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Si proche de "Bourgue"-en-Bresse

Envoyé par Aline 
25 février 2008, 20:23   Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
Je viens d’entendre parler au JT de France2, de Lonsse-le Saunier…
25 février 2008, 20:32   g et k
Bien chère Aline,


Il me semble qu'en français traditionnel le g final se prononce k lorsque le mot suivant commence par une voyelle.

Exemple : qu'un sang (k) impur.

Je ne crois pas qu'on ait fait une liaison spécifique pour la Marseillaise !


Par ailleurs, je crois me souvenir qu'un de mes grands-oncles lyonnais disait effectivement Bourg (k)-en-Bresse, alors qu'il disait Aussere ou Brusseles.


JGL aurait-il des lumières à ce propos ?
25 février 2008, 20:34   d et t
Dans le même ordre d'idées, le d final qui se transforme en t :

On dit "gran" pour "grand", mais on dit "un grand (t) arbre" et non "un gran arbre".
25 février 2008, 20:37   X en mexicain
Voici une lettre (le "equis") à la prononciation très incertaine.


Si on note "kh" la jota espagnole, "ks" le x français et "j" le j français on dit au Mexique :

- Oakhaca pour Oaxaca ;

- Mejico pour Mexico ;

- Taxco pour Taxco.


Allez y comprendre quelque chose !
25 février 2008, 20:44   Louis XIV
Et puis, chère Aline, il y a Louis XIV, qui milita pour le g final sonore. S'il tolérait en effet la paroisse de Jouy-le-comte et appréciait celle de Choisy-le-Roi, comment voudriez-vous qu'il supportât "Bour(g)-la-Reine" ?
Notez que je mets (si j'ose dire) une majuscule à Reine et Roi.
25 février 2008, 20:46   Vélo sans selle
Et, chère Aline, je ne résiste pas à vous donner un lien avec une société walonne dont l'adresse, j'en suis certain, vous ravira :

[www.sprl-capiau.be]
25 février 2008, 20:59   Re : pour un fin bec comme vous
Très drôle, cher jmarc! Cela me fait penser à ce mayeur de la même ville qui termina un de ses discours par : "Et je suis très fier de mes couillettois" !
25 février 2008, 21:13   Re : devinette
Cher jmarc, je sais que vous aimez les devinettes. Je viens d'apprendre un nouveau mot qu'on utilise encore en Belgique et, paraît-il, plus du tout en France. Savez-vous ce qu'est un Belge, (ou un Français, ou un Anglais ou, ou...) "rénicole"?
25 février 2008, 21:22   Renicole
Je ne vois pas du tout ce que c'est...
25 février 2008, 21:42   Re : "Renicole"
Alors, je pose la question à tous les membres (sauf au Colonel !).
Mes lumières sont exactement les vôtres, cher Jean-Marc. C'est Bourkenbresse. Il vaudrait mieux dire Bourenbresse (ne pas faire la liaison) que Bourganbresse. Pour Auxerre, c'est Aussère. La prononciation de Bruxelles, comme celle de Maastricht (trirrrt, tricht ou trique), est l'enjeu d'une concurrence "idéologique", semble-t-il (Aline le confirmera ou l'infirmera), entre Flamands et Wallons ou francophones, ces derniers se fiant à l'orthographe du mot (ks) pour ne pas le prononcer à la flamande (ss) : sous réserve de confirmation par "nos amis d'Outre-Quiévrain", comme disent les journalistes sportifs.
Oui, on pourrait aussi demander à Benjamin Lazar, que j'apprécie beaucoup mais qui fait prononcer Molière et Quinault d'étrange manière. On aura Pariss, Gerss, Yvetote et Bruque-Selle.
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 09:11   Re : Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 09:33   Re : "Renicole"
"Savez-vous ce qu'est un Belge, (ou un Français, ou un Anglais ou, ou...) "rénicole"?"

Un type du cru, non ? (regnicole)
26 février 2008, 09:43   Bourkenbresse
Bien cher JGL,


Merci encore pour vos renseignements toujours précieux.

J'ignorais par ailleurs que Bruxelles faisait l'objet d'un conflit de prononciation. Aline pourrait-elle développer cette question ?
Le "x" de Bruxelles se prononce comme celui d'Auxerre. Il y a simplement les gens qui prononcent bien, et les autres. (Quand on me dit "Bruxxxelles", j'ai tendance à répondre : "Ah oui, Bruxxxelles mille soixxxante, sans doute...)

Autre conflit de prononciation, réel, celui-là : Anversss ou Anver(s). Si l'on ne veut pas se distinguer, il faut prononcer le "s" en Belgique, et ne pas le prononcer partout ailleurs (majorité de la francophonie, tout de même !) Pour moi-même, je le prononce comme Gers. (J'entends déjà Aline !)
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 09:58   Re : Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
"Pour moi-même, je le prononce comme Gers."

C'est clair...
Cher Henri, pourriez-vous nous éclairer sur la façon dont ce metteur en scène fait dire par ses acteurs le texte de Molière ?
Il y a un débat, dans l'université, les milieux savants et les spécialistes de théâtre, depuis une trentaine d'années, sur la façon de dire les grandes oeuvres du XVIIe s : ou bien, ils sont prononcés de façon "naturelle", comme s'ils étaient écrits par nos contemporains, pour qu'ils soient entendus par les spectateurs; ou bien ils sont dits dans une "prononciation restituée", tels qu'ils pouvaient être dits par les acteurs du XVIIe siècle : les r sont roulés, les wa sont prononcés wè (le mwet pour le mois), il y a une accentuation tonique forte, le texte est modulé, etc.
Ces deux prononciations engagent des choix esthétiques de fond, qui se justifient : ou bien on opte pour la contemporanéité (faire entendre les classiques au plus grand nombre), ou bien pour la reconstitution archéologique (on préserve ce qu'ils ont d'irréductible et on les fait entendre dans leur "naïveté" à ceux qui les connaissent déjà).
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 10:28   Re : Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
(Orimont)
"Pour moi-même, je le prononce comme Gers."


C'est clair...

En effet !
Disons : pour un lecteur des Délicatesses...
26 février 2008, 13:27   Bourgeois Gentilhomme
Je suis bien en peine de vous dire quoi que ce soit de sérieux sur la question que vous me posez, cher JGL. Le travail de Benjamin Lazar force l'admiration, j'ai tout suivi et enregistré sur Mezzo avec le plus grand intérêt, mais je manque cruellement de sources, dans ma Thébaïde, sur les conventions théâtrales de diction et de chant de l'époque de Molière et de Lully. Quand la question a été posée un peu précisément à ce metteur en scène de génie, dans le numéro 554 (janvier 2008) de la revue Diapason, à propos de son Cadmus et Hermione joué en janvier à l'Opéra-Comique, sa réponse est restée évasive. Il en va, comme vous le dites bien, de choix esthétiques. Ce n'est pas là ce qui me gêne. Puisque le projet néo-baroque consiste à approcher du plus près possible le spectacle du Grand Siècle, jusqu'à remplacer la lumière électrique par des bougies, j'aimerais savoir précisément comment on chantait, comment on prononçait la langue sur scène, et être sûr de la fidélité aux sources de la troupe de Lazar. Et je ne connais aucun ouvrage précis sur la question. Jacques Scherer, dans sa Dramaturgie classique en France, est muet sur la diction, si je puis dire. Sur cette question enfin, il faut distinguer: la cantilation du texte, les , les R roulés et les voyelles finales audibles ne sont pas très gênants et ont même quelque beauté: écoutez les motets de Lully, de Charpentier ou de Rameau prononcés à la française, (Béatüs vir qüi timet Dominome), vous verrez avec quelle rapidité on oublie la prononciation restituée du latin! Ce qui me gêne, moi, ce sont les consonnes finales, et je n'arrive pas à mettre la main sur un texte de l'époque qui conseille, déconseille, commande ou interdise aux acteurs de les prononcer. Mais ceci n'est pas un débat qui concerne un forum de politique comme celui-ci.
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 14:47   Re : Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
26 février 2008, 16:20   Re : Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
Je signale également sur le sujet le fort intéressant ouvrage d'Eugène Green La parole baroque, aux éditions Desclée de Brouwer. L'ouvrage est accompagné d'un CD dans lequel l'auteur lit une fable de La Fontaine, des extraits du Sermon sur la mort, de Bossuet, du Mithridate de Racine et du monologue d'Hamlet dans la "prononciation restituée". C'est un travail passionnant, mais je me souviens que le résultat avait laissé perplexe Marc Fumaroli, qui semblait considérer que tout cela relevait de la plus haute fantaisie.

