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L' amour est incontournable .

Envoyé par Philippe Versini 
LITTÉRATURE
Marie Lemonnier : «L’amour est incontournable»

Aude Lancelin, agrégée de philosophie, et Marie Lemonnier, philosophe de formation, toutes deux journalistes au Nouvel Observateur, viennent de publier Les philosophes et l’amour. Entretien avec Marie Lemonnier.


En quoi la philosophie de l’amour est-elle comme vous l’écrivez «un territoire à réinvestir et même à défendre urgemment» ?

Le sentiment amoureux a été délaissé voire méprisé. Ma collègue et moi avons fait de longues études de philosophie. On ne nous a jamais parlé d’amour ! Nous avons fini par nous demander si ce sujet, évoqué il est vrai dans Le Banquet de Platon, avait vraiment été exploré par nos philosophes. Cette question nous taraudait tellement que nous sommes allées vérifier par nous-mêmes. Nous avons alors découvert un bon nombre de textes sublimes et souvent oubliés qui traitent de ce thème. Ce territoire est ensuite à défendre. Il s’agit presque d’une démarche politique. Nous vivons à l’ère des Eros centers. On nous parle finalement beaucoup plus de sexe qu’autre chose. Tout cela vient peut-être du XIXème siècle. On a commencé à regarder le corps scientifiquement en séparant les organes de l’habillage sentimental. Nous avons aujourd’hui un peu de mal à réunir le corps et l’esprit.

Selon vous, «la logique propre à l’amour s’oppose à la rationalité apparente du marché où chacun se voit réduit à une particule élémentaire indifférenciée mue par la seule loi du calcul égoïste». Est-ce la dimension politique de l’amour ?

L’extension du domaine de la lutte capitaliste s’est abattue sur celui de l’amour. Chacun se sent comme un corps possiblement interchangeable. La protection du mariage à vie, qui était elle-même fragile, n’existe plus. On peut s’en réjouir puisqu’il représentait un carcan. En attendant, les histoires d’amour durent de moins en moins longtemps. Les uns et les autres sont en concurrence. Ces dernières décennies, l’intérêt s’est principalement porté sur le corps. Cette concurrence est donc d’autant plus rude. On parle beaucoup de mai 68 en ce moment. La libération des mœurs a été une chose évidemment formidable pour nos générations. Nous avons la possibilité de choisir qui l’on veut aimer. C’est un avantage par rapport à certains de nos aïeux mais le revers de ce phénomène, c’est cette cruauté d’être soumis à ce marché des corps et des sentiments.

Qui est cet «Eros-tyran» que vous évoquez au début de votre essai ?

Nous avons d’une certaine manière remplacé le désir métaphysique, très présent chez Platon et qui est un manque qui nous pousse vers l’autre, par un vulgaire besoin charnel. Tout cela engendre des frustrations. C’est un puits sans fond. Toutes les envies ne sont logiquement pas résorbables. Nous ressemblons à des animaux qui n’arrivent pas à étancher leur soif. De là vient la dureté de notre vie sentimentale.

Le mythe de l’«âme-sœur» est né de l’imagination d’Aristophane. Peut-on d’après vous la trouver sur Internet ?


Ce mythe est décrit dans Le Banquet de Platon. Aristophane explique dans cet ouvrage que l’Homme, aux origines, était une sphère. Il est ensuite plongé dans le désarroi le plus profond en étant coupé en deux par la volonté de Zeus. Il est dit qu’on ne peut retrouver son intégrité, son état originel, qu’au contact de sa moitié perdue. Pour Michel Houellebecq, ce livre a «intoxiqué l’humanité» en y introduisant «une nostalgie inguérissable». Cette idée est par ailleurs présente dans l’histoire de la pantoufle de Cendrillon. Elle ne convient qu’à une seule personne, cet être unique qui nous attend quelque part. Reste qu’Aristophane est dans le vrai lorsqu’il met en exergue ce manque qui existe en nous. Personnellement, j’ai parfois envie de croire en l’âme sœur mais, la plupart du temps, je me dis que plusieurs personnes peuvent être en accord avec mon «profil»…Pour ce qui est d’Internet, aucun moyen n’est plus répréhensible qu’un autre. Ce n’est pas un mode d’approche qui personnellement m’attire. On peut regretter qu’il soit de nos jours si compliqué d’aller vers l’autre. Je connais toutefois des gens qui se sont rencontrés de cette façon et qui se sont mariés. Si l’on se penche sur des études qui ont été effectuées, on remarque que l’endogamie reste forte. On croit s’ouvrir à une panoplie de personnes choisies selon des critères déterminés pour finalement retomber sur son voisin de palier que l’on aurait jamais osé aborder.

