Le site du parti de l'In-nocence

Une question de fond

Envoyé par Loïk Anton 
11 novembre 2011, 12:37   Une question de fond
Bonjour à tous,
il me semble que les Partis ou hommes publics qui luttent contre la décivilisation seront mis en échec (et mat ?) à tous coups, et ce par une sorte de syllogisme imparable :

- vous critiquez l'immigration de masse et l'Islam ;
- vous critiquez donc l'étranger, l'Autre etc. ;
- vous êtes un nazi et vous risquez de créer de nouveaux camps (le fameux "Croissant vert").

Je résume brutalement le fond bien connu de l'argumentaire des Amis du Désastre, mais je constate que malgré toutes les subtilités que l'on voudra, on n'a pas trouvé à ma connaissance une façon efficace de parer ce coup de massue. Jusqu'à présent, aucune personne se risquant à critiquer l'immigration et l'ouverture à l'Autre n'a pu éviter sa marginalisation et sa mise au rencard dans le "camp de l'extrême droite". Je songe par exemple à Riposte Laïque, qui pourtant prône toutes les valeurs de gauche - sauf l'immigration - et se trouve immédiatement marginalisée, quoiqu'elle fasse ou dise.
La question est donc : comment sortir de ce problème ? Que faire pour que la critique de l'immigration massive ne soit plus corrélée à des mouvances criminelles?
Il me semble évident que la première chose à faire est d'éviter toute alliance voire tout contact avec des mouvances historiquement sise dans l'extrême droite et ses thèmes ; mais encore?
11 novembre 2011, 12:41   Re : Une question de fond
J'aimerais ajouter aussi quelque chose qui peut choquer ici :
l'argumentaire des Amis du Désastre n'est pas "idiot" ni dénué de tout fondement. Il est quand même assez angoissant de constater qu'en Europe, seuls des mouvements plus ou moins liés à des droites extrêmes se sont mis à critiquer l'immigration, l'Islam, et à prétendre défendre la civilisation occidentale. C'est la fameuse Malédiction dont parle à juste titre Renaud Camus...
Or, ce côté presque systématique de "la défense de l'Occident" par différentes formes de droites dures, pose aussi question. Est-ce une pure mystification, ou une "ruse de la Raison" (tragique, puisqu'elle conduira les âmes claires à s'éloigner de ces thèmes), ou est-ce par ce que le thème même de "l'Occident" est effectivement un thème relié à des valeurs aujourd'hui de droites dures ?
11 novembre 2011, 15:58   Re : Une question de fond
Moi je crois, au contraire, que cette accusation systématique ,sans le moindre débat, d'extrême droite ne prend plus. C'est un peu l'équivalent de "toutes des putes sauf ma mère" . Même les gens les plus idiots font désormais la différence entre une immigration modérée, donc digérable et l' immigration de masse d'aujourd'hui, invasion d'ayants droits haineux qui transforme du tout au tout le pays. Et s'ils n'osent pas le dire publiquement ce n'est pas parce qu'ils jugent honteuse leur opinion et craignent une condamnation morale de leur entourage mais parce que désormais dans ce pays on se méfie les uns des autres, des éventuels mouchards, procès ou représailles, dans son métier comme dans sa vie privée, ce qui est le propre d'un régime totalitaire.
11 novembre 2011, 16:58   Re : Une question de fond
Le peuple de France n'attend qu'une chose, c'est qu'on exprime haut et fort les vérités qu'il pense tout bas (qu'il ose d'ailleurs à peine penser, tant il craint de mal penser.)

La situation étant ce qu'elle est, et au vu des forces en présence, nous n'avons pas le choix de la stratégie à suivre : il nous faut dans un premier temps nous rendre intouchables, insoupçonnables d'une quelconque appartenance à la Part obscure. Cette étape est la plus longue et la plus délicate. Elle exige beaucoup de maîtrise de soi et de patience. Il s'agit de démontrer que nous ne sommes pas méchants, que nous sommes mêmes tout à fait sympathiques, ouverts et tolérants (quand c'est vrai, c'est évidemment plus simple). Une fois ce rapport de confiance établi avec les autres, ceux qu'il faudra gagner à notre cause, nous pouvons modérément, et très habilement, commencer à exprimer nos désaccords avec la Doxa. Alors nous voyons que tout le monde pense comme nous, sauf quelques indécrottables idéologues. Par la suite, nous pouvons abattre nos cartes et parler plus franchement, plus clairement. C'est à partir de ce moment, et pas avant, que nous pouvons avoir une influence réelle; c'est à partir de ce moment que nous pouvons espérer faire basculer dans notre camp ceux qui n'osaient pas franchir le pas.

J'ajoute que c'est, hélas, bien souvent, une affaire de personne. Voir la façon dont Marine Le Pen est parvenue à séduire un auditoire plus large que celui de son père, avec des idées aussi fortes en matière d'immigration, de sécurité, etc. (ce qui n'empêchera toutefois jamais sa diabolisation - elle ne pourra pas se refaire une virginité).
11 novembre 2011, 19:07   Re : Une question de fond
Je viens de lire un excellent texte de Philippe Nemo dans lequel il parle de nombreux sujets, en particulier celui de la domination idéologique de la gauche en France. Extraits :

Citation

Le paysage politique français s’est extraordinairement déporté vers la gauche depuis trente ans, à la faveur d’une sort de « dérive des continents » dont il faudrait analyser en profondeur les causes (je suggère, pour lancer cette recherche, de chercher en premier lieu du côté de l’école, caractérisée en France par le monopole de l’Éducation nationale qui appartient intégralement à la gauche, et des médias, entièrement investis par la gauche, eux aussi, depuis la Seconde Guerre mondiale et plus encore depuis 1981).
[...]
Je me suis longtemps demandé d’où venait la rage de la droite française à s’aligner systématiquement sur le discours immigrationniste de la gauche, qui ne correspond pas vraiment à son idéologie et à sa tradition. La droite a suivi la gauche sur ce terrain au point de voter avec elle les lois prétendument « antiracistes » – en réalité destructrices de la liberté d’expression et pré-totalitaires – qui interdisent, sous peine de prison, de parler librement des conséquences sociales et culturelles des phénomènes migratoires. Le phénomène noté ci-dessus nous fournit une réponse. Sans doute la droite est-elle sous la coupe des lobbies qui l’ont persuadée qu’il fallait étouffer toute manifestation d’intolérance des populations autochtones à l’encontre des immigrants, intolérance qui pourrait freiner l’installation des nouveaux travailleurs dont leurs entreprises et leurs affaires ont besoin. Ceux de ces capitalistes qui possèdent des journaux et des télévisions ont probablement, en outre, passé la consigne aux directeurs des rédactions qu’ils emploient, lesquels, étant idéologiquement de gauche, l’appliquent sans se faire prier. Ainsi le petit peuple subit-il les effets conjugués de cette « alliance objective » de la droite économique et de la gauche idéologique. Et quand quelqu’un veut se faire son porte-parole, il est traité de « populiste » et on le fait taire en le « lepénisant ».
[...]
Cette occlusion non seulement de certaines thèses, mais même de certains sujets sur l’espace public fait qu’il n’y a plus de véritable débat public en France, contrairement à ce qui se passe dans toutes les démocraties voisines. C’est ce qui fait qu’on peut soutenir que la société française est actuellement une société sans tête ou décérébrée. En effet, dès lors que règnent partout les tabous de la nouvelle religion, nombre de problèmes de société, et comme par hasard les plus importants et les plus urgents – éducation, immigration, famille et mœurs sexuelles, fiscalité, politiques sociales, sécurité, justice… – ne peuvent être posés dans le débat public dès lors que les débatteurs entendent sortir du cadre des solutions que la gauche a données à ces problèmes. La gauche voit très bien que le simple fait d’en parler semble signifier qu’ils ne sont pas déjà résolus, ce qui est, en soi, suspect. Pour empêcher qu’on propose à certains de ces problèmes des solutions jugées non orthodoxes, on a même interdit, par de véritables lois de censure – loi Gayssot, lois « mémorielles », loi sur la HALDE… – d’en parler librement. Ces interdictions sont assorties d’amendes hystériques et même de peines de prison, ce qui fait que la terreur est efficace et que les gens se taisent. Ils n’en pensent pas moins, ils parlent librement dans les cercles privés (et, Dieu merci, sur Internet), mais les dissidents n’ont plus accès à l’agora de la Cité, c’est-à-dire aux institutions académiques officielles et aux grands médias. Le débat public reste donc enfermé dans les stricts cadres de la nouvelle orthodoxie, il se réduit à un bavardage insipide, à la « politique-spectacle » et, en ce qui concerne l’université, aux faux problèmes « byzantins » qui ne font peur à personne. Quant aux vrais problèmes, ils continuent, sans doute, à être débattus dans des cercles savants restreints, mais ils ne sont plus jamais posés et analysés sur l’espace public comme il conviendrait dans une démocratie normale.

