils excellent. »

Tu n’as qu’une courte hésitation avant d’en convenir et de reprendre le fil du sujet : « Oui, c’est vrai, finis-tu par admettre : c’est toujours, ou presque, les ‘‘souchiens’’ comme nous qu’ils injurient, qu’ils rackettent, à qui ils brûlent les voitures et qu’ils terrorisent. C’est donc que nous sommes parfaitement reconnaissables et que par conséquent nous existons.

— Autre vérité de La Palisse. Oh, je sais bien de quelle façon tes professeurs doivent te présenter la chose au collège. Tiens, justement, je te laisse la parole.

— Ben… On nous dit que la France a toujours été un mélange de peuples venus d’ailleurs, que nous sommes nombreux à avoir des ancêtres étrangers et que donc il n’y pas d’identité française spécifique…

— Certains de nos liquidateurs vont même jusqu’à affirmer avec un curieux mépris que la France n’a toujours été qu’un ramassis d’envahisseurs. Alors, un de plus ou un de moins… Exact ?

— Oui, à peu près.

— Tu as vu ce qu’il fallait penser de ces affirmations puisque jusqu’à l’arrivée toute récente des peuples musulmans, les étrangers installés dans notre pays, que ce soit à l’époque gallo-romaine, franque ou française, ont toujours été peu nombreux, et que, loin de vouloir imposer leur culture, ils ont volontiers absorbé celle de leur nouveau pays. »

Tu t’impatientes : « Oui, oui, ça va : j’ai compris ! »

Je poursuis, ignorant ton agacement : « De toute façon, ce n’est pas parce que notre destin serait prétendument d’être, depuis toujours, un peuple divers, que nous devons renoncer à nous défendre quand des peuples étrangers désirent s’installer en masse chez nous sans notre avis et contre notre gré. C’est d’ailleurs ce que, comme tous les pays du monde, nous n’avons cessé de faire dans notre histoire, que ce soit par la seule existence de nos frontières ou par les armes : rappelle-toi Vercingétorix, sainte Geneviève, Jeanne d’Arc, Valmy ou De Gaulle. À moins que tous ces noms ne te disent plus rien… si ? »

Tu hausses les épaules : « Bien sûr que je les connais !

— Allons, tant mieux ! Mais je crains que tu sois de la dernière génération à les connaître. Bref : Ce n’est pas parce que le destin de l’homme est de mourir qu’il doit renoncer à vivre, pas plus que nous devons renoncer docilement à notre identité. Personne ne consent à disparaître sans se défendre. À scruter de près leur histoire, on pourrait dire exactement la même chose, plus ou moins, de toutes les nations qui pourtant défendent mordicus une identité propre, singulière, que l’on interdit à nous Français ‘‘de souche’’, et à nous seuls, de défendre.

— Oui, à présent je me rappelle aussi qu’on beaucoup parlé dernièrement des Tibétains menacés par l’invasion chinoise.

— En effet. Et ces Tibétains qui refusent que leur identité et leur culture soit noyées et dissoutes par l’afflux d’immigrants chinois, ont pour défenseurs les mêmes qui nous interdisent, à nous, ‘‘de souche’’, de défendre notre identité et notre culture contre l’afflux d’immigrants africains. À ce sujet, il faut signaler une nouvelle incohérence : certains commencent même à se féliciter, au nom du Métissage et de la Diversité, ce nouveau dada branchouille, que la France ait été envahie dans le passé et soit envahie aujourd’hui par des peuples qui s’y sont installés. Soit. Mais alors, au lieu de nous culpabiliser avec la colonisation, il faut regretter que les Européens aient quitté les pays qu’ils avaient conquis, car c’est la colonisation qui a introduit en Afrique la Diversité et c’est la décolonisation qui l’a fait disparaître.

— Et il faut se féliciter aussi que l’Amérique et les territoires des Indiens aient été envahis par les Européens, ou le Tibet par les Chinois, puisque la Diversité c’est si bien que ça !

— Oui. Et les territoires des tribus amazoniennes par les chercheurs d’or brésiliens qui les dévastent. Or, dans le même temps, ces faits, les antiracistes, qui ne sont pas à une contradiction près, le déplorent et approuvent à grand bruit les guerres de libération comme, entre autres, celle de l’Algérie. Pourtant, si les peuples africains ont souhaité leur indépendance, c’est bien parce qu’ils estimaient (à juste titre) que les Européens n’étaient pas chez eux en Afrique. S’il était légitime que les Algériens souhaitassent… »

Tu ironises : « Oh… ‘‘souhaitassent’’ ! Trop chic ! Tu te crois chez les aristos ?

— Non, je me crois simplement dans la langue française. Le subjonctif imparfait en fait partie et est imposé par la règle de la concordance des temps que visiblement on ne vous apprend plus.

— Est-ce qu’on nous l’a apprise ? Je m’en souviens plus ….

— Apparemment tu ne te souviens pas de grand-chose. Heureusement que je suis là. Passons. Je reprends : s’il était donc légitime que les Algériens souhaitassent le départ des Français, pourquoi les Français n’auraient-ils pas le droit de décider si des étrangers, et lesquels, peuvent ou non s’installer sur leur territoire ? Quand les Israéliens s’installent d’autorité en terre palestinienne, les Palestiniens et le monde entier condamnent ce qu’ils appellent une inadmissible entreprise de colonisation. Quelle différence entre ces territoires occupés de Palestine et nos banlieues où se sont fixés d’autorité des millions d’Africains qui nous obligent, par leurs comportements, à leur abandonner la place ?

— Ben… c’est que nous, nous laissons s’installer les étrangers ?

— Qui, nous ? On nous a demandé notre avis ?

— Euh…, non… je crois pas.

— La voilà, la différence ! Nos dirigeants, ceux qui gouvernent en notre nom, ne nous ont jamais demandé notre avis, à nous le peuple historique de France, et nos responsables médiatico-politiques collaborent allègrement à l’invasion de notre pays et au remplacement de leur peuple par des populations étrangères.

— Autrement dit, si je comprends bien, c’est super de crier : l’Afrique aux Africains ! le Tibet aux Tibétains ! l’Algérie aux Algériens ! la Palestine aux Palestiniens ! le Japon aux Japonais ! mais c’est atrocement raciste de crier : La France aux Français !

— Bravo ! Tu as parfaitement compris ! Mieux encore : il faudrait aussi regretter que l’on ait résisté aux Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après tout la plupart, à l’époque, étaient aussi de pauvres hères. Il n’y avait qu’à leur attribuer, toujours au nom du Métissage et de la Diversité, la carte d’identité française et décider qu’eux aussi étaient des Français comme les autres, et le problème était réglé.

— Arrête ! tu me donnes le tournis !

— Ce sont les incohérences du ‘‘politiquement correct’’ qui donnent le tournis. Elles sont déshonorantes pour l’intelligence de ceux qui les pratiquent ou pour leur honnêteté intellectuelle. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits, mais sois certaine que les bien-pensants, eux, s’y retrouvent pour se maintenir au pouvoir.

— Mais pourquoi ces Africains même non assimilés nous haïssent-ils à ce point, alors que nous les accueillons chez nous ?

— Parce que on les a dressés à nous haïr, pardi !

— Mais qui et pourquoi ?

— Les responsables politiques et les faiseurs d’opinion n’ont pas vu et surtout n’ont pas voulu voir que la culture des Africains, surtout musulmans mais pas seulement, était si différente de la nôtre, que leur assimilation serait sinon impossible, du moins très difficile. Il fallait au minimum, pour que cette assimilation réussît, ne les faire venir qu’en petit nombre, et très progressivement. Or ils ont fait tout le contraire : ils ont laissé venir en masse et très vite ces Africains dans notre pays quand ils ne les y ont pas encouragés. Et quand le peuple d’accueil a commencé à se plaindre à juste titre que la situation devenait intenable, au lieu de faire leur mea culpa ils ont cherché à rejeter la faute sur lui : si l’assimilation était en train de rater, c’était parce que nous Français de souche étions abominablement racistes. À partir de là, le racisme français a été instrumentalisé comme une évidence qui ne se discutait même plus, avant de devenir un véritable filon médiatique.

— Normal, alors, qu’à force de nous entendre traiter de racistes à tout propos, les immigrés africains aient fini par y croire mordicus, qu’on l’était !

— Bien sûr ! D’autant plus que ça les arrange bien de jouer aux victimes ! Ils ont vite compris la combine.

— En somme, qui veut noyer son ‘‘souchien’’ l’accuse de la rage du racisme.

— Pas mal ! Décidément, il semblerait que tu aies le sens de la formule ! »

Pour rire tu fais celle qui se rengorge puis reprend : « Mais alors ce n’est pas tellement de leur faute s’ils nous détestent.

— Non, tu as raison. Les coupables, je dirais même les criminels, sont ceux qui leur ont monté la tête contre nous, qui ont fait leurs petits imams avant les vrais. Ils ont proclamé que les différences culturelles étant sacrées, les Africains avaient bien raison de cultiver les leurs. Vouloir les assimiler était du néo-colonialisme. Trouvaille géniale, digne de l’œuf de Christophe Colomb : en criminalisant l’assimilation, ou tout comme, il n’y avait plus lieu de leur reprocher d’avoir encouragé la venue de peuples inassimilables ! Je t’ai déjà expliqué que les antiracistes avaient besoin du racisme pour assurer et pérenniser leur pouvoir, eh bien les responsables de l’invasion de notre pays par des peuples inassimilables en ont aussi besoin pour se blanchir de ce crime contre leur patrie.

— Et alors, ils cherchent à diaboliser le peuple ‘‘de souche’’. Je commence à comprendre. En tout cas je découvre une nouvelle incohérence : si on ne les assimile pas ils nous reprochent de les laisser entre eux à l’abandon et si on les assimile de les néo-coloniser ! Faudrait savoir !

— Observation pertinente ! En France il y a une expression bien de chez nous pour désigner les personnes jamais contentes, qu’on ne sait par quel bout prendre. Il y est question de bâton…

— Ah, bon ? Quel bâton ?

— Je te laisse deviner. »

Tu ne réagis pas. Tu ne m’écoutes plus. Je sens qu’il est temps d’arrêter là.

« À demain.

— À après-demain. Demain, je dors chez une copine. »
Chapitre VII

Où l’on parle d’identité culturelle, de métissage, de nationalité de papier et de mariage forcé, ainsi que…
des incohérences de l’antiracisme




Le surlendemain.

Tu prends la parole comme si nous n’avions pas interrompu la discussion de l’avant-veille : « D’ailleurs, s’ils disent vrai, les antiracistes, que la France a toujours été diverse, comment peuvent-ils en même temps soutenir que c’est un pays raciste et xénophobe ?

— Bravo ! Je vois que ton esprit critique, bien français, se réveille de jour en jour ! À l’inverse, si, du fait de ce – prétendu – mélange constant de populations, l’identité française n’est que du vent, qu’en est-il, alors, des pays à l’identité ‘‘authentique’’ et forte que nos liquidateurs admirent tant ? Comment s’est-elle constituée et maintenue, cette identité, sinon par l’isolement, le repliement sur soi, le verrouillage des frontières et le rejet de tout ce qui venait de l’étranger, de l’Autre ? Et quel nom donner à cette attitude, d’après toi ?

— Euh… intolérance ? Xénophobie ?

— Exactement ! Cette intolérance et cette xénophobie que nos liquidateurs reprochent tant à la seule France tout en prétendant qu’elle est depuis toujours un melting-pot de peuples divers. Tu vois de quel nœud d’incohérences est constitué le politiquement correct antiraciste.

— Je crois qu’on devrait établir un catalogue de toutes les incohérences du ‘‘politiquement correct’’.

— Sans doute ! Ce ne serait pas du luxe. On aurait même bien plus vite fait de chercher ce qui est cohérent dans cette idéologie !

— J’entends parfois qu’on nous reproche notre ‘‘crispation identitaire’’.

— Oui, il s’agit d’une inversion orwellienne de plus ! Réfléchis : des millions d’étrangers installés d’autorité dans notre pays le peuplent de leurs femmes en uniforme religieux, au mépris de notre sensibilité égalitaire et laïque ; imposent à celles-ci des mariages forcés ; embouteillent, une fois par semaine, certaines de nos rues les plus passantes, exigent d’avoir un lieu pour faire la prière pendant leurs heures de travail ; obligent tous leurs coreligionnaires dans les collèges, les lycées, les administrations et les entreprises, à suivre le ramadan comme un seul homme pendant un mois au risque d’une désorganisation problématique du service ; imposent leurs menus dans nos cantines scolaires et leurs conceptions de l’histoire face à des professeurs terrorisés ; font l’impasse totale sur notre culture, abattent nos animaux de boucherie d’une façon atroce et contraire, là aussi, à notre sensibilité et à nos lois… j’en passe et des meilleures. Et c’est nous, peuple d’accueil, que l’on accuse de crispation identitaire ! C’est aussi énorme que si des nazis donnaient des leçons d’antiracisme aux Juifs !

— Ou Al Capone donnant des leçons d’honnêteté à l’abbé Pierre !

— Comme tu dis ! Jusqu’à présent, notre crispation identitaire se résume à trois rondelles de saucisson et deux verres de pinard que quelques centaines de Français décident de manger et de boire ensemble ici ou là. Terribles représailles de crispation, en effet !

— Et puis, si, selon eux et ceux qui les soutiennent, on doit le respect à l’Autre, nous, alors, est-ce qu’on n’est pas leur ‘‘Autre’’ aussi ?

— Très juste. Non seulement nous sommes leur ‘‘Autre’’, mais un ‘‘Autre’’ qui les a accueillis, et qui est donc redevable d’un double respect de leur part. Or c’est exactement le contraire qui se passe. Et ça ne choque en rien nos suppôts de l’antiracisme et de la Tolérance. C’est bien la preuve que chez eux ces deux vertus ne sont pas recherchées pour elles-mêmes, mais font seulement partie de la stratégie destinée à nous liquider. Mais, pour revenir au vif du sujet, la vérité est qu’absolument tout se ‘‘métisse’’, dirais-je dans la langue de nos liquidateurs, comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Tu sais qui est monsieur Jourdain ? Non, non, ce n’est pas un collègue de bureau, ni l’épicier du coin, c’est…

— Oh, ça va ! Tu me crois plus nulle que je ne suis. Beaumarchais, Le Bourgeois gentilhomme.

— 10 sur 20. Pas Beaumarchais, Molière.

— Oui, oh, bon… Molière, Beaumarchais…

— Ben, voyons… Et puis c’est Racine qui a écrit Le Cid, Balzac À la recherche du temps perdu, et Hugo La Main de ma sœur dans la culotte du zouave.

— Non, ça, c’est pas Hugo, c’est Angot. »

Je ris.

« Un point pour toi. Bon, trêve de plaisanteries ! Tout se métisse, te disais-je. Mais si le métissage, culturel ou racial, se fait au rythme voulu par les Français du peuple d’accueil, à leur gré, à dose digeste, sans heurter leur sensibilité identitaire ni susciter de rejet, ils n’ont absolument rien contre. Au contraire. C’est d’ailleurs toujours comme ça que cela s’est passé dans notre pays avec les immigrations antérieures au Grand Remplacement actuel. Mais le métissage à marche forcée, programmé pour raison d’État et que l’on voudrait nous imposer, est aussi honteux que son contraire, la purification ethnique. »

À mon étonnement, tu n’hésites pas à renchérir : « Tu as raison, c’est dégoûtant. C’est prendre les humains pour de vulgaires cobayes, des animaux entre les mains de leurs éleveurs. »

Je me dépêche de battre le fer pendant qu’il est chaud, et de profiter de la bonne disposition où je te vois : « Et puis, quoi qu’il en soit de notre identité, c’est d’abord, encore une fois, aux peuples qui s’invitent dans un pays étranger de faire l’effort d’assimiler la culture du pays qui les accueille ou, au minimum, de respecter sa sensibilité identitaire, et pas l’inverse !

— Au fond, c’est tout bêtement, d’abord, une question de politesse.

— En effet. Et le comportement contraire porte un nom et un seul : colonisation. Cela tombe sous le sens, le sens commun de l’humanité depuis des millénaires. En fait, par cette injonction au métissage, il s’agit de hâter l’avènement de cette ‘‘France d’après’’ qui n’aura plus rien à voir avec la France tout court, comme les démocraties populaires n’avaient rien à voir avec la démocratie tout court, la seule vraie. Tiens, prends le français, par exemple ! C’est un mélange de grec, de gaulois, de latin, d’anglo-saxon et même un peu d’arabe. Est-ce que pour autant il n’existe pas de véritable langue française ?

— Si ! C’est un peu pareil en art.

— Très juste. En art, même chose. Tous les grands artistes ont subi diverses influences, mais ces influences, ils les ont choisies, acceptées. Ils les ont fait leurs. On ne les leur a pas imposées. Elles n’ont pas dénaturé leur style propre. Picasso, par exemple, a été influencé par Derain et Degas, les cubistes, les fauvistes et d’autres ; est-ce que, pour autant, il n’existe pas un style propre à Picasso ? Serait-il acceptable que, sous le prétexte de ces influences diverses, seules les familles Derain et Degas le revendiquent pour héritage ?

— Non.

— Serait-il acceptable que certains s’autorisent à retoucher à leur façon ses tableaux et pour cette raison à s’en revendiquer, eux aussi, les seuls véritables propriétaires ?

— Non plus, mais je ne vois pas trop le rapport avec la nation.

— Le rapport ? Mais qu’est-ce qu’une nation si elle n’est, à sa manière, une sorte d’œuvre d’art collective, unique, singulière ? Pas une ne ressemble à une autre. Personne n’a le droit de la retoucher sans le consentement de ceux qui l’ont patiemment construite. Elle est comme ces vins uniques du terroir dont l’étiquette garantit rigoureusement l’authenticité. Il serait impossible de mettre l’étiquette d’un châteauneuf-du-pape sur un vin mélangé de sidi-brahim. La supercherie serait vite éventée et le commerçant vite convaincu de malhonnêteté.

— À plus forte raison si la bouteille n’est plus remplie que de sidi-brahim ! »

« Tiens ! me dis-je, in petto, tu vois que la métaphore a du bon ! » et j’enchaîne : « Certes ! Et il serait possible d’appeler France un pays qui n’aurait plus rien de français ? Une nation mériterait moins d’être conservée qu’une population de crabes ou d’anchois ? Elle vaudrait moins qu’un tableau, qu’un vin ? qu’un… qu’un…

— Qu’un fromage ? » proposes-tu charitablement.

« Voilà : qu’un fromage ? ! Ainsi, selon nos liquidateurs, les objets inanimés auraient une âme et pas les nations, la nôtre en particulier ? Tiens ! As-tu entendu parler tout récemment de cette étrange affaire concernant un homme décrété mort à la suite d’une erreur administrative ?

— Non.

— Figure-toi que du coup le malheureux n’a plus droit à rien : ni retraite, ni sécurité sociale, ni aide d’aucune sorte. Rien. Il a beau se présenter devant les guichets, prouvant qu’il est bien vivant, on lui répond qu’il est administrativement mort et que par conséquent on ne peut rien pour lui. Est-il, d’après toi, un vrai mort ?

— Bien sûr que non, c’te question !

— En effet. Ce n’est qu’un mort de papier. Est-ce que tu vois où je veux en venir ?

— Ouais… je crois.

— Bon, eh bien vas-y, je t’écoute.

— Tu veux me prouver que beaucoup d’Africains, n’étant que des Français de papiers, ils ne sont pas plus de vrais Français que cet homme n’est un vrai mort.

— Exactement. Et on devrait avoir le droit de le dire.

— Ouais… C’est quand même aussi un peu tiré par les cheveux, ton truc. Et puis il me semble qu’il y a même des Français ‘‘de souche’’ qui détestent leur pays.

— Hélas, ce n’est que trop vrai ! Les traîtres à leur pays et les collabos ont existé partout et de tout temps. La différence c’est qu’aujourd’hui, en France, ils savent qu’ils ne risquent et ne risqueront rien, et ils en profitent. Ils n’en sont que plus méprisables.

— Ce sont aussi des Français de papiers, alors ?

— Oui, dans un sens. En revanche, je connais des étrangers qui ont le cœur plus français que bien des Français, de papiers ou non. D’ailleurs, pendant la guerre, certains sont morts sous les balles allemandes en criant ‘‘Vive la France !’’ C’est pour te dire à quel point rien n’est simple et que tout est matière à débat.

— N’empêche que ton exemple de mort-vivant est pas très convaincant…

— Il est peut-être caricatural, je te l’accorde, mais il fait réfléchir. Il montre bien l’absurdité des qualifications purement administratives. Un coup de tampon ne peut pas faire d’un étranger un Français, pas plus qu’un vivant d’un mort. Qui peut croire que les membres d’une communauté nationale puissent être liés entre eux par un simple bout de papier et non par des références communes fortes, telles que l’histoire, la culture, la langue, la religion ? C’est le pays d’accueil qui doit imposer les siennes, et non l’inverse ! Et si je te demande ce qu’est la langue française, que me réponds-tu ?

— Euh… que c’est la langue que parlent les Français.

— Définition minimale, aussi minimale que celle de la nationalité française selon laquelle il suffit d’une carte d’identité pour faire un Français. Soit. Si tu combines ces deux définitions, tu vas voir ce que ça donne : quand les ‘‘Arabes’’ installés en France deviendront majoritaires, ce qui semble assez probable, et que la fantaisie leur prendra de parler de préférence en arabe, ce qui est une perspective que l’on commence à voir se dessiner, et puisque ces ‘‘Arabes’’ seront français par leur seule carte d’identité, l’arabe sera donc, selon ta définition… du français !

— C’est idiot !

— Je ne te le fais pas dire ! Complètement idiot ! Mais pas plus que de dire qu’un vivant est un mort ou qu’un étranger est un Français parce qu’il est simplement né sur le sol de France, alors même que tout prouve qu’il entend rester résolument étranger à la France : l’idolâtrie de sa patrie d’origine, sa façon d’en observer les us et coutumes et la détestation qu’il affiche de notre pays. »

Tu remarques d’un air songeur : « Au fond, c’est pas loin des histoires de fous, je trouve. Tu connais celle du type qui promène sa brosse à cheveux au bout d’une laisse ?

— C’est un grand classique, en effet, mais je ne m’en souviens plus.

— Je te la raconte ?

— Si tu veux. Tu en meurs d’envie. »

Tu ne te le fais pas dire deux fois : « Voilà ; c’est type qui promène sa brosse à cheveux au bout d’une laisse. Il croise un bonhomme qui lui demande : ‘‘Pardon, monsieur, pourquoi mettez-vous un collier et une laisse à votre brosse à cheveux ? — Mais, monsieur, ce n’est pas ma brosse à cheveux, c’est mon chien !’’ »

Et tu ris comme toutes les gamines rient après ce genre d’histoire.

On sait que celle-ci, en principe, ne va pas plus loin, mais, poursuivant ton idée, tu entreprends de ne pas en rester là : « ‘‘Enfin, monsieur ! ça ne respire pas, ça n’aboie pas, ça a un manche en bois, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? vous voyez bien, monsieur, que c’est une brosse à cheveux ! — Pas du tout ! C’est un chien ! la preuve, c’est qu’il a un collier, une laisse pour chien et que je le promène avec !’’ »

Tu ris à nouveau : « C’est clair, non ?

— Oui, assez clair ! Une carte d’identité ne suffit pas à faire d’un étranger, qui se comporte en tout comme un étranger, un Français, pas plus qu’un collier et une laisse ne suffisent à faire d’une brosse à cheveux un chien.

— C’est bien ça ! tu as compris : kif, kif, ton histoire de mort-vivant.

— Euh… oui… mais laissons un peu tomber les morts-vivants et les chiens-brosses à cheveux, il y a mieux que ça. Imaginons plutôt que ton grand-père se prenne tout à coup – ou veuille qu’on le prenne – pour Napoléon : est-ce qu’il suffirait que des fonctionnaires aussi fous que ton aïeul lui procurent une carte d’identité au nom de Napoléon Bonaparte pour qu’on voie en lui l’Empereur des Français ?

— Non, bien sûr !

— Eh bien, cette situation ressemblerait assez à celle de nombreux étrangers qui veulent qu’on les prenne pour les Français qu’ils ne sont pas, tandis que certains sont assez fous pour voir en eux, en effet, des Français comme les autres, sous prétexte qu’ils ont une carte d’identité française. Je ne sais pas si tu me suis.

— Mais oui, je te suis : c’est complètement ouf !

— Je dirais même plus : complètement fou ! Voilà où mènent, de fil en aiguille, les absurdités du ‘‘politiquement correct’’ : à une logique de fou. Réduire la nationalité française à un bout de papier que peut posséder n’importe qui vivant chez nous en étranger absolu et haïssant la France, si ce n’est pas ôter tout sens au fait d’être français, tout sens à la France elle-même, je ne sais pas ce que c’est. Cette conception de la nationalité est donc, à la lettre, in-sensée. »

Tu as l’air d’accord, mais tu ne peux t’empêcher d’ajouter : « Sauf que grand-père, excuse-moi, ça lui arrive assez souvent de se prendre pour Napoléon ! »

Je te regarde d’un air d’incompréhension indignée : « Qu’est-ce que tu racontes ?

— Attends ! Je plaisante ! Fais pas cette tête ! Je n’ai pas voulu dire que grand-père était fou, mais seulement parfois un peu autoritaire. C’est vrai ou pas ? »

C’est sans doute un peu vrai, mais je préfère répondre : « Avec son âge et son expérience, ton grand-père a souvent raison, et tu ferais bien de prendre au sérieux ses conseils. » Et, ravalant un rappel bien senti au respect dû aux ancêtres, je poursuis avec solennité : « Bref, ‘‘ce n’est pas parce que le coucou fait ses œufs dans le nid du rossignol que ses petits vont naître rossignols’’.

— Proverbe dogon ?

— Non : ouïghour.

— Ouïghour ? Tiens ! Moi j’aurais plutôt penché pour corse et même ‘‘Mattéi’’. »

Je réponds d’un air dégagé : « Peut-être… maintenant que tu le dis. Mais, tu sais, nous les Corses, nous avons été longtemps un peu les Ouïghours de la France ! Quoi qu’il en soit, comment peut-on soutenir que ces populations encouragées à cultiver leurs différences, à savoir tout ce qui, en elles, est le plus étranger à la France, peuvent être considérées comme aussi françaises que les autres ? Je le répète, toutes ces incohérences criantes, ces inepties, sont la preuve de la mise en œuvre de ce projet inavouable : obliger les propriétaires légitimes de la France à partager leur pays avec des peuples étrangers qui veulent la changer corps et âme, en attendant de leur en faire carrément cadeau.

— Mais c’est dégueulasse ! ? De quel droit on nous oblige à ça ? Ceux qui le font sont-ils les propriétaires exclusifs de la France ? Elle leur appartient ?

— Enfin, un cri du cœur ! Je vois que tu commences à réagir normalement. Est-ce qu’on nous a demandé notre avis ? Évidemment non. Je viens de te le dire. Ces gens qui n’ont que le mot de ‘‘démocratie’’ à la bouche ont décidé cela seuls, comme si la France était leur chose, leur appartenait exclusivement ; mais la France n’appartient pas à ces Français qui la liquident, elle leur appartient bien moins que tu n’appartiens à tes parents, par exemple. Pourtant…

— Je vois pas le rapport.

— Tu es leur fille, non ? Et pourtant, disais-je, il y a une chose du même ordre que celle que ces usurpateurs ont imposée aux Français qu’ils ne t’imposeraient jamais. D’ailleurs, le voudraient-ils que, trois ans plus tard, la loi serait contre eux.

— Ah ? Et laquelle ?

— Réfléchis, tu devrais trouver par toi-même.

— Je devrais trouver par moi-même ?

— Oui, parce que ça changerait ta vie radicalement. Fais un effort : qu’est-ce qui change radicalement la vie d’une personne ? »

Tu hésites à peine : « Euh… Le mariage ?

— Banco ! Eh bien, imagine qu’un beau jour on te dise : ‘‘Nous t’avons choisi un mari. C’est un beau parti. Une aubaine pour la famille et pour toi. Tu vivras avec lui jusqu’à ce que la mort vous sépare’’… Qu’en dirais-tu ?

— Je te dirais qu’il n’en est pas question et que je ne me laisserais pas faire.

— Tu aurais bien raison, mais tu n’aurais pas beaucoup à te battre car, à ta majorité, tu aurais la loi pour toi. Mais alors pourquoi avoir pris la peine d’interdire le mariage forcé et indissoluble entre individus au motif, très juste, qu’il est une forme de barbarie, pour permettre bien pire : le mariage, en quelque sorte, forcé et indissoluble entre des peuples qui ne peuvent pas se sentir ? Crois-moi : ce qui arrive à ton pays est sans exemple dans l’histoire de l’humanité. Même le pire dictateur, le plus fou, n’aurait pas osé déposséder son peuple de son pays pour y substituer des peuples étrangers. Il s’agit d’un ‘‘génocide par substitution’’, comme dirait un célèbre écrivain antillais.

— Un écrivain antillais a dit ça ? C’est courageux de sa part, non ?

— Pas tant que ça. Il ne dénonce pas un phénomène concernant la France – tu rêves ! – mais… les Antilles, qui seraient, d’après lui, envahies par des populations étrangères, dont des Français venus de la métropole, étrangères à la population ‘‘légitimement’’ propriétaire des Antilles. Lui, en tant que Noir, a le droit de dire ça, mais pas les gens comme nous, s’agissant de la France. »

Depuis un moment, tu m’écoutes, sourcils froncés, l’air de plus en plus concentrée.

« Au fait, demandes-tu, l’identité française, c’est quoi, pour toi : la République, les droits de l’homme, la laïcité ?

— Je ne dis pas que ça n’entre pas en ligne de compte, mais réduire l’identité française à une définition édifiante, moralisante, du genre droits de l’homme, liberté, tolérance et Diversité, c’est comme n’apprécier le cassoulet que parce qu’il est riche en fibres et en sucres lents.

— Ou le couscous parce qu’il est riche en vitamines.

— Oui. Pas étonnant que cette France de régime, insipide, n’inspire pas les étrangers et qu’elle les laisse gourmands de leur pays d’origine qui risque de rester à jamais leur Mère Patrie charnelle !

— Et être français, alors, c’est quoi ? »

J’attendais cette question. Il était inévitable que tu finisses par la poser.

« Pour moi, un vrai Français est quelqu’un qui, quelle que soit son origine, européenne, africaine ou martienne, aime la France telle que l’a façonnée son peuple mille cinq cents ans durant, et qui fait donc siens son histoire, ses paysages naturels et humains, ses innombrables œuvres d’art, sa culture et sa langue. Est-ce que ça te satisfait ?

— Oui… je crois. En gros.

— Autrement dit, je considère comme français et compatriotes tous ceux, d’où qu’ils viennent, qui n’ont pas d’autre Mère Patrie que la France ou qui, à la rigueur, l’aiment autant que leur patrie d’origine. Les autres ne sont pas mes compatriotes, mais seulement mes concitoyens. »

Tu sembles ne plus écouter et poursuivre en silence tes propres réflexions. Et soudain tu reprends la parole, l’air songeuse : « En somme, c’est comme si un inconnu, Robert Duchnoque, sous un vague prétexte, ou même sans prétexte du tout, s’installait de force chez nous, les Mattéi, dans notre maison, avec sa femme ; comme s’ils y vivaient à leur guise sans tenir compte de nos habitudes ; comme s’ils y mettaient au monde leurs enfants qui auraient automatiquement le droit de s’appeler Mattéi comme nous, ainsi que d’hériter de nos biens pour en faire ce que bon leur semble.

— Voilà. Tu te répètes aussi, mais tu as tout compris.

— Bon, d’accord. Mais comment reconnaître les ‘‘vrais’’ Français ? On va tout de même pas soumettre au sérum de vérité tous ceux qui sont d’origine étrangère ? !

— Évidemment non. Il n’est pas question de cuisiner quiconque d’aucune façon à ce sujet ! Ni même d’aller voir du côté de leurs ancêtres. Ce serait faire planer la suspicion sur tout le monde. Tous ceux qui ont d’ores et déjà la carte d’identité française doivent être considérés comme des Français. Point final. On n’y peut plus rien. Il faudra faire avec. On devrait seulement avoir le droit de dire à certains que leur comportement, leurs choix de vie n’ont rien de français, sans déclencher de leur part des crises d’hystérie. En revanche, il serait urgent de redonner sa fierté à notre peuple et de la rendre communicative. Et il serait tout aussi urgent de revenir sur le droit du sol automatique et de rendre l’accès à la nationalité française beaucoup plus difficile.

— Mais puisqu’on te répondra que le droit du sol représente une caractéristique majeure de l’identité française !

— Même pas vrai ! Ce sont nos liquidateurs qui l’affirment, alors qu’ils ne cessent d’expliquer que l’identité française, c’est du vent ! En fait, le droit du sol n’a rien d’ancien ni de glorieux, ni de moral. Il a seulement été établi à partir de la fin du XIXe siècle pour permettre la conscription des étrangers. Comme tu vois, pas de quoi se vanter. Enfin, pour en revenir à ce que tu disais, la prochaine étape risque d’avoir un rapport encore plus direct avec ton histoire de Duchnoque qui s’installerait de force chez nous. »

Tu fronces les sourcils : « C’est quoi, ce délire ? Ne me dis pas qu’un jour ils nous obligeront à partager nos logements avec des sans-logis africains ?

— Et pourquoi pas ? Ils vont se gêner ! L’Union soviétique avait bien obligé les bourgeois à partager gratis leurs appartements avec des prolétaires qui les mouchardaient au Parti. N’oublie pas que nous vivons dans un régime totalitaire qui se fait passer pour une démocratie. Hier, dans la Russie bolchevique, au prétendu paradis des travailleurs, le premier de leurs droits, la grève, était interdit ; aujourd’hui, en France, au prétendu paradis de la démocratie et des droits de l’homme, la première des libertés, celle de contester l’idéologie dominante, est interdite.

— On n’envoie personne au goulag, quand même.

— Pas besoin. Entre temps les médias sont devenus si puissants que nul n’est besoin de goulag ou de peloton d’exécution pour nous forcer à filer doux. La propagande qui a déjà si bien marché est toute prête. Il suffira d’une légère adaptation. Les médias aux ordres stigmatiseront ces Français ‘‘frileux’’ de la France ‘‘moisie’’ qui font de leurs maisons des ‘‘forteresses’’ au lieu de les ‘‘ouvrir à l’Autre’’. Des cinéastes subventionnés vanteront dans leurs films la ‘‘colocation citoyenne’’ où nous, les ‘‘de souche’’ aurons le grand bonheur de découvrir au quotidien la chaleur et la sagesse africaines ; et le tour sera joué. On leur laissera même le choix du logement et de la famille d’accueil.

— Tu veux dire que ce qu’ils ont réussi avec la maison France, ils le réussiront avec les maisons Dupont, Durand ou Mattéi ?

— Certes, je m’avance un peu, mais dans ce monde à l’envers où nous vivons, tout, désormais, est possible, surtout le pire. Ceux qui ont réussi à faire gober à leur peuple qu’il devait se laisser déposséder de son pays par des peuples étrangers et se laisser haïr par eux, savent désormais qu’il leur sera facile de lui faire gober n’importe quoi. Ils ne reculeront devant rien. »

Tu grimaces sans rien dire, puis tu reviens au sujet principal : « Il y a encore une chose que je voudrais savoir. L’identité française a dû tout de même changer depuis le temps ?

— Que la France ait évolué en mille huit cent ans d’histoire est une évidence. Restent un fond de culture et une façon d’être au monde caractéristiques d’une identité proprement française, laquelle est aujourd’hui menacée par des apports étrangers qu’on fait ingurgiter de force et en grande quantité à notre pays, qui est en train d’en mourir ou, du moins, de mourir à lui-même. Que la France continue d’évoluer est, certes, aussi, une nécessité, mais à condition, encore une fois, que ce soit son peuple – et lui seul – qui décide des modalités de cette évolution. Le peuple de France a droit comme tous les autres de disposer de lui-même et de son pays.

— Et ce ‘‘fond de culture’’, cette ‘‘façon d’être au monde’’, ce ‘‘dénominateur commun au peuple de France’’, bref : cette identité, c’est quoi, pour toi ?

— L’identité française, c’est d’abord les femmes, ensuite les femmes et, enfin, les femmes.

— Et après ? Ce n’est pas le cas qu’en France : en Europe, aussi.

— Certes, mais en France plus qu’ailleurs. Elles ont été – et sont toujours – tellement présentes dans la société française, elles ont joué un rôle si important, si constructif, dans notre histoire et dans notre culture où tant d’œuvres d’art leur rendent hommage, les hommes ont entretenu avec elles – et elles avec les hommes – des rapports si aimables, comparé à la plupart des autres pays du monde, que cela a imprimé à notre identité, à notre art de vivre, ce je ne sais quoi qui les distingue de tous les autres.

— Pourtant, les féministes semblent en vouloir davantage aux hommes de France qu’aux autres hommes de la planète.

— Eh bien nos féministes sont aveugles, et n’ont pas fini de regretter l’homme ‘‘à la française’’ ! Crois-en la femme courtisée que j’ai été !

— Ouh, la vantarde !

— Ce n’est pas pour me vanter que je dis ça, mais pour appuyer mon point de vue sur mon expérience personnelle.

— Ouais… C’est vrai qu’en regardant bien tu as encore quelques beaux restes. »

Je suppose que je dois prendre ça pour un compliment.

Cependant tu poursuis : « N’empêche, je pense que c’est justement ce qui rend ton point de vue pas valable. Quand une femme est belle et courtisée, elle va pas penser du mal des hommes, pardi !

— Détrompe-toi ! Quand, chez une femme, la jeunesse et la beauté ont fui – et parfois ça passe vite – et que les hommes cessent de la courtiser, il peut arriver – et il arrive souvent – qu’elle en veuille encore plus à ceux-ci que les autres femmes !

— En tout cas, d’après ce que j’ai lu quelque part, c’est l’Église catholique et non l’islam qui a affirmé que la femme n’avait pas d’âme.

— Boniments de féministes ignares : jamais l’Église catholique n’a rien dit de pareil. Il suffit de se reporter au document auquel, généralement, nos catholicophobes se réfèrent sans l’avoir lu. Non seulement ça, mais le christianisme a fait, il y a deux mille ans, au moins autant pour la dignité des femmes que nos féministes !

— Ah, bon ?

— Bien sûr ! C’est le christianisme qui a interdit la répudiation de la femme au gré de son mari et la polygamie, pratiques qui existaient dans presque toutes les civilisations. Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que ça représente pour les femmes et leur dignité ! Nos féministes feraient bien de s’en souvenir au lieu de faire la courte échelle à l’islam ! Car, bizarrement, certaines d’entre elles semblent n’avoir voulu avoir la peau du brave ‘‘macho’’ occidental que pour mieux faire les yeux doux au super macho musulman et craquer, comme n’importe quelle femelle à l’âme de midinette, pour le petit ‘‘mac’’ des banlieues. C’était bien la peine !

— Pourquoi est-ce qu’on dit ‘‘bonimenteurs’’ et pas ‘‘bonimensonges’’ ? »

Je te regarde, interloquée, et puis réponds : « Est-ce que je sais, moi ? Quelle question ? ! » Tu ris : « C’était juste histoire de voir si tu avais réponse à tout. »

— Je n’ai pas cette prétention, figure-toi ! Même pas celle d’avoir raison sur tout ce que je t’explique. Mais au moins auras-tu entendu un autre son de cloche et pourras-tu à l’avenir te faire par toi-même ton opinion. Je fais ton éducation démocratique.

— Je sais ! Te vexe pas ! Bon, les femmes, d’accord, mais si tu devais résumer en une phrase l’identité française, qu’est-ce que tu en dirais ?

— En une phrase, ce n’est pas facile, voire impossible. Aucune identité nationale ne peut être cernée en une phrase, ni même en plusieurs. Surtout quand elle est aussi riche que l’identité française. C’est, d’ailleurs, peut-être, cette richesse malheureusement privée des oripeaux d’un folklore voyant et de l’exotisme qui nous perd. Je te l’ai dit : une nation est comme une œuvre d’art collective. Tu ne peux ‘‘définir’’ une œuvre d’art : tu ne peux que la ressentir. Néanmoins, si j’étais obligée de définir l’identité française, voilà ce que je tenterais de dire : c’est, bien entendu, un mélange. On y trouve du goût pour la raison et pour l’excellence, mais aussi de la légèreté, de l’amour pour la liberté, de la passion pour les arts, de la malice et de l’esprit, souvent grivois – notre fameuse ‘‘gauloiserie’’, justement –, très souvent critique mais toujours brillant. Voilà. Et ce bel esprit doit beaucoup, selon moi, à la place importante que les femmes ont toujours eue dans notre culture, à leur présence constante, en toutes circonstances, auprès des hommes, à la considération que ceux-ci ont toujours eu pour elles, rivalisant de mérites personnels pour les séduire et faisant ainsi progresser la civilité et la civilisation. Sans oublier le ‘‘panache’’, comportement tellement français que le mot n’a, je crois, de traduction possible dans aucune langue.

— Et du courage ?

— Oui, du courage aussi, qui va un peu avec le panache. Et de la débrouillardise.

— Dans le fond, les féministes devraient adorer la France, alors…

— Bien sûr ! Et pourtant certaines sont les premières à pactiser avec nos liquidateurs ! Tenir les femmes pour quantité négligeable, leur imposer la relégation et l’effacement est non seulement contraire aux plus élémentaires droits humains, mais vouerait notre identité et notre civilisation, plus que toute autre, à la mort. Et c’est ce que notre civilisation risque avec l’islam.

— Et les sorcières, tu en fais quoi ? demandes-tu soudain. C’était par féminisme, sans doute, qu’on les brûlait vives ? »

« Encore un point pour toi », pensé-je, vexée d’avoir oublié ce ‘‘détail’’ plutôt embarrassant pour ma démonstration.

« Écoute, les sorciers aussi étaient brûlés, mais je t’accorde qu’il y a eu plus de femmes que d’hommes sur les bûchers. C’est aussi que les femmes en France ne sont jamais résignées à leur situation subalterne. Ces sorcières étaient des sortes de pionnières. Comme il leur était interdit, en tant que femmes, d’étudier, elles ont essayé de faire de la médecine par elles-mêmes en cueillant des plantes pour fabriquer des remèdes. Et comme il leur semblait que c’était la nuit que les plantes conservaient le mieux leurs propriétés, elles les cueillaient de préférence à ce moment-là, dans des lieux écartés et sauvages. D’où la légende selon laquelle elles participaient au sabbat avec le Diable.

— Et ils étaient efficaces, leurs remèdes ?

— Au moins autant que ceux de la médecine officielle de l’époque, qui ne connaissait que la saignée et le lavement ! D’ailleurs, le peuple ne s’y trompait pas qui, loin de s’effrayer de leur réputation, n’hésitait pas à avoir recours à elles. Évidemment, quand le malade ne guérissait pas, il y avait toujours quelque langue de vipère pour dire que le remède était en réalité du poison, et celle qui l’avait dispensé une sorcière. Mais la faute en revient à l’obscurantisme de l’époque, qu’à partir de la Renaissance, l’Occident, et particulièrement la France, ont vigoureusement combattu par la Raison.

— Oui… Excuse-moi : mais sur ce coup-là, je te trouve quand même un chouïa de mauvaise foi. Pas très crédible, en tout cas. »

« C’est qu’elle finirait par m’agacer pour de bon ! » ronchonné-je in petto. Toutefois, sans rien laisser paraître de mon agacement, je réponds : « Attends ! je n’ai jamais prétendu que la France était parfaite, pas plus dans ce domaine que dans d’autres. Je dis simplement que, globalement, elle a été le pays le moins misogyne du monde.

— C’est drôle ! je m’attendais à ce que tu me parles de l’amour courtois, du respect des chevaliers pour leurs dames, tout ça…

— Tiens, c’est vrai, j’ai oublié ! Tu vois bien que même à ces époques il n’y en avait pas que pour les sorcières ! Ai-je été assez crédible sur ce coup-là » ? ajouté-je en appuyant lourdement sur cette expression, nouvelle scie du vocabulaire branché. Tu ne réponds pas. Voyant que mon ironie te laisse de marbre, je passe outre, décidée à enfoncer le clou : « Écoute. Tu connais beaucoup de pays où les hommes, y compris dans le peuple, appelaient communément la femme, épouse, amante, ou fiancée, du joli nom de ‘‘ma moitié’’ ? Tu connais beaucoup de pays où la vox populi moque le mari cocu bien plus qu’elle ne condamne l’infidélité de la femme ?

— Y a pas qu’en France, non plus.

— Oui, mais surtout en France, et depuis toujours. Et puis, connais-tu beaucoup de pays où même les marches militaires parlent tendrement d’amour, de filles du roi à leur fenêtre et de jolies bergères en sabots rencontrées sur le chemin ?

— C’est vrai ! Je connais une de ces marches militaires qui parlent de filles.

— Ah ? Et laquelle ?

— Celle que chante souvent oncle Hector : ‘‘Tiens ! voilà du boudin, voilà du boudin ! tan tan tan tan tan tan tan tan !’’ »

Je ris d’autant plus que je ne suis pas si sûre, tout compte fait, qu’il s’agisse d’une plaisanterie de ta part.

« Et tu connais beaucoup de nations où, depuis des lustres, l’une des principales distractions des femmes, mariées ou non, est de danser dans les bras des hommes, même d’hommes inconnus, sans qu’elles passent pour des putains ? Tiens ! jouons au portrait chinois ! Si la France était un tableau, qu’est-ce que ça serait ?

— Euh… tu sais, j’y connais trop rien, en peinture.

— Tu connais Renoir, quand même.

— Ah, lui, oui !

— Eh bien, pour moi, si la France était un tableau ce serait Le Moulin de la Galette de Renoir. Rien ne montre mieux que ce chef-d’œuvre le plaisir qu’en France les hommes et les femmes ont à être ensemble, dans leurs beaux atours, pour boire du vin, plaisanter, écouter de la musique et danser, ou tout simplement profiter d’une belle journée ensoleillée. Rien ne montre mieux le naturel, la décontraction avec lequel ils se regardent, se parlent, se sourient, se touchent. Et il se dégage de cette foule une joie de vivre bon enfant, un air de fête léger et radieux. Il me semble que ce tableau illustre mieux qu’un discours l’âme de la France et de son peuple.

— J’ai idée que ton Moulin de la Galette devait être aussi celui de la galipette…

— Sans doute. Contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, les hommes et les femmes du peuple de France n’ont pas attendu les fils à papa de mai 1968 pour s’amuser et passer du bon temps ensemble.

— Et la cuisine, alors ? Tu as oublié la cuisine ! »

Je reconnais bien là ta gourmandise.

« Oui, bien sûr : la bonne chère et le vin sont, chez nous, une religion. C’est même peut-être la vraie religion de ce pays ! À propos, sais-tu que la France est la championne, juste derrière l’Italie, des merveilles dues à la main de l’homme ?

— Non, je savais pas.

— Tu m’étonnes ! Tout ce qui pourrait valoriser la France aux yeux des jeunes gens est interdit d’enseignement.

— Pourtant, c’est un petit pays.

— Oui, ce n’en n’est que plus remarquable. »

Tu ironises : « À t’entendre, l’identité française c’est zéro défaut.

— Bien sûr que non. Nous avons, comme tout le monde, les défauts de nos qualités. L’esprit grivois peut facilement tomber dans la grossièreté, l’esprit critique dans la contradiction stérile, le goût du vin dans l’ivrognerie, l’amour de la liberté dans la pagaille et l’anarchie, le cartésianisme dans la rigidité intellectuelle, et la conscience de notre excellence nous a longtemps fait passer à l’étranger pour des ‘‘cocardiers’’ et des sans-gêne. Tu vois que je suis objective.

— En tout cas, la prochaine fois que Selim Bourras me dira qu’il est aussi français, plus français même qu’une ‘‘fromage blanc’’ comme moi, avec cette grimace et ce regard de mépris assassin qu’ils ont quand ils veulent humilier quelqu’un, je saurais quoi lui répondre.

— Et quoi donc ?

— Et moi je suis Napoléon ! »

Tu ris, comme toujours, contente de toi.

« Il n’y a pas de quoi rire ! Tu ne lui répondras rien du tout ! Pas, en tout cas, avant d’avoir pris des leçons de judo. Mets-toi dans la tête que l’époque n’est plus aux pagnolades, comme dirait aimablement, en nous fusillant de son terrible regard, l’égérie de la ‘‘France d’après’’, la belle Houria Bouteldja. Bon, sur ce, à demain.

— Déjà ?

— Oui, ce soir, je suis occupée. Ma chère petite, tu comptes beaucoup pour moi, mais je n’ai pas que toi dans la vie ! »
Chapitre VIII

Où l’on parle du grand méchant loup, du pseudo-racisme des Français ainsi que de collabos,
et où l’on découvre que les Arabes ont été des esclavagistes comme les autres.




Le lendemain.

Tu es manifestement de plus en plus impatiente de reprendre la discussion. Je vois que tu y as vraiment pris goût.

« Mais personne n’a protesté ? Jamais ?

— Si. Un homme a très vite essayé de nous mettre en garde contre ces nouveaux peuples si radicalement étrangers et qui s’invitaient si nombreux chez nous sans notre consentement. Il avait prévu qu’ils ne s’assimileraient pas. Malheureusement, on l’a suspecté, non sans raisons, d’être un antisémite forcené, d’avoir des sympathies nazies et certains de ses propos ont frisé le négationnisme. On a pu, de ce fait, le diaboliser au point que tous ceux qui lui donnaient raison sur le danger d’une immigration africano-musulmane massive étaient presque présentés comme des nazis, eux aussi. Cela a été si habilement orchestré par les médias que plus personne n’a rien osé dire à ce sujet.

