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L'universel inversé : de la concorde à la concurrence

Envoyé par Florentis 
Bonjour, j'ai souhaité m'inscrire sur ce forum suite au constat suivant : de même que Renaud Camus, j'affectionne les néologismes. J'ai écrit récemment ceci sur un forum et j'aurais voulu avoir vos opinions.
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1°/ L'idéologie moderne
Il y a eu un curieux renversement, depuis le XIXème siècle dans les modèles intellectuels. Pour l'illustrer, voici une mise en parallèle de plusieurs idéologies.

- la lutte du bien contre le mal créa l'homme (manichéisme).
- la concurrence au travail créa la prospérité (libéralisme).
- la lutte des classes créa l'histoire (marxisme).
- la lutte des espèces créa l'évolution (darwinisme).
- la concurrence des partis créa le meilleur gouvernement.

Autrement dit, les idéologies modernes ont ceci de commun avec le manichéisme : la lutte, la concurrence est productrice de progrès.

Je nomme ces idéologies modernes polémosophies (grec polemos guerre, sophia, habilité = l'habileté par la guerre).

C'est un renversement, car historiquement, en France tout du moins, la pensée se fonde sur l'harmonie et la concorde, car, selon la religion chrétienne, et aussi Platon (lire le banquet de Platon, par exemple), L'amour est producteur de progrès.

C'est le sens même de mot philosophie (grec philia amour, sophia habileté : l'habileté par l'amour).

Comment l'Europe en est-elle arrivée là ?

2°/ Big brother est passé par là

Le latin universum, au XIIème siècle signifie au sens propre "être tourné d'un seul élan vers". Il sert à traduire dans la bible grecque le mot ὁμοθυμαδὸν, mot qui signifie étymologiquement "de même humeur". universum / ὁμοθυμαδὸν signifie alors "unanimement", "d'un commun accord", "de manière concordante", "avec concorde".

Avec la réintroduction d'Aristote en Europe, réapparaissent les écrits où universum est utilisé pour traduire la locution grecque καθόλου, locution qui signifie "en général", "pour tous". Par exemple, dans Hermeneia d'Aristote, l'on trouve : λέγω δὲ ἐπὶ τοῦ καθόλου ἀποφαίνεσθαι καθόλου, οἷον πᾶς ἄνθρωπος λευκός, οὐδεὶς ἄνθρωπος λευκός, (traduction : Ce que j'entends par énoncer une chose universelle d'une manière universelle, c'est dire, par exemple: Tout homme est blanc, aucun homme n'est blanc.) De cette réintroduction d'Aristote, s'ensuit une querelle philosophique : la querelle des universaux. C'est quoi l'universel ?

Personne n'y comprend plus rien, car le mot prend tout-à-coup 2 sens distincts.

- le premier ὁμοθυμαδὸν -> concordance concrète entre des êtres. (1)
- le second καθόλου -> concordance entre catégories abstraites. (2)

Au sortir de la querelle, c'est le second sens du mot qui prend le dessus : Pour être universels (ou : versés à l'unité), les hommes n'ont plus besoin de s'accorder concrètement, non, la concordance en pensée décrétée abstraitement suffit : l'homme est conçu universel, sans qu'il n'ait rien à faire pour cela... mais, si cet homme nouveau est alors versé à l'unité, ce n'est que de manière abstraite, dans l'esprit du savant, là où l'homme charnel est réduit à une instance particulière héritant des propriétés universelles d'une catégorie d'espèce : l'humanité.

Le premier homme est un sujet pensant, sensible et émotif. (ὁμοθυμαδὸν)
Le second homme est un objet, instance particulière d'une classe (καθόλου).

3°/ Le système économique d'ancien régime

Le système économique d'ancien régime est fondé sur les universités, mot qui dérive du sens (1) d'universum (celui ayant traduit ὁμοθυμαδὸν = "de manière concordante" ) et qui signifie assemblée.

Les universités d'ancien régime consistent en des assemblées d'artisans libres, les corporations, sorte de structures politiques où tout ceux qui partagent la même activité professionnelle se concertent et se concordent de manière à éviter toute forme de rivalité.

Le système est non seulement protectionniste, mais il est basé sur le monopole, car pour tout travail dans un secteur d'activité particulier il faut s'adresser à la corporation locale de cette activité.

Une corporation est un monopole de l'assemblée des artisans qui se concordent entre eux sur la manière optimale de régir leur métier.

Le mot métier vient du latin ministerium (qui a donné aussi ministère).

Autrement dit : une corporation est une structure économico-politique dont le ministère est la régulation d'une activité en un lieu par l'assemblée des artisans concernés.

Le système économique d'ancien régime est donc un système d'économie politique, auto-administré par les travailleurs, basé sur le protectionnisme, le monopole, et la concorde.

Certains dénomment ce système corporatisme, ce qui ne fait que désigner un système de corps sociaux. Le mot corporatisme a été clamé par le fascisme, mais ses corps étaient organisés selon une conception différente de celle évoquée ici : l'harmonie dans la lutte (le fascisme considérait que le lutte était ce qui permettait à l'homme de parvenir au progrès, cf la doctrine du fascisme de Mussolini), donc un espèce de mélange des conceptions économique d'ancien régime et du libéralisme. Il y a de plus un coté ésotérique dans le fascisme. L'Etat y est doté des attributs d'un Être, possédant conscience et volonté propre, une sorte d'égrégore, et chacun doit s'y plier (d'où son aspect totalitaire). Le système des universités d'ancien régime ne doit donc pas être confondu avec le corporatisme fasciste.

Il me faut donc trouver un autre terme.
Je désignerais donc le système économique des universités par politergisme (du grec politia "cité" et ergos "travail").

Le politergisme est le résultat direct de cette conception de l'universel insistant pour la concorde concrète entre les gens, car seul "l'amour est producteur de progrès".
C'est ce que montre le sens historique d'université, qui désigne à la fois :
- la qualité d'agir d'un commun accord, ce qui dérive du mot universel / universum / ὁμοθυμαδὸν.
- l'assemblée, la corporation, soit l'organisation sociale visant à créer dans les faits la concorde au travail par l'universement des artisans d'une activité.

4°/L'imposture libérale

Evidemment, ce politergisme, basé sur le protectionnisme et les monopoles locaux, ne fait pas l'unanimité. Il dessert les intérêts des oligarchies du commerce. Les grands marchands, du fait de leurs capacités économiques, sont entravés par le mille-feuille de l'économie d'alors. Beaucoup voudraient avoir les mains libres pour concourir sans entrave à la suprématie dans leur domaine, dans une sorte de guerre économique privée. Comme, avec la création de l'Etat, les guerres féodales privées pour la possession foncière ont été éradiquées, avec le soutien de l'Etat, le système des corps de métiers, empêche toute guerre économique privée.

C'est la théorie d'Adams Smith qui va donner les arguments nécessaires à ces oligarchies pour "prouver" le bien fondé de leur velléités combatives :

Une main invisible agit de sorte que la libre-expression concurrente des intérêts personnels produit le plus de prospérité possible...

La théorie libérale est née.
De manière surprenante, cette théorie, qui confine pourtant à la pensée magique, fait rapidement des émules : il faut croire que nombre de marchands, enrichis au commerce transatlantique, aimeraient gagner des parts de marché sur le continent... Cette conception accède à la réputation de vérité scientifique.

Le système politerge est alors contesté. Les monopoles locaux des métiers auto-administrés par les artisans locaux sont dénoncés comme autant d'entraves au "libre-commerce", comme des privilèges insupportables, et donc, selon, la théorie "libérale", comme une entrave à la prospérité.

Le libéralisme tient son nom à sa revendication de casser les monopoles - en fait structures de l'économie politique - : il faut "délivrer" le système économique des règles de l'économie politique (qui sont : il y a une concorde nécessaire à trouver entre tous les participants à l'activité) : il faut libéraliser l'économie. D'où l'invention du terme libéralisme, créé à partir du mot libéral (= qui laisse de la liberté à).

Dérivé ainsi du mot liberté, le libéralisme a quelque chose de rassurant, mais, en fait ce terme désigne très mal ce que sont exactement ses principes. Il me faut donc choisir un autre mot plus en accord avec ce qu'est exactement le libéralisme, dans son principe.

La concurrence au travail = polémergisme.
(du grec polémos : guerre, ergos : travail).

Ce nouveau mot désigne parfaitement son objet : le polémergisme consiste en :
- Guerre économique.
- OPA hostiles.
- Conditionnement mental des salariés au combat (discipline militaire en entreprise)
- Gagner des parts de marché.
- Marketing de combat.
- Propagande / publicité / polémiques.

5°/ les révolutions libérales polémerges

Le libéralisme polémergisme commence à s'installer en Angleterre après la révolution anglaise, où la monarchie anglaise, défaite et affaiblie, fait alliance avec les oligarchies économiques et bancaires, en acceptant l'ouverture des marchés à la concurrence, afin que celles-ci puisse se livrer sans entrave à la lutte pour la suprématie économique. Echange de bons procédés, ces oligarchies consentent à ne pas lutter pour la suprématie du pouvoir politique, à condition qu'elles puissent librement lutter pour la suprématie économique.

Premier coup de semonce en France. Turgot décide unilatéralement de dissoudre les structures du politergisme (les corporations), au nom du libéralisme polémergisme. Louis XVI revient sur cette décision qui fait un tollé.

C'est la Révolution "libérale" française, qui installera le libéralisme polémergisme, par le décret d'Allarde (dissolution des corporations) puis la loi Le Chapelier (interdiction aux ouvriers de s'associer pour protéger leurs marchés).

Les conséquences au XIXème siècle sont logiques :
- Réapparition de la féodalité (basée non plus sur la propriété foncière, mais sur la propriété du capital)
- Réapparition du servage (renommé salariat)
- Retour aux guerres privées féodales, dont la finalité change (conquête de territoires vs conquête de capital) et le moyen aussi (combat physique vs combat économique).

Conclusion :

La quasi-totalité de la classe intellectualo-médiatico-politique, attribuent, d'un commun accord, à la mise en concurrence des individus la vertu d'une loi économique indépassable et nécessaire, savent-ils vraiment ce pour quoi ils plaident ?