Philippe Nemo a très largement raison. Si vous regardez, par exemple, ce que disait le RPR dans les années 1990 (il était alors dans l'opposition) sur les questions d'immigration, d'islam, d'identité nationale, etc. (Valeurs Actuelles avait consacré un article là-dessus récemment), vous verrez qu'il est beaucoup plus à droite que ne l'est Marine Le Pen aujourd'hui ! Et pourtant, ce discours, qui serait inaudible aujourd'hui à l'UMP, ne choquait pas vraiment à l'époque, alors même que les problèmes posés par l'immigration étaient bien moindre qu'aujourd'hui. Cela démontre donc que les thèmes de l'immigration, de l'islam, de la naturalisation, de l'identité ont ceci de particulier que plus les problèmes rencontrés sont grands, et plus il est interdit de les évoquer. Ce paradoxe singulier ne se retrouve dans absolument aucun autre thème médiatique, bien au contraire. Imaginez qu'après la catastrophe de Fukushima, tout le monde ait déclaré que l'énergie atomique était une grande chance, que ceux qui rejetaient le nucléaire étaient des obscurantistes, etc. On aurait trouvé ça absurde ! Or plus l'immigration pose problème, plus on dit que c'est une chance. Contradictoire…

Cette dérive générale à gauche permet également de comprendre l'escroquerie intellectuelle du concept de "lepénisation des esprits", qui a fait croire à une dérive fascisante. En fait, il n'y a pas eu de lepénisation des esprits, mais plutôt une MRAPisation des esprits, une LICRAtisation des esprits, une islamisation des esprits qui a imprégné les médias et hommes politiques, les faisant s'aligner sur des thèses antiracistes sans cesse plus intransigeantes et jamais remises en cause. C'est cette évolution qui a fait que l'on a de plus en plus "lepénisé", stigmatisé, calomnié toute opinion divergente sur l'immigration, en la faisant passer pour extrémiste et en la reliant abusivement à de xénophobie. La société ne virait pas plus à droite, au contraire : elle virait de plus en plus à gauche et, de se fait, condamnait de plus de plus les opinions droitières, alors même que cette virée à gauche faisait augmenter les problèmes de l'immigration.

Que le syllogisme ("vous critiquez l'immigration de masse et l'Islam ; vous critiquez donc l'étranger, l'Autre etc. ; vous êtes un nazi et vous risquez de créer de nouveaux camps") paraisse aller de soi montre bien à quel point la mentalité des Amis du Désastre a imprégné les consciences au point de leur ôter tout moyen de réfléchir par elles-mêmes. Car, dans tout sujet, il doit toujours y avoir confrontation des idées.
Certes, critiquer l'immigration peut entraîner (encore que ce ne soit pas systématique) une stigmatisation. Mais (et c'est là le plus important), ne pas en parler et donc, par là même, laisser le phénomène croître et embellir peut avoir des effets bien pires sur la société en général (fragmentation de la Nation, explosion de violence, tiers-mondisation, reculs démocratiques, destructions de la culture, etc.) que la simple stigmatisation. Or cette alternative n'est jamais prise en cause dans le débat : on en reste toujours au "si vous critiquez, vous stigmatisez" mais on ne pense jamais "si vous ne dites rien, vous allez conduire à une situation bien pire encore".
C'est comme ceux qui disent : "si vous dénoncez le racisme anti-Blanc, vous faites le jeu de l'extrême droite et vous stigmatisez". Là encore, d'une part ce n'est pas forcément vrai, et d'autre part, si on ne dénonce pas le racisme anti-blanc, on contribue à le légitimer, et donc à l'accroitre. Or cette objection n'est jamais formulée, ce qui montre bien que ceux qui taisent volontairement le racisme anti-blanc ont la seule crainte que sa dénonciation nuise de façon hypothétique aux gens issus de l'immigration, alors que le fait que sa non dénonciation nuise à ceux qui en sont les victimes actuelles et futures ne les gênent nullement. En fait, sous le prétexte d'être "contre la haine", ils contribuent à en engendrer une autre.
C'est la même chose pour la critique de l'immigration, de l'islam, et le syllogisme "vous stigmatisez, etc." En fait, le sens profond du syllogisme est : "Mieux vaut que l'identité française se dissolve ou que la France s'islamise plutôt que les mesures pour l'en empêcher nuisent hypothétiquement aux immigrés ou aux musulmans." C'est une sorte de corolaire de la formule "L'Autre doit toujours passer avant moi." C'est notamment visible dans les questions d'identité : la peur d'"exclure" ou de "stigmatiser" en fixant certaines règles communes (et en particulier celles du peuple d'accueil) font que l'on tolère toutes les dérives. Là encore, mieux vaut renoncer à notre identité plutôt que de l'affirmer au risque hypothétique d'exclure certains. On peut rapprocher cela de la formule christique : "Si on te frappe sur une joue, tend l'autre joue."

Là est la vraie réponse à la question de fond. Si le syllogisme est si puissant, si tous les antiracistes idéologiques et autres Amis du Désastre peuvent à ce point clouer le bec à qui que ce soit au mépris de tout dialogue, de toute logique, c'est parce que tout le monde en Occident a intériorisé de façon inconsciente ce paradigme : "L'Autre doit toujours passer avant moi."
Dans l'islam, c'est exactement le contraire : l'Autre est toujours traité en inférieur. C'est notamment pour cela que les pays musulmans n'ont absolument aucun scrupule a marginaliser et mépriser les minorités et à imposer la loi islamique. Le "syllogisme imparable" si puissant ici est totalement inopérant dans une civilisation musulmane. A l'inverse, le paradigme le plus puissant là-bas (et totalement inopérant chez nous) est celui de la référence à la religion.
11 novembre 2011, 23:07   Re : Une question de fond
Bonsoir Cassandre et Félix,
le problème me semble demeurer en l'état : quoi qu'on dise, dès que c'est critique, envers l'immigration, on devient par-là même inaudible. Cassandre pense que "les gens" en ont marre ; mais "les gens" n'ont AUCUNE importance. Seules comptent quelques minorités dirigeantes. C'est ce qu'ont compris les MRAPistes et autres ; ils ont touché quelques cadres de la société, et elle a entièrement suivi le mouvement qu'ils ont décidé. Aujourd'hui, 300 personnes manifestent et on aboli la double-peine ; il faudrait 3 millions de français dans la rue (et encore) pour la rétablir. De toutes façons, on ne demandera jamais leur avis à ces 3 millions de français! Et s'ils le donnaient, ce serait comme avec le référendum de 2005, ne vous y trompez pas...
Or, comment peut-on renverser la tendance? On est face à un verrouillage idéologique de même nature que celui qui prévalait à l'époque du communisme ; il a fallu un combat idéologique de 30 ans, commençant avec David Rousset, Koestler puois Soljenitsyne, pour en sortir... Quelles sont les forces équivalentes aujourd'hui? et comment feront-elles?
12 novembre 2011, 00:00   Re : Une question de fond
Citation
Aujourd'hui, 300 personnes manifestent et on aboli la double-peine ; il faudrait 3 millions de français dans la rue (et encore) pour la rétablir

Loik vous avez entièrement raison le verrouillage est total et il est pratiquement impossible d'en sortir.

La prise de possession par les progressistes de tous les leviers médiato-culturels qui a débuté principalement avec l'arrivée de MItterand à la présidence et au cours de laquelle petit à petit l'université, l'édition, la presse, les chaines de tv, la machinerie culturelle (les théatres, les salles de concert, les musées, etc) ont été débarrassées de tous les éléments non compatibles avec la doxa dominante, fait que toute voix, tout discours discordant est immédiatement étouffé.
12 novembre 2011, 19:40   Re : Une question de fond
« Le verrouillage est total ». Non, sans doute, pas. Quelques pistes.

1) Les meilleurs esprits à gauche, tel Michéa, commencent à pâtir de ce qu'ils ont bâti. Leur critique est juste. Par contre, les solutions leur manquent, car ils continuent à tenir la droite pour pestiférée. Lever ce dernier blocage est, exactement, la raison d'être du P.I. et sera, espérons-le, sa victoire.

2) « … tendre l'autre joue. » « L'Autre doit toujours passer avant moi » Les Français sont masochistes ? Ne les contrarions pas. Ils ont d'ailleurs raison : regardez à la télévision les nombreuses émissions qui placent de gentils Français au cœur de civilisations lointaines. Il est évident qu'ils sont perdus, abrutis. Privés d'éthique par la déliquescence de notre civilisation, ils improvisent et balbutient, les pauvres, une niaise morale (comment en irait-il autrement ? tout le monde ne naît pas La Bruyère) devant le regard condescendant ou compatissant de leurs hôtes. Plutôt que de la refuser, réorientons cette passion masochiste. Ne s'aimant pas, les Français pensent trouver la solution à leur malaise chez l'Autre qu'ils situent ailleurs qu'en leurs frontières et en leurs pères. Il faut dire aux Français l'ampleur de leur décadence mais cela pour les inciter à se ressaisir, et non à se dessaisir d'avantage, à chercher la réponse non dans l'Ouma ou la bande ethnique, mais dans une autre altérité, une altérité française, celle qui faisait dire : « nous sommes assis sur les épaules de géants ».