— Pour ça, je devine qui c’est : Le Pen ?

— Oui.

— Tu m’étonnes. Prononcer son nom, au collège, c’est comme parler du diable.

— Certes, pour ceux qui veulent nous liquider, Le Pen est pire que Ben Laden.

— Tu veux rire ! Pour mes copains rebeus, il n’y a pas de comparaison. Ben Laden est un héros qu’ils admirent sans se cacher.

— Pourtant, la réalité d’aujourd’hui donne raison à Le Pen et au-delà. Non seulement ces immigrés issus d’Afrique sont de plus en plus nombreux à ne pas s’assimiler, mais ce sont les malheureux ‘‘de souche’’ n’ayant pas les moyens de vivre ailleurs que dans les territoires africanisés qui sont obligés de s’assimiler à la rue africaine, arabo-musulmane notamment, et à ses codes, pour éviter de subir ses persécutions. Il y est notamment recommandé fortement de ne pas ‘‘faire son Français’’ si l’on ne veut pas perdre la tranquillité, le sommeil et tout respect de la part des nouveaux venus. Quant à ceux qui n’en peuvent plus et qui décident de quitter les lieux, lorsqu’ils ont acheté leur logement avec les maigres économies de toute une vie pour y finir paisiblement – croient-ils – leurs jours, ils partent ruinés, parce que le logement en question ne vaut plus un clou. Pas besoin d’un dessin pour comprendre pourquoi.

— D’ailleurs, on peut les comprendre, les Africains : pourquoi ils s’assimileraient à une nation qu’on leur a rendue haïssable ?

— Évidemment ! Une nation qui n’a pour tout passé, à leurs yeux, qu’un casier judiciaire, ne donne guère envie de s’y assimiler. Quoi qu’il en soit, puisqu’on ne peut plus cacher cette réalité qui donne raison à Le Pen, qu’à cela ne tienne : ceux-là même qui l’avaient traité de menteur raciste ont décidé de proclamer… quoi ? Je te le donne en cent, je te le donne en mille, comme dirait madame de Sévigné : non, ce n’est pas une marque de conserves…

— …

— Je vois que tu donnes ta langue au chat. Qu’elle était ENVIABLE, cette réalité. Et que la trouver consternante était le signe du plus criant – je donne un signal du bras comme un chef d’orchestre… racisme ! »

Nous avons crié le mot ensemble.

« Oui, cette réalité est désormais présentée dans les journaux, les magazines de mode, les plateaux de télé, les programmes scolaires, les films, comme ENVIABLE : les Africains ne s’assimilent pas ? formidable : ils préservent leur différence et la différence est un enrichissement ! D’ailleurs, vouloir les assimiler sent à plein nez son… racisme (je fais le même geste du bras, tu entres à nouveau dans le jeu et nous crions le mot ensemble). Ils détestent la France ? formidable : ils ont bien raison de ne pas aimer ce pays… raciste (je n’ai plus besoin de te donner le signal, tu t’es piquée au jeu). Ils sont violents et aggravent l’insécurité ? formidable : ils débordent d’énergie et refusent les lois d’un pays… raciste. Et, bien entendu, ceux qui déplorent cette réalité au lieu de s’en réjouir sont des…

— … racistes !

Cette fois tu as crié si fort en t’écroulant de rire sur le canapé que ta mère est venue voir ce qui se passait, tandis que je poursuivais imperturbablement : « Mais alors, si c’est tellement enviable, pourquoi ne l’ont-ils pas dit tout de suite aux Français, au lieu de leur faire croire que ces Africains s’assimileraient comme les Italiens, les Portugais ou les Espagnols ? Pourquoi ne leur a-t-on pas dit tout de suite ce qu’a dit un ancien ministre dernièrement : que l’assimilation avec ces nouveaux venus serait en bonne voie quand les français chrétiens appelleraient leurs fils Mohamed ?

— Oui, pourquoi ? bredouilles-tu, hilare.

— Parce que les Français, mis au courant, n’auraient pas été d’accord pour laisser faire une telle aberration. Il fallut d’abord les endormir par trente ans de lavage de cerveau lénifiant et culpabilisant. La veille encore, on leur assurait que la submersion étrangère n’était qu’un fantasme raciste et xénophobe et aujourd’hui, devant son évidence, on les somme de la trouver enthousiasmante et d’entonner des alléluias à leur propre disparition. Autrement dit, non seulement il faut accepter d’avoir été baisés profond, mais encore on nous engueule de ne pas jouir. »

Tu joues les choquées en réprimant un fou rire prêt à rejaillir : « Grand-mère !

— Oh, ça va : tu ne fais pas partie pour rien de la génération qui écoute Skyrock !

— Bof, je ne l’écoute pas tant que ça.

— À mon avis, c’est encore trop. Passons.

— Non, sans blague, il a dit ça le ministre, que l’assimilation ce sera quand les ‘‘de souche’’ appelleront leurs fils Mohamed ?

— Exactement, mot pour mot.

— Alors, sous prétexte d’empêcher la lepénisation des esprits, on encourage leur mahométisation ?

— Tout juste ! Et dans une manifestation récente en faveur de certains étrangers indésirables, on brandissait des pancartes où il était écrit : ‘‘Vive l’invasion !’’ Tu vois, nos liquidateurs ne se cachent même plus de vouloir nous liquider. Le plus révoltant, c’est que si ce chantage continuel au racisme a marché, c’est justement parce que les Français étaient – et sont encore – le peuple le moins raciste du monde, qu’ils avaient en horreur tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des persécutions racistes.

— Comment tu peux savoir que la France était un des pays les moins racistes du monde ?

— Parce que j’ai beaucoup d’amis qui ont voyagé, que j’ai pas mal voyagé moi-même et que j’ai fréquenté de près, et non pas en touriste, les Arabes, ceux du Maghreb, dans leur pays, et ceux de nos banlieues. On s’aperçoit vite alors que le racisme, le racisme antinoirs par exemple, antigitans ou antiasiatiques, pour ne pas parler du racisme antiblancs, est chez eux bien pire que chez nous. Il est sans complexe, candide, pour ainsi dire : contrairement au nôtre, il ne se pose jamais la moindre question. Il coule de source, il va de soi.

— J’ai entendu dire que dans certaines cités, les Rebeus, quand ils sont majoritaires, en font fuir les Blacks.

— Tout à fait exact. Et inversement.

— Tu veux dire qu’il y a plus de ben Moussa et de Mamadou-la-Joie chez eux que de Dupont-la-Joie chez nous ?

— Très probablement. Écoute : il y a à peine un quart de siècle, les Noirs d’Amérique étaient fous de la France où ils avaient découvert avec stupeur dès la guerre de 1914 qu’un Noir pouvait se mêler aux Blancs partout et flirter avec des femmes blanches dans l’indifférence la plus totale. Les peuples du monde entier aimaient et admiraient notre pays. Un dicton disait : ‘‘Tout homme a deux patries, la sienne et la France’’. Et en un quart de siècle, c’est-à-dire en un clin d’œil, elle aurait changé au point de devenir un pays affreusement raciste, alors même qu’elle a, de surcroît, renoncé à ses colonies ? Absurde ! Propagande antifrançaise éhontée, totalitaire, qui a fini par dresser les Africains à nous haïr, comme la propagande antisémite avait fait haïr les Juifs en Allemagne, ou comme la propagande hutue avait fait haïr les Tutsis au Rwanda. Une propagande qui, en un mot…

— … a millecollinisé les Africains contre nous, oui, je sais. »

Tu poursuis, songeuse : « En fait, je me rends compte que je ressens bien, depuis la sixième, un malaise face aux Rebeus et aux Blacks. Depuis cette époque, j’ai comme l’impression de me sentir, en leur présence, un peu comme une intruse ; mais rien n’était clair dans ma tête, et j’osais pas trop m’arrêter à ça. Et quand il leur arrivait des fois de dire que les vrais Français c’étaient eux, j’étais pas loin de le croire puisque nous, les ‘‘de souche’’, on n’était rien – enfin, c’est ce que je pensais.

— Tu avais l’impression que plus ils soulignaient leur origine étrangère, plus c’étaient eux, les vrais Français ?

— Oui, bizarrement. C’est un peu ça ! Et je me disais que si eux étaient des Français si fièrement arabes ou des Français si fièrement musulmans, ou des Français si fièrement africains, nous, on n’était rien, rien que des Français, c’est-à- dire des pas-grand-chose vaguement coupables.

— Coupables, tu as lâché le mot ! On a voulu faire de la culpabilité notre seule identité ! C’est la pierre angulaire de toute la stratégie de nos liquidateurs. La seule façon de faire gober un crime aussi inexpiable, si inouï, si unique qu’il n’a même pas de nom et qu’il faudrait lui en inventer un… je ne sais pas… PATRICIDE, peut-être : assassinat de la patrie…
» Tiens ! à propos de patrie : il est tout à fait normal de rester attaché à son pays d’origine, mais ceux qui nés et ayant grandi en France y restent attachés au point de n’éprouver qu’indifférence, mépris ou haine pour leur pays d’adoption, surtout deux ou trois générations après l’installation de leurs parents, ne sont pas nos compatriotes comme nous ne sommes pas les leurs.

— Tu l’as déjà dit, mais je ne comprends pas très bien.

— Tu vas comprendre : que veut dire ‘‘compatriotes’’ ?

— Qui sont du même pays ?

— Non. Sont compatriotes ceux qui ont la même Mère Patrie. Or si nous partageons le même pays, nous n’avons pas la même Mère Patrie que nombre de ces Français d’origine africaine. La nôtre est la France. Même ceux d’entre nous qui la détestent n’en ont pas d’autre. En revanche, la Mère Patrie de trop nombreux néo-Français reste l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ou le Mali. C’est à ces pays que vont leur amour, leurs pensées et leurs regards émus, et non à la France qui n’est pour eux, le plus souvent, qu’une horrible marâtre. Nous ne sommes donc pas leurs compatriotes, comme ils ne sont pas les nôtres. Là aussi, il faudrait inventer un mot pour dire ‘‘ceux qui partagent le même lieu’’, un point c’est tout. Disons qu’ils ne sont que nos ‘‘concitoyens’’. Des concitoyens, précisons-le tout de suite, à part entière, avec les mêmes droits – et parfois au-delà – que les Français du peuple d’accueil, alors même que beaucoup de ces étrangers accueillis se dispensent souvent des devoirs auxquels les premiers se plient. Tout le contraire, on le voit, de Vichy, qui entendait supprimer la qualité de citoyens, avec tous les droits afférents, aux Français d’origine juive ou étrangère. »

Tu hoches la tête et reviens à ton idée : « ‘‘Patricide’’, comme ‘‘parricide’’ ?

— Exactement, mais c’est encore plus grave que l’assassinat d’un père ou d’une mère.

— Une sorte de crime contre l’humanité, alors ?

— Absolument. Et même un double crime : à l’encontre de l’humanité, française d’abord, mais aussi à l’encontre de l’humanité en général, pour laquelle la France a tant fait et aurait pu faire encore. En outre, nos liquidateurs qui voient du fascisme partout semblent ne pas voir que le plus despotique, le plus fasciste des dictateurs, n’eût jamais osé infliger à son peuple ce qu’ils infligent aux Français : faire cadeau de leur pays à des populations étrangères hostiles. Et s’il l’avait fait, ce dictateur eût été aussitôt condamné sans appel par les ‘‘grandes consciences’’, celles-là mêmes qui se taisent aujourd’hui sur le sort du peuple de France.

— En tout cas, moi j’entends souvent les élèves rebeus du collège se saluer entre eux du nom de ‘‘frère’’.

— Oui, en France comme ailleurs, les hommes originaires des pays arabo-musulmans, même français depuis trois ou quatre générations, se saluent volontiers ainsi entre eux. Par contre, jamais ils ne font de même pour nous, les ‘‘de souche’’ qui, d’ailleurs, le leur rendons bien. Preuve que ni les uns ni les autres ne nous sentons appartenir à la même famille. Et si nous n’appartenons pas à la même famille, comment serions-nous des compatriotes ? À aucun moment, personne n’a entendu les Italiens, les Espagnols, les Polonais ni les Portugais se saluer ainsi entre eux comme s’ils formaient une famille différente des Français ‘‘de souche’’. Là encore, cherchez l’erreur.

— À chacun sa famille. C’est normal, après tout.

— Oui, au début à la rigueur, mais au bout de trois ou quatre générations, ce n’est plus normal, justement, surtout à partir du moment où ces personnes s’affirment aussi françaises que nous ; car c’est forts de cette ‘‘francité’’ affirmée comme valant celle du peuple d’accueil qu’elles prétendent dicter à ce peuple ce que doivent être, désormais, selon elles, la France et son identité. Quoi de plus colonialiste que cette prétention venant de populations accueillies qui ne veulent voir dans les Français du peuple d’accueil ni des frères ni des cousins – ni, par conséquent, des compatriotes – et ne veulent prendre en considération que la culture de leur pays d’origine, comme si la France n’était pour eux qu’une auberge espagnole ? C’est de la même façon que les pauvres immigrés européens, tout misérables qu’ils fussent, ont eu la peau du peuple indien et de sa culture en Amérique.
» Bref : Pour leur faire donc gober un crime aussi impardonnable, l’idée géniale a été de convaincre les Français de toutes sortes d’abominations dont ils auraient eu l’exclusivité : l’esclavagisme, le colonialisme, le racisme, etc. Et ça a marché ! Tu l’as très bien dit toi-même : ‘‘Qui veut noyer son souchien l’accuse de la rage du racisme.’’ Il fallait nous racheter de nos péchés, de celui-ci en particulier.

— On a été des poires à ce point-là ?

— Hélas, oui ! Si bonnes poires que nous nous en sommes laissé convaincre sans nous rendre compte que ce discours ne pouvait que monter la tête des Africains contre nous. À force de nous entendre nous traiter nous-mêmes de racistes, ils ont fini par y croire mordicus, d’autant plus que ça les arrange bien de le croire : cela leur évite de se remettre en question. Moi-même au début j’ai un peu donné dans cette farce, mais ça n’a pas duré.

— Toi, grand-mère ?

— Oui. Je ne me sentais pas coupable du tout, mais j’ai pensé que c’était l’honneur de la France d’aider des populations dans la détresse. J’ai vite compris dans quel piège on nous faisait tomber. En effet, si la France se mêle d’accueillir toute la misère du monde, c’est au bas mot deux milliards d’hommes qu’il lui faudrait accueillir. Elle aurait vite fait de sombrer à son tour dans la misère et le chaos. Un enfant de dix ans serait capable de comprendre l’absurdité révoltante de cette incontinence compassionnelle. Et nos larmoyants ‘‘bac plus cinq’’ qui veulent ouvrir nos frontières à tous les peuples de la planète sans restriction aucune ni discernement en seraient-ils capables ? En attendant, on fait de nous les boucs émissaires de ces néo-Français qui nous rendent coupables de tous les maux, réels ou prétendus, qui les accablent. Et l’abject de la chose c’est qu’on nous habitue à considérer comme normal de vivre dans un climat de pogrom qui s’aggrave d’année en année.

— Mais les pogroms, c’était contre les Juifs ?

— Eh bien oui ! Qu’est-ce que je te disais ? Nous sommes en train de devenir des Juifs dans notre propre pays, ou des Coptes. En effet, les émeutes à répétitions qui se déchaînent dans certaines cités sont toutes dirigées contre nous et ceux qui nous représentent. Jusqu’aujourd’hui, on appelait ça d’un nom et d’un seul : ‘‘pogrom’’.

— Mais les pogroms, ça faisait des morts, beaucoup de morts d’un coup, non ?

— Pas forcément : molester des Juifs, détruire et piller leurs biens relevaient aussi du pogrom. Et une petite minorité très agissante de Français est complice de cet acharnement contre nous. Rappelle-toi : une fois arrivé au pouvoir, c’est par une formidable propagande totalitaire que le nazisme a déchaîné les Allemands contre les Juifs. Or, aujourd’hui, contre qui est déchaînée la même formidable propagande totalitaire ?

— Ben, contre nous, les Français de souche !

— Et ce sont les Africains que nous avons accueillis, ou du moins un trop grand nombre d’entre eux, qui nous traitent comme les Allemands traitaient les Juifs dans les années 30 et non le contraire, comme on cherche à nous le faire croire. Tu vas mieux comprendre : qui dans ces années-là brisait les vitrines des magasins juifs ?

— Euh… les voyous allemands.

— Exact. Et qui, aujourd’hui, brise, parfois à la voiture-bélier, les vitrines des magasins ‘‘roumis’’ c’est-à-dire qui appartiennent aux Français ‘‘de souche’’ et assimilés ?

— Ben… des voyous rebeus et blacks.

— Exact. Qui, dans ces années-là, incendiait ces mêmes magasins juifs ?

— Les voyous allemands.

— Et qui, aujourd’hui, incendie les voitures appartenant aux Français roumis les plus modestes ?

— Pareil : des voyous blacks et rebeus.

— Encore exact. Qui, dans ces années-là, crachait, au sens propre et figuré, impunément, sur les Juifs et les insultait ?

— Les voyous allemands.

— Et qui, aujourd’hui, crache, au sens figuré et au sens propre, impunément, sur les Français roumis, appelle à tout casser en France et à ‘‘niquer’’ celle-ci ?

— Les rappeurs rebeus et blacks.

— Et qui passe à l’acte en brûlant les écoles, les bibliothèques, les bus et parfois les passagers avec ? Toujours ces mêmes petits voyous blacks et maghrébins. Et maintenant, question à mille francs : qui étaient les racistes, les voyous allemands ou les juifs qui se plaignaient d’eux ? »

Tes épaules s’affaissent tandis que tu prends l’air épuisé : « Pff… les voyous allemands, bien sûr !

— Et qui, aujourd’hui, sont les racistes, ces petits voyous maghrébins et blacks, ou les Français qui se plaignent d’eux ?

— Ces petits voyous blacks et maghrébins », chantonnes-tu, concluant par une pirouette et deux pas de claquettes péremptoires. « Et c’est nous qu’on traite de racistes. Te fatigue pas : j’ai compris depuis longtemps !

— Eh bien, ce n’est pas une raison pour avoir des réactions aussi débiles ! Tu n’as plus quatre ans, que diable ! Je te préviens : si tu continues, je t’enferme dans ta chambre et te mets au régime des Muvrini tout un après-midi. Tu sais que c’est le disque préféré de ton grand-père. Il serait ravi. »

Tu prends un air épouvanté en te laissant tomber sur la banquette : « Non, pitié ! Tout mais pas ça ! Pas les voix corses ! Je préfère encore les voix bulgares, tiens ! Bon, O.K., promis : fini la rigolade ! »

Ravie de ce petit intermède, tu sembles vouloir tenir aussitôt parole. Tu te rassoies et enchaînes, sérieuse comme un Lilian Thuram en conférence sur le racisme devant les intermittents du spectacle citoyen : « Mais on dit qu’il ne s’agit que d’une minorité, qu’il ne faut pas généraliser. »

À mon tour de fermer la parenthèse récréative et de répondre comme si de rien n’était : « Qu’il ne faille pas généraliser, c’est certain. D’ailleurs, je remarque que ni toi ni moi ne l’avons fait. Nous avons utilisé ‘‘des’’, article indéfini pluriel, qui signifie ‘‘plusieurs’’, et non ‘‘les’’, article défini qui signifie ‘‘tous’’, encore que ce soit parfois discutable. Et, enfin, ‘‘ces’’, article démonstratif qui renvoie aux personnes ou aux objets dont on a déjà parlé. »

Tu ironises : « Merci pour le cours de grammaire.

— Moque-toi tant que tu veux, mais de nos jours il y a intérêt à connaître la grammaire, c’est moi qui te le dis ! Et à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ! Aujourd’hui ta réputation ‘‘citoyenne’’ et ta liberté peuvent tenir à une simple lettre de l’alphabet. Un l, sous le coup de l’émotion, de l’énervement ou de l’urgence, à la place d’un d, et voilà tous les antiracistes de profession qui ameutent contre toi le ban et l’arrière-ban des redresseurs de torts. Une minorité, disais-tu ? En tout cas, on voudrait le croire. En fait on n’en sait strictement rien, sinon qu’apparemment la majorité, par son silence, semble la soutenir. ‘‘Qui ne dit mot consent’’.

— Proverbe ouïghour ?

— Non, ‘‘souchien’’, comme on dit désormais. Mais va pour la minorité. Ce n’était sans doute aussi qu’une minorité d’Allemands qui commettaient, dans les années 30, ces exactions contre les Juifs, et ils étaient infiniment plus misérables, à l’époque, que les voyous de nos banlieues. Pourtant on n’a jamais cherché d’excuse, sociale ou autre, à ces voyous, pas plus qu’à l’ensemble des Allemands, et on a eu bien raison.

— Tu dis qu’on n’a pas cherché d’excuses à ces voyous, pas plus qu’à l’ensemble des Allemands. On s’est pas gêné pour généraliser, alors ?

— En effet ! Et, là encore, contrairement à aujourd’hui, personne ne s’est jamais indigné de cette généralisation parce que, même si la majorité ne participait pas à ces débordements, elle ne s’y opposait pas et gardait le silence. En fait, cette minorité était bel et bien représentative de la plupart des Allemands de l’époque. Mais pour revenir à cette propagande qui stigmatise le ‘‘franchouillard’’, équivalent goy du ‘‘youpin’’ d’hier, remarque bien qu’elle a été programmée et diffusée par des compatriotes et congénères de ce franchouillard, un peu comme si les Juifs avaient concocté eux-mêmes la propagande antisémite.

— Autrement dit, ceux qui fabriquent cette propagande contre nous sont un peu comme les collabos d’hier.

— Je ne te le fais pas dire.

— Mais ce sont plutôt nos liquidateurs qui nous traitent, nous, de collabos !

— C’est ce qu’on pourrait appeler l’inversion orwellienne : le Bien c’est le Mal, la vérité c’est le mensonge, la liberté c’est l'esclavage. Qu’est-ce que c’est, pour toi, un ‘‘collabo’’?

— Euh… c’est quelqu’un qui marche main dans la main avec des étrangers qui veulent conquérir son pays, comme les Allemands, par exemple, qui voulaient s’emparer de la France.

— Exact. Alors peux-tu m’indiquer, si les Français comme nous sont des ‘‘collabos’’, avec quels étrangers nous collaborons à l’invasion de notre pays ?

— Ben… aucun… au contraire…

— Comme tu dis : nous faisons exactement le contraire de ce que l’on nous accuse de faire… et que font, en revanche, nos accusateurs !

— C’est comme à l’école maternelle : c’est le premier qui dit qui l’est !

— Très juste. La version adulte serait : à collabo, collabo et demi ! Nos liquidateurs ont le ministère de la parole et personne n’a la possibilité de les contredire. Ils peuvent tout aussi bien affirmer que la terre est plate et que 2 et 2 font 5 ! Hier, qui étaient les collabos : ceux qui ne voulaient pas d’une France allemande ou ceux qui s’en fichaient ou la souhaitaient, cette France allemande ?

— Ben, tiens ! ceux qui souhaitaient une France allemande ou qui s’en fichaient ! C’étaient eux, les collabos !

— Exact. Et les autres, les résistants, les patriotes, étaient ceux qui ne voulaient pas d’une France allemande. Remplace ‘‘France allemande’’ par ‘‘France africaine’’, et c’est à peu de choses près le même cas de figure.

— Les collabos d’aujourd’hui sont ceux qui désirent une France africaine ou s’en fichent, et les patriotes sont ceux qui y résistent.

— Voilà, c’est l'évidence même.

— Alors, c’est pareil aussi pour cette histoire de boucs émissaires. Je veux dire que c’est plutôt nous, les boucs émissaires de ces immigrés d’origine africaine, et pas eux les nôtres.

— En effet. Aujourd’hui, c’est nous, le peuple indigène, que le peuple de remplacement prend pour bouc émissaire afin de justifier, entre autres, ce remplacement. Tu le vois : nos liquidateurs ne sont plus à un mensonge, une inversion orwellienne près. Pour autant, les patriotes résistants d’aujourd’hui ne voient aucun inconvénient à la présence d’Africains en France, y compris musulmans, à condition que ce soit à dose supportable pour l’intégrité identitaire de notre pays. Pas plus que les boucs émissaires, les collabos, les vichystes, les pétainistes, ne sont là où nos liquidateurs voudraient qu’ils soient ! D’ailleurs, l’Histoire jugera. Je pense même qu’elle a déjà jugé.

— Quand même ! Les collabos d’hier étaient carrément des traîtres.

— Pour certains, sans aucun doute. Mais pas plus que ceux d’aujourd'hui. Sauf que les collabos d’aujourd’hui sont selon moi, à certains égards, moins excusables que ceux d’hier.

— Pourquoi ? Ceux d’hier étaient excusables ?

— Certes, non ! Ils ont été fort coupables mais ils avaient au moins, par rapport à ceux d’aujourd’hui, une circonstance atténuante de taille : ils n’avaient pas décidé, ni programmé, ni facilité exprès l’invasion allemande de la France, comme nos collabos d’aujourd’hui ont décidé, programmé et facilité exprès l’invasion africaine de notre pays. Ils avaient été mis devant le fait accompli : l’armée française battue à plate couture par l’armée allemande. Et puis le nazisme était quelque chose d’entièrement nouveau. Presque personne, au départ, ne savait exactement à quoi s’en tenir, alors que l’islam, par exemple, existe depuis des siècles et que tout le monde est à même de connaître sa dangerosité.

— Tu parles de la dangerosité de l’islam, mais le christianisme aussi a commis des crimes. L’Inquisition… excuse-moi… »

« Bigre ! me dis-je, ce n’est pas gagné ! » Tu es bien décidée à ne rien laisser au hasard.

— Ah, je l’attendais celle-là ! D’abord, le christianisme a été violent quand il s’est éloigné des textes sacrés et de l’exemple de Jésus – ce qui n’est plus le cas depuis belle lurette – alors que l’islam, au contraire, est violent quand il s’en tient à ses textes sacrés et à l’exemple de Mahomet.

— Les musulmans qui s’en tiennent à la lettre de leurs textes sacrés, ce sont eux qu’on appelle les intégristes ?

— Oui. On dit aussi : fondamentalistes ou musulmans radicaux.

— Mais les chrétiens aussi ont leurs intégristes ?

— Oui, sauf qu’ils sont le contraire absolu des musulmans.

— Je ne comprends pas. Je les croyais plutôt pareils.

— Tu ne comprends pas parce que les faiseurs d’opinion jouent sur les mots pour nous convaincre que l’islam n’est en rien plus dangereux que le christianisme et qu’on peut renvoyer les intégristes musulmans et les intégristes chrétiens dos à dos. En réalité, c’est à tort que l’on fait passer pour des intégristes les adeptes de Monseigneur Lefebvre et de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. L’intégriste, comme tu l’as vu, est celui qui prend à la lettre les textes religieux. Or, que dit la lettre de l’Évangile chrétien ?

— Euh… de pardonner les offenses ? De tendre l’autre joue si on vous frappe ?

— Exact. Et aussi d’accueillir toute la misère du monde. C’est, en gros, ce que font les chrétiens, surtout de gauche, en particulier avec les immigrés africano-musulmans. Ce sont eux, les véritables intégristes chrétiens, ce sont eux qui prennent le Nouveau Testament au pied de la lettre, oubliant un peu vite, d’ailleurs, au passage, que saint Paul les a mis en garde en prononçant cette formule fameuse : ‘‘La lettre tue et l’esprit vivifie.’’

— En somme, si je te comprends bien, les vrais intégristes chrétiens, ce sont les moines de Tibhirine.

— Oui, tu as parfaitement compris. Ils ont choisi de rester isolés au sein de la population algérienne pour lui venir en aide, sachant que leur vie était menacée et, d’ailleurs, ils ont fini assassinés.

— J’avais pas pensé à ça.

— Tu ne pouvais pas puisque, je te l’ai dit, la propagande joue habilement sur les mots. La lettre de l’islam, contrairement à celle du christianisme, enseigne de tuer tous les idolâtres et de proposer aux ‘‘gens du livre’’ la soumission humiliante ou la mort. Tu vois qu’on ne peut absolument pas renvoyer dos à dos, comme le font les faiseurs d’opinion, histoire de nous bourrer le mou, l’islam et le christianisme qui ont des intégrismes si différents, si opposés, en répétant comme des perroquets ‘‘mais les chrétiens aussi ont leurs intégristes’’ !

— Oui, mais intégriste ou pas intégriste, l’Inquisition, elle, s’est faite au nom du Christ et elle a été terrible !

— Sans doute, mais pas tant qu’on le dit. Si elle a fait très peur, elle a pourtant fait beaucoup moins de victimes qu’on ne le prétend ou le croit. Les spécialistes s’accordent sur un nombre compris entre huit mille et trente mille en environ cinq siècles. C’est très peu, finalement, comparé aux dizaines de millions de morts que l’on doit à dix ans de national-socialisme, à soixante-dix ans de communisme et même au million et demi de la guerre menée par la République en 1914-1918. Quant aux musulmans, ils se gardent bien, contrairement à nous, de compter les massacres qu’ils ont commis et que d’ailleurs ils approuvent.

— Bon, d’accord. Mais les…

— Croisades ?

— Oui. Explique-moi. Plus rien désormais ne m’étonne. Je commence à être blindée.

— Les croisades ! Je l’attendais aussi, celle-là. Je vois que la propagande a bien fait son travail. Et pourtant tu as une capacité de raisonnement et de curiosité intellectuelle plutôt supérieure à la moyenne. Qu’est-ce que ça doit être chez les autres ! Les croisades n’ont pas été une conquête mais une re-conquête ratée et très brève de terres chrétiennes tombées sous la domination de l’islam à la suite de la première de toutes les guerres ‘‘saintes’’, le djihad, lancée contre elles par Mahomet. Leur but était de permettre ainsi aux pèlerins chrétiens qui avaient pour habitude de venir prier sur le tombeau du Christ de poursuivre leurs pèlerinages aux Lieux saints dont les musulmans, à partir du XIe siècle, leur ont interdit l’accès en les massacrant. Parler des croisades sans parler du djihad musulman qui les a précédées, et de la destruction de l’église du Saint-Sépulcre, c’est un peu comme parler des bombardements de Dresde et de Cologne sans dire un mot du nazisme ni d’Hitler.

— C’est quoi, cette histoire du Saint-Sépulcre ?

— C’est l’histoire du calife al Hakim qui, en 1009, fit détruire de fond en comble l’église du Saint-Sépulcre où la tradition faisait reposer le corps de Jésus-Christ, autrement dit le lieu le plus sacré au monde pour les chrétiens. Il ordonna aussi la destruction de toutes les autres églises de la ville et assassina de nombreux chrétiens. C’est ce qui suscita à Rome et surtout en France le projet de croisades. Imagine que le président des États-Unis ait ordonné à un commando de détruire la Kaaba, lieu sacré des musulmans, but principal du pèlerinage à La Mecque, et les mosquées alentour…

— Tout le monde arabo-musulman serait sur le pied de guerre ! » admets-tu, cette fois, sans hésiter.

« Absolument ! Et nous, Occidentaux de culture judéo-chrétienne, dans nos pays mêmes, nous n’aurions plus qu’à compter nos abattis. Or la première croisade n’a eu lieu qu’un siècle après environ, quand les Turcs eurent interdit aux pèlerins chrétiens l’accès à leurs lieux saints. Jusque-là, c’est-à-dire du VIIe à la fin du XIe siècle, les chrétiens s’étaient abstenus de prendre les armes contre les musulmans.

— En somme, les croisades ont répondu au djihad en l’imitant.

— En effet. Pour le dire en termes savants : les croisades ne furent que la réponse mimétique, longtemps différée, au djihad mahométan. Tu vois que la vérité historique n’a rien à voir avec ce que l’on t’a enseigné.

— On dit aussi qu’elles ont été sanglantes.

— Reste à savoir qui le dit, surtout les Arabes. Mais des deux côtés on avait intérêt à exagérer : les chrétiens pour la gloriole d’avoir trucidé d’innombrables infidèles, et les musulmans pour noircir les croisés. En fait, on peut les renvoyer dos à dos.

— Les musulmans n’ont quand même pas commis de génocide.

— Avec ça ! Demande aux Arméniens chrétiens massacrés en masse par les Turcs musulmans qui ont commis sur eux, quarante ans avant le nazisme, l’un des plus grands génocides de l’histoire. Demande aux Hindous, demande-leur ce qu’est devenue la civilisation de Vijayanagar. Demande aussi aux bouddhistes du nord de l’Inde. Ah, non, inutile de leur demander, il n’y en a plus : les armées musulmanes les ont tous massacrés ou fait fuir. Demande aux Noirs descendants des millions d’esclaves acheminés dans les pays arabes. Ah, non ! inutile de le leur demander : il n’y en a plus, non plus. Ils ont presque tous disparu par castration et mauvais traitements. Et puis…

— Attends ! Tu dis que les Arabes ont été ESCLAVAGISTES ? !

— Oui. Ils ont esclavagisé les Noirs autant que nous, sinon davantage. Et les Noirs d’Afrique, eux-mêmes, ont pratiqué le trafic d’esclaves à grande échelle. Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Tu ne le savais pas non plus ? Tu ne me crois pas ?

— Je veux bien te croire, mais j’ai du mal. On nous aurait menti à ce point ?

— Mais oui ! Mets-toi bien dans la tête que ta génération a été victime de la plus grande entreprise de lavage de cerveau depuis le totalitarisme soviétique. Tu verras, maintenant que tu commences à être dessillée, tu vas repérer par toi-même les mensonges, les contradictions et les omissions qui désinforment. Ce qui est terrible, au fond, ce n’est pas que l’on ait diabolisé Le Pen, c’est qu’à travers lui, sur certains sujets où il y va de notre survie, c’est tout simplement le bon sens que l’on a diabolisé. Comme je te l’ai dit, on nous fait vivre, à la lettre, dans l’In-sensé.

— Mais dire du bon sens qu’il est raciste, est-ce que ce n’est pas d’une certaine façon justifier le racisme ?

— Sans doute. En tout cas, ce que nos liquidateurs appellent ‘‘racisme’’ et qui, justement, n’en n’est pas. À demain. »

Tu acquiesces d’un hochement de tête méditatif.
Chapitre IX

Où l’on parle à nouveau de collabos et de monument en hommage au ‘‘Franchouillard inconnu’’





Le lendemain.

Cette fois, c’est moi qui entame la discussion : « Bon. Où en étais-je ?…

— La disparition de millions de Noirs par castration et autres mauvais traitements dans les pays arabes.

— C’est ça. Et quand les infidèles sont décidément trop nombreux, les musulmans s’y prennent autrement : à force de persécutions insidieuses entrecoupées de mini-pogroms récurrents, tels ceux qui ont lieu sans cesse contre les coptes d’Égypte, ou les chrétiens en Irak, ils les font s’enfuir de leur pays d’origine ou se convertir à l’islam.

— On n’en entend jamais parler, des coptes.

— Bien sûr, rien ne doit filtrer qui pourrait dévaloriser l’islam ; ça fait partie de la stratégie de nos liquidateurs. Voilà pourquoi tu n’entendras jamais, ou sinon le moins possible, nos grands moralisateurs antiracistes nous parler du sort réservé aux coptes dans leur pays d’origine, ni aux chrétiens en général dans les pays musulmans. Mais le résultat est là : ces populations non musulmanes sont, partout, en voie de disparition. Là où cohabitent des musulmans avec des non-musulmans, qu’ils soient chrétiens, juifs, hindous, sikhs, israéliens, français, serbes, hollandais, inuits ou martiens, la cohabitation est gravement conflictuelle et tourne régulièrement aux pogroms des non-musulmans.

— Mais est-ce que les antiracistes sont au courant de tout ça ?

— S’ils ne sont pas au courant, c’est qu’ils ne veulent pas l’être afin de rester confortablement collabos, car tout ce que je te dis là est parfaitement et facilement connaissable. Ces collabos d’aujourd’hui ont donc, je le répète, moins d’excuses que ceux d’hier. Au moins ces derniers, quels que fussent leur empressement et leur complaisance à collaborer, n’ont pas cherché à liquider leur peuple ni à dresser les Allemands contre lui. Sans cette millecollinisation acharnée, il est probable que les Africains, malgré leur culture musulmane ou tribale, auraient fini par s’assimiler. Les vrais responsables ce sont eux, ces néocollabos.

— Et pourtant, c’est eux qu’on entend le plus pester contre les collabos d’hier. Pourquoi ? Pour brouiller les pistes ?

— Sans doute. Et ça aussi, ça marche. Ils ont trouvé une stratégie diabolique : mettre en œuvre leur projet raciste anti-‘‘de souche’’ avec le vocabulaire et les indignations de l’antiracisme : plus nous nous faisons persécuter et presque pogromiser, plus nous sommes traités de racistes antiarabes ou antinoirs. Et je ne parle pas de la politique de passe-droits en faveur des Africains installés de force chez nous, baptisée ‘‘discrimination positive’’ ! Rappelle-toi ce que je t’ai expliqué hier et l’autre jour : si les nazis avaient appliqué cette stratégie dans les années 30, ce sont les Juifs qui, coupables de se plaindre des pogroms perpétrés contre eux, auraient été traités de racistes, de racistes antiallemands et antigoys !

— En somme, on dirait que, aujourd’hui, c’est au nom de l’antiracisme qu’on est en train de faire contre nous, les ‘‘de souche’’, ce que Vichy avait fait aux Juifs au nom du racisme.

— Tu as entièrement raison, et c’est quelque chose de très grave dont les Français n’ont pas encore conscience. Comment voudrais-tu, d’ailleurs, que les gens, submergés par leurs problèmes quotidiens et rendus ignorants de leur histoire, s’y retrouvent ? »

Tu éprouves le besoin de te rassurer : « On ne nous met pas dans des camps d’extermination, quand même !

— Non. Pour le moment, nous sommes encore bien trop nombreux. Mais ça peut venir. De nos jours, je le répète, tout est possible, surtout le pire. Nous en avons la preuve quotidienne. Ce qui la veille eût été considéré comme aberrant par tout esprit raisonnable devient le lendemain, sans crier gare, l’ordinaire de notre pays. D’ailleurs, même en Allemagne, dans les années 30, personne n’imaginait que les Juifs seraient un jour exterminés en masse dans les chambres à gaz ! Je ne sais pas si tu l’as remarqué : ce qui arrive n’existe pas avant que ça arrive, mais ça ne l’empêche pas d’arriver, comme dirait, là encore, qui-tu-sais, ou Pierre Dac. »

Ma lapalissade ne t’arrache pas l’ombre d’un sourire. Suivant ton idée, tu t’écries : « Putain ! C’est quand même énorme, comme retournement de perspective !

— Je comprends ton saisissement, mais ce n’est pas une raison pour devenir grossière.

— Tiens ! tu t’es gênée, peut-être, hier !

— Oui, mais moi c’était entre guillemets.

— Tu parles ! »

Je préfère ne pas insister : « En effet, c’est un changement de perspective radical. C’est mon petit côté Galilée », ajouté-je de mon air le plus dégagé.

« Ben dis donc ! C’est pas la modestie qui t’étouffe !

— Au contraire ! Tu sais bien que je suis la personne la plus modeste au monde ! Que je suis la modestie personnifiée ! »

Tu ne ris pas. Tu sembles même un peu vexée. Mieux vaut passer outre : « À propos, tu sais, au moins, à quoi Galilée doit sa célébrité ?

— C’est celui qui a dit en sortant du tribunal de l’Inquisition : ‘‘Et pourtant elle tourne !’’ en parlant de la Terre, alors que l’Église affirmait qu’elle était immobile ?

— Exact. Félicitations ! »

Et puis, soudain saisie d’un doute affreux : « Au fait, qui avait raison d’après toi ?

— Ben ! Galilée bien sûr ! Ma parole ! Mais pour qui tu me prends ?

— D’accord, d’accord ! » ai-je répondu, soulagée. « Je m’excuse. Où en étais-je ?

— Aux collabos d’aujourd’hui », me rappelles-tu, l’air renfrogné.

« Ah, oui ! Et sur le plan de la propagande, ils font pire que la Russie soviétique.

— Faut pas exagérer !

— Je n’exagère pas ! La propagande en Russie soviétique avait pour but de persuader les Russes que la vie dans un pays communiste était bien meilleure que la vie dans un pays capitaliste. Or les Russes, ne vivant pas dans un pays capitaliste, ne pouvaient faire la comparaison ; donc ils pouvaient gober les mensonges de la propagande. Chez nous la propagande a été – et demeure – beaucoup plus cynique et crapuleuse, puisque ce qu’elle a longtemps nié se passait chez nous, sous nos yeux, tous les jours : la substitution du peuple de France par des peuples étrangers en grande partie hostiles.
» Autre exemple : en Russie soviétique, les magasins étaient vides et les Russes étaient obligés de faire devant eux des queues interminables. La propagande n’a jamais essayé de les persuader qu’ils étaient pleins et que les queues n’étaient qu’un fantasme, ou que les magasins vides étaient une situation plus enviable que des magasins pleins. À l’inverse, nos collabos d’aujourd’hui essaient de nous persuader que la marée d’étrangers qui est en train de nous submerger n’est qu’une berlue raciste, ou que la situation conflictuelle ainsi créée est bien plus enviable que celle, paisible, d’avant.

— J’ai entendu dire que les privilégiés de la Russie soviétique avaient, seuls, accès à des magasins pleins qui leur étaient réservés et où l’on trouvait de tout.

— Oui, c’est exact. Hier en Russie, faire partie des privilégiés voulait dire avoir accès aux magasins pleins, pleins de produits de luxe entre autres, comme aujourd’hui, en France, faire partie des privilégiés veut dire vivre dans des endroits vides, vides de bledards et de broussards venus d’Afrique. C’est ça, aujourd’hui, être un privilégié en France. »

À cet instant, tu as l’air de vouloir me poser une question.

« Quelque chose te gêne dans ce que je t’explique ?

— Non, mais je remarque que tu as beaucoup parlé des musulmans et des Africains, noirs ou maghrébins, mais tu n’as, pour ainsi dire, parlé ni des Juifs ni des Asiatiques.

— La raison en est simple : t’es-tu déjà fait injurier, agresser, par des Juifs ou des Asiatiques ?

— Non.

— Connais-tu autour de toi des personnes qui l’ont été ?

— Non plus.

— Ni moi.

— Il faut dire qu’ils ne sont pas très nombreux… et pour cause !

— Sans doute, encore que dans certains quartiers ils soient très concentrés. Cependant, ce qui compte ce n’est pas leur nombre, mais la proportion de délinquants par rapport à leur nombre. Contrairement aux Africains, la proportion d’Asiatiques et de Juifs en prison par rapport à leur population doit être infime. Je n’en parle pas parce qu’ils ne posent aucun problème de coexistence et que leurs cultures sont compatibles avec la nôtre. Sans compter que les Juifs, hormis rares exceptions, sont assimilés depuis longtemps et que, eux, ont été vraiment une richesse pour la France.

— Eh ben dis donc, bonjour la reconnaissance ! » observes-tu sévèrement, comme si tu me rendais personnellement responsable de la rafle du Vel d’Hiv.

« Tu veux parler de Vichy, j’imagine. N’oublie pas que la France est le pays occupé qui a sauvé le plus de Juifs, les trois quarts d’entre eux, alors que partout ailleurs, dans les autres pays, ils ont presque disparu. Et c’est le populo français qui les a sauvés, et pas la parentèle de ceux qui veulent le liquider aujourd’hui !

— Bon, d’accord », admets-tu, soudain pressée de passer au point suivant. « Je récapitule. J’ai bien compris le but poursuivi : liquider la France française et substituer à son peuple des peuples étrangers. J’ai aussi compris le comment : une propagande totalitaire, la falsification de l’actualité et de l’histoire, l’enseignement de l’oubli ainsi que la culpabilisation des Français de souche.

— Exact, sauf que le mot falsification est faible : nous réécrivons carrément notre histoire au goût de nos ennemis passés et présents ! Du jamais vu !

— Oui, oui, tout ça j’ai compris. Ce que je pige pas, c’est le pourquoi général du but poursuivi.

— Écoute. J’ai gardé ça pour la fin. D’abord : je n’en ai pas tout à fait fini avec le comment. Je vais mettre à l’épreuve ton esprit critique tout neuf, te proposer des travaux pratiques. Ce sera à toi de repérer dans l’actualité ou autour de toi la désinformation et le lavage de cerveau. Et chaque fois tu m’en parleras. D’accord ?

— D’accord.

— Mais fais attention. Ne laisse pas deviner que tu ne marches plus dans la combine, ça pourrait te valoir des ennuis. Tu sais de quelles représailles sont capables certains de ces néo-Français et de leurs défenseurs.

— T’inquiète. Je ferai gaffe.

— Et puis surtout ne te laisse plus jamais impressionner ni culpabiliser par les beaux discours sur l’amour de l’Autre et la Tolérance. Ils sont tenus par des personnes qui, encore une fois, ignorent tout de la coexistence quotidienne avec ces populations issues d’Afrique ; des personnes qui prêchent aux autres une morale qu’elles se gardent d’appliquer à elles-mêmes.

— Des hypocrites, en somme.

— Oui, exactement. Et l’Église, plutôt que d’être de leur côté, devrait s’indigner de leur comportement comme s’était indigné le Christ de celui des pharisiens. Ces pharisiens me font penser aux planqués mondains de la guerre de 14. De leurs beaux salons parisiens, ils s’indignaient du défaitisme des Poilus qui en bavaient dans l’enfer des tranchées sous la mitraille allemande, et prétendaient, en uniformes d’opérette, leur donner des leçons d’héroïsme.

— Au fond, il faudrait construire un monument en hommage au ‘‘Franchouillard inconnu’’, comme on en a construit un pour le soldat inconnu.

— Ah, la belle idée ! Comme tu as raison ! C’est lui, ce Franchouillard honni par les planqués de l’arrière, qui aura essuyé tous les méfaits de l’immigration. Et si la ‘‘Diversité’’ rate, c’est lui qui sera le premier égorgé. De toute façon, ce n’est pas par amour de l’Étranger que ces donneurs de leçons prêchent l’immigration et le multiculturalisme, mais par haine de leurs proches, de leurs semblables. Les Africains, ils s’en moquent plus que toi et moi. Au mieux, ils ne les aiment que starifiés, souriants et débordant de salamalecs sur les plateaux de télé pendant que les Français du front se coltinent les injures, les crachats, les vols, les immeubles dévastés, les voitures brûlées et les filles violées.

— Un peu comme Marie-Antoinette avec ses moutons, quoi !

— C’est vrai : elle les câlinait, bichonnés et enrubannés par la valetaille qui, elle, se coltinait leur toilettage et le nettoyage quotidien de la bergerie pour permettre à la reine de jouer quelques heures les bergères d’opérette. Ces pharisiens ne font qu’instrumentaliser les immigrés dans le but de se débarrasser de nous, les Français de souche. Et beaucoup sont même payés pour ça. Ce sont les nouveaux négriers. D’ailleurs, tu sais bien qu’à partir du moment où l’on paye des gens (avec nos impôts) pour combattre le racisme, ils ont tout intérêt à faire croire qu’il existe. Ces négriers sont aussi des rentiers de l’antiracisme. »

Je te vois l’esprit ailleurs et préfère m’arrêter là. Je songe même à attendre quelques jours avant de reprendre.

Tu es d’accord.



Fin de la première partie

Deuxième Partie



Chapitre I

Où il est démontré que les mots ne disent plus ce qu’ils veulent dire, que les plus esclavagistes ne sont pas forcément ceux que l’on croit, qu’il y a xénophobie et xénophobie, colonisation et colonisation





Quelques jours plus tard.

« Je t’ai dit que je n’en n’avais pas fini avec le ‘‘comment’’, la façon dont l’‘‘ ‘‘élite’’ ’’ (avec doubles guillemets) au pouvoir s’y prend pour nous faire avaler la pilule, nous faire prendre les vessies d’une occupation étrangère qui détruit notre nation pour les lanternes d’un grisant melting-pot. Je t’ai montré la falsification ou plutôt la trahison de notre histoire à laquelle ils procèdent, mais il y a une autre falsification dont il faut parler : celle du vocabulaire. Ceux qui liquident la France profitent d’avoir, entre autres pouvoirs, le ministère de la Parole, non seulement pour la confisquer aux autres, mais pour tricher sur les mots. Ils battent monnaie sémantique comme jadis les rois battaient monnaie métallique en en faisant varier le poids d’or ou d’argent selon les besoins de leurs finances.

— Tu veux dire que nos liquidateurs truquent les mots à leur convenance ?

— Exactement. Un jour, ils décident de nommer ‘‘incivilités’’ ce qui relève de la délinquance, ‘‘révoltes sociales’’ ce qui relève d’émeutes ethniques et de pogroms anti-Blancs et ‘‘discrimination positive’’ une politique raciste du passe-droit en faveur des Africains ; un autre jour ils apposent les étiquettes ‘‘racisme’’ et ‘‘xénophobie’’ sur des réalités telles que l’instinct de conservation, la défense de l’identité nationale, l’amour de son pays, qui n’ont rien à voir avec le racisme ni avec la xénophobie ; un autre jour encore, ils interdisent d’utiliser le mot ‘‘invasion’’ pour caractériser la submersion de notre pays par des populations étrangères.

— Au fait, combien ils sont d’étrangers à entrer dans notre pays ?

— Ma pauvre enfant, impossible de connaître le chiffre exact, vu qu’on cherche à nous le cacher par tous les moyens. Disons, entre 200 000 et 400 000 par an, et ceci depuis trente ans ! Sans parler du nombre d’enfants qu’ils mettent au monde, bien supérieur à celui des nôtres. »

Tu arrondis les yeux : « Ben, dis donc ! 400 000 par an ! C’est géant ! Et dire que pour une dizaine de milliers de Francs, une fois pour toutes, les livres d’histoire parlent de ‘‘Grandes Invasions’’ !

