Le site du parti de l'In-nocence

Question sur l'anonymat des pseudos du Web

Envoyé par Ostinato 
Comme souvent, Renaud Camus pose de bonnes questions sur l'époque et les comportements de ses contemporains
...
Ainsi commence le billet d'Ivan Rioufol. La majorité des intervenants estime que les risques sont trop importants. (C'est aussi mon avis).

[blog.lefigaro.fr]
Le fait de proposer l'utilisation d'un pseudonyme laisse penser que c'est l'usage mais à moins de s'appeler M. La Taupe, cet usage est bien superflu.
Il me semble que la position de Renaud Camus concernant l'usage de pseudonymes est en conformité avec son statut de diariste : quand on choisit de raconter sa vie par écrit de façon la plus intime qui soit tout en sachant que cela sera lu par de parfaits inconnus, on peut comprendre qu'utiliser un pseudonyme pour signer des propos parfois insignifiants sur le net apparaisse comme un manque de courage. Je trouve cependant que l'attitude du diariste (et je parle ici en général) résulte avant tout d'une démarche personnelle et qu'on ne saurait obliger d'autres personnes à se conformer à une telle franchise.

Je pense, toutefois, que l'usage de son vrai nom dans le cadre de l'expression d'une opinion ne peut se faire que dans une société au sein de laquelle la liberté d'expression est sanctifiée et où les gens ne seront pas jugés négativement en fonction des propos qu'ils émettent. Il me semble que ces conditions sont de moins en moins remplies en France (comme l'a montré Philippe Nemo), où diverses lois et associations se chargent de condamner les propos "mal pensants", sans compter l'opprobre sociale plus ou moins grande qui ne manque pas d'accompagner les auteurs de tels propos.
Ce lien entre garantie de la liberté d'expression et absence d'anonymat se vérifie notamment aux Etats-Unis, où la liberté d'expression totale garantie par la Constitution va de paire avec une certaine exigence de transparence, notamment sur les réseaux sociaux, mais qui se voit aussi dans des entreprises telles que Wikileaks, qui entendent lutter contre le culte du secret. On voit là le legs de la mentalité protestante, dans lequel il n'y a pas d'intermédiaire entre le croyant et Dieu, ce qui entraîne que les individus doivent expier leurs fautes en public (et non dans le confessionnal comme dans la religion catholique). Cela s'exprime notamment dans l'obsession des Américains pour les procès, les jugements (dans les émissions de téléréalité et autres), ou encore l'importance qu'ils accordent à la notion d'honnêteté (le parjure est, par exemple, un crime très grave aux Etats-Unis). Les pays de culture catholique, au contraire, sont beaucoup moins à cheval sur les questions d'éthique que ne le sont les pays de culture protestante...

Mais au-delà de la simple sécurité que procure un pseudonyme, on pourrait aussi avancer la volonté de séparation entre les opinions d'un individu et l'individu lui-même. Tout comme, par exemple, la laïcité impliquant la neutralité religieuse dans l'espace public ou le devoir de réserve astreignant les fonctionnaires à ne pas s'exprimer sur certains sujets, on peut très bien imaginer que des citoyens décident d'exprimer telle ou telle opinion sur Internet dans le cadre d'un débat particulier, tout en ne voulant pas que des gens faisant partie de leurs relations plus ou moins proches les associent de façon stéréotypé aux propos qu'ils ont émis sur Internet. Dans la vie "réelle", on parle de certaines choses avec les membres de sa famille, de certaines autres avec ses amis, de certaines autres avec des collègues de bureau, dans des associations ou autres. A chaque fois, les propos restent circonscrits au cercle en question : les amis ne savent pas forcément de quoi on parle avec sa famille ou ses collègues, si on adhère à une association, etc. Internet est une technologie qui permet justement d'abolir les séparations entre ces différents "univers", puisque n'importe quel propos émis dans un contexte particulier (sur un forum, par exemple) ne reste pas circonscrit à ce domaine, comme dans la vie réelle, mais est au contraire accessible par n'importe quel individu. Ainsi, si j'utilise mon vrai nom ici, n'importe qui de mes connaissances plus ou moins éloignées peut savoir ce que je pense en tapant mon nom dans Google, or je n'ai pas forcément envie que tout le monde le sache et me catalogue. Ne pas divulguer ses opinions est un moyen de les protéger, c'est pourquoi, par exemple, le vote se fait à bulletins secrets. Quand à ceux qui ne me connaissent pas, qu'est-ce que cela leur apporterait de voir mon nom complet plutôt que mon prénom ?