Exemple. Les immigrés font le travail que refusent ces paresseux de Français. Vrai, les Français ne veulent plus travailler la matière. C'est mal. Il est donc immoral de les laisser paresser. Il faut donc un reflux migratoire pour réapprendre à ces paresseux de Français à tenir une pioche comme leurs ancêtres, bâtisseurs de cathédral et ouvriers d'Hausmann. Le renversement est réussi : la haine de soi (que l'on ne supprimera pas de sitôt, qui est profondément française, paraît-il) ne débouche plus sur l'idéalisation de l'Autre mais sur le sain désir de se réformer.

Autre exemple. Les Français se défient de tout et tous, ne savent plus que parler d'argent (de « bons plans ») entre eux et d'amour à leur chien. Oui, il faut confirmer le noir tableau que les Français dressent d'eux-même, au lieu de chercher vainement à étouffer cette sombre passion parce qu'elle leur fait espérer le salut par le Sud. Par contre, il faut réorienter cette sombre passion : oh! fille aînée de l'Église, qui est le Dieu de Vie et d'Amour qui sortira les morts vivants de leur apathie : Allah ? Les bals du 14 juillet, au bon temps des flonflons, n'étaient-ils pas fraternels ?

Bref, il faut dire aux Français : vous avez raison, nous sommes cons, mais vous vous trompez de solution.

« … tendre l'autre joue. » On a dit, à ce sujet, que le chrétien doit souffrir sans faiblesse, mais sans violence, les insultes à son endroit, mais que, par contre, il ne doit pas souffrir que l'Église et le Christ soient insultés. Cela nous conduit au problème de l'hyper-démocratie : « le moi est haïssable », certes, mais, contrairement à ce qu'énonce l'hyper-démocratie, la France n'est pas moi, elle est plutôt mon salut.

3) Les gens de droite balancent entre deux discours inopportuns : l'appel au peuple et la conversion individuelle.

La seconde option, prêcher par l'exemple, me semble on ne peut moins politique et vouée à rien. De quoi s'agit-il ? Laisser les « cercles restreints » pour la solitude heureuse ? Mourir pour des idées ?

La première option témoigne d'un aveuglement aux maux de la démocratie. Le peuple qu'on appelle à la rescousse est bien malade : « l'Autre doit toujours passer avant moi... » Il semble que les Français réservent la formule à la politique et pratiquent, sans scrupule, le contraire dans le métro ou au travail.

On reconnaît dans cette inversion un effet de l'hyper démocratie, résultat nécessaire d'une démocratie mal comprise. Non seulement les eaux débordent de leur lit mais leurs cours s'inversent : les eaux stagnent dans le lit pendant que le courant emporte tout sur les berges.

L'homme de droite, très démocrate par les temps qui courent, en appel au peuple. Si la formule avait un sens, je veux dire, si le peuple existait encore, cela voudrait dire que le démocrate fait confiance, pour décider du bien commun, au vote des citoyens qu'inspire le bon sens populaire. Or, la chose publique et le tout social, bref la politique, ne sont pas la préoccupation des citoyens qu'inspire ou non le bon sens populaire. Toute idée nouvelle en ces domaines, aussi sage soit-elle, les effraie donc. Le peuple reconduit invariablement son blanc-seing à la classe politique en place pourvu qu'elle reste à sa place. De Gaulle en fit les frais en 1969.

Par contre, la démocratie se développe sans frein dans le domaine naturel du peuple, les mœurs et le corps. L'individu est conduit, par la démocratie, à appliquer la politique au seul domaine qu'il connait et qui n'est pas politique : les mœurs et le corps. Ce n'est que par contre-coup que les mœurs individualistes atteignent et altèrent l'ordre politique, en plaçant ce dernier au service de l'individu.

De là cette étrange impression d'accélération de l'Histoire (la destruction des peuples) et de paralysie en son cœur politique (la perte de la souveraineté orientée par le sens collectif).

Paradoxe, la démocratie détruit et le peuple dont elle exalte la souveraineté et la souveraineté qu'elle place dans le peuple. La démocratie aboutit donc à l'hyper-démocratie si elle n'est pas complétée.

3) C'est ici que l'on arrive à la troisième solution, outre les batailles à gagner dans l'arène (l'édition, les partis, les médias...) et les idées (les publications savantes et les outils : manuels, synthèses, dictionnaires de la répliques...) : une solution proprement politique, c'est-à-dire institutionnelle.

Comme je m'en suis rapidement expliqué ailleurs, il s'agirait de marier une démocratie d'esprit romantique et holiste, une république des Lumières, un présidentialisme bonapartiste, une royauté imprégnée d'écologie et d'humanité chrétiennes. Une telle composition est non seulement le cadre institutionnel propice à l'épanouissement de notre civilisation, mais son idée, et c'est cela qui nous intéresse ici, présente un pouvoir de conversion.
- Le medium est verrouillé d'être frappé d'inertie ou d'écholalie. Il faut donc le faire dérailler, lui rendre impossible la répétition mécanique grâce à une formule inédite qui le déboussole, qu'il ne puisse répéter, déformer, absorber. Il faut donc un gros, un très gros morceau qui l'étouffe ou qu'il expectore avec bruit.
- Il est impossible de convertir les masses en les attaquant au corps. Il faut les prendre à la tête et au cœur. N'existent-elles qu'à l'état d'idée, les institutions agissent sur une collectivité plus fortement que n'importe quel message pris dans le maelström de la communication. Elles agissent avant même d'être effectives et garantissent la pérennité de leurs bienfaits. La composition institutionnelle a l'avantage d'être à la fois très simple, et donc propre à frapper les simples d'esprit, et susceptible d'une infinie complexification. Elle est théorique et enracinée.
- On y vient, c'est une arme dialectique redoutable, adaptée aux revues savantes et aux plateaux télé, emmenant l'adversaire sur un terrain qu'il ne connaît pas (les institutions), utilisant contre son système fermé ses propres idées, n'offrant aucune prise qui ferait céder l'ensemble, encerclant l'ennemi de toutes parts, sans pourtant être un fourre-tout, car cette composition d'institutions et de constitutions renvoient « chacun de nous à sa profonde dualité, à ces apparentes contradictions qui se fondent en chacun de nous pour forger notre unicité », comme le dit Laurent Dandrieu dans l'excellent article qu'il consacre à l'univers de Tintin (Valeurs actuelles du 20 octobre 2011). Vous voyez, même Tintin est convaincu ! D'ailleurs, puisque le verrouillage est total, on n'a rien à perdre à essayer cette clef.
12 novembre 2011, 20:07   Re : Une question de fond
Bonsoir Pierre Henri,
excusez ma naïveté, mais je n'ai pas compris la clef que vous préconisiez... Créer une nouvelle institution?
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 01:19   Re : Une question de fond
Citation
Olivier Lequeux
Le peuple de France n'attend qu'une chose, c'est qu'on exprime haut et fort les vérités qu'il pense tout bas (qu'il ose d'ailleurs à peine penser, tant il craint de mal penser.)

Hélas, je n'en suis même pas certain. C'est vrai pour nous autres, ainsi que pour les membres de ladite "réacosphère", mais cela n'est encore une minorité. Est-ce 20% de l'électorat ? 45 % ? Je ne saurais le dire avec précision ; mais ce n'est certainement pas la moitié. Depuis 30 ans, le lavage de cerveau a fonctionné de façon extraordinaire en Europe. Le pire étant sans doute, hélas, la caste enseignante, notamment les jeunes profs, avec qui tout dialogue est parfaitement impossible. Il faut les voir baigner dans leur inculture satisfaite d'elle-même, dans leur envie de déculturation jamais assouvie, dans leur certitude que tout va bien — et que le bonheur serait à portée de main si seulement on faisait disparaître les quelques malotrus qui osent penser par eux-mêmes.

Quand je parle avec mes collègues jeunes profs (ce que je fais de moins en moins, par lassitude), je remarque une chose étrange : ils ont tout à fait conscience (enfin, ils font preuve d'une certaine « clairvoyance embuée ») d'être les produits de la réforme de 1989, de l'enfant au centre du système et du pédagogisme. Eh bien ils en sont très contents, et ils ne voient pas pourquoi ils donneraient aux élèves d'aujourd'hui autre chose que ce qu'ils ont reçu : de la moraline bien pensante et, surtout, une méfiance innée du savoir et de la culture. Ils sont du reste impatients d'aller plus loin dans la non-transmission totale, d'en finir une bonne fois pour toutes avec toute référence savante, c'est-à-dire avec toutes les inégalités.

Et ils vous expliquent qu'en faisant cela, ils entendent lutter contre l'ultralibéralisme. Mais quand vous leur faites remarquer que tout ce qu'ils préconisent — en gros, la Grande Déculturation — est précisément ce qui fait le lit du consumérisme, des marques, et donc des grandes entreprises et des banques, alors ils se mettent à vous insulter.

Je n'ai, pour ma part, aucun espoir. J'ai la conviction que, d'ores et déjà, le pédogogisme n'a plus besoin de ses pédagogues fous. Il a gagné le combat, il est dans toutes les têtes et peut donc proliférer tout seul, par réplication automatique. Le temps des inspecteurs satrapes qui vous tapaient sur les doigts pour une leçon de grammaire est fini. On peut être certain qu'il n'y aura plus de leçons de grammaire, vu que personne ne la connaîtra plus. (Ceux qui, éventuellement, la connaîtront ne seront pas professeurs, de toute façon...)