— Aujourd’hui, d’ailleurs, même l’expression ‘‘Grandes Invasions’’ serait insuffisante, c’est ‘‘Grand Remplacement’’ qu’il conviendrait d’employer ; le Grand Remplacement, dans notre pays, de notre peuple par un ou plusieurs autres. C’est probablement un cas unique dans toute l’histoire de l’humanité, qu’un tel traumatisme soit infligé à un pays et à son peuple par ses propres ‘‘ ‘‘élites’’ ’’ et responsables politiques. Cela dit, si les livres d’histoire parlaient de ‘‘Grandes Invasions’’, je crois qu’aujourd’hui ils auraient tendance à en parler sous un intitulé moins dramatique, plus bénin.

— Ah, bon ? Pourquoi donc ?

— Rappelle-toi : quand il est apparu que les Africains ne s’assimilaient pas, on nous a décrété que l’assimilation était mauvaise, néocolonialiste ; et maintenant que l’invasion de notre pays est trop visible pour être niée, on nous en fait l’éloge sous le nom de ‘‘diversité’’.

— Autrement dit, l’invasion c’est tout bon, du moment que ça crée de la diversité ?

— Oui. C’est bien ça.

— Mais… la diversité, alors, à quoi elle est bonne, elle ?

— Au meilleur comme au pire. Mais la question ne sera jamais posée car pour nos liquidateurs la diversité est bonne en soi. C’est un postulat qui ne se discute pas ! En fait il y a diversité et diversité. Celle que souhaitent nos liquidateurs a pour seul but d’anéantir notre identité nationale. Elle en est à la fois le moyen et la fin.

— C’est donc de la diversité pour le pire…

— Sans aucun doute.

— Et quand on ne pourra plus nier que ces peuples étrangers nous colonisent, peut-être qu’on trouvera que la colonisation a du bon, alors ?

— Avec nos liquidateurs, ça m’étonnerait, tant ils jouissent de calomnier leur pays. En tout cas, chaque fois que le réel apporte un démenti trop cinglant à leurs discours mensongers, ils changent de stratégie sémantique.

— Comme les pétainistes traitaient de ‘‘terroristes’’ les résistants à l’invasion allemande, aujourd’hui nos liquidateurs traitent de ‘‘racistes’’ les résistants à l’invasion africaine ?

— Oui ! C’est ça. Résistants tout pacifiques, note bien. En fait, les collabos d’hier appelaient ‘‘terroristes’’ les vrais résistants qui, eux, ne tuaient jamais de civils, mais uniquement les soldats d’une armée d’occupation, alors que les collabos d’aujourd’hui appellent ‘‘résistants’’ les vrais terroristes qui ne savent que perpétrer des boucheries de femmes et d’enfants.

— Et, aussi, comme tu l’as expliqué, ‘‘intégristes’’ pour des chrétiens qui ne le sont pas puisqu’ils font le contraire de ce qu’enseignent les Évangiles.

— Bravo. Je vois que tu progresses à pas de géant. Mais revenons à ce sentiment de culpabilité dont nos liquidateurs cherchent à nous accabler…

— Oui. Je trouve qu’on nous donne l’impression que nous avons une énorme dette à l’égard des Africains.

— Oui. Une dette que les Africains voudraient permanente, éternelle. L’idée directrice est, tu l’as sans doute compris, qu’ils auraient été lésés moralement et économiquement par la France et que par conséquent nous leur devrions réparation. La culpabilisation des franco-Français est fondée sur ce rappel incessant de l’esclavage et de la colonisation de l’Afrique ainsi que sur celui de leur prétendu racisme. Je t’ai déjà dit et redit ce qu’il fallait grosso modo en penser, mais le sujet mérite des développements supplémentaires. Commençons par en finir une bonne fois avec l’esclavage des Noirs : l’Occident là où il dominait l’a aboli alors qu’il persiste dans certains pays musulmans. Point final.

— Est-ce qu’il reste en Afrique des descendants d’esclaves ?

— En tout cas, les descendants de celles et ceux qui avaient été faits esclaves par les Européens sont tous en Amérique ou aux Antilles.

— Alors s’il n’y a plus de descendants d’esclaves d’Européens en Afrique, s’ils sont tous en Amérique ou aux Antilles, les Africains, eux, pourraient bien être des descendants… d’esclavagistes.

— Tu as parfaitement raison. Comme les Noirs d’Afrique étaient nombreux à avoir des esclaves, il est assez probable que les Africains d’aujourd’hui doivent plutôt être, en effet, des descendants d’esclavagistes que d’esclaves. Ou, alors, des descendants d’esclaves d’Africains et non d’Européens. C.Q.F.D. Quant aux Antillais, ils viennent, donc, de ces pays d’esclavagistes africains qui vendaient leurs frères aux négriers blancs sans le moindre remord ni le plus petit commencement de début de repentance à ce jour. Enfin, il y a les millions d’esclaves noirs dans les pays arabes…

— Oui, oui, je sais, ils ont disparu par castration et autres mauvais traitements.

— Exactement. Je vois que tu as bien retenu ta leçon.

— Et l’esclavage des Africains par les Européens a duré combien de temps ?

— Environ 150 ans.

— Mais nous, Français de souche, est-ce que nous ne descendons pas de plusieurs siècles de servage ?

— Bien sûr. Nous descendons presque tous de 1 000 ans de servage et plus, lequel n’avait pas grand-chose à envier à l’esclavage. Et ce servage n’a été aboli que dans le dernier quart du XVIIIe siècle : c’est-à-dire même pas un siècle avant l’esclavage africain. Pourtant, avons-nous gémi, exigé des réparations, des repentances à n’en plus finir ? Que nenni. Nous avons aussitôt retroussé nos manches et fait de la France un des pays les plus enviés au monde. Et puis, encore une fois, l’esclavage, nous, Occidentaux, nous l’avons supprimé. »

Tu lèves les yeux au ciel : « Oui, je sais ! Je connais le refrain !

— C’est ça ! Traite-moi tout de suite de vieille radoteuse !

— Meuh non…

— Si, si ! D’accord : je radote ! Eh bien, plaise au ciel que toutes les grands-mères de ce pays radotent comme ça avec leurs petits-enfants, la France serait peut-être sauvée ! » déclaré-je en me drapant dans ma dignité. « Sache qu’il y a des vérités que l’on ne redira jamais assez. D’ailleurs, si ces Africains n’avaient pas été transportés aux Antilles comme esclaves, leurs descendants, au lieu de se retrouver aux Antilles se trouveraient, aujourd’hui, en Afrique.

— Oui, j’imagine. Et alors ?

— Et alors ? Ils seraient comme à peu près tous les Africains dans une misère effroyable et sans espoir d’amélioration. En revanche, les descendants d’esclaves en Martinique et en Guadeloupe, devenus libres citoyens français, sont assurés de vivre peinards et bien nourris jusqu’à la fin des temps, enfin… la fin des temps de la France française, parce qu’après, je ne donne pas cher de leur sort… Est-ce que ça ne relativise pas un peu le fait que leurs ancêtres aient trimé quelque cent cinquante ans ?

— Ouais… dis tout de suite que l’esclavage, cette horreur, a été une grande chance pour l’humanité !

— Pour l’humanité en général évidemment pas, ni pour les ancêtres de nos Antillais bien sûr, mais s’agissant de la situation de ceux d’aujourd’hui, elle pourrait illustrer le vieux dicton : le malheur des uns fait le bonheur des autres. Rien d’autre, au fond, que la forme gauloise du relativisme zen.

— Ben, voyons ! Le zen a bon dos !

— Ah, c’est sûr que si c’était Sa Sainteté le dalaï-lama, chouchou des médias, qui disait la même chose, on y verrait la quintessence de la Sagesse orientale !

— Oui, mais il le dit pas.

— Eh bien, si, justement ! il l’a dit. Interrogé, un jour, sur la situation au Tibet, après que le journaliste lui eut demandé pourquoi il n’encourageait pas les Tibétains à la révolte, il a répondu que pour un bouddhiste la violence est inutile parce que d’un grand mal peut sortir un très grand bien et inversement. Un peu de ce relativisme zen serait le bienvenu dans ce monde multiconflictuel où une victimisation artificielle est en train de rendre les gens enragés. En tout cas, voilà la question de l’esclavage réglée. Passons à la colonisation. Alors là, tu vas essayer de mobiliser la culture du ‘‘politiquement correct’’ que l’on te force à ingurgiter. Que t’a-t-on appris à ce sujet ?

— Que c’est une abomination de coloniser.

— Pourquoi ?

— Euh… ben… parce qu’on pique leur pays à des peuples ?

— Comment ça : « on pique les pays à leurs peuples » ? On a transporté l’Afrique chez nous, sur un bateau ? On a permis l’installation de millions de Français à la place des peuples africains ?

— Oh, ça va ! Tu vois bien ce que je veux dire ! On a pillé les richesses de ces pays, ça revient au même.

— Ah, bon ? Les Français ont emporté avec eux les orangeraies et les vignes de la Mitidja ? Les sublimes côtes kabyles, les oasis du Sahara et les fabuleuses ruines romaines d’Algérie si propices au tourisme ? Les puits de pétrole, les mines de cuivre, de fer, de manganèse ? Les routes, les voies ferrées, le réseau électrique, les hôpitaux, les dispensaires, les écoles ? Tout cela construit et entretenu par eux, avec leur argent ? »

Tu réponds du bout des lèvres, en haussant les épaules : « Non, non, bien sûr que non.

— Alors comment peut-on dire que la colonisation a pillé l’Afrique puisqu’elle lui a laissé tant de richesses ? Est-ce notre faute si à cause de responsables politiques corrompus et d’un tribalisme ingérable, ces richesses ne profitent pas à leurs peuples ? Est-ce que c’est de notre faute si la fécondité des femmes africaines est une des plus élevées au monde ?

— Ce n’est peut-être pas de notre faute, mais ce qui est de notre faute, en tout cas, c’est d’avoir asservi ces peuples. Tu ne vas quand même pas me soutenir le contraire ! »

Tu sembles de mauvaise humeur et décidée à renâcler. À moins que ce soit ton ultime baroud d’honneur. Je décide de m’armer de patience.

« Nous sommes d’accord : c’est très mal d’asservir un peuple. Mais est-ce que ces peuples, débarrassés de nous, sont moins asservis pour autant ? Tu connais beaucoup, en Afrique, de pays démocratiques où les peuples sont libres ? Plus libres, plus heureux que sous la colonisation française ?

— Euh… je sais pas…

— Mais si, tu le sais ! Réfléchis : s’ils étaient si malheureux sous la colonisation, pourquoi, depuis l’indépendance, et seulement depuis, cette hémorragie d’Africains ? Pourquoi sont-ils des centaines de milliers à vouloir fuir leur pays, au risque d’y laisser leur peau et en laissant aux passeurs toutes leurs économies ? »

Tu ne réponds pas.

Je me dis que la cure de désintoxication accélérée que je te fais subir depuis quelques jours a été peut-être un peu rude. Mais, au point où nous en sommes, il faut aller jusqu’au bout.

« Et d’abord il est humiliant d’être dominé par des étrangers », m’objectes-tu, sèchement, au bout d’un instant.

Je devine que, déstabilisée, tu cherches à te raccrocher comme tu peux aux branches qui te semblent les plus résistantes du politiquement correct. J’essaie d’y aller avec davantage de prudence :

« Il est donc préférable d’être asservi et maltraité par les siens plutôt que par des étrangers. Soit. C’est donc juger que ce qui est étranger est par principe détestable, plus détestable que tout. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Tu réponds, maussade, décidée au laconisme : « Euh… rien.

— Cela ne te rappelle pas quelque chose ?

— Ben… non… je sais pas. »

Tu commences à m’agacer sérieusement cependant je m’efforce de ne rien brusquer.

« En fait, si, tu sais, mais, là, ça dérange considérablement ton formatage intellectuel et ce n’est pas de tout repos. Je le comprends bien. Je vais t’aider. Voyons : comment nomme-t-on ce sentiment de détestation de l’étranger, ce désir de n’être qu’entre soi ? »

Tu frappes du pied : « Puisque je te dis que je sais pas…

— Mais si, tu le sais ! On nous bassine assez avec ça. »

Tu finis par lâcher d’un air renfrogné :

« Xénophobie ?

— Tu vois bien, encore une fois, quand tu veux ! Exactement : xénophobie. Voilà ce qui te dérange : découvrir que la principale motivation de cette cause jugée si noble de l’indépendance des peuples a été bien souvent la xénophobie que nous jugeons si abominable. Et la pire de toutes, celle qui se manifeste par des pogroms et des meurtres souvent atroces. Pourtant, cette xénophobie-là, tu ne l’entendras jamais condamner par nos liquidateurs. C’est toujours la nôtre et notre racisme qu’ils condamnent de façon hystérique pour la moindre critique, la moindre plaisanterie, le moindre mouvement d’humeur quand ils visent des étrangers ou des Français d’origine étrangère.

— Tiens, oui… dans le fond, peut-être… », consens-tu à commenter du bout des lèvres, l’air enfin moins revêche. Et très vite ton goût de la réflexion finit par reprendre le dessus : « Autrement dit, on excuse les crimes affreux que des peuples ont commis contre nous uniquement parce que nous nous étions imposés chez eux, et on nous traite de nazis pour le moindre mot de travers contre les peuples étrangers qui se sont imposés chez nous.

— Voilà ! Cette accusation de xénophobie est, comme celle de racisme, à géométrie variable : elle se fait à la tête du client, pour un compte à régler, et non sur des critères rigoureusement établis par la loi ; ce qui permet tous les abus.

— En somme, c’est toujours le même deux poids, deux mesures contre nous, Français de souche, mais à l’échelle internationale.

— Oui, tu as parfaitement compris. Tiens ! encore un exemple parmi tant d’autres : pas plus tard que ce matin, j’ai lu dans le journal qu’un préfet avait été suspendu parce que, à l’aéroport, devant le nombre stupéfiant d’employés noirs, dont certains assez peu aimables, il avait osé s’exclamer : ‘‘on se croirait en Afrique, ici !’’ »

Tu ironises aussitôt : « Ouaouh ! Où va-t-on si on se met à traiter les Noirs d’Africains ? Pourquoi pas les Africains de Noirs, tant qu’on y est ! ? Ou les Suédois de Blancs ? »

Je vois avec plaisir que ton esprit malicieux se réveille.

« Ou les Italiens… d’Italiens ! Au moins, hier, on n’allait pas jusqu’à ces extrémités : on se contentait de les traiter parfois de macaronis, moyennant quoi ils nous traitaient de mangeurs de grenouilles et l’affaire était entendue. Ah, c’était le bon temps ! »

Tu te mets à rire et moi aussi.

« Non, sérieusement : bientôt on ne pourra plus rien dire sans la présence de son avocat ! Désormais, nous, les ‘‘de souche’’, et nous seuls, allons vivre avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de notre tête : l’accusation chaque jour plus arbitraire de racisme ! D’ailleurs, à force de voir du racisme dans les idées que, depuis la nuit des temps, et il y a un quart de siècle encore, partageaient tous les êtres humains de bon sens, on va finir soit par dévaluer entièrement le mot, soit, plus grave, par réhabiliter la chose.

— Au fond, les antiracistes, ils sont comme les puritains vicieux qui voyaient le vice partout : ils voient le racisme partout ! Alors ce sont plutôt eux, en fait, les vrais racistes !

— Bien vu, oui.

— Quand tu parles des Africains toujours disculpés de leur xénophobie et de leur racisme, ça vise aussi les Arabes ?

— Bien entendu. Eux les premiers. Les arabes musulmans. Les ‘‘faux’’, Maghrébins d’Afrique du Nord, comme les vrais, ceux du Moyen-Orient. Je t’ai déjà dit que l’Internationale remplaciste, liquidatrice de nos nations, est à la tête des États européens et de l’Europe de Bruxelles. Elle prend toujours parti contre son camp, celui des peuples et de leur civilisation. Par exemple, nos liquidateurs ont pris aveuglément parti pour les Kosovars musulmans qui, grâce à leur forte immigration en Serbie, appuyée par une organisation terroriste, ont réussi à déposséder les Serbes, de culture chrétienne comme nous, d’une partie de leur pays : le Kosovo. Nos liquidateurs entendent se comporter, sans y être forcés, en janissaires de l’islam.

— Janissaires ? Jamais entendu parler.

— Normal : on n’en parle jamais, et pour cause. Le corps des janissaires était exclusivement composé d’enfants chrétiens réduits en esclavage, les deux principaux modes de recrutement étant la capture à l’occasion de guerre ou de raids, ou la réquisition selon le système du devchirmé, à raison d’un fils sur cinq. Les janissaires pouvaient donc être issus de familles grecques, bulgares, serbes, russes, ukrainiennes, roumaines, albanaises, croates, hongroises, arméniennes ou géorgiennes. Autre exemple : même si les Américains ont commis une grave erreur en se mêlant de vouloir débarrasser l’Irak d’un des pires tyrans de la planète, ce n’est pas une raison pour faire croire que c’est l’armée américaine qui est coupable de l’abominable boucherie de civils dans ce pays alors que ce sont les Irakiens eux-mêmes qui règlent leurs comptes entre eux de cette façon !

— Mon œil ! Le coup de vouloir débarrasser l’Irak de Saddam Hussein, c’est le prétexte officiel. Le pétrole doit bien y être aussi pour quelque chose !

— Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Personne n’en sait rien. Et même : quand cela serait ? Il n’empêche que les Américains ont mis tout en œuvre pour chasser ce tyran sanguinaire et qu’ils ont réussi. Quand ils sont intervenus en Europe pour chasser Hitler et le nazisme, ils l’ont fait autant, sinon plus, dans leur intérêt que dans le nôtre, et on ne les a pas pour autant accueillis en envahisseurs étrangers mais en libérateurs. Et on a même passé l’éponge sur les villes qu’ils nous ont bombardées sans ménagement et sur les nombreux civils qui y sont restés.

— Et toi, grand-mère, Tu étais pour ou contre cette guerre ?

— Moi aussi j’étais contre, mais pas par antiaméricanisme : parce que, connaissant le monde arabo-musulman, je savais qu’il se retournerait contre les Américains d’une part, et que, d’autre part, seule une poigne de fer peut gouverner un pays multiculturel comme l’Irak avec ses chiites, ses sunnites, ses chrétiens et ses Kurdes. Tout sanguinaire qu’il ait été, Saddam Hussein y était parvenu et les femmes ainsi que les chrétiens, ces éternels souffre-douleur du monde musulman, étaient en sécurité sous son règne. De même, tant que la Yougoslavie a été une dictature communiste, cela s’est bien passé entre musulmans et non-musulmans. Ces deux dictatures mises à bas, ça a été la guerre civile et le chaos.

— Pourtant, beaucoup de musulmans semblent aspirer à la démocratie ?

— Sans doute. Mais l’islam semble bien incompatible avec elle. Il faudrait alors qu’ils s’en débarrassent, ce qu’ils ne sont pas prêts de faire ni même de souhaiter. Cette religion est comme une drogue qui fait souffrir mais dont on ne sait plus se passer.

— Bon, d’accord. N’empêche que la haine des siens comme explication des malheurs qui nous arrivent, c’est un peu court, un peu simpliste, je trouve.

— Attends !… même si je la juge déterminante, je ne prétends pas que ce soit la seule explication ! Il y en a d’autres que j’aborderai bientôt. De toute façon, je ne serai jamais aussi simpliste que nos liquidateurs ! IM-PO-SSI-BLE ! Quoi qu’il en soit, il est évident que, jusqu’à un certain point qui varie lui aussi avec les cultures, la xénophobie peut être nécessaire à la préservation de l’identité ethnique ou nationale.

— Autrement dit : il n’y a pas à nous reprocher à nous, Français de souche, et à nous seuls, de vouloir être de préférence entre nous. »

Contente de voir que ton esprit logique finit toujours par l’emporter sur tes objections d’humeur, je réponds : « En effet, d’autant que nous nous abandonnons à ce sentiment bien moins que les autres peuples. D’ailleurs, le grand ethnologue Lévi-Strauss, dont tu as sûrement entendu parler… si ?… non ?…non. Je me disais aussi… [soupir]… Lévi-Strauss lui-même, donc, disait qu’une certaine dose de xénophobie et même, parfois, de racisme, est nécessaire à la survie identitaire des sociétés. Ça fait partie de leurs défenses immunitaires. Ce n’est que la forme prise par l’instinct de conservation qui est la loi du vivant.

— D’après toi, alors, l’entreprise de colonisation aurait été moins xénophobe, voire moins raciste, que l’entreprise de décolonisation ? C’est un peu gros à avaler, quand même…

— Eh bien ne l’avale pas ! Personne ne t’y oblige ! Mais au moins tu auras entendu un point de vue différent de ceux que, à l’exclusion de tous les autres, donnent jusqu’à plus soif nos faiseurs d’opinion. Après quoi tu pourras, le moment venu, te faire la tienne, d’opinion. Toujours est-il que je maintiens mon idée : la logique de la décolonisation est plus franchement xénophobe, voire plus raciste que celle de la colonisation, de la colonisation à la Française, en tout cas. D’ailleurs, qu’ont mis en œuvre la plupart des pays décolonisés ? Un nationalisme exacerbé vaguement socialisant, avec dictature d’un parti unique et exaltation de l’‘‘arabité’’, de l’‘‘africanité’’, de la ‘‘négritude’’, et mise à l’écart ou élimination de tout corps étranger, y compris par des pogroms.

— Il y a eu depuis l’indépendance des pogroms contre les Blancs ?

— Oui, il y a quelques années. Au Zimbabwe, par exemple, et en Côte d’Ivoire où de modestes commerçants français ont perdu la vie dans un silence médiatique assourdissant. Et s’il n’y a pas eu plus de victimes, c’est que les autres Blancs ont pu quitter à temps le pays ou sont restés ensuite, comme en Côte d’Ivoire, sous la protection de l’armée française. Je ne sais pas s’il te faut un dessin, mais cela rappelle assez certaine époque ‘‘nauséabonde’’ de l’histoire, comme disent d’un mot qu’ils affectionnent nos liquidateurs, à ceci près qu’ils voient aujourd’hui du nauséabond partout sauf là où il est vraiment. Je t’accorde que ce n’est pas du même ordre de grandeur que le modèle auquel je fais allusion, mais c’est un peu de même nature.

— Tu veux dire que… Comme d’hab, t’y vas pas avec le dos de la cuiller !

— Et après ? Nos liquidateurs se gênent, peut-être ? ! Il est parfois nécessaire d’employer les mêmes armes que l’adversaire surtout quand le rapport de force lui est si colossalement favorable. Quoi qu’il en soit, force est de constater que contrairement à la postcolonisation, la colonisation française partait d’un principe humaniste universaliste.

— Peut-être qu’il y a aussi colonisation et colonisation ?

— Évidemment ! On a diabolisé le principe et le phénomène. Or rien, jamais, n’est simple : s’il y a eu des colonisations désastreuses, il y en a eu de globalement positives : la romaine en Gaule, par exemple, peut-être, aussi, la musulmane en Espagne, et certainement celle de la France en Afrique, en Algérie particulièrement. Je t’ai énuméré en gros tout ce que celle-ci a laissé à ses anciennes colonies qui lui ont coûté plus qu’elles ne lui ont rapporté. D’ailleurs, les Trente Glorieuses, ça te dit quelque chose ?

— Vaguement. Ce sont les trente années de grande prospérité qu’a connues la France.

— Oui. La France n’a jamais été si riche qu’entre les années 1960 et 1980, à savoir aussitôt débarrassée de ses colonies qui loin de l’enrichir avaient été ruineuses pour elle. Tous les historiens sérieux savent cela, mais tu ne les entendras jamais à la télé.

— Donc, d’après toi, c’est pas la colonisation qui a coûté cher à l’Afrique, mais l’Afrique colonisée qui a coûté cher à la France.

— Voilà ! Ce n’est pas d’après moi, mais d’après, entre autres, un économiste très connu et dont personne, à ce jour, n’a pu contester la démonstration qu’il a faite, chiffres à l’appui, dans un livre sur la question, lequel n’a jamais été réfuté. Son nom est Jacques Marseille. Nous n’avons même pas profité du pétrole que nous avions prospecté et rendu exploitable puisque l’indépendance est arrivée à peine les installations pétrolifères terminées. Cela dit il faut insister, aussi, sur un point capital qu’on passe, bien sûr sous silence, à commencer par tes professeurs : la plupart des conquêtes dans le monde se sont soldées par la diminution dramatique des populations conquises. Tu sais ce qui est arrivé aux Indiens d’Amérique ?

— Oui, ils ont été presque exterminés.

— Et les États-Unis qui nous donnent volontiers des leçons de tolérance multiculturelle ont construit leur nation sur cette quasi-extermination des Indiens. Les Australiens n’ont pas fait mieux avec les Aborigènes ; les musulmans ont fait disparaître les bouddhistes du nord de l’Inde, les Hindous de Vijayanagar ainsi que les chrétiens d’un peu partout ; et les peuples des Caraïbes se sont exterminés entre eux, ainsi que les Amérindiens avant même la conquête espagnole. Seules les populations des colonies françaises ont, malgré les guerres, considérablement augmenté pendant la période coloniale, en particulier en Algérie qui a vu sa population multipliée par huit à une époque où la population du globe augmentait très peu ! L’explication ? Les soins médicaux prodigués sans compter aux populations africaines par des Français au dévouement de Samaritains, l’éradication des maladies mortelles telles que la maladie du sommeil ainsi que la lutte contre les invasions de sauterelles et de criquets qui ravageaient régulièrement les récoltes, provoquant de terribles famines. Et tu sais à quel moment les Algériens ont été le mieux soignés ?

— Ne me dis pas que c’est pendant la guerre d’Algérie !

— Eh bien si, figure-toi ! L’armée, en même temps qu’elle faisait la guerre au FLN, ouvrait partout des dispensaires où les Algériens étaient soignés par des médecins et des infirmiers militaires qui se dépensaient sans compter et à qui la France prodiguait tout ce qu’il y avait de meilleur dans le domaine médical. Et c’était pareil dans les hôpitaux. Jamais il n’y eut autant de médecins et d’infirmiers, tous plus dévoués les uns que les autres, que pendant cette période, ni autant de médicaments et de matériel perfectionné à leur disposition. Je sais tout ça parce que ton grand-père, pendant la guerre d’indépendance, était directeur d’un grand hôpital d’Algérie. Et c’était pareil à travers tout le pays. Les Algériens ont été sans doute, à cette époque, le peuple le mieux soigné au monde. Et je n’hésite pas à formuler l’hypothèse que ces soins ont dû sauver presque autant de vies que la guerre en a supprimé. C’est pourquoi, si on ajoute le grand nombre d’instituteurs que l’armée, puisant parmi ceux qui faisaient leur service militaire, a mis au service de la population algérienne, nous avons fini, comme je te l’ai dit au début de nos conversations, par gagner la population à notre cause et, du coup, par gagner aussi la guerre. »

Tu reprends ton air buté : « Tout le monde peut faire des hypothèses, n’importe lesquelles.

— Eh bien, que les historiens vérifient la mienne. Chiche ! Ou au moins qu’ils parlent de ce gigantesque effort sanitaire de la France en direction des Algériens. Et n’oublions pas la pax gallica, la paix française, qui valait l’antique pax romana, paix romaine, puisqu’elle a permis aux populations indigènes de vivre sans s’entre-tuer. Et l’abo…

— …lition de l’esclavage ! Oui, je sais. On dirait le sketch du raton laveur.

— Ce n’est pas un sketch mais un poème de Prévert, poète assez médiocre au demeurant mais très prisé par l’Éducation nationale et que, donc, tu dois connaître. L’abolition de l’esclavage, parfaitement, pratique qui existait partout depuis la nuit des temps. Excusez du peu. Au reste, j’ai vu, de mes yeux vu, l’ébahissement admiratif des coopérants étrangers gavés de propagande antifrançaise quand ils ont débarqué en Algérie au début de l’indépendance. Ils n’en revenaient pas de découvrir le pays que les Français venaient d’abandonner. Les coopérants de l’Est n’ont pas été lents à avouer qu’ils auraient préféré un bon colonialisme à la française plutôt que le fraternalisme à la russe qu’ils subissaient. Ils auraient bien aimé être ‘‘pillés’’ de cette façon, eux !

— Quand même, tu as beau dire : les colons et les colonisateurs n’avaient que du mépris pour les populations colonisées. Ils les considéraient comme inférieures.

— Détrompe-toi. S’il y avait parmi les colonisateurs des racistes purs et durs et même des crapules comme partout, l’entreprise coloniale française n’a pas été foncièrement raciste. Elle a plutôt été comme la mise en pratique d’une sorte de devoir d’ingérence humanitaire à la mode de l’époque, c’est-à-dire, par rapport à aujourd’hui où l’on voit que l’ingérence sans un minimum de colonisation ne règle strictement rien, l’efficacité en plus et l’hypocrisie en moins. Les colonisateurs estimaient en général que les peuples d’Afrique étaient moins civilisés que l’Europe, non par infériorité raciale (d’ailleurs, je le répète, on employait à l’époque le mot ‘‘race’’ à tort et à travers, souvent sans lui donner le même sens qu’aujourd’hui) mais par malchance. Il était donc, en quelque sorte, de notre devoir, à nous, Européens, de venir en aide à ces peuples défavorisés par l’histoire, en leur apportant les bienfaits de notre civilisation. Et c’est pour une bonne part dans cet esprit que s’est faite la colonisation française et non par racisme ; c’est pourquoi, comme tu l’as vu, elle a été indubitablement positive. Tu chercherais, d’ailleurs, en vain, la moindre trace de propos injurieux ou simplement méprisants à l’encontre des Africains, que ce soit chez les artistes, dans les discours officiels ou dans les manuels scolaires de l’époque. Et à l’école coloniale on apprenait aux futurs administrateurs des colonies le respect de leurs administrés et non le mépris.

— C’était quand même l’époque de la pub ‘‘Y’a bon Banania’’ ? »

Décidément, il est dit que tu ne me feras grâce d’aucun des clichés du politiquement correct. Je ne cherche pas à savoir si tu te fais l’avocat du diable ou si tes objections sont sincères. De toute façon, il est bon d’avoir l’occasion de leur faire un sort.

« Oui. Mais, comme toujours, on a monté en épingle des phénomènes insignifiants telle que cette publicité que l’on a jugé méprisante ; et, pourtant, le Noir y est représenté comme un sympathique bon vivant, image autrement plus positive que celle que nous donnent d’eux-mêmes les Noirs d’aujourd’hui : récrimineurs exigeant violemment le maternage de la France tels d’éternels mineurs, ou rappeurs aux gestes simiesques ne sachant que vomir des grossièretés haineuses contre la France et les Français.

— Et l’expo coloniale, alors, qui exposait des Noirs comme des animaux du zoo, qu’est-ce que tu en fais ? un modèle d’antiracisme ?

— Comme des animaux de zoo, c’est vite dit ! C’est Gide qui soulignait que tout est dans le regard et non dans la chose regardée. Il s’agissait pour l’essentiel de reconstituer des villages africains avec leurs habitants vaquant à leurs occupations traditionnelles. En quoi était-ce choquant ? Est-ce que ce n’est pas ce que font nos ethnologues et nos ethnosociologues ? Est-ce que ces Africains ont été maltraités pendant leur séjour ? Pas que je sache. Le peuple de Paris qui venaient les observer leur lançait-il des injures, des quolibets, des cacahuètes ? pas que je sache, non plus. Alors pourquoi le suspecter de mépris et non lui prêter une curiosité et un intérêt estimables pour ces mœurs étrangères qu’on lui mettait sous les yeux ? Les animations culturelles qui aujourd’hui font la promotion de la Diversité s’y prennent-elles autrement ?

— Moui… Sauf qu’on ne leur a pas vraiment laissé le choix, à ces Africains.

— On le dit. En est-on si sûr ? C’est aussi ce qu’on a dit des Maghrébins venus travailler en France. Les Africains seraient donc si bornés qu’il ne se soit pas trouvé quelques centaines de jeunes gens pour être tentés par l’expérience excitante de voyager et de séjourner dans un pays inconnu, puissant et prospère, aux frais de la République, et de faire, au cas où on les y aurait obligés, contre mauvaise fortune bon cœur ? Car même si on les y avait un peu forcés, à partir du moment où ils n’ont pas été ni brutalisés ni maltraités, je ne vois pas qu’il y ait si grand crime.

— C’est vrai que si on me proposait d’aller animer aux USA, tous frais de voyage et de séjour payés, un village corse reconstitué avec ses occupations traditionnelles, je me ferais pas tellement prier.

— Tu vois bien ! On pourrait même dire qu’il n’est guère que l’Occident, et particulièrement la France, qui se soient intéressés, et depuis fort longtemps, aux autres civilisations. Sans remonter jusqu’aux Jésuites et leur recension minutieuse et illustrée des cultures amérindiennes, il est un fait établi que les turqueries ont été à la mode sous Louis XIV, que la Perse a passionné le XVIIIe siècle, que l’Égypte sous l’Empire a fait fureur, plus tard la Chine et le Japon, et qu’au du XXe siècle l’art africain a passionné les surréalistes et inspiré Picasso. Mieux que ça, ce sont les orientalistes français qui ont fait redécouvrir aux Arabes les classiques de leur culture qu’ils avaient depuis longtemps complètement oubliés ! La voilà, l’exception occidentale, française ! Quand les Arabes se pencheront, avec la même curiosité désintéressée, la même objectivité scientifique, la même passion, sur les cultures africaines ou chinoises et les Africains et les Chinois sur les cultures arabes, qu’on me fasse signe : c’est que les poules auront des dents ! »

Tu sembles de nouveau vouloir freiner des quatre fers. Trop, c’est trop. Tu m’objectes d’un ton catégorique : « N’empêche que les Algériens étaient dans la misère.

— Parce que, l’Algérie étant un pays naturellement très pauvre et sans industrie, ils étaient le plus souvent ouvriers agricoles. Sans doute n’étaient-ils pas spécialement bien traités. Mais ce n’était pas par racisme. On oublie, volontairement, de préciser que les ouvriers agricoles français en France jusque dans les années 1950, n’étaient guère mieux traités et vivaient eux aussi dans une grande pauvreté. Et je ne te parle pas d’un pays comme l’Espagne où dans le Sud la misère était presque plus grande à la même époque qu’en Algérie. Quant aux Pieds-noirs, hormis une toute petite minorité, ils étaient loin de rouler sur l’or. Lis Le Premier Homme d’Albert Camus et tu verras dans quel dénuement il a vécu sa jeunesse à Oran. C’est à leurs seules qualités de labeur et d’inventivité qu’ils devaient de vivre mieux que les Arabes, mais, en moyenne, bien plus pauvrement que les Français de ‘‘métropole’’. On oublie de préciser aussi que les Algériens ont échappé à l’horrible sort des ouvriers d’usine européens au début du XXe siècle ainsi qu’aux trois guerres calamiteuses qui ont dévasté la France et fait des millions de morts. On oublie encore de dire que les travailleurs agricoles arabes étaient bien mieux traités par les colons français que par leurs congénères.

— Leurs congénères ? Devaient pas y en avoir beaucoup, bougonnes-tu, vu que les Français s’étaient approprié à peu près toutes les terres !

— Là encore, détrompe-toi ! On se garde de faire savoir que la plupart des grands propriétaires terriens étaient algériens et non européens, sauf dans la Mitidja. La raison en est que ce sont exclusivement des Européens qui par leur labeur et en y mourant comme des mouches, ont rendu cette plaine inhabitée merveilleusement fertile. Avant eux, elle n’était qu’un immense marécage insalubre, infesté de moustiques. Or, je le répète, c’était un lieu commun connu de tout le monde à l’époque, que les Arabes préféraient mille fois travailler chez des Français que chez d’autres Arabes, tant ils étaient certains d’être mieux traités par les premiers que par les seconds. Quant à ceux qui travaillaient dans la fonction publique, ils touchaient le… tiers colonial, comme les fonctionnaires français ! »

Tu as beau ne demander que ça, tu ne veux pas encore t’avouer vaincue et tu renâcles encore pour la forme : « On dit aussi que l’Algérie pratiquait une sorte d’apartheid…

— C’est une pure calomnie ! Un des plus odieux mensonges que je connaisse ! Les Français d’Algérie n’ont jamais pratiqué l’apartheid : Français et Algériens se côtoyaient dans la rue, dans les cafés, se fréquentaient sur les bancs de l’école et, à condition sociale égale, dans leur vie privée. Et ils nouaient entre eux de solides amitiés. Le seul frein n’était pas le racisme, mais le désir des Arabes musulmans de ne pas montrer leurs femmes, ce qui rend les rapports entre couples presque impossible. Nul Klu-klux-klan, non plus pour faire régner la terreur chez les indigènes. Nul rappeur pour les injurier ou les menacer. C’est Bouteflika lui-même dans un discours important relativement récent qui a rappelé que les Algériens et les Pieds-noirs avaient toujours eu des rapports amicaux.

— Ça va ! Je te vois venir ! Dans une seconde tu vas me dire qu’il n’y a jamais eu une si bonne entente entre les Arabes et les Français que du temps de la colonisation ! Qu’ils étaient copains comme cochons, enfin, euh… comme moutons !

— Eh bien… maintenant que tu m’y fais penser… en effet ! »

Tu lèves les yeux au ciel.

« Si, si ! L’Algérie française avait réussi une sorte d’exploit : jamais entente entre peuple musulman et peuple non musulman n’a été aussi bonne que du temps de l’Algérie française.

— Mais bien sûr ! Meilleure même qu’aujourd’hui, en France ! Que dis-je ? Meilleure que partout ailleurs dans le monde !

— Eh bien, oui ! Je n’hésite pas à l’affirmer. Bien meilleure ! Pieds-noirs et Arabes sont allés aussi loin qu’il est possible d’aller entre musulmans et non-musulmans. Je ne parle pas de cette entente de façade de rigueur dans le monde des médias, de la télé et du cinéma, mais d’entente de peuple à peuple. Il n’est que de voir comment sont accueillis les Pieds-noirs qui retournent en Algérie. D’ailleurs, si les Français avaient laissé un si mauvais souvenir, est-ce que tant d’Algériens se précipiteraient pour vivre en France ? »

Tu observes comme à contre -cœur : « Oui, je sais. On dit que chat échaudé craint l’eau froide.

— Tu vois bien ! Tu sais que nous sommes restés, ton grand-père et moi, douze ans en Algérie après l’indépendance. Si tu savais le nombre d’Algériens qui venaient nous voir pour pleurer en cachette sur le départ de la France et des Français ! les Pieds-noirs auraient pu faire le lien entre les Français et les Arabes qu’ils connaissaient mieux que personne et avec lesquels ils s’entendaient fort bien, contrairement à ce que nos liquidateurs prétendent. Au lieu de quoi, au lieu de profiter de leur expérience, on les a calomniés aveuglément ainsi que la colonisation et l’on a fait en sorte que le secret de cette entente se soit perdu à jamais. J’ai idée que beaucoup de Pieds-noirs doivent rire – jaune – sous cape. La vérité est que s’il y avait un peuple sur Terre et un seul à pouvoir s’entendre avec les Arabes, c’était bien les Français, et c’est pourquoi avoir monté la tête des Arabes contre nous est si impardonnable !

— Et le tripatouillage de leurs frontières qu’on a imposé à ces peuples d’Afrique sans leur demander leur avis, c’était de l’universalisme républicain ?

— Ma parole, tu en sais des choses ! Tu pourrais presque décrocher un diplôme en DF.

— En DF ? Quèsaco ?

— C’est une toute nouvelle discipline ‘‘citoyenne’’ : ‘‘Détestation de la France’’.

— Pff… ! Même pas drôle !

— Tu as bien raison ; ça n’a rien de drôle ! En tout cas, rassure-toi, je suis, en l’occurrence, entièrement d’accord avec toi. Je trouve, en effet, scandaleux ce tripatouillage des frontières africaines qui a eu pour effet d’obliger des peuples très différents à s’entremêler dans un même État alors qu’ils avaient toujours vécu séparés. Mais tu ne vois pas que c’est exactement le même tripatouillage que l’on fait subir aux peuples européens en supprimant leurs frontières et en les obligeant à se mêler à des peuples étrangers totalement différents d’eux et desquels ils ont toujours été séparés ! »

Tu restes interloquée. Bizarrement, je sens que là, j’ai marqué un point.

« En attendant, on a beaucoup reproché aux colonisateurs français leur paternalisme », objectes-tu mollement.

« Je vois que tu en arrives aux fonds de tiroir. Quand on ne sait plus quoi reprocher à la colonisation, on nous sort le paternalisme. Oui. Peut-être. Mais en quoi le paternalisme colonial globalement civilisateur d’hier serait-il pire, bien pire, à entendre ses contempteurs, que le fraternalisme destructeur de la postcolonisation ?

— Comment tu as dit : cons tenteurs ? »

Je réponds, impavide : « Oui : ceux qui font les cons tentés. » Tu me regardes en dessous d’un air soupçonneux.

« Mais non, chère petite ignorante ! Con-temp-teurs, ceux qui condamnent sévèrement !

— Autrement dit qui stigmatisent ?

— Exactement ! Tu vois, au moins tu auras fait des progrès en vocabulaire ! Cela dit, j’en ai par-dessus la tête de ce ‘‘stigmatise’’ et de ce ‘‘nauséabond’’ et de ces ‘‘heures les plus sombres de notre histoire’’ qui reviennent sans arrêt dans les propos de nos liquidateurs comme sur un vieux disque rayé. Au fait, tu n’as plus rien en magasin dans le rayon ‘‘méfaits du colonialisme’’ ?

— Euh… non.

— Eh bien, pourtant, tu en as oublié un de taille !

— Ah, bon ? je vois pas.

Je lâche, alors, théâtrale : « Le tutoiement !

— Le tutoiement ?

— Oui, le tu-toie-ment ! Il faut reconnaître que c’était inutilement vexant pour les indigènes ! »

Tu tombes dans le panneau : « Attends ! y a pire comme torture psychologique ! Et puis c’est eux, d’abord, qui tutoient tout le monde ! Le ‘‘vous’’ existe pas en arabe, que je sache ! C’est normal qu’on ait fait ou qu’on fasse pareil ! Faut pas pousser, quand même ! »

La rapidité de ta réaction irritée sent le défoulement. Tu oses même la mauvaise foi, ce qui ne te ressemble guère, en négligeant délibérément que la plupart des colonisés ne parlaient pas l’arabe ! Je te le fais remarquer, mais tu n’en as cure. Pour un peu, c’est moi que tu accuserais de pinailler à force d’impartialité. Je crois y voir le signe d’une santé recouvrée, un vrai petit pied-de-nez à la bien-pensance et au politiquement correct. Les digues de la culpabilité et de la repentance auraient-elles enfin cédé ?

« Au fond, ai-je repris après un court silence, je ne vois pas si grande différence entre l’entreprise coloniale – honnie – et l’entreprise révolutionnaire socialiste encore approuvée par la gauche. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit pour une catégorie de personnes de faire, par tous les moyens, le bonheur d’une autre catégorie, malgré elle. Il y a cependant une différence entre les deux : l’entreprise coloniale française a fait considérablement moins de morts et a été plus globalement positive que les révolutions russes et chinoises.

— C’est peut-être pour faire oublier ces dizaines de millions de morts des régimes socialistes que la gauche fait tant de battage autour des crimes de la colonisation ?

— Ce n’est pas à exclure, en effet. C’est aussi et surtout pour faire oublier l’échec de l’indépendance. La preuve : nos liquidateurs n’ont pas pensé tout de suite à excuser par la colonisation les comportements de la jeunesse africaine, pas plus que celle-ci n’y avait pensé d’elle-même avant eux, n’ayant toujours fait que les suivre. Lors des grandes émeutes urbaines de Vaulx-en-Velin, en 1990, personne n’y avait encore songé. Selon les journalistes, la responsabilité de ces émeutes incombait aux hachéléms soi-disant sordides et invivables et à… l’absence de blousons Chevignon dans la garde-robe des émeutiers.

— Sans blague ? !…

— Si, si, je t’assure ! À entendre le ton dramatique des médias de l’époque, on aurait mis la France à feu et sang pour moins que ça. Il a fallu la guerre civile atroce – et prévisible – de 1990 en Algérie qui rendit flagrant l’échec de l’indépendance qu’on avait plus ou moins réussi à cacher jusque-là pour que cette excuse soit mise en avant.

— Pourquoi prévisible ?

— Parce que, lorsqu’on avait donné libre cours à des cruautés aussi abominables et gratuites que celles du FLN pour arriver au pouvoir, il était logique qu’un jour ou l’autre la population algérienne les subît à son tour. Et d’ailleurs les Pieds-noirs l’avaient…

— …Prévu… je sais.

— Parfaitement !

— Ben voyons !

— Ne me crois pas si tu veux, mais le fait est qu’ils ont toujours prédit que, les Français partis, les Algériens se trucideraient entre eux.

— Autrement dit, toutes les horreurs que tu m’as décrites l’autre jour ont servi à rien. Elles ont été que le moyen pour une bande de crapules d’arriver au pouvoir ?

— Exact. Tant d’atrocités pour en arriver à ce véritable sauve-qui-peut de populations entières dont on sentait qu’il n’eût pas fallu les pousser beaucoup pour qu’elles avouassent leur regret de l’ancienne métropole ! Devant ce démenti cinglant du réel, la clique des tiermondistes – pères spirituels et parfois biologiques de nos liquidateurs d’aujourd'hui qui ont justifié ou opiniâtrement occulté ces atrocités – a eu bonne mine ! Qu’à cela ne tienne ! Comme les houris d’Allah toujours vierges malgré leurs fornications répétées, se jugeant de la race de ceux qui ne sont jamais fautifs même pris la main dans le sac, plutôt que de reconnaître leur erreur, ils ont mis cet échec sur le dos de la colonisation.

— Avec quelques preuves valables, j’imagine.

— Penses-tu ! Sans le début de commencement de la moindre preuve, valable ou non. L’échec des indépendances africaines incombait à la colonisation et à elle seule. Point final. C’était un postulat – encore un – qui ne se démontrait pas. Alors, comme tu le sais, tandis que les huit siècles de colonisation de l’Espagne par les Arabes étaient portés aux nues, on ne trouvait pas de mots assez sévères pour condamner l’unique siècle de colonisation française presque assimilée à un crime contre l’humanité. Le résultat de cette propagande totalitaire digne de la radio anti-Tutsis des ‘‘Mille Collines’’ au Rwanda dépassa toutes les espérances. Il se constate tous les jours : en quelques décennies les braves types débarqués dans l’espoir d’une vie meilleure, très loin d’être des imbéciles et tout disposés à aimer leur nouveau pays, furent métamorphosés en crétins revanchards n’écoutant que les sirènes du multiculturalisme et n’ayant rien de plus pressé, pour leur malheur et le nôtre, que de reconstituer dans le pays d’accueil les conditions mêmes qui, en réalité, leur avaient fait fuir leur pays d’origine. C’est bizarre : cette idée des Français muslims – que donner à tout ce qui existe the islamic touch ferait leur bonheur – me rappelle vaguement la légende du roi Midas qui voulut tout changer en or et qui, pour son malheur, fut exaucé. En tout cas, oser dire que la colonisation française n’a rien eu de positif alors qu’elle a aboli l’esclavage, c’est quand même gonflé ! Non seulement l’esclavage, mais aussi l’humiliante condition de dhimmis des Juifs. Rien que pour ces deux dispositions, elle mériterait d’être louée. Et j’avoue que j’en veux un peu aux Juifs pieds-noirs de ne pas avoir pris davantage la défense de la colonisation française et d’avoir souvent hurler contre elle avec les loups. Allez, maintenant, à demain. J’ai à m’occuper de ma chorba de ce soir…

— Ta soupe arabe à la tomate avec de la viande d’agneau, de la menthe et de la coriandre ?

— Oui, celle-là. »

Tu te pourlèches les babines : « Ouaouh, j’adore ! alors… à ce soir ! »
Chapitre II

Où l’on continue à remettre à l’heure de vérité les pendules de la colonisation ainsi que
celles de la contre-colonisation revancharde de notre pays, et où l’on démontre que la loi du talion
qui sert de justification à celle-ci devrait se retourner à notre avantage



Le lendemain.

C’est moi qui reprends la parole.

« Je disais donc que je ne voyais pas en quoi le paternalisme colonial plutôt civilisateur d’hier serait considéré comme pire que le fraternalisme destructeur d’un Sékou Touré, d’un Amin Dada, d’un Robert Mugabe ou d’un Abdelaziz Bouteflika, et autres dictateurs incapables d’aujourd’hui.

— Parce que le premier était pratiqué par des étrangers. Tu l’as déjà dit.

— Eh bien oui ! Affirmer qu’il vaut mieux être maltraité par ses semblables, ses ‘‘frères’’, plutôt qu’être mieux traité par des étrangers et que, dès lors, il convient de se débarrasser de ceux-ci par tous les moyens (y compris les plus atroces) comme cela s’est produit en Algérie, je ne connais pas d’argument plus xénophobe, plus raciste que celui-là ! Tu peux tourner et retourner le problème dans tous les sens. Or c’est le principal argument, sinon le seul, avancé par les anticolonialistes. Pourquoi pas ? Mais alors, pourquoi les mêmes qui condamnent ce colonialisme d’hier vantent-ils au nom du Métissage et de la Diversité (ces slogans de supermarché) la contre-colonisation aujourd’hui imposée à notre pays par des peuples étrangers et bien plus arriérés que nous sur le plan culturel ? »

Je te vois prendre soudain un air accablé.

« Pff… change de disque, un peu !

