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Abidjan 16-07-1961

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
12 juillet 2008, 17:02   Abidjan 16-07-1961
Carte postale en noir et blanc. Deux chasseurs africains porteurs de fusils entourent la dépouille d'un éléphant.


Bien arrivé : Abidjan.
Tout est en ordre et je me remet au travail. Les fêtes de l'Indépendance se préparent, vous aurez l'occasion de les voir à la Télé, en France.
Tout va bien.
Je vous embrasse toutes les deux bien affectueusement.
Paul.
12 juillet 2008, 17:19   Re : Abidjan 16-07-1961
Un fonctionnaire au visage atone penché sur ses dossiers, chargé de la vérification des tonnages de grumes au poste forestier port d'Abidjan, signalant à sa mère et à sa femme (dans cet ordre) qu'il a bien repris le boulot. A eu le temps et l'argent (de la concussion) de leur payer pendant ses congés un téléviseur gros comme une quatre-chevaux, le seul dans ce bourg humide et laid des bords de la Sèvre nantaise où est parvenue cette carte postale en 1961.
12 juillet 2008, 18:04   Re : Abidjan 16-07-1961
orimont & Francis : noir et blanc, son et lumière, et même un peu Rivoire et Carret.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2008, 19:45   Re : Abidjan 16-07-1961
Le nom de la destinataire est suivi de cette adresse :

La chapelle Moche
(Orne)
FRANCE
12 juillet 2008, 20:29   Remote Viewing
Qu'est-ce que vous disais...

... bourg humide et laid où les deux femmes ne parlent à personne. A ses congés suivants, l'été 62, Paul conçut une fille, qui devait naître trisomique. Et le rester. Sa carrière aux Colonies fut ensuite en dent de scie, ses supérieurs lui reprochant sa trop visible fréquentation des mauvais lieux d'Abidjan, jusqu'à ce qu'on le soupçonne de travailler en sous-main pour des intérêts nigérians, représentés par des hommes qui, selon la rumeur, le "tenaient" pour lui avoir procuré de très jeunes garçons dans des soirées privées. On prit pour prétexte son penchant pour la bouteille et on le limogea en lui offrant de quitter la place et de s'embarquer pour Madagascar, où les Messageries Maritimes seraient prêtes à passer l'éponge sur son passé en lui offrant quelque fonction subalterne , pour l'heure mal définie, dans une de leurs factoreries. C'est en arrivant à Tananarive qu'il apprit par une lettre de sa mère reçue en poste restante que Margueritte était très malade et qu'on craignait pour sa vie...

A vous la lettre Orimont.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2008, 22:21   Re : Remote Viewing
Hélas, Francis, j'ai déjà sur le feu la commande d'un copieux récit de vie (riche en bourgs profonds) qui m'interdit toute dispersion narrative du côté de la Chapelle-Moche et borne mes interventions à des recopiages de cartes postales, au titre (auto proclamé) de la "grille d'été" du forum.
Ah parce que j'en ai pas, moi, des bourgs profonds à visiter, en Haute Carabagne où il est question de m'envoyer pour savoir si la drupe de l'okoumé résisterait à l'effet décalcifiant de plantations de macrophylla amazoniens sur sol ferralitique induré qu'on envisage d'installer dans le quadrat voisin ?

Et puis si vous avez "sur la commode un copieux récit", comme vous dites, prenez garde de ne rien déposer sur de trop sensible sur le feu. On ne sait jamais.
13 juillet 2008, 07:15   Summer Grill, 61740 Moche
Elle est bien, la grille d'été, non ? Je pars pleinement rassuré.
15 juillet 2008, 19:17   Haut mal
Avez-vous, cher Francis, lu "le Haut mal" de Simenon ?
15 juillet 2008, 21:28   Re : Abidjan 16-07-1961
Je n'en suis pas sûr, cher jmarc, au vu de ce qu'est j'ai écrit en amont, ça me paraît possible en effet.
15 juillet 2008, 22:51   Haut mal
Si vous ne l'avez lu, je vous le conseille : c'est un des rares Simenon sans Maigret. L'histoire est simple, et très révélatrice de la province française, des Charentes plus spécialement (donc près de votre rivière). Une femme, à forte personnalité, est mariée à un véritable incapable, atteint du Haut mal. Cet homme se laisse mener par ses employés, au grand désespoir de cette femme. Un jour, en pleine dépiquaison, il est frappé par son mal, et sa femme le tue en faisant basculer son corps par une trappe.

La veuve en question régente alors son monde (ses filles et sa propriété) et se fait respecter, allant même jusqu'à héberger une sorte de folle, témoin du crime. Une de ses filles, cependant, se rebelle et part à l'aventure en Afrique avec un jeune colonial (horrible personnage, dirait-on maintenant). Elle ne reçoit de nouvelle de sa mère que par l'acte notarié autorisant son mariage et comportant en tout et pour tout la signature lisible "Veuve Ponthereau".

A la fin du livre, de passage en métropole, le jeune colonial (un peu moins jeune) sa femme et leurs enfants s'arrêtent dans le village et voient, de loin, passer la Veuve Ponthereau, ses deux autres filles et la servante-témoin-vieille-folle-bougonnante, toutes vêtues de noir, en route pour la messe.

Inutile de vous dire que le fait colonial est peint sous des couleurs qu'on jugerait aujourd'hui révoltantes et hideuses, mais qui semblaient à cette époque fort agréables.


Cela, c'est mon souvenir (avec celui de recettes charentaises que Simenon aimait à placer dans ses romans). Il faudrait que je vérifie, mais je n'ai pas le livre sous la main.

(A propos de recettes, mais c'est hors sujet, tombant au hasard de la lecture d'un exemplaire ancien du Journal de Renaud Camus sur une intéressante façon de traiter le canard, j'ai tenté et réussi, après plusieurs essais, le "magret à la Renaud Camus", servi sur grill en fonte brûlant).
15 juillet 2008, 23:05   Butor
Très cher Francis,


Votre texte me fait brusquement penser, et avec une très grande force, à la Modification de Butor, lorsque le personnage imagine la vie de ceux qu'il rencontre.
15 juillet 2008, 23:06   Re : Haut mal
Mais non, cher jmarc, les ouvrages de Simenon sans Maigret sont fort nombreux au contraire... et l'on y trouve plusieurs chefs-d'oeuvre.
15 juillet 2008, 23:08   Simenon
Bien cher Francmoineau,


Vous avez raison. Je disais "rare" en ce sens qu'il y a, tout de même, beaucoup de Maigret, et que Simenon est surtout connu par les Maigret (à son grand dam, vous le savez).
15 juillet 2008, 23:53   Re : Butor
C'est exactement ça, oui, la Modification de Butor, lu en 10/18, couverture verte, dont je ne me souviens de strictement rien sinon du "monde scolaire" dans lequel il me semble qu'évolue le personnage central dans les premiers chapitres.

Les livres dont on a tout oublié sont ceux qui logent au plus profond de vous, comme ces compagnes du quotidien ou ces anciennes épouses que, pour celles-là, on ne voit déjà plus quand elles partagent encore vos jours et une part de vos nuits, pour celles-ci dont on a enfoui dans un délicat oubli jusqu'aux traits du visage et qui continuent de commenter lointainement vos pas du tréfonds de ce transparent oubli où elles ont à jamais pris refuge.
16 juillet 2008, 00:05   Re : Haut mal
Merci de cette indication de lecture, cher Jmarc.

Si je pouvais vous rendre la pareille, en vous proposant un équivalent de genre, je vous dirais: "Le Cauchemar de l'aube" de Frederic Dard paru au millieu des années 50, où l'on trouve cette phrase, simple, profonde et belle: "Le vrai bonheur se reconnaît à ce qu'il est sans motif apparent".
16 juillet 2008, 09:52   Terreur du petit matin
N'était-ce pas le sous-titre ?

Je crois me souvenir que cela se passait en Provence, près d'une nationale qui joue un grand rôle...
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