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Pour le débat : Glucksmann en défenseur maintenu de 68 et Sarkozy qui en serait l'héritier.

Envoyé par Ostinato 
Débats
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07/02/2008 N°1847 Le Point

Glucksmann père et fils : Sarkozy, enfant de mai 68 ?
Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il remporté les élections ? Parce qu'il incarne l'esprit de Mai 68, avancent André Glucksmann et son fils Raphaël dans leur dialogue étonnant, « Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy » (1). Bizarre ! Le candidat de l'UMP ne prétendait-il pas en « liquider l'héritage » ? A trois mois des commémorations, le père et le fils ouvrent le bal.

Propos recueillis par Christophe Ono-dit-Biot


Le Point : Dans son discours de Bercy, le 29 avril 2007, Nicolas Sarkozy fustige ainsi les soixante-huitards : « Ils avaient cherché à faire croire que les victimes comptaient moins que les délinquants, ils avaient cherché à faire croire qu'il ne pouvait exister aucune hiérarchie des valeurs, ils avaient proclamé que tout est permis. » Vous êtes dans la salle, c'est un peu vous qu'on vise, et on vous voit pourtant le sourire aux lèvres. Vous êtes masochiste, André Glucksmann ?

André Glucksmann : Non, je souris parce que je trouve ça drôle ! Bien joué aussi ! Voilà qui tombe à pic : à gauche, on rêve d'une union sacrée de Besancenot à Bayrou, autour de Ségolène Royal. Je sais qu'en coulisse Cohn-Bendit se démène pour forger pareille alliance. Je le trouve « joufflu » parce qu'en 68 ce genre de manoeuvres d'arrière-cour pour réunir des gens qui ne peuvent pas se sentir nous paraissait totalement déliquescent. C'était le travail du personnage le plus impopulaire parmi les manifestants : Mitterrand. En 2007, Dany joue à Mitterrand et Sarkozy au Dany de jadis, l'empêcheur de danser en rond, le lanceur de pavés dans la mare. Evoquer 68, ça sépare forcément Besancenot de Bayrou, les électeurs UDF n'étant pas a priori fans de nos folies et de nos barricades. C'est un coup tactique et, comme le rapporte Yasmina Reza dans « L'aube le soir ou la nuit », Sarkozy est conscient alors d'être « terrifiant de mauvaise foi »...

S'il a fait preuve de mauvaise foi, c'est qu'il a parfaitement compris Mai 68. Pourquoi alors faire un livre pour le lui « expliquer » ?

Raphaël Glucksmann : A Bercy, j'ai entendu « Glucks » se marrer : « C'est Dany qui insulte Dany ! » Ce livre est né à cet instant. Pour réconcilier Sarkozy avec lui-même en quelque sorte. Sans le relativisme de Mai, sans son slogan le plus fou, « nous sommes tous des juifs allemands ! », jamais il n'aurait pu être président de la République. 68 est une assomption du déracinement qui a donné la société « black-blanc-beur », multiculturelle et ouverte dans laquelle nous vivons. Qu'est-ce qui symbolise mieux l'abolition des frontières et la perte des repères que le juif errant ? Comment mieux proclamer la fin des haines nationalistes qu'en se définissant comme des « boches » ? La trajectoire, le destin et même certaines idées de Sarkozy s'inscrivent dans cette lignée. Selon Chirac, il ne pouvait être élu faute d'avoir des racines provinciales et de savoir tâter le cul des vaches. Notre livre invite le président à dépasser les imprécations classiques de la droite contre le surgissement soixante-huitard qui est, au fond, libéral.

A. G. : Parfaitement, car Mai est d'abord une libération collective vis-à-vis des mythes gaullistes et communistes. Sarkozy n'avait que 13 ans et il ne sait pas ce qu'il doit à la révolution mentale et morale de 68. Sans elle, jamais un divorcé, de « sang-mêlé », comme il dit, n'aurait conquis l'Elysée, surtout avec l'idée qu'il divorcerait encore par la suite, ce qui n'était pas un mystère absolu. Les dérives que vise Sarkozy relèvent en réalité de « l'esprit de Mai », fétichisation rétrospective et stérile de l'insurrection étudiante, momie embaumée par Mitterrand et sa cour qui ont prétendu incarner l'héritage de 68. Ce que j'ai personnellement toujours trouvé complètement faux. C'est pourquoi je n'ai jamais été, moi, mitterrandien. Raphaël non plus, mais il était trop jeune (rires) .