— ‘‘Change de disque’’ ! Mais, malheureuse, c’est un tout autre disque que tu risques de devoir entendre le restant de ta vie quand je ne serai plus là ! Alors profite au mieux du mien. J’en changerai quand ces vérités, ces opinions seront autorisées dans les médias et à l’école : pas avant. Oui, je sais : je me répète, je te donne le tournis à pointer sans cesse toutes ces incohérences. Mais c’est que, vois-tu, il faut que tu t’habitues à affronter ce tournis sous peine de sombrer dans la paresse intellectuelle, la facilité et l’aveuglement de l’époque – ceux, par exemple, des acteurs de cinéma que tu admires tant. Normal, c’est de ton âge. J’espère que ça te passera vite. »

Tu te rebiffes :

« Pourquoi est-ce qu’ils seraient plus bêtes que les autres ?

— Je ne pense pas qu’ils soient bêtes, mais je prétends qu’ils sont ignares.

— C’est toi qui le dis !

— Pas du tout ! Ce n’est pas moi, mais eux ! Ils ne ratent jamais l’occasion de se flatter publiquement d’avoir été des cancres à l’école, comme si être le dernier de la classe était un titre de gloire ! En effet, dans cette profession on n’a nul besoin de savoir ni de culture pour réussir et gagner une fortune indécente, ni même d’apprentissage – d’autant que les acteurs actuels sont de plus en plus des fils à papa dont la carrière est toute tracée. Je ne sais pas si tu l’as remarqué.

— Peut-être… oui… Maintenant que tu en parles...

— Et c’est pareil pour la plupart des animateurs de télé. Dans tout ce petit monde des médias et du show-biz, la promotion républicaine au mérite, ils ne connaissent pas. Tout passe par les ‘‘réseaux’’, autrement dit le piston, et la naissance. Pas étonnant qu’ils soient favorables à une discrimination ‘‘positive’’ qui n’a souvent rien à voir avec le mérite. Il y a longtemps qu’ils la pratiquent pour eux-mêmes ! En outre, cette paresse intellectuelle est aussi celle des journalistes censés nous informer et même, hélas, de plus en plus, celle des professeurs ; autant de personnes qui ont perdu la boussole du sens commun et de la sagesse populaire et qui prétendent guider le peuple alors qu’ils ne font que lui bourrer le crâne de contre-vérités. Bref, pour revenir à la colonisation française : plaise au ciel que le racisme que nous allons inévitablement subir de nos néo-Français d’origine africaine soit de la même farine que le nôtre ! Si j’étais sûre qu’une fois notre pays soumis à leur loi ils se contentaient de manifester à notre égard ce paternalisme constructif que nous avons témoigné pour leurs ancêtres, je serais rassurée sur notre avenir ; mais, hélas, j’en doute fort. A propos : puisque tu as lu L'Etranger de Camus, est-ce que tu te souviens de l’histoire ?

— Oui, assez. Un Français d’Algérie est condamné à mort pour avoir tué un Arabe.

— Exact. Condamné à mort, en Algérie, pour avoir tué, en état de quasi-insolation et dans un réflexe de peur animale, un Arabe, lequel s’était montré vaguement agressif quelques moments plus tôt. Est-ce que tu te rends compte de ce que ça veut dire ?

— Que la justice coloniale n’a pas retenu de circonstances atténuantes pour ce Français meurtrier d’un Arabe et l’a condamné à mort …

— Encore exact. Et qu’est-ce que ça prouve ?

— Que l’Algérie française n’était pas si raciste que ça ?

— Bingo ! CQFD.

— Oui, mais ce n’est qu’un roman.

— D’accord, mais ce roman a été célébré comme un chef-d’œuvre partout dans le monde et on le lit encore aujourd’hui dans le monde entier. Tu crois que si l’Algérie française avait été réputée pour son racisme cette condamnation à mort aurait été crédible une seconde ? Or personne, de quelque bord politique qu’il fût, n’a critiqué ce détail du livre. De plus, son auteur était un homme de gauche qui a été un des premiers à dénoncer les injustices dont étaient victimes les Algériens. Il n’était pas du genre à embellir la réalité coloniale. Là encore, CQFD.

— Donc, il y a bien eu des injustices pendant la colonisation.

— Ah, mais je ne le nie pas. Tu connais beaucoup de pays non coupables d’injustices ? Tiens : tu sais que j’ai vécu quelques années en Algérie au lendemain de l’indépendance ?

— Oui, je sais.

— Eh bien, à l'époque, je crois te l’avoir déjà dit, la population ne haïssait pas le moins du monde la France et les Français, ni, encore moins, les Pieds-noirs, au grand ébahissement, et, souvent, à la grande déception des coopérants de gauche qui débarquaient imprégnés de leurs certitudes anticolonialistes simplistes. Comment expliquer, alors, que cinquante ans plus tard, chez nous, les jeunes d’origine maghrébine nous haïssent à ce point ?

— Je le sais, mais je sens que ça te fait tellement plaisir de me l’expliquer encore et encore que je donne quand même ma langue au chat. »

Je réponds d’un ton peu pincé : « Trop aimable ! merci ! Eh bien oui, je te l’explique encore : la faute en revient à la propagande antifrançaise de nos liquidateurs. Non seulement ils ne cessent de rouvrir des plaies qui ne demandaient qu’à se refermer, mais encore ils semblent prendre plaisir à jeter du sel dessus.

— Oui, mais il n’empêche qu’on a démoli leur identité, à ces pays colonisés, surtout en Algérie.

— Faux. C’est d’ailleurs parce qu’on n’a pas touché à cette identité, ou très peu, que l’Algérie indépendante, pour se démarquer de la période coloniale, a cru bon de se lancer dans une surenchère identitaire qui a produit l’islamisme sanguinaire des années 1990. Tu as entendu parler du père de Foucauld ? »

Tu cherches : « Foucauld, Foucauld… ça me dit quelque chose… »

Craignant le pire, je m’empresse de répondre : « C’était un de ces religieux chrétiens magnifiques, du genre des moines de Tibhirine, qui avait choisi de vivre retiré dans le désert algérien et de se dévouer aux populations locales, lesquelles le considéraient comme un saint. Or, le père de Foucauld lui-même n’a pas fait une seule conversion. Sais-tu que, à l’époque de la guerre d’Algérie, les intellectuels favorables aux peuples en lutte, précurseurs de nos immigrationnistes xénagogues, reprochaient à la France d’avoir laissé les indigènes en proie à l’islam et à ses traditions afin, soutenaient-ils, de mieux dominer une population abrutie par cette religion ?

— Mais… ils étaient islamophobes, alors ?

— Bien sûr ! A l’époque, nos intellos progressistes, qui ne s’étaient pas encore mués en liquidateurs de leur nation, ne se gênaient pas, en effet, pour traiter l’islam de religion obscurantiste et rétrograde. Il n’y a qu'à lire la presse de l’époque. Comme quoi : vérité d’hier égale erreur d’aujourd’hui et, sans doute, de nouveau, vérité de demain et, à coup sûr, gourance d’après-demain, comme dirait Pascal. Et inversement. Et ainsi de suite. Voilà ce qu’il conviendrait de constater avec le recul que permet la longévité individuelle moderne. De quoi sérieusement relativiser toutes les idéologies, à commencer par celle du… relativisme culturel. Oui, je sais, ça aussi, je l’ai déjà dit.

— Pascal… euh…

— Non, non ! pas celui-là ! » m’écrié-je aussitôt, à tout hasard, par réflexe. « Pascal, le grand penseur français du XVIIe siècle.

— Oui, oui, je connais ! » réponds-tu d’un ton un peu trop catégorique pour être honnête.

Je préfère ne pas creuser.

« Et c’est quoi, un… xénagogue ?

— Tu sais ce qu’est un démagogue ?

— Oui : celui qui, par intérêt, flatte le peuple et lui dit ce que celui-ci a envie d’entendre.

— Bravo ! Eh bien, un xénagogue – de xenos, ‘‘étranger’’ en grec – est celui qui, par intérêt, flatte l’étranger et lui dit ce que celui-ci a envie d’entendre.

— J’ai souvent entendu le mot ‘‘démagogue’’, mais jamais le mot ‘‘xénagogue’’.

— Et pour cause : pas plus que les démagogues ne s’avouent démagogues, les xénagogues ne s’avouent xénagogues. Or, ils sont au pouvoir, un pouvoir qu’ils exercent dictatorialement par l’intermédiaire de médias aux ordres. C’est la raison pour laquelle tu n’entendras jamais l’expression. Et pour une autre raison encore …

— Ah ? Et laquelle ?

— Je viens d’inventer le mot. »

Tu ris : « En effet, c’est une bonne raison. »

Le mot a l’air de te plaire : « Xénagogues, xénagos, ça sonne aussi bien que cocos, fachos, démagos, collabos. On pourrait avec ça clouer le bec à nos liquidateurs, leur répondre : ‘‘La ferme, bande de xénagos !’’

— C’est une idée : il faudrait populariser l’expression. Pour en revenir à la colonisation, le problème, en fin de compte, n’est pas de savoir si elle est bonne ou mauvaise. Le problème est, comme toujours, la falsification de l’histoire au détriment de la France, en l’occurrence par omission. Est-ce que tu te rappelles ce que je t’ai dit sur l'Espagne et sur l’Algérie ? C’est très important.

— Oui : les Arabes musulmans ont colonisé l’Espagne, comme les Français ont colonisé l'Algérie, et l'Algérie française a été à l’Algérie musulmane ce que l'Espagne musulmane avait été à l'Espagne chrétienne. D’où, de deux choses l’une : soit on applaudit à la colonisation de l’Espagne par les Arabes musulmans – mais alors on applaudit aussi à la colonisation de l’Algérie par la France –, soit on condamne la colonisation de l’Algérie par la France – mais alors on condamne aussi celle de l’Espagne par les Arabes.

— Bravo ! Argument rigoureusement imparable ! Cette observation sur la similitude de la colonisation arabo-musulmane de l’Espagne et de la colonisation française de l’Afrique (et pas seulement de l’Algérie) fait, à elle seule, s’écrouler tout l’édifice de l’idéologie antifrançaise. Pas de meilleur exemple de la mauvaise foi, du ‘‘deux poids, deux mesures’’ exercé à notre égard par nos liquidateurs.

— Dans ce cas, pourquoi, si la France a tant d’historiens de haut niveau, cette observation n’est-elle jamais faite ?

— C’est tout simplement la preuve que notre pays est déjà la proie d’un véritable totalitarisme idéologique.

— A propos, est-ce qu’il y a eu des pays du Sud qui n’ont jamais été colonisés ?

— Oui. le Libéria, l’Ethiopie, l’Arabie. Et Haïti, qui est indépendante depuis deux siècles.

— Et est-ce qu’ils sont plus riches et en meilleur état que les autres ?

— Bonne question. Pas du tout. Le Libéria, l’Ethiopie et Haïti sont des pays parmi les plus miséreux du monde. Quant à l’Arabie, si elle est moins pauvre, c’est uniquement grâce au pétrole dont elle regorge… grâce à nous, occidentaux. Et puis, à supposer que la colonisation ait eu de mauvais effets sur les pays colonisés, ce n’est rien, comme je viens de te le dire, à côté des deux Guerres mondiales qu’a connues l’Europe en vingt ans, qui ont fait des dizaines de millions de morts et l’ont transformée en champ de ruines. Or, quinze ans à peine après la dernière Guerre, l’Europe était redevenue une très grande puissance économique et culturelle, et cela sans pétrole ni gaz naturel. Alors, la misère due à la colonisation, à d’autres ! Chaque peuple a eu sa croix à porter, et la colonisation française a été loin d’être la pire. Comme dit le philosophe : il n’est de richesses que d’hommes.

— Tu n’aurais quand même pas voulu que la colonisation continue, par hasard ? » me demandes-tu d’un air soupçonneux comme si j’étais le général Massu en personne.

« Grands dieux, non ! Bon débarras ! Et puis la colonisation, bonne ou mauvaise, était une page à tourner. J’ai toujours été favorable à l’indépendance des peuples. Je comprends parfaitement que ceux d’Afrique, ou du moins les élites africaines – car je ne pense pas qu’on ait vraiment demandé l’avis des peuples eux-mêmes – aient voulu leur indépendance. Ce n’est pas une raison pour mentir sur cette période de l’histoire. En fait, on la noircit pour excuser l’échec calamiteux des indépendances plutôt que de rechercher les causes de cet échec chez les Africains indépendants eux-mêmes. Ce qui n’est pas un service à rendre à ces derniers, qui n’ont déjà que trop tendance à refuser de se remettre en question.

— L’Algérie, par exemple, est-ce qu’elle est plus riche maintenant que du temps de la colonisation ?

— L’Algérie n’a jamais été plus riche que depuis qu’elle est indépendante, avec les énormes réserves de pétrole et de gaz que la France a littéralement laissées à sa disposition, sans compter de fabuleuses possibilités touristiques.

— Mais ces richesses, elles n’existaient pas, déjà, du temps de la colonisation française ?

— Pas du tout. Comme je l’ai dit : le pétrole n’a été exploitable, grâce à la France, qu’au moment où elle a quitté l’Algérie, et le tourisme n’était pas encore à la mode dans ces pays. Donc, l’Algérie n’a jamais été si riche, n’a jamais eu autant de potentialités, que depuis son indépendance ; mais jamais les Algériens, eux, n’ont été si pauvres. La jeunesse algérienne ne songe qu’à quitter le pays, un pays décolonisé depuis bientôt un demi-siècle !

— C’est même plus une immigration, c’est, comme tu l’as dit, un sauve-qui-peut !

— En effet. Et un déshonorant sauve-qui-peut ! Car, du coup, les atrocités du passé deviennent rétrospectivement inexcusables et n’apparaissent plus que comme ce qu’elles ont toujours été : la barbarie sadique à l’état pur, et ceux qui les ont commises, des sauvages.

— Alors, aujourd’hui, c’est pas le procès de la colonisation qu’il faudrait faire, mais celui de la postcolonisation ?

— Exactement. Pourtant, tu n’entendras jamais nos liquidateurs faire ce procès-là. A propos, sais-tu que la Suède, la Norvège, la Finlande et même le Groenland commencent, dans certaines villes, à être submergés par l’immigration africaine ?

— Non. Je savais pas.

— Et sais-tu que cette immigration pose dans ces pays exactement les mêmes problèmes que chez nous, c’est-à-dire que les immigrés se comportent de façon agressive, sans égards ni pour la population du pays d’accueil ni pour ses valeurs ?

— Non, je savais pas non plus.

— En tout cas, tu dois savoir que la Suède, pas plus que la Norvège ou la Finlande, n’a réduit en esclavage ni n’a colonisé la moindre parcelle du continent africain ni, d’ailleurs, de quelque pays que ce soit.

— Oui, pour ça, j’étais au courant.

— Et, là encore, quelle conclusion, d’après toi, doit-on en tirer ? »

Cette fois, tu n’as pas besoin de réfléchir longtemps : « Que l’histoire de l’esclavage et de la colonisation n’est bien qu’un mauvais prétexte pour excuser des comportements inexcusables.

— Et voilà. Tu commences à saisir l’ampleur et le cynisme de l’intox que l’on nous fait subir. »

Je te laisse méditer un moment sur cette remarque et puis je reprends la parole : « Pour en terminer une fois pour toutes avec la colonisation, j’oubliais une autre justification de celle-ci que l’on passe également, bien entendu, sous silence. Tu as sans doute remarqué, dans le midi de la France et en Corse, que la plupart des villages, au lieu d’être construits sur les plaines côtières, ce qui eût été logique, sont tous sur des hauteurs qui les dominent, à l’intérieur des terres.

— Oui.

— Tu sais pourquoi ?

— Non.

— Parce que, pendant des siècles, les musulmans du Maghreb, surtout les Algériens, ont pratiqué, en Méditerranée, la piraterie à grande échelle contre tous les bateaux européens et ont écumé les côtes méditerranéennes de l’Europe en y commettant tant de ravages que les populations ont été obligées de déserter les côtes pour s’installer sur les hauteurs.

— De quel genre, les ravages ?

— Des razzias incessantes sur les biens des roumis et au moins un million de chrétiens d’Europe kidnappés, réduits en esclavage et horriblement maltraités par les musulmans qui ne les libéraient que moyennant des rançons exorbitantes. A cette époque, Alger et sa région tiraient l’essentiel de leur richesse de ces pratiques prédatrices. Encore une fois, toute ressemblance avec le comportement de certaines gens dans nos banlieues serait purement fortuite : le fruit du hasard et non de leur culture ! »

Tu me regardes avec l’air de te demander, à nouveau, si c’est du lard ou du cochon. Je te laisse trancher par toi-même et poursuis : « Il fallait faire cesser cette guerre désastreuse pour nos pays. Dès que la France a été assez forte, elle s’y est employée par l’ingérence militaire suivie de la colonisation, avec l’assentiment et le feu vert de tous les pays européens.

— Ah… je vois. J’ai aussi entendu dire que, à partir du moment où on les avait colonisés, c’était normal qu’ils nous rendent la monnaie de la pièce : qu’ils nous colonisent à leur tour.

— Ben voyons ! Comme si les Algériens ne devaient pas s’estimer heureux que la France leur ait rendu une Algérie où cinq générations de Français ont donné le meilleur d’eux-mêmes au point d’en faire, comme je te l’ai dit, un pays qu’ont découvert émerveillés et stupéfaits, juste après l’indépendance, les très nombreux coopérants étrangers. N’importe quel peuple se serait estimé quitte. C’est ce qu’ont fait par exemple les peuples de l’Inde et du Vietnam, pays pourtant bien moins mis en valeur par la colonisation que l’Algérie. Mais celle-ci, malgré ses prodigieuses richesses, a non seulement été incapable de perpétuer le miracle français, mais, sous le règne de ses dirigeants, celui-ci a fondu comme neige au soleil – d’où le dépit des Algériens et la criminalisation grandissante de la colonisation française. Au train où vont les choses, on apprendra bientôt aux générations futures que les Français mangeaient là-bas tout crus les petits enfants !

— Au moins, ceux qui disent ça ont le mérite d’appeler un chat un chat. Ils s’avouent revanchards et ne nous la jouent plus inoffensifs immigrés semblables aux Italiens et aux Portugais d’hier.

— En effet. Ainsi les choses sont claires. Œil pour œil, dent pour dent. Retour à l’imbécile loi du talion préconisée, comme par hasard, dans le Coran ? Eh bien, chiche ! Pourquoi pas ? Nous aurions tout à y gagner.

— Ah, bon ? mais …

— Tel serait pris qui croyait prendre. Combien de temps a duré la colonisation française ?

— Euh… cent-trente ans.

— Exact. C’est à l’échelle de l’histoire une durée très brève. De nos jours, à peine plus d’une vie d’homme. Et ce n’est rien à côté des huit siècles de colonisation de l’Espagne ni, à plus forte raison, de la colonisation définitive de toute l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par les Arabes musulmans. Tu vois où je veux en venir ?

— ...

— Réfléchis : dans vingt ans, les Français d’origine maghrébine seront vingt pour cent de la population et présents depuis soixante-cinq ans. La moitié en durée mais le double en population par rapport aux Français d’Algérie : ça s’équilibre. Il faut donc, si l’on applique la loi du talion, commencer à les préparer au retour dans leur pays. Pourtant, non seulement ils ne partiront ni dans vingt, ni dans cinquante ans : ils ne partiront plus jamais. Il s’agit, contrairement à la nôtre, d’une colonisation définitive et massive. Donc la loi du talion serait bel et bien à notre avantage. Et puis il y a une grande différence entre notre colonisation et la leur : je parle du moins pour l'Algérie, cas que je connais bien. Nos contre-colonisateurs détestent la France et les Français. Les Français d’Algérie, eux, aimaient passionnément leur pays natal et leurs sentiments pour les ‘‘indigènes’’ relevaient parfois de ce paternalisme dont je t’ai parlé. Jamais de la haine. »

Je vois que tu as du mal à suivre. Tu as l’air fatiguée. Je préfère laisser reposer tes méninges jusqu’à demain.
Admirable et passionnant à lire. Une précision : la loi du Talion est déjà dans l'Ancien Testament est c'est plutôt un progrès, puisque c'est l'introduction d'une proportionnalité de la réparation par rapport à l'offense. L'islam pratique plutôt l'escalade, à la mode corse de la vendetta : tu m'as insulté ou tu m'as volé, alors je te tue.
Merci beaucoup cher Virgil. S'agissant du talion, Je me souviendrai de vos précisions pour la prochaine fois.
Citation
Une précision : la loi du Talion est déjà dans l'Ancien Testament est c'est plutôt un progrès, puisque c'est l'introduction d'une proportionnalité de la réparation par rapport à l'offense

En dépit d'une opinion en général convaincue que la loi du talion est injuste et mauvaise celle-ci est un progrés énorme par rapport aux moeurs antérieurs et elle le reste car la vraie justice sous-entend proportionnalité de la réparation par rapport à l'offense comme le dit si bien Virgil.

C'est pourquoi ceux qui versent le sang d'autrui doivent payer leur méfait avec leur propre sang. Eh oui les amis on peut tourner et virer nous en revenons toujours au même point.

Vers la fin du régime nazi il n'y avait plus qu'une seule punition pour les crimes quels qu'ils soient, du plus bénin au plus grave: la mort.. Ils étaient devenus fous et avides de sang.
Rogemi,

La loi du talion pose un problème majeur : elle ne distingue pas entre l'homicide involontaire et le meurtre.
Je n'ai pas dit que la loi du Talion était une réalisation pleine la justice, mais c'est le début d'une sortie du cycle d'escalade de la vengeance. Ce que dit le Talion, c'est que si on te prend un oeil, tu ne peux pas demander plus qu'un oeil comme réparation. C'est une limitation des exigences de réparations, pas un blanc-seing pour torturer l'autre.
Chapitre III

Où il est démontré que ce qui devrait être prouvé au préalable : le racisme épouvantable des Français « de souche »,
et qui n’a jamais été, sert toujours de preuve contre eux




Le lendemain.

C’est moi qui, de nouveau, entame la discussion : « Tout ce que je t’ai expliqué puis précisé sur l’esclavage et le colonialisme se résumerait en dernier ressort, à la fin des fins, selon les liquidateurs de la France, au racisme des Français ‘‘de souche’’. Il serait la cause première et dernière de tous les maux.

— En tout cas, je remarque que lorsqu’il s’agit de taper sur les ‘‘souchiens’’, de les dévaloriser, on prend pas de gants, on se gêne pas pour généraliser, pour dire les et pas des.

— Bien vu, oui. Du moment qu’il s’agit de nous dévaloriser, nos liquidateurs n’hésitent pas à faire de l’exception la règle et de la règle l’exception. Stratégie facile et payante, surtout quand on n’a jamais de contradicteur face à soi. A présent, rappelle-toi ce que je t’ai dit à propos du racisme.

— La seule définition valable du racisme est l’affirmation de l’inégalité des races.

— Exact. Et tant que l’on en reste à cette affirmation exprimée sans appel explicite à la violence, il ne s’agit que d’une opinion, raciste, certes, mais sans danger du moment qu’on est libre de la combattre par l’affirmation inverse. En revanche, ce qui est grave, c’est lorsque l’on agit en conséquence, lorsque l’on passe à l’acte. Donc, qui, d’après toi, est le plus gravement raciste : celui qui marmonne ‘‘sale race’’ à ceux qu’il surprend pour la énième fois en train de vandaliser sa boîte aux lettres ou celle du voisin, à crever les pneus de sa voiture ou de celle du voisin – quand ils ne tentent pas d’y mettre le feu –, ou ceux qui commettent ces actes ? qui les commettent pour le seul motif d’en faire baver à un ‘‘de souche’’, lequel, le plus souvent aussi pauvre qu’eux et parfois plus, ne leur a strictement rien fait ?

— Ben, tiens ! Ceux qui commettent ces actes, pardi !

— Il y a des cris du bon sens comme il y a des cris du cœur. Bravo ! Or donc, dès la loi sur le regroupement familial, nombre de jeunes d’origine africaine ont adopté ce comportement à notre encontre, à nous, les franco-Français qui vivions avec eux en première ligne. Toi-même l’as remarqué dans ton collège : ils ne s’en prennent jamais, ou presque, à leurs congénères. Or, quand les Français de souche ou assimilés ont essayé non pas de rendre coup pour coup, mais seulement de se plaindre, c’est eux que l’on a stigmatisés ! Plus ils se faisaient quasiment pogromiser, plus on les traitait de racistes, plus on les soupçonnait de vouloir saboter le ‘‘vivrensemble’’ ! Se plaindre des Arabes s’expliquait non par les nocences que nombre d’entre eux faisaient endurer à la population d'accueil, mais par le racisme de cette population. Autrement dit, et là accroche-toi et concentre-toi bien sur ce que je vais te dire : c’est ce qu’il faudrait prouver concrètement : le racisme épouvantable des Français, et qui ne l’a jamais été, qui sert toujours... de preuve contre eux ! »

Tu as froncé les sourcils et répété lentement : « C’est... ce qu’il faudrait prouver... concrètement : le racisme épouvantable des Français, et qui... ne l’a jamais été, qui sert... toujours de preuve contre eux ! Ouais, j’y suis ! C’est un peu comme si on avait traité de racistes les Indiens qui en voulaient aux Européens de leur piquer leurs terres pour y vivre à leur guise.

— Félicitations ! Tu as compris maintenant, une fois pour toutes, je l’espère, la stratégie orwellienne de nos liquidateurs : faire marcher la réalité sur la tête. Dans tous les domaines. C’est également comme si, dans les années 1930, on avait traité de racistes les Juifs qui se seraient plaints des exactions commises contre eux par les jeunes Allemands. Et puisque les Français étaient racistes par définition, en quelque sorte CONGENITALEMENT, les Africains ne pouvaient être que leurs boucs émissaires. La boucle infernale était ainsi bouclée et les Français enfermés dans une logique kafkaïenne, condamnés, quoi que fassent les jeunes d’origine africaine, à être coupables. Autrement dit : si les Juifs ont été persécutés par principe pour ce qu’ils étaient et non pour ce qu’ils faisaient, à l’inverse mais dans la même logique, les Africains sont excusés par principe pour ce qu’ils sont, quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas.

— Si j’étais à leur place, il est probable que je profiterais aussi de la situation.

— Qui, à la place de ces derniers, ne serait pas tenté, en effet, de profiter d’une situation aussi enviable, surtout dans les cités où le rapport de forces en leur faveur est déjà par lui-même une incitation à en abuser? Ce qu’ils font, du moins une partie non négligeable d’entre eux. Quelles enquêtes sérieuses ont été diligentées pour vérifier si le populo français était raciste ou non ? Quels journalistes sont allés vivre, au moins un an, incognito, avec femme et enfants scolarisés, dans une cité à forte concentration d’immigrés ? Aucun.

— Pourtant, même dans le cas d’extraterrestres, on fait des enquêtes très sérieuses pour recueillir les différents témoignages, les recouper et les vérifier soigneusement. Et même pour les maisons hantées et les esprits frappeurs.

— Tu vois bien ! On va mobiliser dix gendarmes pour un olibrius qui affirme que son jardin vaguement piétiné en rond a servi de terrain d’atterrissage à une soucoupe volante, et dans un cas aussi grave que le racisme, rien. De plus, il y a un principe juridique bien établi : quand des témoignages de témoins nombreux et variés qui ne se sont jamais concertés vont tous dans le même sens, ils ont valeur de preuve. Pourquoi ce principe n’est-il pas appliqué aux centaines de milliers de ‘‘de souche’’ qui tous se plaignent de la même façon des mêmes nocences venant toujours de personnes issues de la même ‘‘Diversité’’, alors qu’une propagande de tous les instants cherche à les convaincre qu’ils ne connaissent pas leur bonheur à vivre au milieu de cette diversité ? Quand tant de gens au cerveau normalement constitué se montrent si récalcitrants à une telle ‘‘pédagogie’’ – comme disent nos liquidateurs – c’est bien qu’il y a anguille sous roche.

— En tout cas, c’est pas du fantasme culturel, vu que toute notre culture nous enseigne à aimer l’étranger, notre ‘‘lointain’’, plus que nous-même.

— En effet. Mais alors si ce ‘‘racisme’’ ne vient ni de la culture ni de la propagande, il ne peut avoir qu’une origine et une seule...

— Les gènes ?

— Tu l’as dit.

— Mais... si des millions de gens d’un même pays possèdent le gène du racisme, c’est qu’ils constituent une sorte de race, non ?

— Oui, on pourrait dire ça.

— Et une race... raciste, donc ?

— Sans doute. Et alors ?

— Et alors ? Ben... s’il existe des races racistes, il peut exister des races paresseuses, voleuses, menteuses ou violentes, non ? »

J’ai l’impression bizarre de m’entendre moi-même, dans ta manière de me poser ces questions. Je répète, amusée : « Et alors ?

— Et alors ? Ben... de deux choses l’une : ou ces millions de Français ne sont pas racistes et les faits qu’ils dénoncent sont bien réels ; ou ces Français sont racistes et alors il existe bien des races inférieures ou nuisibles, et c’est les nazis qui avaient raison. Pourtant on nous répète assez, nos liquidateurs les premiers, qu’ils avaient tout faux. Faudrait savoir ! » conclus-tu triomphalement.

« Bravo pour ton esprit logique ! En effet, c’est ce qu’on ne cesse de nous répéter, et à juste titre. Autrement dit : puisque ces millions de Français ne peuvent pas constituer une race raciste, donc inférieure, et qu’ils résistent à la culture qui les imprègne, ainsi qu’à la propagande qui les matraque, c’est que les nocences à leur encontre qu’ils dénoncent sont, hélas, bien réelles. CQFD. En outre les ‘‘Divers’’, contrairement aux ‘‘de souche’’, sont toujours crus sur parole, eux. Tu vois : encore et toujours ce même deux poids, deux mesures scandaleux.

— En fait, j’ai plutôt l’impression que les fantasmes sont de leur côté. C’est eux qui ont des fantasmes victimaires et pas nous des fantasmes sécuritaires !

— Sûrement ! Encore une fois, qu’ont ces gens d’origine africaine comme arguments sonnants et trébuchants, si j’ose dire, contre nous, hormis quelques rares bavures policières souvent excusables en raison du comportement hors la loi de certaines victimes ? Et puis, explique-moi : comment se fait-il que les sociologues en service commandé se torturent les méninges à ce point pour trouver des excuses plus ubuesques les unes que les autres au comportement de cette jeunesse issue de l’immigration africaine si ce comportement n’est qu’un fantasme ? A quoi bon chercher des excuses à un phénomène qui… n’existe pas ?

— Tiens, c’est vrai, ça : j’y avais pas pensé. C’est comme les Français ‘‘de souche’’ : ce sont ceux qui les haïssent qui disent qu’ils existent pas. Bon, mais il y a eu tout de même des Arabes assassinés pour rien, uniquement parce qu’ils étaient arabes.

— Fort peu. Beaucoup moins que de Français assassinés par des Arabes, crimes qui ne sont jamais considérés comme racistes et qui ne font jamais la une des journaux.

— Oui, mais traiter quelqu’un de ‘‘sale arabe’’, c’est bien une injure raciste !

— Une injure, oui : pas un crime. Et pas plus raciste que ‘‘sale français’’. D’ailleurs, ça m’étonnerait qu’il y ait beaucoup de gens qui aient ce culot, vu ce qu’ils risqueraient. Ce devrait pourtant être jugé sans importance à partir du moment où l’on est libre de répondre à l’injure de la même façon : par la parole. Or, ce qui de mon temps eût relevé d’altercations pagnolesques est aujourd’hui vu comme un drame par les pisse-froid, les figures de carême, les bigots de l’antiracisme haineux.

— Poil, euh ... au nœud ! »

A ta brusque rougeur, l’idée me traverse d’une possible grivoiserie qui t’aurait échappé malgré toi. Dans le doute, je choisis de faire comme si je n’avais rien remarqué.

« Tu as vu la trilogie de Pagnol ?

— Oui.

— Tu l’as aimée ?

— Ouais, pas mal.

— On dit ‘‘oui’’, pas ‘‘ouais’’. Tu te rappelles, donc, que les Marseillais mettent sans arrêt en boîte monsieur Brun parce qu’il est lyonnais, jusqu’au moment où ce dernier les bat à leur propre jeu sans qu’ils aient rien vu venir ?

— Poil à… frire.

— Ah, pardon : mauvaise rime ! »

Mais je souris à ton jeu de mot « décalé ».

« Bien. Je vois que tu te souviens de la scène. C’est en tout cas la preuve qu’à l’époque on désamorçait ce genre de conflit par le rire. Aujourd’hui, au contraire, plus question de poilades à la Pagnol : les liquidateurs de la France dramatisent à plaisir, jettent exprès de l’huile sur le feu, et monsieur Brun consulterait la Halde ou ferait un procès à Marius. Pire : aujourd’hui, la seule accusation de racisme vaut preuve et tu ne peux pas te défendre contre elle. Tu vas voir : au train où vont les choses, on va finir par trouver louche les attitudes les plus irréprochables. Vous n’avez jamais prononcé une parole raciste, ni une blague, ni la moindre allusion de ce genre : bizarre, bizarre ! Trop parfait : ne chercheriez-vous pas à donner le change ? Ah ! mais ma petite dame, avec nous ça ne prend pas ! Il nous en faut plus que ça pour vous blanchir !

— A t’entendre, une véritable police de la pensée se met en place.

— Mais, ma chère petite, pire que ça ! Une police de la pensée et de l’arrière-pensée ! Et elle s’exerce chez nous d’une manière tout à fait inédite et contre-nature. En effet, d’habitude, qui flique les individus, les dénonce et leur interdit de s’exprimer librement dans un pays ?

— Ben… un dictateur et la police à ses ordres ?

— Exact : un dictateur ou un parti unique totalitaire, ou encore une secte fanatique. Or en France, aujourd’hui, ce n’est ni un dictateur, ni un parti unique totalitaire, ni une secte fanatique qui fliquent les individus, les dénoncent et tuent la liberté de parole, pas du tout ! C’est la presse, la presse tout entière qui pratique le plus librement du monde, de sa propre initiative, avec enthousiasme, cette chasse aux sorcières et qui moucharde à qui de droit les contrevenants à la morale – prétendument antiraciste – établie. Et ces journalistes traîtres à leur vocation sont les fils de ceux qui en 68 clamaient ‘‘Il est interdit d’interdire’’ !

— Et moi qui croyais que le rôle de la presse dans un pays démocratique était de défendre la liberté d’expression !

— Tu vois que je n’exagère pas quand je dis que désormais, dans tous les domaines, on marche sur la tête ! Bienvenue, ma chère enfant, dans ce monde à l’envers qu’est désormais devenu ton pays.

— Alors, bientôt, y aura plus besoin, pour faire se tenir tranquilles les enfants, de leur promettre le père Fouettard : il suffira, pour rétablir le silence dans les rangs de la marmaille ou pour empêcher certains de pisser au lit, de les prévenir : si t’es pas sage, si tu continues, je dirai aux journaux que t’es raciste !

— Peut-être bien ! Mais, pour en revenir au vif du sujet, tout dépend des circonstances. Tu connais ta mère. Tu n’ignores pas combien elle est polie, presque jusqu’à la préciosité.

— Oh, que oui ! » soupires-tu d’un air résigné.

« Tu dois te souvenir du jour où elle avait invité des collègues de ton père devant lesquels elle voulait absolument faire bonne impression et qu’elle a brûlé le gigot ?

— Ah, oui ! Parfaitement !

— Alors tu dois te souvenir de ce qu’on lui a entendu s’exclamer ?

— Et comment : ‘‘merde, merde, et merde !’’ »

Tu glousses d’aise à ce souvenir.

« C’était si inhabituel de sa part qu’on a tout de suite deviné ce qui s’était passé. Est-ce que ça signifie que ta mère est quelqu’un de grossier et de mal élevé ?

— Oh, non. Pas du tout !

— Tu vois ! Et qui n’a entendu de ces mères méditerranéennes – et même les autres –exaspérées par leur progéniture, lancer, les yeux hors de la tête, à un de leurs enfants : ‘‘Recommence et je te tue’’ ? Doit-on les dénoncer comme coupables de menaces meurtrières sur leur enfant ? Doit-on les accuser d’intentions infanticides au motif imbécile qu’‘‘il n’y a pas de fumée sans feu’’ ?

— Bien sûr que non !

— Eh bien c’est pareil avec nombre d’injures décrétées racistes. C’est ce que je voulais dire par : ‘‘Tout dépend des circonstances’’. Quand tu es dans le bain, à chaud, les nerfs à vif, tu ne peux pas réagir comme ceux qui ne le sont pas. Le prolo qui chaque semaine trouve sa boîte aux lettres déglinguée, l’ascenseur en panne, ses escaliers compissés, sa voiture rayée ou les pneus crevés – quand elle n’est pas brûlée –, qui se fait agonir d’injures, est dans le bain vingt-quatre heures sur vingt-quatre, lui. D’une certaine façon, c’est toujours à chaud qu’il réagit, parce qu’il n’a pas le temps de ‘‘refroidir’’ entre deux nocences. Comment pourrait-il prendre du recul, faire la part des choses, avoir la présence d’esprit de mettre un d à la place d’un l quand il voit que c’est toujours la même population qui lui nuit ?

— D’autant qu’il ne doit avoir pour toute instruction qu’un CAP, le pauvre.

— Sans doute n’a-t-il pas passé, en effet, sa jeunesse à glander sur les bancs de la fac de sociologie à baratiner savamment sur ‘‘nature et culture’’. Sa fac à lui, c’est le réel dans lequel il baigne quotidiennement. Pour autant, ça ne veut pas dire du tout qu’il est raciste. En réalité, il essaie, la plupart du temps, de la faire, la part des choses – que c’en est même pathétique ! – bien plus que ne le feraient, à sa place, ceux qui lui donnent des leçons.

— En tout cas, quand je regarde mes ‘‘copains’’ arabes, ces malabars marioles et rigolards, qui pètent de santé dans leurs sapes Lacoste et roulent les mécaniques, je trouve pas qu’ils ont l’air de souffrir dans notre pays !

— Evidemment ! et tant mieux pour eux, d’ailleurs ! Mais gémir sur leur sort me paraît une insulte à la véritable détresse humaine. Tu veux que je te dise ? A les voir, n’importe qui de sensé ayant échappé au lavage de cerveau des liquidateurs de notre pays se dit : si ce sont là des victimes, alors vive les bourreaux ! Et c’est ce qui rend si insupportable leur ‘‘m’as-tu-vuisme’’ victimaire. A demain ?

— OK… poil aux mains ! »

Contente de toi, tu t’éclipses sur un éclat de rire.
Utilisateur anonyme
15 octobre 2011, 23:09   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
« Toi-même l’as remarqué dans ton collège : ils ne s’en prennent jamais, ou presque, à leurs congénères. »

Je ne m'en étais jamais rendu compte, mais cela me semble un argument de très bon sens et absolument irréfutable du racisme anti-autochtones de nos très chers encasquettés. Je l'ai lu durant la semaine mais ça n'est qu'il y a quelques instants que sa vérité criante m'est apparue : je viens en effet d'échapper de justesse à une agression par quatre adolescents maghrébins dans un train. J'ai du mal à identifier précisément pourquoi c'est moi qui ai eu l'honneur de retenir leur attention parmi les voyageurs, j'imagine que c'est un tout : le visage de type européen, une tenue pas totalement vulgaire, une valise – « viz' kom i doit et' rich' çui-ci » – qui contenait ma lessive sale de la semaine... Ah, si, suis-je bête : je suis le seul à leur avoir dit « merci » quand ils ont ouvert le wagon qu'ils avaient bloqué de l'intérieur lorsque le train était en gare.... Je méritais effectivement un savon.

Merci Cassandre.
Chapitre IV

Où l’on donne des preuves supplémentaires que, contrairement à ce que soutient une presse collabo, les Français sont le peuple le moins raciste du monde, que les contrôles au faciès ne font pas de la France un pays raciste et que la délinquance au faciès est, de toute façon bien pire.




Le lendemain, je te surprends en train d’écouter je ne sais quelle musique venue d’Amérique. Soudain une idée me frappe : « Et le jazz ?

— Quoi, le jazz ?

— Oui, j’allais oublier : le jazz, le blues, la musique noire !

— Eh ben quoi ?

— Ce sont les Français, les premiers, bien avant l’Amérique blanche, qui ont, dès les années 1920, apprécié et reconnu la valeur de la musique noire. Les musiciens noirs se produisaient sur les grandes scènes de France devant un public blanc quand, en Amérique, ils restaient relégués dans les quartiers et les boîtes de nuit pour ‘‘nègres’’. C’est en France, pas en Amérique, que la Noire Joséphine Baker a été littéralement idolâtrée, et c’est en France que la Revue nègre faisait courir un Tout-Paris emballé.

— Alors l’Amérique ferait mieux de la fermer au lieu de nous donner des leçons…

— Oui ! Et comment ! L’Amérique exterminait les Indiens au même moment où, par nos soins, la population de nos colonies augmentait considérablement. Elle a longtemps méprisé tout ce qui venait des Noirs alors que leur art influençait nos plus grands artistes ; et elle faisait régner l’apartheid alors que chez nous Noirs et Blancs se mêlaient partout et depuis toujours. Elle ferait bien, en effet, au lieu de nous donner des leçons de multiculturalisme, d’admettre à quel point la France était et est encore en avance sur elle, ne serait-ce que par les mariages mixtes toujours si rares là-bas et si banals chez nous depuis longtemps. Il y a tellement d’arguments à opposer à cette accusation de racisme contre la France et les Français que, forcément, je finis par en oublier. Tiens ! encore un autre, et pas des moindres : sais-tu qu’en 1948, le président du Sénat, c’est-à-dire le second personnage de l’Etat, appelé à gouverner la France en cas de décès de son président, était un Noir originaire de Guyane ?

— Pas possible ! » t’exclames-tu poliment et sans conviction.

« Et sais-tu que le vice-président de l’Assemblée nationale a été plusieurs années un Algérien qui siégeait toujours en djellaba, en grande tenue traditionnelle ? Et je pourrai multiplier les exemples. »

Là, je te sens soudain carrément sceptique : « Voui… et le masque de fer c’était le frère de Louis XIV que la reine mère avait eu avec un beau page africain. Peut-être même que Louis XIV…

— Eh bien, si tu le prends comme ça, dis-je, vexée, dorénavant ne compte plus sur moi. Tu n’auras qu’à te renseigner toute seule ! »

Tu reviens aussitôt à de meilleurs sentiments : « Alors c’est vraiment vrai ? »

J’ironise à mon tour, d’un ton pincé : « Non, non ! Tu sais bien que je suis une fabulatrice, que je ne fais qu’inventer de faux évènements historiques ! » avant d’exploser : « Bien sûr que c’est vrai, petite ignorante ! »

Tu hésites puis consens à l’admettre.

« Alors c’est comme si, à la même époque, tandis que l’Amérique était en plein ‘‘apartheid’’, un Africain en boubou avait ‘‘vice-présidé’’ dans ce pays la chambre des députés ?

— Eh oui ! Tu vois à quel point tout ça cadre mal avec l’image d’un pays raciste !

— De là à dire que la France ne l’est pas du tout, il y a quand même un grand pas !

— Ecoute, je vais essayer d’être tout à fait impartiale : je ne dirais pas que la France n’est pas du tout raciste, ce qui serait ridicule, mais je dirais que c’est, sans doute, le pays le moins raciste du monde. Enfin ! Réfléchis : raciste, un pays qui doit compter environ, toutes races confondues, huit à dix millions de Français d’origine africaine, c’est-à-dire au moins trois à quatre fois plus que dans n’importe quel autre pays non africain ?

— Euh… c’est vrai ! » admets-tu. « Qu’est-ce que ça serait si on n’était pas racistes ! C’est comme la ‘‘crispation identitaire’’ : qu’est-ce que ça serait si on n’était pas crispés !

— Comme le disait Mitterrand des fusées soviétiques qui étaient à l’Est alors que les pacifistes étaient à l’Ouest, les donneurs de leçons sur la Diversité nous viennent maintenant d’Afrique où l’uniformité raciale est la règle ! Raciste, un pays qui subit depuis des années les émeutes de jeunes d’origine africaine, sans avoir jamais réagi par la moindre contre-émeute ni même la moindre manifestation de rue pour dénoncer les violences de cette jeunesse, pas même quand celle-ci a fait sauter des bonbonnes de gaz dans le métro à l’heure de pointe, tuant des dizaines d’innocents ?

— Jamais entendu parler ! Je savais pas.

— Bien sûr que tu ne savais pas. Tu n’étais pas encore née. Et c’est le genre de souvenirs que nos liquidateurs s’empressent d’enterrer.

— Tu ne peux tout de même pas dire que tous les jeunes d’origine africaine sont des terroristes en puissance !

— Non, certes ! Sauf… que le terroriste Khaled Khalkal était devenu, comme Ben Laden, un héros pour la jeunesse des banlieues. Non, ce n’est pas moi qui le dis, fais-je pour couper court à ton objection habituelle, c’est toute la presse collabo de l’époque qui le répétait à l’envi, sans jamais s’en être scandalisée, avec, au contraire, sinon de l’admiration, du moins une compréhension bienveillante.

— La presse collabo ? C’est quoi ?

— Je vois qu’il est urgent que je t’affranchisse à ce sujet. Le pire journal, celui qui, il y a quelques années, a pesé le plus sur l’opinion, a joué un rôle déterminant dans l’entreprise de liquidation de la France ‘‘de souche’’ en tuant au passage la liberté d’expression, est un grand quotidien du soir qui passait pour un journal de référence. Mais il n’était pas le seul : il y en avait aussi un autre qui passait pour culturel, spécialisé dans la télévision et le cinéma et deux autres très ‘‘jeunistes’’. Mais aujourd’hui, c’est toute la presse qui s’est alignée sur eux. Big Brother, c’est elle, et si elle a plusieurs bouches, elles parlent toutes d’une même voix.

— Mais pourquoi prenait-on ce journal du soir comme le journal de référence ?

— Parce que, fut un temps, il l’avait été, et c’est, justement, parce qu’on faisait confiance à sa réputation qu’on a continué à le prendre pour le journal impartial, parangon d’objectivité, qu’il n’était plus depuis longtemps. Il avançait masqué. Les gens n’y ont vu pendant des années que du feu. Or c’est de lui, et d’intellectuels partisans de la liquidation de notre pays auxquels il ouvrait complaisamment ses colonnes, qu’est venue l’idée de présenter la France comme un pays abominablement raciste, avec le succès que l’on sait. Un jeune et fringant philosophe a joué un rôle déterminant, avec un livre ignoble sur notre pays, que d’ailleurs à l’époque tous les historiens sérieux ont réfuté.

— Qui ?

— Il n’y en a pas trente-six que l’on voit si souvent à la télévision, surtout avec ce look romantique soigneusement étudié.

— Je crois deviner qui c’est. Moi, je le prenais pour le mari d’une célèbre actrice de cinéma.

— Plût au ciel qu’il ne fût que cela !

— En tout cas, j’ai remarqué qu’il perdait ses cheveux. Pour le look romantique, bientôt, il repassera.

— Toujours est-il qu’à partir de là ce prétendu racisme des français est devenu un filon de bonimenteurs à la mode dont le modèle fut un célèbre comique de gauche, inusable chouchou des médias. Puis il est devenu un filon médiatique tout court pour pseudo-intellos en panne d’inspiration et de discours, pour les fils à papa ignares du cinéma et du show-biz, et j’en passe ; un substitut light au savoir et à la culture mis à la disposition d’une jeunesse décérébrée et amnésique trop heureuse de pouvoir s’en contenter. C’est à partir de là qu’un nombre grandissant de cultureux a commencé à porter fièrement, en bandoulière, la honte d’être français.

— Avant, il y avait les culs-terreux, et maintenant les cultureux. »

Tu me fais une moue assortie d’un geste de la main pour signifier que tu juges limite ta trouvaille.

J’esquisse un sourire : « A tout prendre je préfère de loin les premiers. Et puis un livre paru au début des années 1990 a joué un rôle très important dans l’idée d’une France raciste. Devine le titre...

— Euh... au hasard : La France... raciste ?

— Dans le mille ! La France raciste ! Ce livre est remarquable en ce sens qu’il est un exemple de démarche faussement scientifique à usage purement idéologique. C’est un véritable catalogue de raisonnement biaisés, de témoignages ‘‘souchiens’’ toujours mis en doute sans preuve, pour ne pas parler de procédés carrément dégueulasses consistant, entre autres, à faire témoigner devant des Maghrébins une jeune femme vivant à leur contact quotidien dans le quartier étudié, celui de l’Epeule à Lille, et qui, à l'évidence, ne pouvait dire la vérité par crainte de représailles. Quelques années plus tard, la réalité devait d’ailleurs démentir le livre car c’est dans ce quartier qu’a eu lieu, premier du genre, l’assassinat d’un père de famille devant sa fillette de trois ans, pour un simple regard jugé déplaisant par des ‘‘jeunes’’. Or quand on relit les témoignages mis en doute par l’auteur de La France raciste, on n’est pas étonné que cette tragédie ait eu lieu.

— Et l’auteur, il a pas fait son autocritique ?

— Tu plaisantes ! Au contraire, il continue à être pris au sérieux et à la ramener dans les médias qui d’ailleurs se sont empressés d’enterrer ce drame, comme tant d’autres quand la victime est ‘‘de souche’’.

— Etre fier d’avoir honte ?... Encore un truc bizarroïde... » murmures-tu, alors, comme pour toi-même.