Le désastre, dans ces conditions, ne devrait que s'accélérer et nous précipiter sans trop de problèmes dans un terrible petit néant de rien du tout.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 09:05   Re : Une question de fond
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 novembre 2011, 11:17   Re : Une question de fond
Je crains que Jack n'ait raison. C'est pourquoi il ne nous reste plus que, non pas la résistance, mais la dissidence. Cela ne fait pas de nous des perdants d'avance.
13 novembre 2011, 11:57   Re : Une question de fond
Citation
Eh bien ils en sont très contents, et ils ne voient pas pourquoi ils donneraient aux élèves d'aujourd'hui autre chose que ce qu'ils ont reçu : de la moraline bien pensante et, surtout, une méfiance innée du savoir et de la culture. Ils sont du reste impatients d'aller plus loin dans la non-transmission totale, d'en finir une bonne fois pour toutes avec toute référence savante, c'est-à-dire avec toutes les

Cette analyse est, hélas, remarquable et je ne peux que l'approuver à 100 %. Le pire est que même les gens de tempérament conservateur sont eux-mêmes contaminés par cette doxa délétère.
13 novembre 2011, 13:05   Re : Une question de fond
Naïf, cher Loic A. ? Je me demande souvent si ma propre naïveté ne me rend pas des fois insolent. L'idée d'inscrire dans les institutions la reprise politique du « processus civilisateur » est une ébauche d'idée dispersée dans le forum. Néanmoins, vous trouverez un échange sur le sujet dans le fil Camus 2012. J'avais d'ailleurs commis un impair en promouvant sur ce fil très officiel une idée que le P.I. juge, sûrement avec sagesse, inopportun. Didier Bourjon pense que je mets la charrue avant les bœufs et Ostinato critique "l'illusion du surplomb". Bien sûr, je suis plus rêveur que penseur, plus ignare que savant et, en paix sur mon promontoire, je soliloque sans avoir à répondre de mes lubies. Je veux croire que les bœufs habitués au travail vont parfois d'eux-même à la charrue (qu'en pense Virgile ?) et que, depuis mon promontoire, je fixe la plaine et distingue des détails qu'avait manqués le laboureur. Je n'ai pas nombre patronages à qui me recommander (encore faudrait-il que je les lise !), peut-être, Paul-Marie Couteaux (« vive la République, vive l'empereur, vive le Roi, vive la France »), Guillemaind (une assemblée d'états et un organe garant du bien commun), Adeline (« Le pouvoir légitime »), sinon l'esprit de conciliation, le goût de l'harmonie et le sens du réel qui manquent aux Amis du Désastre, sectaires et aveugles.

Il y a plusieurs clés.

La dissidence.
- penser aux Français de l'étranger
- la sécession scolaire prévue par le P.I.
- qui peut s'élargir à d'autres domaines : il faut du nouveau pour que l'ancien s'étiole et crève.

Ne pas s'en prendre directement à l'idéalisation de l'Autre car elle se fonde sur une passion forte, la haine de soi. Jouer donc sur la haine de soi pour susciter le désir de renaître, de se redresser. L'histoire du monachisme et du christianisme n'est faite que de cela, et non d'abjuration.

Rédiger des synthèses, des dictionnaires : les Amis du Désastre sont pleins d'idées toutes faites. Ils sont donc sourds aux méandres de la pensée. Il leur faut du tac-au-tac.
13 novembre 2011, 14:14   Re : Une question de fond
Quand je parle avec mes collègues jeunes profs (ce que je fais de moins en moins, par lassitude), je remarque une chose étrange : ils ont tout à fait conscience (enfin, ils font preuve d'une certaine « clairvoyance embuée ») d'être les produits de la réforme de 1989, de l'enfant au centre du système et du pédagogisme. (...) Mais quand vous leur faites remarquer que tout ce qu'ils préconisent — en gros, la Grande Déculturation — est précisément ce qui fait le lit du consumérisme, des marques, et donc des grandes entreprises et des banques, alors ils se mettent à vous insulter.

Jack, si je puis me permettre, vous vous y prenez mal. Vos collègues écrivent les bulletins sur le logiciel ad hoc ; c’est une saisie, pas moyen de tricher en formant mal ses lettres. Ils s’envoient, et vous envoient, force courriels, sur l’intranet de votre établissement. Ici encore, pas moyen de tricher. Commencez donc par dire très haut à la salle des profs, pendant une récré de forte affluence, par exemple celle du lundi matin, que vous rayez définitivement de vos relations ceux de vos collègues qui n’ont pas d’orthographe, que vous ne leur adresserez plus la parole. Vous constaterez qu’on vous regardera différemment, et je me trompe fort si les plus veules n’essaient pas de vous amadouer à force d’hypocrites caresses.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 14:54   Re : Une question de fond
Dieu merci, je n'enseigne déjà plus au collège ni au lycée, mais à l'Université où il n'y a, pour ainsi dire, pas de salle des profs.
Les "discussions" auxquelles je fais référence se font essentiellement par voie webmatique, et plus précisément facebookienne. Il s'agit d'anciens camarades de promotion de l'IUFM avec lesquels j'ai le malheur d'être resté plus ou moins en contact. Ces discussions, pour navrantes qu'elles soient, me permettent de mesurer assez précisément l'abîme qui nous sépare, eux et moi. Et c'est ainsi que, tel un Finkielkraut de la grande époque, je me lance, seul dans l'arène, dans des argumentations violentes, frontales, contre une horde de six ou sept Amis du Désastre à la fois, en les renvoyant un par un à leurs contradictions, à leur syntaxe fautive, à leur inculture et à leur haine d'eux-mêmes comme de tout ce qui est beau et mérite d'être vécu. Et comme j'ai raison, eh bien je finis par ma faire insulter, dans la meilleure tradition. Ou alors ils se mettent d'accord sur le fait que mon opinion est délit, tout simplement. C'est tellement pratique.

Renaud Camus a décidément mille fois raison quand il écrit que notre époque ne supporte pas les mauvaises nouvelles idéologiques, et qu'elle ne sait rien faire d'autre que les marquer du sceau de la criminalité.

Le fait est qu'ils sont, par essence, impossibles à convaincre. Parce qu'ils aiment ce monde, qu'il est le leur, celui qui les a faits (ou plutôt pas faits) et qu'ils ne veulent surtout pas le voir changer de direction. Leur faire changer d'avis serait comme me convaincre de ne plus aimer la cathédrale de Chartres, Montaigne, Brueghel de Velours, Bach, Philippe de Champaigne, Chateaubriand, Flaubert, Wagner, Proust ou Renaud Camus.

C'est, je crois, parfaitement impossible.
13 novembre 2011, 15:17   Re : Une question de fond
Jack,

Et quand vous utilisez les analyses ou du moins le vocabulaire d'un Marcel Gauchet ou d'une figure du MAUSS, quitte, d'ailleurs, à trahir leur pensée, aucun trouble n'arrête la meute ?

Plus profondément, ne faut-il pas commencer par faire vaciller leur certitude béate en recourant à la critique gauchiste de leur Meilleur des Mondes, avant d'ouvrir d'autres perspectives, une fois leur équilibre perdu ?
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 15:19   Re : Une question de fond
Si, bien sûr, et d'ailleurs il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin pour troubler la meute.
Ce qu'elle ne vous pardonne pas, et qui la met en rage, c'est précisément de l'avoir troublée, d'avoir laissé subodoré qu'un ailleurs de la pensée puisse exister.
13 novembre 2011, 16:57   Re : Une question de fond
Cela dit, il semble bien que la jeunesse leur échappe peu à peu.
13 novembre 2011, 18:01   Re : Une question de fond
Moi, j'ai beau être pessimiste au possible comme toute — vieille — corse qui se respecte, je n'arrive pas encore à croire complètement que la jeunesse française de souche européenne ne finisse pas par ouvrir les yeux sur le sort qui l'attend si elle continue à se laisser faire. Elle n'est déjà pas à la fête dans les établissements scolaires et la stratégie d'évitement dont a parlé Orimont va probablement révéler ses limites pour lui assurer, à l'avenir, la tranquillité. Après la priorité et les facilités donnée aux "divers" pour se loger, elle va se rendre compte que dans toute une série de métiers, on lui préfèrera aussi des " divers". En période de crise elle aura de plus en plus de mal à digérer ces in justices qu'elle pouvait tolérer avant. Et puis je crois que viendra un moment où les jeunes hommes "de souche" à force de se sentir menacés dans leurs conquêtes sexuelles par les fils de l'islam qui n'hésitent pas à séduire avec succès les femmes "de souche", alors qu'ils interdisent les leurs aux non musulmans, basculeront dans le rejet de ce multiculturalisme dont ils se sentiront les dindons de la farce.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 18:13   Re : Une question de fond
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 novembre 2011, 18:29   Re : Une question de fond
Et puis je crois que viendra un moment où les jeunes hommes "de souche" à force de se sentir menacés dans leurs conquêtes sexuelles par les fils de l'islam qui n'hésitent pas à séduire avec succès les femmes "de souche",...