Quels sont les effets de la guerre au travail, le libéralisme polémergisme ?
- destruction du tissus économique du pays.
- suicide au travail.
- destruction de l'environnement.
- asservissement du salariat et des patrons en sous-traitance.

Le libéralisme polémergisme, c'est juste une guerre. La guerre ne construit rien, elle détruit, elle pille, elle abîme, elle crée de la misanthropie et de la discorde.

Tout les XIXème et XXème siècles ont amplement montré le poison idéologique et politique de la concurrence libérale du polémergisme : il ne s'agissait que de libérer les oligarchies de toutes contraintes politiques quant à la libre-expression de leurs velléités guerrières.

L'Europe s'est depuis auto-détruite, ou par la guerre véritable, ou par la guerre économique. Elle n'a eu de cesse de confondre pillage à court terme d'avec enrichissement à long terme, destruction d'avec construction.

La concurrence "libérale" est ce qu'il y a de plus mauvais, de plus vicieux, et le drame contemporain, c'est que toute l'élite la prend pour une vertu.

Le travail ne doit pas être fondé sur la concurrence, mais sur la concorde.

Le progrès ne vient pas d'un travail conçu comme un combat inter-humain, car cela produit de la discorde et donc porte l'auto-destruction en germe.

Le progrès vient de l'amour que les hommes mettent au travail, d'où la nécessité qu'ils ont à s'accorder pour y promouvoir la qualité et mettre à disposition de tous les meilleures techniques de production.

L'idéologie guerrière libérale doit être éradiquée.

Cette confusion a été possible du fait que l'homme est devenu un objet, instance abstraite d'humanité, sans sentiment ni charité, du fait du passage de l'universel concret (ὁμοθυμαδὸν) à l'universel abstrait (καθόλου).

L'homme n'est plus vu comme un sujet vivant,
Il est désormais vu comme un objet inerte.

Il est conçu interchangeable, manipulable, robotisable, nomadisable, uniforme.

L'universel s'est inversé.
Avant, c'était un but : l'universel était l'aboutissement d'un lent processus de concorde.
Aujourd'hui, c'est une origine : l'universel est postulé à priori, le processus générant la concorde est évacué et c'est la discorde généralisée.
Utilisateur anonyme
26 juin 2011, 17:37   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
C'est en tout cas à encourager, Didier. Voilà quelqu'un qui met en opposition l'aboutissement comme fruit d'un lent processus de concorde et d'organisation, fruit en lequel il nous invite à reconnaître l'universel et d'autre part l'universel par décret, robespierriste et transcendant, envers qui notre dette serait si inconnue qu'elle en serait insondable, et pour tout dire infinie, comme apparaît infini et inépuisable notre devoir d'appartenance envers tout ce qui nous précède, nous antécède sans vouloir se laisser connaître de nous. Mieux vaut devoir à ce que l'on connaît, ou à tout le moins à ce qui nous est connaissable et accessible par le fil de l'appartenance, de la mémoire et de la (t)race.

Pour peu que l'auteur de ce texte soit un homme encore jeune, on se prendrait à croire à une sorte de renaissance néo-confucéiste des esprits dans ce pays en état d'invasion. L'esprit, en Chine, fit éclore ainsi ses plus beaux fleurons aux pires moments de capitulation des politiques et d'infiltration des territoires par la barbarie.
Utilisateur anonyme
26 juin 2011, 18:52   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je remarquais surtout la divergence entre l'universel Chrétien / Platonicien / Socratique - concret, aboutissement d'un processus de concorde - et l'universel Aristotélicien - abstrait, décrété par l'intellect.

Le mot latin universum ayant traduit 2 mots grecs différents :
- ὁμοθυμαδὸν : "de même humeur" (dans la bible).
- καθόλου : "en général" (dans les catégories d'Aristote).

C'est ce qui ressort de mon étude. L'introduction d'Aristote fait changer la notion d'universel en occident. Une des traces de ce changement est que le mot université ou l'expression "université d'été" sont devenu impossibles à dériver par les règles créatives du langage.

C'est le début d'une dérive rationaliste à l'excès en l'occident, où la personne et sa dignité sont de moins en moins prise en compte par les intellectuels qui pensent de plus en plus l'homme comme un individu abstrait, tiré hors du réel.

Pour ne pas comprendre qu'installer politiquement et économiquement "la lutte de tous contre tous" (état sauvage et barbare de l'homme) au nom du progrès de l'humain, il fallait déjà être totalement hors de la réalité !

Pour être universel (au sens moderne), il faut être tous identiques, uniformisés.
Didier,

Votre phrase vous savez bien comme je suis ouvert, notamment à la jeunesse... qui doit cependant aussi apprendre à passer me semble ambigüe...

Ne voulez-vous pas dire se passer ?
Utilisateur anonyme
26 juin 2011, 19:48   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Florentis, pourquoi vos "polémosophies" s'échappent-elles ?
(L'idée en est-elle instable ?)
Qu'est ce qu'il vous fait dire que l'idée "mes polémosophies" s'échappent ?

Il me semble que le sens de ce mot, qui correspond au principe que "la guerre, la concurrence, la lutte serait productrice d'habileté, de sagesse, de gains" s'applique très bien à ce que je constate aujourd'hui.

Entre la lutte des sexes (le féminisme), la lutte des classes (marxisme), la concurrence libre et non faussée (le libéralisme), le concours des partis au suffrage (démocratie représentative), la lutte des espèces (darwinisme), ou encore le diihad (Islam), etc ... les polémosophies sont omniprésentes. Il suffit aussi de regarder aussi les postures et expressions servies par la publicité : des individus en concurrence.

Personnellement, il me semble que la lutte est plutôt destructrice qu'autre chose, qu'elle est nuisible. Les croyances polémosophistes crée la nocence, étant entendu que l'homme agit selon ses croyances. Personnellement, je suis plutôt d'une pensée de l'harmonie.

(A ce propos notez que, à l'inverse de Marx, je considère l'infrastructure comme ce qui est idéologique et moral, et superstructure ce qui est conditions matérielles. De mon point de vue, c'est de la qualité des moeurs que dépend les conditions matérielles.)

Le problème des polémosophies, c'est donc qu'elle légitiment la nocence, et, que, par conséquent, elles produisent des haines sociales, des haines de soi, de la misanthropie sélective (sexisme, racisme, classisme) et de la misanthropie tout court. Les polémosophies sont des croyances qui portent en germe l'autodestruction de l'humanité à terme.

Rien de bien nouveau. Entre le manichéisme et le christianisme, entre vouloir produire dans la lutte et vouloir produire dans l'amour, il faut choisir.
Mais "la guerre, la concurrence (et) la lutte" ne sont-elles pas justes, quand nous les voulons, et deux fois, quand nous les gagnons ?
(Je vous accorde qu'ailleurs elles sont abominables et l'homme qui les approuverait, un monstre.)
Que de mystères... D'où vient cette phrase ?
Quels mystères ? Il est simple de comprendre par exemple que si les chrétiens avaient recherché "l'harmonie" au coeur du moyen-âge, notamment face aux invasions armées venues des terres de l'Islam, nous ne serions plus là pour en parler.

Et dans ce cas, où aurait été l'in-nocence pour la civilisation européenne ?

(D'ailleurs on m'aurait signalé que le "in" de "in-nocence" signifiait le refus de la nocence. M'autorisez-vous alors à "combattre" la nocence, où dois-je être en "harmonie" avec elle ? - ce qui serait un non-sens !)
D'un autre coté, je n'ai pas du tout abordé ce sujet et il me semble que vous choisissez d'y voir ce que vous y projetez vous-même. Comme j'ai écrit sur un sujet attenant :
Citation

C'est une chose de faire la guerre pour se défendre, c'est légitime.
C'en est une autre d'institutionnaliser politiquement la loi de la jungle en prétendant que cela va améliorer les choses et que cela va produire la paix civile...

Aujourd'hui, à la fois le gouvernement refuse de nous mobiliser à nous défendre, mais en plus institutionnalise la loi de la jungle !

En fait, il y a une certaine logique...

Un bon gouvernement devrait faire en sorte que son peuple ne se combatte pas lui-même, afin qu'il soit en capacité de se défendre des invasions.

Mais, évidemment, comme les politiques n'ont pas les yeux en face des trous, ils font à l'inverse.

Dans mon écrit, je ne parle évidemment que d'une société ordonnée à progresser, en situation normale, hors agressions externes. Il est tout-à-fait légitime pour l'autorité politique de neutraliser les fauteurs de troubles. Aujourd'hui, le code de la concurrence Européen, c'est 1800 pages de règles légales. L'autorité politique oblige donc son peuple à se combattre mutuellement, dans le même temps qu'elle empêche toute intervention contre les migrations, sources évidentes de désordre, étant entendu que la haine du blanc et du chrétien est très commune en Islam... L'autorité politique organise elle-même les futures fractures raciales et religieuses du pays, ce qui est totalement irresponsable, vu que la chrétienté et l'Islam sont en guerre larvée depuis 1300 ans !

Ceci dit, que l'on s'entende bien, il demeure vrai que la guerre produit misanthropie (les gens étant porté à rejeter la faute sur "l'Autre"). C'est la raison pour laquelle, même dans la guerre, il faut aussi faire preuve de charité, c'est-à-dire gagner et être généreux avec le perdant. Sinon l'on se retrouve avec des guerres sans fin comme entre Israël et Palestine aujourd'hui, ou entre France et Allemagne hier. Rappelez-vous des excès du Traité de Versailles. Le vainqueur se doit d'être magnanime.

"Vous combattrez l'épée par l'épée". La doctrine de légitime défense n'est pas une polémosophie. Les polémosophies légitiment l'attaque, nuance !
Citation
Florentis
La doctrine de légitime défense n'est pas une polémosophie. Les polémosophies légitiment l'attaque, nuance !

L'attaque n'est-elle pas la meilleure défense ?

Et serais-je un polémosophiste en prenant l'initiative de ceci ou de cela ?