— Tu l’as dit. Etre fier d’avoir honte de son pays tient lieu, une fois pour toutes, à ces cuistres, de brevet de subtilité intellectuelle du haut de laquelle ils regardent avec mépris ceux qui, comme nous, aiment bêtement leur patrie. Cracher sur la France fait non seulement intello à peu de frais mais fait partie, désormais, du plan de carrière et du standing, à la télévision en particulier, riche en animateurs et invités collabos, surtout dans les émissions qui se veulent ‘‘branchées’’.

— Pourtant, à les voir, on dirait pas. Ils ont pas vraiment des têtes de collabos.

— C’est pourquoi, là aussi, les gens n’y ont vu longtemps que du feu. Beaux, rigolards, sexy, apôtres du dévergondage et jeunes, surtout, ils sont le contraire, en effet, de l’image traditionnelle du traître et du collabo. Ils n’en sont que plus navrants. Sache d’ailleurs que pendant assez longtemps les invités maghrébins des médias n’ont pas compris ce que ceux-ci attendaient d’eux. Ils s’exprimaient en êtres normaux, c’est-à-dire que visiblement ils n’étaient même pas effleurés par l’idée de se plaindre de la France, bien au contraire. Mais les animateurs d’émission ne l’entendaient pas de cette oreille. On les sentait bouillir : comment ! Un Maghrébin qui aime la France ! De quoi je me mêle ! Ma parole, il se prend pour un Portugais ! Il fallait voir alors le mal qu’ils se donnaient pour inciter leur invité à dénigrer son pays d’adoption, comment ils s’ingéniaient à lui tendre la perche pour qu’il confie à quel point il y souffrait du racisme ! A force, les Maghrébins et autres Africains ont compris la combine : pour être dans les petits papiers des médias et passer à la télé, il leur fallait dire, eux aussi, tout le mal possible de la France.

— Si ça se trouve, ils devaient pas en croire un mot.

— Au début, sûrement. Je suis sûre, d’ailleurs, que ces Africains, d’eux-mêmes, n’auraient jamais eu l’idée, malgré leur culture, de dénigrer la France comme ils le font maintenant. Ce sont bel et bien tous ces branchouillards des médias qui les y ont poussés. Et puis ils ont fini par se prendre au jeu, se persuader qu’ils étaient vraiment des victimes. Leur tendance à l’agressivité s’est réveillée. On connaît la suite. Il ne faut jamais réveiller le chat qui dort.

— Proverbe... souris ? »

J’acquiesce le plus sérieusement du monde : « Forcément ! »

Les yeux pétillants, tu hoches la tête en signe de je ne sais quelle approbation.

« En tout cas, avant, les choses étaient claires : ceux qui se voulaient du côté du manche et s’y trouvaient ne cherchaient pas à donner le change. Aujourd’hui, au contraire, plus on est du côté des puissants et de la bien-pensance, plus on joue aux rebelles. Jamais, pourtant, l’on vit moins rebelles que ces mutins de Panurge, comme les a si bien nommés Philippe Muray.

— Mutins de Panurge ? Trop génial ! J’adore !

— Depuis que le monde est monde, les peuples se rebellent contre les riches, les puissants, les privilégiés. Dans la France d’aujourd’hui, ce sont les riches, les puissants, les privilégiés qui se rebellent contre leur peuple. Enfin, de nos jours, comme je t’ai dit, pour un tas d’imbéciles, vomir son pays fait partie du standing, comme la piscine, le jacuzzi et le dernier Houellebecq sous le bras. Mais revenons plutôt à nos néo-Français...

— Oui. Tiens ! De quelles épouvantables injustices se plaignent les Africains chez nous, par exemple ? J’aimerais bien savoir.

— Bonne question ! On va se livrer à une petite énumération. Passons sur l’école, les professeurs et les acteurs sociaux : nous savons qu’ils se mettent en quatre pour eux, et venons-en à ce qui pourrait justifier l’accusation. Commençons par le commencement : le contrôle d’identité. Pendant des années, ainsi que je l’ai mentionné, les antiracistes n’ont eu à se mettre sous la dent comme ‘‘preuve’’ de racisme anti-africain que les contrôles d’identité baptisés pour les besoins de la cause : contrôles ‘‘au faciès’’, simple mesure de prévention que la gent antiraciste a réussi à faire passer pour une mesure de répression. Outre que c’est plutôt maigre comme preuve, il y aurait beaucoup à dir...

— Je devine déjà à qui tu penses : aux cousins Pierre et José.

— Exactement. A qui ressemblent-ils ? On en a souvent fait la remarque ensemble.

— A des Arabes.

— Tout à fait. Et en France ils sont légion, les bruns bronzés à cheveux noirs qui ressemblent, à s’y méprendre, à des Arabes : Provençaux, Corses, Juifs, Français d’origine espagnole, italienne, arménienne et j’en passe, habillés, de plus, exactement comme eux, c’est-à-dire comme tous les jeunes. Or jamais on ne les a entendus se plaindre de contrôles d’identité abusifs, alors que les ‘‘Arabes’’ s’en plaignent sans cesse. Pourquoi ?

— Parce que les Arabes, eux, on les croit sur parole ?

— Sans doute ! et que, donc, ils exagèrent très probablement la quantité de contrôles qu’ils subissent. De plus, quand la police opère dans une cité aux trois quarts africaine, elle contrôle forcément beaucoup plus d’Africains que de Blancs, c’est mathématique ! Et puis, surtout, il ne s’agit pas le plus souvent de contrôles ‘‘au faciès’’, même si ça doit exister, mais à la ‘‘dégaine’’, à la dégaine de voyous. Or, il se trouve que c’est presque toujours des Arabes ou des Noirs qui cultivent cette dégaine-là. De surcroît, ce sont eux que l’on trouve en majorité dans les prisons alors qu’ils ne représenteraient que dix pour cent de la population française ! La police, qui manque déjà d’effectifs, ne va tout de même pas perdre un temps précieux à contrôler autant le reste de la population ! Elle se concentre sur les groupes à risques, sinon la notion de prévention ne voudrait rien dire ! Et d’abord, est-ce que les hommes s’indignent d’être beaucoup plus souvent contrôlés que les femmes ?

— Je savais pas ça. Non. Et pourquoi on les contrôle plus souvent que les femmes ?

— D’après toi ?

— Parce qu’on sait qu’ils commettent plus de vols et de violences qu’elles ?

— Tout juste.

— Alors ils doivent aussi beaucoup moins contrôler les vieux que les jeunes, faciès ou pas.

— Sans doute ! Et puis, tiens, le fils adoptif de ma cousine est bien d’origine maghrébine et il en a bien le type. Pourtant, il n’a jamais été contrôlé par la police, ni lui ni ses amis ‘‘rebeus’’, pourquoi ?

— Parce qu’ils n'’nt pas du tout l’air de voyous. Et en plus, je les connais : ils sont adorables.

— Et, grâce au ciel, il y en a encore beaucoup comme eux ! Voilà ! C’est aussi simple que ça : ils n’ont pas l’air de voyous.

— Oui, c’est vrai ! Contrôles au faciès, contrôles au faciès ! Quel cirque, finalement pour pas grand-chose ! Et la délinquance au faciès, alors, qu’est-ce qu’on en fait ? C’est pas pire comme racisme ?

— Bien pire ! Tu as parfaitement raison. Délinquance au faciès qui nous vise exclusivement, nous, les ‘‘de souche’’, qui pourtant, paraît-il, n’existons pas : le voilà, le vrai racisme. Mais celui-là, tu ne l’entendras jamais condamner par nos liquidateurs. Il faut absolument que le ‘‘de souche’’ reste le salaud. Pourtant nos malheureux compatriotes obligés de vivre dans les banlieues de l’Afrique aimeraient bien n’avoir à se plaindre que de contrôles au faciès, eux !

— Remarque qu’on te dira sans doute que c’est normal qu’ils s’en prennent à nous puisque que nous sommes les plus riches !

— Et on aura tort, une fois de plus ! Les ‘‘de souche’’ qui vivent auprès des néo-Français d’origine africaine ne sont pas plus riches que ces derniers, bien au contraire ! Ce sont majoritairement de petits retraités à bout de course ayant à peine de quoi vivre, des prolos au chômage ou qui travaillent dur pour un salaire de misère et des mères célibataires dépressives qui galèrent pour élever leurs enfants en tirant le diable par la queue. Tu parles de riches ! Et c’est à eux que s’en prennent depuis le regroupement familial les voyous de la Diversité, et jamais à leurs congénères ! En revanche, as-tu ouï dire que les jeunes ‘‘de souche’’ pauvres se mobilisaient pour racketter les Africains de leur cité, pour leur piquer leur blouson Lacoste ou leur portable dernier cri ?

— Non, jamais !

— Tu vois ! Tu peux tourner le problème dans tous les sens : rien n’excuse la délinquance ‘‘au faciès’’ de tant de jeunes d’origine africaine. Et depuis quand, lorsqu’on n’est pas à la rue, qu’on ne souffre ni de la faim ni du froid ni du manque de soins, est-on autorisé à voler son prochain quand celui-ci, de surcroît, n’a jamais volé personne ? Ce serait un encouragement de plus à la barbarie ! A propos : ‘‘Nuire à l’infidèle n’est pas péché’’, ça te dit quelque chose ?

— Proverbe musulman ?

— D’après toi ?

— Neuf chances sur dix que oui .

— Gagné ! C’est en effet un proverbe musulman qui pourrait résumer le principe de la ‘‘dhimmitude’’. Et dès le berceau l’enfant musulman est élevé dans cette idée qui lui est inculquée explicitement, de propos délibéré, ou implicitement de façon insidieuse. Mille quatre cent ans d’une impunité jugée naturelle face au non-musulman laissent forcément des traces dans les mentalités et les comportements. Tu vois qu’on ne peut éviter de prendre en considération, une fois de plus, la culture, pour expliquer cette délinquance au faciès à l’encontre des non-musulmans. Ce point réglé, poursuivons la recherche des abominables injustices qu’on infligerait exprès à certaine Diversité et dont elle est la seule à se plaindre. Tiens, on va jouer à une version moderne du Loup et de l’Agneau. Tu connais ?

— Oui, je la sais même par cœur.

— Bon, alors : Je ‘‘fais’’ l’humble Souchien et tu ‘‘fais’’ sa majesté Diversité. »

Tes yeux brillent. Tu es immédiatement d’accord.

« Commençons. »

Je m’incline devant toi et t’adresse la parole en ces termes : « Que Votre Diversité ne se mette pas en colère, mais plutôt qu’elle considère que le Souchien n’est pas méchant. »

Tu rentres aussitôt dans le jeu et déclare avec un accent ‘‘banlieue’’ à couper au couteau : « A moi de géju, bâtard !

— Mais… certainement ! Votre Diversité est trop bonne !... J’expose donc à votre Diversité la situation. Votre Diversité est-elle privée des droits et des avantages probablement uniques au monde que l’on accorde aux Souchiens : allocations chômage, allocations familiales, allocation logement, allocation « parent unique », RMI, soins médicaux gratuits, école gratuite, retraite et j’en passe ?

- NON... » réponds-tu en simulant un dédain appuyé.

« Il Vous est même souvent plus facile de les obtenir qu’eux. La retraite, par exemple, qui Vous est versée à partir de soixante-cinq ans même si vous n’avez jamais travaillé en France. Votre Diversité est-elle, à travail égal, moins payée que les Souchiens ? »

Tu aboies : « Manquerait plus que ça ! » en me regardant d’un œil mauvais si bien joué que je me surprends à avoir la main qui me démange.

« En effet. Ce sont plutôt les Souchiens qui sont moins payés qu’ils ne seraient en droit de l’espérer à cause de l’afflux des vôtres. Votre Diversité reçoit-elle de l’Education nationale une moins bonne instruction que les Souchiens ?

— Possible ... Certains de mes adorateurs l’affirment », observes-tu avec hauteur.

« Que votre Diversité me pardonne, mais les professeurs qui s’échinent pour Votre Diversité apprécieront... Non seulement c’est faux mais on favorise même votre Diversité par rapport au Souchien au nom de la ‘‘discrimination positive’’. Votre Diversité a-t-elle moins droit aux soins de qualité que nous ? »

Tu hausses les épaules en grimaçant : « Pff... non plus !

— On Vous rembourse même les opérations rituelles pratiquées par les médecins et c’est souvent Vous, aux urgences qui êtes soignée en premier ! Refuse-t-on à Votre Diversité de la servir dans les magasins ?

Ya zebi ! Bien sûr que non ! » lâches-tu, l’air furibard.

« Bravo l’artiste, on s’y croirait ! » me dis-je avant d’enchaîner : « Je vois même Votre Diversité passer souvent avant son tour quand il y a des queues aux caisses sans que personne proteste. Refuse-t-on vos enfants dans les cantines ? »

Tu fais mine de cracher par terre avant de t’écrier : « La mort de tes os ! Et puis quoi encore ?!

— On Vous prépare même des repas conformes à Votre religion. Voilà pour le ‘‘quoi encore’’ ! Refuse-t-on, par ailleurs, le droit à un Souchien ou une Souchienne de se marier à Votre Diversité alors que Votre Diversité refuse le mariage avec celles et ceux qui ne lui appartiennent pas, sauf s’ils se convertissent ?

— NON, même pas » réponds-tu avec un mépris souverain. Et après ?!

— Et après ? Une fois mariée ? Que votre Diversité me pardonne, mais son intimité conjugale ne me regarde pas [rires] ! Quand Votre Altesse est française, lui refuse-t-on le droit de vote ?

— NON et NON ! » réponds-tu d’un ton qui hésite entre la fureur et un reste d’hilarité.

— De manifester ? »

Tu tapes du pied : « NON plus !

— Ce serait plutôt à nous qu’on le refuse. En revanche, Vous oblige-t-on à payer les transports en commun, comme les Souchiens ? »

Tu ricanes : « Ben tiens, bouffon ! j’vais m’néger !

— Vous avez bien raison ! Pourquoi se néger ? ! On n’interdit même pas à Votre Sainteté de nous cracher dessus, alors… En fin de compte, qu’avez-vous à reprocher au pauvre Souchien ?

— Tout ça c’est du kiché, bâtard de ta race ! du racisme déguisé ! » t’écries-tu, feignant le comble de la rage. « Et on m’a dit qu’hier tu m’as colonisé !

— Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?

— Si ce n’est toi, c’est donc ton père !

— Il n’a jamais quitté… euh… Enghien.

[rires]

— C’est donc quelqu’un des tiens
Car vous ne me kiffez guère,
Toi et tes frères souchiens.
On me l’a dit, il faut que je me venge… »

Je t’interromps : « Etc., etc. Je te laisse imaginer la suite toute seule et à ta guise.

— Ouah ! Trop fort ! » commentes-tu, ravie, en battant des mains.

« Je reconnais que tu t’en es bien tirée. Enghien, par contre, était limite. Je n’ai pas eu le temps de trouver une autre rime. Allons, assez joué pour aujourd’hui. A demain ! »
Chapitre V

Où il est encore question de fantasmes victimaires, de l’importance du facteur culturel et de l’exil immobile
imposé à des millions de Français dans leur pays




Ton enthousiasme pour le petit intermède d’hier n’a pas eu raison de ton envie de disputer.

« Tu oublies la discrimination à l’embauche, n’empêche, remarques-tu comme si la conversation de la veille ne s’était pas interrompue.

— Là aussi, réfléchis : on serait allés chercher les Maghrébins dans leur pays pour leur proposer du travail (ils nous le reprochent assez !) et aujourd’hui qu’on les aurait sur place par millions, on refuserait de les embaucher par racisme ?

— Tu veux dire que, s’ils se vantent d’avoir fait chez nous les travaux les plus durs et d’avoir reconstruit la France, c’est bien qu’on les a embauchés pour ça ?

— Exactement. Tu vois, ton idée de catalogue des incohérences du ‘‘politiquement correct’’ semble de plus en plus nécessaire. Outre que cette discrimination à l’embauche est rarement vérifiable puisque beaucoup de ‘‘de souche’’ galèrent également pour se faire embaucher, en réalité elle n’a rien à voir avec du racisme mais avec l’impolitesse d’un grand nombre de jeunes appartenant au peuple de remplacement, leur insociabilité, leur incapacité à s’exprimer correctement en Français, leur intonation aboyante, leur ignorance crasse dans tous les domaines, leur absence de ponctualité, leur mauvais vouloir, bref : leur ‘‘culture’’ barbare de banlieue dont ils sont si fiers. C’est elle qui les rend inemployables. D’ailleurs une récente enquête vient de prouver que le CV anonyme est bien plus défavorable à l’embauche des ‘‘minorités visibles’’ que le CV normal ! Va falloir que les antiracistes de profession trouvent autre chose.

— Il y en a quand même qu’on pourrait embaucher pour les emplois les moins qualifiés…

— Ah, mais c’est que ceux-là, par vanité, ils les refusent ! De toute façon cet argument est devenu caduc puisque depuis maintenant trente ans, il ne s’agit presque plus d’une immigration de travail mais, comme on dit en politiquement correct, d’‘‘ayant-droits’’, autrement dit de gens dont une grande majorité ne vient chez nous que pour vivre à nos dépens. Et puis aussi parce que sous le faux nez de ce que l’on nomme discrimination ‘‘positive’’, s’est mise en place une discrimination ethnique, raciale et raciste, en faveur des Africains ; discrimination qui est une injure de plus aux principes républicains ainsi qu’à la masse laborieuse et honnête du petit peuple ‘‘de souche’’dont le seul tort est de s’être poussé toujours davantage pour accueillir ces populations étrangères.

— On leur refuse l’entrée des discothèques, à ce qu’il paraît, objectes-tu sans conviction.

— On leur refuse l’entrée des discothèques !!! Qu’en voilà une horreur ! Ah, ils ont bien raison de nous en vouloir à mort ! Non, sans rire : le coup de la discothèque interdite, c’est leur grand morceau de bravoure ! Le plus inusable ! Comme si l’existence se réduisait pour eux à la vie en discothèque ! Et avec quel argent s’il vous plaît, quand on se prétend, comme ils le font, si misérables ?

— Tu sais bien qu’ils ne paient pas, eux.

— Je reconnais bien là ton mauvais esprit ! Je me demande d’où tu peux bien le tenir… Bref, il arrive, en effet, qu’on leur interdise les discothèques parce que, se présentant souvent sans accompagnement féminin, ils cherchent à soulever les filles des autres et provoquent bagarres et désordre. Ce n’est pas du racisme mais du principe de précaution.

— De toute façon il y a bien pire que les discothèques. Il y a le regard raciste. »

J’ai failli marcher devant ton air sérieux. Je fronce les sourcils : « Le regard raciste ? mais… voyons… »

Et puis je comprends que tu ironises et rentre dans le jeu.

— Ah, oui, parfaitement : le regard raciste ! Tu as raison. C’est terrible. Je ne sais pas si tu as déjà débusqué dans la rue le regard raciste mais ça ne doit pas être de la tarte ! Tiens ! essaie un peu de prendre le regard raciste pour voir ?.. Comment ça, tu ne sais pas ? C’est tout simple : suffit que tu me regardes. Si je suis arabe ou noir c’est un regard raciste puisque tu l’es forcément, raciste. Une tournante ou un tabassage à côté c’est de la petite bière. »

Je me dis qu’au fond rien de tel que le mauvais esprit. C’est, avec l’ironie, le meilleur antidote au politiquement correct. Et, grâce à Dieu, tu n’en manques pas.

« Et il paraît même qu’on prononce mal leur nom !

— Pas possible ! On mettrait la France à feu et à sang pour bien moins que ça ! Et dire qu’on écorchait sans cesse le mien, de nom de jeune fille, le corse, et que je m’en amusais ! Si j’avais su ! »

Je reprends mon sérieux : « Hélas, il n’y a pas de quoi rire. C’est à ce genre de reproches absurdes que l’on mesure leur haine paranoïaque. N’oublie pas qu’il y a déjà eu de malheureux ‘‘de souche’’ assassinés par des ‘‘jeunes’’ pour un regard qui n’a pas eu l’heur de plaire à ceux-ci, et qualifié sur le champ de ‘‘raciste’’.

— Je sais. En somme, ils ne veulent voir que le dixième du verre vide et pas les trois quarts du verre plein.

— Euh… les neuf dixièmes du verre plein, si je sais compter. Dis plutôt qu’ils ne veulent voir que le plateau où pèsent quelques injustices mineures et qu’ils refusent de voir celui où pèse quantité d’énormes bienfaits. Tiens ! La meilleure preuve que même la relative discrimination à l’embauche n’a rien de raciste, ce sont les femmes !

— Tu veux dire que les femmes maghrébines n’ont pas de problèmes d’embauche ?

— Exactement !

— Ah, c’est vrai ! j’y avais pas pensé. Mais les immigrés d’‘‘avant’’, ils ne connaissaient pas le chômage, eux…

— Détrompe-toi ! Dans les années 1930, non seulement le chômage était aussi important qu’aujourd’hui et la misère bien plus grande, mais encore aucune prestation sociale d’aucune sorte n’existait en ce temps-là. Pourtant il n’y a jamais eu contre les Français ‘‘de souche’’ d’émeutes d’Italiens qui étaient les immigrés les plus nombreux à cette époque et qui, comme les Polonais, se sont assimilés en bossant sans se plaindre.

— J’ai même entendu dire le contraire : que ce sont les Français qui ont déclenché des émeutes contre les Italiens parce que ceux-ci leur piquaient le travail.

— Exact. Pourtant les Italiens n’ont pas jugé bon de se venger, de mettre la Provence à feu et à sang. Ils ont sagement laissé passer l’orage et ont vite été adoptés. Même les Français comme nous ont souvent connu le chômage, la misère et les bidonvilles. Ils n’en déliraient pas de haine pour autant contre leurs compatriotes, ne menaient pas la vie dure à leurs copains ou copines de classe, ni à leurs modestes voisins de palier qu’ils ne prenaient pas pour des ‘‘bourges’’ sous prétexte qu’ils bossaient dur pour quelques prunes et eux pas.

— On te dira qu’ils se sentent rejetés.

— Ils se sentent rejetés. La belle affaire ! Éternelle et invérifiable excuse, précisément, du paranoïaque quand il n’a pas d’arguments. C’est tout ce qu’ils ont trouvé ? En tout cas c’est pour le moins réciproque ! Nous aussi, nous nous sentons rejetés par eux et, de plus, nous sommes chez nous ! Est-ce que pour autant nous multiplions les actes de délinquance et les crimes contre eux ?

— Pas que je sache ! Et est-ce qu’il y a d’autres pays que la France qui accueille beaucoup d’Africains et d’étrangers en général ?

— Il y en a d’autres, oui. L’internationale remplaciste est, hélas, au pouvoir presque partout en Occident et tout particulièrement à la tête de l’Europe de Bruxelles. Mais des pays qui accueillent autant d’étrangers que nous, sûrement pas, hormis les Etats-Unis et d’une façon, toutefois, beaucoup moins accommodante, car personne ne les accueille aussi bien que nous ! Tous nous en ont été – et nous en sont encore – reconnaissants alors même que beaucoup, comme je viens de le souligner, n’ont bénéficié à leur époque d’aucune aide sociale. Seul, le peuple de remplacement, qui regorge d’aides de toutes sortes, loin d’avoir la moindre gratitude, ce que d’ailleurs personne ne lui demande, est de plus en plus porté à la haïr comme peu de nations et de peuples ont été haïs.

— Je crois que la Suède accueille la même ‘‘Diversité’’ encore mieux que nous.

— C’est bien possible. Pas plus social, en effet, et moins ‘‘excluant’’ que ce pays qui, de plus, tu le sais, n’a jamais colonisé personne. Et pourtant, la population ‘‘de souche’’ a exactement avec cette Diversité-là, les mêmes problèmes que nous. Bref, tu peux chercher autant que tu veux, tu ne trouveras pas de preuves convaincantes du racisme français. Pas assez convaincantes, en tout cas, pour justifier la haine que nous vouent désormais, au mépris des lois immémoriales et universelles de l’hospitalité, tant de ces néo-Français. S’il y a un peuple au monde qui ne méritait pas l’enfer qu’on lui prépare, c’est bien notre peuple ! »

Tu sembles définitivement d’accord et décides de revenir à une préoccupation antérieure : « Ces lois immémoriales et universelles de l’hospitalité, c’est le pacte tacite et sacré dont tu m’as déjà parlé ?

— Tout juste. Et seuls les immigrés d’origine africaine, du moins une grande proportion d’entre eux, se sont arrogé le droit de les bafouer.

— Pourquoi ‘‘tacite’’ ?

— Parce qu’il est si conforme à l’ordre des choses, au bon sens et à la sagesse, que tout un chacun s’y conforme naturellement depuis la nuit des temps sans qu’il soit besoin de le rappeler de vive voix ou par écrit. Quand un individu ne s’y soumet pas, ce n’est plus un hôte mais…

— Un intrus ?

— Exactement. Et quand un peuple étranger ne s’y soumet pas, c’est un peuple d’envahisseurs. Et depuis la nuit des temps, partout dans le monde, les pays se défendent contre les envahisseurs. Encore une fois, ce n’est pas du racisme mais de l’instinct de conservation, et le plus élémentaire. Au nom d’un prétendu antiracisme, nos liquidateurs veulent nous priver de l’usage de notre instinct de conservation. La France, et elle seule, se devrait de se laisser envahir gracieusement sans réagir.

— C’est un peu comme si on nous… »

Tu te tais, l’air embarrassée.

« Comme si on nous… quoi ?

— Non, rien. C’est idiot.

— Mais si, vas-y ! Dis ce que tu voulais dire. »

Tu hésites puis te décides : « C’est un peu comme si… comme si on nous avait castrés, métaphoriquement, bien sûr.

— Mais oui. Il y a de ça, en effet. Ta métaphore n’est pas stupide du tout. On a fait de nous un peuple de castrats et nous chantons des alléluias à notre propre disparition. »

Tu as l’air à la fois soulagée et contrariée.

« Qu’est-ce qui te tracasse ?

— Ben… ça m’embête de considérer tous mes copains de maintenant ou de demain, mes futurs petits amis peut-être, sous cet angle : comme de la graine de boloss. C’est, comme qui dirait, pas très… sexy.

— Tant mieux. Tu penseras davantage à tes études. »

Tu grimaces sans protester avant de reprendre la parole du même air embarrassé : « Il y a encore autre chose…

— Oui ? Eh bien vas-y ! Je t’écoute.

— Maintenant que j’ai pris conscience de tout ça, je vais avoir du mal à me faire, de temps en temps, des copains rebeus ou blacks comme avant.

— Et pourquoi ? Tu l’as dit toi-même : il y en a qui sont sympas. Et ils doivent être encore nombreux.

— Oui, mais comment être sûre ? J’aurai toujours l’impression que même sympas ils ne voient en moi qu’une descendante d’esclavagistes ou de colonialistes ne méritant que d’être arnaquée à la première occasion. Je serai toujours sur la défensive, toujours à faire gaffe avant de l’ouvrir. Ça aide pas vraiment à une franche amitié.

— Hélas, ce que tu dis n’est que trop vrai. Tôt ou tard tu aurais eu cette impression par toi-même. Nous sommes déjà des millions à l’avoir alors que nous étions tout prêts à nous entendre avec ces nouveaux Français. Il s’est créé désormais entre eux et nous un fossé de méfiance qui n’aurait jamais existé sans ces antiracistes de profession et qu’il sera désormais très difficile à combler.

— En tout cas pour des durs, des vrais mecs, je trouve qu’ils gémissent et se plaignent beaucoup. Toujours à pleurnicher que la France ne fait pas ci, ne fait pas ça, ne fait pas assez pour eux, comme s’ils étaient des handicapés à vie.

— Tu vois ! Qu’est-ce que je disais ! C’est l’avènement de la grande pleurnichocratie où les états de victime tiennent lieu de quartiers de noblesse.

— En somme, ils se considèrent comme des victimes de droit divin ! C'est plutôt marrant, je trouve !

— Marrant, marrant ! il faut le dire vite! Je ne connais personne qui se prenne aussi dangereusement au sérieux que ces gens-là ! Et nos liquidateurs, au nom d’un antiracisme dévoyé qu’on devrait nommer ‘‘antiracis… tisme’’, comme tu l’as suggéré toi-même, ne les encouragent que trop dans cette tendance déjà fortement culturelle . Cet ‘‘antiracis… tisme’’ est au véritable antiracisme ce que le sentimentalisme larmoyant est aux vrais sentiments : une obscénité, un manque de grandeur et de dignité. Et ce n’est rien à côté de la période du ramadan et des airs de martyrs que les jeûneurs se donnent ! Où est le temps où la dignité consistait à se plaindre le moins possible ? Mais il y a aussi, chez eux, beaucoup de cinéma à l’intention des gogos.

— Tu crois qu'ils nous font marcher ?

— Oui, c’est évident. Même si à force ils se prennent aussi à leur propre jeu, ils nous font beaucoup marcher. Et nous, nous courons. À propos, sais-tu quels sont les exilés qui ont été les plus mal accueillis en France ? »

Tu as repris ton enjouement habituel et me réponds goguenarde : « Non… mais, tiens ! au hasard : les Pieds-noirs ?

— Oui, parfaitement, ces malheureux Pieds-noirs arrivés en France démunis de tout. Eux ont été regardés de travers comme des profiteurs venus pour ôter aux Français leur pain de la bouche après l’avoir ôté aux Algériens. Pas de professeurs pour ouvrir à leurs enfants des bras énamourés comme ils les ouvrent à ceux des Maghrébins, des Maliens et autres polygames d’Afrique et de Navarre. Résultat : plutôt que de se plaindre et d’en vouloir à une France hostile, ils ont serré les dents, retroussé leurs manches et remarquablement réussi dans la société française. Ils l’ont vite désarmée et retournée en leur faveur, uniquement par leur bonne humeur, leur courage et leur efficacité.

— Si je comprends bien, les Français n’ont pas eu besoin que la propagande les matraques des bienfaits du ‘‘Vivrensemble’’ pour piger que les Pieds-noirs étaient une chance pour la France ?

— Tu as très bien compris, en effet. Preuve de la perspicacité des Français et que, chez eux, le bon sens et le réel finissent un jour ou l’autre par s’accorder et l’emporter. C’est pourquoi, aujourd’hui, après des années de propagande en forme de méthode Coué destinée à lui faire aimer la ‘‘Diversité’’ vantée comme une chance et une richesse pour son pays, le peuple de France renâcle à juste titre. Il se rend compte que les immigrés d’origine africaine si chers à nos liquidateurs se conduisent globalement en colonisateurs et en colonisateurs négatifs même si individuellement beaucoup d’entre eux n’adoptent pas – pas encore ? – ce comportement. En outre, ceux qui ont enseigné de longues années dans un établissement en zone populaire savent que dès les années 1970 les jeunes Français ne savaient même plus que l’Algérie avait été une colonie française et qu’elle avait fait la guerre à la France pour se libérer. Et les jeunes Arabes de l’époque le savaient à peine plus et, comme la population algérienne elle-même, s’en contrefichaient éperdument. Il aura fallu, au nom d’un prétendu ‘‘devoir de mémoire’’ que personne ne songeait à nous réclamer, plus de trente ans de propagande antifrançaise ainsi que des centaines de journalistes à son service pour rouvrir des plaies qui ne demandaient qu’à se fermer !

— Quand même, reconnais que c’est un déracinement terrible pour ces populations africaines.

— Sans doute, et après ? C’est le sort de tout étranger qui vit ailleurs que dans son pays. Il est par définition un déraciné. Si ce déracinement ne lui convient pas, libre à lui de retourner dans son pays d’origine. Et s’il ne le fait pas, qu’il cesse de se plaindre. Les Polonais, les Italiens, les Espagnols, les Arméniens, les Asiatiques ont été aussi des déracinés mais n’ont pas versé pour autant dans la délinquance débridée.

— Peut-être que pour certains le déracinement est plus grand ?

— Sans doute.

— Mais pourquoi, alors, est-ce qu’il est plus grand ?

— Bonne question, naturelle, allant de soi, et que pourtant tu n’entendras jamais poser.

— Pourquoi ?

— À cause de la réponse évidente.

— Laquelle ?

— D’après toi ?

— Euh… Il est plus grand à cause de leur culture ?

— Évidemment ! On est bien obligé d’en revenir encore là. Si ni les immigrés d’origine européenne, ni ceux d’origine arménienne ou asiatique, tout misérables qu’ils aient été, n’ont versé ni ne versent dans la délinquance comme tant d’immigrés d’origine africaine, c’est que leur culture ne les y pousse pas. De plus, je ne suis pas vraiment sûre que nos Africains soient si déracinés que ça en France, justement. Ils s’empressent, en effet, de reconstituer, chez nous, à l’identique, sans le moindre égard pour le peuple d’accueil, leur pays d’origine ! Et nos liquidateurs encouragent leur enfermement culturel, réduisant ainsi à néant ce qui, comme je te l’ai expliqué, fait la supériorité de la culture sur la race : la faculté d’adaptation.

— On dirait que l’expression ‘‘emporter son pays à la semelle de ses souliers’’ a été inventée exprès pour eux.

— Exactement.

— Dans un sens, les vrais déracinés ce seraient plutôt les Français comme nous obligés de vivre dans les banlieues africaines de la France ?

— Encore exact. Ces Français-là vivent un véritable exil intérieur, immobile, d’autant plus douloureux que, contrairement aux Africains, ils ne l’ont pas choisi. Ils sont devenus des étrangers dans leur propre pays sans même avoir droit aux égards qu’on exige d’eux pour les véritables étrangers.

— Un exil immobile ? » Tu réfléchis, avant de prendre à nouveau la parole : « C’est comme si on les avait transportés sans bouger à Alger ou à Bamako…

— Oui, il y a de ça.

— De la téléportation d’un nouveau genre, en somme, s’efforce de plaisanter sans gaieté la fan de science-fiction à deux balles que tu es.

— Dis même de la télédéportation ! En tout cas, cette France d’aujourd’hui fait penser, en effet, à ces univers parallèles chers à la SF : un monde à l’envers comme celui d’Orwell.

— C’est peut-être la raison pour laquelle les Français prennent tant de tranquillisants. Il paraît que nous battons tous les records.

— Tiens ! Je n’avais pas pensé à ça. Il s’agit d’un tel traumatisme pour notre peuple, aggravé par l’obligation du refoulement, de l’omerta, que cela n’aurait rien d’étonnant. Bref : d’une part une population contrainte à un exil non désiré sur son propre territoire, de l’autre une population qui a choisi l’exil, mais pour rien. Voilà le désolant tableau.

— Pourquoi ‘‘pour rien’’ ?

— Je te l’ai déjà expliqué, en tout cas tu viens de l’expliquer à ta façon : l’expression ‘‘emporter son pays à la semelle de ses souliers’’ semble avoir été inventée exprès pour cette population, tant celle-ci a vite fait de reconstituer à l’identique, dans son pays d’accueil, son pays d’origine, y compris avec tout ce qui, dans sa culture, sans qu’elle veuille l’admettre, le lui a rendu invivable et le lui a fait fuir. À terme, son exil ne lui aura donc servi à rien.

— Ben, c’est vrai que si on passe son temps, aussi, à répéter à cette population que sa culture vaut bien celle du pays d’accueil, on voit pas pourquoi elle pourrait comprendre que c’est cette culture qui explique ses malheurs et pourquoi il lui faudrait faire l’effort d’en changer.

— En effet. On ne dira jamais assez la responsabilité du relativisme culturel dans cet exil pour rien.

— Alors, d’ici quelques dizaines d’années, si ça se trouve, les descendants de cette population seront obligés de quitter la France qui sera devenue pauvre comme leur pays d’origine pour, à nouveau, un autre pays ?

— Oui, ils chercheront un nouveau pays prospère où il fera bon vivre parce qu’encore épargné par le terrible rouleau compresseur et uniformisateur de l’islamic way of life… s’il en reste. J’espère que ce sera notre revanche posthume, à nous, les ‘‘de souche’’.

— Un peu comme le coucou qui pond ses œufs dans le nid des autres oiseaux après les en avoir chassés et qui change de nid chaque année. N’importe comment, s’ils se sentent si malheureux, pourquoi est-ce qu’ils viennent si nombreux chez nous ? Pourquoi est-ce qu’ils ne retournent pas dans leur pays d’origine qu’ils aiment tant ? demandes-tu le plus sincèrement du monde, sans malice. On ne les retient pas prisonniers, que je sache !

— Exactement ! Ils ne sont pas le dos au mur comme nous qui n’avons pas d’autre pays ! Tu vois : on a réussi à criminaliser, ou presque, l’expression de telles évidences. Or qui est le plus criminel : celui qui est d’accord avec ce que tu viens de dire naïvement, ou ces immigrationnistes qui, trouvant que ces populations sont abominablement malheureuses chez nous, les incitent quand même à y venir et à y rester ?

— Les immigrationnistes, pardi ! Au fond, c’est comme s’ils se rendaient coupables de non-assistance à personne en danger.

— Oui, on pourrait, en effet, dire ça. Au reste, tu crois vraiment que tant de centaines de milliers d’Africains risqueraient toutes leurs économies et leur vie pour venir dans un pays aussi raciste où ils seraient si malheureux ? Leurs congénères de France, installés avant eux, ne les préviendraient pas du sort affreux qui les attend ? En vérité, il n’y a pas un seul de ces immigrés qui désire quitter la France. Enfin, tu sais maintenant, j’espère, ce que cachent toutes ces incohérences…

— Oui : notre liquidation. J’ai compris. Même un crétin, maintenant, aurait compris. »

Tu as pris soudain un air grave : « Depuis qu’on parle,, il m’arrive souvent de m’interroger : est-ce que ça valait le coup que des hommes aient donné leur vie, parfois sous la torture, pour que la France ne soit pas allemande, si c’était pour qu’elle devienne africaine ou arabe ?

— Bonne question, hélas. Ils doivent se retourner dans leur tombe. »

En voilà assez pour aujourd’hui.

Je n’ai pas l’intention de reprendre la discussion dès demain. Je vais te laisser quelques jours de vacances, d’autant que dans deux jours ce sont celles de Pâques. Comme je t’avais prévenue, je vais plutôt te donner un exercice : tu vas t’appliquer à ouvrir les yeux et les oreilles afin de débusquer toi-même tous les prétextes que l’on donne à l’immigration qui nous submerge et que nous n’aurions pas encore abordés et les excuses que l’on donne aux immigrés africains. Et puis on reprendra le fil de la discussion dans une bonne quinzaine de jours. L’idée ne semble pas te déplaire. Tu réponds, après avoir à peine hésité :

« D’accord. »




***





Chapitre VI

Où l’on démonte la propagande du film Indigènes




Quelques jours plus tard, tu reviens du collège, l’air renfrognée.
Je te demande ce que tu as.

« Tu ne m’avais pas dit que c’étaient les Arabes qui avaient libéré la France des Allemands.

— Je ne te l’ai pas dit parce que d’abord c’est faux.

— Ah, bon ?

— La France a été libérée par les Américains, la résistance, de Gaulle, les Français de France et les Français d’Algérie. Les Arabes ainsi que les Noirs y ont contribué. Ensuite parce que nous n’avons pas eu l’occasion d’aborder le sujet. D’où te vient cette information ?

— Le prof d’histoire nous a emmenés voir le film Indigènes.

— Et voilà ! M’aurait étonné que tu coupes à ce pur film de propagande.

— Les Arabes ont été enrôlés dans l’armée française ou pas ?

— Non, ils n’ont pas été enrôlés, Ils se sont engagés. Ils ont été des sortes de mercenaires à notre service. Les Maghrébins ont un tempérament guerrier. Ils aiment se battre. Fut un temps les Suisses se mettaient au service d’armées étrangères, dont la plupart étaient françaises. Beaucoup y ont aussi laissé leur peau. Ils n’en font pas tout un plat pour autant. D’ailleurs ces Maghrébins et ces Noirs étaient très fiers de se battre dans l’armée française, pour la France. Et puis pourquoi alors ne pas rappeler aux musulmans que leurs meilleurs guerriers, janissaires et mameluks, étaient les uns des chrétiens enlevés à leurs familles et les autres, pour la plupart, des esclaves arméniens, chrétiens aussi le plus souvent ?

— Mais ces Arabes, engagés ou pas, ont héroïquement payé de leur personne pour la France.

— Oui, c’est vrai. Mais ils n’ont pas été les seuls comme, pour un peu, on voudrait nous le faire croire. Sais-tu qui furent les plus nombreux, en pourcentage, à s’être battus pour libérer notre pays ?

— Au hasard… les Pieds-noirs ?

— Moque-toi tant que tu veux : Les Pieds-noirs, parfaitement, ces éternels oubliés de l’Histoire.

— Ah bon ? Moi qui croyais balancer une blague…

— Ça n’a rien d’une blague ! Ils ont été environ 170 000 pour une population d’un million, autant que les Arabes pour une population d’environ… 25 millions, soit vingt-cinq fois plus nombreux que ces derniers en pourcentage. C’est le plus fort taux de conscription jamais enregistré en France. Le fait est que, dans les combats décisifs qui ont opposé l’armée française à l’allemande en Italie, ce sont surtout les Pieds-noirs qui ont payé de leur personne. Ils l’ont fait sans se rembourser, comme les Maghrébins, surtout marocains, en atrocités de toutes sortes : assassinats et viols de femmes, d’hommes et d’enfants sur la population italienne, ainsi que le montre le film tiré du roman de Moravia : La Ciocciara.

— Un roman, un film, ça peut raconter et montrer n’importe quoi. Tu l’as dit toi-même.

— Oui, sauf qu’un monument à la mémoire des victimes a été dressé dans la région où ont eu lieu ces exactions et que les victimes elles-mêmes ou leur famille ont demandé à l’état qu’il exige des réparations pour les sévices et préjudices subis par la population. D’ailleurs les Marocains ont laissé un souvenir si épouvantable dans la région qu’en Italie il y a un mot pour signifier « viols collectifs » : marocchinate. Et si en France personne n’en parle, c’est parce que la hiérarchie militaire a laissé commettre ces exactions et a couvert ceux qui les avaient commises en refusant de les reconnaître. Est-ce que le film montre tout ça ?

— Non !

— C’est ce que je te disais : pur film de propagande.

— Au moins on y montre que les Maghrébins ont combattu à nos côtés, ce que la plupart des gens ignorent.

— Mais on ne l’a jamais caché ! Au contraire ! De mon temps, à chaque 14-juillet on faisait défiler un détachement composé de soldats issus des colonies, et figure-toi que c’étaient les plus applaudis ! Tu vois comme la France était raciste ! Et puis, l’indépendance venue, ces hommes ont cessé de défiler dans un pays qui n’était plus le leur. Rien de plus logique. Quoi qu’il en soit, en pourcentage de tués, les troupes arabes en ont eu 5 %, les troupes françaises de métropole 5,3 %, et les troupes Pieds-noirs 5,8 %.

— N’empêche… On a donc trouvé les Arabes assez français pour aider à sauver la France mais pas assez pour être des citoyens français à part entière. Et en plus j’ai appris qu’on n’avait pas continué à leur verser leur pension d’anciens combattants.

— Écoute, c’est un peu plus compliqué que ça. D’abord, les Français aussi touchent une pension dérisoire s’ils n’ont pas servi plus de quinze ans dans l’armée française. Ensuite, s’agissant de la pension des combattants africains, ce sont les autorités de leurs pays qui n’ont pas voulu, pour des raisons de fierté nationale mal placée, que leur soit payée cette pension qui rappelait le temps de la colonisation. Enfin, le devoir était de se battre afin d’éradiquer le nazisme qui était un fléau pour l’humanité tout entière. Les Algériens en se battant n’ont pas simplement aidé la France à remporter la victoire, ils ont fait surtout leur devoir d’êtres humains. Ils devraient en être fiers. Au fond ils ont eu de la veine, à l’époque, d’être colonisés.

— Ah, bon ? V’là autre chose !

— Parfaitement. Parce que s’ils avaient été indépendants, peut-être qu’ils auraient été tentés, comme beaucoup de musulmans, à commencer par le grand mufti de Jérusalem, de soutenir Hitler. Ils auraient bonne mine aujourd’hui. »

Tu ironises : « On leur a sauvé la mise, quoi !

— Peut-être bien ! Non… Je plaisante. Quoique… Pendant la guerre d’Algérie certains instructeurs militaires avaient été recrutés par le FLN parmi d’anciens SS, n’empêche ! Bon, allez ! Ce n’est pas tout ça : à demain.

— Déjà ?

— Oui. Encore une fois, j’ai aussi autre chose à faire que ton éducation.

— Bon, bon. Alors, à demain. »
Bonsoir Cassandre,
il me semblerait parfois nécessaire de redonner à César ce qui lui revient! Puisque de nombreux soldats furent d'origine sénégalaise, algérienne, marocaine, et ont participé à la libération de la France, c'est bien de leur rendre hommage. Cela n'empêche pas de rappeler qu'il y eut aussi des brigades SS formées de populations musulmanes, ou des sympathies envers les puissances de l'Axe dans le monde arabe...
J'ai parfois l'impression, en vous lisant, que vous instruisez un pur dossier à charge. Il me semblerait plus juste et plus convaincant de reconnaître, quand il y a lieu, la grandeur des peuples du Maghreb ou de la religion musulmane. Sinon, on oppose une propagande à une autre propagande, est-ce bien le but?
Cher Loîk A, je ne crois pas avoir sous-estimé le rôle des Maghrébins mais seulement l'avoir ramené à sa juste valeur.

Exemples :

" La France a été libérée par les Américains, la résistance, de Gaulle, les Français de France et les Français d’Algérie. Les Arabes ainsi que les Noirs y ont contribué.

Les Maghrébins ont un tempérament guerrier. Ils aiment se battre ... D’ailleurs ces Maghrébins et ces Noirs étaient très fiers de se battre dans l’armée française, pour la France.

— Mais ces Arabes, engagés ou pas, ont héroïquement payé de leur personne pour la France.

— Oui, c’est vrai."

Vous dites : "votre entreprise n'est-elle pas une propagande contre une autre". Si, un peu, par la force des choses, avec une différence toutefois : j'essaie de rester rigoureusement exacte.
13 novembre 2011, 19:51   Re : Pour Orimont
Quand deux esprits se rencontrent :

« Qu’est-ce qui te tracasse ?

— Ben… ça m’embête de considérer tous mes copains de maintenant ou de demain, mes futurs petits amis peut-être, sous cet angle : comme de la graine de boloss. C’est, comme qui dirait, pas très… sexy. "
Chapitre VII


Où l’on fait un sort à l'idée que les Arabes auraient reconstruit la France
et que la civilisation européenne leur doit son essor.






Trois semaines plus tard…

« Alors, tu as fait ce que je t’ai demandé ? Tu as trouvé ? »

Tu me réponds, toute excitée : « Oui, je crois bien ! »

Et avant même que je reprenne la parole, tu me dévides sans reprendre haleine : « Ils sont parqués dans des ghettos ; ils habitent dans des hachéléms sordides ; on les laisse survivre dans une misère noire ; ils ont libéré et reconstruit la France ; on est allé les chercher pour leur donner les sales boulots, ceux que les Français ne voulaient pas ou plus faire ; ce sont eux qui vont payer nos retraites ; ils rajeunissent un pays vieillissant et ils construisent une France nouvelle. Ouf !

— Félicitations ! Je crois que tu n’as rien oublié, mis à part la nuit de brouillard et l’âge du capitaine. »

Tu ouvres des yeux interrogateurs.

« Laisse tomber. C’était une blague, une formule pour rire, à la mode quand j’étais adolescente. On s’amusait à l’ajouter à la suite d’une énumération des causes improbables d’un phénomène. Tu disais donc que c’est grâce à eux que la Terre tourne, que le soleil brille et que les tomates poussent.

— Mais… euh… !

— Rassure-toi : je blague encore ! N’empêche que ça revient un peu au même. Bon, par où commencer ?

— Puisqu’on a déjà parlé de la dette qu’on aurait à l’égard de nos ex-colonisés, commence par l’idée qu’ils ont ‘‘reconstruit la France’’, c’est un peu pareil, au fond.

— Oui. Affirmation devenue d’ailleurs, peu à peu, dans la bouche de certains, l’affirmation grotesque qu’‘‘ils ont fait la France’’. En réalité, ils ne l’ont pas plus reconstruite qu’ils ne l’ont faite. La France, en 1945, à la Libération, ce sont les ouvriers français qui, à l’appel du général de Gaulle et du Parti communiste, ont travaillé d’arrache-pied pour relever de ses ruines notre pays. Et dès les années 1950, la reconstruction était à peu près achevée alors qu’il n’y avait que très peu de Maghrébins sur notre sol : moins de 1 % de la population active. Et encore, d’après les statistiques du chômage de cette époque, la plupart étaient chômeurs. Les Polonais, les Italiens, les Belges, les Espagnols, ont participé autant que les Arabes à toutes sortes de constructions et de reconstructions dans notre pays sans en faire tout un plat. Et puis, de toute façon, ils n’ont pas pu reconstruire la France puisque ce n’est pas dans le bâtiment qu’ils étaient surtout embauchés, mais dans l’automobile. Les pères de nos liquidateurs, plutôt que de moderniser les installations, d’investir dans la robotique, comme ont fait par exemple les Japonais, ont trouvé plus facile et plus avantageux d’avoir recours à l'immigration.

— Pourtant, on dit que ce sont eux qui ont fait les maçons pour construire la plupart des hachéléms.

— Non, je viens de t’expliquer en quoi c’est très discutable. De toute façon, même si c’était vrai, pas de quoi pavoiser si j’étais eux.

— Ah, non ? Pourquoi ?

— Parce que, à les entendre et à entendre ceux qui les défendent, il n’y a pas habitations plus minables que ces hachéléms où ils vivent. Alors, si on les prend au mot, ce n’est guère glorieux d’avoir le nom de son origine ethnique associé à la construction de ce qu’il y aurait de plus nul en France. Sans même s’en rendre compte, ils donnent raison à ceux qui ironisent sur le ‘‘travail arabe’’. »

Tu constates, amusée et complice : « Ah, oui, tiens ! C’est vrai ! J’y avais pas pensé… Mais ils ont fait les boulots les plus durs que nous ne voulions plus faire, non ? » as-tu enchaîné aussitôt en reprenant ton sérieux.

Et voilà ! c’est reparti ! Décidément j’ai peut-être cru un peu trop vite à la victoire.

« Pas du tout ! Le peuple français n’a jamais manifesté le moindre désir de se voir remplacer par des immigrés dans certains travaux. D’ailleurs, comme pour le reste, on ne lui a jamais demandé son avis. D’abord, quand on se penche sur les chiffres et les statistiques de la population ouvrière de ces années-là, on s’aperçoit que non seulement les Maghrébins n’ont pas été les seuls immigrés à faire ces sales boulots, mais que parmi le nombre d’ouvriers étrangers qui travaillaient en France : Italiens, Belges, Espagnols, Polonais, ils ne formaient qu’une toute petite minorité (il faut d’ailleurs lui rendre hommage, parce que cette minorité s’est toujours montrée respectueuse du pays d’accueil auquel elle s’est assimilée).

— Et les ouvriers français, il n’y en avait plus ?

— Penses-tu ! D’après les mêmes chiffres et statistiques, on s’aperçoit que ce sont les ouvriers français qui restent de très loin les plus nombreux tout en bas de l’échelle parmi les manœuvres et les O.S. Le rôle des travailleurs maghrébins a donc été, en réalité, très marginal. Et puis rien de plus dur que le travail dans la mine. Or, dans le nord de la France, les mineurs étaient surtout polonais. Jamais ils ne se sont plaint, bien au contraire : ce métier était plutôt pour eux un motif de fierté. Et pas plus amoureux de la France que ces ‘‘Polacks’’, comme on disait.

— Mais les Maghrébins, on est bien allés les chercher dans leur pays ?

— Et après ? Où serait le mal ? Quoi qu’il en soit, l’idée que les patrons seraient allés recruter sur place les Algériens est une légende qui a la vie dure. Les Algériens sont le plus souvent, hormis quelques exceptions, venus de leur plein gré, et ils s’en sont trouvés si bien qu’ils ont fait venir le frangin, le cousin, le voisin et le copain.

— Donc, si je comprends bien : les principaux recruteurs des Maghrébins ont été les Maghrébins eux-mêmes.

— Exactement. Et plus tard, c’est parce qu’ils sont arrivés en masse que les Français ont fini par ne plus vouloir faire des travaux que le nombre grandissant des nouveaux venus permettait de maintenir à des salaires trop bas pour les premiers, et non le contraire. Ce n’était pas, cependant, pour se faire entretenir à se tourner les pouces mais pour aller vers des métiers mieux rémunérés pour lesquels ils avaient acquis les compétences que ne possédaient pas les nouveaux venus.

— En attendant, en plus de nous faire passer pour des froussards, puisque nous n’aurions été libérés que par les Maghrébins, on nous fait passer aussi pour des cossards.

— Oui, alors que nous étions à la même époque – et sommes encore un peu, je l’espère – l’un des peuples les plus bosseurs de la planète, dont le savoir-faire multiséculaire était réputé dans le monde entier ! Tout ceci à seul fin de mettre en valeur ceux par qui on entend nous liquider. D’ailleurs, depuis trente ans, la question ne se pose plus puisque, comme je te l’ai dit, la majorité des immigrés originaires d’Afrique ne vient plus pour travailler, puisque nous n’avons plus de travail à leur proposer, mais pour vivre d’assistanat social sous le fallacieux prétexte de cette prétendue créance qu’ils prétendent avoir sur nous.

— Autrement dit : beaucoup ne viennent plus pour chercher du travail mais pour vivre aux dépens de la France ?

— Sans doute. Et de ça, on ne peut pas vraiment en vouloir à des miséreux. Mais, à les entendre, et nos liquidateurs avec eux, c’est nous qui devrions, pour un peu, leur être reconnaissants de leur avoir, dans ces années-là… proposé du travail !

— Ouais… En somme, nous serions quasiment des salauds de ne pas les avoir laissés tranquillement crevé de faim chez eux !

— Pas loin !

— D’ailleurs, on entend souvent répondre à ceux qui se plaignent des Arabes : ‘‘Tant pis pour nous. Fallait pas les faire venir.’’

— Oui, histoire comme toujours, de nous expliquer que ce n’est pas de leur faute mais de la nôtre. Comme si on nous avait demandé notre avis ! ‘‘Il ne fallait pas les faire venir’’ ? Tiens donc ! Et pour quelle raison aurait-il été souhaitable de proposer du travail aux Polonais, aux Italiens, aux Espagnols, aux Portugais et pas aux Arabes ?

— Euh… je vois pas… à moins de laisser entendre que contrairement aux autres, ce sont des em-… s finis ?

— Exactement ! Tu vois : l’inconscient de ces hypocrites donneurs de leçons parle à leur insu. C’est pour le coup que l’accusation de racisme contre eux eût été valable ! Tu te rends compte à quel point la propagande de nos liquidateurs peut nous faire tourner en bourrique !

— Euh… ben… ouais ! Tu l’as dit ! En somme, ils donnent raison à Le Pen.

— ‘‘Oui’’ s’il te plaît, pas ‘‘ouais’’. En effet, sans s’en rendre compte, ils donnent raison à Le Pen. Et puis ces travaux, quels qu’ils fussent, ils ne les ont pas fait gratos, que je sache, mais au même tarif que les Français, les Italiens, les Polonais et autres Portugais, qui eux ne l’ont jamais ramenée. De quoi se plaignent-ils ? Et même s’ils avaient été recrutés sur place, qu’est-ce que ça changeait fondamentalement ? En quoi serait-ce un péché ? On ne les a pas kidnappés, on ne leur a pas mis le couteau sous la gorge. On les a laissés libres de leur choix.

— Y en a dans ma classe, quand on a fait en histoire la traite négrière, qui disent que leurs parents, aussi, ont été amenés de force pour travailler en France.

— C’est bien ça ! On commence par prétendre qu’on les a recrutés sur place et on finit par les laisser s’identifier aux esclaves noirs ! Et bien entendu, ton professeur n’a pas rectifié.

— Non, pas vraiment.

— Etonne-toi qu’ils nous haïssent ! Aujourd’hui, un néo-Français d’origine africaine soutiendrait que 2 et 2 font 5, personne n’oserait lui dire qu’il se trompe de peur d’être accusé de vouloir remettre en service les chambres à gaz à l’intention des Africains !

— Mais, tu sais, il ne faut pas trop en vouloir aux profs. Ils sont comme nous. Les élèves blacks et rebeus, ils en ont peur.

— Tant pis pour eux : ils récoltent ce qu’ils ont semé.

— Les jeunes profs y sont pas pour grand-chose.

— On dit ‘‘professeurs’’, si ça ne te fatigue pas trop ! Ils n’y sont pas pour grand-chose, je te l’accorde. Encore que… Mais revenons à nos immigrés soi-disant sacrifiés à notre bien-être. Le plus fort est que les patrons et les entrepreneurs de l’époque n’avaient nullement besoin de la main d’œuvre maghrébine à laquelle ils préféraient de loin la polonaise. C’est l’Etat français qui a fait pression sur eux pour qu’ils embauchent de préférence des Algériens, pensant éviter des troubles en Algérie. C’est donc, de toute façon, une fleur – une de plus – qu’on a faite aux ‘‘Arabes’’. Pourtant, nous ne le leur avons jamais demandé la moindre reconnaissance. Ce n’est pas le genre de la maison France. Nous attendions simplement d’eux qu’ils se comportent normalement, comme n’importe quels Portugais. Et puis voilà qu’aujourd’hui, ils nous reprochent d’être au chômage !

— Ouais, euh… oui : en somme, tantôt ils nous reprochent de leur avoir donné du travail, et tantôt ils nous reprochent de pas leur en donner.

— De NE pas leur en donner. C’est une manie de votre génération de ne plus mettre les négations. Elles n’ont pas été inventées pour des prunes ! Oui, tu as parfaitement raison : tantôt ils nous reprochent de leur avoir donné du travail et tantôt de ne pas leur en donner. Tu peux vérifier une fois de plus la justesse de la métaphore de certain bâton et que tout est bon pour nous culpabiliser. Esclavage, colonisation, racisme, Libération et reconstruction de la France, exploitation économique… je crois, pourtant, que nous n’avons pas fait complètement le tour de la dette que nous aurions à l’égard des Africains, fausse dette, en réalité, qui sert de prétexte fallacieux à l’immigration massive de ceux-ci en France.

— Ah ? Et que reste-t-il encore ?

— Une idée assez nouvelle, mais qui est en train, subrepticement, de s’imposer comme une évidence : la civilisation occidentale devrait son décollage aux Arabes. Il est normal que tu ne l’aies pas encore repérée.

— Ah, si ! C’est vrai ! Maintenant que tu le dis, je crois qu’on nous l’enseigne en histoire.

— Et est-ce que tes professeurs t’ont parlé du ‘‘miracle grec’’ ?

— Non, je ne m’en souviens pas.

— C’est bien ce que je craignais. On est en train de remplacer le ‘‘miracle grec’’ par le ‘‘miracle arabe’’ qui aurait permis le décollage de la civilisation européenne. Ce problème risque de nous entraîner trop loin. Mais cette idée fait partie de la machination destinée à nous faire gober le remplacement de notre peuple par des peuples de culture arabo-musulmane. C’est pourquoi je vais essayer de t’en parler le plus rapidement possible. D’abord, même à supposer que cela soit vrai : les Japonais, par exemple, doivent énormément à la culture chinoise : s’estiment-ils pour autant obligés d’inviter des millions de Chinois à faire souche au Japon ? Nous devons beaucoup à la culture allemande, ne serait-ce qu’en philosophie et en musique, fallait-il pour autant accepter, en 1940, une France germaniphiée ?

— Ben, non ! C’est bizarre, d’ailleurs : on nous dit que les races existent pas, mais on insiste lourdement dans cette histoire de décollage sur les Arabes avec un l comme si c’était à leur race qu’on le devait.

— Tu as parfaitement raison. De plus, les grands noms de la science et de la philosophie arabo-musulmane ne sont pas arabes mais le plus souvent berbères, ouzbeks ou surtout persans. Alors, tant qu’à parler d’appartenance raciale, au moins qu’on en parle exactement !

— Averroès et Avicenne étaient pas arabes ?

— Non : le premier était un espagnol d’origine berbère et le second un persan, comme tant d’autres. Et je préfère taire ce que le Berbère Ibn Khaldoun, sorte de génie précurseur de la sociologie, écrivait sur les Arabes. A côte de lui, Le Pen passerait pour un antiraciste enragé !

— Et quel est ton prochain scoop ? que Mahomet était chinois ?

— Mais, ma chère petite, ce ne sont pas des scoops ! En tout cas pas pour ma génération à laquelle on enseignait sans problèmes ces vérités-là ! C’est à la vôtre qu’on les cache soigneusement ! En somme, pour aller très vite, je ne dirai pas que le rôle des Arabes a été négligeable, loin de là. Marchands infatigables, en sillonnant les routes caravanières et maritimes vers l’Orient et l’Extrême-Orient ils ont découvert et vulgarisé à travers leur immense empire les grandes découvertes scientifiques des Grecs et des Indiens ainsi que les grandes idées philosophiques de la Grèce antique, lesquelles ont joué un rôle déterminant dans leur essor intellectuel au début du Moyen Âge. Toutefois leur rôle à eux, les Arabes, dans l’essor de la civilisation occidentale, n’a pas été déterminant. Il s’en faut de beaucoup. En fait, il s’agit d’un faux problème parce que ce que l’Europe, à cette époque, savait de la culture grecque, soit par ses moyens propres, soit par l’intermédiaire des Arabes, n’était qu’un mince filet en comparaison du flot qui va déferler sur elle à partir de la prise de Constantinople par les Turcs, musulmans, à la fin du XVe siècle, lesquels vont chasser de leur terre d’origine quantité de chrétiens lettrés. Ces chrétiens emportent avec eux le plus précieux des viatiques : les textes originaux en grec des grands savants et philosophes de l’Antiquité dont nous n’avions plus qu’un tenace mais vague souvenir, pour diverses raisons qu’il serait trop long de développer.

— Alors, à partir de la prise de Constantinople, les Européens n’auront plus besoin de passer par les traductions arabes des auteurs grecs ?

— Non. Traductions faites, d’ailleurs, non par des musulmans, mais par des chrétiens d’Orient. A partir de là, l’Europe va littéralement baigner dans cette culture antique, s’abreuver d’elle, ce qui n’a jamais été le cas de la société arabo- musulmane mais seulement de quelques individualités brillante généralement persécutées par les autorités religieuses islamiques. Et cette Europe va donc connaître, à la Renaissance, nom qui dit bien ce qu’il veut dire, un essor foudroyant qui laissera loin derrière elle, à des années-lumière, littéralement sur place le monde arabo-musulman dont le nombre de savants et de découvertes apparaîtra bien dérisoire par rapport à celui de l’Occident, pour la même durée de cinq siècles.

— Peut-être qu’il faut poser la question autrement : est-ce que sans les Arabes, l’Europe aurait connu le même développement ? Est-ce qu’elle se serait développée de la même façon sans eux ?

— Oui, sans aucun doute et, de fait, elle s’est développée, pour l'essentiel, sans eux.

— Bon. »

Tu sembles réfléchir intensément avant de reprendre la parole : « Au fond, au commencement de toute l’affaire était la civilisation grecque…

— Evidemment. C’est ce qu’on voudrait nous faire oublier.

— Alors c’est la civilisation arabo-musulmane qui lui doit son essor au moins autant que la civilisation européenne la doit aux Arabes musulmans ?

— Sans aucun doute, et même davantage. En fait, les Arabes, à cause de l’islam, n’ont pas su profiter durablement, comme nous autres Européens, de la culture grecque, de même qu’aujourd’hui ils semblent incapables de profiter, à leur tour, de la culture occidentale qui aurait pu déclencher leur renaissance. Au lieu de quoi rien, nada, que dalle !

— Dans le fond, rien de plus normal.

— Oui ?... Explique-toi.

— Ben… la civilisation grecque était bien européenne ?

— En effet.

— Et, si elle était européenne, elle n’était pas arabe.

— Attention à ce genre de lapalissades ! De nos jours, elles peuvent être jugées gravement subversives ! Non, elle n’était pas arabe.

— Et pas musulmane non plus.

— Non plus. Païenne avant de devenir chrétienne.

— Alors, même si cette culture grecque a permis au début l’essor des Arabes musulmans, elle était comme un corps complètement étranger dans leur société. Normal qu'elle ait fini par être rejetée.

— Oui. Très juste. Nous en revanche, avec la culture grecque, nous retrouvions notre source originelle grâce à laquelle nous avons ressuscité. Il est donc bien compréhensible que nous n’en n’ayons pas fait le rejet.

— Un peu comme les anguilles qui retournent à la mer des Sargasses pour se reproduire. »

Je ris.

« C'est un peu ça, oui ! C’est peut-être la raison pour laquelle certains musulmans détestent tant notre civilisation. Faute de pouvoir, contrairement aux Indiens et aux Asiatiques, l’assimiler, voire l’égaler, ils voudraient, par dépit, vanité islamique blessée, l’anéantir. Le drame est que pour leur faire plaisir nos liquidateurs sont prêts à nous faire renier notre culture d’origine qui a fait notre force et notre supériorité. Bien. Je crois avoir fait le tour, aussi brièvement que possible, de la question. Ce sera assez pour aujourd’hui. Nous en avons fini avec les prétendues dettes que nous aurions vis-à-vis des Arabes, bobards qui ne servent qu’à nous faire accepter sans broncher l’invasion de notre pays par des millions de musulmans.

A demain. »




***





Chapitre VIII



Où l’on démontre que, pas plus que les prétendues dettes que la France aurait à leur encontre, ni la misère,
ni le chômage, ni la prétendue ghettoïsation ne sont des excuses aux violences des contre-colonisateurs
– et où l’on parle de délinquance au faciès






Le lendemain.

« Puisque nous en avons fini avec la dette que l’on aurait à l’égard des Africains, je te laisse récapituler.

— Euh… L’esclavage, la colonisation, la libération de la France, sa reconstruction et notre développement scientifique et économique.

— Très bien. Reste à aborder les excuses que l’on donne aux comportements de la jeunesse issue d’Afrique. Quelle est celle qui revient le plus souvent ?

— La misère, et après, le chômage.

— C’est ça. Finissons-en d’abord, une fois pour toutes, avec ce dernier. Premièrement ils ne sont pas les seuls, tu le sais bien, à être au chômage. Des centaines de milliers de ‘‘de souche’’ y sont aussi, sans pour autant se croire obligés de mener la vie dure à leurs compatriotes et voisins de quartier. Pense aussi, encore une fois, aux Italiens miséreux des années trente. En outre, s’ils le sont plus que les autres, c’est, comme je te l’ai déjà expliqué, que la culture de banlieue dans laquelle se complaisent la plupart des jeunes d’origine africaine les rend à peu près inemployables, et quand on leur propose des travaux en rapport avec leur absence de qualification, ils les refusent, les jugeant trop peu reluisants. Quant à ceux qui ont des diplômes et désirent vraiment un travail ils souffrent malheureusement de la mauvaise image que donnent d’eux un trop grand nombre de leurs congénères. On ne prête qu’aux riches, si j’ose dire.

— En tout cas, on ne cesse de nous répéter qu’ils vivent dans une affreuse misère.

— Ecoute, réfléchis : s’ils trouvent chez nous une misère si grande qu’elle les pousse à commettre des délits et des crimes que leurs congénères et compatriotes ne commettent pas dans leur patrie d’origine, c’est que dans ces derniers, la misère y est beaucoup moins grande. Logique, non ? »

Tu poses, alors, à nouveau, la question qui t’était venue naturellement et naïvement aux lèvres l’autre jour – tant elle est d'un incontournable bon sens : « Mais alors pourquoi, justement, ils retournent pas dans leur pays d’origine ? Décidément, j’arrive pas à comprendre.

— D’après toi ? Et pourquoi ceux qui les plaignent tant s’obstinent-ils à vouloir les faire venir chez nous où, selon leurs propres dires, ils sont si malheureux ? Pourquoi se ruer dans un pays où ils trouvent non seulement la misère mais le racisme ? Tu as une idée ?

— Sans doute parce qu’ils savent que ce n’est pas vrai ?

— Qu’est-ce qui n’est pas vrai ?

— Ben, que chez nous ils sont dans la misère et souffrent du racisme.

— Non, en effet, ce n’est pas vrai. Ils arrivent misérables, sans doute, mais, grâce à tout ce qu’ils reçoivent comme assistanat social, ils ne le restent pas longtemps. On en a déjà parlé. Il n’y a qu’à voir comment ils sont habillés.

— Ah, ça, oui ! D’ailleurs au collège ils se paient la tête de ceux qui sont pas aussi bien sapés qu’eux. Et puis j’ai remarqué aussi qu’ils sont les premiers à avoir tous les gadgets à la dernière mode.

— Oui, et les plus inutiles. Et ils passent leur temps à se plaindre qu’on leur chipote l’accès aux discothèques, comme si les fréquenter faisait partie de l’ordinaire de leur existence. Parler de misère dans ces conditions est, encore une fois, une insulte à la véritable détresse humaine.

— Ils roulent pas sur l’or non plus. Faut pas exagérer !

— Je n’ai jamais dit qu’ils roulent sur l’or mais dans l’ensemble, compte tenu de tout ce qu’ils arrivent à toucher comme aides et allocations de toutes sortes, ils sont très loin d’être dans ce qu’on appelle la misère. Alors pourquoi la donner en excuse ?

— Pour nous faire trouver acceptables certains de leurs comportements ?

— Tout juste. Je vois que tu as compris l’essentiel de la stratégie de nos liquidateurs. Et puis, à propos, il y a une population en France qui n’est pas d’origine africaine et dont on dit qu’elle connaît un fort taux de chômage et qu’elle ne vit que d’assistanat. Tu vois de laquelle il s’agit ?

— Ah, bon ? Je devrais ?

— Quand on s’appelle Mattéi.

— Ah… les Corses ?

— Eh bien, oui : les Corses. As-tu jamais entendu les faiseurs d’opinion se répandre en compassion sur la misère des Corses obligés de vivre d’assistanat ?

— Non. Au contraire. Il me semble qu’on les mette plutôt en boîte.

— Et pourquoi, d’après toi ?

— Parce qu’ils ne sont pas dans la misère, peut-être ?

— Mais ils ne le sont ni plus ni moins que nos Africains, puisqu’ils vivent du même assistanat. Sauf que l’on croit les premiers sur parole et pas eux.

— Oui, mais on dit que les Corses trichent beaucoup.

— Ah, ça, on le dit, en effet. Et on ne se gêne pas avec eux pour dire ‘‘les’’ au lieu de ‘‘des’’. Quantité d’articles de presse ont fait le compte minutieux de toutes leurs tricheries et combines. Mais essaie de suggérer seulement que nos néo-Français issus d’Afrique en font autant, et tu te retrouves illico au ban de la ‘‘bonne’’ société, ou même traduit en justice.

— On se gêne pas non plus pour dire que ce sont les rois des paresseux, les Corses », remarques-tu, maligne comme pas deux.

Et moi, sans méfiance, de tomber à nouveau dans le piège : « Alors qu’il faudrait, plutôt que de paresse, parler de flegme, de nonchalance. »

Tu éclates de rire : « J’en étais sûre ! Tu vois c’est plus fort que toi : les lieux communs pas flatteurs, c’est bon pour les autres ! »

Je suis sur le point de protester, et puis je finis par admettre le bien-fondé de ta remarque.

« Va pour la tendance à la paresse. Au moins, reconnaissons aux Corses la tolérance. On peut dire d’eux pis que pendre, sans risque !

— En tout cas j’ai remarqué qu’en Corse les Arabes la ramenaient beaucoup moins qu’en France.

— Oui, et pourtant la Corse est une des régions qui possède le plus fort pourcentage d’immigrés d’origine maghrébine et celle qui fait le moins d’enfants. Elle n’a donc aucune bande de jeunes corses à opposer aux bandes maghrébines. Ce n’est pas West Side Story, là-bas.

— Mais alors comment ça s’explique ?

— Simple comme bonjour : les Corses ont de l’amour-propre, il ne leur vient pas à l’idée de se dénigrer constamment, et ils savent faire comprendre aux Maghrébins qu’en Corse, avant d’être chez eux, ils sont d’abord chez les Corses et que ceux-ci ne se laisseront pas marcher sur les pieds. Et les Maghrébins se reconnaissent parfaitement dans cette attitude. Pour eux les Corses ne sont pas des lopettes et sont donc dignes de respect. Moyennant quoi ils ne se sentent pas déshonorés de les respecter, ainsi que leurs façons de vivre. Et je peux te dire qu’ils sont parfaitement heureux en Corse et qu’ils s’intègrent bien plus que sur le continent.

— Mais même si les gens originaires d’Afrique ne sont pas aussi miséreux qu’on le dit, ils sont chez nous les plus pauvres, non ?

— Pas du tout ! Sans même parler des SDF, les plus miséreux en France, et de loin, ceux qui forment ce que l’on appelle le ‘‘quart monde’’, ne sont pas les Français originaires d’Afrique mais bien les Français dits ‘‘de souche’’. Une étude récente vient de démontrer que la grande misère sévit dans la France rurale profonde qui reçoit jusqu’à mille fois moins d’aides que certaines de nos banlieues de l’Afrique ! Et pourtant cette misère-là verse très peu dans la délinquance et on n’entend jamais se plaindre ceux qui la subissent. Dans la France d’avant, la dignité consistait, justement, à se plaindre le moins possible.

— Oui mais, les Africains, on les a ghettoïsés, non ?

— On ne les a pas ghettoïsés du tout, ils se sont ghettoïsés tout seuls. Les quartiers et les immeubles dans lesquels le peuple de remplacement s’est installé avec femmes et enfants après le regroupement familial n’ont pas été construits exprès pour eux afin de les loger à part. Ils étaient déjà habités depuis longtemps par des Français de toutes origines qui, de plus, s’y trouvaient très bien. Mais l’arrivée en masse de Maghrébins de moins en moins respectueux du pays d’accueil et le comportement agressif de nombre de leurs enfants ont fait fuir les Français de souche ou non musulmans. Du coup les Maghrébins se sont retrouvés entre eux, ce qui d’ailleurs n’est pas, contrairement à ce qu’ils voudraient nous faire croire, pour leur déplaire. Ils y gagnent à tous les coups : ils joignent le plaisir d’être entre ‘‘frères’’ à celui de la victimisation. Ils ont le beur(re) et l’argent du beur(re).

— Excuse-moi, mais celle-là elle a déjà été faite depuis longtemps.

— Je sais, mais je n’ai pas pu résister. Modernisons et disons qu’ils cherchent à avoir… le joint et l’argent du joint. »

Je sens à tes yeux pétillants que la formule te plaît, que tu vas la faire tienne.

Sur ce, mettant mes mains en porte-voix, je lance à la cantonade : « C’est une simple plaisanterie ! Je n’ai pas voulu dire que tous les jeunes originaires d’Afrique trempaient dans la drogue, pas du tout, mais seulement que dans nos cités le trafic a tendance à être entre leurs mains. Faites comme si j’avais dit : les Corses ou les Siciliens. Avec eux on n’a jamais pris de gants sans qu’il en coûtât quoi que ce soit à quiconque. »

Tu me regardes médusée puis me demandes : « Mais qu’est-ce qui te prends ? A qui tu t’adresses ?

— Aux murs.

— Vl’a encore aut’chose à présent !

— Tu sais bien qu’en France, de nos jours, les murs ont une particularité bizarre…

— Ah, ouais… et laquelle ?

— Ils ont des oreilles. Ils en avaient déjà eu sous Vichy, mais ça leur est revenu. Je ne parle pas pour ceux de la maison qui sont sourds et muets comme la tombe ainsi qu’il sied à de braves murs démocratiques, mais jusqu’à quand ? Car la chose semble se répandre. Or ces murs sont en plus très cons. Ils ne comprennent pas le Français, surtout le bon. Aussi mouchardent-ils tout de travers à Big Bwôzeu’. C’est pourquoi il faut prendre l’habitude de leur mettre clairement les points sur les i sous peine de graves déboires. La mise au point à haute et intelligible voix à l’intention des murs qui ont des oreilles que je viens de faire est, par les temps qui courent, une sorte d’exercice de sûreté.

— Attends ! Maintenant, c’est du lourd, là ! Je crois que tu es carrément zinzin.

— Zinzin ou pas, de nos jours, il y a intérêt à se méfier. »

Et j’enchaîne comme si de rien n’était : « Revenons plutôt sur cette histoire de ghettos qui décidément ne tient pas la route. D’abord qu’est-ce qu’un ghetto ?

— C’est un endroit où se trouvent regroupés des gens qui ont une culture ou une religion commune ?

— Oui. Sauf que tu oublies l’essentiel : le vrai ghetto est un endroit bien délimité où les populations sont obligées par la loi de se regrouper sans pouvoir en sortir autrement qu’autorisées à le faire et de se débrouiller entièrement seules. Tu vois que ça n’a rien à voir avec la réalité. Aucune loi n’oblige les Africains à vivre entre eux, puisque d’ailleurs les endroits qu’ils ont investis massivement étaient habités par des ‘‘de souche’’. Et l’Etat français, avec nos impôts, déverse sur ces prétendus ghettos des sommes faramineuses pour fournir à ces populations toutes sortes d’aides sociales, d’équipements modernes et réhabiliter leurs immeubles, en pure perte d’ailleurs.

— Pourquoi en pure perte ?

— Parce que deux ans après tout est en ruine à nouveau. Et si ces ‘‘de souche’’ sont partis, c’est uniquement, comme je viens de te le dire, pour échapper aux nocences que leur occasionnaient un trop grand nombre trop souvent impuni de ces immigrés-là. Encore une fois : aucune interdiction de sortir de leurs cités n’a jamais été édictée ni signifiée aux habitants issus de l’immigration africaine, bien au contraire : on s’est efforcé d’installer, pour eux, des lignes de bus afin de leur faciliter les déplacements à l’extérieur, bus que les ‘‘petits frères’’ ont vandalisés aussitôt et dont ils brutalisent régulièrement es conducteurs. Ce sont les personnes originaires d’Afrique elles-mêmes qui choisissent de vivre entre elles. Et dans un sens c’est parfaitement normal. Mais dès lors, c’est elles, et elles seules, qui s’y rendent la vie impossible.

— Mais alors pourquoi parler de ghettos ?

— Comme d’hab’ : dans le but de faire passer les immigrés africains pour des victimes. D’ailleurs, si tu réfléchis, beaucoup de nations sont dans un sens, en quelque sorte, des ‘‘ghettos’’. L’Arabie Saoudite, par exemple, pur Etat-ghetto !

— Et la Corse ? On pourrait dire que c’est une île-ghetto aussi…

— Très juste. Et nos banlieues étaient bien davantage des ghettos avant l’arrivée des Africains, puisqu’elles ne regroupaient que des populations de souche européenne, de même culture et de même niveau social, la proportion de Maghrébins y étant jusqu’au regroupement familial peu significative. De plus, à l’époque, ils étaient assimilés.

— Le Japon aussi est une sorte d’Etat-ghetto, non ?

— Oui. Le Japon monoculturel qui ignore la Diversité est un pur Etat-ghetto, comme la Finlande. Or, comme par hasard, ce sont deux pays parmi les moins délinquants – et les plus prospères – au monde, alors que nos banlieues ont vu la délinquance et la déglingue exploser avec l’arrivée massive des Maghrébins, c’est-à-dire quand, précisément, elles ont cessé d’être des ghettos monoculturels franco-français. Conclusion : ce n’est pas le ghetto en lui-même qui est facteur de délinquance, bien au contraire. Si certains lieux où sont rassemblées des populations étrangères culturellement homogènes sont plus délinquants que d’autres et qu’on a éliminé la misère et la race, alors que reste-t-il ?

— Je sais : la culture.

— Oui. Encore et toujours elle. Il faut admettre que certaines cultures, soit par leur tendance propres à l’agressivité, soit par leur incompatibilité avec la nôtre, sont plus propices à la délinquance et à la violence que d’autres. Il existe à Sarcelles un ‘‘ghetto’’ de Juifs originaires d’Afrique du Nord. Or le taux de délinquance y est très bas. De même dans le ghetto asiatique. D’ailleurs une très sérieuse enquête récente d’un membre du CNRS vient de confirmer qu’à situation sociale égale les Africains, et surtout les Africains musulmans, sont nettement les plus délinquants, ce que le sens commun savait depuis longtemps.

— Mais cet auteur a pu écrire ça sans avoir d’ennuis ?

— Eh bien, il faut croire que parfois l’honnêteté scientifique finit par l’emporter sur les préjugés idéologiques. Toutefois il s’est cru obligé de rattraper le coup en donnant à ces délinquants toutes les excuses habituelles du ‘‘politiquement correct’’, se mettant ainsi en contradiction avec l’essentiel de sa thèse et le titre même de son livre : Le Déni des cultures.

— Il s’en est pas rendu compte ?

— Qu’il s’en soit rendu compte ou non, il ne pouvait faire autrement sous peine de perdre son poste, comme a failli le perdre un historien chevronné pour avoir écrit un livre défendant de façon convaincante l’idée que, contrairement à la vulgate que voudraient imposer nos liquidateurs, l’essor intellectuel et scientifique de l’Europe devait peu aux Arabes. Voilà où nous en sommes en France sous le règne de Big Bwôzeu.

— Si je comprends bien, aujourd’hui dans certains domaines, si tu veux avancer d’une vérité, il te faut reculer de deux mensonges.

— En effet !

— C’est un peu comme le cha-cha-cha : un pas en avant, un petit sur le côté et deux en arrière. »

Et joignant le mouvement à la parole tu entreprends de m’en faire une démonstration endiablée : « Vrai, vrai, faux, faux, vrai, vrai, faux, faux avant de continuer en fredonnant Pepito mi corazon… Connaissant tes dons et ton goût pour la danse, je préfère mettre aussitôt le holà de peur de ne plus pouvoir accaparer ton attention avant longtemps : « Oui, bon : tes déhanchements sont sans aucun doute propres à inspirer tous les Pepito du monde, mais je doute qu’ils permettent de mener bien loin une réflexion sur l’immigrationnisme et la liquidation de notre pays, laquelle est, au cas où tu l’aurais oublié, le sujet principal de nos discussions. »

Jouant la confusion, tu consens à renoncer provisoirement au cha-cha-cha et à Pepito pour t’installer à nouveau sagement sur le canapé : « Voilà ! Voilà ! Excuse-moi ; je suis tout ouïe. Continue. »

Je m’empresse de reprendre : « En tout cas, n’oublions pas, en plus de la culture, la propagande. Si nos liquidateurs et faiseurs d’opinion ne nous avaient pas tant vilipendés, n’avaient pas dressé ces populations à nous haïr, nul doute que leur délinquance n’eût été bien moindre ! Mais leur propagande antifrançaise diffusée surtout à l’intention des populations musulmanes a fait tomber celles-ci du côté où toute leur culture les fait pencher.

— En Amérique, les habitants ont l’habitude de vivre regroupés en ghettos ethniques, non ?

— Oui, à New York notamment. Pourtant je n’ai jamais entendu donner comme excuse au gangstérisme, qui sévissait dans le ghetto italien, par exemple, le regroupement des Italiens entre eux. De plus nos cités sont un peu comme de gros villages. A force, tout le monde finit par se connaître. Dans ce cas, il est habituel que la délinquance de proximité soit très faible, surtout entre personnes de même niveau social. Or, bizarrement, la délinquance de proximité a commencé avec le regroupement familial. Les étrangers pauvres fraîchement débarqués s’en sont pris aux ‘‘indigènes’’ souvent, comme je te l’ai dit, aussi pauvres qu’eux.

— En tout cas, ici, dans la région, ils ne sont pas que relégués dans des ghettos périphériques, mais s’installent dans le centre de la ville.

— Oui, en province, ils s’installent de plus en plus dans le centre-ville, souvent le vieux centre historique, et très vite en font fuir aussi les habitants. Il est d’ailleurs à peu près certain que le multiculturalisme sans douleurs ne peut aller sans ghettos, et que la mixité ethnique que, sous prétexte de mixité sociale, on veut nous imposer, est une aberration. En fait, les seuls qui ont été vraiment ghettoïsés, dans l’indifférence générale, ce sont ces malheureux harkis que l’on a traités comme des chiens.

— Pourquoi ?

— D’après toi ?

— Parce qu’ils ont choisi de servir la France plutôt que les rebelles algériens ?

— Exactement. A propos : sais-tu qu’il y avait quatre fois plus de musulmans combattants aux côtés de l’armée française qu’aux côtés du FLN ?

— Non, je savais pas !

— Là encore, tu n’ risquais pas de savoir ! Tu vois à quel point ça relativise l’idée que le peuple algérien s’est dressé comme un seul homme contre la France ! Quoi qu’il en soit, tu peux te rendre compte à quel degré de vilenie nous sommes descendus ! Au lieu de les honorer pour avoir combattu pour nous, nous les avons tenus à l’écart comme des pestiférés. Nous les en avons punis. Nous nous sommes comportés avec eux non en patriotes français mais en patriotes… algériens, lesquels ont été nos pires ennemis. C’est comme l’histoire de France qu’on réécrit au goût de nos ennemis passés et présents ! Parfois j’en arrive à me dire, moi aussi, que décidément ce pays me dégoûte et qu’il ne mérite plus qu’on le défende. »

Tu m’interromps : « Il va falloir arrêter, parce que je vais au cinéma avec des copains.

— Voir quoi ?

Entre les murs.

— Ah, bonne idée ! Ce film est l’illustration, certes involontaire mais flagrante, de ce que je t’explique depuis quelques jours. Tu y verras une classe multiculturelle où les rares élèves ‘‘de souche’’ disent devant leurs camarades qu’ils ont honte d’être français. Tu verras le professeur renchérir en soulignant que lui non plus n’en n’est pas fier. Tu verras les élèves refuser bec et ongles l’apprentissage du français correct tel que l’entendent les ‘‘de souche’’, et tu verras le professeur renoncer à le leur enseigner.

— Mais, si je comprends bien, c’est un film courageux. Il n’est pas politiquement correct, comme tu dis.

— Détrompe-toi, malheureuse ! Il ne dénonce pas cette situation, il la vante ! Il la présente implicitement comme enviable, et, d’ailleurs, les médias collabos, eux, ne s’y sont pas trompés qui, dès la sortie du film, se sont enthousiasmés pour la situation qu’il révèle. Alors à après-demain ?

— OK. Euh… à propos : C’est pas vilipendus qu’il faut dire ? de la famille du verbe « pendre » ?

— Meuh… non ! « Vilipendé » du verbe « vilipender », qui signifie « stigmatiser », « contempter », « fustiger ».

— Ah, bon ? je croyais que ça voulait dire : « aller se faire pendre » ou quelque chose comme ça… »

Je me contente de soupirer.

« Allez, maintenant, file. Je ne sais pas si tu es comme moi, mais j’ai horreur de rater le début d’un film, ne serait-ce que de quelques minutes. »
Chapitre IX


Où l’on démontre que les hachéléms ne sont pas davantage une excuse, que la perspective de retraites payées
par les contre-colonisateurs est une sinistre plaisanterie et celle d'une “France nouvelle”
née de leur contre-colonisation, une autre.




Le surlendemain.


« Alors, ce film ?

— Oui, c’est à peu près comme tu as dit. Mais je me demande si ceux qui l’ont écrit et réalisé n’ont pas montré malgré eux le contraire de ce qu'ils voulaient montrer.

— Peut-être que tu as raison. On peut rêver. En tout cas, ce qui est sûr c’est que le monde du spectacle et des médias n’a pas eu l’air d’avoir vu le même film que le public. Le public y a constaté une réalité effrayante, repoussante, le monde du spectacle et des médias une réalité enthousiasmante, sans doute, en partie, parce qu’il a dû se reconnaître avec jubilation dans les cancres frimeurs du film. Mais où en étais-je ?

— À l’excuse de la ghettoïsation et des hachéléms sordides.

— C’est ça. Parlons-en, de cette ghettoïsation dans des hachéléms prétendument sordides. Tu es bien placée pour savoir que c’est un argument bidon.

— Pourquoi ?

— Comment, pourquoi ? Tu as grandi, en partie, dans un hachélém. Tu sais bien que j’ai grandi moi-même dans un des tout premiers construits à Paris rue de Vaugirard en 1938, aux appartements pourtant nettement moins grands et moins bien conçus que ceux qui seraient construits quinze ou vingt ans plus tard ; que ton grand-oncle médecin a vécu de longues années avec sa femme et ses enfants dans un de ces mêmes immeubles à Créteil, ainsi que tes parents, à Dijon.

— Et c'est pas oncle Pierre qui a habité pendant ses études à Toulouse dans une cité hachélém ?

— Si, celle du Mirail. Les hachéléms, tu vois, ça nous connaît, et des millions de Français aussi qui dans leur grande majorité en ont été, comme nous, ravis. Ces logements clairs spacieux, salubres, avec tout le confort moderne, les changeaient plus qu’agréablement des sinistres logements sombres, humides, minuscules, sans chauffage central ni sanitaires, qui étaient le lot de la plupart des citadins modestes avant les années soixante. Les w.-c., communs à plusieurs appartements, se situaient dans les escaliers à chaque entresol ! Sans oublier, encore une fois, les bidonvilles qui ceinturaient Paris dans les années cinquante où vivaient trois cent mille parisiens, lesquels n’ont jamais jugé bon de fomenter des émeutes ni d’en faire baver à leurs voisins et compagnons de misère.

— Comme les Portugais ?

— Oui, comme les Portugais qui ont vécu des années, eux aussi, contrairement à la plupart des Arabes non harkis et aux Noirs, dans des bidonvilles.

— Jamais j’en ai entendu se plaindre !

— Non, en effet. Longtemps, la plus importante communauté étrangère de France, les Portugais, ont supporté leur sort dignement, sans jamais se plaindre. Du coup, dès la deuxième génération, ils étaient assimilés au peuple français. Heureusement qu’il n’y a pas eu de leur temps ces fées carabosses comme SOS racisme, le MRAP ou la LDH pour se pencher sur eux car il est à peu près certain qu’à l’heure actuelle ils seraient encore dans leurs bidonvilles et pas du tout tirés d’affaire.

— Dis donc, si j’étais eux, je l’aurais drôlement mauvaise. En guise de remerciements pour avoir été exemplaires, il n’y en a que pour les blacks et les Rebeus qui pour la plupart nous détestent. Et pourtant, d’après ce que tu m’as appris, ils n’ont pas bossé plus dur et dans de pires conditions que les immigrés portugais, italiens, polonais ou espagnols.

— En effet ! Tous ces immigrés venus d’Europe et qui, contrairement à tant d’Africains, ont travaillé sans se plaindre et ont aimé notre pays, auraient de quoi en vouloir à la France. Mais il ne faut surtout pas dire trop de bien de ces immigrés-là.

— Pourquoi ?

— Parce que souligner leur attitude exemplaire ferait ressortir par comparaison l’attitude inexcusable de certains autres appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la ‘‘Diversité’’. Déjà Le Monde avait fait paraître au début des années quatre-vingt-dix, en première page, un long article d’une rare perfidie intitulé ‘‘Les Portugais ‘bons’ immigrés ?’’ avec ‘‘bons’’ entre guillemets et un point d’interrogation à la fin.

— Ah, ben dis donc, on n’est pas plus vicelard !

— En effet, et le reste de l’article était à l’avenant qui cherchait à dévaloriser, l’air de ne pas y toucher, ces pauvres Portugais par tous les moyens, insinuant que la bonne impression que l’on avait d’eux était une illusion !

— Histoire de sauver la mise aux Rebeus ?

— Oui, le but était d’inciter par le dénigrement des Portugais à relativiser la mauvaise opinion qu’on pouvait avoir des Arabes. C’est toujours la même stratégie à l’œuvre à quelques variantes près. Aujourd’hui la liquidation de la France exige de convaincre les Français que la « Diversité » en question est une véritable aubaine pour notre pays qui, sans elle, serait moins que rien !

— Autrement dit, on fait comme pour les harkis : à ceux qui nous aiment, l’ingratitude et l’oubli, à ceux qui nous détestent la discrimination positive.

— Exactement. Mais revenons à nos hachéléms. Je pourrais te parler aussi des logements en Russie soviétique où le Moscovite moyen partageait 20 mètres carrés avec femme, enfants et grands-parents, ainsi qu’une cuisine crasseuse et rudimentaire avec tous les locataires de l’immeuble ! Et ça n’a que peu changé aujourd’hui. Je n’ai pourtant jamais entendu parler d’émeutes à Moscou ni dans les sinistres cités ouvrières d’Angleterre ou des démocraties populaires. La vérité est que la moitié de la planète tuerait père et mère pour vivre dans nos hachéléms qui déplaisent tant à nos Africains. Sais-tu que la cité du Mirail à Toulouse a été conçue et réalisée par un grand architecte Candilis et qu’elle faisait l’admiration des experts venus de l’étranger, comme beaucoup d’autres cités visitées par eux en France ?

— Celle où oncle Pierre a habité longtemps ? Non, je savais pas.

— Oui, et il en a conservé un souvenir ému. Aujourd’hui, pourtant, ceux qui y habitent, en majorité des populations issues du Maghreb, ne cessent de se plaindre de leurs conditions de vie. Il faut absolument entretenir la légende, parmi tant d’autres, de hachéléms sordides et inhabitables pour la donner en excuse aux comportements de nombreux néo-Français d’origine africaine. Quant à notre hachélém de la rue de Vaugirard, vieux maintenant de 80 ans, habité par des ‘‘de souche’’ responsables et respectueux de l’environnement, il est maintenant classé ‘‘grand standing’’, uniquement grâce à un hall d’entrée tapageur luxueusement réaménagé. Les seuls, donc, comme toujours, à se plaindre, encouragés par les liquidateurs de la France, sont nos néo-Français d’Afrique, ou plutôt leurs porte-parole, parce qu’eux, en réalité, se plaisent dans leurs cités comme des poissons dans l’eau. Ainsi que je te l’ai dit, ils nous font marcher. Il suffit d’ailleurs que l’on décide de raser une tour afin de leur construire un autre immeuble prétendument plus vivable pour qu’ils protestent.

— Toujours la stratégie du joint et de l’argent du joint… »

Je savais que tu replacerais la formule à la première occasion. Je sens que tu vas la resservir souvent.

« Toujours ! Nombre d’entre eux délabrent leurs logements et leurs immeubles à une vitesse extraordinaire et puis se plaignent qu’on les fasse vivre dans des conditions sordides comme si, par pur racisme, on leur avait construit, exprès sales et délabrés, ces logements. Il suffit d’ailleurs de voir ce que leurs ‘‘frères’’ d’Algérie ont fait d’Alger – hier l’une des plus belles et des plus pimpantes villes de la Méditerranée, aujourd’hui un lieu de déglingue et de saleté repoussantes – pour comprendre de quoi il retourne.

— Là, c’est toi qui le dis.

— Pas du tout ! C’est un journaliste du… Monde, dans un article paru il y a une dizaine d’années, ainsi que, plus récemment, d’autres journalistes ou écrivains de gauche, ex-sympathisants de la lutte pour l’indépendance, littéralement sidérés par la négligence des Algériens envers l’environnement et le domaine public. Et je ne te dis pas ce qu’a écrit récemment El Watan, important journal algérois, sur l’état d’Alger.

— Et pourtant, à les entendre, les Rebeus, à commencer par ceux de ma classe, qu’est-ce qu’ils aiment leur pays ! Qu’est-ce que ça serait, alors, s’ils l’aimaient pas !

— Je ne te le fais pas dire ! C’est le cas pour la France que, une fois installés chez nous, tant d’entre eux haïssent ! Que faudrait-il, disais-tu, pour les satisfaire, si rien de ce qui plaisait aux ‘‘de souche’’ qui les ont accueillis ne leur plaît ?…

— Leur reconstruire sur place leurs gourbis d’origine, peut-être ? »

Je m’amuse de l'air de sainte Nitouche que tu as pris pour faire cette suggestion… innovante.

« Même pas. Ils trouveraient encore le moyen de râler en disant que ceux du pays sont bien mieux.

— Mais il faut des immigrés pour payer nos retraites, non ? Puisque nous ne faisons plus assez d’enfants.

— Écoute, c’est une des idées les plus imbéciles qu’il m’ait été donné d’entendre. Tu connais la proposition fameuse d’un célèbre humoriste de mettre les villes à la campagne ?

— Oui.

— Qu’est-ce que tu en dis ?

— Que c’est idiot. Si on met les villes à la campagne, il n’y a plus de campagne, alors à quoi bon ? Mais je ne vois pas le rapport.

— Pourtant il est flagrant : si faisant venir des étrangers pour payer la retraite des Français, tu fais disparaître les Français, alors à quoi bon ?

— Ah oui. J’y avais pas pensé. C’est un peu comme dans la fable « Le pavé de l’ours », le pavé brandi pour tuer la mouche sur la tête de l’homme endormi tue la mouche et l’homme en même temps.

— Exactement. C’est à la lettre ubuesque. Et puis quel mépris pour ces immigrés que de n’y voir que de la chair à payer nos retraites, comme les prolos de 14-18 n’étaient vus que comme de la chair à canon !

— De toute façon, s’ils sont si nombreux à vivre sans travailler, je ne vois pas comment ils pourraient payer nos retraites ni les leurs.

— Évidemment ! De plus si nous devenons les Ch’timis de la population musulmane il est exclu que celle-ci paie quoi que ce soit pour nous. C’est plutôt nous qui serons obligés d’acheter par un impôt spécial le droit à ce qu’elle nous laisse la vie sauve.

— Pourtant on nous assure que grâce aux Français originaires d’Afrique naît une France nouvelle.

— Ah ! Parlons-en de cette France nouvelle ! Nouvelle comme quoi ? Comme l’Algérie, ‘‘nouvelle’’, elle aussi ? Ce pays doté par la nature, l’histoire et l’entreprise coloniale de fabuleuses richesses, qui aurait dû être un eldorado et qui, en quelques années à peine depuis l’indépendance, depuis qu’elle est ‘‘nouvelle’’, précisément, s’est transformée en une ruine et un coupe-gorge ? Comme le Zimbabwe nouveau et autres Guinées, ‘‘nouvelles’’ elles aussi, tous pays en faillite depuis leur ‘‘nouveauté’’ ? Pourquoi ce qu’ils ont fait de l’Algérie, de la Guinée, du Zimbabwe et de tant d’autres – l’Afrique du Sud prenant le même chemin – ne le feraient-ils pas de la France ?

— Surtout s’ils y reconstituent, comme tu dis, la culture exacte de leur patrie d’origine.

— Oui. Y compris avec tout ce qui, dans cette culture, leur a fait fuir leur pays, mais que leur aveuglement sur eux-mêmes, la certitude de leur supériorité, empêchent de remettre en question.

— C’est comme si ceux qui fuyaient la Russie soviétique n’avaient trouvé rien de mieux en se réfugiant en Occident que de reconstituer une société communiste.