J'ajouterais également, pour compléter mon propos sur la "séparation" des opinions et de la personne, que l'usage des pseudonymes a également eu ce rôle en littérature et en art, en séparant les deux facettes de l'œuvre d'un même auteur ou pour voir si un livre a du succès pour sa qualité intrinsèque ou parce qu'il est attaché à un auteur célèbre (par exemple le célèbre cas Gary / Ajar ou Stephen King / Richard Bachman), ou bien en séparant l'artiste et la personne travaillant dans un autre domaine (par exemple Michel Vinaver / Michel Grinberg, à la fois dramaturge et PDG de Gillette)...
J'ai lu le billet d'Ivan Rioufol qui, pour l'essentiel, présente l'argumentaire de Renaud Camus. J'ai lu également un certain nombre de réactions. Pour ma part, chère Ostinato, je trouve celles-ci majoritairement inspirées par la couardise. On croit que l'on croit ceci ou cela, on l'affirme avec force, on s'exprime jusqu'à l'outrance. De là à prendre le moindre risque, à s'engager, car la signature authentique est le moindre des engagements, il y a un pas que l'on ne franchit pas. Je veux bien admettre certaines exceptions, notamment pour les personnes occupant certaines fonctions mais même en ce cas, ces dernières feraient bien, me semble-t-il, de s'interroger sur leur degré de soumission. Je voudrais élargir la question aux lecteurs assidus d'un forum comme le nôtre qui se gardent bien de se risquer à intervenir, même sous le masque d'un pseudo. Ils se nourrissent de la réflexion des autres, engrangent des informations, se régalent des polémiques sans jamais apparaître, sans rien donner, en existant si peu. Ces voyeurs, ces fantômes-là me semblent faire preuve d'une pusillanimité au carré.
Cher Eric, je suis tout à fait d'accord avec vous.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2011, 21:40   Pseudonyme ou le double dans le discours
On peut néanmoins éprouver une certaine ivresse à s'effacer devant la pensée que l'on voit jaillir et se déployer à partir d'une image de soi, d'un fantasme de soi, de celui que l'on invente ou que l'on mime par l'usage d'un pseudonyme, et qui garde l'empreinte, malgré son aspect factice, d'un geste de création pure. Si la syntaxe est cet autre que soi dans la langue, le pseudonyme, lorsqu'il est soigneusement choisi, à l'instar du choix d'Henri Beyle qui voulait certainement parachever l'acte d'écrire jusque dans le façonnement d'un autre soi qu'il eût ébauché par le souvenir du nom d'une ville qu'il chérissait, est aussi, peut-être, ce double de soi dans le discours, témoignant d'une volonté somme toute assez noble de paraître autre que l'on est, comme lorsque l'on s'efforce de poser devant un photographe désireux de percevoir non ce que l'on est malgré soi mais ce que notre volonté nous impose d'être. En somme, il est enivrant de devenir autre que celui que l'on n'a pas choisi d'être — c'est aussi le sens de l'assimilation, si chère en ces lieux.
Utilisateur anonyme
28 novembre 2011, 22:13   Re : Pseudonyme ou le double dans le discours
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je ne suis pas sûr, cher Ferdinand, que Renaud Camus vous suivrait de bon gré là où vous semblez vouloir l'entraîner.
Cher Bily (puisque tout le monde semble désirer vous nommer ainsi et que vous m'avez dit ne pas le prendre en mauvaise part), c'est toujours un plaisir de vous saluer amicalement. Je profite de l'occasion pour souligner combien j'ai apprécié votre récente intervention dans la conversation concernant Clovis.
Oui, enfin, entre Henri Beyle et "touvabien", il y a quand même un abîme, non ?
Passionnant débat. Le haut courage de Renaud Camus, les distinguos de Félix, les remarques littéraires de Ferdinand Couturat... J'interviens souvent avec mon nom complet sur le monde.fr, mais je m'autocensure plus ou moins. De toutes façons les modérateurs y sont sévères, peut-être en légère évolution. Je viens à l'In-nocence avec l'envie d'être innocemment moi-même, de ne pas me censurer. D'où le nom tronqué. Je vis la moitié du temps en province et moi aussi je crains la délation google. Un de ces jours, je vous parlerai de mon beau Périgord profond, de l'africanisation de Périgueux, de celle de ma toute petite ville.
Pourtant Périgueux se trouve dans le Périgord blanc.
"Je viens à l'In-nocence avec l'envie d'être innocemment moi-même"
Soyez indulgents, je vous en prie, chers In-nocents...
Utilisateur anonyme
29 novembre 2011, 07:13   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Un de ces jours, je vous parlerai de mon beau Périgord profond, de l'africanisation de Périgueux, de celle de ma toute petite ville.

Faites, faites !
Au début, je signais de mon nom, puis j'ai pris le pseudonyme "Cassandre", prenant au mot certains qui me reprochaient d'être semblable à cette figure mythique et parce que, en effet, je m'identifiais un peu au personnage. Bizarrement j'ai l'impression qu'il est devenu une partie de moi-même et j'y reste attachée, mais je suis toute prête à signer de nouveau de mon vrai nom si l'on me presse de le faire quitte à mettre certains bémols à mes interventions.

Fanny Seguin
“Fanny Seguin” est le pseudonyme que prend Cassandre, princesse troyennne en exil à B., quand elle désire voyager incognito.
Peut-être faudra-t-il instituer l'usage du surnom ?
Cher président, on ne peut rien vous cacher !
Curieusement le débat qui suit le billet d'Ivan Rioufol, sur son site, tourne tout à fait en rond. Tout le monde ou presque défend le pseudonymat, c'est-à-dire l'anonymat, avec pour principal argument la mémoire éternelle de la Toile. On voudrait bien donner son opinion en son nom propre, mais à condition que l'un ou l'autre et le rapport entre l'un et l'autre soient rapidement oubliés. En un mot on voudrait bien n'être pas anonyme mais à condition que ça ne laisse pas de traces : bref, qu'on le soit. Ce qui est refusé c'est la trace, c'est-à-dire la responsabilité, la mémoire, le passé, l'héritage — pour un peu je dirais la culture.

Il y a un autre argument d'un peu plus de poids, à mon avis, c'est celui du vote secret. Le vote secret a toujours été considéré comme une garantie de la liberté et de la démocratie, c'est vrai. À quoi je répondrai que voter, qui est un devoir, n'est pas du tout la même chose que donner son avis, qu'exprimer son opinion, à quoi nul n'est contraint. Si je suis volontaire pour parler, la dignité veut que je le fasse en mon nom (sur tout sujet, du moins, qui implique une responsabilité, un risque — je n'ai rien contre le pseudonymat littéraire ou artistique de qui veut dissocier son œuvre de sa personne sociale ou de sa famille).

J'ajouterai qu'à cette “règle” de l'orthonymie (qu'ici nous n'appliquons pas) je conçois nombre d'exceptions, parmi les personnes qui précisément n'ont pas la liberté de parler. Mais n'avoir pas la liberté de parler c'est une servitude qu'il n'y a pas lieu de revendiquer comme un honneur, et dont il n'est pas honorable de se targuer abusivement (la liberté, par définition, ça se prend. Et nemo auditur propriam turpitudinem allegans).
Citation
Stéphane Bily
Un de ces jours, je vous parlerai de mon beau Périgord profond, de l'africanisation de Périgueux, de celle de ma toute petite ville.

Faites, faites !

En attendant le périgourdin, voilà déjà le limousin :

[www.lamontagne.fr]
En plus pétillant, vous avez la blanquette de Limoux.
Utilisateur anonyme
29 novembre 2011, 22:39   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
» En somme, il est enivrant de devenir autre que celui que l'on n'a pas choisi d'être

Certainement.
(De plus un "touvabien" est bien plus révélateur qu'un nom, avant même qu'on ait dit quoi que ce soit. Cela doit faire partie de ces "signes qui parlent". À son corps absent défendant le fuyard de soi se découvre bien plus sûrement, et souvent de façon rédhibitoire, que s'il était resté sur place, jouissant du bénéfice du doute de la franchise.)
L'obligation de réserve des fonctionnaires n'empêche nullement, à mon sens, d'exprimer ses idées sur un forum électronique. Elle n'est d'ailleurs pas mentionnée en tant que telle dans les statuts légaux des fonctionnaires. Le risque de se voir sanctionné pour des propos tenus en ces lieux est pour ainsi dire inexistant (dans la mesure où ils n'engagent pas directement la réputation de sa hiérarchie ou de son établissement).
Olivier Lequeux,

Le risque de se voir sanctionné n'existe peut-être pas, en effet.

Mais le risque de se voir catalogué, oui. Et une fois pour toutes. Avec toutes les conséquences que cela peut comporter. Qui peuvent être bien plus radicales qu'une simple sanction ponctuelle.

Renaud Camus plaide sans cesse, à bon droit, pour son Journal publié, sur le fait que les sentiments d'un moment, d'un jour, nés de certaines circonstances, n'expriment pas une pensée définitive. Ne forment pas le tout d'une vie. Ni d'un homme. Ne doivent pas être isolés de leur contexte. Sont contredits ou nuancés ou annulés cinq pages avant ou cinq pages plus loin.

Même dans le monde du livre imprimé cette argumentation ne pèse pas lourd face à la malveillance de n'importe quel
prédateur qui isolera à des fins nocentes une phrase bien choisie d'un Journal.

Le risque de se voir à tout jamais catalogué à cause de quelques mots sans signification hors de leur circonstances précises est encore bien plus grand sur internet - où il n'y a pas de contexte - et peut justifier l'usage d'un pseudonyme par ceux qui sont soumis statutairement à l'obligation de réserve (ou qui croient l'être), ainsi que par tous les autres.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2011, 12:08   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Cher Buena Vista,

Vous avez évidemment raison, et en tant qu'intervenant anonyme pendant plusieurs années, je ne viens pas aujourd'hui prêcher le dévoilement courageux (d'abord parce qu'il est évident que la dissimulation, à l'intérieur du grand "panumérique", n'est généralement qu'une mesure de prudence (certes, plus ou moins nécessaire)). Je notais simplement que l'argument de l'obligation de réserve ne peut être valable que dans des situations tout à fait exceptionnelles.

Il me semble que le fonctionnaire de police qui a divulgué le procès verbal dont il est question dans un autre message a failli à cette obligation - encore faut-il le démontrer devant un juge, car on ne peut s'appuyer, en la matière, que sur la jurisprudence.
Cher Olivier Lequeux,

Vous écrivez : il est évident que la dissimulation, à l'intérieur du grand "panumérique", n'est généralement qu'une mesure de prudence (certes, plus ou moins nécessaire)

Décidément, bien que nous soyons d'accord sur l'essentiel, je n'aime guère votre formulation particulièrement humiliante pour ceux qui, à votre différence, n'ont pas encore jeté leur pseudonyme aux orties.

Dissimulation. Prudence : nous ne sommes pas bien courageux ni recommandables, dites-moi !

Or, il me semble que le problème n'est pas là. Pas seulement là.

Le problème particulier de l'obligation de réserve des fonctionnaires de l'Etat ne doit pas cacher la forêt. Quant au devoir de réserve proprement dit, chacun sait qu'il est à géométrie variable. Si l'on veut perdre un fonctionnaire qui déplaît pour d'autres raisons, on saura dénicher un manquement à cette obligation. Et à ceux qui plaisent, tout est permis.

Ma position d'ensemble sur la question rejoint celle de Félix, exprimée plus haut, ici même.

Je regrette de ne pas être entièrement convaincu par la position exprimée par M. Camus. Sa dernière phrase de ton hautain et seigneurial : Mais n'avoir pas la liberté de parler c'est une servitude qu'il n'y a pas lieu de revendiquer comme un honneur, et dont il n'est pas honorable de se targuer abusivement (la liberté, par définition, ça se prend. Et nemo auditur propriam turpitudinem allegans) est certes magnifique et stimulante, mais lovée dans un absolu peu accessible.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2011, 16:31   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Vous avez peut-être mal interprété mon message, Buena Vista, car lorsque je dis que la dissimulation n'est qu'une mesure de prudence, je veux dire qu'elle n'est pas plus grave, pas plus déshonorante que ne le sont toutes les mesures de précaution que nous prenons dans notre vie, assez souvent indispensables, et la plupart du temps judicieuses. Ce qui signifie qu'à mes yeux l'usage d'un pseudonyme n'est pas une preuve de lâcheté. Il peut l'être, mais le plus souvent, il provient d'un sentiment de méfiance bien légitime devant les diverses formes de privautés rendues possibles par l'internet. Il m'a toujours fortement dérangé que n'importe qui puisse un jour accéder à des propos que je pensais tenir en "milieu fermé", en bonne compagnie si j'ose dire; mais le fait d'écrire ici sous mon nom ne m'a apporté aucun désagrément, et je suis presque sûr que cela ne m'en apportera pas non plus à l'avenir. Nous n'intéressons pas les autres autant que nous l'imaginons. Au pire, un individu particulièrement mal disposé à mon égard viendra me dire : "Eh, Lequeux, je sais qui tu es. Je connais tes idées. J'ai lu tes c... sur le forum des In-nocents. T'es un vrai petit facho, alors ?"

Et puis ?
Utilisateur anonyme
30 novembre 2011, 20:47   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Et puis c'est désagréable. D'autant qu'on est pas toujours fier des propos que l'on tient. Non qu'on les ait tenus avec une quelconque intention maligne. Mais l'on peut dire une bêtise, ou se tromper, ou changer d'avis. Cela est courant quand on a un échange animé. Pour moi, ici, c'est comme lorsque je parle avec des amis. Je m'exprime librement. Je parlerais différemment si je devais signer chaque mot que je dis de mon nom à la face du monde. Je ne fais pas une œuvre, mais la conversation. Enfin, si cela déplaît, du moins ce n'est pas caché. Que les maîtres des lieux changent les règles et chacun avisera.
Je partage les inquiétudes du parti au sujet de l'immigration et du remplacement de population.. Comme j'essaye d'être cohérent avec moi-même je m'apprête à voter marine Le Pen aux présidentielles bien que je sois en désaccord avec quelques aspects de son programme. Or, je ne le dirai a personne autour de moi car je n'ai pas envie de me retrouver seul. J'ai des amis, de la famille et des collègues de travail, étrangers, noirs, fonctionnaires socialistes, bourgeois intellectuels (personne n'est parfait). Tout ce petit monde me tournerait le dos du jour au lendemain.
Et je ne suis pas prêt à vivre cela.
Voter Renaud Camus, c'est très bien vous savez, Brindamour.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2011, 21:24   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
30 novembre 2011, 21:35   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Personne ici ne se pense en démocratie, j'imagine.
Est-il candidat?
Je ne sais si vous vous en rendez bien compte, mais le tableau que dressent petit à petit les réactions et les justifications des uns et des autres est assez effrayant.

Tout à fait, complètement, absolument. Merci en tout cas à tous les intervenants de me fournir un tel exercice de self-control.
Calmement. Les dites interventions justifient pleinement la pertinence de l'analyse de Renaud Camus. Sans doute au-delà de ses espérances, si j'ose dire.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2011, 22:59   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
30 novembre 2011, 23:21   Les Joies du placars
« Or, je ne le dirai a personne autour de moi car je n'ai pas envie de me retrouver seul. J'ai des amis, de la famille et des collègues de travail, étrangers, noirs, fonctionnaires socialistes, bourgeois intellectuels (personne n'est parfait). Tout ce petit monde me tournerait le dos du jour au lendemain. »

Je suis en train de me rendre compte, avec un certain trouble, mais un trouble amusé et plutôt agréable, de la grande cohérence de mon existence et de la similarité structurelle entre des situations qu'on aurait pu croire, en son sein, les plus éloignées. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point beaucoup de ce qui se dit ici, à l'occasion de ce fil, ressemble (le mot n'est pas assez fort...) à ce qui pouvait se dire dans des milieux homosexuels de province vers 1970...
01 décembre 2011, 00:35   Re : Les Joies du placars
Citation
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point beaucoup de ce qui se dit ici, à l'occasion de ce fil, ressemble (le mot n'est pas assez fort...) à ce qui pouvait se dire dans des milieux homosexuels de province vers 1970...

La comparaison fait hélas sens mais la dissimulation de ses vraies opinions en société est devenue, compte-tenu de l'ambiance d'intolérance générale, indispensable et cela ressemble beaucoup à la maniére dont les gens sous le régime hitlérien ou sous la dictature communiste se comportaient.

Constatation très déprimante même si je n'irais pas jusqu'à prétendre que nous vivons en régime totalitaire.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2011, 08:01   Re : Les Joies du placars
(Message supprimé à la demande de son auteur)
« Or, je ne le dirai a personne autour de moi car je n'ai pas envie de me retrouver seul. J'ai des amis, de la famille et des collègues de travail, étrangers, noirs, fonctionnaires socialistes, bourgeois intellectuels (personne n'est parfait). Tout ce petit monde me tournerait le dos du jour au lendemain. »

C'est bien sûr la phrase clé, qui rejoint mon allusion aux voyeurs. Une réalité à laquelle chacun est plus ou moins confronté (le plus ou moins n'étant pas peu, je l'admets) Mais à quoi, à qui est-on décidé à accorder la priorité ? Sur quoi veut-on fonder l'essentiel de son existence ? Cet engagement (bien minime en réalité) par le nom et la parole n'est-il pas l'occasion d'un tri salutaire ?
Ceux d'entre nous qui sont des personnalités publiques ont beaucoup à craindre, tant ils sont à la merci des chiens de garde du complexe médiatico-politique : à tout moment, ces dérapeurs récidivistes risquent le lynchage médiatique, la morsure tenace des crocs judiciaires au mollet ou, à tout le moins, le black-out synonyme de mort professionnelle quasi-certaine. Nous autres dissidents obscurs, plus que le danger administrativo-policier ou judiciaire, ce que pouvons craindre, c'est l'isolement, l'incompréhension plus ou moins horrifiée, l'indignation ou même simplement la lassitude de notre entourage devant les ressassements morbides, inévitables au début, et cela y compris, parfois, dans le premier cercle, celui de l'intimité familiale et amicale. C'est extrêmement difficile à vivre et peut même devenir infernal, surtout si l'on vient d'un milieu de gauche où se sont tissées de vieilles solidarités, des complicités enjouées, de longues expériences militantes. On peut donc comprendre que l'on cherche, par le recours au pseudonyme, à limiter ce danger. Ce n'est pas honteux, bien sûr, mais outre que cela n'est pas non plus glorieux, il faut bien que le coming out devienne courant pour que nous ayons une chance de vaincre.
Citation
Cet engagement (bien minime en réalité) par le nom et la parole n'est-il pas l'occasion d'un tri salutaire ?

Sur le plan des principes vous avez raison cher Eric mais les relations sociales sont soumises à d'autres critères oh combien plus humains.

Certaines fois le courage est vain et porte préjudice à celui qui dévoile ses vraies opinions. Je ne sais plus dans quel livre Ernst Jünger rapportait qu'il avait refusé à un passant le salut hitlérien lors d'une marche en forêt. Cet homme avait été le dénoncer à la gestapo qui l'avait convoqué et ce petit geste de résistance avait eu des conséquences néfastes complétement en disproportion avec l'acte lui-même.

Je sais comparaison n'est pas raison ...
01 décembre 2011, 10:50   Le pseudonyme au carré
Personne ne semble s'être avisé que l'on peut très bien, aussi, “masquer son pseudonyme”, si je puis dire. En clair, ce n'est pas parce que quelqu'un se présente sous un prénom et un nom “qui sonnent vrais” qu'il n'utilise pas un pseudonyme. Après tout, qui prouve, aux autres intervenants, que je m'appelle réellement Didier Goux ? Même les deux ou trois d'entre vous qui m'ont rencontré IRL, comme l'on dit, n'ont pas demandé à voir ma carte d'identité, n'est-ce pas ? Et je n'ai pas non plus exigé de vérifier la leur.

Quoi qu'il en soit, il en va ici comme ailleurs, dès que cette discussion revient sur le tapis : on se retrouve rapidement dans la situation où les participants qui usent de pseudonymes font valoir d'excellents arguments en sa faveur, cependant que ceux qui se servent de leur vrai nom font valoir d'excellents arguments contre lui. Et ce double “pro domo” se retrouve bloqué, ainsi qu'il est logique qu'il soit.
Oui, Didier Goux, excellents arguments des deux côtés.

Le problème toutefois serait que la suspicion, elle, est unilatérale.

Ce qui nuit à la symétrie.

On ne reproche rien à ceux qui utilisent leur nom véritable, ou leur apparent nom véritable.

Mais de l'autre côté, on nous parle de prudence, de peur, de dissimulation, de manque de courage, de respect d'une obligation de réserve imaginaire : on va jusqu'à évoquer un tri.

Ah, si j'étais un Ami du Désastre, que de broderies autour de ce mot de tri !

Pour s'exprimer sur ce forum, qui est un forum public, il suffit d'en respecter la charte d'utilisation. Je me suis fait moi-même taper sur les doigts, à une ou deux reprises, et à juste titre, pour ne pas l'avoir parfaitement repectée. Rien ne dit jusqu'à présent dans cette charte que les utilisateurs sont tenus d'utiliser leur nom véritable, ou un apparent nom véritable. Cela devrait suffire à clore les débats.
Didier (Goux),

Supposer que Didier Goux ne soit pas Didier Goux, ce n'est pas de la psychose, c'est de la Franche Démence.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2011, 11:28   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Jean-Marc
Supposer que Didier Goux ne soit pas Didier Goux, ce n'est pas de la psychose, c'est de la Franche Démence.

Tout aussi dangereux, voire davantage si vous vous trouvez au Sofitel de New York : la transe du manche.
N'oubliez pas les accidents de branloire pérenne...
Citation
François X
Et puis c'est désagréable. D'autant qu'on est pas toujours fier des propos que l'on tient. Non qu'on les ait tenus avec une quelconque intention maligne. Mais l'on peut dire une bêtise, ou se tromper, ou changer d'avis. Cela est courant quand on a un échange animé. Pour moi, ici, c'est comme lorsque je parle avec des amis. Je m'exprime librement. Je parlerais différemment si je devais signer chaque mot que je dis de mon nom à la face du monde. Je ne fais pas une œuvre, mais la conversation.

C'est pourquoi, je pense, l'usage du pseudonyme est toléré. Les forums électroniques ont ceci de particulier qu'ils sont en effet le lieu d'une "conversation"... que le monde entier peut entendre, réentendre, enregistrer, mémoriser, analyser à volonté. Il y a de quoi être troublé, n'en déplaise aux zélateurs un peu rigides de l'authenticité.

Au demeurant, le fait qu'un choix puisse avoir des conséquences "désagréables" n'est pas un argument suffisant contre ce choix. J'ai le sentiment que nous entrons dans un monde où la vie des esprits libres n'aura rien de très "agréable" - il faut s'y préparer.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2011, 14:33   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Oui, j'aurais du écrire "tolérable" (exprimant par là mon propre point de vue). Pour le reste, je vous suis. Il est d'ailleurs instructif d'abandonner son "pseudo" à cet égard : on pèse mieux le poids de ses propres paroles. On prend mieux la mesure de ce que l'on est capable d'assumer.
Remarque très pertinente, cher Olivier.
Un marabout toulousain me l'a soufflée à l'oreille, Cher Marc.
Citation
François X
Et puis c'est désagréable. D'autant qu'on est pas toujours fier des propos que l'on tient. Non qu'on les ait tenus avec une quelconque intention maligne. Mais l'on peut dire une bêtise, ou se tromper, ou changer d'avis. Cela est courant quand on a un échange animé. Pour moi, ici, c'est comme lorsque je parle avec des amis. Je m'exprime librement. Je parlerais différemment si je devais signer chaque mot que je dis de mon nom à la face du monde. Je ne fais pas une œuvre, mais la conversation. Enfin, si cela déplaît, du moins ce n'est pas caché. Que les maîtres des lieux changent les règles et chacun avisera.

Donc signer une parole, en assumer la responsabilité, en répondre, c'est "faire une oeuvre" maintenant ?

Si je peux comprendre (et encore, je n'y arrive pas tout à fait) que dans certains cas extrêmes l'anonymat soit envisageable, l'argumentation du bien nommé François X me stupéfie, et je ne vois aucun rapport entre les échanges anonymes de commentaires sur internet et une conversation entre amis : le caractère "informel" ou "animé" ou "amical" de la chose n'induit en aucun cas la déresponsabilisation du pseudonymat (?). Tout au plus, l'anonymat, le secret, le refus du nom, le choix du masque, l'ombre, évoqueraient vaguement pour moi la backroom — mais une backroom sans désir, ni plaisir, ni jouissance, c'est-à-dire, en définitive, quatre murs sordides et souillés.
A Jérôme Reybaud :

C'est tout ?
Ouf... Commence à faire chaud, par ici, pour les volatiles de mon espèce...
Jerôme Reybaud... ça me rappelle quelqu'un. Quelqu'un d'autre. Seriez-vous à la recherche d'une position ? Celle de pourfendeur attitré du pseudonymat, par exemple ? Sans trop de nuances ? Mais attention : Que serait ce forum sans Francmoineau, Ostinato, Phénarète, Rogemi, JGL, Cassandre, Florentin et consorts ? Bien triste, bien triste...
Cassandre est un cas particulier sur ce forum, comme elle s'en est déjà parfaitement expliqué sur ce fil.
Me concernant il y a déjà longtemps que la question d'apparaître sous mes véritables nom et prénom se pose. Dans la vie quotidienne "analogique" je ne crie pas mes idées sur les toits, mais je ne les cache pas non plus : mon entourage n'ignore rien de mon appartenance au parti et je ne suis fâchée avec personne encore. Il me semble que je n'écrirais pas avec plus de précautions si j'intervenais sous mon patronyme : faire la démarche d'oser écrire en ces lieux fut un défi de taille, et le reste toujours : je pèse mes mots et préfère souvent m'abstenir plutôt que de me risquer à dire une ânerie.