Bof, menacés, pas tant que ça... Pour ma part je trouverais du plus haut pathétique qu'un Français de souche explique ses propres insuccès en la matière par la concurence des néo-Français ; ce serait de la vraie mauvaise foi, au sens sartrien du terme. Après tout presque toujours ce sont les femmes qui décident, ce sont elles qui ont le dernier mot, et leur choix, s'il demeure un libre choix, est toujours juste, par définition, et non faussé.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 18:43   Re : Une question de fond
C'est bien possible, en effet ; on a vu des peuples revenir de très loin par le passé. Mais la reconquista ne se fera que par la réappropriation, par les peuples européens, de leur civilisation et de leur culture au sens élitiste du terme (le seul qui vaille). Cela aura pour corollaire premier le refus de l'hébétude, du consumérisme, de la déculturation et du devenir-zombie de l'homme européen.
Il nous faudra aussi et surtout reconstruire une élite, pas celle d'aujourd'hui (qui veut des villas, des voitures de luxe, des escort-girls et des yachts), mais une minorité d'individus courageux, savants et désintéressés — autrement dit, une aristocratie. Encore faudra-t-il qu'elle sache prendre le pouvoir. Tout cela ne se fera pas en une ou deux génération, ni sans une nette remise en cause du phénomène hyperdémocratique — ou bien si (à la faveur de quelque cataclysme accélérateur) ?
13 novembre 2011, 18:47   Re : Une question de fond
Bonsoir Didier,
il me semble qu'il manque peut-être une structure ou des structures de rencontres non virtuelles... Et surtout, que ces structures soient insoupçonnables du point de vue de leurs affinités électives. Des associations culturelles, ou de réflexion, voire un mouvement pour la culture européenne etc. Or il semble que passer le cap de l'écran soit très très difficile ; entre les 30000 abonnés à Riposte Laïque et les 400 ou 500 qui se déplacent lors de ses réunions, il y a un pas quasi-infranchissable (semble-t-il).
13 novembre 2011, 19:16   Re : Une question de fond
Cher Stéphane, je ne me place pas sur le plan strictement individuel mais je parle en général. Dans les milieux populaires, les jeunes de souche commencent à sentir qu'ils auront à disputer les femmes aux fils de l'islam . Cela peut entraîner chez eux une prise de conscience générale du problème mais peut-être aussi, on n'a rien sans rien, un désolant mimétisme.
Utilisateur anonyme
13 novembre 2011, 19:21   Re : Une question de fond
(Message supprimé à la demande de son auteur)
15 novembre 2011, 12:34   Re : Une question de fond
Le peuple de France, Cher Jack, le Français "de souche populaire" : pas le néo-peuple des IUFM, des instituts de science politique et des écoles de journalisme. Celui-ci, bien évidemment, est perdu pour notre cause.

Il y a encore beaucoup de gens dans ce pays (et il y en a peut-être de plus en plus) pour qui l'idéologie du métissage universel n'est que du vent.
17 novembre 2011, 20:19   Re : Une question de fond
« Si, bien sûr, et d'ailleurs il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin pour troubler la meute.
Ce qu'elle ne vous pardonne pas, et qui la met en rage, c'est précisément de l'avoir troublée, d'avoir laissé subodorer qu'un ailleurs de la pensée puisse exister», Jack.

« Si, bien sûr … »
Tant mieux ! Néanmoins, cette évidence n'est pas partagée. Jamais je n'ai eu le plaisir d'observer un bénéficiaire de la bien pensance se prendre les pieds dans mes grosses ficelles, faute qu'on les lui ai tendues. Il manque à qui n'est pas de gauche l'art d'emporter les débats. Avez-vous souvenir de Tesson père en faire-valoir de Joffrin ?

«  … pas nécessaire d'aller aussi loin... »
Pourquoi ? C'est bien récemment que j'ai découvert à quel point on trouve chez un Castoriadis eau à notre moulin. Comme il doit être déstabilisant pour l'Ami du Désastre de ne pouvoir renvoyer son adversaire à la Bête immonde tapie derrière des références étiquetées douteuses, de sentir ses propres mots (autonomie, démocratie) lui échapper. Le court-circuit de l'anti-fascisme pavlovien laisse au moins à l'Ennemi du Désastre le temps d'en placer une.

« Ce [...] qui la met en rage, c'est précisément de l'avoir troublée... »
Très juste. Ce verrou là demande de la douceur. Le détour par la gauche est encore opportun. Il faut inlassablement citer les saints laïcs, Marx, Blum, Jaurès, que sais-je, pour inoculer sans trouble « un ailleurs de la pensée. » A moins que les corps enseignants ne soient vraiment enragés, je doute qu'une critique gauchiste de leur monde leur retrousse les babines tant qu'ils ne suspectent pas derrière la critique gauchiste, la Bête tapie. Intellectuellement et sociologiquement, consuméristes et gauchistes font bon ménage depuis longtemps. La critique gauchiste ne trouble leur confort. L'habitude de côtoyer « un ailleurs de la pensée » tolérable pourrait, à terme, soigner leur allergie.


I/ De quelques motifs de réjouissance pour l'Ami du Désastre.

I.1/ Moi-moi est heureux du Grand Métissage.

En préférant les autres collectivités à leur propre collectivité, ils réservent à leur propre personne, dégagée de toute attache, leur préférence contre ce qui pourrait rester d'identité collective. D'où leur besoin impérieux de ranimer le cadavre (la France d'hier) pour mieux l'agonir : « la France moisie ». Cette auto dénigrement triomphant (le triomphe de l'individu) n'a rien à voir avec les affres de l'auto dénigrement par dépit patriotique.

L'héroïque horreur de soi alimente l'orgueil des faux dévôts : admirez leur impartialité, souveraine jusqu'à les rendre partiaux à leurs dépens.

Pharisiens, ils se réservent les promesses et les honneurs du sans-frontiérisme en récompense de leur douloureuse culpabilité et chargent les fachos des méfaits qui les tourmentent : la colonisation, le machisme...

Leur passion première est donc le narcissisme : leur préférence pour l'Autre, superficielle, ne tient qu'à sa vertu émancipatrice et perdurera tant que l'Autre sera assimilé aux minorités qui minent le socle commun.

I.2/ Moi-moi est heureux de l'État faible.

Tout adonné à expérimenter les derniers usages de sa liberté, le bien pensant ignore le bien commun. Il confine l'État au rôle d'enregistrement de ses ultimes inventions et n'attend rien d'autre de lui, sinon qu'il ne fasse rien. L'immobilisme chiraquien est l'état naturel de l'État en hyper-démocratie. L'individu bon par nature craint toute manifestation de liberté d'un pouvoir mauvais par nature.

II/ Faire sauter le verrou.

II.1/ Si l'individualisme est la cause de l'anesthésie béate des modernes, on pourrait préconiser d'abonder en ce sens pour que, par approfondissement, moi émerge de moi-moi, pour que moi-moi découvre en soi l'altérité fondatrice qu'il refuse à la société.

Mais, l'individu moderne a aussi peur de lui-même : il tient à se confondre avec le monde technique qu'il maîtrise. Il refuse la matrice chrétienne de son individualisme. Il a peur d'ouvrir la boîte de Pandore de l'hétéronomie qui loge au cœur de la vie, qu'elle s'appelle Dieu de Vie, responsabilité ou communauté. Car serait-il un individu au sens fort, le corps et la communauté seraient parties de l'âme et l'individu ne jouerait plus contre l'environnement et la communauté.

II.2/ Comment l'élément d'un ensemble pourrait-il, tel le baron de Münchhausen dans son marais, s'extraire par lui-même de l'ensemble ? L'auto-régulation du chaos suscite des ensembles stables : stabilité des prix, stabilité des corps (sauf accident, les corps se croisent aux carrefours sans se heurter). Cet ordre est fascinant. Mais ces ensembles ne font pas des communautés et ces éléments ne font pas des parties d'un tout. Cet ordre mécanique n'a rien à voir avec la vie qui s'étiole sous ses lois.

Il faut donc poser les institutions, non par la force, mais par décret, en dehors du débat démocratique (que les institutions ordonneront). Depuis le marais où les sourds débattent ou prêchent, et campent sur leur îlot ou leur chaire, rien ne sort. Il a quand même fallu le Paraclet pour que l'évangélisation engage son œuvre ! Les institutions agissent à l'écart de l'agitation des opinions et des factions qu'elles modèlent à leur insu. L'homme est mauvais. Il faut une influence supérieure pour l'amender. C'est le sens de la politique qu'on ne peut confier aux lois de la communication.
Utilisateur anonyme
17 novembre 2011, 21:12   Re : Une question de fond
Grâce à votre citation, je me rends compte d'une terrible faute d'orthographe (laissé subodoré) dans l'un de mes précédents messages. Veuillez m'en excuser, chers In-nocents.

Pour le reste, citer les grands hommes de gauche du passé est une assez mauvaise idée qui, pour autant que je sache, tombe souvent à plat. C'est en effet faire le pari que l'Ami du Désastre connaîtrait un peu l'Histoire et aurait deux ou trois références culturelles. Il ne faut évidemment pas compter là-dessus, surtout avec un prof.

Ce qui marche beaucoup mieux, c'est l'actualité, le réel immédiat — voire le dernier fait divers. Ainsi que quelques réalités impossibles à nier, comme la composition ethnique des individus en prison. Cet argument-là, en général, fait mouche.