— Bien vu ! La Russie soviétique n’était-elle pas, d’ailleurs, elle aussi, une Russie nouvelle ? Et l’Allemagne nazie n’était-elle pas une Allemagne nouvelle ? Ah, certes, cette France qu’ils nous promettent ne le sera que trop, pour nous, ‘‘nouvelle’’. Par cet adjectif, ils usurpent le prestige attaché aujourd’hui à la ‘‘nouveauté’’ confondue avec la ‘‘modernité’’ et le ‘‘progrès’’. Ils veulent signifier par là que la France qui n’est pas celle de la jeunesse, bientôt majoritaire, issue de l'immigration africano-musulmane, serait ringarde, ‘‘frileuse’’, moisie, bref : à mettre au rebut. Si ce discours n’est pas un discours colonialiste, alors c’est que les mots n’ont plus de sens ou c’est jouer, précisément, sur les mots. La voiture d’occasion de ton frère est toute nouvelle, mais est-ce qu’elle est neuve ?

— J’allais le dire ! Ah, ça, non ! Elle est tout sauf neuve. Elle a même beaucoup servi.

— Tu vois. Il s’est fait avoir. Et ce n’est pas parce que ton frère est jeune que ça rajeunit sa voiture. De même, cette France nouvelle qu’on nous vante et nous vend n’a rien de neuf ni de jeune. Les populations qui s’en réclament n’apportent avec elles qu’un héritage poussiéreux vieux de quinze siècles et plus. Et s’il est poussiéreux ce n’est pas seulement parce qu’il vient des sables du désert ou de la brousse, mais parce que, contrairement à celui des ‘‘de souche’’, au nôtre, il n’a jamais été révisé, remis en question et ne prend pas le chemin de l'être. Cette France nouvelle est une France en train de devenir si nouvelle, en effet, au sens d’étrangère à elle-même, que lui conserver le nom de France est une imposture.

— En fait, c’est bien comme tu disais, comme si ces nouveaux Français voulaient que la France ne commence qu’avec eux.

— Oui. Ils ont, en effet, cette prétention ahurissante ! Cette France selon leurs vœux ne commencerait qu’avec eux, les tout derniers venus chez elle, et devrait être conforme à ce qu’eux, et eux seuls, voudraient qu’elle soit !

— C’est vrai : plus colonisateurs tu meurs !

— Je ne te le fais pas dire ! Sais-tu que dans la Résistance il y avait des Français de fraîche date d’origine étrangère et même des étrangers ?

— Oui. Et alors ?

— Eh bien, quand ils ont crié sous les balles du peloton d’exécution ‘‘Vive la France !’’, c’était à la France tout court qu’ils pensaient, celle d’avant l’occupation allemande, celle qu’ils avaient aimée en la découvrant et qui existait bien avant eux. Avec ou sans carte d’identité, c’étaient bien des Français de cœur. En tout cas, peux-tu me citer quoi que ce soit de moderne dans le sens progressiste du mot, d’avantageux, de flatteur, que l’on devrait à ce peuple de remplacement, quoi que ce soit d’enrichissant qui lui soit spécifique et que nous envierait la planète ? Et ne me cite pas le rap, qui a la même prétention à l’art que la pétomanie à la mode dans les années 1900, et qui n’est d’ailleurs qu’une resucée de sous-culture américaine. »

Tu joues le jeu honnêtement et tu te concentres. Je te laisse réfléchir. Au bout d’un moment tu secoues la tête :

« Non, je vois pas.

— Moi non plus. Leur France nouvelle risque fort d’être un pays d’assistés haineux et violents face à des besogneux terrorisés, nous, les ‘‘de souche’’. Un pays où les femmes, les homosexuels et d’une façon générale les non-musulmans seront persécutés. Un pays où la justice expéditive sera de nouveau à l’honneur. Un pays où le refus de tout savoir, de toute initiative non conformes aux vieilles fables d’un bédouin analphabète, sera la règle. Un pays où le religieux ne sera plus séparé du politique, où la moindre critique contre l’islam sera assimilée à un blasphème et le blasphème sera puni à nouveau, comme au Moyen Âge, de prison, voire de mort. Un pays où, très vite, pour toutes ces raisons, la liberté d’expression ne sera même plus un souvenir. Un pays où les passe-droits raciaux, ethniques, voire tribaux, remplaceront le mérite, l’égalité républicaine de tous devant la loi et j’en passe. Si tu vois le moindre progrès dans tout ça, fais-moi signe

— Un pays où les animaux seront maltraités et égorgés vivants dans les abattoirs », ajoutes-tu tristement, détail qui ne peut que choquer l’amie des bêtes que tu es depuis toute petite.

« Ils le sont déjà, hélas, sans que nos ‘‘Verts’’ élèvent la moindre protestation.

— Oui, mais on te dira que, comme toutes les vieilles personnes, tu regrettes et embellit l’époque de ta jeunesse », poursuis-tu sans conviction.

— Sauf qu’il se trouve que, dans le cas de la France, je ne me base pas sur ma seule opinion personnelle. Avant l’immigration de masse, avant le Grand Remplacement de son peuple, la France, je te l’ai dit, était un pays admiré et imité dans le monde entier pour sa culture et sa civilisation. Elle était considérée sans conteste comme la première nation au monde sur le plan culturel. Les chanteurs populaires français, Charles Trénet, Édith Piaf, Yves Montand, Charles Aznavour étaient ovationnés partout de New York à Moscou, ou inspiraient, comme Brassens et Brel des chanteurs étrangers. Les écrivains et les peintres français étaient portés aux nues, publiés et reproduits en quantité innombrable dans tous les pays de la planète. La plupart des écrivains étrangers parlaient français et n’aspiraient qu’à séjourner au moins quelques années en France.

— J’ai vu un docu sur la famille du président Kennedy. C'est vrai que sa femme avait l’air fana de la France .

— Oui, très bon exemple ! La femme d’un des plus célèbres présidents des USA, était, en effet, passionnée de culture française. Elle avait donné à la Maison blanche, redécorée par ses soins, et à ses célèbres réceptions une « french touch » très appréciée.

Quant au cinéma français il inspirait les cinéastes du monde entier et les plus grands réalisateurs américains, entre autres, ont aimé tourner certains de leurs meilleurs films à Paris, souvent dans les quartiers populaires de la capitale dont ils aimaient le charme et la convivialité malgré la misère noire qui en suintait. Et à peine vingt ans après, à l’avènement de sa majesté Diversité, plus rien.

— Si ! Woody Allen vient de faire un film sur Paris !

— Mais pas le Paris d’aujourd'hui, justement ! Le vrai Paris qui était encore celui de ma jeunesse, pleins d’artistes venus du monde entier et d’étrangers qui aimaient la France, sa culture et son peuple qu’aucun autre n’avait encore remplacé.

— Heureusement que Woody Allen est amerloque, dis donc !

— Oui, je vois ce que tu veux dire : américain et démocrate, à savoir de gauche, sinon tous les faiseurs d’opinion au service de notre liquidation auraient dénoncé un film atrocement réac !

— En tout cas, c’est la question que je me pose : qui les rappeurs de chez nous, par exemple, intéressent-ils en dehors des banlieues et des maisons de disques françaises ?

— Absolument personne. Sur quelles scènes du monde les réclame-t-on à cor et à cri ? Aucune. Quels grands cinéastes étrangers se bousculent pour tourner dans nos banlieues africaines comme ils se bousculaient hier pour tourner dans les quartiers populaires de la capitale ? Aucun. Quels écrivains, peintres ou cinéastes de cette France nouvelle font parler d’eux à l’étranger et y inspirent les écrivains, les peintres et les cinéastes ? Aucun. Quelle invention révolutionnaire lui doit-on ? Aucune.

— Alors, aujourd’hui, qui l’admire dans le monde, cette France nouvelle ?

— Personne. Qui a envie de l’imiter ? Personne. C’est d’ailleurs elle maintenant qui imite la sous-culture américaine, comme le rap par exemple. Elle représente même aux yeux de la plupart des pays, à commencer par ceux qui se débarrassent de leur surplus d’habitants chez nous, le contre-exemple absolu de ce qu’il convient de faire chez eux. Demande aux Japonais, aux Chinois, aux Indiens, aux Russes, entre autres, s’ils trouvent cette France nouvelle enviable ? Plus enviable que la France ‘‘moisie’’ d’hier ? Demande-leur s’ils nous envient le rap et la culture de nos banlieues ? Demande-leur s’ils nous envient le Grand Remplacement de notre peuple ? Crois-moi : les étrangers qui aimaient la France pleurent sur elle et ceux qui ne l’aiment pas se frottent les mains de ce qui lui arrive.

— Oui, mais peut-être que sur le plan économique…

— Pas davantage ! Depuis vingt ans, la France ne cesse de régresser dans ce domaine comme dans d’autres, ainsi que l’attestent tous les clignotants de l’économie et les palmarès internationaux. Et puis le machisme exacerbé, le culte de la virilité et de la force, celui du chef, grand ou petit, la misogynie et l’homophobie militantes, portent un nom et un seul… tu ne vois pas ? Un nom, pourtant, que l’on met aujourd’hui à toutes les sauces, sauf à celle qui convient…

— Euh… fascisme ?

— Exactement ! Un fascisme d’importation. La voilà, leur France nouvelle : un pays appauvri aux relents fascistes. Vraiment de quoi pavoiser ! Ce qui la guette, cette France nouvelle, c’est l’islamic way of life, autrement dit ce qu’on fait de plus sinistre, de plus mortifère au monde et qu’avec une inconséquence confondante la jeunesse musulmane, elle-même, ne rêve que de quitter pour aller respirer ailleurs une fois que cette islamic way of life s’est imposée définitivement dans son pays.

— En somme, c’est pas un cadeau qu’ils nous font, cette France nouvelle !

— Sûrement pas ! Et ce n’est pas, non plus, un cadeau qu’ils se font à eux-mêmes ! Leur France nouvelle n’est certainement pas, d’ailleurs, celle dont avaient rêvé leurs parents. »

Un silence…

« Et puis d’abord, je ne suis pas si vieille que ça ! »

Tu m'adresses un sourire mi moqueur mi affectueux, avant de me demander : « De quelle France ils avaient rêvé, alors ?

— Écoute, réfléchis : tu crois que si la France avait été l’Algérie, le Maroc, ou la Tunisie, ceux de la première génération qui ont amorcé le flux de l’immigration auraient émigré dans notre pays ?

— Ben, non. Je vois pas pourquoi ils l’auraient fait. Autant préférer l’original à la copie, comme dirait l'autre.

— En effet ! S’ils ont tant rêvé d’émigrer dans notre pays c’est justement parce que la France n’avait rien à voir avec le Maghreb ! C’est dans cette France purement française, vomie par nos liquidateurs, qu’ils espéraient refaire leur vie et pas dans un pays semblable au leur, à savoir ce que sera bientôt cette France nouvelle.

— Mais alors, pourquoi… ?

— Parce que, là encore, pour leur malheur et pour le nôtre, nos liquidateurs, à force de propagande antifrançaise, ont fini par faire tomber les Africains, surtout musulmans, du côté où tout leur façonnage identitaire les poussait : l’aveuglement vaniteux sur eux-mêmes, l’inaptitude à se remettre en question et le refus de s’adapter à toute autre culture et façon de vivre que les leurs. Et leur nombre, peu à peu, a fait le reste.

— On te dira, surtout, que tu as une vision raciste de cette nouvelle France.

— Tu sais bien, maintenant, ce qu’il faut penser de la confusion entre race et culture. En outre, pour qu’il y ait vision raciste de la réalité, il faudrait, comme je te l’ai dit, mis à part l’existence impossible d’un gène du racisme qui déterminerait cette vision, une propagande raciste constante. Tu trouves que c’est vraiment ce qui se passe ?

— Ben, non. C’est la propagande inverse qui nous assomme 24 heures sur 24.

— Alors, si cette vision ne vient ni des gènes ni de la propagande, elle vient d’où ?

— Euh… de la réalité ?

— Exactement. De la réalité réelle dans toute sa réalitude. Et c’est pour la cacher, cette réalité, que la propagande est, au contraire, nécessaire, comme celle, précisément, que nous subissons. Il suffit d’ailleurs d’écouter les rappeurs ou la chanteuse convertie à l’islam Diam’s, pour la voir et l’entendre, cette nouvelle France. Et puis rappelle-toi ce que je t’ai dit sur la manipulation du langage, ce que tu m’as dit toi-même…

— Que les collabos d’hier appelaient les résistants à l’occupation allemande des ‘‘terroristes’’ ?

— Exactement. Et les collabos d’aujourd'hui appellent ceux qui essaient de résister par la simple parole à l’occupation étrangère de leur pays, à sa contre-colonisation africano-musulmane, des ‘‘racistes’’, ce qui par les temps qui courent est presque plus infamant que d’être accusé de terrorisme.

— On dirait que ‘‘raciste’’, c’est, aujourd’hui, comme ‘‘hérétique’’ au Moyen Âge et que ceux qui veulent nous liquider sont les nouveaux inquisiteurs.

— Tu as raison ! Nous régressons chaque jour dans un nouveau Moyen Âge, aussi obscurantiste que le vrai, avec ses grands inquisiteurs et leurs armées de larbins. Hier tu n’avais pas le droit de dire que la terre n’était pas le centre de l’univers et qu’elle n'était pas immobile. Aujourd’hui tu n’as pas le droit de dire que les millions d’étrangers venus d’Afrique constituent une invasion colonisatrice, un peuple de remplacement qui est en train de rendre la France étrangère à elle-même.

— Tu n’as pas encore parlé de l’insécurité. Tu m’étonnes. C’est pourtant le sujet qui fâche le plus.

— J’allais le faire, figure-toi !

— Je me disais aussi…

— C’est cette France nouvelle avec son peuple de remplacement qui remplit, en effet, aux trois quarts, les prisons, mais qui interdit qu’on le dise ; comme elle interdit toute vérité qui la dérange, comme elle tue peu à peu la liberté de parole dans un pays qui fut par excellence celui de la liberté : l’ancienne France. Et cette France nouvelle remplit aux trois quarts les prisons alors même que plus de la moitié des peines de moins de deux ans d’emprisonnement ne sont pas effectuées et que la France ancienne ose de moins en moins porter plainte de peur de représailles. Car les délinquants de cette France nouvelle, il ne faut pas se lasser de le répéter, s’en prennent le plus souvent aux pauvres et aux faibles qu’ils côtoient dans leurs cités quand ils appartiennent à la France ancienne, ces ‘‘de souche’’ qui, paraît-il, n’existent pas, mais que, eux, malheureusement, reconnaissent parfaitement. Ce sont les délinquants de la France nouvelle qui pratiquent la délinquance ‘‘au faciès’’ contre les honnêtes gens de la France ancienne et, que je sache, pas l’inverse.

— Mais on dit que cette proportion de prisonniers appartenant à la France nouvelle, au peuple de remplacement, ne repose sur rien de sérieux, puisque les statistiques ethniques sont interdites.

— Aubaine pour nos liquidateurs que cette interdiction hypocrite s’il en est ! Crois-tu que si elles étaient en faveur de leurs protégés on continuerait à les interdire ? Qu’on ne passerait pas outre comme on fait allègrement pour le reste ?

— Ben, non, je crois pas. Il me semble qu’on se gêne pas pour tolérer la polygamie par exemple.

— Exact ! Il n’y a pas un principe républicain qui ne soit bafoué pour complaire à cette France nouvelle. On finance les mosquées sur les fonds publics, on remplace le principe républicain de base : l’égalité de tous les citoyens devant la loi, par celui de la ‘‘discrimination positive’’ qui n’est que la mise en place d’une politique raciale, voire raciste, de passe-droits en faveur de la ‘‘Diversité’’, on ferme les yeux sur la polygamie, j’en passe et des meilleures, alors pourquoi s’accrocher bec et ongles au seul refus des statistiques ethniques ? !

— Parce que les autoriser en ficherait un coup à l'image d’une certaine ‘‘Diversité’’ qui est l’essentiel de cette France nouvelle ?

— Tu peux en être sûre. De toute façon, même interdites, elles n’empêchent pas les autres Français d’avoir des yeux pour voir et de remarquer au détour d’un reportage ou d’une enquête dans les prisons que l’écrasante majorité des prisonniers font partie de la France nouvelle, ou de l’apprendre par la rubrique des faits divers. Et puis si les statistiques ethniques sont interdites en France, elles ne le sont pas à l’étranger où l’on constate le même phénomène dans l’Angleterre nouvelle, la Suède nouvelle, le Danemark nouveau, et j’en passe. Enfin, qui ne connaît un gendarme, un policier ou un visiteur de prison, qui tous confirmeront la réalité du phénomène ? Et ne parlons pas de la carte de l’immigration qui se superpose exactement à celle de la délinquance, c’est pourquoi tu ne les verras jamais publiées ensemble.

— Là, fais gaffe ! Les murs qui ont des oreilles pourraient te moucharder de travers ! »

Et prenant un air si sérieux qu’on s’y tromperait, tu me conseilles : « C’est le moment de t’exercer à nouveau à leur mettre les points sur les i. »

Je savais que ma petite comédie t’avait plu ; aussi, sans me faire prier, lancé-je de nouveau, à la cantonade : « Attention, oyez, oyez ! Je n'ai pas dit que la Diversité est aux trois quarts délinquante, j’ai dit que dans les prisons, les trois quarts des prisonniers sont issus de la Diversité, enfin d’une certaine diversité. Je sais : ce n’est pas facile à comprendre quand on est aussi borné que vous mais je vous assure que ce n’est pas du tout pareil ! À bon entendeur, salut ! »

Tu t’écroules, hilare, en battant des mains tandis que je poursuis sans autre forme de procès :

« Bien sûr que la plupart de Français d’origine africaine sont des gens honnêtes et beaucoup, je le répète, sont assimilés. Mais ce n’est pas l’immigré honnête et intégré qui plaît à nos liquidateurs. Celui qui les enchante, qui les grise, qui les transporte, c’est la petite frappe branleuse qui se drape dans un islam revanchard et crache sur la France. C’est à lui, ce petit voyou frimeur, que depuis trente ans les médias font les yeux doux. Alors, forcément, c’est lui qui a fini par faire école.

— On te dira plutôt que c’est normal que cette France nouvelle soit nombreuse dans les prisons, puisqu’elle est dans la misère et l’exclusion.

— On ne va pas revenir encore sur cette rengaine ! Je t’ai déjà expliqué ce qu’il fallait penser de ce genre d’excuses, je n’y reviendrai pas. D’ailleurs ce n’est pas un ressentiment social que cette jeunesse délinquante exprime. Jamais même dans les pires émeutes elle n’a fait entendre la moindre revendication sociale. Ce qu’elle révèle par ses violences, c’est une haine ‘‘raciste’’ et culturelle de la France et des Français, aggravée par la propagande de nos liquidateurs. Ce genre de haine n’a jamais été ressentie par les délinquants d’autrefois, d’origine européenne, alors que leur misère était, pourtant, bien plus grande.

— Il me semble que les sociologues soutiennent le contraire, mais je ne sais pas ce que c’est exactement qu’un sociologue.

— Les sociologues français sont les pires larbins du système qui les paie pour expliquer sans rire aux nuls que nous sommes (pas plus dénués d’humour que cette engeance) que si tout un stade de ‘‘jeunes’’ sifflent la Marseillaise, c’est pour exprimer leur amour éperdu de la France ; que si ces mêmes ‘‘jeunes’’ brûlent les bibliothèques et les écoles, c’est pour mieux exprimer leur amour éperdu des études ; que s’ils veulent à tout prix étudier l’arabe, c’est par amour éperdu de la langue française, et que s’ils ne mangent pas de saucisson c’est par amour du porc et inversement. Etc.

— T’exagères, comme d’hab’.

— Mais non, je n’exagère pas. C’est EXACTEMENT ce que tu peux lire régulièrement dans un journal comme Le Monde, par exemple. Et ces pures spéculations, si délirantes soient-elles, passent pour des arguments !

— C’est vrai, n’empêche. J’ai entendu une fois un de ces types, un sociologue, dire à la télé que toutes ces violences étaient le signe, chez ces jeunes, d’une grande… pudeur ! Si, si, je t'assure : ‘‘une grande pudeur’’. C’est ce qu’il a dit.

— Oh, mais je n’en doute pas une seconde ! Tu vois bien qu’ils n’ont oublié dans leur catalogue d’excuses que l’âge du capitaine et la nuit de brouillard ! Et j’imagine que personne, sur le plateau, n’a bronché ni esquissé le moindre sourire d’ironie.

— Non, non. Je me souviens que c’est passé comme une lettre à la poste.

— Pour ces sociologues, la culture ça n’existe pas. Si on importait des cannibales en France, ces gens trouveraient encore le moyen de s’étonner de découvrir des cas d’anthropophagie en Seine-Saint-Denis et ils les mettraient sur le dos du social ou de notre racisme ! !

— À moins qu’ils n’y voient le signe d’un grand amour pour les Français !

— Ce ne serait pas impossible ! En tout cas, je constate avec satisfaction que, peu à peu, tu te libères du conditionnement que l’on a imposé à ta génération.

— C’est vrai. Il me revient des choses que je ne croyais pas savoir.

— Tu ne croyais pas les savoir parce que, sans même t’en rendre compte, tu les avais refoulées aussitôt. Tu ne voulais pas savoir que tu les savais, mais la cure de désinhibition-désintoxication que je te fais suivre te les fait revenir en mémoire. En tout cas, si les nazis avaient disposé de sociologues à leur service, ceux-ci auraient soutenu que Mein Kampf était un livre qui exprimait en réalité un amour éperdu pour les Juifs et le fait d’en avoir exterminé des millions dans les chambres à gaz prouvait la compassion que les nazis pour eux.

— Non, là, quand même, impossible !

— Rien n’est impossible à un idéologue ! Et encore moins s’il est sociologue. Ils auraient doctement expliqué que les nazis avaient soustrait définitivement, par humanité, un malheureux peuple à cette vallée de larmes que la terre n’avait cessé d’être pour lui ! De même, si les bolchevicks avaient eu des sociologues à leur service, ils auraient soutenu que si les magasins étaient vides, ce n’était pas par incurie du régime mais au contraire en raison du souci bienveillant que celui-ci avait pour le peuple à qui il voulait épargner les affres de l’intoxication consumériste qui minait l’Occident. Ces sociologues sont les Diafoirus de notre époque.

— Je dirais même plus : les diafoireux.

— Aussi. Toujours est-il qu’il manque cruellement un Molière à la France farcesque d’aujourd’hui. D’ailleurs explique-moi pourquoi la solution à un problème social serait de généraliser, dans les banlieues à risque, les cours d’arabe et d’initiation à la culture arabo-musulmane ?

— Je ne vois pas ce que tu veux dire.

— Ce que je veux dire c’est que, après les émeutes de 2005, et après nous avoir rebattu les oreilles du prétendu malaise social qu’elles exprimaient, la première solution préconisée par les responsables politiques a été celle-là : des cours d’arabe et de culture arabo-musulmane pour tous les ‘‘jeunes’’ et toujours plus de mosquées ! Drôle de façon de régler le problème social ! Et même si c’était social, raison de plus pour en finir avec l’immigration puisque c’est elle en grande partie qui empêche de la régler, la question sociale. C’est d’ailleurs pourquoi les requins des affaires qui nous gouvernent en coulisses la défendent mordicus ! Je reviendrai sur le sujet.

— Bon, si j’ai bien compris, leur France nouvelle n’est qu’un vieux tacot rouillé.

— Oui, celle que la jeunesse frimeuse de nos banlieues est en train de nous fourguer est bien loin d’être cette belle mécanique sans cesse remise au point, réadaptée, améliorée par des siècles d’autocritique et de goût du progrès propre à la France ‘‘de souche’’. Elle n’est, comme tu dis, qu’un vieux tacot rouillé, à bout de souffle, bariolé des couleurs à la mode de la ‘‘Diversité’’. Que nous ont-ils apporté, ces Français issus d’Afrique, que nous n’ayons fait depuis longtemps par nous-mêmes ou que nous ne soyons capables de faire à nouveau ? Rien, sinon la fierté d’avoir ramené leur fraise. Au moins dans nos colonies avions-nous apporté des bienfaits qu’elles n’avaient jamais connus avant nous. J’arrête pour aujourd’hui. Je ne veux pas rater Les Nerfs à vif que l’on donne ce soir à la télé.

— Avec Robert De Niro ? Je l’ai vu.

— Non, la première version, celle avec Robert Mitchum, que je trouve supérieure. Je te conseille, d’ailleurs de le regarder, car non seulement c’est un excellent film, mais ça pourrait être une parfaite métaphore de ce qui arrive à notre pays avec une certaine immigration assurée de l’impunité par ceux qui la défendent quoi qu’elle fasse, au nom d’un prétendu antiracisme et des droits de l’homme.

— OK, à demain. »
Chapitre X

Où l’on parle de la fameuse fierté arabe, des musulmans modérés, de l’intégration ratée et pour finir,
des chats et de leurs manières




Le lendemain, à ton habitude, tu reprends le fil de la conversation de la veille comme s’il n’avait pas été interrompu.

« En tout cas j’ai remarqué qu’on dit toujours des Arabes qu’ils sont des gens fiers. Fiers de quoi ? demandes-tu sans malice.

— Malheureuse ! Question à ne jamais poser quand il s’agit des Arabes. Leur fierté est admirable et n’a pas à se justifier. Nous, nous pouvons toujours arguer de nos innombrables monuments et chef-d’œuvre de l’art, de nos milliers de cathédrales, de notre multitude de grands écrivains, de nos génies à foison dans tous les domaines, on nous reprochera d’être bêtement cocardiers. La fierté des Arabes, en revanche, se suffit à elle-même. Ils sont fiers et même fiers d’être fiers. Point final. Si fiers d’ailleurs que, comme tu as pu le constater, tout leur est motif d’humiliation et de ressentiment.

— C’est vrai, maintenant que tu le dis, j’entends toujours parler de l’humiliation des Arabes et des musulmans.

— Oui. Tout, absolument, tout, leur est humiliation. Même les guerres gagnées, comme celle d’Algérie. Qui aurait dû se sentir humilié d’avoir dû capituler comme en rase campagne, sous la pression des Américains et des Russes qui voulaient se faire bien voir d’un pays riche en pétrole et alors que nous avions gagné la guerre sur le terrain ?

— Ben… nous, les Français, les vaincus.

— Eh bien pas du tout ! Ce sont eux, les Algériens vainqueurs, qui ne cessent de nous bassiner avec leur ‘‘humiliation’’. L’Occident a rendu les Arabes fabuleusement riches grâce au pétrole qu’il a ‘‘inventé’’ et qu’ils lui vendent chèrement quand ils ne s’en servent pas comme moyen de chantage contre lui. Or qui sont ceux se disent humiliés ? Les Occidentaux, pour leur avoir abandonné ce pactole ? Non ! Pas du tout ! Les Arabes, encore et toujours. Ils couvent et cuvent leur humiliation sur leur rente d’or noir. Cela dit, je jurerais que cette idée d’humiliation leur vient, comme tant d’autres destinées à nous culpabiliser, de nos liquidateurs. Car qui parle d’humiliation suppose un ‘‘humiliateur’’. Et pour nos liquidateurs l’humiliateur ne peut être que nous, les Occidentaux.

— Pourquoi dis-tu que les Occidentaux ont ‘‘inventé’’ le pétrole ?

— Parce que toute la technologie sans laquelle le pétrole ne serait resté qu’un sédiment rocheux stérile a été inventée et fabriquée par les Occidentaux, que les gisements ont été découverts par eux et que, en somme, le pétrole n’existe que par eux. C’est un cadeau royal qu’on a fait aux Arabes, en particulier aux Algériens puisque l’indépendance est intervenue à peine les installations pétrolières étaient-elles en état de fonctionner. Nous n’en avons même pas profité. Un double cadeau, même. En effet, les régions pétrolifères du Sahara n’appartenaient pas à l’Algérie vu que ce pays n’a jamais eu d’existence ni comme nation ni comme état avant 1962.

— L’Algérie n’a jamais eu d’existence avant l’indépendance ?

— Non. C’est une pure création de la colonisation.

— Mais alors pourquoi nous reproche-t-on d’avoir ravi la liberté à un pays qui n’existait pas ?

— Bonne question, qui n’est ni ne sera jamais posée. Quant au Sahara, il appartenait au moins autant au Nigéria, au Mali et au Maroc. C’est la France qui l’a rattaché à l’Algérie, département français à l’époque, et c’est l’Algérie qui en a hérité.

— Donc, l’Algérie nous doit ses richesses et jusqu’à son existence ?!

— Tu sembles ne pas en revenir, et il y a de quoi. Oui, ce pays nous doit tout mais il est interdit de le signaler. Quoi qu’il en soit, l’humiliation, justifiée ou non, n’a jamais empêché de se retrousser les manches et de se mobiliser les neurones. Au contraire. Prends le Japon. Il n’a pas été humilié, le Japon ?

— Si.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il avait perdu la guerre et reçu deux bombes atomiques des Américains qui l’ont occupé pendant plusieurs années.

— Oui, le Japon était dans un état épouvantable et ne possédait ni pétrole ni aucune autre richesse minière importante sur son sol. Malgré ça, tu as vu ce qu’il est devenu en quelques dizaines d’années ?

— Oui : la deuxième puissance économique mondiale.

— Tout juste. Et malgré des tremblements de terre et des tsunamis en veux-tu, en voilà ! Et l’Inde ainsi que la Chine sont en train de prendre le même chemin. Pour les Arabes, il y a de quoi, en effet, se sentir humiliés, car malgré leurs pharamineuses richesses en pétrole ils n’arrivent pas au moindre décollage économique. Or, s’il y a un peuple au monde qui voudrait en imposer au reste de la planète, c’est bien le peuple arabe, l’Algérie en particulier.

— Pourquoi l’Algérie plus que d’autres pays ?

— Parce que l’Algérie a d’abord été, au lendemain de l’indépendance, un État extraordinairement courtisé par les grandes puissances car elles y voyaient le chef de file des pays en voie développement, et elle, qui s’y croyait déjà, parlait de très haut à toutes ces puissances. Et puis en quelques années elle est tombée au rang de pays ruiné, sans avenir, que plus personne ne prend au sérieux. Or plus tu tombes de haut, plus dure est la chute et plus impitoyable le ressentiment. Alors elle se venge comme elle peut, en particulier sur la France qu’elle essaie, avec la collaboration de nos liquidateurs, de rendre responsable de sa déroute et de son ‘‘humiliation’’. D’une façon générale, plutôt que de se livrer à l’autocritique, de se remettre en question, de balayer devant leur porte, les Arabes préfèrent jouer les humiliés et les victimes, en particulier par Palestiniens interposés.

— Oui, mais là, alors, ils ont entièrement raison pour les Palestiniens. Ce sont vraiment des victimes, eux.

— Des victimes, oui, mais pas d’Israël, pas seulement en tout cas, loin de là ! Au moins autant par la faute de leurs gouvernants et des autres pays arabes voisins. Les uns et les autres entretiennent les Palestiniens dans cette situation de réfugiés misérables afin d’en faire la vitrine et le symbole des ‘‘humiliations’’ infligées aux Arabes, susciter la compassion du monde entier et la condamnation d’Israël. Si leurs gouvernants et les pays voisins en question si riches en pétrodollars y avaient mis du leur, compte tenu, en outre, des sommes d'argent colossales que l’Europe et l’Occident donnent aux Palestiniens, il y a belle lurette que ceux-ci ne devraient plus être dans cette situation. Les millions de réfugiés à travers le monde depuis la Deuxième Guerre mondiale et qui très vite, sans avoir bénéficié d’une telle manne, n’ont plus existé en tant que tels, confirmeraient mes dires.

— Au fond, c’est un peu ce qui se passe aussi chez nous avec les muslims des banlieues et leur façon de toujours jouer les victimes.

— Oui, on ne peut que constater, toutes proportions gardées, une similitude troublante de comportement chez nombre de musulmans, qu’ils soient de Palestine, de France ou de Navarre. En tout cas, à toi de juger à quel point les médias arrivent, mine de rien, à nous désinformer.

— J’entends souvent dire que les Juifs dominent les médias. Eh ben, qu’est-ce que ce serait, alors, s’ils les dominaient pas !

— En effet ! Tu as tout à fait raison. L’antisémitisme, comme tu vois, est aveugle. Et tu sais quelles sont les populations civiles qui ont le plus morflé au siècle dernier et qui continuent à morfler ?

— Je ne sais pas, mais je sais en tout cas que tu vas me dire : ce ne sont pas les Arabes musulmans.

— Bingo ! Comme chez les mafieux, ce ne sont pas ceux qui jouent le plus les victimes qui le sont. Il arrive même souvent que ce soient eux, les bourreaux. Ce sont les populations chrétiennes, et de très loin, qui, depuis un siècle, ont subi le plus de persécutions et de morts à travers le monde et, particulièrement dans le monde musulman. Je ne te dis pas ce que dégustent les chrétiens d’Irak en ce moment ! Bizarrement tu n’entends pas les Hessel et consorts s’indigner sur ces massacres. Seuls les Palestiniens tués par les Israéliens les intéressent !

— Oui, mais c’est qu’ils étaient des colonisateurs, ces chrétiens, non ?

— Mais pas du tout ! Les chrétiens au Moyen-Orient sont des Arabes ! Ils étaient dans leur pays bien avant les musulmans et ce sont ces derniers qui les ont colonisés et pas le contraire, comme c’est en train de se passer, aujourd’hui, chez nous en France !

— Mais pourquoi personne ne dit jamais rien ? À cause du pétrole ?

— Sûrement. En partie du moins. Mais aussi parce ce qu’a été conçu, en coulisses, le projet diabolique de faire disparaître la culture européenne, dont la France a été un des plus beaux fleurons, et les peuples européens ‘‘de souche’’ avec. Or le christianisme fait partie intégrante de notre culture. Et Israël lui-même est une sorte de prolongement de l’Occident culturel dans cette région.

— Tu veux dire que ceux qui veulent nous liquider sont les mêmes qui voudraient liquider Israël ? !

— Oui, je crois qu’il y a de ça, du moins chez certains. Nous sommes sur le même bateau. N’aie crainte, nous arrivons bientôt au moment de parler plus précisément de nos liquidateurs.
Au reste, si la misère et l’humiliation étaient des excuses valables, alors il faudrait excuser les Allemands d’avoir été nazis car, eux aussi, ils les ont connues et, contrairement aux Arabes, en grande partie par notre faute.

— Ah, bon ?

— Oui, ce sont les réparations ruineuses imposées à l’Allemagne par le traité de Versailles après la guerre de 14-18 qui ont beaucoup contribué à l’ascension de Hitler et du parti nazi.

— On dit aussi que ce n’est qu’une minorité qui veut en découdre de façon violente avec les non-musulmans.

— Je sais. Je connais l’antienne. Qu’il existe des Arabes et des musulmans modérés qui ne feraient pas de mal à une mouche c’est l’évidence. Toutefois, les as-tu souvent entendus ou vus manifester contre les crimes atroces de leurs coreligionnaires ?

— Non, pas vraiment.

— Ce sont surtout ces crimes qu’ils condamnent avec… modération, plutôt que de s’en indigner sans ambiguïté. Et puis qu’ils soient la majorité, après tout, on n’en sait strictement rien. Ce n’est qu’un préjugé favorable de plus en leur faveur, car on ne peut sonder le cœur ni l’esprit d’un milliard et demi de personnes. Pas même de six millions. On ne peut que s’en tenir qu’aux apparences et celles-ci, s’agissant des musulmans, confirment, qu’on le veuille ou non, l’idée de violence.

— N’importe comment, ça veut trop rien dire cette histoire de minorité : si tu ôtes les femmes, les jeunes enfants, les vieux, les malades et les infirmes, il doit rester toujours qu’une minorité de violents même dans les pays qui le sont le plus.

— Sans doute. En outre, ce ne sont pas nos gauchistes qui me contrediraient, eux dont l’idéologie fait l’apologie de la violence en soutenant que seules les minorités violentes font l’Histoire, avec un grand H.

— Dis plutôt ‘‘avec une grande hache’’.

— Je crains que ce jeu de mots ne t’ait précédé depuis longtemps.

— Oui, mais comme je le savais pas, c’est comme si je l’avais inventé.

— Si ça peut te faire plaisir… En tout cas, se croit-on obligé de rappeler sans cesse que les bouddhistes sont des gens modérés et tolérants ?

— Non.

— Et pourquoi, d’après toi ?

— Parce que ça ne fait aucun doute ?

— Voilà : il n’est pas douteux qu’ils sont modérés et tolérants. Connais-tu le nombre de bouddhistes en France ?

— Non. Quelques milliers ?

— Pas du tout ! Environ… 500 000. Et tu ne les entends jamais ! Il suffit de les comparer aux musulmans pour mieux se rendre compte que douter de la tolérance et de la modération de ces derniers est justifié. L’islam modéré, comme je te l’ai dit, n’existe pas. Dans ce contexte culturel, il est difficile d’être modéré. Il est même remarquable qu’il n’y ait pas beaucoup plus de violents que ça chez les musulmans. Au fond, la nature humaine, chez eux, résiste plus qu’il n’y paraît. Elle résisterait encore mieux si on ne leur trouvait pas tant d’excuses.

— En tout cas, on ne cesse de nous le répéter que ces immigrés africains sont une chance pour la France, une richesse.

— Alors ils feraient mieux de l’être pour leur patrie d’origine qu’ils aiment tant et ils devraient y retourner pas l’enrichir ! Elle en a bien plus besoin que la nôtre. Un peu de sérieux ! Quelle chance pourraient-ils être pour une France qu’ils détestent alors qu’eux ou leurs pareils ont plongé les pays qu’ils vénèrent, pays très riches je le répète, dans la faillite ? Au reste, cite-moi un pays de jeunes, d’ailleurs, qui ne soit pas dans le gouffre ?

— Tu es antijeunes ? demandes-tu, alors, d’un ton indigné.

— Pas du tout, mais force est de reconnaître que ce sont les pays de ‘‘vieux’’ qui sont prospères, inventifs, créatifs, et dynamiques et que ce sont les pays de jeunes qui sont dans la misère économique, intellectuelle et morale ; une misère si grande que la jeunesse ne pense qu’à fuir vers les pays de vieux. Contrairement au cliché à la mode, une population jeune est plus un lourd handicap qu’un atout. Pour le moment, la richesse, c’est nous qui la dépensons pour eux. L’argent que la France met dans ces banlieues de l’Afrique est pharamineux. Ces quartiers et les établissements scolaires qui en font partie regorgent d’aménagements de tous ordres pour occuper les ‘‘jeunes’’. Mais au lieu de s’en réjouir, beaucoup les démolissent ou les brûlent, et après, comme pour les hachéléms, se plaignent que rien n’est fait pour eux.

— En somme, c’est plutôt la France qui était une chance pour eux.

— Parfaitement, mais ça, on ne le leur a jamais dit. Et cette chance, la plupart l’ont lamentablement ratée. Mieux ! Il serait facile de démontrer que, de toutes les communautés installées sur notre sol, y compris peut-être la française elle-même, ce sont les Maghrébins qui étaient le mieux armés pour réussir leur intégration.

— Je la sentais venir celle-là !

— Tu ne me crois pas ? Tu vas voir : comparons aux Portugais puisque ceux-ci ont été longtemps la plus importante population immigrée en France et qu’ils ont été exemplaires. D’abord contrairement à eux qui ne parlaient pas un mot de français à leur arrivée en France, les Maghrébins se débrouillaient suffisamment dans notre langue. Deuzio, alors que les Portugais, hormis exceptions, ont grandi dans des bidonvilles, les Maghrébins eux, hormis exceptions concernant surtout ces malheureux Harkis, ont grandi, comme toi et moi, dans des hachéléms. Tertio, comme je l’ai déjà répété, les acteurs sociaux se sont défoncés pour eux comme pour personne. Quarto, comparés aux ‘‘de souche’’, ils ont connu jusque dans les années 1990 cet avantage considérable : une famille solide, alors que chez les premiers elle était depuis longtemps dans la déglingue. Et, enfin, ils sont épargnés par l’hérédité alcoolique qui fait tant de ravages dans le petit peuple ‘‘souchien’’. Ils avaient donc tous les atouts en main pour réussir leur intégration sinon leur assimilation.

— Moi, ce que je trouve bizarre, c’est que ceux qui vantent le plus cette ‘‘richesse’’ sont les premiers à s’en tenir soigneusement à l’écart.

— Ils préfèrent, en effet, la laisser généreusement au populo.

— Eh ben, justement : après on pourra plus dire que les riches, les bobos, ne font rien pour le peuple ! »

J’apprécie une fois de plus ton ironie. Elle est, avec l’humour, le meilleur antidote à la bien-pensance aux lèvres pincées. Je sens qu’avec toi celle-ci n’aura plus, désormais, le dernier mot.

« Une dernière remarque, encore : tantôt on nous serine que la France a toujours été un pays formé de personnes venues d’ailleurs et que, donc, elle se renierait en ne voulant plus accueillir d’étrangers ; que c’est sa vocation ‘‘identitaire’’ de les accueillir ; et tantôt on nous exhorte à la Diversité comme si nous en manquions cruellement. Il faudrait savoir ! De deux choses l’une : ou la France est un pays divers depuis toujours et alors c’est un mensonge de dire qu’elle est raciste et xénophobe. Ou c’est un pays qui manquait cruellement de ‘‘diversité’’, mais alors c’est un mensonge de soutenir que le Français ‘‘de souche’’ n’existe pas, n’a jamais existé. Tu vois encore quel nœud de vipères de mensonges éhontés et d’incohérences constitue le politiquement correct droit-de-l’hommiste et antiraciste.

— Mais quand vous viviez en hachélém, grand-père et toi, vous aviez des voisins d’origine espagnole ou italienne. Je vous ai souvent entendu parler d’eux.

— Mais bien sûr ! En fait, nos banlieues n’ont pas attendu le mot d’ordre de la ‘‘Diversité’’ pour être diverses. Des populations de toutes origines, italiennes, espagnoles, portugaises, kabyles, antillaises, s’y côtoyaient en bonne intelligence, sans violences, parce qu’elles étaient assimilées ou ne demandaient qu’à l’être. C’est le regroupement familial et l’arrivée massive de populations musulmanes bien plus prolifiques que nous qui a tout changé.

— N’empêche qu’il y avait des blousons noirs et ils étaient violents aussi. J’en ai souvent entendu parler.

— Oui, mais leur violence était bien moindre que celle de nos ‘‘divers’’ d’aujourd’hui, parce que ces blousons-noirs, quelle que fût leur origine, aimaient la France, étaient fiers d’être français, et se fichaient de l’islam comme de l’an quarante, ce qui limitait beaucoup leur agressivité. Comme tu dois maintenant, je l’espère, en être convaincue, toutes ces excuses ne sont prodiguées que pour nous faire accepter l’inacceptable : la liquidation de notre patrie. Plus grave : elles vont si loin, désormais, ces excuses, que, aujourd’hui, le fait que certains crimes et atrocités aient pour auteurs des personnes originaires d’Afrique ou du monde arabo-musulman, s'assimile à une circonstance atténuante, voire une preuve d’innocence. S’ils commettent tant d’horreurs c’est la preuve qu’on les fait souffrir abominablement et que par conséquent ils sont des victimes avant d’être des coupables. Que dis-je ? Des victimes et non des coupables ! Voir dans les pires atrocités de quasi-preuves d’innocence, il faut tout de même oser ! Pas de pire encouragement à la barbarie. D’ailleurs je reprends mon raisonnement de l’autre jour : si la France les fait souffrir à ce point, au point de les transformer parfois en monstres, qu’ils restent chez eux ou qu’ils y retournent. Personne ne les retiendra !

— Ils te répondraient que chez eux, c’est la France puisqu'ils y sont nés’

Et alors ? Leurs parents ou grands-parents n’étaient pas nés en Algérie, au Maroc ou je ne sais où ?

— Si.

— Et est-ce que ça les a empêchés de quitter leur pays natal ?

— Non.

— Et pourquoi l’ont-ils quitté, d’après toi ?

— Euh… parce qu’ils s’y trouvaient mal ?

— Exactement. Tu vois bien ! Alors pourquoi ce qu’ont fait leurs parents, ils ne pourraient pas le refaire en sens inverse ? ou choisir un pays qui leur convienne mieux ?

— Parce qu’ils savent qu’ils auraient trop à y perdre ?

— Voilà ! Tu as tout compris. Leurs gémissements et leurs récriminations c’est du cinéma, histoire, toujours, de nous faire marcher, de nous donner mauvaise conscience. Ce n’est pas la misère, à supposer que misère il y ait, qui engendre la violence dans nos banlieues de l’Afrique mais c’est au contraire la violence qui engendre leur misère. Les jeunes délinquants originaires d’Afrique, qui clament si volontiers – et à qui l’on fait clamer – leur haine de la France, ne craignent ni leurs parents, ni leurs professeurs, ni la police ni la prison, ils ne craignent qu’une chose et une seule : être renvoyés dans leur pays d’origine ! Comment veux-tu qu’ils ne soient pas mal dans leur peau ?

— Bon, mais cette France nouvelle, j’en entends beaucoup dire aussi : si tu l’aimes pas, tu la quittes.

— Oui, certains se croient très malins de nous retourner cette formule inventée à leur intention. En fait ils ne font que joindre l’idiotie à l’odieux. Car, eux, peuvent toujours retourner dans leur patrie d’origine tandis que nous notre patrie d’origine c’est la France. Nous n’en n’avons pas d’autre. Nous sommes le dos au mur. En tout cas même le pire des colonisateurs français n’aurait jamais osé dire aux Algériens : l’Algérie ‘‘nouvelle’’, tu l’aimes ou tu la quittes. Il n’aurait même pas été effleuré par cette idée ! »

Tu gardes le silence et je vois à tes yeux soudain luisants de malice que tu meures d’envie de me dire quelque chose d’un peu… spécial. Je t’encourage : « Allez, vas-y ! Dis-le ! »

Tu n’attendais que cet encouragement et te décides aussitôt : « Eh bien, hier, figure-toi, on discutait avec Dominique, tu sais ? Tu le connais. On remarquait que les Arabes se plaignaient tout le temps, justement ! Alors il m’a balancé une blague marrante. Je sais pas si je dois te la dire…

— Écoute, maintenant, tu en as dit trop ou pas assez. Continue ! »

Tu fais celle qui se jette à l’eau : « Les Arabes, y sont comme les chats : quand y niquent y pleurent. » Et tu mets la main sur ta bouche, d’un air faussement gêné qui camoufle mal ton envie de rire. Je reconnais là le genre de blague typiquement pied-noir à laquelle il ne manque que l’accent adéquat pour donner tout son sel. Normal, vu que la famille paternelle du Dominique en question est pied-noir. Quoique amusée, je juge bon de prendre l’air choqué sans relever pour autant la crudité de la blague en question. Je préfère te mettre en garde : « Ne te livre surtout pas à ce genre de considération ou de plaisanterie avec n’importe qui ! De nos jours on ne sait jamais. Imagine qu’elle tombe dans l’oreille d’un de ces parangons d’antiracisme, de Savonarole de la Diversité, je te dis pas les ennuis que tu risquerais ! Pas plus dénué d’humour que cette engeance ! À plus forte raison si certains de tes ‘‘copains’’ arabes étaient mis au courant. Je te le répète : l’époque n’est plus aux pagnolades !

— T’inquiète ! Je fais gaffe. Avec Dominique, ça risque rien !

— Oui… mais méfie-toi quand même : souviens-toi que l’amour rend aveugle. »

J’ai fait mouche : tu rougis. J’avais deviné que le beau Dominique ne te laissait pas indifférente. Tu préfères dévier du sujet : « Tu sais de qui est cette blague ? Du grand-père de Dominique. » Et tu poursuis d’un air faussement consterné : « Vous, alors, les vieux d’aujourd’hui, vous avez une drôle de façon de parler ! C’est honteux à votre âge ! »

Je te regarde médusée et puis nous éclatons de rire toutes les deux ensemble.

— Bon, ai-je repris, Nous nous arrêterons là quelques jours, avant d’aborder la fin du sujet qui nous occupe : Pourquoi cette volonté de liquider la France ?

À bientôt.
Chapitre XI


Où l’on essaie de comprendre pourquoi certains Français haïssent la France et son peuple
au point de vouloir leur disparition




Le lendemain.

Je te trouve l’air tracassée.

« Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Tu m’as dit que, parmi les liquidateurs de la France, existait une catégorie particulière, celle de ceux qui haïssent leur pays et, surtout, leur peuple ?

— Oui.

— Il me semble que l’on ressent en général de la haine contre des personnes qui vous ont causé de grandes souffrances ou de grands torts. De quelles grandes souffrances et de quels grands torts notre peuple est-il responsable à l’encontre de ces gens pour qu’ils nous haïssent à ce point ?

— Bonne question, mais la réponse n’est pas facile. Je vais essayer d’être le plus simple possible. Il existe depuis toujours un profond mépris d’une certaine élite bourgeoise très puissante pour le peuple : le bon vieux mépris de classe. La gauche était censée, par ses représentants, sa presse, ses syndicats, combattre ce mépris. Pendant quelques décennies elle y a réussi : cette élite bourgeoise a été tenue au respect, au moins apparent, du peuple, comme l’Église a été tenue, de son côté, au respect, au moins apparent, des athées et de la laïcité. Mais peu à peu la gauche s’est coupée du peuple. Ses responsables politiques, ses élus, ses figures emblématiques, ses porte-parole ne sont plus venus du peuple mais, de plus en plus, de la même classe bourgeoise que les élus et responsables politiques de droite. Les mêmes fils à papa se sont retrouvés sur tous les bancs de l’Assemblée nationale, dans la presse et même dans les syndicats.

— C’est pourquoi on l’a appelée la ‘‘gauche-caviar’’ ?

— Exactement. Représentée par des journaux comme Le Monde et Libération et très vite par presque toute la presse. Et puis, plus le temps a passé, plus cette gauche-caviar a aggravé sa dérive. Elle s’est coupée du peuple de gauche sans se rallier la droite populaire, celle des petits patrons et des petits artisans.

— La droite-sauciflard ?