Citation
Moi
Mais "la guerre, la concurrence (et) la lutte" ne sont-elles pas justes, quand nous les voulons, et deux fois, quand nous les gagnons ?
Un peu, je trouve.
Le problème majeur est surtout d'identifier correctement l'ennemi. Il y a des ennemis rusés qui mènent des guerres insidieuses et invisibles.
Ce n'est pas le sentiment que je me fais de la situation : nos adversaires - les Amis du Désastre - nous expliquent ouvertement leurs plans parce qu'ils sont convaincus de prendre les bonnes décisions et qu'ils relativisent les conséquences négatives.
Florentis, l'Ego transcendantal d'Husserl confirmé par la phénoménologie génétique selon Abelio et la phénoménologie de la Vie selon Michel Henry serait-il la réalité pratique de l'objet que vous contemplez : l'universalité réelle?

L'universalité réelle n'a que faire des symboles sacrés : Dieu est présent dans l'hostie. Le monopole n'est pas l'universalité réelle, il en est le symbole. Il sacrifie, par la violence, les désirs inventifs pour prémunir les travailleurs de la guerre économique. Il impose par l'interdit (le Dieu absent de la religion, des jours chômés, des saints patrons) un symbole sacré de paix. La peur de la guerre de tous contre tous est d'autant plus grande qu'il n'y a pas de concorde réelle dans cette interdiction de la guerre.

Le monopole a-t-il en vue la concorde ou l'étouffement par les grandes gueules du métier de la liberté très concrète de celui qui entend jouer son destin sur les fruits de son effort (au risque de tout perdre) : casse la gueule au salaud qui veut tuer le métier! Il faut se méfier de la légende noire du libéralisme : pensez à l'affirmation de la vie quotidienne ou la voie laïque de la sainteté (Charles Taylor).

La concorde dans la liberté pourrait être la devise d'un libéralisme délivré de l'économisme.
Que le sujet réalise ses désirs et non pas les envies que lui dicte la société. Qu'il ne spécule pas sur les envies qu'il prête aux autres pour vendre et produire non les fruits de son désir mais les moyens de soulager ses envies.

Rousseau est de bon conseil. L'intérêt général s'oppose à tous les intérêts particuliers pour que dans l'ordre individuel l'amour de soi prime sur l'amour propre inspiré par l'orgueil et l'envie.
@Pyrrhon :
La doctrine de la légitime défense implique de bien discerner les ennemis ce qui permet d'utiliser les armes idoines.

"il faut combattre le glaive par le glaive", parole du Christ.

Il y a naturellement plusieurs ennemis aujourd'hui. l'un d'entre est l'Islam.
Historiquement, la France est fondée sur trois classes :
- la noblesse, chargée de la défense du territoire physique de la nation.
- le clergé, chargé de la défense du territoire spirituel de la nation.
- le tiers-état, chargé de la défense du territoire économique de la nation.

Depuis la révolution de 1789, la France est sans protection au niveau spirituel / idéologique, d'où sa faiblesse à résister à l'invasion des idéologies étrangères (marxisme, libéralisme, etc...). Les esprits sont faiblement équipés à contrer les entreprises de démoralisation.

Ceci est d'autant plus vrai en ce qui concerne l'Islam, car l'Islam est une foi.

La réponse adaptée au défi, c'est donc la foi : "il faut combattre la foi par la foi".

Le christianisme est donc un élément essentiel pour contrer l'irruption de l'Islam en France.

La pseudo-religion rationnaliste républicaine est inepte à cette fin, car la raison n'a pas de prise sur la foi. L'idéologie révolutionnaire, pseudo-religion universaliste et fausse foi, lutte sur un terrain inadéquat (terrain juridique plutôt que spirituel) avec des armes inadaptées (raison plutôt que foi).

Cela explique très bien la faiblesse de la réponse républicaine :
Quand elle voit venir, elle voit très peu. Quand elle choisit de combattre ce qu'elle voit, elle combat très mal !
@ "Pierre Henri"
J'ai toujours eu du mal avec cette notion d'intérêt général. C'est une catégorie abstraite, comme l'on en fait beaucoup, mais qui est, à mon avis, assez vide de sens concret.

L'intérêt vient du latin inter - esse. Remis en français moderne, cela donne l'inter-Être. L'intérêt est nécessairement entre plusieurs Êtres. C'est comme une corde, ou un drap, dont tous les concernés tiennent un bout. L'inter-Être, puisque partagé, n'appartient donc à personne. C'est de l'existence de ces inter-Êtres, choses qui ne peuvent faire objet de propriété exclusive, que découle la politique : chacun posté à un bout de la corde, il nous faut nous accorder sur nos mouvements, car ils sont nécessairement contraints par l'inter-Être qui nous lie.

Il y a peu, concrètement, d'intérêt général - qui concerne tout le monde à la fois : la langue ou la paix civile, à la rigueur sont de ces liens. Les intérêts sont nécessairement limités à ceux qui y sont impliqués. Il y a en revanche une foultitude d'intérêts, sur tous les plans : familiaux, professionnels, de voisinage, etc... Souvent, ces intérêts sont divergents, et le devoir de l'autorité politique est d'arbitrer entre ces intérêts antagonistes.

Historiquement, c'est le Roi qui était dévolu à cette tâche pour le pays, comme le père pour la famille.

Être impliqué dans un inter-Être fait que l'on ne peut plus agir à sa guise vis-à-vis de celui-ci, que l'on perd sa liberté.

La politique commence là où la liberté s'arrête.

En revanche, pour ce qui ne concerne que moi, je dois jouir de la plus grande des libertés, je n'ai pas de politique à faire vis-à-vis d'autrui, j'ai juste à me fier à ma gouverne intérieure.
"il faut combattre le glaive par le glaive", parole du Christ.

La référence, s'il vous plait.
C'est plutôt "tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée" en fait... Erreur de ma part.
Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 14:31   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Non, cela ne change rien, car il n'en demeure pas moins vrai que le meilleur moyen d'enrayer la progression de l'Islam, c'est de substituer à l'envoutement des esprits par les figures impitoyables et tyranniques d'Allah et Mahomet, l'envoutement par les figures bienveillantes et aimantes du Dieu chrétien et de son fils Jésus, donc de convertir les musulmans au christianisme.

Vous verrez que cela changera tout en matière de moeurs...

Il n'y a qu'un discours provenant de la foi qui puisse réaliser ceci, discours hélas aujourd'hui interdit par la laïcité qui proscrit toute manifestation publique de dévotion religieuse. Il faut donc "combattre la foi par la foi".
Cher Florentis,

La guerre des religions est-elle la seule alternative ?
Celles du moyen-âge ne vous ont-elles pas encore convaincues de cette impasse ?
Et au XIXème siècle : votre clergé et votre noblesse étaient encore très influents.
Mais ils ont finalement perdu, d'ailleurs avant tout en raison de leur goût naïf de la vérité - leur innocence !
Florentis, à cette échelle, ce n'est plus une "erreur". Ou bien si: c'est l'erreur du martien qui débarquant sur Terre dirait aux humains qu'il rencontre: "Faites excuse les gars, je cherchais Bételgeuse quand je suis tombé sur vous, faut pas vous inquiéter les gars, tout le monde peut se tromper, je repars aussi sec et bonjour chez vous".
Frère Francis, donnez-lui un pot de miel pour la route.
Oui. Au fond, il le mérite.
Une erreur factuelle dans l'attribution d'une citation n'a pas d'influence sur le raisonnement général.

J'entends : les guerres de religions ! La frousse laïque par excellence... Les religions n'existent pas, les religions n'existent pas... Sauf que dans la vraie vie, les religions existent.

La laïcité n'a donc abouti qu'à installer durablement une fracture religieuse dans le pays. La guerre qui s'en suivra sera incomparablement pire que toute celle que le pays a connu (pensez que la Saint-Barthélémy, évènement regrettable produit 7000 morts, comparez avec les 2 millions de morts consécutifs de la révolution ou les 1,5 millions de jeunes tués en 14....).

Il est vrai que les religions sont une forme d'envoutement (étymologiquement : un visage, une volonté en soi). Cet "envoutement" est utile lorsque l'angoisse ressentie bloque les capacités rationnelles.

Mais l'envoutement par un visage, une volonté tyrannique dont la fin est de soumettre autrui (le visage de Mahomet et d'Allah dans l'Islam), n'a rien à voir avec l'envoutement chrétien : la volonté bienveillante d'un père qui m'aime. La stagnation de l'Islam et sa propension à créer des tyran le montre bien : l'Islam est une impasse de civilisation.
Je vous en prie Florentis, je suis de ceux qui vous lisent avec sympathie et avec appétit, malheureusement, vous nous frustrez de ce que nous pourrions tirer de vos "raisonnements": veuillez être critique envers vos écrits, nous épargner la décourageante fatrasie. Par exemple, votre digression sur l'envoûtement, qui nous intéresserait, est ruinée par des apartés irrecevables tels que le visage de Mahomet et d'Allah dans l'islam mis entre parenthèse sans lien, sans éclairage. Qu'entendez-vous par visage ici ? Pouvez-vous raccrocher un tant soit peu votre exposé à ce qui a déjà été écrit et pensé par d'autres sur ce forum s'agissant de Mahomet, d'Allah et de leur(s) figure(s) non représentées, afin que l'on soit sûr qu'à vous lire, nous ne perdons ni notre temps, ni nos repères, ni de vue les prémisses, prolégomènes et attendus dont nous ont déjà fait bénéficier plus savants que nous sur ces sujets ? Essayez d'être noblement pédagogique comme celui que ses propres découvertes enchantent et qui voudrait nous enchanter à son tour. Nous vous attendons.
C'est un simple détour par l'étymologie d'envoûter. C'est lié à ce que j'ai déjà écrit (qui a été supprimé).

Mes perceptions,
de convoitise affectées,
par l'intellect collectées,
reliées en une intention,
puis avec stratégie,
j'agis.

Mes perceptions, par la convoitise affectées -> l'instinct, l'émotion, l'amour, l'affection, le pathos.
Par l'intellect collectées, reliées en une intention -> le logos ("l'intelligence présente son objet à la volonté", Saint Thomas d'Aquin), le verbe, "les raisons du coeur que la raison ignore" (Pascal).
puis avec stratégie, j'agis -> la raison (calculatrice), la logique, la ruse.