A quoi correspond cette «amitié supérieure» que vous évoquez ? N’est-elle qu’une forme d’amour dépourvue de sexe .

On trouve cette notion d’«amitié supérieure» dans les écrits de Montaigne. Il s’agit d’un sentiment proche de l’amour et qui n’est pas forcément, en effet, lié au sexe. Montaigne l’a connu avec Etienne de La Boétie. Selon lui, une telle amitié, c’est une chance «s’il s’en forme une en trois siècles». Il a découvert avec La Boétie une communion d’âmes qui se perdent l’une en l’autre de si complète façon qu’on ne peut plus en retrouver la «couture». C’est très troublant. On s’est d’ailleurs beaucoup interrogé sur la nature de cette union. On a voulu en faire une relation homosexuelle. Nous n’avons aucune preuve nous permettant d’affirmer cela. Cette amitié constitue un miroir. Elle aide l’autre à se connaître au mieux. Montaigne a eu cette phrase pour la définir : «Parce que c’était lui, parce que c’était moi». C’est l’une des plus somptueuses que l’on puisse en réalité lier à l’amour. Elle laisse intacte la part de mystère qu’il doit comporter.

Vous mettez en avant la pensée de nombreux philosophes. Desquels vous sentez-vous la plus proche ?

Toutes ces pensées m’accompagnent. Chacun décrit des expériences différentes et intéressantes. J’ai néanmoins et depuis toujours une attirance pour Nietzsche. Elle se confirme pour quasiment tous les sujets et notamment celui-ci. Nietzsche a l’avantage de parler à la fois de la puissance et de la cruauté de la passion tout en théorisant, parfois pour mieux s’en moquer, nos relations au sein du mariage. Ses raisonnements me semblent très pertinents. Ils peuvent nous apporter beaucoup. Faut-il, par exemple, s’abandonner totalement ? Nietzsche fait bien la distinction entre se donner à l’autre et entrer dans un processus de déprise de soi-même. Il suggère donc d’être capable de se donner tout en se tenant solidement sur ses deux jambes. Il nous conseille de nous armer parce que l’amour est aussi un combat cruel. Comment plus souffrir qu’en perdant quelqu’un qu’on aime ou qu’en étant trahi ? La flèche de Cupidon peut provoquer des élans incroyables mais également nous percer le cœur et nous faire saigner. L’histoire personnelle de Nietzsche est par ailleurs passionnante. On ne s’attend pas à ce qu’un homme qui considère le mariage comme «un petit mensonge endimanché» veuille à ce point se marier ! Lorsqu’il était jeune, c’était une sorte de «Bachelor» de Bâle. Il avait besoin d’aide. Ses amis organisaient des castings avant l’heure pour lui trouver une femme. Il faut imaginer ce génie maladroit. Il était grand, pourvu de bacchantes et proposait le mariage aux jeunes filles au bout d’un quart d’heure. Elles prenaient peur et partaient en courant.

Il est vrai que l’on découvre un Nietzsche étonnant de maladresse avec Lou Andreas-Salomé…

Lou Andreas-Salomé est un personnage intriguant. Cette jeune russe perd son père assez tôt. Puis, elle fait rapidement tourner les têtes des plus grands génies du monde. A commencer par le pasteur de sa ville qui tombe «raide dingue» d’elle… C’est une beauté avec des yeux bleus, un petit nez retroussé et des lèvres parfaitement ourlées. Elle est surtout dotée d’une intelligence foudroyante dont son regard est le premier témoignage. Elle connaît une première histoire avec ce pasteur, qui lui enseigne la philosophie, et comprend alors qu’elle a un pouvoir sur les hommes. Lou Andreas-Salomé tient à son autonomie plus que tout. C’est une forte tête, un être égoïste et égocentrique qui avait décidé de ne pas devenir la femme de quelqu’un. Elle a torturé ce pauvre Nietzsche qui voyait en elle son âme sœur. Leur première rencontre se déroule à Saint-Pierre de Rome. Sous la coupole, Nietzsche, abasourdi par sa beauté, lui glisse cette phrase : «De quelles étoiles sommes-nous tombés l’un vers l’autre ?». Ils ont ensuite d’intenses discussions philosophiques ensemble. Pourtant, elle refuse par deux fois ses propositions de mariage. Il en reste profondément perturbé. Lui-même le reconnaît : de cette grande histoire est née la plus importante de ses œuvres, à savoir Ainsi parlait Zarathoustra.