— Oui, on pourrait l’appeler comme ça ! Bref, elle s’est coupée du peuple tout court. Elle s’est peopolisée. En une trentaine d’années elle est devenue, en effet, le parti des stars de cinéma cousues d’or, des chanteurs milliardaires du show-biz, des grands couturiers, des mécènes riches comme Crésus, des publicitaires branchés, des animateurs de télévision, des richissimes hommes d’affaires, tout un monde de m’as-tu-vu pleins aux as, plus ou moins ignares, et tellement hors sol qu’ils peuvent même se payer le luxe de se passer de ce qui est si nécessaire au commun des mortels : le bon sens. Et elle s’est mise à frayer avec tous ces gens bien plus qu’avec le prolo du coin. Et puis, comme je te l’ai dit, arrivée au pouvoir, sa politique a été un échec. Elle a alors cherché à donner le change en se lançant dans la surenchère antiraciste et en favorisant l’immigration.

— Elle s’est jamais posé de questions ?

— Jamais ! Elle est restée complètement indifférente, aveugle et sourde aux souffrances que cette immigration débridée provoquait chez ses compatriotes les plus modestes. Normal, vu qu’elle n’avait plus que du mépris, cet indécrottable mépris de classe, à l’encontre d’un peuple dans lequel elle ne se reconnaissait pas ou plus et qui, du coup, la gênait comme un vivant reproche.

— Pourquoi comme un vivant reproche ?

— Comment se dire de gauche et se dégoûter à ce point du peuple ?

— Autrement dit : comment être de gauche et être populophobe ?

— Voilà ! C’est pourquoi elle a inventé un nouveau mot : quand le peuple n’est pas d’accord avec elle, elle accuse, pour les discréditer, ceux qui le défendent de populisme.

— De toute façon, mieux vaut le populisme que le peopolisme, non ?

— Oui, tu as raison : mille fois mieux le populisme que le pipolisme. Cette gauche pipolo-caviar aime faire peuple et critiquer l’‘‘élitisme’’ bourgeois, mais quand le peuple exprime ses idées non élitistes à lui, elle l’accuse de populisme ! Au fond, le populisme c’est comme l’érotisme. »

Tu écarquilles les yeux : « Je vois vraiment pas le rapport !

— Si. Tu sais ce qu’a dit Woody Allen ? La pornographie c’est l’érotisme des autres.

— Oui, mais je vois toujours pas le rapport avec le populisme.

— Eh bien, le populisme c’est le non-élitisme des autres.

— Mouais…, fais-tu sans esquisser l’ombre du sourire que j’attendais, plutôt limite ta formule ! En somme on a inventé le mot islamisme pour empêcher de critiquer l’islam et le mot populisme pour permettre de critiquer le peuple !

— Bien vu ! Tu vois : tout se tient. Si seulement, pensait, donc, cette gauche peopolo-caviar, ce peuple dérangeant, ce vivant reproche, elle pouvait s’en débarrasser !

— Comme a fait Pol Pot au Cambodge ?

— Oui. Elle n’a pas affiché son projet aussi visiblement, ni utilisé les mêmes méthodes. On est civilisé, que diable ! Chez nous, on anesthésie le peuple avant de le liquider. Le hic c’est qu’en attendant l’école républicaine entravait son projet. Contrairement à aujourd’hui, elle remplissait de mieux en mieux son office et prouvait que les enfants du populo pouvaient réussir aussi bien que ceux de la grande bourgeoisie et prétendre aux mêmes postes. Ils étaient d’ailleurs de plus en plus nombreux à les briguer, ces postes. Il était urgent d’agir, de reprendre la main que nos fils à papa étaient en train de perdre, de s’assurer à nouveau, une bonne fois pour toutes, les commandes qui leur revenaient de droit divin. C’est alors qu’éclata le fameux mouvement de mai 68, mené par les fils à papa de gauche et de droite. Ne pas oublier que leur fameux uniforme Mao a été conçu et réalisé par ... le grand couturier milliardaire, Pierre Cardin.

—Tout un programme, c’est vrai !

— Je ne te le fais pas dire ! Or ces ‘‘enfants de mai’’ entendirent imposer au peuple une ‘‘révolution’’ de songe-creux dont celui-ci, à juste titre, n’a pas voulu. Comment ?! Ce peuple, non content d’avoir été traité avec des égards qu’on avait été bien bons de lui témoigner, n’était même pas reconnaissant du bonheur qu’on lui promettait ?! On allait le lui faire payer cher ! Ce fut le prétexte tout trouvé de la revanche sur toutes ces années d’humiliation où il avait fallu faire semblant de le traiter en égal, et le retour du refoulé : le bon vieux mépris de classe, plus féroce que jamais sous le masque vertueux d’une élite se proclamant de gauche ! Haro, donc, sur ce peuple prétendument ‘‘embourgeoisé’’ parce qu’il préférait sa 2CV et sa télé, un confort que lui savourait depuis peu, à l’aventurisme de révolutionnaires en Mercédès. On ne lui trouverait plus que des défauts : machiste, fasciste, raciste, colonialiste, xénophobe, et j’en passe. Congédié sans ménagement comme un vieux domestique qu’on a trop vu et accusé de ne plus être à la hauteur, il serait remplacé par un ‘‘bon’’ peuple.

— Les immigrés africains ?

— Exactement. Aubaine inespérée ! Peuple de remplacement idéal, paré, au nom d’un prétendu antiracisme, de l’innocence des agneaux et du prestige du véritable Opprimé et que l’on dresserait par une sorte de sadisme revanchard à haïr l’ancien peuple pour qu’il débarrasse au plus vite le plancher. Le même genre de sadisme revanchard dont témoignaient certains collabos d’hier qui ne pardonnaient pas au peuple français de s’être donné à la ‘‘gueuse’’, autrement dit à la ‘‘République’’. Et Les dessinateurs de presse caricatureraient désormais, ignoblement, les pauvres ‘‘de souche’’ en ‘‘Dupont-la-joie’’.

— Comme les nazis caricaturaient les Juifs ?

— Tout comme !… Il faudrait prendre en compte aussi le côté expérimentateur mégalomane de nos liquidateurs.

— Expéri-menteur ?

— L’un et l’autre, mon général ! Des mégalos décidés à prendre leurs malheureux compatriotes comme cobayes d’utopies dont ils se savent, eux, à l’abri en cas d’échec. Toujours cet extravaguant mépris du peuple. Des sortes de docteur Mengele, en somme. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que nos fils à papa ont fait très fort. Ce ne sont tout de même pas les prolos de chez Renault ou de chez Citroën, ni les érémistes de banlieues, ni les petits fonctionnaires, ni les bouseux de la Lozère ou de la Normandie qui sont les descendants enrichis des esclavagistes et des colonisateurs !

— Non, sans doute. Mais c’est qui alors ?

— Si ce n’est ni les prolos, ni les érémistes, ni les petits fonctionnaires, ni les bouseux de la France rurale, que reste-t-il ?

— Ben… eux ? Les fils à papa qui nous donnent des leçons ?

— Tout juste. Ma tête à couper qu’en cherchant bien on les trouverait plus sûrement du côté de leur parentèle. En revanche ce sont les bouseux de Lozère ou du Limousin et autres sans-grades qui ont caché et sauvé les Juifs pendant que l’élite bourgeoise collaborait peu ou prou avec l’occupant nazi et lui faisaient les yeux doux, ainsi, d’ailleurs, que les stars de cinéma de l’époque.

— Ah bon ? Déjà, à l’époque, le cinéma collaborait avec l’occupant ?

— Oui. Comme quoi, ‘‘collabo un jour, collabo toujours’’. Au reste, je ne prétends pas que toute l’élite bourgeoise a été enrichie par l’esclavage, la colonisation ou a collaboré et que les autres Français furent tous irréprochables, loin de là, mais j’affirme que la première a bien plus démérité que les seconds. Pourtant ses descendants ont réussi à mettre sur le dos du seul peuple les fautes et les crimes de leur caste, histoire de se refaire une virginité morale et trouver un bon prétexte pour liquider un peuple qu’ils ne pouvaient plus sentir par les immigrés africains.

— Tu veux dire qu’en encourageant l’immigration ils ont fait d’une pierre deux coups : se blanchir de leur racisme et de leur xénophobie d’hier sur le dos du populo tout en se débarrassant de lui ? !

— Oui ! Tu vois : ton intuition sur la volonté de diaboliser le peuple était très juste. Mitterrand, par exemple, appartenait à cette bourgeoisie qui, de gauche comme de droite, a voulu démontrer, mine de rien, pour faire oublier sa collaboration avec Vichy et l’Allemagne, que le peuple est aussi raciste et xénophobe qu’elle l’avait été, elle, sous l’Occupation. Ah, on a été raciste ! Ah on a été xénophobe ! Eh bien maintenant on va lui en foutre, au peuple français, des étrangers, des vrais de vrais ! Jusqu’à ce qu’ils lui sortent par le nez, jusqu'à ce qu’il en crève ! Et on verra qui est raciste et xénophobe ! Voilà ce que beaucoup de ces immigrationnistes ont dû penser.

— Ils se vengeraient de leur peuple par immigration interposée ? Mais ce serait d’un machiavélisme crasse !

— Justement : pas plus machiavélique que ce vieux renard de Mitterrand !

— Alors qu’ils soient de gauche ou de droite, ces fils à papa, c’est pareil ?

— Oui. Pour la plupart en tout cas. Ils sont solidaires du même système.

— Et qui les opprime, aujourd’hui, ces Africains ?

— C’est là que c’est génial : toujours les mêmes ! à supposer, bien sûr, qu’oppression il y ait vraiment, mais puisque ce sont eux qui le disent… le raisonnement qui valait pour les descendants d’esclavagistes et de colonisateurs vaut pour les exploiteurs occidentaux actuels des Africains.

— Tu veux dire que là aussi…

— Oui. Ce ne sont ni les prolos, ni les érémistes, ni les petits fonctionnaires, ni les bouseux du Cantal ou de l’Aveyron qui oppriment les Africains, que je sache ! Ni toi ni moi ni aucun de nos voisins, ni de nos connaissances. Alors qui ?

— Ben… ceux que tu as dit : toujours les mêmes. Les fils à papa, les faiseurs de fric.

— Oui. Qui d’autre en effet que ces patrons appartenant à cette grande bourgeoisie d’affaires dont beaucoup sont, comme par hasard, d’anciens soixante-huitards ? D’une main elle exploite les richesses des Africains et les pousse à l’exil, c’est-à-dire à l’immigration ; de l’autre, elle défend, au nom du devoir d’assistance humanitaire, le droit de ces peuples poussés à l’exil à s’installer en France où elle pourra ainsi les exploiter de nouveau …

— Tout en dénonçant le peuple raciste et xénophobe qui, lui, n’exploite personne ! Dis donc, ça donne le vertige !

— En effet. Il faut reconnaître que c’est génial : ils gagnent sur tous les tableaux.

— En somme : ce sont les accusateurs du peuple qui sont coupables de ce qu’ils reprochent au peuple.

— On pourrait dire ça comme ça. Et ce sont les Français qui cohabitent avec les immigrés, qui prennent en pleine poire l’animosité de ces Africains que les coupables, hors d’atteinte, ont dressés contre la France et les Français. En tout cas : transformer la satisfaction de sordides appétits économiques en impératif moral, encore une fois, chapeau, c’est du beau travail. Les mafieux qui blanchissaient l’argent sale dans les commerces de bondieuseries étaient des enfants de chœur à côté. »

Soudain tu demandes : « Et qui c’est, ce docteur Mengele ?

— Un prétendu savant nazi complètement mégalo qui faisait des expériences ‘‘scientifiques’’ atroces sur les prisonniers Juifs, expériences qui conduisaient ces derniers vers une mort certaine ou en faisaient des monstres.

— Autrement dit : nos liquidateurs ont joué aux apprentis sorciers avec la France.

— Exactement. Ils ont bricolé une société monstrueuse, qui, d’ailleurs, commence à leur échapper, ainsi que Frankenstein a échappé à son créateur. Alors ils essaient de rattraper le coup comme ils peuvent à coups de slogans creux et contradictoires du genre ‘‘Diversité’’ et ‘‘Métissage’’, ‘‘Droit à la Différence’’ et ‘‘Universalisme’’. Nous contraindre à ce ‘‘vivrensemble’’, c’est-à-dire mêlés dans les mêmes quartiers à des populations que l’on a dressées à nous haïr et alors que la police ne sera même plus capable de nous protéger, à supposer qu’elle en ait l’ordre, est un cas de figure dont l’abjection et le cynisme me semblent sans précédent dans l’Histoire.

— Tu veux dire que le ‘‘vivrensemble’’ n’est possible qu’avec des populations assimilées ?

— Naturellement ! Autrement on aura tous les inconvénients du communautarisme sans le seul relatif obstacle à ces inconvénients : le chacun chez soi, comme cela se passe, justement, dans les pays à longue tradition multiculturelle. D’ailleurs pas plus que le bonheur le ‘‘vivrensemble’’ harmonieux, pacifique, ne se décrète.

— Et pourquoi la police n’aurait pas l’ordre de nous protéger ?

— Parce qu’on obligera – ça se dessine déjà – les forces de l’ordre, de l’ordre nouveau, celui de la France d’après… les Français, à jouer le rôle de janissaires au service de l’islam, comme ça s’est fait par d’autres moyens, en Turquie musulmane, avec les chrétiens. Quant aux membres de la ‘‘diversité’’ et autres cpf, on les utilisera comme kapos contre les ‘‘souchiens’’.

— Moi, je vois nos liquidateurs comme de sales gosses de riches qui ont fait de la France leur jouet et le cassent pour en avoir un nouveau, même moche.

— Sans se soucier de ceux qui auront à payer les dégâts : nous, les obscurs, les sans-grades. Il y a de ça, en effet.

— Tout ce que tu dis me fait penser au sketch que j’ai vu une fois à la télé, d’un comique que tu aimes bien.

— Un comique que j’aime bien? Je n’en vois pas. Je les déteste tous. Ils ne font qu’aller dans le sens du politiquement correct.

— Oui, mais c’est un comique mort, un de ton temps. Fernand quelque chose...

— Fernand Reynaud ?

— C’est ça !

— Vas-y ! Je t’écoute.

— Eh ben... Ceux qui veulent nous vendre à tout prix le métissage, le multiculturalisme, le Vivrensemble, la Diversité, me font penser au tailleur du sketch de Fernand Reynaud dans lequel le client se plaint que le costume qu’on lui a fait ne va pas du tout, qu’il y a, titre du sketch, ‘‘comme un défaut’’. Le tailleur ne veut rien admettre. Il proteste que le costume va parfaitement, que c’est tout simplement le client qui ne se tient pas bien. Il suffit qu’il lève une épaule et se voûte pour que le costume lui aille le mieux du monde. Le client s’exécute docilement, prend l’attitude intenable et difforme conseillée et reconnaît, pas contrariant, que, en effet, le défaut ne se voit plus.

— Tu veux dire que nous sommes comme le client du sketch : la société multiculturelle, métissée, qu’on nous vend va tout de travers, devient invivable comme le costume du sketch est importable ; et quand on le fait remarquer on nous dit : mais pas du tout, c’est que vous ne vous ‘‘tenez’’ pas comme il faut : courbez l’échine, rasez les murs, souriez quand on vous insulte, quand on viole vos filles, quand on brûle vos voitures, ne portez jamais plainte, ne vous permettez jamais la moindre critique contre les ‘‘divers’’, oubliez tout ce qui vous a fait grand, fort et beau, vos écrivains, vos musiciens, vos chanteurs, vos philosophes et vous verrez que cette société est idéale et qu’elle vous va comme un gant.

— Oui, c’est ce que je voulais dire.

— Bravo ! Tu vois, tu y es venue de toi-même à la métaphore, la parabole.

— Oui, je trouve ça marrant pour finir. C’est un peu comme le portrait chinois.

— En tout cas, je crois que maintenant tu as tout compris. Bref, pour revenir à nos fils à papa : inférieur pour inférieur, mieux vaut, aux yeux de cette caste, celui qui a pour lui la nouveauté, la jeunesse, l’exotisme que celui qui, dépourvu des séductions trompeuses de la canaillerie et de l’altérité, n’a que sa misère pour lui.

— Autrement dit ces xénagos préfèreront toujours au Franchouillard, quels que soient ses mérites, l’Arabouillard quels que soient ses défauts.

— Bien dit ! D’ailleurs il faudrait leur rappeler d’urgence ce lieu commun : ‘‘charité bien ordonnée commence par soi-même’’.

— Proverbe souchien ?

— Non : universel. La charité commence par soi-même ou par son prochain et non, hypocritement, par son ‘‘lointain’’. Quoi qu’il en soit, si ces enfants de Mai, contrairement à ceux des classes populaires qui ont toujours reconnu leur dette à l’égard des professeurs de la République, ont commencé à s’en prendre, précisément, aux professeurs, ce n’est pas par hasard. Ceux-ci en effet, en instruisant convenablement les enfants du peuple, ont permis à ces derniers de s’élever toujours plus nombreux dans la société et par leur seul mérite si bien que nos ‘‘héritiers’’ ont commencé à prendre en grippe, sous prétexte de non-élitisme, d’égalitarisme, la grande culture française à partir du moment où elle n’était plus l’apanage de leur classe. A quoi bon s’évertuer à l’acquérir si leurs domestiques y accédaient aussi ?

— Pas étonnant que, comme tu as dit, ils se soient reconnus dans les cancres d’Entre les murs et qu’ils se reconnaissent aussi dans la racaille parasite des cités !

— Oui. Il fallait donc faire cesser ce scandale. D’ailleurs, nos fils à papa auraient bien voulu les traiter en larbins, ces professeurs à peine mieux payés que les domestiques de leurs parents. Au lieu que – voyez-vous ça ! – ils étaient jugés et notés par eux. Ces pelés, ces galeux ne perdraient rien pour attendre ! Haro, donc, sur le prof-baudet et son pouvoir prétendument abusif !

— Pourtant on dirait que les professeurs n’ont pas résisté.

— Si, un peu, au début. Mais beaucoup n’y ont vu que du feu.

— Et pourquoi est-ce qu’ils n’y ont vu que du feu ?

— Parce que, habilement, le mouvement les a culpabilisés en leur reprochant d’être au service d’un système qui était incapable de corriger les inégalités entre les élèves. Et ça a marché.

— Décidément, on sait faire que ça dans ce pays : culpabiliser !

— Hélas, tu n’as que trop raison ! Culpabilisation, que de crimes on a commis en ton nom ! Je crois que ça suffit pour aujourd’hui. On reparlera demain du cas des professeurs. »
17 décembre 2011, 12:51   Sur le mot "populisme"
Cara Sandra,

Belle tranche de remise de pendules à l'heure que ce chapitre XI !

Permettez-moi cependant une suggestion. Vous écrivez : "- Voilà ! C’est pourquoi elle a inventé un nouveau mot : quand le peuple n’est pas d’accord avec elle, elle accuse, pour les discréditer, ceux qui le défendent de populisme."

Le choix du verbe "inventer" est peut-être excessif. Il me semble plutôt qu'il s'agit, non pas d'une invention, mais d'une de ces évolutions du sens d'un mot déjà présent dans le vocabulaire et dont on change le sens ou dont la variété des sens est annihilée au profit hégémonique d'un seul d'entre eux.

Sur ce thème, rappel d'un "fil de discussion" :

Petit observatoire du lexique
Cher Orimont, merci de votre commentaire. Sans doute ai-je utilisé avec "inventé" un terme un peu impropre, mais n'oubliez pas qu'il ne s'agit pas d'un cours magistral mais d'une simple conversation avec une grand-mère, laquelle n'est en rien une professionnelle de l'histoire récente ou passée. Elle se réfère uniquement à son "vécu", à une culture héritée de l'école républicaine de son époque et à son bon sens, comme pourrait le faire nombre de personnes ordinaires de son âge imperméables à la propagande des Amis du Désastre.
Utilisateur anonyme
22 décembre 2011, 20:10   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
22 décembre 2011, 20:11   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
24 décembre 2011, 16:51   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
N'est-il pas possible de publier ceci à compte d'auteur, fût-ce à l'étranger, pour le diffuser ensuite, fût-ce sous le manteau. Un appel à souscription adressé aux in-nocents pourrait permettre de financer l'opération.
Utilisateur anonyme
28 décembre 2011, 17:26   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Merci Cassandre pour ce magnifique texte qui nous montre bien notre hypocrisie à vouloir jouer les biens pensants aux œillères surdimensionnées et à la langue bien arrondie aux angles... Comme il est bien difficile de voir et d'admettre la vérité. Le jour où une minorité haineuse deviendra une majorité en France n'est pas très loin, et il sera bien trop tard à vouloir aboyer face à des chiens encore plus haineux et vindicatifs....nous n'aurons même plus le temps de faire les valises...
Ce texte devrait être publié et diffusé. Je vous propose une aide financière selon mes petits moyens , si vous souhaitez bien entendu, le publier à compte d'auteur.
Faites-en la demande, nous serons certainement nombreux, ici, à vouloir vous aider.

Encore Merci.
Le problème n'est pas de publier, le problème est de diffuser. Un texte publié à compte d'auteur ne sera pas accepté dans la plupart des librairies, et quant à la diffusion via le Net (pour les livres), n'est-ce pas encore un mythe...
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 00:57   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Existerait-il, déjà, une version "pdf" de ce très important texte ? Et David Reinharc, ne serait-il pas intéressé ?
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 08:29   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Ginautan, je vous remercie du fond du coeur de votre offre généreuse mais malheureusement je crains que Loïk A. et Didier Bourjon n'aient raison.
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 11:10   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 12:43   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Bonjour Didier,
J'ai lu "J'y crois pas" à sa sortie. Je partage l'analyse de Bolacre à 100% et pourtant je suis d'une autre génération. Le livret de Hessel est arrivé à m'indigner dans son contenu tant il est stérile et surtout représentant d'un "grand fouillis" sans fondements...à vouloir s'indigner. Hessel est arrivé à m'indigner à avoir dépensé 3 euros pour rien !

Je viens de commander "Le grand remplacement" sur fnac.com.

Je reviens sur la publication de "L'assassinat de la France...." Il serait dommage de rater sa publication avant les prochaines échéances électorales. Ce livre doit être publié et disponible à sa diffusion.
David Reinharc et Ripostes laïques peuvent demander une souscription financière par les internautes des différents sites sur lesquels ils ont une présence et une écoute, pour la publication de: "L'assassinat de la France....", c'est faisable, vous le savez. (Bien entendu, si le report est d'ordre financier...)

Je lis beaucoup et je partage beaucoup, je conseille à mes amis et je prête souvent mes lectures. Mes livres sont lus au minimum par deux personnes, mon épouse et moi-même, et si le sujet mérite d'être partagé par mes amis, je prête ou je conseille d'acheter, mieux encore, j'offre parfois, c'est pourquoi le format "papier" de ce livre me serait, comme à bien d'autres personnes, facile à diffuser. Le "Bouche à oreilles" a toujours fait des merveilles !

@ Cassandre: Votre idée d'une vidéo est excellente et pourquoi pas en faire une pièce de théâtre ? Le texte s'y prête grandement puisqu'il est écrit en dialogues. La difficulté serait d'édulcorer certaines répliques et certaines scènes, pour les rendre plus fluides, agréables à voir et à écouter, et non pas pour les censurer.
Permettez-moi de vous souhaiter une belle journée.
Cher Didier Bourjon,
si les risques que David Reinharc voit poindre à l'horizon pour l'ouvrage de Cassandre sont d'ordre judiciaires, il devrait être possible de modifier certains propos sur la forme pour éviter ces (éventuels) ennuis. Cela ne vaudrait-il pas la peine ? Orimont a pu exprimer beaucoup de choses essentielles, et les diffuser, alors qu'elles vont contre la doxa. La censure oblige à des contorsions, comme en URSS, mais cela ne nuit pas forcément à la qualité finale du texte !
De deux choses l'une, soit ce que vous dites est faux et il faut passer outre et faire publier, quitte à voir, à faire face, à se battre, à se débattre contre ceux qui voudront traîner en justice l'auteur ou l'éditeur. Soit ce que vous dites est vrai, alors la pensée en France est prise d'ores et déjà dans un étau idéologique et policier qui par la rigueur n'a rien à envier à celui qui sévit en Corée du Nord.

Le texte de Fanny ne contient nul appel à la haine, au meurtre, nulle apologie de crime contre l'humanité, ni bien évidemment aucun propos diffamatoire. Si la peur de l'éditer ou de le faire éditer en France le retient dans les placards, alors l'heure est grave et si les menaces qui pèsent sur pareille expression bénigne de la pensée et du politique sont bien ce que vous en dites, notre devoir premier et de les dénoncer, en attaquant, par exemple et pour commencer, leur non-constitutionnalité.

Dans les deux cas de figure il est urgent d'agir.
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 17:27   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Xénia ? Ils sont en Suisse...
Avez-vous essayé de demander à Jean Robin (éditions Tatamis) ? Il défend la liberté d'expression et propose d'éditer des livres censurés ailleurs...
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 18:16   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il me semble (mais je n'y connais rien) que le risque vient plus d'une autocensure (pressions officieuses pour ne pas sortir le livre) que d'un procès proprement dit. (J'avais vu sur le net une conférence de Pierre Jourde où il expliquait cela.) Y a-t-il, à propos, beaucoup d'exemples de textes publiés en tant qu'ouvrages et interdits ensuite par la justice ? Le MRAP, malgré une action en justice, n'a pas réussi à faire interdire le livre d'Oriana Fallaci La Rage et l'Orgueil qui contenait, d'après Wikipédia, des passages assez haineux. En fait, les associations attaquent plutôt les propos publics ou ceux publiés dans les journaux… Je pense qu'interdire un livre est un symbole fort de censure que les associations voudraient éviter, c'est pourquoi les pressions ont plutôt lieu de manière officieuse…
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 19:06   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Contacter Jean Robin est une excellente idée.
Il m'a assis avec son dernier livre "Entre la haine et l'espoir" Avoir osé publier ce livre relève de la résistance. Je crois qu'il a beaucoup de mal à le diffuser.

Sinon, si aucun éditeur n'en a...(...)
Il reste la possibilité de créer une association d'internautes producteurs/éditeurs et de trouver un diffuseur intéressé. Un collectif est plus difficile à atteindre qu'une personne seule, et ça peut faire beaucoup de bruit.
Je ne sais pas si c'est la meilleure, mais c'est une idée...

Ce livre a droit d'exister, c'est un devoir.

@Francis Marche, votre lucidité me fascine. Merci.
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 19:09   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
@Felix: le seul livre interdit par ordre de justice ces trente dernières années est : "Suicide mode d'emploi", il l'est toujours, même sous ses dernières versions de mise à jour. (à ma connaissance)
Vous avez aussi le livre de Claude Gubler Le Grand Secret (sur la maladie de François Mitterrand) qui a été interdit (l'interdiction sera toutefois levée par la Cour européenne des droits de l'Homme).
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 19:38   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 19:40   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Merci Didier pour ce dernier point.

Pardon d'avoir cédé à la facilité du "@" le premier.
Utilisateur anonyme
29 décembre 2011, 19:49   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Félix, Le Docteur Gubler et son: "Le Grand Secret" état tout comme sa pseudo interdiction,sans procès, une dernière esbroufe du quatrième pouvoir après celle de l'existence de Mazarine. Pour ma part, la publication de ce pamphlet n'est d'aucun intérêt littéraire, historique ou sociétal, sinon, un simple fait divers d'un non respect du secret professionnel.
Il me semble qu'un livre comme celui de Cassandre :
- n'aurait aucun relai média, ni radio ni presse, sauf une presse disons "militante"
- serait peu diffusé dans les librairies...

Si on prend les éditions Tatamis :
- à ma connaissance, pas ou peu de relais médias ;
- une diffusion assez peu évidente.

Et inutile de dire que le Net a un impact très moyen sur la diffusion (Amazon-France diffuse en gros comme une FNAC).

Donc un livre comme celui de Cassandre, demanderait déjà de trouver un éditeur et pourrait peut-être se trouver dans des librairies ; mais pour exister, il aurait besoin d'un appareil militant, de personnes allant systématiquement dans quelques grosses librairies, l'acheter et attirer l'attention de certains libraires (comme pour Orimont ?). Il me semble que les rayons "Histoire" par ex. sont moins idéologiques que d'autres, mais je me trompe peut-être...
Quelqu'un comme Jean Sévilia ne serait-il pas de bon conseil? Le projet essentiel de Cassandre me paraît rejoindre, d'une autre façon, celui de ses ouvrages sur l'Histoire.
Utilisateur anonyme
01 juillet 2012, 14:35   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
11 juillet 2012, 17:01   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Lire ces pages lointaines et si modernes est aussi agréable aujourd’hui que nécessaire. En effet, il m’arrive de plus en plus souvent de croiser sur mes chemins parisiens des visages tristement voilés et comme en deuil. Qui enterre-t-on dans le métro, l’autobus, sous les platanes, de la place Clichy à la place de l’Etoile ? Pour qui sont ces fichus noirs, serrés collés sur un front juvénile ? Ne sont-elles pas Parisiennes, elles aussi, ces porteuses de chiffon sévère importé de cieux affreux où l’on flagelle, censure et torture à tour de gros bras ? N’ont-elles pas compris, ces jeunes et moins jeunes femmes, l’avantage immense qui est le nôtre, le leur, le mien : celui de marcher, nez au vent, dans une ville qui, historiquement, n’a jamais séparé hommes et femmes ! Ne savent-elles pas que leur façon d’obéir à une propagande religieuse fabriquée en dépit du bon sens humain, sous des cieux opaques, constitue une véritable faute de goût dans notre Paris, capitale de la liberté ?
Ici
Ce texte fait beaucoup de bien, et continue à réconforter longtemps après sa lecture. Il diffère tant de la haine ordinaire habituellement entretenue sur le sujet !
Je viens seulement de m'apercevoir qu'il manque au texte le chapitre de conclusion, ce qui donne le sentiment d'une fin bizarrement bancale et abrupte.

Je me permets de le rajouter d'autant qu'il correspond au fil de discussion récente sur l'Europe.






CONCLUSION



Le lendemain je t'ai prévenue dès le début que ce serait sans doute notre dernier entretien.




« Tiens ! Pour en revenir au sadisme, une anecdote significative : En 95, le ministre de l'intérieur de l'époque a voulu prendre quelques mesures de bon sens pour endiguer la submersion étrangère de notre pays. Ah, ça n'a pas traîné ! Tout le landernau des belles âmes s'est mobilisé comme un seul homme contre ces décrets qui rappelaient, soi disant, " les- heures-les-plus sombres-de-notre -histoire". Les "mutins de Panurge" du show-biz et des médias sont entrés en Résistance, le cinéma a sorti son ar(di)tillerie lourde et toute la jeannerie passée, présente et à venir, Moreau, Birkin, Balibar, est montée courageusement au créneau : La Bêtimonde ne passerait pas !
Une gigantesque manifestation a été organisée où circulait une pétition à signer contre ces décrets "nauséabonds". C'est alors qu'au cours d'un reportage télévisé j'ai vu et entendu un des manifestants : bobo classieux, belle gueule de quinquagénaire à la crinière argentée, et, pour la touche bohême, longue écharpe rouge nouée négligemment autour du cou par dessus le manteau noir Armani, répondre au journaliste qui lui demandait pourquoi il signait la pétition : " Je signe pour que les étrangers ne nous laissent pas seuls avec les Français ( Sous-entendu, bien sûr, les Français du peuple, comme toi et moi ). L'air de mépris assassin qu'a arboré le visage de cet homme en prononçant cette phrase, en particulier sur le mot "Français", était littéralement suffoquant. Je ne l'oublierai jamais. C'est là, je crois que j'ai commencé vraiment à comprendre ce qu’était ces chez gens-là, le mépris et la haine du peuple de France.
Quoi qu'il en soit, il était nécessaire à la réussite de leur projet, de nous faire haïr, et notre pays avec, par les nouveaux venus, sinon ceux-ci se seraient assimilés. Et alors, au lieu de disparaître, le peuple français se serait tout simplement augmenté et même renforcé de cette assimilation. »

Tu restes un moment songeuse et puis tu t'écries l'air rageur : « Mais c'est dégueulasse !

— Je ne te le fais pas dire ! Tu as eu à la fois le cri du coeur et le cri du bon sens ! Tu as réagis comme un être humain et non comme un droit-de-l'hommiste décérébré, un zombi orwellien citoyen de l'Empire du Bien. Au fait, tu connais Orwell ?

— Oui, c'est un auteur de SF. Il a écrit une BD célèbre : 1984, je crois. »

Je décide de ne plus m'étonner et c''est sans un soupir que je corrige : « non, Ce n'est pas une BD, c'est un grand livre, un chef-d'oeuvre de Science-fiction, en effet, mais visionnaire. Il semble que l'auteur ait décrit dans son roman qui date de près d'un siècle, la société où l'on vit aujourd'hui.C’est lui qui a inventé « Big Brother ».

— Tout ça, c’est un bouillon de sorcières empoisonné qu’on nous vend comme un élixir de jouvence !

— Oui, je vois que la lecture d’Harry Potter a laissé des traces ! En vérité, quelles qu'aient été les motivations, désintéressées, niaises, frivoles ou crapuleuses, de ceux qui ont permis cette invasion, il n'en demeure pas moins qu'ils ont engagé leur pays et leurs compatriotes dans un pari impardonnable. En effet, ils ne pouvaient pas ne pas savoir que nulle part au monde, sous aucun ciel, le multiculturalisme et surtout le multiculturalisme entre musulmans et non musulmans ne fonctionne pacifiquement, et que partout dans le monde, sous tous les cieux, les pays où l'islam s'impose, stagnent ou régressent dans le sous-développement intellectuel et moral.

— Ce n'était peut-être pas si facile que ça de savoir.

— Dis plutôt qu’ils n’ont pas voulu savoir. Si les responsables politiques et les faiseurs d’opinion ne savent pas ce genre de choses, qui le saura ? C’est leur boulot de savoir. Suffisamment de personnes se sont efforcées de leur ouvrir les yeux. Ils ont préféré céder aux sirènes médiatiques qui chantaient que l'islam était une chance pour la France.
Même l’ancien roi du Maroc, n’a cessé de mettre en garde la France contre la naturalisation française des Marocains. Il l’a répété lors d’une interview télévisée accordée à une célèbre journaliste « bobo », expliquant que la culture marocaine (et par extension implicite maghrèbine) était trop différente de la française et, je le cite, qu’ "ils feraient de mauvais français". Textuel.

— "Collabobo » sans doute, la journaliste.

— Certainement. Comme la plupart de nos faiseurs d’opinion.

— En tous cas c’était bien de la part du roi de s’inquiéter pour la France.

— C’est-à-dire qu’il s’inquiétait surtout, en politique avisé qu’il était, pour son pays. Il savait très bien qu’une France stable et prospère était bien plus utile au Maroc et autres pays du Maghreb qu’une France chaotique et tiermondisée, ce qui ne manquerait pas de se produire avec un trop grand nombre de Marocains, et autres Maghrébins français, sur notre territoire.

— Et personne ne l’a écouté ?

— Personne n’a tenu compte de cet avis, que la presse avec un bel ensemble a censuré dans ses comptes-rendus.
D'ailleurs à lui seul, le sort du Liban ou de la Yougoslavie, sans parler de l'Irak, aurait dû les leur ouvrir, les yeux, aux responsable spolitiques. Alors, si, sachant ce que ces exemples de multiculturalisme signifient de souffrances et de chaos, ils s'obstinent dans l'immigration et le "vivrensemble", et ce malgré la circonstance aggravante de la crise économique qui voit le chômage monter en flèche, un conclusion s'impose et une seule ...

— ... ?

— Ces souffrances et ce chaos non seulement les laissent totalement indifférents mais encore servent leurs intérêts, plus encore que ce que je t’ai déjà expliqué. C'est exactement ce qu'ils veulent.

Tu me regardes, l’air incrédule.

— Oui, j'ai beau tourner et retourner le problème dans tous les sens je ne vois pas d'autre conclusion à tirer. Il n'est même pas exclu que ce chaos et ces souffrances dont ils ont créé les conditions leur servent de prétexte pour en finir une bonne fois pour toutes avec la démocratie et la République, ressenties, à force, comme incapables d'assurer l'ordre et la paix civile. Et avec l'assistanat social par la même occasion.


— Ils oseraient pas !


— Pas même besoin d'oser, ça se ferait tout seul. Impossible matériellement d'assister économiquement des millions et des millions de gens improductifs, surtout en peine crise. Et comme la préférence nationale sera complètement discréditée depuis belle lurette, pour ne pas discriminer, il ne restera plus qu'à supprimer à tout le monde RMI, retraite et allocs en tous genres .

— A moins qu’ils ne les suppriment que pour nous, les « de souche ».

— Qui sait ? Après ce qu’ils ont osé nous faire, tout est possible. Tu remarqueras que malgré la crise et le chômage qui augmente pas une voix ne s'est élevée pour dire qu'il serait nécessaire , dans ces circonstances, d'endiguer l'immigration.

— Ils veulent en finir avec la République et la démocratie comme ils cherchent à en finir avec la nation ?

— Exactement. D'ailleurs seul le cadre national permet l'exercice d'une vraie démocratie. La façon dont ils salissent les peuples attachés à leur identité nationale, c'est-à-dire les VRAIS peuples, prépare la destitution de ceux-ci. Or sans peuple souverain pas de démocratie.

— Et sans nation pas de peuple ?

— Sans doute. Et inversement. Ou alors une nation artificielle formées, au mieux, de peuplades regroupées en communautés réduites aux aguets, ou d'agrégats anarchiques d’individus mondialisés, interchangeables, sans feux ni lieux, ni foi ni loi. Rien à voir avec le beau mot de « peuple ». Sur la ruine des nations et la disparition des peuples, à la place de la démocratie ou de la république, ils pourront instituer, alors, facilement, une sorte de dictature mondiale dont l’Europe de Bruxelles prétendument seule capable de gérer une crise économique qui relève entièrement de sa responsabilité est, peut-être, déjà, la première étape. Dictature entre les mains des plus richissimes et d’une une armada de technocrates, secondés par quelques utopistes mondains chantres des Droits de l’homme et autres idiots utiles pour faire avaler la pilule.

— Il y a un type important qui a dit, je crois, "Si le peuple n'est pas d'accord, il y a qu'à changer de peuple".

— Oui. le "type" c'est Bertold Brecht, un grand dramaturge et écrivain allemand. Mais il disait ça par boutade. Il n'imaginait pas une seconde qu'un jour, dans un des pays les plus civilisé du monde, le nôtre, de prétendues « élites » accomplirait cette monstruosité.

— Autrement dit, ceux qui ont fait ça sont des fous alliés à des crapules.

— Exactement. De deux choses l’une : soit les politiques savaient et ils ont abominablement menti, soit ils ne savaient pas et c’était des incapables. Au moins auraient –ils dû s’informer et, en attendant, restreindre drastiquement le flot de l’immigration africaine au lieu d'engager leur pays dans un pari aux conséquences irréversibles. Dans le doute abstiens-toi, dit le proverbe. La politique n'est pas la roulette, que je sache ! Encore moins la roulette russe surtout si le canon est pointé contre celui qui n’a pas choisi d’y jouer !


— Sans oublier ceux dont on a déjà parlé, qui cherchent comme Néron, à mettre la responsabilité du Désastre sur le dos du prétendu racisme des Français.


— C'est ça: au lieu de lutter contre la cause : les nuisances que les plus modestes de nos compatriotes subissaient de trop nombreux immigrés d'origine maghrébo-musulmane, on ne luttait que contre les conséquences en n'hésitant pas à recourir au mensonge les plus cynique.

— Ah ? Et lequel ?

— L’acte fondateur de SOS racisme est basé sur un acte raciste purement imaginaire, inventé de toutes pièces pour les besoins de l’entreprise de liquidation de notre pays !

— Jamais entendu parler !

— Et ça t’étonne ? Ce sont nos liquidateurs qui officient dans les médias, tous unis comme les doigts de la main pour liquider la France et nous avec ! ils ne vont pas vendre la mèche, pardi !

— Mais la diversité, le multiculturalisme, ça marche au moins dans un pays, les Etats- unis, non ?

— En fait il y aurait beaucoup à dire. Se vanter d’être un pays multiculturel quand on a exterminé les populations autochtones et fait disparaître leur civilisation me paraît plus que discutable et un exemple très inquiétant, justement, pour notre avenir, à nous, autochtones de ce pays. De plus n’oublie pas que la société américaine est extraordinairement violente. Et puis, surtout, ils n’ont encore qu’un pourcentage infime de musulmans. Or force est de reconnaître que ce sont eux qui posent partout problème. Enfin , il existe un ciment formidable dans la société américaine, ciment qui nous fait si cruellement défaut : le patriotisme. Contrairement à nous, L’Amérique est fière d’elle –même et sait communiquer cette fierté à tous ses habitants. »

Tu observes une pause, l’air à nouveau tracassé.

— Quoi, encore ?

— J'ai quand même du mal à imaginer qu'il y ait eu un complot.

— Je n'ai jamais employé le mot, mais je pense qu'il y a un peu de ça : après quelques années de décisions prises au hasard, au coup par coup et à l'aveuglette, un projet a fini petit à petit par se dessiner, projet dans lequel se sont reconnus nombre d' idéalistes niais et de crapules dont les uns, profitant d'un peuple réduit habilement au silence, se sont faits les idiots utiles des autres et inversement.

— Pourquoi tu n'écris pas carrément un livre sur tout ça ?

— Malheureuse ! Tu veux me voir ruinée ou en prison ?

— En prison ? !

— Oui, en prison ! Tu ne sais pas que dans la France démocratique d'aujourd'hui, dans la soi disant patrie des droits de l'Homme, on peut risquer la prison à dire certaines choses ?

— Même si ce sont des vérités ?

— Surtout si ce sont des vérités !

— En somme le France, aujourd'hui, se dit démocratique comme l'islam se dit tolérant.

— Bien vu. Comme quoi ils étaient faits pour se comprendre.
Au fond, le métissage obligatoire à marche forcée qu'on tente de nous imposer est une forme, une stratégie inédite, d'épuration éthnique. En effet, si le métissage autant racial que culturel fonctionne, il n'y aura plus de nations, de races, d'ethnies ni de civilisations différentes, ni, surtout, vu que les Africains et les Arabes sont bien plus prolifiques que nous et ne cessent d'envahir la France, de blancs. Bonjour la "Diversité" !

— La Diversité, oui, mais sans les blancs. J'ai compris : encore du truquage de vocabulaire !

— Parfaitement ! D'ailleurs tu as déja entendu les noirs, les Arabes et les Asiatiques souhaiter se métisser entre eux ? Tu en vois beaucoup qui le font ?

— Euh ... non.

— En réalité le multiculturalisme à la Française veut la peau des Français "de souche" ou assimilés comme le multiculturalisme à l'américaine a voulu, au préalable, la peau des Indiens, peuple "de souche" du continent. Sauf que, aujourd'hui , l'Amérique rend hommage aux Indiens et reconnaît l'injustice qui leur a été faite. Par contre, les pauvres Français dits "de souche" et assimilés n'auront rien à attendre de tel de leurs liquidateurs. Et puis, au moins, les Indiens ont résisté avec l'énergie du désespoir et ne se sont inclinés que devant plus forts qu'eux ! Leur défaite n'a rien eu de honteux ni de minable. »

Tu protestes : « Ce n'est pas de notre faute si on nous a castrés !

— Non. Quoique ... si, quand même. Ne faisons pas comme les les immigrés d'origine africaine qui rejettent tous leurs déboires sur la faute des autres.
Toujours est-il que l'antiracisme totalitaire prépare l'avènement, sous bannière islamique et airs de boy scout, d'une sorte de quatrième Reich où les blancs de culture occidentale tiendront le rôle que tenaient les juifs dans le troisième, et que ces derniers semblent recommencer à tenir aujourd'hui. Déjà , je te l’ai dit, la menace que Vichy écrivait partout : "Attention ! les murs ont des oreilles ! " se réalise. Big Bwozeu’ veille au grain.

— Au grain et au brin, tu peux dire ! »

Je te regarde sans comprendre.

— Oui : il veille au brin de paille raciste que les « de souche » ont dans l’oeil , ton Big Bwôzeu tandis qu’il se contrefiche de la poutre dans celui des Africains.

— En effet : pas une tête qui dépasse, pas une langue qui fourche, pas une blague un peu osée -les seules à avoir quelque sel - sur la "Diversité" qui ne soient aussitôt mouchardées par les journalistes collabos (pléonasme) aux ligues de vertus citoyennes et antiwacistes, lesquelles font désormais la pluie et le beau temps dans ce pays.
C’est du nazisme à l’envers. Oh, bien sûr on n’en viendra pas à la solution finale, ça prendra plus de temps qu'avec les chambres à gaz, mais le résultat sera le même.

— Non, arrête, là ! Tu fous carrément les jetons! Heureusement que t’es pas dans la police, dis donc ! Tu flanquerais la trouille au CIGN en personne !

— Ecoute il y a vingt-cinq ans que je prévois la situation actuelle. A l'époque tout le monde me disait que j'exagérais. Beaucoup étaient même convaincus que j'avais un grain sérieux alors que c'est allé encore plus vite que je ne croyais. Et puis, tu sais que chez les vieilles Corses comme moi il y a toujours une Cassandre qui sommeille.

— Cassandre ...

— Pas Cassandre ma coiffeuse, mais la princesse troyenne qui passait aussi pour folle quand elle suppliait les siens de se méfier du fameux cheval de Troie et à qui la suite des évènements a donné raison. »

Tu me dévisages en silence d'un air perplexe et indulgent, l'air de persister à penser que, tout de même, mémé aurait un peu pété les plombs, que ça ne t'étonnerait pas plus que ça, puis résignée, tu demandes en soupirant : « Hé ben, et maintenant ?

— Maintenant quoi ?

—Je résume : On nous a infligé trois malédictions : le Grand remplacement de notre peuple par de peuples étrangers à qui on a fait cadeau de notre pays. Le déni de notre identité afin, justement, de faciliter ce Grand Remplacement. Et enfin, comme si ce n’était pas assez, on a dressé ces peuples étrangers à nous haïr. Et maintenant , qu’est- ce qu’on fait ?

— Tu aurais préféré ne rien savoir ?

— N …non. Sauf que j’aimerais bien savoir aussi ce qu'on peut faire même si les carottes sont cuites.

— Du judo, des arts martiaux, au cas où … En tous cas des techniques de défense "soft".

— Pourquoi "soft" ?

— Parce qu'il s'agit surtout de ne pas faire de mal aux agresseurs si ce sont des cépéhefs. C'est alors toi qui te retrouverais en prison au milieu de leurs semblables et je ne te dis pas ce que tu y risquerais. Même la légitime défense nous est interdite. »

Je vois, pour la première fois, une expression d’adulte sur ton visage assombri. Au bout d'un moment tu demandes d'une voix un peu étranglée : « Alors, pour le coup, c'est bien foutu ? »

Je crains d’y avoir été un peu fort et je me hâte d’ajouter histoire de ne pas te laisser sur une perspective trop désespérante : « non, parce que même si on t'oblige à raser les murs, au moins tu seras armée moralement. En esprit tu marcheras la tête haute. Pas comme ces malheureux juifs qui avaient fini par intérioriser le mépris à leur encontre. Et puis c'est à toi et à ceux de ton âge qu'il reviendra de transmettre autant que possible la vérité. Tant qu'il en restera une étincelle rien n'est perdu. »

Tu soupires, renifles, hésites, puis réponds soudain avec un claquement de doigts décidé : « Oeuf corse que rien n’est perdu ! » et tu ris en m'adressant un clin d'oeil.

Celle-là, aussi, je pressentais que tu allais la resservir souvent et j'ai voulu voir dans ta bonne humeur si vite revenue un signe d'espoir.

— Dis donc, figure-toi que je savais pour Cassandre mais tu ne m'as pas laissé le temps de le prouver.


—Tant mieux ! Je préfère ça ! "

— Tu sais, moi aussi j’ai une formule.

— Hé bien, vas-y ! dis là ! »

Tu me regardes d’un air mi sérieux mi moqueur et tu récites : « Quand je me contemple, je me désole, quand je me compare, je me console. Pareil pour la France. »

— Tu as parfaitement raison. La comparaison est une clé indispensable pour comprendre les phénomènes humains et pour les relativiser au besoin. C'est pourquoi il importe tant à nos liquidateurs de rendre le peuple le plus ignorant possible afin qu'il ne puisse plus faire les comparaisons qui s'imposent. En tous cas n’oublie pas de te réciter chaque jour comme des mantras les principaux arguments en faveur de ta patrie. »

Tu prends aussitôt, sur le canapé, la pose du lotus, bras allongés, doigts joints sur les genoux et tu te mets à réciter lentement, les yeux fermés : « C’est ce qu'il faudrait prouver concrètement : le racisme épouvantable des Français, et qui ne l'a jamais été, qui sert toujours de preuve contre eux !
De deux choses l’une : ou la colonisation de l’Espagne par les Arabes a été un bienfait, mais alors la colonisation de l’Algérie par la France aussi ; ou la colonisation de l’Algérie par la France a été, comme toute colonisation, une abomination mais celle de l’Espagne par les Arabes aussi. »
Je m'éloigne sur la pointe des pieds tandis que, les yeux toujours clos, tu enchaînes : « Comme les vrais vicieux sont ceux qui voient le vice partout, les vrais racistes …



Fin
Utilisateur anonyme
23 octobre 2012, 18:06   Re : L’Assassinat de la France expliqué à ma petite-fille
Un article d'Atlantico:
[www.atlantico.fr]

Ou comment il est expliqué que nous sommes tous des pigeons ou plutôt des agneaux qui se laissent tondre la laine sur le dos en plein hiver sans protester. Du moins pas encore.
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