L'envoûtement, "ce visage en soi", intervient directement au niveau de la convoitise, et est donc, logiquement, comme un tropisme à la volonté, une orientation de celle-ci, d'où sa désignation.

En effet, comme l'angoisse bloque toute possibilité d'intellection, en des temps troublés, la seul chose sur laquelle on puisse s'appuyer est ce visage disponible en interne, cet envoûtement. C'est lui qui permet de continuer à vouloir et donc à agir, tel un funambule, même face à une situation qui pourtant devrait nous laisser complètement déprimé, choqué, interloqué.

Maintenant, je ne sais pas si il a été envisagé ici le "visage" créé en interne chez les musulmans par l'Islam, je n'ai pas eu le temps de parcourir tout le forum : je suis assez nouveau par ici. Si vous pouviez m'aider à y voir plus clair, je vous en remercie. Quel est donc ce "visage" créé par l'Islam chez les musulmans ? Que ressort-il du Coran ?
De l'amour ? Une logique ?
Oui, merci, ça s'éclaircit un peu. Ce que me paraît mériter comme objection votre méditation sur le visage et l'envoûtement est que l'Islam, justement, serait dans votre système, ou votre thèse, une volonté sans visage. Le visage de l'islam ne serait qu'une volonté.

Vous semblez nous suggérer ici un tableau typologique de la possession. Possession blanche, celle qu'un visage, mais plus vraisemblablement un masque, peut induire, cependant que le risque existerait d'un envoûtement sans visage, qui ne serait pas chrétien, non plus qu'humain, sans masque aucun et sans masque de masque, sans dévoilement possible. L'islam serait l'envoûtement noir de la volonté pure, indévoilable, au-delà de tout visage. La volonté pure serait indévoilable car elle ne saurait être ni dé-visagée, ni en-visagée. C'est ça ?

Mais qu'appelez-vous "visage créé en interne" ? S'agit-il d'un visage que la volonté préserverait comme visée par-delà le stade des convoitises ? Ce "visage créé en interne" est-il dans votre raisonnement un indice que la volonté ne saurait se constituer sans l'artifice d'un visage, aussi incréé soit-il ?
Citation
Florentis
...pensez que la Saint-Barthélémy, évènement regrettable produit 7000 morts...

Et le sac de Magdebourg : la ville protestante est pillée par les troupes impériales lors de la guerre de Trente Ans, seuls 5 000 des 30 000 habitants survivent. «La dévastation est si lourde que l'expression "magdebourisation" reste pendant des décennies synonyme de destruction, de viol et de pillage. Pour les catholiques, elle était la manifestation de la colère divine.»

Atroce envoûtement, non ?
02 juillet 2011, 20:25   Sanson
» Mes perceptions,
de convoitise affectées,
par l'intellect collectées,
reliées en une intention,
puis avec stratégie,
j 'agis.



Vos perceptions sont affectées par la convoitise ??? Pardonnez-moi, Florentis, mais je trouve encore la sotte sotie moderne qu'est la phrase liminaire de la Déclaration plus claire, à tout prendre.

Quant au "visage en interne" de l'islam, il n'y en a pas. C'est interdit. Pas de visages. Infigurabilité absolue de Dieu, et du reste d'ailleurs. Il en ressort qu'il ne peut y avoir de visages. Vous avez bien choisi votre question. Les hommes sont donc des personnages, ils avancent masqués. Taqîya oblige.
Alain,

Ces questions de représentation du visage (ou, plutôt, de sa prohibition) sont-elles musulmanes ou arabes ?

Le monde perse et le monde turc ont très fréquemment représenté les visages.


Ici, Jésus :


Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 21:49   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Didier,

La représentation de Dieu est effectivement interdite par l'islam, l'interdiction de celle de l'homme est très contestée. Visitez les musées turcs, vous verrez les merveilles réalisées au temps des ottomans, qui étaient pourtant musulmans.
Jean-Marc, je vous invite à lire l'article consacré à ce sujet sur Wikipédia, "Représentation figurée dans les arts de l'Islam", qui est ma foi assez instructif.
Toujours est-il que l'esprit (et souvent la lettre, me semble-t-il) qui se dégage de l'aniconisme musulman est double : l'infigurabilité de Dieu Lui-même est affaire entendue : l'Unique ne saurait avoir de visage, il ne pourrait être représenté.
Il y aurait là du reste un ravalement de l'Imprésentable à des catégories humaines ; puis l'homme lui-même ne devrait, en principe, représenter des êtres vivants, car ce serait faire preuve d'immodestie en se hissant au niveau d'un créateur.

Assez souvent, après la sortie du Shabbat, je vois dans l'autobus de jeunes religieuses, mignonnes comme des cœurs avec leurs collerettes et jupes plissées, papoter entre elles, chuchotant en yiddish, en s'échangeant avec des émotions de groupies de petites images de vénérables et bellement barbus grands rabbins. C'est très curieux...
Oui, je suis assez de votre avis. Si la représentation de Dieu est interdite, alors celle des êtres vivants doit l'être, logiquement. C'est en effet ce que font les saoudiens.
Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 22:04   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Didier,


Votre "confessé" semble sacrément allumé, pardonnez-moi le terme.
Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 22:12   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Oui, je sais que parmi eux il y a de fort nombreux cinglés. Je vais parfois lire leurs forums, c'est, comme on dit, "du grand délire".
Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 22:17   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Vous avez raison.

Ceci dit, ce fanatisme est à la fois une grande force mais aussi une grande faiblesse.

Savoir comment chaque acte doit être accompli sous le regard de Dieu rassure le fanatique et lui donne force et courage.

En revanche, dès lors que le fanatisme a prise sur une population, les ennuis commencent pour le fanatique. En effet, dire à une civilisation machiste "la femme est inférieure à l'homme, elle est là pour le servir", ça passe très bien ; imposer ensuite aux mêmes hommes mille et une contraintes, c'est un très sûr moyen pour se retrouver à terme pendu à un arbre ou jeté aux chiens.
Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 22:26   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
J'ai par exemple l'impression que le régime mollesque rencontre en Iran des difficultés de plus en plus sérieuses.
Utilisateur anonyme
02 juillet 2011, 22:52   Re : L'universel inversé : de la concorde à la concurrence
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Francis Marche
Oui, merci, ça s'éclaircit un peu. Ce que me paraît mériter comme objection votre méditation sur le visage et l'envoûtement est que l'Islam, justement, serait dans votre système, ou votre thèse, une volonté sans visage. Le visage de l'islam ne serait qu'une volonté.

Vous semblez nous suggérer ici un tableau typologique de la possession. Possession blanche, celle qu'un visage, mais plus vraisemblablement un masque, peut induire, cependant que le risque existerait d'un envoûtement sans visage, qui ne serait pas chrétien, non plus qu'humain, sans masque aucun et sans masque de masque, sans dévoilement possible. L'islam serait l'envoûtement noir de la volonté pure, indévoilable, au-delà de tout visage. La volonté pure serait indévoilable car elle ne saurait être ni dé-visagée, ni en-visagée. C'est ça ?

Mais qu'appelez-vous "visage créé en interne" ? S'agit-il d'un visage que la volonté préserverait comme visée par-delà le stade des convoitises ? Ce "visage créé en interne" est-il dans votre raisonnement un indice que la volonté ne saurait se constituer sans l'artifice d'un visage, aussi incréé soit-il ?

J'ai peut-être été trop vite.
Envoûter est issu du latin vultus, qui signifie "physionomie, visage" avec le préfixe en- (dedans)
vultus est lui-même issu du latin volo qui signifie vouloir.
On a la citation de Cicéron :imago animi vultus est. (le visage est le miroir de l'âme). La volonté et les émotions se lisent sur le visage.

Il est clair qu'ayant récemment retrouvé ma foi, je ressens réellement ce visage intérieur. Mais cela reste de l'ordre de l'impression pure. Un aveugle perçoit lui-aussi les visages, même si ce n'est pas par la vue. Mais j'aurais pu aussi dire "idée créée en interne", avec idée dans le sens de la philosophie grecque idea "forme idéale concevable par la pensée", ou encore utiliser le terme d'idole (du grec εἴδωλον), de même origine.

Si l'Islam interdit toute représentation imagée, lire un écrit produit toujours en le lecteur des images, du simple fait de son imagination. Et donc un écrit divin produit bel et bien une figure de la divinité dans l'intériorité du croyant.

Le problème que pose l'Islam, de mon point de vue, c'est que la figure de la divinité créée dans l'intériorité du croyant est un Être d'une volonté arbitraire, enclin à soumettre par tous les moyens les mécréants. C'est la figure d'une divinité tyrannique.
Citation
Pyrrhon
Citation
Florentis
...pensez que la Saint-Barthélémy, évènement regrettable produit 7000 morts...

Et le sac de Magdebourg : la ville protestante est pillée par les troupes impériales lors de la guerre de Trente Ans, seuls 5 000 des 30 000 habitants survivent. «La dévastation est si lourde que l'expression "magdebourisation" reste pendant des décennies synonyme de destruction, de viol et de pillage. Pour les catholiques, elle était la manifestation de la colère divine.»

Atroce envoûtement, non ?

Cela dit, la guerre existe, qu'il y ait des motifs religieux ou non. La guerre est la conséquence des fractures au sein de l'humanité. L'humanité se déchire fréquemment et les motifs sont divers.

Installer en France une fracture religieuse et des fractures raciales, que voilà un bon moyen d'aller vers la guerre civile !

Le cas que vous citez est un très bon exemple des horreurs qui peuvent émerger d'une entité politique unique scindée en religions antagonistes. Ici, la fracture religieuse précède les exactions guerrières. Le massacre en est le résultat final.

1er temps
cause : fracture religieuse
effet : factions antagonistes.
2ème temps
cause : n'importe quel incident - jusqu'au plus bénin
effet : guerre civile entre factions antagonistes.

Une fracture raciale ou ethnique aurait le même effet (voir Rwanda ou Soudan).