R. G. : Tu es entré dans l'âge adulte avec le début de la guerre d'Algérie : Mitterrand était ministre de l'Intérieur. Et moi avec le génocide des Tutsis du Rwanda en 1994 : Mitterrand était président et fut à l'origine de l'implication de notre pays aux côtés des génocidaires. Cela n'incline pas à devenir mitterrandien.

Cohn-Bendit, qui vous a vu sourire à la télévision, vous a appelé après Bercy. Il vous a traité de « jaune » ?

A. G. : Il était exaspéré, parlant de trahison. Deux jours après, il m'a condamné comme idéologue de la révolution néo-conservatrice sarkozyste dans une tribune de Libération , signée avec Alain Geismar. Je crois qu'ils n'avaient plus écrit de texte ensemble depuis 1968 ou 1969. C'était vraiment le bureau politique qui excluait le mécréant.

Avouez que vous y allez fort en écrivant à propos de Sarkozy que « les soixante-huitards sont les parrains de sa victoire électorale » et qu'il serait même « le Dany de 2007 ». Vous voulez encore énerver Cohn-Bendit ?

R. G. (rires) : Dany nous pardonnera. Plus sérieusement, on a souvent négligé le fait que cette campagne électorale, qui a duré cinq ans et non cinq mois, était d'abord une bataille d'idées-plus qu'une bataille d'ego. Pour Chirac, pour Villepin, pour la majorité des socialistes, c'est l'Etat qui crée la société et non l'inverse. L'Etat est le référent ultime, la source de toute légitimité politique et sociale. C'était, au fond, l'idée commune à Maurice Thorez et à de Gaulle. Un fond que Mai 68 heurte de plein fouet en prônant l'émancipation de la société et des individus vis-à-vis des logiques verticales et centralisatrices de l'Etat. Sarkozy et l'ouverture du gouvernement à des acteurs du monde associatif comme Kouchner, Hirsch ou Amara participent de cela. De plus, en répétant qu'il n'y a pas de « modèle français » et qu'il serait bon parfois de regarder ce que font les Anglais, les Danois ou les Allemands, il poursuit une autre rupture de 68 : le rejet des sempiternels discours franchouillards d'autocélébration. Ce fut le candidat de l'anticonservatisme.

A. G. : En 68, il y avait l'idée de la révolution, de Révolution française et donc de modèle français de la révolution, mais aussi l'idée d'ouvrir les frontières, morales et physiques. Lors des dernières grandes manifestations, le 30 mai, des journalistes anglais et américains me disaient : « C'est fantastique, vous vous américanisez ! » Un article de The Economist était même titré « Dany sauve le dollar ». Cohn-Bendit, ce n'était pas la France éternelle, mais quelque chose qui se retrouvait partout, à Paris comme à Berkeley... Une attitude mondialisée et mondialiste. La plus belle suite de Mai, c'est Kouchner en 1969 au Biafra, créant Médecins sans frontières. Seul Sarkozy d'ailleurs pouvait oser offrir un ministère régalien à un ex-soixante-huitard aussi fringant.

En même temps, l'identité nationale, les discours de Guaino sur le respect, l'esprit de sacrifice, ce n'est pas tellement soixante-huitard...

A. G. : Certes, Guaino est tout sauf un soixante-huitard. Mais certains de ses discours retrouvent des tonalités et des thèmes qui nous habitaient en 68. Nous n'avions pas le culte de la résistance institutionnelle, du PC « parti des fusillés », mais celui de tous les « outlaws », comme les Arméniens, les juifs, les réfugiés espagnols... Et ça, ç'a été repris dans le discours de Nîmes de Sarkozy. L'idée justement que la résistance, c'est la société et non l'Etat. Si on regarde de près, de Gaulle lui-même disait que c'était les pêcheurs de l'île de Sein qui arrivaient à Londres, et non pas les militaires des régiments et les élèves des grandes écoles. Guy Môquet plutôt que l'Ena.

Comment expliquez-vous que ce thème ait si bien fonctionné dans l'opinion ? En 2007, presque quarante ans après, Mai 68 ne tombait quand même pas sous le sens dans une campagne. C'est vous qui le lui avez soufflé ?

A. G. : Aucunement. Il faut se rendre compte de son importance dans l'imaginaire français, et du décalage entre cette importance et l'absence de définition de ce qu'est réellement Mai 68. Est-ce une révolution ? On ne sait pas. Est-ce un événement de gauche ? Politiquement, ça n'a rien changé à la gauche française en tout cas. Mitterrand, qui était candidat en 1965, le fut aussi en 1974 et en 1981. Les « événements » restent un impensé de la politique française, d'où ce livre...

R. G. : ...une invitation à voyager à travers un double paradoxe : Mai d'abord, cette révolution qui se prétend marxiste et libéralise la France. Puis Sarkozy, cette fameuse « rupture » que l'on espère ou exècre, mais qu'on est bien en peine de définir clairement.

Sarkozy enfant de 68, donc... Son côté « bling-bling », comme nous l'écrivions dans « Le Point » dès le 3 mai 2007, ce serait donc sa façon à lui de « jouir sans entraves » ? Dany sauve le dollar et Sarkozy...

A. G. : ... la Rolex ! (Rires.) Dany passait à la télé en mangeant des gâteaux au pavot. C'est à peu près la même chose avec la Rolex. Il s'agit de briser des tabous. D'ailleurs, après 68, s'il y eut une tendance révolutionnaire austère, d'autres « héros » des barricades firent des affaires, dans la pub ou en Bourse. Aux Etats-Unis en particulier.

R. G. : A commencer par Jerry Rubin, le hippie devenu yuppie, l'auteur de « Do it ! ».

...Qui est maintenant, à quelque chose près, le slogan de Nike. Yacht et Larzac, donc, même combat. Le thème de la transparence, la volonté de tout montrer, y compris la vie privée, c'est soixante-huitard ?

A. G. : 68 a commencé avec l'exigence de transparence ! Pour une affaire de dortoir de filles à Nanterre dans lequel les garçons voulaient se rendre librement, contre l'hypocrisie morale de l'époque !

R. G. : Volonté de transparence encore, quand Dany et Geismar exigent que les négociations avec les autorités, pendant la nuit des barricades, soient diffusées en direct sur Europe 1 pour que les manifestants puissent les suivre sans intermédiaire...

Sarkozy qui fait jogger ses ministres, c'est donc une variation sur le slogan situationniste que vous citez, « nous avons fait danser la France » ?

R. G. : Il est peut-être le premier président situationniste ! Les dirigeants français sont souvent trop prisonniers de la légende des siècles pour saisir l'instant présent. Lui non et cela choque.

Comment peut-il donc vouloir « liquider l'héritage de 68 », s'il l'incarne ?

AG : Je crois qu'il avait raison de liquider l'idée d'héritage. En 68 on ne se posait pas comme héritier. Ce que je reproche aux anciens combattants de 68, c'est d'avoir repris les concepts marxistes ossifiés de 68 et oublié les attitudes libres et insolentes, ouvertes et critiques. C'est pour ça qu'ils ont été insensibles aux révolutions de velours à l'Est. Je trouve ça atterrant. Ils n'ont pas vu que le tournant de Mai 68 était d'une ampleur fantastique parce qu'il introduisait un nouveau souffle de révolution européenne où tout à coup le sérieux d'une révolution ne se mesure plus à la quantité de sang versé. Avec 68, c'est l'idée de révolution qui a changé. Finie l'obsession du « grand soir ». Les révolutions qui, de Lisbonne à Kiev, réunifient l'Europe ne sont ni jacobines ni léninistes.

R. G. : En Ukraine, lors de la révolution orange, les jeunes disaient faire 68 en hiver. Ils étaient pourtant libéraux, proaméricains, clairement antimarxistes, mais reprenaient l'irrévérence absolue vis-à-vis du pouvoir et l'autodérision des soixante-huitards. 68 marque l'entrée de la révolution dans l'époque contemporaine.

André Glucksmann, vous, l'ancien mao Spontex, qui avez joyeusement participé aux barricades, « like a rolling stone », écrivez-vous, vous êtes plus que sévère, dans le livre, avec les jeunes révoltés des banlieues. Ils n'ont pas droit à leur Mai 68, eux ?

A. G. : En 68 il y avait certes des barricades, mais aussi des barrières. Rudi Dutschke, à Berlin, développait l'idée qu'on s'attaquait aux choses, mais pas aux êtres humains. Cette limite a sauté lors des émeutes de 2005. Si la responsabilité du fiasco des banlieues incombe à trente ans d'inertie gouvernementale, il n'en faut pas moins stigmatiser les auteurs des violences sur les personnes pour restaurer cette limite. Certes, les soixante-huitards ont gueulé « CRS-SS ! » mais jamais aucun d'eux n'a ouvert le feu-ni même projeté de le faire-sur ces pseudo-SS. Mai est un tsunami de paroles, bêtes ou géniales, qui a débarrassé la France et la révolution de leurs démons guerriers et sanglants. J'ai vécu 68 comme une subversion philosophique, une expérience socratique : on met les problèmes sur la table, on dévoile tout, on questionne tout et tant pis s'il n'y a pas de solution. On ne sait pas ce que fera Sarkozy. Mais son offensive contre la vieille France de droite comme de gauche me paraît recouper quelque chose qu'on a manqué à la suite de 68. Maintenant, dans les élections, je ne crois pas en Dieu. Et Sarkozy n'est pas mon dieu.

1. « Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy », d'André et Raphaël Glucksmann (Denoël, 240 pages 18 E). Parution le 14 février.
Cet entretien nous conduit à l'idée la plus frappante, mais aussi la plus périlleuse : en somme, marxisme, ludisme et pragmatisme soixante-huitard furent inventés par des clercs dont Sarkozy, aujourd'hui, rend enfin les idées praticables ; clercs qui, soit dit en passant, ont tant malmené la raison au nom de l'"intelligence politique" (en vue, reconnaissons-le, d'une influence pratique). Ainsi donc l'idée soixante-huitarde attendait patiemment Sarkozy pour se réaliser expérimentalement, concrètement.
24 février 2008, 23:12   Accablement
Je découvre qu'il y a un Glucksmann fils...
Utilisateur anonyme
25 février 2008, 09:44   Le fiston.
Oui, cher Jmarc, et si sa logorrhée est plus faible, physiquement c'est le même affreux faciès que son "papa".
J'avoue que l'idée de présenter Sarkozy comme specimen de l'Homme nouveau annoncé par Philippe Muray et porté au pouvoir par une génération homo festivus me séduit beaucoup. Dans le fond les Glucksmann ne disent pas autre chose. Les dernières manifestations de soi-mêmisme du petit homme de l'Élysée sont là pour en faire la démonstration...
Oui bombarder l'Irak c'est "libre", "insolent" et surtout "situationniste".
Glucksman : de Mao à Sarkozy. Tout un itinéraire.
Utilisateur anonyme
25 février 2008, 11:42   Re : Le fiston.
physiquement c'est le même affreux faciès que son "papa".

Quelle merveilleuse argumentation !
25 février 2008, 13:29   Re : Pensée
La pensée est peut-être fausse, voire explosive, mais qui ne remarque que Glucksmann a un grand mérite d'oser penser et d'être in-soumis, à la différence des bobos bien décrits par Philippe Muray. Ne peut-on y trouver des vérités utiles et même des faussetés non négligeables ? N'a-t-il pas été un des premiers combattants en France contre le totalitarisme ? N'a-t-il pas aussi analysé le règne du nihilisme contemporain, sur quoi le PI me semble le rejoindre ainsi que sur d'autres bonnes causes. Je l'avoue, je suis perplexe sur ses analyses actuelles qui "décoiffent", et peut-être justement le suis-je à cause de ce fait même qu'elles paraissent "osées" ce qui ne signifie pas nulles et non avenues.
"Casse-toi alors pauvre con..."
N'est-ce pas ce que Danny le Rouge aurait pu rétorquer, eût-il jamais été locataire de l'Elysée ? N'est-ce pas ce ton d'insolence et d'authenticité que l'homme de Mai aurait imparti à la République ? J'avoue qu'il y a quelque chose d'incroyablement bien visé, dans les paradoxes de Glucksmann. Mais Bruckner l'avait remarqué il y a quelques mois, que l'homme qui veut liquider l'héritage de Mai en est l'héritier le plus représentatif.
Glucksman l'insoumis ? Oui comme sont insoumis les rebellocrates si chers au coeur de Muray.
Quant à ses paradoxes, à deux euros, sur 68, ils sont grotesques. A ce niveau de pensée, on peut faire de Le Pen un héritier de 68 au prétexte qu'il est divorcé, que sa bonne est "black" et qu'il aime, comme les situationnistes, les calembours.
Utilisateur anonyme
25 février 2008, 14:53   Ca viendra...
physiquement c'est le même affreux faciès que son "papa".

Quelle merveilleuse argumentation !

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Chose curieuse, soit dit en passant, que de chercher une quelconque argumentation là où il n'y a, tous l'avaient compris (sauf vous), qu'un simple mouvement d'humeur. Mais, comme dit l'autre, ne demandons pas tout en une seule fois...
Utilisateur anonyme
25 février 2008, 16:20   Re : Délit de faciès
Personnellement je trouve ces mouvements d'humeur fort déplaisants : quel est l'intérêt d'informer tous les liseurs de ce forum que la tête de Glucksmann ne vous revient pas ? Vous devriez plutôt ouvrir un blog où ces considérations toutes personnelles qui ne font guère avancer aucun débat seraient plus à leur place.
25 février 2008, 18:10   Re : Pensée
Oui. Merci Ostinato! Glucksmann a le mérite de ne jamais énoncer des platitudes, et, à ma connaissance de n'avoir dit ou écrit que très très rarement des bêtises ou des bourdes.

Et puis il y a un fait que les commentateurs dénigreurs d'André Glucksmann n'abordent jamais, et pour cause : Glucksmann est un écrivain dense, brut, profond, dont le style n'est rébarbatif qu'aux fainéants.
Bien que très hostile à Sarkozy, à ses gaffes, à ses initiatives surréalistes, et allergique à sa vulgarité, je trouve le climat actuel, véritablement haineux, qui se déchaîne contre lui, la versatilité des faiseurs d'opinion et, partant, de l'opinion elle-même, on ne peut plus malsains. Ceux qui, hier, faisant allusion à ses moeurs conjugales, vantaient sa "modernité", lui reprochent, aujourd'hui, de ne pas être à la hauteur de sa fonction, alors que c'était déjà en étant un cocu notoire, un coureur de jupons à famille décomposée qu'il ne se montrait pas à la hauteur de sa fonction. Le sytème médiatique qui démultiplie la moindre image, la moindre parole, la moindre opprobre visant celles-ci et les fait passer en boucle tous les jours quasiment 24 heures sur 24 s'en donne à coeur joie. Si l'on ajoute les sondages incessants, il faudrait des nerfs d'acier pour résister, ce que n'a sans doute pas l'actuel président de la République, mais ce n'est pas une raison. Il me souvient que c'est parce que Bérégovoy n'a plus supporté cette mise au pilori incessante, qu'il s'est suicidé. Bien sûr N.S n'en est pas là, cependant ce n'est pas dans de telles conditions, dans cette situation de tête de Turc permanente, qu'il pourra retrouver la dignité qui convient à un président de la République. D'autre part je suis surprise de découvrir à quel point les FRançais et leurs journalistes sont soudain attachés au respect des traditions, à la distinction, au tact, au quant-à-soi, qualités qu'ils reprochent à Sarkozy de ne pas avoir. De la part d'une population grandie dans le mépris de son identité, dans le confort du soi-mêmisme , dans l'éloge constant de la vulgarité et de la grossièreté ainsi que dans l'idolâtrie des rapeurs, c'est pour le moins inattendu, d'autant plus que les mêmes ont semblé avoir toutes les indulgences pour le langage "primesautier" de la ministre Fadela Amara. Enfin on en arrive, à lire et à écouter la presse, à oublier l'origine de l'affaire, ce quidam, frôlé par la main du président qui s'est écrié " touche-moi pas : tu me salis " ! Pour un peu je reprocherais à Sarkozy avec son " pauvre con " d'avoir été trop gentil, très loin de l'énormité de l'insulte qu'a jamais dû essuyer directement Président de la République. Ce tutoiement brutal, cette idée que N.Sarkozy est un être souillé, impur dont il faut se garder du moindre contact, rabaisse le président au rang d'intouchable ! Qu'une opinion si sensible, pourtant, aux raffinements du comportement n'ait pas été plus attentive à cet aspect de l'incident me paraît significatif.
A propos, en a-t-on autant fait quand cette vieille ganache de Chirac, aussi distingué qu'un maquignon, s'est plaint audiblement de Margaret Thatcher en s'exclamant : " qu'est-ce qu'elle a cette mégère à nous casser les couilles ? " ?
Ah Cassandre, comme cela est bien dit... Vous êtes maîtresse dans l'art de relever les incohérences idéo-médiatiques. C'est très juste : deux poids, deux mesures, et la sarkophobie semble gagner. Mais n'étant pas en France, et n'ayant pas accès à la télévision, je ne puis être sensible à ce matraquage que vous décrivez...
Utilisateur anonyme
25 février 2008, 19:22   Re : Et ta gueule, tu l'as vue ?
Oui, je partage l'avis de Francis Marche sur Glucksmann. Ses livres m'ont réconfortés au temps où la pensée unique marxiste dominait l'université. Et, comme, à l'accoutumée, je me félicite des propos d'Alexis qui relèvent heureusement le débat.
25 février 2008, 19:33   Deux poids, deux mesures
Bien chère Cassandre,

