Je suis bien en peine de vous dire quoi que ce soit de sérieux sur la question que vous me posez, cher JGL. Le travail de Benjamin Lazar force l'admiration, j'ai tout suivi et enregistré sur Mezzo avec le plus grand intérêt, mais je manque cruellement de sources, dans ma Thébaïde, sur les conventions théâtrales de diction et de chant de l'époque de Molière et de Lully. Quand la question a été posée un peu précisément à ce metteur en scène de génie, dans le numéro 554 (janvier 2008) de la revue
Diapason, à propos de son
Cadmus et Hermione joué en janvier à l'Opéra-Comique, sa réponse est restée évasive. Il en va, comme vous le dites bien, de choix esthétiques. Ce n'est pas là ce qui me gêne. Puisque le projet néo-baroque consiste à approcher du plus près possible le spectacle du Grand Siècle, jusqu'à remplacer la lumière électrique par des bougies, j'aimerais savoir précisément comment on chantait, comment on prononçait la langue sur scène, et être sûr de la fidélité aux sources de la troupe de Lazar. Et je ne connais aucun ouvrage précis sur la question. Jacques Scherer, dans sa
Dramaturgie classique en France, est muet sur la diction, si je puis dire. Sur cette question enfin, il faut distinguer: la cantilation du texte, les
wé, les R roulés et les voyelles finales audibles ne sont pas très gênants et ont même quelque beauté: écoutez les motets de Lully, de Charpentier ou de Rameau prononcés à la française, (
Béatüs vir qüi timet Dominome), vous verrez avec quelle rapidité on oublie la prononciation restituée du latin! Ce qui me gêne, moi, ce sont les consonnes finales, et je n'arrive pas à mettre la main sur un texte de l'époque qui conseille, déconseille, commande ou interdise aux acteurs de les prononcer. Mais ceci n'est pas un débat qui concerne un forum de politique comme celui-ci.