Deux solutions s'offrent à nous :
- soit l'on ne fait rien, et on attend un nouvel incident bénin pour voir poindre la guerre civile (comme la mort de jeunes suite à une course-poursuite avec la police) - choix laïc.
- soit; puisque l'on ne pourra résorber la fracture raciale, on tente de résorber la fracture religieuse par la conversion pour limiter les dégâts dans l'avenir - choix chrétien.
03 juillet 2011, 00:46   Re : Sanson
Citation
Alain Eytan
» Mes perceptions,
de convoitise affectées,
par l'intellect collectées,
reliées en une intention,
puis avec stratégie,
j 'agis.



Vos perceptions sont affectées par la convoitise ??? Pardonnez-moi, Florentis, mais je trouve encore la sotte sotie moderne qu'est la phrase liminaire de la Déclaration plus claire, à tout prendre.

Oui. Il faut lire la chose dans l'ordre temporel.

Ce que je convoite, c'est ce qui m'attire, c'est le beau, le bien, l'absence de mal ou son éradication.

Ce qui n'est pas noté ici, c'est le fait que selon l'intensité convoitise, si elle trop forte, l'acte sera un réflexe : si je touche une braise, je la relâcherais sans y réfléchir. En revanche, si l'intensité de la convoitise est modérée, l'action sera réfléchie, elle passera par l'intellect selon un processus qui me semble similaire à celui que j'ai décrit.

Note : la voie réflexe est beaucoup plus rapide que la voie réfléchie.

Vous pouvez rapprocher ma notion de convoitise à la notion d'appétition chez Leibniz, dans cet extrait de la monadologie.


11. Il s'ensuit de ce que nous venons de dire, que les changements naturels des Monades viennent d'un principe interne ; puisqu'une cause externe ne saurait influer dans son intérieur.

12. Mais, il faut aussi, qu'outre le principe du changement il y ait un détail de ce qui change, qui fasse pour ainsi dire la spécification et la variété des substances simples.

13. Ce détail doit envelopper une multitude dans l'unité ou dans le simple ; car tout changement naturel se faisant par degrés, quelque chose change et quelque chose reste, et par conséquent il faut que dans la substance simple il y ait une pluralité d'affections et de rapports, quoiqu'il n'y ait point de parties.

14. L'état passager qui enveloppe et représente une multitude dans l'unité ou dans la substance simple n'est autre chose que ce qu'on appelle la perception, qu'on doit distinguer de l'aperception ou de la conscience, comme il paraîtra dans la suite ; et c'est en quoi les cartésiens ont fort manqué, ayant compté pour rien les perceptions dont on ne s'aperçoit pas. C'est aussi ce qui les a fait croire que les seuls esprits étaient des Monades, et qu'il n'y avait point d'âmes des bêtes ou d'autres entéléchies et qu'ils ont confondu avec le vulgaire un long étourdissement avec une mort à la rigueur, ce qui les a fait encore donner dans le préjugé scolastique des âmes entièrement séparées et a même confirmé les esprits mal tournés dans l'opinion de la mortalité des âmes.

15. L'action du principe interne, qui fait le changement ou le passage d'une perception à une autre, peut être appelée appétition : il est vrai que l'appétit ne saurait toujours parvenir entièrement à toute la perception où il tend, mais il en obtient toujours quelque chose, et parvient à des perceptions nouvelles.



Il me semble évident que ce qui est perçu provoque convoitise. Un fumeur en manque percevant du tabac voudra fumer. Un homme en mal de sexe percevant une belle femme, sera attiré.

La publicité ne joue qu'à tenter d'éveiller la convoitise pour un produit en donnant à percevoir.

Le corbeau, perçois la flatterie et en convoite d'avantage, mais il en fait tomber son fromage...
03 juillet 2011, 02:24   Re : Sanson
Mais peut-être que votre récrimination vient de l'usage du verbe affecter et non du concept de convoitise.

Bien, j'entends le verbe affecter comme le sens (I-A-1) du sens 2 du verbe affecter tel que définit ici : "produire un effet (principalement physique)".



I.− Lang. commune
A.− Emploi trans. Produire un effet sur quelqu'un ou quelque chose de manière à y déterminer une action ou une modification. Synon. atteindre, impressionner, toucher.
1. [L'obj. désigne une chose] Produire un effet (principalement physique) :
1. L'articulation est donc, suivant moi, une modification du son, qui n'en est ni la voix ni le ton, qui ne les altère point, et qui en diffère en ce qu'elle n'affecte le son qu'au moment où il commence, et qu'ensuite elle ne s'y fait plus remarquer pendant tout le temps qu'il se prolonge. C'est proprement la manière dont le son commence à nous affecter, le résultat de la manière dont il commence à être produit.
A.-L.-C. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie, Grammaire, 1803, p. 339.
2. La baisse réelle peut être générale, et affecter tous les produits à la fois, comme elle peut être partielle, et n'affecter que certaines choses seulement.
J.-B. Say, Traité d'économie politique, 1832, p. 325.
3. Le sujet de la sensation n'est ni un penseur qui note une qualité, ni un milieu inerte qui serait affecté ou modifié par elle, il est une puissance qui co-naît à un certain milieu d'existence ou se synchronise avec lui.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 245.



Pour mieux expliquer, la perception est, de mon point de vue un objet physique. C'est ce que l'on prend à travers soi du monde extérieur, une sorte d'idée (dans le sens "forme distinctive concevable par la pensée"), représentant le monde extérieur.

Une fois cet objet perceptif créé en nous-même, la convoitise, qui dépend de notre état corporel (faim si manque de nourriture, froid si manque de chaleur, etc...) le modifie selon une pluralité d'affection et de rapport, ce qui produit une multitude d'objets affectifs.

Ce sont ces multiples objets affectifs qui sont recueillis par l'intellect, puis triés, puis rassemblés en un objet unique présenté à la volonté.

De mon point de vue, le cerveau fonctionne de manière analogue à ceci :




A comparer avec un cerveau en activité :







Donc, de mon point de vue, la perception est un véritable objet physique, électrique, qui fait sens en nous (une idée).
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 13:55   Manque d'ambition
Citation
Divin Florentis
Ce qui m'attire, c'est le beau, le bien, l'absence de mal ou son éradication.

Vous manquez d'ambition, Florentis. Ajoutez le vrai dans votre énumération et vous serez alors d'une perfection irréprochable.

Citation
Florentis fourbissant son fusil
Deux solutions s'offrent à nous :
- soit l'on ne fait rien, et on attend un nouvel incident bénin pour voir poindre la guerre civile (comme la mort de jeunes suite à une course-poursuite avec la police) - choix laïc.
- soit; puisque l'on ne pourra résorber la fracture raciale, on tente de résorber la fracture religieuse par la conversion pour limiter les dégâts dans l'avenir - choix chrétien.

Dites-moi, dans votre seconde alternative, vous convertissez aussi les athées, les juifs et les bouddhistes pendant votre croisade ?
03 juillet 2011, 17:09   Re : Manque d'ambition
Citation
Henri Lesquis
Citation
Divin Florentis
Ce qui m'attire, c'est le beau, le bien, l'absence de mal ou son éradication.

Vous manquez d'ambition Florentis. Ajoutez le vrai dans votre énumération et vous serez alors d'une perfection irréprochable.
A vrai dire le moi que j'utilisais ici s'entendait comme "tout être". Comprendre donc :
Ce qui attire tout être, c'est le beau, le bien, l'absence de mal ou son éradication.
C'était une définition de la convoitise. La convoitise du vrai existe, mais elle me semble moins fréquente.

Notez qu'ici je définis le bien comme ce qui m'attire (pour une personne particulière). Par conséquent, pour un sadique, le bien, c'est de faire du mal à autrui; pour le masochiste, le bien, c'est d'avoir mal.

En revanche, la notion du Bien comme concept général au niveau de la société est plus difficile à déterminer, et ce n'est pas de ce Bien-là que je parlais.

Citation
Henri Lesquis
Citation
Florentis fourbissant son fusil
Deux solutions s'offrent à nous :
- soit l'on ne fait rien, et on attend un nouvel incident bénin pour voir poindre la guerre civile (comme la mort de jeunes suite à une course-poursuite avec la police) - choix laïc.
- soit; puisque l'on ne pourra résorber la fracture raciale, on tente de résorber la fracture religieuse par la conversion pour limiter les dégâts dans l'avenir - choix chrétien.

Dites-moi, dans votre seconde alternative, vous convertissez aussi les athées, les juifs et les bouddhistes pendant votre croisade ?
Il ne s'agit pas d'une croisade, mais de permettre à l'Eglise de s'exprimer publiquement, alors qu'elle est aujourd'hui cantonnée dans la sphère privée.
Cela permettra aux primo-arrivants de mieux comprendre les moeurs de notre pays.
Il ne peut y avoir, selon moi, égalité de traitement entre la religion chrétienne, religion historique du pays, qui a accompagnée son développement, et la religion Islamique, religion récente, aux dogmes violents, et dont les pays où il est implanté ont stagné.

L'histoire a montré que la religion chrétienne est une bonne religion, car c'est en son sein qu'ont eu lieu les révolutions scientifiques, l'écrasante majorité des inventions techniques et toutes les structures du monde moderne. On ne peut pas en dire autant des religions Islamiques, et Bouddhistes.

Le problème tient surtout aux moeurs. La figure de divinité dans l'intériorité du croyant fonde des moeurs particulières. Cela se voit dans les yeux.
Regardez les yeux des arabes coptes et ceux des arabes musulmans d'Egypte : il y a une différence flagrante.



Les athées "desouches" ont hérités de ces moeurs par attavisme paternel (ou imitation). Si la figure de la divinité d'amour dans leur intériorité est devenue un peu palotte chez eux, il la possède néanmoins. Ils ont justes quelques problèmes pour gérer leurs moments d'anxiété, mais ce n'est pas un problème social.

En fait, ce problème posé en France existe pour tout le bassin méditerranéen et cela fait 1300 ans que cela dure ! Il faudra bien le résoudre un jour. De ce point de vue, la situation actuelle est cruciale pour l'avenir. La résoudre honorablement serait bénéfique. Mais je n'ai pas vraiment la réponse. Je réfléchis.
Peut-être que ma solution n'est pas adéquate. Peut-être faudrait-il aller vers une réciprocité.
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 17:22   Re : Manque d'ambition
Citation
Florentis
Le problème tient surtout aux moeurs. La figure de divinité dans l'intériorité du croyant fonde des moeurs particulières. Cela se voit dans les yeux.
Regardez les yeux des arabes coptes et ceux des arabes musulmans d'Egypte : il y a une différence flagrante.