Il est aussi facile de marquer des points en leur demandant pourquoi ils aiment autant l'Immigré, "Big Other", leur cher Immigré théorique, comme d'aucuns aiment ou ont pu aimer le Christ. On peut aussi leur faire remarquer qu'il n'y a pas de solution de continuité (mais attention, ils ne connaissent pas l'expression solution de continuité) entre l'enfant-roi et l'immigré-roi : dans les deux cas, il s'agit de nouveaux venus.

On voit alors la perplexité s'emparer de leur visage.

Mais enfin, le combat reste difficile, car il faut bien comprendre qu'ils aiment le monde du Désastre. Et si votre interlocuteur est né après 1970, alors il y est né, c'est lui qui l'a fait.

Par atavisme ou par acquisition, n'oubliez jamais qu'il aime sincèrement ce monde, avec ses consoles vidéos, son Michael Jackson et ses épigones, sa laideur (qu'il ne voit pas, contrairement à vous), son bruit (qu'il n'entend pas, contrairement à vous), son inculture militante, sa fête abrutissante, ses leçons de morale antiraciste (qui l'ont dispensé, dès son enfance, de tout effort intellectuel), son slam, sa langue affreuse, sa violence, même, son renoncement à la pensée, surtout, et tant d'autres choses encore qui nous désolent, nous autres In-nocents, mais qui l'ont fait, lui.

L'Ami du Désastre, par définition, n'y renoncerait pour rien... et surtout pas pour ces choses lointaines et obscures que sont la transmission, le silence, la nuit, la littérature, la civilité, l'exigence de vérité, la vie mise en forme, la vraie vie enfin dévoilée, la civilisation basée sur la responsabilité humaine et le pacte d'In-nocence.

Ils sentent bien que ce n'est pas pour eux.
18 novembre 2011, 01:30   Re : Une question de fond
Bonsoir Jack,
je trouve certains de vos arguments passionnants, d'autres assez discutables :
- en ce qui concerne la "méthode de discussion" avec l'Ami du Désastre, peut-être faudrait-il aller plus en profondeur et analyser les différents types d'Amis du Désastre... A moins qu'il n'existe qu'une gamme d'Amis du Désastres, reprenant en choeur les mêmes arguments (le "tout social" avec un refus de voir le rôle de la culture dans les comportements). Néanmoins, la méthode du grain de sable - le plus factuel possible - me semble plus appropriée que le rappel des grands anciens ou les détours théoriques. Car, comme vous le soulignez, l'Ami du Désastre est ignorant d'un certain nombre de faits ; il n'a pas l'occasion de subir suffisamment de dissonances cognitives. C'est ces petits faits qui feront exploser son Système (comme ils ont naguère fait exploser le communisme). Le communisme n'a tenu que tant qu'il a pu cacher le Goulag ; la pensée du Désastre ne tiendra que tant qu'elle pourra empêcher disons une certaine connaissance historique, sur le statut des dhimmis par ex., les Barbaresques etc.
- en ce qui concerne l'amour des Amis du Désastre pour leur décivilisation, je crois que vous minorez l'affect inconscient qui sous-tend le Désastre. Les Amis du Désastre pensent que "l'Occident" est la pire civilisation, une civilisation par essence criminogène, que l'esclavage, la colonisation, le nazisme, révèlent l'essence mortifère de "l'Occident". Les Amis du Désastre veulent donc, en toute logique, détruire "l'Occident" et le remplacer par... ils ne savent pas vraiment quoi, mais ils pensent que rien ne pourra être pire que "l'Occident". Les Amis du Désastre ne sont que des racistes anti-Occident.
Utilisateur anonyme
18 novembre 2011, 11:22   Re : Une question de fond
Je ne sais pas, c'est difficile à dire. Que la France soit toujours coupable et le passé criminel en soi ne fait aucun doute, c'est certain. Ce sont-là les effets les plus visibles du dressage bien pensant et de l'enseignement de l'oubli.

Mais lorsque j'argumente avec eux (enfin, je ne fais pas ça tous les jours non plus, ce serait une perte de temps...), je me rends compte, comme je l'ai déjà écrit, qu'ils aiment passionnément le monde actuel : sa langue, ses films, sa "musique", son système scolaire, ses hamburgers, sa fête totalitaire, ses façons d'être violentes et grossières.
(Il faut dire que le monde actuel présente deux avantages réels, que je lui reconnais volontiers : 1/ Internet et la circulation de l'information ; 2/ à Paris du moins, certains jours et en certains endroits, un côté étrangement sexy.)

Au reste, ce qui me frappe, chez nos Amis satisfaits, c'est qu'ils n'exigent jamais rien de mieux ; au contraire : ils attendent impatiemment des films encore plus nuls, des musiques encore plus atroces, une école encore plus vidée de tout savoir, des bâtiments encore plus laids, et un programme de soumission idéologique encore plus total.
Vraiment, la majorité de mes contemporains trentenaires, pour ce que j'en sais, n'a qu'une envie : poursuivre l'oeuvre et accélérer le mouvement. On me parle d'une jeunesse conservatrice, qui probablement existe, et je crois bien en faire partie (et m'en porte fort bien).

Mais enfin, je n'ai pas l'impression qu'elle coure les rues.
18 novembre 2011, 12:54   Re : Une question de fond
Bonjour Jack,
votre propos me laisse perplexe ; car si le Désastre est aimable, en tout cas par une frange non négligeable de la population, il n'y a donc pas de problème - ni, à la limite, de Désastre. La notion même de Désastre est liée à l'idée d'oppression, de malheur, ou de souffrance ; une disparition que personne ne regrettera ou dont personne ne souffrira est-elle encore un Désastre ?
Que dirait Renaud Camus de votre analyse, qui, me semble-t-il, dissout en quelque sorte la notion-phare de Désastre ?
Utilisateur anonyme
18 novembre 2011, 13:41   Re : Une question de fond
Cf. Du Sens (to begin with...)
18 novembre 2011, 17:46   Re : Une question de fond
Loïc (ou Louac, je ne sais comment votre prénom se prononce),

Le Désastre est aimable, il a des amis. Notez qu'on peut avoir Désastre sans Grand Remplacement (je pense par exemple à la Biélorussie, que je ne connais pas du tout mais que je n'imagine pas hantée par des hordes attentatoires aux activités traditionnelles blanco-russes, que je ne connais d'ailleurs pas non plus, depuis que le sport national (le pogrom, sorte de corrida locale) a disparu faute d'éléments de base).
19 novembre 2011, 00:22   Re : Une question de fond
Le Désastre sans Grand Remplacement existe, pour sûr ! Mieux, il lui pré-existe. On pourrait même dire que le Grand Remplacement est encouragé comme remède au Désastre. C'est un très mauvais remède.
19 novembre 2011, 01:05   Re : Une question de fond
Jean-Marc, si la société Biélorusse est aussi malade que vous le dîtes, dès qu'elle en aura les moyens sonnants et trébuchants, n'en doutez pas, elle engagera aussitôt son Grand Remplacement.
19 novembre 2011, 01:15   Re : Une question de fond
« … plus appropriée que le rappel des grands anciens ou les détours théoriques. » Loik A.

On chasse en deux mots la « politique du surplomb » pour s'éviter de lever les yeux, les « détours théoriques » pour s'épargner de tourner la tête. J'espère que la ligne droite ne finira pas contre un mur. En tout cas, cela confirme la justesse de mes vues : le débat démocratique selon les seules lois de la communication ne suffit pas. Il faut une parole en amont du débat qui lui donne contextes et grammaires pour qu'en son sein (et donc à leur place) les idées puissent s'étoffer ou dépérir selon leur valeur en vérité mais ne pas prétendre à elles seules faire une politique.

Comme Jack, vous sous-estimez l'infamie qui frappe la droite (le parti des idiots et des salauds) et vous exagérez beaucoup l'ignorance des professeurs. C'est justement parce qu'ils n'ont pas lu deux ou trois monographies sur Blum et sur Maurras, qu'ils savent le premier bon et capable, et le second mauvais et buté. Citer les saints laïcs pour réveiller l'intelligence assoupie ne consiste pas en longues thèses mais en courtes citations. Un professeur insulte par automatisme la France coloniale ? Demandez à notre cher Jean-Marc, si la mémoire vous fait défaut, qu'il tire de sa besace quelques mots, aujourd'hui bien piquants, de Monsieur Blum sur le sujet.

Cela me fait souvenir le regretté Jacques Marseille. Il avait toujours une statistique parlante en réserve : saviez-vous que le taux de mortalité sur les voiliers transportant, au XIXè s., les travailleurs de la vieille Europe vers l'Amérique dépassait de beaucoup celui des travailleurs africains transportés les siècles précédents vers une autre Amérique ? Les premiers avaient payé leur billet, les seconds non, d'où la différence de traitement... A glisser sur les pare-brise, Loïk A, pour faire réfléchir, esclavage, salariat..., juste pour faire réfléchir.

…..

Un Désastre aimable ? Lisez ou relisez le Meilleur des Mondes, Loik A. Je doute, néanmoins, que notre Désastre annonce la très fonctionnelle amnésie décrite par Huxley.
…..

« ...les différents types d'Amis du Désastre... » Loik A.

