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Procès de la gifle.

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
26 juin 2008, 22:04   Procès de la gifle.
Bien chers amis,


Etant actuellement en mission à Lille, je bénéficie, grâce à la presse locale, d’une excellente couverture médiatique concernant la fameuse affaire de « la gifle ».

Tout comme beaucoup, j’avais à l’époque pris fait et cause pour le professeur, cette affaire me semblant simple : un professeur excédé avait giflé un petit merdeux qui l’avait insulté et qui méritait donc cela.

J’avais ensuite vu cette position confortée par la lecture d’un blog consacré au « droit de cogner » et émanant de quelques gauchistes délirants qui soutenaient l’élève.

Le professeur mis en cause a bénéficié d’un entier soutien de sa profession et a souhaité que sa cause fût entendue publiquement, afin de sortir de cette affaire la tête haute.

Il s’est donc présenté hier devant le tribunal d’Avesnes, muni de deux valise de pétitions (je croyais ce genre de cirque réservé à José Bové).

La salle était entièrement acquise à sa cause, composée presque exclusivement de collègues et de syndicalistes. L’avocat de la partie civile rappela d’ailleurs le président à ses devoirs, car la foule avait pris le parti d’applaudir à chaque déposition favorable au prévenu. Le président, faisait, en cette affaire preuve, disons, de « bienveillance » à l’égard du prévenu.

Les mêmes collègues défilèrent alors à la barre, pour souligner les vertus du prévenu.

Jusque là, me direz-vous, rien que de très normal : une profession révoltée soutient un homme injustement poursuivi par le délire pénal.

Il se trouve, comme disait Me Floriot, qu’un problème est alors survenu.

Interrogé sur les faits, le professeur a été amené à reconnaître que l’enchaînement fut un peu différent de ce qu’il avait de prime abord raconté.

Il apparaît, selon les dires du prévenu, qu’il a (ce n’est pas un conditionnel) jeté au sol les affaires de l’élève, que, celui-ci l’ayant regardé de façon « dédaigneuse » il l’aurait « amené fermement » (l’élève prétend « traîné ») puis « poussé » (l’élève soutient « coincé contre le mur »). L’élève, et là tout le monde est d’accord, l’a alors traité de « connard » et la gifle est partie. Pour que vous ayez une idée de la scène sachez que l’élève a onze ans et pèse trente kilos, et que le professeur mesure un mètre quatre-vingt dix.

A la suite de cela, le professeur reconnaît avoir ordonné aux élèves de ne pas en parler à leurs parents.

Ceci, me direz-vous, ne change rien au fond : cet homme exaspéré a corrigé, certes un peu fermement, un petit imbécile.


Le problème a, alors, persisté à survenir.

A la consternation de la salle, quelques éléments ont apporté un éclairage nouveau sur la personnalité du professeur.

Celui-ci avait fait l’objet de trois plaintes successivement déposées et successivement retirées par son ex-épouse, pour violence. Différend conjugal, me direz-vous.

Plus étonnant, ce monsieur a fait l’objet d’une procédure pour avoir, un jour, suivi une autre femme sur un parking en la traitant de « salope ».

Si le dossier de ce particulier est quelque peu chargé en ce qui concerne les femmes et les enfants, il est en revanche, et c’est un point positif, vierge de toute violence concernant les hommes adultes.

Les problèmes du prévenu ne sont pas arrêtés là. Des élèves avaient prétendu que le professeur avait bu. Menteries, disent en cœur le professeur et la profession. Les policiers, le lendemain, le trouvèrent quelque peu alcoolisé (il déclara avoir bu pour se remettre). Or, il est apparu à l’audience que le prévenu serait prochainement jugé par le tribunal de grande instance de Lille, siégeant en formation correctionnelle, pour conduite en état d’ivresse à une date antérieure aux faits reprochés à Avesnes.


Il me semble dès lors, à la lecture de tout cela, que le prévenu n’a rien gagné à un procès public.

Bien plus, la thèse du « petit con qui a eu ce qu’il mérite », thèse qui fut la mienne, ne me paraît plus pouvoir être soutenue, alors que la thèse du père gendarme, qui était celle d’un homme costaud et violent, réglant ses problèmes personnels par la violence à l’encontre des plus faibles, gagne en crédibilité.

Je saisis donc cette occasion pour retirer ce que j’ai pu dire dans des messages antérieurs.
Utilisateur anonyme
27 juin 2008, 23:00   Re : Procès de la gifle.
Votre objectivité vous honore, cher jmarc. Il semble en plus que cet élève soit un excellent sujet, très doué. Mais admettez tout de même qu'il y a 30 ans à peine, dans les mêmes circonstances, ce jeune garçon n'aurait pas traité son professeur de connard. O the times, they are changing....
Bien cher Corto,


Vous avez raison. Cela aurait été inconcevable trente ans plus tôt.
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