Et la fourberie se mesure à la taille du nez ? Éclairez-moi, Florentis, je vous en prie.
03 juillet 2011, 17:33   Re : Manque d'ambition
imago animi vultus est : le visage est le miroir de l'âme (Cicéron).
La volonté et les émotions se lisent sur le visage et en particulier dans les yeux. L'homme ne sait pas trop bien mentir.
C'est un constat.
L'intelligence des émotions d'autrui est importante et il existe des indices concrets.

Mais la forme du nez, la taille du crâne n'apportent aucune information sur ces sujets.

Comparez les regards, vous verrez !
Oui, le regard est important, voici un exemple de douceur :

03 juillet 2011, 17:47   Re : Manque d'ambition
Qui est-ce ? Un franc-maçon ? Il a l'air illuminé. Aurait-il pratiqué l'ésotérisme ?
Cet homme ne perdait jamais la tête, malgré son air illuminé.
03 juillet 2011, 17:54   Re : Manque d'ambition
Ok, j'ai vu : c'est Anatole Deibler, bourreau de métier... Je comprends mieux...
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 17:56   Re : Manque d'ambition
Florentis, vous compariez « le regard des arabes coptes et [celui] des arabes musulmans d'Égypte ». Maintenant, vous me parlez de l'âme qui se lirait dans le regard... Il s'ensuivrait que tous les arabes coptes aient la même âme ?

Soit. Voyez, dans ce regard je lis la douceur et la mélancolie ashkénazes :


03 juillet 2011, 18:04   Re : Manque d'ambition
Surtout le regard d'un mec qui est rongé par ses vices... et a la trouille qu'on les découvre...

Mais comme je disais toute religion est un envoûtement, elle crée une figure divine en soi; figure divine à laquelle on se raccroche et qui nous guide en période d'anxiété. Par conséquent, cela conforme les âmes et donc donne une homogénéité aux regards dans ces périodes d'anxiété.

Mais entendons-nous bien, l'âme est propre à chacun, unique et personnelle. C'est la "figure divine" sise dans l'intériorité du croyant qui produit des expressions émotionnelles communes.

Cette "figure divine" produit un biais émotionnel ou tropisme à la volonté commun, en quelques sortes.
03 juillet 2011, 18:14   Re : Manque d'ambition
La civilisation chrétienne, mais avant elle, probablement, toute la grande civilisation romaine, a consisté à rendre redondant le masque. Quelle est l'utilité du masque dans les sociétés traditionnelles? il est probable que le masque y existe encore pour occulter, bloquer, offusquer tout départ de la civilisation vers un devenir qui lui échapperait. Mais il existe un curieux masque, une curieuse plastique chez les populations romanisées qui tolèrent de laisser affleurer leur âme, qui filtre cet affleurement. On m'a dit récemment que lorsqu'un catholique veut voler, cela sur voit sur son masque; à la différence des autres chrétiens qui savent masquer le vol par le sourire, le catholique, dépouillé de son masque, romain non évolué, se trahit. Jamais je n'aurais perçu ni osé penser cela, pourtant, cela est vrai.

Le masque est d'une grande pureté, il prévient l'adultération de soi, de ses anciens, de ses pères, il prévient tout départ de tous ceux que l'on n'a pas assez connus ni compris mais que l'on a fait siens de longtemps.

Je ne sais à quoi un visage français, de souche, se reconnaît entre mille, sans doute parce que son âme est encore nue comme la limace, vulnérable, sa modernité à présent arriérée, sa modernité sans masque archaïque, le dénonce, dénonce l'arriération moderne en lui, qui le laisse sans protection, le promet à l'extinction prochaine.

Dans les temps qui viennent celui qui sera sans masque sera sans visage -- masque qui est miroir à repousser les regards, dispositif répulsif dirigé contre le regard et l'âme de celui qui dirige son regard et tourne son visage regardant vers nous. Le masque internalisé, celui que tend encore innocemment au monde primitif le résidu romain moderne à peau nue et vierge, est appelé à disparaître, vaincu par la corne des masques extérieurs, ceux que forme la peau qui s'affirme, ceux de la violente ethnie, ceux du reproche guerrier des hommes que la modernité ne surprend pas, ceux des hommes à l'âme protégée, dont l'intériorité se veut occulte et réservée.

Quel visage opposer ou offrir, en soi et au-delà de soi à ceux qui n'ont pour tout visage qu'un dispositif de réserve, d'occultation et de répulsion ? S'il existe un "visage-icône" qui, de notre intérieur, guiderait notre rédemption, à qui et vers qui ce visage serait-il tourné tel un masque d'un autre ordre qui servirait aux hommes de fanal ?
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 18:16   Re : Manque d'ambition
Florentis, écrivez-nous un Traité des mœurs par l'analyse du regard, dans le style XIXè siècle. Je serai le premier à le lire, croyez-moi. Mon voisin a un regard inquiétant ; j'aimerais bien connaître, sans lui demander, ses pratiques religieuses ou morales ou, à défaut de cela, connaître ses habitudes quotidiennes — votre livre me sera d'un grand secours.
03 juillet 2011, 18:31   Re : Manque d'ambition
Je me disais bien que c'était le 19ème siècle qui vous hantait...
Mais le fait est que j'ai remarqué cette différence.
Chez Saïd Oujibou, c'est flagrant.





Mais bon, ce n'est, à mon avis pas une science exacte vu que chacun s'exprime à sa manière, et de plus l'on ne peut lire que des émotions générales (haine, amour, orgueil, etc...) sans vraiment savoir ce qui les cause.

Donc un livre sur ce sujet me semblerait très téméraire et non pertinent, contrairement à un livre traitant de mon hypothèse sur le cerveau, ou du thème qui a initié le fil de discussion.
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 18:35   Re : Manque d'ambition
Vous manquez d'ambition, Florentis, je vous le répète... N'ayez pas froid aux yeux, écrivez ce Traité des mœurs par l'analyse du regard ; vous fonderez ainsi la psychophysiologie morale.
03 juillet 2011, 18:45   Re : Manque d'ambition
Comparez, je vous prie, dans la vidéo (faites image fixe) :
- à 0'48 quand Oujibou dit "j'ai pratiqué ma religion (musulmane) avec force et conviction"
- à 5'10 quand Oujibou dit "Merci".
C'est flagrant, le regard n'a rien à voir.

Mais je vous répète, ce travail n'est pas pour moi. Je suis assez dénué d'intelligence émotionnelle.
C'est plus un truc de femme.
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 18:48   Re : Manque d'ambition
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 18:49   Re : Manque d'ambition
Cette étude de cas constituera votre premier chapitre. Allez-y, les plus grands psychologues sont des hommes, n'ayez pas honte.
03 juillet 2011, 18:53   Re : Manque d'ambition
Que j'aimerais être Socrates. Pas pour sa fin, mais pour avoir un Platon qui écrit à ma place. Pour réagir du tac-tac ça va, mais pour faire un ouvrage structuré, bof... Les profs m'ont toujours ennuyés à vouloir me faire faire des plans. Mais je ne supporte pas ça.
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 19:14   Re : Manque d'ambition
Citation
Francis Marche
On m'a dit récemment que lorsqu'un catholique veut voler, cela sur voit sur son masque; à la différence des autres chrétiens qui savent masquer le vol par le sourire, le catholique, dépouillé de son masque, romain non évolué, se trahit. Jamais je n'aurais perçu ni osé penser cela, pourtant, cela est vrai.

Ah, vous aussi, Francis, vous faites de la psychophysiologie morale... Eh bien, cette discipline a de l'avenir visiblement !
03 juillet 2011, 19:37   Re : Manque d'ambition
Revenons à nos moutons.

Pourquoi fais-je une analogie entre une boule de plasma et le cerveau ?

1) Une des grandeurs caractéristiques d'un plasma est la longueur de Debye. Celle-ci est non seulement valide dans le vide mais aussi dans un électrolyte. Or l'eau est un électrolyte et nous en serions composés à 70%.

2) le plasma (physique) fait montre de capacités d'auto-organisation qui ne sont pas sans rappeler le vivant.

3) La désignation même du plasma physique par Irwing Langmuir est issu d'une analogie avec le plasma sanguin car il y voyait des structures semblables.

4) le cerveau est le siège de transports électriques au sein d'un réseau humide. Ces transports électriques ont donc les mêmes contraintes de déplacement, où qu'ils soit situés.

Par conséquent, il s'ensuit que la vie biologique, c'est de l'électricité dans l'eau, et que toutes les structures biologiques sont formées par l'électricité.

De plus, des flux électriques parcourant l'espace, il s'ensuit que l'univers lui-même est vivant. Donc que l'humanité est un vivant aqueux, dans un vivant cosmique.

Partant de là, 2 solutions :
- Soit l'univers se crée de lui-même (big bang). Or, un être vivant qui se crée lui-même est une définition de Dieu. Donc l'univers est Dieu. C'est l'hypothèse animiste.
- Soit il préexiste un Dieu à l'univers, et celui-ci le crée. C'est l'hypothèse chrétienne.
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 19:44   Pertinence
Si je puis me permettre, Florentis, êtes-vous certain que "vos moutons" soient appréciés en terres in-nocentes ?
03 juillet 2011, 19:48   Re : Manque d'ambition
C'est à vous de me dire que je sache...
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 19:53   Re : Pertinence
Il me semble que le fin psychologue que vous êtes pourrait tout à fait distinguer entre pertinence et impertinence.
03 juillet 2011, 20:09   Re : Manque d'ambition
Ma psychologie s'enraye dès que mes passions me transportent.
Utilisateur anonyme
03 juillet 2011, 20:12   Re : Manque d'ambition
(Message supprimé à la demande de son auteur)
03 juillet 2011, 22:01   Re : Manque d'ambition
"Le problème que pose l'Islam, de mon point de vue, c'est que la figure de la divinité créée dans l'intériorité du croyant est un Être d'une volonté arbitraire, enclin à soumettre par tous les moyens les mécréants. C'est la figure d'une divinité tyrannique."

