Relisant cette missive, on se dit que l'historiographie future retiendra le nom de Jacques Chirac comme le plus grand, le plus radical des révolutionnaires français après Robespierre pour avoir supprimé le service national obligatoire après avoir instauré le regroupement familial. Les Américains, pour qui Chirac représente "all which is wrong about France", ne s'y sont peut-être pas trompés: la France a changé "sous" Chirac (ses multiples fonctions ministérielles qui se sont succédé trente ou trente-cinq ans, outre la fonction présidentielle) davantage qu'en un siècle. La puissance de changement incarnée par cet ancien homme fort dépasse largement celle d'un Mitterrand, d'un Giscard et n'est pas loin d'égaler celle de De Gaulle. L'ère Chirac a vu le trépas d'une certaine France, regrettable par certains aspects, certains seulement, l'homme ayant présidé sa décadence jusqu'au tréfonds. The good news est qu'à partir de son successeur une certaine (certaine seulement) reconstruction commence, après la non-oeuvre du fossoyeur Chirac, dont le bilan est muet - ce type n'a rien construit et Sarkozy et ses hommes, lorsqu'ils l'évoquent par transparence, sans jamais le nommer (pour les sarkozystes, Chirac est
l'innommable) ne le font que pour dire qu'il faut réparer, reconstruire, rebâtir, commencer à oeuvrer, après lui faire tout ce qu'il a négligé de faire, réveiller tout ce qu'il a laissé pourrir sur plante, tout redémarrer, après l'ombre, l'illusion d'oeuvre qui fut la sienne, dans les traces désolées qu'a laissées le long passage du Terminator du pays, spécialiste joyeux, chaleureux et franc de la tabula rasa à poignée de main fraternelle et des comptes bancaires planqués au Japon sous les jupons de sa dentellière, laquelle pendant deux bons lustres eut pour rôle de répercuter sur des comptes en Suisse, en toute simplicité et dans un serein anonymat, les sommes à neuf chiffres que son Jacques venait lui déposer en personne et souvent en espèce par vols première classe.
Ya pas, Messieurs dames, de comptes "Jacques Chirac" au Japon vient d'annoncer un enquêteur officiel des ministères. Doit bien rigoler en entendant ça mon Jacou.