Les Amis du Désastre peuvent se penser plutôt artistes, plutôt commerciaux ou plutôt professeurs, ils ont en commun d'être des individus satisfaits de leur état : des individus définis politiquement comme les éléments d'un ensemble et non les parties d'un tout. Le même triomphe de l'individu « nouveau venu » sous-tend la haine de soi (qui n'est pas douloureuse car l'individu ne s'identifie pas, et pour cause, à ce soi collectif haïssable) et l'amour passionné du monde actuel qui se moque bien de ce soi haïssable car il l'a oublié. Les points de vue privilégiés par Loik A. et par Jack sont donc bien cohérents.

Par contre, bien sûr, beaucoup d'individus souffrent de leur état. Ils forment un peuple déprimé, sans plus aucune estime de soi. Le Désastre est pour eux désastreux comme l'entend Loik A.

Et puis, il y a des individus tiraillés entre l'appel de la vie et le Meilleur des Mondes.

Les éternels gauchistes, eux, continuent de pisser ou cracher sur les tombes. C'est autre chose.
Utilisateur anonyme
19 novembre 2011, 01:34   Re : Une question de fond
Citation
Pierre Henri
vous exagérez beaucoup l'ignorance des professeurs.

Ah non, croyez-moi, on l'exagère jamais assez... Et cela n'ira pas en s'arrangeant, quand on voit les jeunes gens qui se présentent aux oraux du CAPES, par exemple. Non seulement ils sont issus d'une Ecole qui ne leur a rien appris ou presque ; mais au reste, ce sont les éléments les plus médiocres de cette "Ecole" qui se proposent d'exercer le métier de professeur (car ce métier n'attire plus qui que ce soit de sensé...).
Le nombre d'inscrits aux concours est en chute libre, si bien que, pour pourvoir les postes, il faut sans cesse se contenter de candidats plus faibles que ceux des sessions précédentes.
Bref, les candidats se font à la fois plus rares et plus déculturés dans un système où rareté et déculturation s'entretiennent mutuellement : c'est effrayant.

La boucle est bouclée, et ainsi le système scolaire peut glorieusement continuer sa chute libre.
19 novembre 2011, 10:41   Re : Une question de fond
"Après tout presque toujours ce sont les femmes qui décident, ce sont elles qui ont le dernier mot, et leur choix, s'il demeure un libre choix, est toujours juste, par définition, et non faussé." Stéphane Bily répondant à Cassandre.

Qu'elles leur préfèrent d'autres mâles adoucit-il le sort des Gaulois ?

Si les Sabines avaient dévalées les pentes du Latium toutes jupes au vent pour s'amouracher des Romains, il est fort à parier que le dépit aurait laissé les Sabins abattus. Aucune guerre, aucune paix n'aurait suivi, aucun roi sabin n'aurait jamais régné sur Rome. Les Sabins humiliés auraient été effacés de l'Histoire.

« Valeurs actuelles » consacrait, il y a peu, un article sur le thème. On y lisait le ressentiment des mâles français doublés par les Allemands que servait, en sus du reste, l'exaltation hitlérienne du corps masculin, leur courte et triste vengeance à la Libération et, patatras, la malédiction qui voulut que le G.I. soit grand, costaud, bien sapé et victorieux.
20 novembre 2011, 16:46   Re : Une question de fond
« Philippe est riche, cultivé, et dispose d'une montagne d'employés dévoués à son confort. Mais il est aussi tétraplégique et entièrement dépendant de l'assistance d'un aide-soignant. Las de la compétence ennuyeuse et de la compassion compassée de ceux qui défilent à son service, il embauche Driss, un grand Black tout juste sorti de prison, sans aucune qualification et sans aucune déférence, qui lui parle et le traite sans ménagement particulier. Pari réussi : Driss va faire rentrer dans l'hôtel particulier de Philippe, jusqu'alors figé dans la douleur, un grand vent de fantaisie qui va redonner goût à la vie à l'un, et le sens des responsabilités à l'autre... » Au sujet du film « Les intouchables », Valeurs actuelles du 3 novembre 2011. Le film rencontre un grand succès. Les spectateurs, au terme de la projection, à l'acmé de l'émotion, sont informés, paraît-il, qu'une histoire bien réelle inspire le récit.

Ce contre-rendu pourrait être l'épitaphe de la France. Que dire de plus ? Que pèseraient, sur le jeu de l'offre et de la demande dans le marché des opinions, les commentaires infinis des contempteurs du Désastre à ces lignes ?

Heureusement, les hommes sont d'avantage conduits, à leur insu, par des structures et des symboles que par les opinions dont ils auraient été convaincus par les seules voies de la communication. C'est pourquoi qui n'a pas la force de fournir l'offre qui crée la demande sur le marché des opinions peut placer quelques espoirs dans l'imposition d'institutions et de symboles propices au dessus de ces rumeurs aux dérives inexorables.

Ceci dit, et pas seulement pour complaire à Jack et Loik, vive la ronéo et les essuie-glaces pour instruire les professeurs !
20 novembre 2011, 23:42   Re : Une question de fond
Citation
Loik A.
Bonjour Jack,
votre propos me laisse perplexe ; car si le Désastre est aimable, en tout cas par une frange non négligeable de la population, il n'y a donc pas de problème - ni, à la limite, de Désastre. La notion même de Désastre est liée à l'idée d'oppression, de malheur, ou de souffrance ; une disparition que personne ne regrettera ou dont personne ne souffrira est-elle encore un Désastre ?
Que dirait Renaud Camus de votre analyse, qui, me semble-t-il, dissout en quelque sorte la notion-phare de Désastre ?

Bonne fin de soirée Loik,
bien sûr que le Désastre est aimable, comme tout ce qui gave en évidant, évide en gavant, sucreries, friandises, nanan, niaiseries, riens, refrains imbéciles, rythmes viscéraux, qui vous font goûter au pur plaisir d’être ici, pas là, là-bas, mais ici, passant sans pesanteur, sans attaches, sans passé ; au contraire de l'effort, la rigueur, l'aspiration, la contention, toutes choses pénibles et presque contre-nature, trop laborieusement acquises, si jamais...


« ... Tel est l'effet le meilleur et le plus vraiment plaisant du plaisir humain ou animal : occuper l'âme ; non point satisfaire le désir, ce qui est impossible, mais en quelque manière le distraire en partie et lui remplir presque la gueule comme la galette de l’insatiable Cerbère. » (Leopardi)
21 novembre 2011, 01:20   Re : Une question de fond
Bonsoir Alain Eytan,
je ne me prononçais point sur le plaisir ressenti à véhiculer l'idéologie du Désastre - celui ci est évident - mais je m'interrogeais sur le plaisir à vivre le Désastre... Quel est le plaisir de voir ces paysages urbains avec les magasins criards, les regards hostiles, le délabrement général, les fast-foods, les autoroutes, etc. ?
Notre monde va-t-il ressembler à ce que mettaient en scène des films comme Mad Max durant les années 70-80 ? Qui souhaite vivre dans cela ? Je ne vois pas trop quel plaisir des intellectuels et des sociologues tireront d'un tel monde...
21 novembre 2011, 03:19   Re : Une question de fond
Il y aurait une belle réflexion à tenir Alain, au débouché qui serait curieusement optimiste, sur l'incapacité de nuire à quiconque d'autre qu'à son contemporain. Peut-on nuire aux morts ? A vrai dire, non. Nous devrions, pour commencer à nous voir tels que nous sommes, par nous garder de pareille prétention. L'unité d'espèce d'homo sapiens est telle que, quel que soit le mal qu'il inflige à son monde, les générations qui suivront ne pourront lui nuire à rebours, par la trahison, par l'opprobre silencieux, d'une nocence plus grande que celle qu'il a infligée au monde dans la contemporanéité. L'expansion de cette espèce est telle que ses voyages futurs, par la vitesse et la distance, vaudront voyage dans le temps. Et tout voyage dans le temps a pour corollaire l'impossibilité d'éliminer ses aïeux (sans lesquels nous ne serions pas, sans lesquels il ne saurait évidemment y avoir de voyageur dans le temps). Nulle crainte, en vertu de ce principe, que l'humanité future en expansion en vienne à nous maudire. Nous même ne maudissons en rien les créateurs dix-neuviémistes de ce que nous sommes, du monde dans lequel nous évoluons, ou faillons à évoluer -- bien au contraire nous continuons de les admirer. Le combat de l'humanité contre l'humanité est un combat borné dans la contemporanéité et nous ne nuisons à nos descendants pas davantage qu'à nos morts. Le malaise ou le mal-être qu'éprouveront les enfants de nos petits-enfants, ou des petits-enfants de nos frères et soeurs, ne seront porteurs d'aucun blâme envers nous. Pareil axiome devrait nous libérer de la solitude et du doute et éclairer le versant optimiste de notre combat de dissident: si nous échouons, nul blâme à venir, si nous réussissons, le crédit, ordinaire et juste, que garantit la perpétuation de l'espèce, versé aux morts.
21 novembre 2011, 22:23   Re : Une question de fond
Si tant est, cher Francis, que nous tenions l’écheveau du monde enroulé comme une pelote dans nos mémoires, et qu'il n'y ait point d'Ailleurs, les morts nous doivent tout...
21 novembre 2011, 22:32   Re : Une question de fond
Ha ! Clotho, si tu savais...
21 novembre 2011, 23:17   Re : Une question de fond
» Notre monde va-t-il ressembler à ce que mettaient en scène des films comme Mad Max durant les années 70-80 ?