Vous êtes une fois de plus dans le vrai.


Je vous trouve cependant sévère avec M. Chirac, qui est un homme cultivé, mais qui le cache bien !

Souvenez-vous de M. Pompidou, qu'on aurait, réellement, pris pour un maquignon, et qui était très fin, très subtil...
Excellente analyse de Cassandre : je suis également frappé par la volonté d'édulcorer le comportement du quidam pour mieux insister sur l'aspect gravissime et inquiétant de ce nouveau "dérapage" présidentiel. J'entendais par exemple ce matin sur France Inter un journaliste expliquer que le Président s'était emporté face à "un homme qui refusait de le saluer"...
25 février 2008, 20:09   Re : Merci à Cassandre
Chère Cassandre, permettez-moi de saluer moi aussi ce beau texte, si juste, si limpide. Prendre un peu de recul devient une attitude rarissime : salir d’abord analyser (parfois) ensuite, voilà la règle.
Chère Cassandre, pour une fois, je n'ai pas le même sentiment que vous. Il faut choisir ses adversaires, et Nicolas Sarkozy s'est au contraire mis au niveau de ce petit con. Il ne fallait pas réagir, tout simplement. Et puis, ce n'est pas ce qui m'a le plus choqué dans cette vidéo. Plus indécent encore, à mon avis, était les yeux du président, avides de mains à serrer (si j'ose dire), sans même chercher à voir à qui elles appartenaient. Si l'on y réfléchit, on peut trouver que c'est cela qui a amené la réaction, indécente, nous en sommes bien d'accord, dudit petit con.
25 février 2008, 20:52   S final
Cela me fait penser à une anecdote que ma mère me racontait.

Elle habitait rue Merly, à Toulouse, au début des années cinquante, tout près donc de la Bourse du Travail.

M. Duclos, comme vous le savez, avait été arrêté sous le prétexte qu'il trasportait des pigeons voyageurs (il s'agissait en fait de pigeons destinés à la casserole comme l'enquête le démontra).

Les communistes manifestèrent, et ma mère entendit distinctement une dame à la forte voix crier : "Libérez Duclosse !".
25 février 2008, 20:53   Erreur
Je me suis trompé de fil : ce message était destiné au fil d'Aline...
Utilisateur anonyme
25 février 2008, 21:53   Un tout petit rôle.
"Personnellement je trouve ces mouvements d'humeur fort déplaisants "


Croyez-vous honnêtement que ce qui vous déplaît "personnellement" intéresse davantage les liseurs de ce forum ? Il me semble que vous donnez à ce qu'un accord presque général appelle "mouvement d'humeur", une importance excessive, pour ne pas dire grotesque. Aussi le petit rôle que vous désirez tenir ici demanderait davantage d'adresse, et d'attention. Cependant, sachez que malgré bien des efforts il m'est malheureusement impossible de prêter plus d'importance à votre message.
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 09:50   Destins de stars
C'est comme avec Britney Spears, franchement...

C'est l'histoire du maire de Neuilly qui, une fillette aux bras qu'il venait de négocier avec un preneur d'otages, demandait en sortant de la classe : "Les caméras sont là ?" Eh oui, elles sont là.

La mauvaise passe que traverse actuellement le président de la République n'est pas celle d'un homme politique, c'est celle d'une vedette du show business pour qui les traversées du désert sont un élément de légende indispensable à préparer les "retours".
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 15:52   Re : Destins de stars
"C'est comme avec Britney Spears, franchement... "


Finira-t-il par se tondre ? lui aussi ?...
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