On peut entendre ici un extrait du Sermon sur la mort lu par Eugène Green.
J'ai le "Dauzat", à main droite, mais je manque un peu de temps, là. J'ai trouvé tout à l'heure des passages qui auraient pu vous intéresser, mais n'ai pas trop le temps de les recopier. Si on en reparle après le 20 mars...
26 février 2008, 21:31   Re : Distractions
"Savez-vous ce qu'est un Belge, (ou un Français, ou un Anglais ou, ou...) "rénicole"?"

Un type du cru, non ? (regnicole)


Cher Orimont,
L’expression était en fait non rénicole, je suis confuse d’être aussi distraite mais... c’est à propos d’une distraction qu’elle a surgi. C’est Alechinsky qui rapporte ce mot d’une conversation. Il se plaît à dire qu’il est resté belge parce qu’il n’a jamais pensé à se faire naturaliser français, qu’il l’est resté en quelque sorte par distraction. Au cours d’un dîner, l’épouse d’un ambassadeur belge lui a dit : « Mais alors, vous êtes un Belge non rénicole ». En rentrant, il s’est précipité sur un dictionnaire et a appris ainsi que c’est un très vieux terme administratif abandonné depuis longtemps en France et qu’il désigne celui qui ne paie pas ses impôts dans son pays d’origine.
26 février 2008, 21:43   Re : Si proche de Benjamin Lazar
Et "Gerpinnès " (Gerpinnes) comme disait un jour un automobiliste français! Il y a des années de cela, bien avant cette mode mise en évidence par Renaud Camus, très drôlatiquement, et qui consiste à prononcer toutes les lettres pour prouver que l'on sait lire. Mais c'était aussi beau que la diction selon Lazar (j'aime beaucoup ce Bourgeois cela dit, cette musicalité est très séduisante).
26 février 2008, 21:50   Re : Si proche de "Bourgue"-en-Bresse
« Autre conflit de prononciation, réel, celui-là : Anversss ou Anver(s). Si l'on ne veut pas se distinguer, il faut prononcer le "s" en Belgique, et ne pas le prononcer partout ailleurs (majorité de la francophonie, tout de même !) Pour moi-même, je le prononce comme Gers. (J'entends déjà Aline !) »

Oui, bien sûr, je rouspète, cher Bernard. Tout ce que vous dites est juste mais, comme tout le monde en Belgique, je prononce Anverss. Et je me fais faire les gros yeux dans le midi de la France quand je dis Ger.
27 février 2008, 09:51   Anvers
J'avais toujours entendu dire Anverssssss...

Je tenterai de placer "rénicole".
27 février 2008, 12:00   Sources
Le dossier de Wikipédia sur la question est très bien fait, et l'on y renvoie en note aux Essais de grammaire de l'abbé Louis de Dangeau (frère du courtisan au journal duquel Saint-Simon écrivit ses Additions, sources de ses Mémoires). Bref, il y a dans les Essais de Grammaire, dont l'édition définitive est de 1711, un "Discours sur les consonnes" qui devrait permettre d'y voir plus clair dans les codes de prononciation et de déclamation du théâtre et de l'opéra, qui ont pu s'éloigner beaucoup, j'imagine, de la prononciation courante du français d'alors. Je ne sais si Dauzat prend en compte cette dimension d'écart esthétique, ou s'il se borne à décrire l'usage normal de l'époque. Mais bien malin sera celui qui mettra la main sur les Essais de grammaire de l'abbé de Dangeau. Dernière source: La pratique du théâtre de l'abbé d'Aubignac. Je ne sais s'il aborde la question de la diction et de la déclamation, et même si son livre est réédité.
27 février 2008, 12:49   Double consonne
Bien cher Henri,

C'est très intéressant.

Cela m'amène à poser à l'auguste forum la question de la consonne double.

Dans l'ouvrage "Le français parlé à Toulouse" dont j'ai fait état il y a quelques mois, le regretté professeur Séguy abordait les vices de prononciation de la langue "toulousaine" mais soulevait par ailleurs quelques problèmes du français "parisien cultivé".

Parmi eux, outre la bien connue absence de distinction de certaines formes (je pense à brin et brun, mais je n'en suis pas sûr), figurait le non-redoublement de la consonne dans certains mots.

L'exemple était celui du prénom "Anne" que tous les toulousains, y compris les plus cultivés, prononçaient "An-ne" et non "ane". Cela tient sans doute au fait que le parler toulousain ne distinguait pas entre "âne" et "ane".

Qu'en est-il exactement en français classique ?
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