Vous citez à plusieurs reprises Michel Houellebecq. Qu’a-t-il apporté sur ce thème ?

Michel Houellebecq a peut-être le regard le plus percutant qui soit sur notre monde contemporain et la manière dont les sentiments sont vécus aujourd’hui. Son œuvre est à double tranchant. Il engendre d’un côté une noirceur. Nos vices sont ainsi exaltés. Il est d’un autre côté dans la dénonciation notamment lorsqu’il dit je crois que «cela a été une saloperie d’enlever la tendresse des rapports amoureux». Pour lui, cela correspond à la fin d’une civilisation. Je pense que Michel Houellebecq est vraiment une vigie très performante.

Le «pacte de transparence» qui liait Beauvoir et Sartre n’était-il qu’une imposture permettant à chacun d’assouvir ses envies ?

Ce pacte a en partie été une imposture. Nous nous montrons assez critiques vis-à-vis de leur couple libertaire. Il y avait de la cruauté dans le fait de vouloir un «amour nécessaire» et des «amours contingentes». Des jalousies ont été camouflées au sein de ce système qui représentait une façon de se décharger de sa faute quelque peu facilement. Leur idéal s’est parfois transformé en comédie effroyable. Dans L’invitée de Simone de Beauvoir, son propre personnage, qu’elle appelle Françoise, gaze une concurrente amoureuse. Cet épisode démontre qu’elle avait des pulsions négatives. Son amant américain, Nelson Algren a même fini par déclarer : «Quiconque prétend faire l’expérience de l’amour de manière contingente a le cerveau gravement endommagé»… Il s’était rendu compte de la supercherie.

Quelle sera la place de la philosophie, de l’amour et de la philosophie de l’amour au XXIème siècle ?

L’amour est resté central dans nos vies. Il me semble qu’on ne pourra jamais s’en passer. Même un auteur démystificateur comme Schopenhauer reconnaît que ce sentiment est peut-être le but premier de toute entreprise humaine. L’amour est incontournable.

Propos recueillis par Vincent Aufrère
Les philosophes et l’amour, Plon, 252 p.
La culture philosophique (id est la connaissance qu'elles ont de la pensée philosophique) de ces deux "philosophes", qui font pourtant valoir leurs titres (agrégée et philosophe de formation), me semble étrangement hémiplégique. Il y a de grands philosophes qui ont pensé l'amour, l'ont enseigné et l'ont placé au centre de la vie des hommes (ces philosophes disaient aussi "charité"), ils ne sont ni cités, ni analysés : Saint Augustin par exemple. Il est vrai que ces philosophes sont chrétiens et que cela suffit aujourd'hui à les disqualifier en tant que philosophes. Il ne faut pas s'étonner ensuite que ces dames ramènent l'amour à un "sentiment" et le tiennent pour un moteur de bluettes.
Utilisateur anonyme
07 juillet 2008, 22:08   Une merveille !
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Callas qui ne chante pas, c'est encore plus beau (presque) que Callas qui chante !
Utilisateur anonyme
07 juillet 2008, 22:30   Re : L' amour est incontournable .
"La culture philosophique (id est la connaissance qu'elles ont de la pensée philosophique) de ces deux "philosophes", qui font pourtant valoir leurs titres (agrégée et philosophe de formation), me semble étrangement hémiplégique."

Je suis bien d'accord. On trouve aussi beaucoup de choses sur l'amour chez Pascal, Kant, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche... Beaucoup de choses aussi chez les phénoménologues, chez Sartre, Levinas, ou encore Jean-Luc Marion.
Ces agrégées là sont avant tout des journalistes.
Utilisateur anonyme
07 juillet 2008, 22:37   Re : L' amour est incontournable .
Il me paraissait tellement évident que l'amour n'était en aucun cas un sujet marginal dans l'oeuvre des grands philosophes que je me demandais si je n'avais pas eu la berlue en lisant ces propos. Vous me rassurez.

Nietzsche philosophe pour midinettes - il doit s'en retourner dans sa tombe!
Utilisateur anonyme
07 juillet 2008, 23:33   L'amour et Callas
Bien… Il faut croire que je suis le seul à être complètement bouleversé par ce document stupéfiant !
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 00:18   Re : L'amour et Callas
Non, moi aussi. Je viens de l'entendre.
Avant d'aller en quête du sommeil, ce pur joyau. Merci Boris. Un sourire de l'autre monde.
08 juillet 2008, 09:59   Re : L' amour est incontournable .
Entre l'instinct et le diplôme le choix est facile...elles en parlent si mal, c'est affreux.
Vous avez raison : elle est très belle pendant qu'elle attend son entrée. Et bien sûr elle chante magnifiquement. On peut malgré tout la préférer dans l'enregistrement disponible chez EMI, réalisé en 1964 sous la direction de Georges Prêtre avec Nicolai Gedda et Robert Massard. Je ne crois pas que l'on puisse trouver une meilleure version de Carmen.

Dans la même série de réussites miraculeuses en studio de Callas en fin de carrière, alors qu'on la disait déclinante sur scène, je recommande la Tosca, elle aussi dirigée par Georges Prêtre, et peut-être surtout le Barbier dirigé par Anceo Galliera avec Luigi Alva et Tito Gobbi, toujours chez EMI.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 10:28   Re : L' amour est incontournable .
Nous parlions de l'amour. Je suis tombé immédiatement amoureux d'elle, c'est la première fois que Callas me fait cet effet. C'est le bonheur qui est amoureux d'elle.
08 juillet 2008, 10:32   Re : L' amour est incontournable .
Oui, j'ai vu et entendu des dizaines de fois ces enregistrements et je ne m'en lasse pas. Dans ses récitals, la façon dont Callas se laisse imprégner par la musique, exprime sur son visage les moindres nuances avant de commencer à chanter est magnifique.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 10:36   Re : L' amour est incontournable .
Ce que vous dites est très juste, Chère Cassandre, mais c'est précisément la retenue avec laquelle elle laisse voir cette imprégnation, que je trouve admirable. Les mouvements sont infimes, presque imperceptibles. À un moment donné, un bruit la déconcentre, elle regarde l'endroit d'où provient ce bruit, et puis on la voit tourner la tête, et revenir en la musique. C'est merveilleux. Vous avez tous l'air de connaître cette Callas-là, alors que moi, je la découvre.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:19   Re : L'amour et Callas
Quoi qu'ait pu en dire Renaud Camus, c'est la plus grande cantatrice tragédienne du 20ème siècle et Boris est son prophète, dont je baise les pieds mains.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:22   Je préfère les pieds
Ah bon, qu'en a donc dit Renaud Camus ?

Pour ce qui est du prophète de Callas, Corto, non, vous allez un peu vite en besogne. Ce n'est pas ma chanteuse préférée.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:28   Re : Je préfère les pieds
Ce sont de vieux écrits de Camus des années 1980-1990 où il disait quelque chose comme "ò mes biens-aimés, je vous dirais un jour ce que je pense vraiment de votre Callas adorée". Il ne l'a peut-être jamais dit, mais c'était clair.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:29   Takalas adorée
Ah, je n'étais pas né, moi, en ce temps-là.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:31   Re : Takalas adorée
Sans doute, mais c'est pas une excuse. Vous avez bien lu Céline qui a dû mourir 60 ans avant votre naissance, jeune homme !
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:33   Re : Takalas adorée
Oui, j'ai même lu Lakalas et écouté Céline takavoir.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:35   Re : Takalas adorée
T'es trop fort, mon ptit gars ! Fais gaffe à pas boire de l'eau qui vient d'Avignon !
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:39   Re : Takalas adorée
Ah bon ? Qu'est-ce qui se passe encore ? Gérard Gelas s'est jeté dans le fleuve ?
Utilisateur anonyme
08 juillet 2008, 21:43   Re : Erreur
Erreur.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 15:50   Re : L' amour est incontournable .
La Callas est ma chanteuse d'opéra préférée. D'autres, que je ne citerai pas, quelle importance, ont des voix si parfaites, si unies et constantes qu'elles me paraissent désincarnées, elle m'ennuient. Pas la Callas. Derrière sa voix je sens très fort la femme, et cette femme; sa fragilité m'émeut, ses montées inouïes me font presque mal, j'en suis transpercé, les larmes me viennent aux yeux. Je l'écoute peu. J'ai peur d'émousser ces impressions par l'habitude. Je ne dis pas ces choses de peur du ridicule, et parce qu'on rencontre rarement des gens qui sont à l'unisson de soi.
Inexplicablement, j'éprouve le même degré d'émotion violente avec C'est écrit de Cabrel.
Et merci Boris !

Elle te fera changer la course des nuages,
Balayer tes projets, vieillir bien avant l'âge,
Tu la perdras cent fois dans les vapeurs des ports,
C'est écrit...
Elle rentrera blessée dans les parfums d'un autre,
Tu t'entendras hurler "que les diables l'emportent"
Elle voudra que tu pardonnes, et tu pardonneras,
C'est écrit...
Elle n'en sort plus de ta mémoire
Ni la nuit, ni le jour,
Elle danse derrière les brouillards
Et toi, tu cherches et tu cours.
Tu prieras jusqu'aux heures ou personne n'écoute,
Tu videras tous les bars qu'elle mettra sur ta route,
T'en passeras des nuits à regarder dehors.
C'est écrit...
Elle n'en sort plus de ta mémoire
Ni la nuit, ni le jour,
Elle danse derrière les brouillards
Et toi, tu cherches et tu cours,
Mais y a pas d'amours sans histoires.
Et tu rêves, tu rêves...
Qu'est-ce qu'elle aime, qu'est-ce qu'elle veut ?
Et ses ombres qu'elle te dessine autour des yeux ?
Qu'est-ce qu'elle aime ?
Qu'est-ce qu'elle rêve, qui elle voit ?
Et ces cordes qu'elle t'enroule autour des bras ?
Qu'est-ce qu'elle aime ?
Je t'écouterai me dire ses soupirs, ses dentelles,
Qu'à bien y réfléchir, elle n'est plus vraiment belle,
Que t'es déjà passé par des moments plus forts,
Depuis...
Elle n'en sort plus de ta mémoire
Ni la nuit, ni le jour,
Elle danse derrière les brouillards
Et toi, tu cherches et tu cours,
Mais y a pas d'amours sans histoires.
Oh tu rêves, tu rêves...
Elle n'en sort plus de ta mémoire
Elle danse derrière les brouillards
Et moi j'ai vécu la même histoire
Depuis je compte les jours...
Depuis je compte les jours...
Depuis je compte les jours...
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:05   Maria Cabrel
Ce forum est toujours aussi surprenant.


« ses montées inouïes me font presque mal, j'en suis transpercé, les larmes me viennent aux yeux »

C'est vrai, ce que vous dites. En général, Callas fait mal. Mais pas dans l'extrait que j'ai proposé.

Obi, si j'osais, tout de même, essayez d'écouter d'autres chanteuses, vous ne perdrez rien de votre amour pour Maria Callas, mais peut-être gagnerez-vous quelque chose.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:18   Le juke-box est incontournable.
La poupée

Paroles et Musique: Maxime Le Forestier 1975

J'ai mis de la vie
Dans le corps transi
D'une poupée de porcelaine
Un peu démodée,
Trop bien élevée,
Vêtue de lin, vêtue de laine.
Elle avait quinze ans,
L'âge où les enfants
Ne s'amusaient plus avec elle.
Je suis adulte,
Je suis inculte.
Je ne sais rien de la marelle.

Quand elle a posé
Son corps de poupée
Contre le mien, dans une chambre,
Elle ignorait tout
De ce qui se joue
Dans la peau d'un corps qui se cambre.
Elle m'a rendu,
Silencieuse et nue,
Dans son maintien de bonne élève,
Le goût d'apprendre,
Le goût d'attendre
Longtemps le matin qui se lève.

Il était grand jour
Quand j'ai fait l'amour
Avec l'enfant devenue femme.
Il était midi
Quand elle est partie
Avec un air de grande dame.
Elle m'a dit : "Salut.
Ce que j'avais lun
Tu m'en as montré l'existence."
Tu répétais
"Amour, liberté"
C'était aussi pour moi, je pense.

Elle a pris le train
Pour le long chemin,
Semé de boue, semé d'embûches.
Tapie dans les draps
Elle aura pris froid
D'attendre qu'un amour débuche
Et, de loin en loin,
Je la voyais bien,
Toujours en train, toujours en quête,
Toujours perdue,
Toujours déçue,
Toujours en amour, toujours prête.

D'année en année,
On s'est retrouvés
Quand l'un de nous était en peine.
On faisait l'amour
Et les mauvais jours
Ne finissaient pas la semaine.
On se racontait
Puis on se quittait
En se disant qu'il fallait vivre
Pour se reprendre
Ou pour s'attendre
Au prochain chapitre du livre.

Je sais maintenant
Qu'elle a un enfant,
Un mari, confort et bien-être.
Elle n'a plus le temps.
Elle n'a plus d'amants.
Du moins, c'est ce que dit sa lettre.
Mais moi, j'attendrai
Qu'elle en ait assez
Et qu'elle reprenne sa route,
Qu'elle me revienne,
Qu'elle se souvienne
Et nous nous aimerons sans doute.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:23   Re : L' amour est incontournable .
Mais pas dans l'extrait que j'ai proposé.
En effet, je faisais principalement allusion à Costa Diva dans Norma et Sempre libera dans La traviata.
Je suis infidèle, un vrai coeur d'artichaut, avec les chanteuses , rassurez-vous !
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:25   Arti show
Costa Divo, n'est-ce pas ce policier interprété par Alain Delonbec ?

J'ai répondu à votre message privé.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:31   Pour Obi Wan
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Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:49   Re : L' amour est incontournable .
Pas le bon titre en effet. La voilà, magnifique dans
[url=
]l'attente[/url] également.

Très émouvant, merci Orimont
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 16:56   La pauvre !.
C'est un gag ???
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 17:29   Re : L' amour est incontournable .
Je la trouve bien plus belle que dans votre extrait, et je ne comprends pas comment un homme de goût comme vous ne fait pas la différence !
Ma Casta Diva c'est ma Castagnette, pas la vôtre, désolé cher Boris !
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 17:37   Re : L' amour est incontournable .
Mais, Cher Obi, je ne parle pas de ça. Avez-vous écouté les chœurs ???
Merci, cher Boris, pour la grande Kathleen...
09 juillet 2008, 19:15   Re : L' amour est incontournable .
Sapristi! pourquoi n'entends-je pas le son chez Kathleen Ferrier alors que je l’entends chez Callas ? Dites-moi au moins ce quelle chante ! Notez que si ce sont les Kindertotenlieder, je préfère ne pas les entendre…Il faut s’y préparer et ce n’est pas tous les jours que je peux le faire, et encore, il me faut de la compagnie, sinon, je larmoie comme une idiote. A la rigueur, je peux les écouter par (mon bien-aimé) Thomas Hampson. Peut-être parce qu’il les chante « trop parfaitement »…
Je ne comprends pas comment on a pu faire accompagner la Callas par de mauvais amateurs (les demoiselles de la Légion d'Honneur peut-être ?). Avez-vous vu le regard que'elle leur jette, le geste ? Elle n'en revient pas.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 19:54   Re : L' amour est incontournable .
N'est-ce pas, Marcel, c'est incroyable, à mourir de rire, ou de colère ! Non seulement ils chantent comme des patates, mais ils sont capables d'être décalés d'une mesure (ou deux, je ne me souviens plus, et je n'ai pas très envie de réécouter…), c'est une apocalypse dans la catastrophe ! Et il paraît que ce fut un… triomphe !!!

Je crois vraiment que le monde entier est SOURD.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 20:00   Kathleen Ferrier
Aline, il s'agit des Rückert Lieder : "Ich bin der Welt abhanden gekommen"

À droite, en bas du cadre de la video, vous avez le volume. Montez-le.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 20:16   Re : L' amour est incontournable .
La solution à vos interrogations concernant ma capacité à estimer la qualité des choeurs réside dans la médiocrité des deux petits diffuseurs installés sur mon bureau. J'écoute la musique ailleurs sur une chaîne de très haute fidélité.
Encore une solution à trouver, la condition de l'homme moderne est décidément bien difficile et multiplie à l'infini la nécessité d'aménagements de toutes sortes !
Ceci dit la voix de la Callas tranche tellement sur ce qui m'apparaît à moi comme un vieil enregistrement d'amateur que sa performance y gagne un aspect épique qui n'est pas sans charme et semble encore décupler son merveilleux talent.
Utilisateur anonyme
09 juillet 2008, 21:05   Re : L' amour est incontournable .
Bon, je venais de vous faire une longue réponse, mais elle a été effacée. Tant pis.

Je ne pensais pas à vous.
09 juillet 2008, 22:43   Re : Kathleen Ferrier
J'ai l'air fin, vraiment! Tant pis, j'assume.
La voix de contralto me chavire le coeur en général mais celle-ci me (nous) le réduit en charpie...
Utilisateur anonyme
10 juillet 2008, 09:58   Écoute
Cher Obi, si la médiocre qualité de vos diffuseurs explique que vous n'ayez pas remarqué le désastre absolu de ce concert, comment se fait-il qu'elle vous ait permis d'apprécier ce qui vous a tant ravi dans cet enregistrement ? Avouez que vous n'avez pas écouté, que vous avez seulement vu "Maria Callas", et que ce nom seul vous a séduit. (Vous pouvez changer le nom, le remplacer par Kathleen Ferrier, Horowitz, Richter, Menuhin, qui vous voulez, aucune importance.) La "haute-fidélité" n'a rien à faire avec la musique. Tous les jours, j'ai la preuve que personne n'écoute rien, même quand ce personne a réuni les conditions les meilleures pour ce faire. Phénomène presque incroyable ! "Décuple son talent", dites-vous ? Non, elle est empêchée, perdue, malheureuse, contrariée, elle ne fait qu'espérer aller au bout.

"Vieil enregistrement d'amateur" ??? Mais quel rapport avec l'enregistrement ? Serait-ce en couleur, 24 bits 192 kHz, avec toutes les possibilités modernes qui ont l'air de vous ravir que ce serait aussi mauvais, et même plus. Et d'ailleurs, à l'époque justement, "l'enregistrement amateur" n'existait pas, ce qui était sans doute une très bonne chose.

Maria Callas a l'air d'un pauvre animal pris au piège, elle doit continuer coûte que coûte, et j'imagine que seulement quelques mois plus tard, elle aurait fait un scandale, pour être traitée comme ça. Alors oui, je préfère mille fois "ma" vidéo, où c'est tout le contraire, où elle est heureuse, et où un bruit presque négligeable suffit à la gêner. Enfant, j'étais très souvent pris du désir de massacrer les auditeurs qui faisaient le moindre bruit dans une salle de concert, tellement me paraissait précieux et miraculeux ce qui se passait sur scène. Je préfère Michelangeli qui refuse de jouer, ou qui part brusquement, furieux parce que le public a applaudi.

On voit toujours et encore le même phénomène. Mettez plus de moyens, donnez plus de facilités, offrez plus d'accès à l'art, à la musique, aux concerts, et l'écoute décroît de manière proportionnelle.

Hier, essayant pour la centième fois de classer mes disques, je me suis pris du désir de jeter toute la musique extra-européenne, ou l'"ancienne", ou la "périphérique", dont j'ai beaucoup, beaucoup trop d'enregistrements.
Utilisateur anonyme
10 juillet 2008, 13:15   Re : L' amour est incontournable .
comment se fait-il qu'elle vous ait permis d'apprécier ce qui vous a tant ravi dans cet enregistrement ?

Mais enfin Cher Boris si ces petits diffuseurs en plastiques reproduisent relativement bien les aigües mais pas les moyennes et les basses du chœur, La Callas passe suffisamment bien pour être reconnaissable entre toutes. C’était pour son attitude dans l’attente et transmettre le titre rectifié du morceau que j’envoyais cette vidéo, sans penser à la qualité du son pour vous, encore moins aux suites démesurées dans lesquelles vous m'entraînez. Cet enregistrement n'était pour moi qu'une allusion à d'autres bien meilleurs.

Je vous sens monter en tours depuis quelques jours et je m’en vais attendre que cela passe si ça continue !

Tous les jours, j'ai la preuve que personne n'écoute rien, même quand ce personne a réuni les conditions les meilleures pour ce faire.
Vous sonnez à la mauvaise porte avec moi car je ne peux pas entendre de la musique il faut que je l’écoute. C’est au point que je ne peux lire en musique. Soit elle est mauvaise et il faut que je la coupe, soit elle est intéressante et je ne plus consacrer mon attention à la lecture parce qu’il faut que je l’écoute !
Même dans une grande surface, si la musique n’est pas noyée dans le brouhaha du magasin je ne puis m’empêcher de l’entendre et d’y accrocher, et les groupes de chanteuses noires américaines hurlant à l’amour du plafond dégoulinant de cyprine abrègent mes achats et me font fuir à toutes jambes.
Vous voyez que vous n’êtes pas le seul à aimer la musique au point de vouloir jouer de la kalachnikov, et j’espère que ces preuves d'empathie vous irons droit au coeur cher Boris !

Je pense très sincèrement que les salles de concert sont remplies de personnes qui n'aiment pas la musique, et ceci n'est pas une boutade.
Utilisateur anonyme
10 juillet 2008, 13:28   Ouïr, écouter, entendre, comprendre
Mais je ne pense pas à vous, encore une fois, Obi ! Pardonnez-moi, mais le cas particulier ne m'intéresse pas, en l'occurrence. Je ne "joue pas du fusil-mitrailleur", Cher Obi, cela fait des années et des années que je demande comment il se fait que ce sens, l'ouïe, est aussi délaissé, sacrifié, atrophié. Pouvez-vous comprendre cela ? Les suites démesurées, mais ce ne sont pas des suites, c'est l'objet même de ce que j'essaie de dire. Qu'il s'agisse de Callas ou de n'importe qui d'autre, vous voyez ? Comment se fait-il que plus personne ou presque n'écoute la musique ? Ou ne l'entende pas, plus justement.

Vous ne me convainquez nullement, mais cela n'a vraiment aucune importance. Je crois que pour qui écoute, il n'est pas de mauvaises conditions qui vaillent. Les basses du chœur ??? Ah bon, les chœurs chantent plus bas que Callas ? Aïe, décidément, vous abondez dans mon sens…

Non, le chœur est bien entendu aussi audible que la voix de Callas, qui n'est pas à son meilleur, c'est le moins qu'on puisse dire. Et quand il n'y a pas de nom sur l'étiquette, qu'en pensez vous ?
Utilisateur anonyme
10 juillet 2008, 13:45   Re : L' amour est incontournable .
Pour dire toute la vérité, l'enregistrement, si mauvais, si détestable, me plaisait à moi. Parce que je fais la part des choses entre cette vision musicale sur You Tube et les auditions précieuses qu'il me rappelle. C'est comme une vieille et mauvaise photo d'un être aimé, c'est le souvenir de cet être qui compte. Toutes ces vidéos sont pour moi des cadeaux inespérés.
Parce que je suis en sécurité loin de vous je risquerais César Frank, pour l'ambiance du morceau.
Utilisateur anonyme
10 juillet 2008, 14:16   Ouïr, écouter, entendre, comprendre (2)
J'espère que JGL descend à la cave, de temps à autre…

Cela fait longtemps que je me demande ce qui a fait que le verbe entendre s'est transformé et a pris le sens qu'il a aujourd'hui (sauf dans l'expression "j'entends bien"), c'est-à-dire ouïr. Ce qui revient à poser aussi une autre question : pourquoi "ouïr" a-t-il disparu ? Car, quand on entend, on fait déjà beaucoup plus qu'écouter. Pourquoi entendre a-t-il basculé dans le passif, dans l'unidirectionnel ?

Il y a, dans cet enchaînement — ouïr, écouter, entendre, comprendre (verbes qu'il faudrait placer dans un carré magique) —, quelque chose qui, me semble-t-il, dit la vérité des sens et du sens.
Ah ! Monsieur Joyce, vous ouïtes ce que nous n'orrons plus, hélas ! mais j'oirais volontiers encore un de vos inouvrables liens...
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