Cela dit j'avoue bien volontiers avoir un penchant pour le jeu des masques. Je le trouve plaisant, particulièrement sur internet. Mais il est vrai qu'en ces circonstances, avec le projet politique que porte l'in-nocence, ce jeu n'a probablement plus lieu d'être. (Il reste que mon prénom prête à confusion, mais c'est un détail.)
J'ai vécu internet et ses forums comme un prolongement des "activités" que j'ai pu avoir sur le minitel où le pseudonyme était pour ainsi dire la règle.
Utilisateur anonyme
03 décembre 2011, 13:49   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
03 décembre 2011, 16:16   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"Ce mois de décembre est vraiment doux, vous ne trouvez pas ? En tout cas, il n'a pas beaucoup plu, c'est bien simple, on n'allume même pas dans l'après-midi alors avec tout ça, on ne sent même pas Noël, on dirait vraiment qu'il n'y a plus de saisons."

Hop là ! Je clique, zou, et un satellite se charge d'expédier instantanément ce petit taillage de bavette aux quatre coins de la planète, le laissant disponible à durée illimitée. Je veux bien qu'en "cette affaire" (de pseudos), tout ne tienne pas "qu'au caractère "nouveau" ou particulier d'Internet", mais il semble tout de même difficile de transporter les usages du patronyme, de l'engagement, de la parole, les usages humains, en somme, dans un tel cadre de communication qui, jamais, je dis bien jamais, n'a été mis à la disposition de quiconque sur cette planète. Et cela n'aurait aucune conséquence ?
Utilisateur anonyme
03 décembre 2011, 17:53   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Et puis sur internet vous parlez non pas à quelqu'un ou à quelques uns, mais potentiellement à tout le monde, ce qui est très différent et impose selon moi le pseudonyme. On ne peut assumer correctement ses positions que vis à vis d'interlocuteurs identifiés vis à vis desquels on s'identifie soi-même. Je ne trouve pas logique de s'identifier pour des lecteurs non identifiés. L'identification implique la réciprocité.
Utilisateur anonyme
03 décembre 2011, 21:13   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Permettez moi de trouver votre justification passablement emberlificotée, chère Ostinato. Je ne trouve pas logique de s'identifier pour des lecteurs non identifiés. Arrivé là — et pourquoi pas — ne vaut-il mieux pas se taire ?
Mais Monsieur Eric je ne fais pas de démonstration alambiquée. Je propose un constat relevant de la psychologie du comportement, d'une approche phénoménologique pour être plus pompeux.
« L'identification implique la réciprocité. »

Mais c'est ce qu'on se tue à vous dire, ô Bien-Nommée...
Citation

ô Bien-Nommée...

Voilà le genre de trucs que je ne pourrais jamais trouver et qui suffit à me faire marrer un dimanche entier.
Utilisateur anonyme
04 décembre 2011, 19:17   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
De même qu'il est patent que la réalité se contrefiche de nos desiderata, ainsi la vérité de l'identité nominale du locuteur n'est en rien garante de la valeur ou de la vérité de ce qu'il exprime.
Et toutes les exhortations aux plus dignes façons de se tenir n'y changeront rien, hélas...
Utilisateur anonyme
05 décembre 2011, 07:47   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
05 décembre 2011, 08:06   à poil tout le monde !
C'est curieux, ce débat sur les pseudonymes ou les noms d'état civil me fait penser au règlement des camps naturistes ou à celui, non écrit, des plages de nudistes. On ne peut imposer la nudité, mais il est, par principe supérieur, préférable de se présenter et d'aller en se soumettant à cette règle morale, les parties génitales au vent. Les réticences confuses qu'opposent certains à l'usage de leur nom de famille sont en tous points (pudeur, crainte, souci d'hygiène, de sécurité, etc.) comparables à celles, chez les visiteurs en particulier, des non-naturistes dans les aires désignées aux naturistes: nombreuses, ressortant à des ordres de justification très divers et généralement peu convaincantes. Z'ont pas envie, quoi c'est tout. C'est leur droit non ?

Il est amusant de voir que l'invite à "tomber le pseudo" comme on tombe le caleçon dans ces endroits, se fait d'autant plus pressante que, comme dans ces camps ou ces zones naturistes, le visiteurs occasionnel se fait plus régulier.

Les parties génitales renferment la lignée séminale, donc le nom. Et la pudeur à exposer celles-là et celui-ci se recoupent et se rejoignent. Certains osent en exposer l'initiale, à la suite du prénom, comme ces femmes qui choisissent d'aller en string minimaliste, afin de ne point risquer, en s'alarmant à pareille idée, de se dire qu'elles vont entièrement nues. Certains tiennent à leur nom des deux mains, comme ces footballeurs à leurs bijoux de famille au moment du tir du coup franc devant les buts. Il faut donc ni les railler, ni les brusquer, mais les respecter, les rassurer, les raisonner un peu: le tir du ballon se fait à hauteur des têtes, et épargne généralement les cojones.
Citation

[...]ainsi la vérité de l'identité nominale du locuteur n'est en rien garante de la valeur ou de la vérité de ce qu'il exprime.

Certes, cher Alain mais le pseudo ne la garantit pas plus, n'est-ce pas ? Alors, pour moi qui suis pragmatique (n'étant capable que de cela), je pense tout simplement que l'identité garantit plutôt plus que l'anonymat.
Très joli, Francis.
Cette discussion sur l'anonymat ou le pseudonymat sur la Toile aura du moins incité M. le Président Camus à glisser une remarque tout à fait passionnante, et d'autant plus précieuse, à mon sens, qu'il est relativement avare de ce genre d'aveux sur ce forum :

Je suis en train de me rendre compte, avec un certain trouble, mais un trouble amusé et plutôt agréable, de la grande cohérence de mon existence et de la similarité structurelle entre des situations qu'on aurait pu croire, en son sein, les plus éloignées. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point beaucoup de ce qui se dit ici, à l'occasion de ce fil, ressemble (le mot n'est pas assez fort...) à ce qui pouvait se dire dans des milieux homosexuels de province vers 1970...

Il me semble que les pourfendeurs de l'anonymat ou du pseudonymat devraient admettre que ce forum est politique seulement dans la mesure où "tout est politique". Beaucoup d'intervenants doivent le fréquenter, tout comme moi, par intérêt général pour l'oeuvre littéraire, la personne et l'action de Renaud Camus. Tout cela indissociable. Ce forum est d'autant plus attirant, dans cette perspective, que le site d'en face, celui des Amis de Renaud Camus, est particulièrement atone. Le parti de l'in-nocence gagne ainsi quelques sympathisants, sur ses marges, attirés par l'oeuvre littéraire de Renaud Camus. Ces sympathisants cherchent ou postulent une cohérence d'ensemble un peu délicate à apercevoir, mais que Renaud Camus finit par constater lui-même avec trouble et amusement.

Pourquoi vouloir à tout prix enrôler ces sympathisants des marges dans une sorte de phalange dont les membres seraient tous prêts à "brûler leurs vaisseaux" ? Pour que l'in-nocence existe et soit efficace, ne faut-il pas qu'elle ait, elle, un extérieur, une altérité ?
Je suis tout à fait d'accord avec vous, cher Buena Vista, pour relever la singularité et la portée de l'intervention de Renaud Camus. Heureux celui qui peut se retourner sur le terrain labouré, retrouver dans la profusion de la récolte l'axe des sillons et percevoir avant la moisson la cohérence de son existence. Ceci étant posé, je ne partage pas du tout les conclusions que vous en tirez. Il me semble que l'affirmation identitaire du Président dépasse son œuvre littéraire ou ne fait qu'une avec elle si vous voulez, qu'elle est politique parce qu'existentielle. Mais peut-être me suis-je trop avancé ?
L'affirmation identitaire du Président dépasse surtout les bornes de la vertu - et même du bon sens - du commun des mortels. En effet, quel homme, né pour être écrivain et héritant du patronyme "Camus", n'eût raisonnablement choisi un pseudonyme ? Qu'il ne l'ait pas fait est sans doute admirable mais c'est un choix qui contient un je-ne-sais-quoi d'excès qui empêche son auteur de se prononcer avec justesse sur la question du pseudonyme.
Je ne voudrais pas remuer les miasmes d'un passé nauséabond mais vous m' évoquez, cher Orimont, un j'me la pète de plumitif qui dénia à Renaud le droit de s’appeler Camus.
05 décembre 2011, 21:12   Camus, comme l'écrivain
Oh, moi, maintenant, quand je veux parler de l'auteur de La Peste, je dis : "Oui, d'ailleurs c'est ce que souligne Camus — enfin Camus, pas Camus, l'autre : Albert, hein — dans L'Homme révolté"... (et c'est la pure vérité)
Il vaut mieux s'appeler Camus que Landru, par exemple.
05 décembre 2011, 21:18   LOL
Ou pire, imaginez : avoir le nom d'un ancien président du Conseil, ou un truc comme ça.
Le jeune protégé de Jules Verne, vous voulez dire ?
Pardonnez-moi, je ne connais rien de ce "passé nauséabond" et moins encore de ce plumitif qui, à vous lire, Marcel, me paraît bien mal inspiré. Il n'entre pas une seconde dans mon esprit de "dénier" à Renaud Camus le choix de conserver son patronyme ni de prétendre que, ce faisant, il se "la pèterait", je voulais simplement noter que ce choix est un choix hors du commun, non pas du point de vue du jugement de valeur entre un écrivain et un autre, mais du simple point de vue, comment dire, de la mesure, du bon sens, de l'efficace, que sais-je ? Il y a là, à mon avis, un trait d'héroïsme et c'est cela qui commande de regarder avec circonspection les prises de position de Renaud Camus autour de la question du pseudonyme et explique peut-être qu'elles puissent prendre un tour quelque peu outré quand il est fait comparaison entre les messages sous pseudonyme et les graffitis de toilettes.
Heu, j'ai dit quelque chose, moi ?
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