La très grande violence peut être l'un des aspects les plus spectaculaires du Désastre, mas je ne crois pas qu'elle en soit le plus caractéristique. Rien de plus facile que la laideur, de plus gavant qu'un Big Mac, qui peut vous plonger à très bon marché dans une extase de satisfaction repue, de moins exigeant que le racolage, de plus tentateur que l’abrutissement, de plus réconfortant dans le cocon consensuel que les gloussements satisfaits des caqueteurs habitués du poulailler.
C'est par la mollesse, le vide et la facilité que le Désastre vous prend d'abord, par le tiède et le douillet, comme un bain chaud qui ne requiert absolument aucune résistance pour s'y couler.
Tout cela procure cette sorte de plaisir qu'on prend à la dissipation, dans le sens qu'évoquait Leopardi dans l'extrait cité plus haut, le pur remplissage de gueule...
Et c'est plutôt en connaisseur de ces choses que j'en parle, cher Loik...
Utilisateur anonyme
21 novembre 2011, 23:32   Re : Une question de fond
Ajoutons à ceci que, dès que vous faites remarquer la vacuité et la trop évidente facilité de toutes ces bonnes choses, le Désastre vous tombe dessus à coups d'armes absolues de langage, de chantage au sympa et autres joyeusetés efficacement manipulatrices.
Voilà des lustres qu'on a plongé les gens dans ce bain et qu'on les somme, en plus, d'y rester à tout prix.
Si bien que la majorité de nos contemporains n'ont aucune, mais alors aucune raison d'en sortir, d'aller voir ailleurs, d'entrer en dissidence.
24 novembre 2011, 21:12   Re : Une question de fond
"... le Désastre vous tombe dessus à coups d'armes absolues de langage, de chantage au sympa et autres joyeusetés efficacement manipulatrices." Jack

Voilà pourquoi il est bon de parler, parfois, une autre langue.

La langue commune et la langue savante peinent à recevoir une autre pensée.

L'irrationalité des jugements (« sympa, pas sympa ») et l'ignorance crasse rendent impossibles le débat. Or, justement, le débat échoue toujours sur ces écueils car il se livre en société, là où la communication vise d'abords à manifester l'unanimité. Je note que des faits portés sur des tracts échappent à ce contexte. Mais en cela même qu'ils échappent à ce contexte, ils restent en marge, ne sont pas des éléments de communication et n'entrent donc pas dans les préjugés constitutifs de la société qui ressasse en vase clos.

Une langue commune, qui sert d'abord à ne rien dire sinon à mentir, ne peut servir la vérité. Cette langue contamine de ses opinions et de ses approximations la connaissance politique. C'est pourquoi même les plus cultivés, universitaires compris, finissent par oublier qu'ici ou là, un savoir politique rigoureux, forcément complexe et donc difficilement accessible se construit à l'écart des opinions comme le font les sciences expérimentales, les seules reconnues rigoureuses et inaccessibles à la langue commune, du fait qu'elles se sont constituées à partir d'une langue propre (protocole, lexique, mathématique). De plus, quand la connaissance politique descend dans l'arène, les rivalités défont le bel ordonnancement qu'elle pourrait apporter.

Ainsi, il est évident que jamais une communauté ne sortira en arme et casquée du débat byzantin sur l'individualisme et la communauté. Par contre, que les préjugés individualistes soient si forts, et étouffent les penchants contraires qui, de temps à autre, échappent aux individualistes, n'est pas sans rapport avec l'influence subliminale, diffuse et constante de nos institutions hyper-démocratiques sur l'esprit public.

L'administration en lieu et place de l'État, la démocratie magique (« on est en démocratie, quand même ») en lieu et place de l'institutionnalisation de l'autonomie, la représentation médiatique en lieu et place des représentations organiques et rationnelles, le dualisme droite gauche relayé par quelques partis en lieu et place des amis et des ennemis, l'alternance unique au service du progrès (un pas en arrière, deux en avant...) en lieu et place de la durée et de l'éternité sont nos vrais institutions. Comment espérer du débat dans ce contexte ? Pourquoi fourbir des arguments ?

Heureusement, les hommes agissent moins qu'ils ne sont agis. Le pantin se laisse d'autant mieux conduire que les fils sont ajustés à sa constitution. Consultons donc les savants (avant qu'ils ne descendent dans l'arène) pour ajuster la politique à la nature humaine. Une fois posé ce cadre, ils pourront discourir à l'envie des problèmes de la cité.
24 novembre 2011, 21:53   Re : Une question de fond
Je suis pour une réduction massive de l'utilisation de la voiture : écologie, mais aussi refus de la dépendance vis à vis des producteurs de pétrole.

Je ne souhaite pas que des boursicoteurs augurent de la santé de la France.

J'aime déambuler dans les déambumatoires (quel joli dénomination) de nos édifices religieux.

J'aime l'idée que certains territoires demeurent vierges de la présence huamine.

J'ai une pensée trouble pour tous les territoires "sauvages" créés par l'urbanisation (les pourtours des autoroutes, des voies ferrées), exempts de toute présence humaine, et donc abandonnés, malgré le paradoxe, à la nature.

Je ne souhaite pas que le quidam de passage en France puisse voter à quelque élection que ce soit.

Une tranche d'impôt supplémentaire ne m'inquiète pas.

Je comprends qu'il faut travailler autant que les autres pour avoir droit de parler aussi fort que les autres.

J'ai servis la messe durant des années (je la connais encore par coeur) pendant des années.

Je suis fonctionnaire.

Je ne supporte pas l'idée que des hommes gagnent leur vie en traitant des matières premières commes des jetons en plastiques d'une panoplie de joueur de poker.

J'aime les moustaches de Bové et la barbe de Camus, le ton de Mélenchon, certaines postures de Marine Le Pen.

Je suis effrayé par la politique nataliste de madame Le Pen, par la posture de l'écologie politique...

Une partie de l'avenir de joue en 2012, mais qui saurait résumer mes aspirations et mes craintes, entre utopie et réalisme ?
25 novembre 2011, 09:08   Re : Une question de fond
Ciel ! Un populiste élitiste !
25 novembre 2011, 19:06   Re : Une question de fond
« Une partie de l'avenir se joue en 2012, mais qui saurait résumer mes aspirations et mes craintes, entre utopie et réalisme ? » Luc Dairain. 

Ne vous faites pas de mauvais sang, on choisira pour vous : ce sera François Hollande. Nos démocraties sont aussi prévisibles que le balancier de la pendule.

Votre profession de foi politique est toute personnelle et traversée d'aspirations contraires. Autant de professions de foi que de personnes. A moins d'aliéner leur liberté, comment voulez-vous que tous se retrouvent derrière tel ou tel ? Le chef providentiel convient aux foules sous hypnose. Le XXe s. a passé. Soyons matures, cherchons et proclamons le bon régime avant de se déchirer sur les hommes et les programmes. De toute façon, les singularités reconnues seront emportées dans le train des affaires qui suit un seul rail.

Que vous donniez une signification politique au charme trouble des bas-côtés me laisse penser que vous avez besoin d'un roi. La touffe d'herbe qui pousse dans la craquelure du goudron, la plainte sourde d'une auto qui fend la nuit ont-elles le moindre rapport avec le PS ou la BCE ? Non ; avec un roi, oui.
25 novembre 2011, 20:55   Re : Une question de fond
Citation
Pierre Henri
Nos démocraties sont aussi prévisibles que le balancier de la pendule.

Vraiment ?!
25 novembre 2011, 22:57   Re : Une question de fond
Hollande est cuit.
26 novembre 2011, 16:05   Re : Une question de fond
Mon propos n'était pas de faire un pari et de miser, à l'occasion, sur le favori. Ma foi, si Madame Le Pen et Monsieur Sarkozy se neutralisent au premier tour, ce sera peut-être Bayrou. En fait, vous savez toutes ces choses mieux que moi.

L'opposition droite gauche explique que les élections se gagnent au centre. Certains thèmes transversaux, le souverainisme, par exemple, n'y résistent pas.

On l'a dit, plus haut, l'immobilisme chiraquien est l'idéal politique des sociétés hyper-démocratiques. L'individu, bon par nature, indifférent, timoré et suspicieux en politique, depuis que cette dernière n'est plus sacrilège, condamne l'État à assurer l'intendance administrative et la sanction juridique de ses trouvailles. Aux magazines de société et aux feuilletons télévisés d'en faire l'exposé complaisant.

L'alternance fonctionne comme une roue à cliquet : un tour à gauche, un arrêt du cliquet, un tour à gauche, etc. La révolution poursuit sont cours tranquille et prévisible à l'aide de son petit cliquet en chemise cravate.

Cela aurait étonné bien des réactionnaires, confondant la société des individus et les foules erratiques, le balancier démocratique ne s'éloigne jamais de l'aplomb et travaille pour des « horloges [qui] indiquent toutes et en permanence la même heure : maintenant, aujourd'hui. ».
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter