Je sais c'est un peu facile mais...

Albanais et Kurdes. Situations proches, solutions à l'opposé

Les Albanais du Kosovo jouissent de leurs premiers jours d'indépendance, et les explosions de pétard sont encore présentes dans le souvenir des gens, une semaine après le jour J. Le son de la fête a à peine cessé, et il va faloir maintenant s'habituer à cette situation, aller travailler comme si de rien était, et surtout, construire un avenir.

Les Kurdes d'Irak sont dans une situation radicalement différente. Le PKK, qui enrôle les adolescents et jeunes adultes, est en difficulté, face à la déferlante de moyens que met en oeuvre l'armée turque pour les chasser. Cette dernière est entraînée, équipée, renseignée, aussi, par les Etats-Unis d'Amérique.

Certains Kurdes, en Irak ou en Turquie, doivent se demander pourquoi les Américains sont contre eux. Pourquoi, non seulement ils laissent faire l'armée turque, mais surtout pourquoi ils vendent des équipements et forment cette armée, qui est loin d'être irréprochable sur le plan éthique: la torture fait partie de ses pratiques, et les bavures contre les civils, qu'on appelle ici et là "dommages collatéraux", ne gênent personne.

L'Europe aura du mal à expliquer aux Kurdes pourquoi elle se dit indignée sans réagir. Bernard Kouchner, lorsqu'il se rendra en Irak, aura quelques difficultés à se faire pardonner. Tout le monde se souvient, là-bas, de son engagement en faveur des Albanais du Kosovo, du soutien qu'il a apporté aux bombardements de l'OTAN contre la Yougoslavie de l'époque, etc.

Assez bizarrement pour un homme de principe, personne n'a entendu Bernard Kouchner réclamer une intervention militaire pour arrêter la répression de l'armée turque contre le PKK au Kurdistan.

Autre chose, la Turquie est membre de l'OTAN, allié fidèle des Etats-Unis. Pourquoi est-ce que Washington mettrait son nez dans les affaires des Turques? Ce serait contraire au principe de non-ingérence dans les affaires internes d'un Etat. Principe maléable, puisque Washington se réserve le droit de le respecter ici, mais de le bafouer ailleurs.


Pourquoi alors est-ce que la Yougoslavie a eu droit à 78 jours de bombardements aériens intenses? Les personnes qui étaient aux responsabilités, à cette époque, sortiront-elles de leur silence pour expliquer la différence de traitement qu'il y a lorsqu'il s'agit du Kurdistan et du Kosovo?

L'invasion turque de l'Irak et l'indépendance du Kosovo, qui interviennent au même moment, montrent de belle manière l'hypocrisie des démocraties occidentales. Celles-ci n'ont même pas essayé d'expliquer à leurs populations pourquoi elles traitent différemment Serbes et Turques, Albanais et Kurdes.

C'est bien ce que me tue à dire :


Ce n'est pas au nom de principes que l'indépendance du Kosovo a été portée sur les fonds baptismaux (ou devant le couteau de l'imam, je ne sais) : c'est par intérêt.

Notez que nos amis américains n'ont aucun intérêt à un kurdistan autonome, et y voient un grave inconvénient : affaiblir leur allié Turc.

Pour la phrase :

L'invasion turque de l'Irak et l'indépendance du Kosovo, qui interviennent au même moment, montrent de belle manière l'hypocrisie des démocraties occidentales.


Ce n'est pas, à mon sens, de l'hypocrisie que de défendre ses intérêts.

Pour la phrase :

Celles-ci n'ont même pas essayé d'expliquer à leurs populations pourquoi elles traitent différemment Serbes et Turques, Albanais et Kurdes.


Et alors ? comme disaient les Anglais au temps de leur splendeur : "never explain, never complain".


Je trouve extraordinaire que, dans cet article, on donne des leçons, en matière Kurde, aux Etats-unis, alors qu'ils ont abattu le tyran Sadam-Hussein, honni des Kurdes, et qu'ils ont permis la création d'une entité autonome Kurde en Iraq. Si les Kurdes d'Iraq jugent les Américains à ce point ignobles, je leur suggère vivement :

- un, de leur dire de partir pour leur permettre de reprendre leur conversation avec leurs chers amis arabes sunnites ou chiites ;

- deux, d'arrêter de nous emmerder avec leurs problèmes dans lesquels nous ne sommes pour rien, et qui ne concernent pas l'Europe.

Je suis toujours surpris par le traitement réservé à l'armée turque.

On oublie qu'elle est le rempart concret contre l'islamisme.

Elle fit autrefois pendre Adnan Menderes, ce qui calma les islamistes un certain temps.

Pour les relations entre armée turque et islamisme, lisez "Neige " de Pamuk, souvent les écrivains décrivent mieux la réalité que les sociologues.

Bien cher Rogémi,


Pourquoi ne voudriez-vous pas que les Américains fassent deux mesures : une pour leurs amis, une pour leurs ennemis ?

Croyez-moi, lorsqu'on faisait de même en Europe, on ne s'en portait pas plus mal.