Le site du parti de l'In-nocence

Qui est "la Belle sans Merci" ?

Envoyé par Louis Piron 
"La Belle sans Merci, que l'on dépeint armée d'une bouteille d'encre et de ciseaux, l'encre lui servant à noircir et les ciseaux à retrancher ce qu'elle estime irrecevable. Ténèbres ou néant, quel choix pour les auteurs ! Le jour que l'on se mêlera d'écrire enfin l'histoire raisonnée de la sotise chez tous les peuples et dans tous les temps, elle y figurera, la Belle, en bonne place. L'on ne domine qu'en abêtissant ceux qui nous jugeraient et qu'en frappant ceux qui nous jugent, et l'on domine alors, mais ne gouverne pas : le monde eut peu de gouvernants et beaucoup de dominateurs."

Qui est cette "Belle sans Merci" ?
Il y a La Belle dame sans mercy d'Alain Chartier, aussi le poème de Keats et l'utilisation du thème par les Pré-Raphélites.
Vous avez trouvé une réponse douce et caractéristique du charme qu'on peut lui prêter quand on l'utilise.
(Vous "chauffez", cher Florentin, vous y êtes presque !)
Je vous faisais part d'une association d'idées mais je ne vois pas.
Je vous livre la deuxième partie de "la Belle sans Merci" :

"L'on prétend que les justes connaissances ne servent qu'à désespérer ceux qu'elles rendent misérables et que les hommes ne pouvant cesser de l'être, il est plus charitable de les prévenir. L'on montre que la vérité n'enivre pas l'esclave et qu'il a besoin, pour la recevoir et l'endurer, de tout ce qui lui manque. L'on n'ose, cependant, conclure à la nécessité de faire les humains stupides et coupables, ne fût-ce que pour légitimer un abaissement, dont on ne les retire : là, du coup, notre Belle trancherait le fil de nos raisons, car elle veut ce qu'elle veut, mais elle ne s'en vante pas, que dis-je ? elle a plutôt la manie de se démentir et c'est alors que métamorphosant notre évidence en labyrinthe, elle nous y renferme, en nous laissant aller où bon nous semble."
Pour finir, je vous révèle la troisième partie de "la Belle sans Merci", et l'on comprend ainsi qui elle est :

"Dans les manèges sourds, le silence est de trop et le vacarme, la ressource, de même que l'on éteint parfois la rumeur en l'appuyant avec une apparence de sottise. Je n'amenai ces thèses que pour mieux insinuer à quel point la Censure est devenue un art et les censeurs, plus souvent qu'on ne pense, des artistes : c'est là ce qui m'effraye, au demeurant, et je crains fort qu'ils ne nous gagnent à leurs vues, en nous offrant un port dans les ténèbres qu'ils répandent, comme au sein du néant, qu'ils instituent, une raison de végéter."
Je ne suis pas doué pour les devinettes, en général je cherche à côté, comme l'infinitif "chauffer" que j'avais pris pour un indice.
Alors ? L'auteur ?
Pour "chauffer", c'était une faute de frappe (satané clavier !) - j'ai rectifié.

Cependant, j'avais trouvé votre association d'idée intéressante, car cette "Belle Dame sans Mercy", comme la Censure, ne manque pas de charme : elle impose facilement le respect. Mais c'est un respect éphémère, celui "du néant" !

Cher Florentin, m'excuserez-vous de vous avoir induit en erreur ?
Cher Pyrrhon, vous n'avez pas à vous excuser. Mais finalement, entre la Censure et la Dame, je ne vois pas vraiment d'analogie. Alain Chartier écrit après trois siècles de littérature courtoise : il y aurait tellement de choses à dire.
"Le poème (de la Belle Dame sans Mercy) décrit la rencontre entre un chevalier inconnu et une mystérieuse femme qui se dit « la fille d'une fée ». Il commence par la description du chevalier dans un paysage aride, Il raconte au lecteur la manière dont il a rencontré une belle jeune femme aux « yeux sauvages » ; L’emmenant avec lui sur son cheval au gouffre Elfin, où « elle pleurait, et soupirait », puis s'endormant, le chevalier a une vision de « rois pâles et de princes », qui crient : « La Belle Dame sans Merci t'a subjugué ! » Il se réveille pour se trouver du côté de la même « colline froide », après quoi il continue d’errer.

Bien que La Belle Dame sans Merci soit un poème court (douze strophes de quatre lignes chacune, avec les rimes type ABCB), il est plein d'énigmes. Du fait que le chevalier est associé à des allégories de la mort, comme le lys (symbole de la mort dans la culture occidentale), la pâleur, la « disparition », il est probable que le héros soit mort lorsqu’il conte l’histoire. Il est clairement voué à rester sur la colline, mais la cause de ce sort est inconnue. Une simple lecture suggère que la dame lui a tendu un piège, à l'instar des contes comme Thomas le Rhymer ou Tam Lin. Également, comme les chevaliers sont généralement liés par des vœux de chasteté, le poème semble indiquer que ce chevalier est doublement damné - et, effectivement, maintenant, enchanté - quand il s'attarde ici avec une créature éthérée."

Peut-on dire que la Censure "subjugue" ? Le Censuré n'est-il pas un "mort", "comme ... la disparition" ? J'arrête ici les analogies, incertain d'y voir trop clair !
La Censure rend muet momentanément, mais tout est encore possible. Les valeurs que défend l'In-nocence, par exemple, sont malmenées voire occultées mais nous aurons notre revanche.
Citation
Florentin
Alors ? L'auteur ?

Albert Caraco, Abécédaire de Martin-Bâton
Merci, je ne connaissais pas.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter