Barack Obama et les "militants de la diversité" en France.

C'est de la "diversité" qu'il nous faut !

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"Libération", 05/07/2008

Obama, rêve américain d’une inexistante diversité française


– Il n’y avait pas un américain dans la salle. Pas beaucoup d’américanophiles non plus. Et pourtant, jeudi soir, ils étaient près de 200, venus de Lyon, Paris et Marseille, à se rassembler dans un restaurant-bar lyonnais pour une soirée de soutien… à Barack Obama. Parmi eux, beaucoup de militants de la diversité en France, de gauche, comme de droite, qui voient dans le candidat démocrate l’espoir d’un changement qu’ils peinent même à entrapercevoir dans leur propre pays…

« Barack Obama incarne cette capacité d’un pays à dépasser les origines, le poids de l’histoire. Il n’est pas arrivé là grâce à sa couleur de peau, mais par ses compétences », explique Karim Zeribi. L’élu socialiste marseillais se dit « fasciné » par le phénomène Obama depuis qu’il a assisté il y a deux mois à un de ses meetings à Philadelphie. Trouve « très bien » la mise en place des comités Obama franco-français comme celui qui les rassemble ce soir. Mais note que « c’est significatif d’un profond malaise ».

« En France, on est obligé de rêver de diversité par transfert. Quand on voit ce qui se passe au PS par exemple, on se dit qu’il est parfaitement impossible qu’un Obama émerge dans les cinq à venir. Ce n’est pas propre aux socialistes, les élites françaises en général sont prisonnières de la reproduction sociale. Alors, forcément, quelqu’un qui s’impose comme candidat aux présidentielles en quelques années, ça fait rêver », analyse Zéribi.

Lui, ne voit pas dans Obama un « symbôle de la diversité ». « Rachida Dati est un symbôle. Obama, non. Personne ne l’a « autorisé » à être là où il est. Il y est allé tout seul ». Et de prévenir les militants de la diversité « à la française ». « Je ne veux pas un jour voter pour un candidat seulement parce qu’il est noir ou maghrébin. Nous devons être fiers de nos origines, mais il faut transcender nos origines, couper le lien naturel. Nous ne pouvons pas sans cesse regarder vers le passé et ne porter que le poids de l’histoire, de l’esclavage, de notre militantisme ».

Lors de cette soirée, chacun semblait transférer ses propres attentes politique et sociétales dans la figure du candidat démocrate américain. Patrice Schoendorff, président du comité lyonnais de Barack Obama, perçoit dans l’ascension d’Obama l’univers qu’offre l’Amérique. Par opposition aux conservatismes de la société française. Ce déçu de la gauche, note avec amertume qu’il y a là « beaucoup d’anciens de la marche des Beurs en 1981 ». « Et aucun responsable socialiste ». Il remarque que la nouvelle génération issue de la diversité se tourne de plus en plus vers les pays anglo-saxons. Fabienne Levy, élue radicale (de droite) à la région Rhône-Alpes, voit elle un « nouveau Kennedy » en Obama.

Alice Géraud

Ça c'est du symbôle, et même du symbôle fichtrement symbôlique !

Cela m'a donné envie d'aller voir sur le site de ce grand quotidien national. Dans le premier article que j'ai lu, j'ai trouvé ceci :

"aucun mobile, pas même le vol, ne justifie la violence extrême de ce double meurtre: les deux étudiants ont été ligotés, bâillonnés et poignardés près de 250 fois à eux deux"

Le vol comme mobile suprême ? Très symbôlique, en effet. J'ai passé mon chemin.

Nous devons être fiers de nos origines, mais il faut transcender nos origines, couper le lien naturel. Nous ne pouvons pas sans cesse regarder vers le passé et ne porter que le poids de l’histoire, de l’esclavage, de notre militantisme ».

Quand on brûle les livres on brûle les hommes, hein ?

"beaucoup de militants de la diversité en France, de gauche comme de droite, qui voient dans le candidat démocrate l'espoir d'un changement qu'ils peinent même à entr'apercevoir dans leur propre pays..."

Whaow ! Comme on dit là-bas. On ne doit pas habiter le même pays, ce n'est pas possible autrement...

Bien chers amis, quand je lis la phrase :

« Je ne veux pas un jour voter pour un candidat seulement parce qu’il est noir ou maghrébin. Nous devons être fiers de nos origines, mais il faut transcender nos origines, couper le lien naturel. Nous ne pouvons pas sans cesse regarder vers le passé et ne porter que le poids de l’histoire, de l’esclavage, de notre militantisme ».


J'ai du mal à lui trouver des défauts.

Ce monsieur dit là une chose que je trouve très sensée : si on veut être Français, il faut arrêter de ruminer le passé et diaboliser le pays dont on est l'hôte.

En réalité, cher jmarc, cette proposition comporte trois phrases. C'est à mon avis la seconde qui présente un défaut. Pourquoi ? parce que c'est typiquement le genre de propos-Janus, à double tranchant, qui prend une signification ou une autre suivant le contexte, la personne qui l'émet, la personne qui le reçoit. Vous me direz peut-être que le contexte, ici, est clair. Vous me permettrez de n'en être pas si sûr. Quant à votre traduction, elle demeure sous votre entière responsabilité...

Nous sommes d'accord sur un point : la première et la dernière phrase sont claires.

La seconde nous dit :

Nous devons être fiers de nos origines, mais il faut transcender nos origines, couper le lien naturel.


Elle est, là, hors de tout contexte et parle par elle-même. Un étranger qui veut être Français, au sens qui est le mien, doit évidemment transcender ses origines. Qu'il en soit fier, cela me semble normal et ne me gêne pas.

Ma traduction :
Je ne veux pas un jour voter pour un candidat seulement parce qu’il est noir ou maghrébin.
Je veux voter pour un noir ou un maghrébin, pas un blanc, mais pas pour cette seule raison (dédouanement de racisme ?)

Nous devons être fiers de nos origines, mais il faut transcender nos origines, couper le lien naturel.
Tout en flattant l'identité des auditeurs, il dit qu'il faut l'éliminer. C'est à dire devenir un citoyen du monde indistinguable d'un français d'origine, ce dernier suivant le même avatar, cela va sans dire.

Nous ne pouvons pas sans cesse regarder vers le passé et ne porter que le poids de l’histoire, de l’esclavage, de notre militantisme ».
Obama c'est l'homme providentiel parce qu'il est noir. Il représenterait une rupture avec le passé, il faut donc abandonner l'idée de passé et l''histoire. On construit du nouveau.

Bien cher Obi Wan,

Je trouve votre interprétation plus audacieuse que la mienne !

Il y a sans doute du vrai dans ce que vous dites, sans doute l'aspect "citoyen du monde" que je n'avais pas vu.

Cela étant, si monsieur Zeribi propose aux musulmans de se fondre dans un tout non-musulman, je pense qu'il va avoir du travail !

Je pense sincèrement qu'il voudrait un président américain maghrébin, si vous voulez le fond de ma pensée. Et je trouve cela bien naturel, en me mettant, a contrario, à sa place, tout naturellement.

Pour un maghrébin, "fier de ses origines", qui plus est, le refus de "porter le poids de l'esclavage" revêt une signification légèrement ambigüe.
De quel esclavage s'agit-il en effet? Des Noirs émasculés par leurs maîtres musulmans? Des chrétiens capturés lors des rezzous en Méditerranée?
C'est ce "poids"-là, que M. Zeribi ne veut plus porter?

Admettons que ce soit son poids à lui, à sa civilisation. Ce serait bien beau, et bien nouveau !
Dans le cas contraire, nier en bloc, faire table rase, est bien plus efficace et plus facile. Je tends vers cette interprétation.

Obi Wan, je suis d'accord avec votre triple traduction. C'est en effet à peu de chose près ce que j'avais retiré de ce texte. En revanche, et comme Pascal Ottavi, je vous suivrai moins sur "le fond de votre pensée"...
Quant à votre précision, jmarc, vous voyez bien qu'il ne peut y avoir ici de signification "naturelle", flottant dans l'espace neutre du sens, puisque vous recontextualisez aussitôt cette phrase problématique censée "parler par elle-même", en ajoutant la précision qu'elle devrait provenir d'un étranger... C'est pourquoi je réitère : si je place, moi, cette formulation dans la bouche d'un autochtone, elle prend une tout autre tournure; et si quelqu'un d'autre la place dans quelque autre bouche qu'il lui plaira de choisir, elle en prendra une autre encore; et ainsi de suite jusqu'à épuisement des masques.

Le fond de ma pensée, Francmoineau, c'est que Obama, métis, représente une transition possible vers le non-blanc, et puis vers lui, ne fut-ce qu'inconsciemment. En tout cas vers l'idéal de l'universalisme (et ses multiples interprétations et arrières pensées, masques). Je suis absolument d'accord avec votre conclusion.