Pas possible ! ça alors !
04 juillet 2011, 01:36   Re : Manque d'ambition
Du coup, cela rend difficile l'exercice de l'universel concret (la concorde) si certains sont enclins à soumettre ceux avec qui ils devraient s'entendre pour cohabiter pacifiquement.
Imaginons ainsi demain une religion "mondiale" qui nous expliquerait que nous devons tous nous y convertir pour mettre fin aux conflits religieux sur terre... Où commence et où s'arrête cette logique du "même" ?
Disons qu'il vaut mieux des localités sans fracture religieuse pour éviter les problèmes. Les relations entre groupes distincts étant soigneusement contrôlées.

La variété est une bonne chose, mais au sein d'une même entité politique, cela fait courir le risque de guerres civiles, et le pays devient fragile face aux provocations et aux entreprises de déstabilisation.

Il y a moult exemples historiques : Saint Empire, Espagne, Liban, Yougoslavie, etc...

Le problème qui se surajoute vient ici surtout de cette figure tyrannique d'Allah, qui ordonne de soumettre tout non-musulman. Difficile de fonder une coexistence pacifique. Déjà qu'entre personnes d'une même famille, ce n'est pas toujours facile.
N'y-a-t-il pas un monde entre convertir des ennemis à la "même" religion et séparer des adversaires qui ne s'entendent pas ?
04 juillet 2011, 03:56   Re : Manque d'ambition
Je ne fais rien du tout Henri, je rapporte ce qu'on m'a dit, ce qui déjà, semble-t-il, est assez risqué.
04 juillet 2011, 07:49   Re : Manque d'ambition
Le principe du Cujus regio, ejus religio (tel prince, telle religion), qui fut à la base de la Paix d'Augsburg, est un exemple concret d'application de cette sagesse décrite par Florentis. Qu'en serait la version moderne ? Telle majorité populaire, telle religion ?

On peut noter que ce principe, proposé à l'origine par des protestants a été difficilement accepté par les catholiques parce qu'il est peu compatible avec l'autorité pontificale.
04 juillet 2011, 09:28   Re : Manque d'ambition
Le problème étant que, suite à cela, l'entité politique du saint-Empire étant profondément divisée, la première étincelle (dans ce cas la défenestration de Prague) a remis le feu aux poudres. Que les sociétés scindées par une fracture religieuse sont fragiles !
04 juillet 2011, 12:55   Re : Manque d'ambition
Mais quand la scission est consommée, quelle qu'en soit la raison ou les responsables, que faut-il faire ? - Convertir de force la plus faible des parties, et sinon envoyer au bûcher ceux qui s'y refusent ? Ou alors séparer les deux parties, mettre une frontière, si elles sont irréconciliables, faute de mieux ?
04 juillet 2011, 13:13   Re : Manque d'ambition
Je ne sais pas, cela dépend, j'imagine de la situation concrète. Mais vous proposez des alternatives crédibles (quoique le bûcher me semble un peu sauvage).
04 juillet 2011, 13:34   Re : Manque d'ambition
Oui, personne ne souhaite raisonnablement le bûcher, mais on ne peut jamais se garder de tout débordement, c'est pourquoi a priori je préfère la seconde alternative : la séparation. Mais dans mon esprit, avant d'en arriver là, il faut essayer de trouver une concorde, dans la mesure où cela est envisageable et acceptable pour chacunes des parties.
Inter- esse. Il paraît que Hannah Arendt aima recourir à cette étymologie.
Selon que la langue est considérée comme un moyen de communication (intérêt de tous) ou comme un dépôt de sens (intérêt général), on en use à sa guise (selon son désir, par amour propre) ou l'on s'y conforme (et l'on gagne contre soi, à la lumière de l'inter-esse général, l'amour de soi). Autrement mieux dit et dans un autre ordre, il faut « qu'ainsi nous cessions d'être malheureux en nous-mêmes, et devenions heureux en vous .»
Il n'y a pas de confusion à établir entre l'intérêt particulier et l'intérêt général, sous peine d'étouffer. Il n'empêche la chose publique par contagion finit toujours par marquer l'homme au tréfonds. La laïcité se bornait à exclure Dieu de l'espace public, elle a fini, de proche en proche, par Lui faire déserter les cœurs.
Après la langue, prenons l'exemple du temps collectif, de ses circonscriptions. L'origine, l'Histoire des aïeux, fût-elle conflictuelle, peut constituer un intérêt général qui circonscrit une collectivité, mais qui d'être une référence commune et obligée ne contraint personne en particulier et n'engage pas ses préférences. Le renversement du temps, la table rase pour passé et le vouloir vivre ensemble pour avenir, seraient l'intérêt de tous, individus assemblés en people métissé, discordant, illisible pour répéter le mot d'ordre des sportifs, « Tous ensembles! Tous ensembles! ». Le vouloir vivre ensemble ne circonscrit aucune collectivité a priori, mais d'être un choix individuel contraint et engage chacun.

Je critiquais selon deux angles l'université pour vous pousser à la mieux définir en la défendant :
1/ en tant que constitution collective ou gouvernement collectif de la société ;
- les grandes gueules s'arrogent le pouvoir et constituent des bandes de partisans,
- les Athéniens préfèrent bavarder au café et des hommes en armes doivent les rabattre vers la Pnyx,
- les enfants et les citoyens sont donc éduqués à l'activisme plutôt qu'instruits à chercher la vérité.
2/ en tant que forme religieuse ;
- tu es celui qui manie le ciseau, qui chôme tels jours de l'année... L'identité est assurée depuis l'extérieur. L'interdit et la prescription vident l'inter-esse.

Les Français portaient hier le masque de la religion et le visage chrétien. Modernes, ils s'inventent des masques laïques de pacotille qui laissent paraître un visage égaré. Les Français de demain, qui n'ont jamais eu de visage, jouent avec aisance la partie de masques que la modernité propose. L'islam et la modernité font bon ménage.

Le dénie du sujet fait la religion enchantée et légère : elle puise dans l'effervescence sociale sa passion et affirme un monde onirique, totalement transcendant, libéré de l'immanence subjective, réelle, trop réelle. Il s'agit du rêve éveillé que Le Clézio devine au début de son « Rêve mexicain ». L'homme est celui qui travaille le bois au ciseau et porte telle coiffe : rapporté à ses attributs, il a la transcendance d'un objet. L'homme soumis à la torture ne souffre pas : c'est d'être reçu avec impassibilité par la société que l'horreur fascinante de son sort confère au sacrifié une fonction cosmique. La souffrance n'a jamais frappé qu'un sujet parce que justement sujet, il est inéluctablement livré à lui-même, parce que la souffrance est souffrance d'être sienne. Nier la souffrance, consiste à nier le sujet, à le projeter dans le rêve.

Avec les droits de l'homme, le sujet se passe d'attribut. « Il a telle fonction, tel ornement » fait place à la pure propriété du « il a, il est ». Le fait d'avoir prime sur ce que l'on a. La liberté de l'individu propriétaire, ignorée de l'individu attribut, est de pouvoir changer à tout moment d'attribut. Ce n'est pas ce qu'il a qui le définit mais le fait d'avoir, de céder et d'acquérir à sa guise. Cette liberté dit : je ne suis pas ce que j'ai car je pourrais avoir autre chose. Mais cette liberté condamne toujours l'être à être quelque chose, avoir quelque chose. Elle est seulement négative : elle dégage l'individu du regard d'autrui qui n'a pas le droit de le réduire à ses attributs. L'extravagance de la tenue, des attitudes, le métissage, le brouillage général du sens, l'autonomie de la pensée au regard des objets sur lesquels elle s'applique sont une manière de dire cela.

Le Christianisme dépouille l'être de l'avoir, à commencer par l'existence que l'on a ou que l'on n'a pas. Je ne suis rien d'autre que ce que je reçois et je rends. Les masques tombent. Les visages sont la liberté de l'immanence.
Je souscris tout-à-fait à votre critique des universités, car elles ont des défauts qui apparurent pendant l'ancien régime.
- Le fait pour des gens de s'assembler régulièrement, crée un intérêt : l'intérêt du corps qu'ils constituent. Ainsi les membres de l'université contendent à se soucier préférentiellement des intérêts de l'université.
- Autre inconvénient, puisque l'université crée une concorde en son sein, les membres tendent à une pensée unique.

Pour illustrer : l'assemblée nationale est une université, l'université des députés chargés de légiférer. Quand il s'agit de l'augmentation des retraites des députés, ou de "renforcer" le rôle du parlement, ils votent à l'unanimité pour... De plus, à force de se fréquenter, cela crée des liens, à force de partager les mêmes informations, finalement, les députés sont tous d'accord, d'où la pensée unique.
Comment est-ce possible ? Les antagonismes partisans ne sont-ils pas toujours exacerbés ?
En fait, les députés sont eux-mêmes membre d'un parti, qui n'est qu'une université dont le but est de s'emparer du pouvoir exécutif. Ils leurs faut donc surjouer les désaccords pour les besoins de la compétition.
Mais au final, les politiques menées se ressemblent.

En quoi consiste les universités initialement ?
A rassembler tous ceux partageant la même activité dans un lieu ?

Il y a une très belle étymologie, celle de rivalité.
Ce mot dérive du latin rivus, "petit cours d'eau peu abondant".
Les rivales désignent les riverains de ce petit cours d'eau peu abondant.
Par métaphore, rivales fut appliqué à des amants jaloux...
C'est une très belle image et très vraie, il me semble. Mettez une ressource rare et nécessaire en un lieu, mettez-y des hommes, et voyez-les se quereller pour en réglementer l'usage...

Maintenant, il est possible de faire une analogie.
Une activité économique est à ses artisans ce que le petit ruisseau est à ses riverains : une ressource qui porte à rivalité.

De plus, il faut noter que ce petit ruisseau n'appartient à personne, c'est un inter-être. Y puiser est vital pour tous, il faut donc pouvoir réglementer son usage. Ceci est vrai pour toute ressource partagée entre ses riverains, comme l'activité économique se partage entre ses artisans. Cet inter-être est un bien commun.

La participation à un inter-être me semble rarement issue de notre volonté propre, mais généralement le fruit de la contingence. Je suis riverain de ce ruisseau parce que j'y habite, j'y habite par ce que c'est là que j'ai trouvé à me loger. Je suis voisin de telle personne non par choix, et l'inter-être de la convivialité de voisinage me concerne. Je participe de l'inter-être d'une famille que je n'ai pas choisie. Je participe de l'inter-être d'une activité économique, car j'ai eu la chance d'y être formé puis recruté...

A une ressource partagée, qui est un inter-être et bien commun, correspond donc une université et une seule, dont la fonction est de faire concorder ses usagers ou par la production de règles ou par la négociation.

Par conséquent, l'université est concrète et ne s'applique qu'à une chose particulière. Elle est un dispositif politique. Elle doit concerner, en démocratie directe serait l'idéal, tous ceux impliqués dans l'usage de l'inter-être qu'elle a mission de réglementer. Elle ne peut être qu'en situation de monopole, puisque son rôle est justement d'éradiquer les rivalités.

Le libéralisme polémergisme clame la concurrence comme valeur suprême, autrement dit laisse libre-court aux rivalités, mais il doit dans le même temps légiférer contre les monopoles. C'est pourtant tellement tentant pour les riverains de chercher à s'accorder. Le libéralisme polémergisme évacue la politique de la société. Celle-ci alors se dissocie. Le libéralisme polémergisme est, de ce point de vue, l'exacte inversion du système historique : d'éradiquer les rivalités, l'on en vient à les promouvoir... Tout ceci au nom de l'universel... Cela n'en finit pas de m'étonner.
Florentis. Pourquoi conclure par un étonnement? N'avez-vous pas déjà apporté des réponses? En béotien, je m'étonne que les philosophes se plaisent à feindre toujours qu'en tout il faille tout reprendre à zéro. S'il y va de la méthode, je comprends. Mais, n'abusent-ils pas de la méthode, laissant croire que les efforts de leurs pairs sont vains? Il y a des questions toutes nouvelles, mais celle, capitale, posée par ce fil, a dû recevoir bien des réponses, qui sans l'épuiser, autorisent des conclusions.

Le goût du général manifeste à la fois la nostalgie de l'universel et l'incapacité de le penser. Ne pouvant plus, par exemple, passer de l'exemplaire à son type (universel), on se donne l'illusion de toucher l'universel (ce qui est), mais on n'énonce que des généralités (qui ne sont pas) en réduisant l'infinie variété des faits à des ensembles définis par une propriété commune : les agents rationnels guidés par leur intérêt (lequel?), les citoyens mus par le vouloir vivre ensemble (avec qui? Pourquoi?)... Pour ce faire, on réduit l'individu à la somme de ses propriétés (Alcmène s'y fit prendre). Puis, au prix d'une seconde réduction, on isole, pour constituer un tout, une propriété commune aux éléments. De la réalité, il ne reste rien. L'universel qui n'est l'objet d'aucune visée est proclamé par décret (Francis Marche).
…..............

Le bien concret (la rivière) est reconnu commun (soustrait aux appétits immédiats de tous) par l'université, là où rivaux ne reconnaissent que la chose de tous (répartie selon la force ou la solvabilité de chacun). En devenant commun, il acquiert une valeur (étancher la soif) qui en détermine l'usage (boire). En devenant la chose de tous, il acquiert un prix (cher ou pas cher, ça dépend des bourses) qui détermine sa consommation (boire ou remplir la piscine, c'est indifférent).

Si je suis votre piste, Florentis, on serait passé de l'universel au général en raison de l'incapacité de concevoir un bien concret universel.
Reste à savoir le pourquoi de cette incapacité. Le fait que les biens intermédiaires se trouvent eux-mêmes rapportés aux biens de tous, nous laisse entrevoir le pourquoi cette incapacité : elle résulterait d'une incapacité première à situer l'objet de notre attention dans une transcendance et, de là, d'une incapacité à reconnaître la valeur ontologique de ce qui est. Car comment un bien pourrait-il être universel et bon (ou mal) si d'être utilisé, il cessait, comme dans la consommation, de transcender le désir de chacun? La transcendance est déplacée : il est dans l'intérêt de tous que chacun puisse poursuivre au mieux ses intérêts particuliers ; pour ce faire, il faut des règles du jeu : la religion de l'individu (les interdits entre les hommes divisés par leurs désirs concurrents de réussite) se substitue à la religion des archétypes (les interdits entre les hommes en communion et les objets de leurs désirs).
Reste à comprendre le pourquoi cette incapacité première en rapport avec la question de l'être et de l'avoir. Il se pourrait bien que chacun soit enfermé dans un désir d'avoir sans objet. Il a fallu qu'Ève désigne à Adam l'objet de son désir. Ève, elle-même, semblait préférer le désir à l'objet : que n'a-t-elle croqué la pomme? Le bien concret commun n'est ni concevable, ni désirable car il n'est pas consommable et ne peut donc apaiser (écœurer) notre désir malade.
….............
L'universel privé de bien concret n'est proposé qu'à la compassion qui ne s'adresse à rien de qualifié. Si une voiture brise la jambe d'un piéton en pleine chaussée, il se trainera vers le bord sans aucune compassion pour lui-même, mais plein d'angoisse pour le devenir de son être et l'esprit tendu vers l'accomplissement de son devoir : rejoindre le bord pour sauver ce qui peut l'être encore. On voit dans cet exemple que le bien concret n'est pas proposé à la compassion. Les intervenants de Réplique notaient : un père a peur pour son fils, il n'a pas pour lui de compassion. Privés de bien concret universel (et donc d'université), nous balançons de nos intérêts particuliers (réussir aux yeux des autres) à nos élans de compassion.
…..........
L'individualisme a suscité le couple prépondérant qui oppose les libéraux et les étatistes.
Couple marginal et contestataire, les communautariens se partagent entre démocrates et holistes.

Il doit être possible de concilier ces aspirations contraires. On ne peut plus attendre de chacun qu'il accepte sans discuter que le donné détermine son destin. Par contre, on ne peut continuer de demander de chacun que la réussite personnelle, dont il serait entièrement responsable, soit l'unique raison de vivre. La société précède l'individu. L'individu s'abîme en dépression de croire le contraire. Mais l'individu replacé dans la juste dépendance à l'ordre politique, social et cosmique, qui le dépasse, entend demander des comptes à cet ordre qu'il dépasse en raison et en esprit au nom de Dieu, qui dépasse et l'individu et le monde. Il veut, à la fois, exercer une fonction, tenir une place politico-sociale et s'assurer qu'elles sont légitimes par les ressources de la raison. Il veut de l'être pour aller au-delà de l'être.

La société pourrait être un référent extérieur comme un pays à l'intérieur duquel l'individu a toujours déjà trouvé sa place ou bien voyage à la recherche d'une terre où mourir. La société est bonne et nécessaire. L'individu y connaitrait sa place. Mais il se réserverait le droit de la juger. « Qui es-tu pour me commander? Pourquoi ce travail? Cela est-il juste, est-il vrai? » Défendre Dreyfus et reconnaître que l'armée prévaut sur l'individu est-il possible? Quelques exemples :

La langue. En individualisme, chacun en est l'auteur : elle est un prolongement de soi-même, un organe d'expression du Moi. L'attention ne porte que sur ce qu'on désire dire, sur ce qu'on désirerait dire, sur le désir de dire, sur le désir lui-même, sur soi (« je veux dire que... »). En hétéronomisme, la langue est le dépôt d'une mémoire collective. La parole est un tissu de dictons et de formules d'usage par lesquels chacun rappelle le sens convenu et éternel propre à chaque circonstance, elle-même toujours déjà reconnue et répertoriée par la mémoire collective (« Comme dirait l'autre... »). En société holiste libérale, la langue, cadenas de sens, d'être proposée à mon ambition de maîtrise, m'aide à devenir moi : elle est entre moi et moi-pour-moi, moi-pour-autrui et autrui. Qu'elle ne soit pas ma chose, me donner la liberté d'en user bien ou mal (un jugement est possible) et de la modifier, non pour la ramener à moi, mais pour qu'elle m'emmène plus loin de moi. En raison de la complexité du cadenas, le puriste lui-même, qui n'a en vue que la forme classique, y laisse, malgré lui, une marque singulière.

Fête ou festivisme? Être porté à la joie par la concorde collective ou porter la société à bout de bras et de bonne humeur. Ouvrir grand les yeux pour savourer dans l'allure de chacun l'accord profond qu'on célèbre ou fermer les yeux sur la morosité ambiante pour trouver en soi (comme le comédien) les ressources de joie qui porteront vers l'autre (aveugle), malgré lui.

Fonction. L'individu moderne a seul une fonction (chercher son intérêt) et une valeur désirable (sa réussite) ou repoussante (son échec). Il apprécie tel travail parce qu'il rapporte bien, parce qu'il ne se croit pas capable de faire mieux... L'individu (son bonheur, ses capacités) est l'aune unique de la valeur. Alors, de ce que son utilité sociale lui échappe, si son travail ne correspond pas à ses talents, s'il lui déplait, ce travail n'a aucune valeur, et le travailleur travaille sans raison.

Le savoir du Christianisme est une révélation. Il n'empêche que ceux qui la reçoivent, en esprit, n'auront jamais fini d'en dévoiler, en raison, le sens.

Etc.
…...
L'homme était possédé par l'être : je suis celui qui... Je (esclave) suis la propriété de la marche, des plumes rouges, de l'existence. Le sujet est réduit au moi pur, un simple point de vue sur le monde qui seul existe (transcendant comme un songe).

L'homme devint propriétaire : j'ai... (ma voiture, ma façon de parler, de marcher, de vivre). Peu à peu, l'être se dérobe dans la façon d'être : je me retrouve propriétaire de moi-même (« propriétaire de mon corps, j'avorte si je veux »). Mais moi, c'est toujours moi : suis propriétaire ou esclave?

L'homme veut l'être hors de l'avoir (possessif ou possédé) pour dépasser l'être.
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