Le site du parti de l'In-nocence

Question sur l'anonymat des pseudos du Web

Envoyé par Ostinato 
Moi, je me sens flatté... Que la nuit vous soit douce, cher Marcel.
Utilisateur anonyme
05 décembre 2011, 22:15   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Oh, pardon, Marcel, c'est un comble, je me suis trompé de vrai nom !

Pourquoi "incorrect", Didier ?

Oui, je suis court, très court, comme toujours. Mais qui a répondu à cela : "il semble tout de même difficile de transporter les usages du patronyme, de l'engagement, de la parole, les usages humains, en somme, dans un tel cadre de communication qui, jamais, je dis bien jamais, n'a été mis à la disposition de quiconque sur cette planète." ?

Une fois de plus, la technique nous contraint à la sainteté, à l'héroïsme, à la plus haute vertu, mais elle ne contraint pas seulement ceux qui, de toute éternité et en tous lieux eussent été des saints, des héros, des parfaits, non, elle contraint n'importe qui à ces dépassements de soi. C'est trop demander pour les êtres que nous sommes.

Autre chose encore. La seule Phénarète, du bout du clavier, a suggéré la dimension du jeu dans l'usage du pseudonyme. Eh bien non, il n'y a pas de jeu qui tienne. Ainsi tout se dérobe systématiquement dans cette époque trompeuse. Vous avez cru qu'on mettait à votre disposition un agréable bal masqué identitaire ? Qu'on vous ouvrait un petit horizon, une futilité. Des clous ! Pensez à vous déguiser en vous-mêmes et plus vite que ça ! Sortez de vos pissotières dans lesquelles, de toute façon, n'importe qui d'un peu équipé saura vous reconnaître et ne croyez surtout pas qu'il puisse y avoir un art du pseudonyme.

Le problème n'est pas la quantité de pseudonymes mais la quantité effrayante d'internautes.
Utilisateur anonyme
05 décembre 2011, 22:56   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Pas du tout d'accord avec Bolacre ! C'est justement parce qu'il a été mis aux premières loges de la tentation du pseudo que Renaud Camus est très bien placé pour en parler et qu'il donne l'exemple.
L'ombrageux Orimont serait-il limite schizo ?
Demandez son avis à Dardanus.
05 décembre 2011, 23:55   Dr Jeckill and Mr Hyde
Là je vous rejoins Michel, commence à nous les briser grave cet Orimont ! Avec ses phrases biscornues qu'il faut relire quatre fois. Peut pas commencer par s'exprimer comme tout le monde non ? C'est facile, de faire des phrases, quand on utilise un pseudo. J'aimerais le voir tiens, tout nu et pas bronzé, comme vous ou moi en ce moment. Le pseudo ça sert d'abord et avant tout à se la péter. Moi je dis, tous à poil, et on verra c'est qui qui l'a la plus grosse pour de bon !
Utilisateur anonyme
06 décembre 2011, 07:29   Imago
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je me suis toujours demandé qui se cachait derrière "Michel Francesconi".
A Orimont,

Je crois que maintenant l'on sait que la règle générale de la communication avec cet outil est l'utilisation d' un pseudonyme et que l'usage du nom est une exception à cette règle dont les raisons ont à voir avec la notoriété. Pourquoi ? Le déséquilibre entre le causeur (seul) et le lecteur potentiel. (planétaire).
Utilisateur anonyme
06 décembre 2011, 11:00   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il est vrai que je jouis d'une certaine notoriété même si elle n'est pas aussi étendue que celle dont peut se targuer l'ami Bily.
On peut toujours faire les originaux et appliquer une autre règle que celle qui est pratiquée non par peur d'ailleurs mais comme correspondant à l'outil. Je viens de visiter des forums de cuisine et de bricolage : les intervenants se sont tous (ou la plupart) donnés un pseudonyme. Je pense que ce règne du pseudo est induit par le mode de communication de un à tous.
06 décembre 2011, 11:28   Re : Imago
Oui, belle image Didier. Belle et juste image, que celle de la nymphe, chrysalide ou imago-pseudo.

Dans l'ignorance de soi et de son dévoilement futur, l'imago est une étape que d'aucuns jugent indispensable. L'inaccomplissement est une étape indispensable sur le long parcours de l'accomplissement retardé, et ce dernier, quand bien même il n'adviendrait jamais, donne et donnera toujours la mesure des phases (et de leurs durées) qu'il contient et qui sont censées conduire jusqu'à lui. Brindamour, Ostinato, Félix, le jour de leur libération, s'envoleront enfin dans le plus simple appareil de leur nom immuable et sans relief. Quand la fin de l'histoire sera là.
Très chère Ostinato, un forum politique d'une part et des forums sur le bricolage et la cuisine d'autre part sont motivés, conçus, animés par des finalités, des motivations, auxquelles ils sont asservis, qui sont aussi éloignées les unes des autres que peuvent être éloignées l'une de l'autre et étrangères l'une à l'autre, par exemple, la confection chez soi de petits meubles de rangement et la lutte contre la nature totalitaire d'un anti-racisme institutionnel d'inspiration millénariste propagé par les mafias du système médiatico-politique lorsque celui-ci prétend nous gouverner et nous embrigader dans une révolution dirigée des mentalités et des sociétés sur toute l'assise du continent européen contre la volonté des peuples historiques dudit continent.

Lorsque j'interviens sur des forums pour commenter l'actualité du beau meuble ou des restaurants qui valent le déplacement, je le fais sous pseudo car y apporter mon nom n'en vaut pas la peine.
Cher Didier Bourjon,

Dans votre message du 5 décembre à 22h15 vous parlez des "pourfendeurs (sic) de l'orthonymie"

Où sont-ils ? Qui sont-ils ?

Je vois que le mot de pourfendeur, que j'ai dû, sauf erreur, employer le premier dans cette discussion, vous plaît bien, et vous souhaitez donc nous le retourner en l'assortissant d'un "sic" plaisant et prudent.

Ceux qui s'expriment ici sous pseudonyme - et le mien est bien évidemment un hommage à Renaud Camus - n'ont jamais pourfendu personne. Ils subissent étrangement une rafale d'attaques sur leur peur, leur lâcheté, leur manque de maturité (ils seraient inaccomplis) etc, alors qu'ils ne font qu'observer un usage répandu sur la Toile en se prévalant de la charte des utilisateurs des forums publics de l'in-nocence - ou plus exactement, et pour vous être agréable, d'une tolérance de cette même charte.

Veuillez produire un seul passage où ils auraient "pourfendu" qui que ce soit. Ils sont acculés à se défendre, à se justifier, voilà tout.
Citation
Ostinato
On peut toujours faire les originaux et appliquer une autre règle que celle qui est pratiquée non par peur d'ailleurs mais comme correspondant à l'outil. Je viens de visiter des forums de cuisine et de bricolage : les intervenants se sont tous (ou la plupart) donnés un pseudonyme. Je pense que ce règne du pseudo est induit par le mode de communication de un à tous.

Chère Ostinato, ne m'en veuillez pas — et je m'en tiendrai là — mais je suis stupéfait par votre argumentaire. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de règle induite par le mode de communication ? Pourquoi qualifier d'originaux ceux qui assument leur parole et de suggérer déjà qu’ils enfreignent la règle ?
Permettez-moi de m'étonner de la tournure qu'a prise cette discussion qui n'est certes pas la plus profonde, la plus riche, la plus épanouissante mais peut-être la plus révélatrice qu'il m'ait été donné de connaître depuis que je fréquente notre forum. Pour un peu, si j'osais, je dirais la plus «clivante». Vivement le réchauffement climatique que je puisse croiser le fer (non sans mauvaise foi) avec Francis
Je ne comprends pas ce qui vaut pareille excitation sur ce sujet !
Utilisateur anonyme
06 décembre 2011, 20:14   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Hop là ! Je clique, zou, et un satellite se charge d'expédier instantanément ce petit taillage de bavette aux quatre coins de la planète, le laissant disponible à durée illimitée. ... Le problème n'est pas la quantité de pseudonymes mais la quantité effrayante d'internautes.

« Le silence éternel L'éternel écho de ces espaces infinis m'effraie. » Bolacre, Pensées
Utilisateur anonyme
06 décembre 2011, 21:00   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ben non, je ne le crois pas du tout !
Utilisateur anonyme
06 décembre 2011, 21:10   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
06 décembre 2011, 21:51   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Essentielle ou pas, la question est délicate. Je nuancerais la mise en garde de Bolacre en faisant remarquer que plus la parole foisonne par l'accroissement du nombre d'orateurs, moins elle a, en moyenne, de singularité et de valeur. Songeons à l'ancienne croyance hindoue, que rappelait M. Camus chez Coûteaux, selon laquelle la valeur de l'homme décroîtrait par la surpopulation, étant donné le nombre fixe d'âmes. Arguer la crainte pour justifier l'anonymat n'est donc le plus souvent qu'une coquetterie qui n'a d'autre motivation que celle de survaloriser sa parole. Ou alors sommes-nous tous paralysés par le désir du risque zéro, mais c'est une autre histoire...
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 08:20   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je continue à penser que la. communication normale par ce média implique le pseudo. Pour déroger à cette modalité il faut une analyse avantages/inconvénients. Pour ma part, sur ce site, je ne vois pas du tout ce qu'apporterait, en ce qui me concerne, le fait de me nommer par mon nom. Donc je suis la coutume, qui a sa raison.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 09:47   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
coutume=pratique dominante et inscrite dans la durée. Ce n'est pas le cas ?
Il ne s'agit pas de coutume, mais de symptôme — un parmi d'autres, de la Grande Déculturation, de l'abdication de la responsabilité, de la décadence de la parole. Avec votre argument de la coutume, la musique, c'est Nagui et Jean-François Ziegel. Il ne s'agit pas de savoir ce qu'apporterait (à qui ? à vous ? à la société ?) votre orthonymie, il s'agit d'une question de dignité, de prise de position morale, d'insoumission à votre “coutume”.

J'ajouterai, puisque nous y sommes, que je suis en désaccord total avec l'opinion de Francis Marche selon laquelle, s'agissant d'un restaurant ou d'un hôtel, on aurait tout loisir de s'exprimer anonymement. Le restaurant ou l'hôtel ne sont pas anonymes, eux. Si on porte un jugement, on l'assume, on le signe (sans quoi — retour à la porte des toilettes (même chose pour les avis dans les livres d'or (d'exposition, par exemple)).

Autre point, puisque j'en suis à brûler mes vaisseaux (mais je ne fais que ça)... Hélas, je n'aurai pas le temps de développer, d'argumenter. Les prénoms (oh là là, c'est une vaste histoire, il faudrait écrire un livre). Je suis très étonné par le règne automatique des prénoms, même ici. Quelqu'un se manifeste une fois avec son nom et son prénom, aussitôt ce n'est plus que son prénom, Chère Béatrice, Cher Serge. Bien, c'est la coutume (au sens ostinatiste du terme). Mais justement cette coutume est contraire à tous les usages de notre race et de la plupart des autres. Elle correspond à un trait hautement contemporain, qu'il faudrait analyser de près, et où je vois une grave menace pour la liberté, la dignité, l'individualité, l'individu (comme si tout groupe, même si ses membres ne se sont jamais rencontrés, devait se concevoir immédiatement comme une famille... le degré suivant est évidemment le tutoiement, automatique et courant sur la plupart des forums, crois-je comprendre, ceux du moins où l'on s'appelle couramment Gégé ou Zigounette). Toujours la même question : pourquoi la montée de la violence, la grande et la petite, la sauvagerie et l'incivilité, coïncide-t-elle avec une manifeste infantilisation ? (l'usage des prénoms a été cantonné pendant des siècles à l'enfance, et même à la petite enfance (on y renonçait avec l'entrée à l'école).

Et encore ceci, tant que j'y suis. Je suis toujours très étonné quand j'entends parler de moi sur ce forum comme “le maître des lieux” ou “notre hôte”, etc. Je ne l'ai pas fondé, je n'en suis pas l'administrateur ou le gestionnaire (j'en serais bien incapable), il n'applique pas mes “principes” et je ne souhaite nullement qu'il le fasse. Il n'y a jamais été question de la moindre interdiction de l'usage des pseudonymes (ou des prénoms, ou du tutoiement, ou de la prononciation Gerssss).
Une précision tout de même, ayant été en quelque sorte mis en cause: les pseudonymes que j'utilise parfois pour parler d'un établissement public sont toujours employés pour des critiques positives (mon intervention ici évoquait les beaux meubles, les restaurants qui valent le détour). Je crois bien et, en y songeant, je m'en étonne un peu, n'avoir jamais formulé de critique négative sur un hôtel ou un restaurant signalé sur la Toile dans un site de réservation, par exemple. Quand l'expérience a été mauvaise, je me contente, vraisemblablement par paresse et parce que j'ai mieux à faire, de l'oublier. Jamais je n'utiliserai de pseudonyme pour "démolir" un établissement ayant pignon sur rue, probablement parce que j'aurais trop l'impression funeste d'être un délateur anonyme comme il en existait dans les heures les plus sombres de notre histoire ou quelque sinistre lâche qui lui faisait pendant dans le monde communiste.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 11:26   Re : Statistiques
Pour juger de ce qui serait la "coutume" en ce lieu je peux vous présenter le résultat d'une petite analyse que j'ai faite :
sur les 20 intervenants principaux de ce forum ayant participé ces 7 derniers jours, 11 apparaissent sous leur nom réel et l'identité de 2 d'entre ceux qui utilisent un pseudonyme n'est pas un mystère pour les lecteurs attentifs.

Plus de la moitié des intervenants principaux (dont vous faites partie, chère Ostinato) s'expriment donc ici sous leur véritable nom.

En revanche, parmi les derniers inscrits, il faut noter que la tendance est à l'utilisation du prénom et de l'initiale du nom (c'est un début), ce qui invite malheureusement à l'utilisation abusive des prénoms sur ce forum dénoncée ci-avant par notre cher Renaud, notre hôte, le maître de ces lieux... (j'ai tout bon, là, non ?)
Ah bon, nous ne pensions pas à la même chose. Je songeais plutôt à ces sites de “critique hôtelière”, assez utiles, où les voyageurs donnent leur avis, aussi objectif que possible, sur tel ou tel établissement.
Cher Renaud Camus, je diverge sur l'analyse en terme de symptôme de l'usage des pseudonymes. J'ai l'impression que vous êtes emporté par un élan qui pour ce problème me semble aller au-delà du réel. La situation est très grave, j'en suis d'accord. Pour autant la vie n'est pas que le reflet des problématiques existantes et repérées par les plus lucides et les plus sensibles. Il peut y avoir une cohérence qui n'est qu'apparente entre des pratiques, des usages et les analyses que nous faisons de l'état de la société. Même si au premier abord ces pratiques peuvent donner l'impression intellectuelle d'appartenir au grand désastre, ce n'est pas forcément le cas. Cette distinction me paraît indispensable pour ne pas noircir faussement notre perception de la réalité sociale. L'usage du pseudonyme me paraît avoir beaucoup affaire avec le génie du média et peu avec le défaut de la parole, même si l’ambiguïté de l'usage n'est pas exclue.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 11:50   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je suis très étonné par le règne automatique des prénoms, même ici. Quelqu'un se manifeste une fois avec son nom et son prénom, aussitôt ce n'est plus que son prénom, Chère Béatrice, Cher Serge. Bien, c'est la coutume (au sens ostinatiste du terme). Mais justement cette coutume est contraire à tous les usages de notre race et de la plupart des autres.


Merci, merci ! Mais sachez qu'un certain nombre de personnes sentent tout de suite comme une marque de froideur l'emploi du seul nom pour les désigner. Bien sûr, c'est à tort ; mais que faire ? Alors, certes, on aurait dû dès le début opposer un solennel "Je maintiendrai", mais une certaine lâcheté, et surtout l'envie de ne pas froisser, nous conduisent très vite à adopter l'usage commun.
J'y ai répondu plus haut Monsieur Didier...
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 12:10   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
« L'usage du pseudonyme me paraît avoir beaucoup affaire avec le génie du média et peu avec le défaut de la parole. »

À moins que le “génie du média” ce ne soit le défaut de parole, auquel cas nous ne sommes pas obligés de nous y soumettre ?

Cela dit je ne souscris pas à cette analyse bolacrienne. Le défaut de parole n'est pas consubstantiel au média, il est le reflet, dans le média, d'un état de civilisation. Si la télévision était apparue en 1850, mettons, elle ne serait pas devenue, ou pas si vite, ce qu'elle est devenue (emblématique soirée Ziegel/Nagui). Si la Toile avait été donnée au monde au temps de Pascal, de Gassendi, de Peyresc et de Huyghens, elle n'aurait pas ressemblé à ce que nous voyons.

(Je me rends bien compte que je vais là, non sans crainte et tremblement, contre les plus reçues des thèses luceramiennes...)
Citation
Renaud Camus
Les prénoms (oh là là, c'est une vaste histoire, il faudrait écrire un livre). Je suis très étonné par le règne automatique des prénoms, même ici. Quelqu'un se manifeste une fois avec son nom et son prénom, aussitôt ce n'est plus que son prénom, Chère Béatrice, Cher Serge. Bien, c'est la coutume (au sens ostinatiste du terme). Mais justement cette coutume est contraire à tous les usages de notre race et de la plupart des autres. Elle correspond à un trait hautement contemporain, qu'il faudrait analyser de près, et où je vois une grave menace pour la liberté, la dignité, l'individualité, l'individu (comme si tout groupe, même si ses membres ne se sont jamais rencontrés, devait se concevoir immédiatement comme une famille... le degré suivant est évidemment le tutoiement, automatique et courant sur la plupart des forums, crois-je comprendre, ceux du moins où l'on s'appelle couramment Gégé ou Zigounette). Toujours la même question : pourquoi la montée de la violence, la grande et la petite, la sauvagerie et l'incivilité, coïncide-t-elle avec une manifeste infantilisation ? (l'usage des prénoms a été cantonné pendant des siècles à l'enfance, et même à la petite enfance (on y renonçait avec l'entrée à l'école).

L'usage d'un simple prénom comme pseudonyme sur ce forum, dans mon cas, résulte d'un compromis entre la volonté de ne pas exposer mon identité complète (d'une part), et celle de ne pas m'affubler d'un nom qui ne serait pas le mien (d'autre part). Ainsi ai-je choisi mon vrai prénom comme pseudonyme in-nocent.

Quant au paradoxe apparent entre la montée de la violence et l'infantilisation généralisée, est-il si étonnant que cela ? Quand on réfléchit au point de vue individuel, on voit que le statut de "bébé" est symboliquement celui de l'individu incapable de se mettre ses propres limites, qui a sans cesse besoin d'être recadré par une autorité extérieure, qui est sans cesse "lui-même", sans avoir pu intégrer les règles de savoir vivre. La civilité et l'in-nocence, au contraire, supposent de "prendre sur soi", d'avoir intériorisé l'existence de l'Autre et le respect qui lui est dû.
Si on se place du point de vue de la société tout entière, là encore, infantilisation et incivilité vont de paire, car le maintien de l'ordre nécessite de l'autorité et du courage afin de se prendre en charge et de remettre en place les éléments perturbant le bon ordre de marche. Une société infantilisée est intrinsèquement fragile car elle va sans cesse vouloir éviter le conflit, minimiser toute réalité dérangeante et éviter toute approche autoritariste de la gestion des problèmes (renforcé en cela par le paradigme de gauche qui considère que si les individus commettent des méfaits, c'est toujours avant tout de la faute des conditions sociales et du milieu, et qu'il n'y a donc pas de légitimité de condamner les individus pour leurs actions). Tout comme le bébé est sans défense face au monde extérieur et incapable de faire le mal, la société-bébé est incapable de se protéger des attaques car elle considère que faire preuve d'autorité serait par nature immoral. Il faut voir en cela comment les Amis du Désastre hurlent au fascisme et à l'Etat policier à chaque fois que des mesures un tant soi peu répressives sont envisagées...
« Toujours la même question : pourquoi la montée de la violence, la grande et la petite, la sauvagerie et l'incivilité, coïncide-t-elle avec une manifeste infantilisation ? (l'usage des prénoms a été cantonné pendant des siècles à l'enfance, et même à la petite enfance (on y renonçait avec l'entrée à l'école). »

J'ai lu quelque part, dans un ouvrage de Machin-Truc me semble-t-il *, que les deux ont à voir avec la désinhibition. Celle-ci étant le résultat le plus tangible avec la déculturation, de l'éducation actuelle — ou de l'actuelle absence d'éducation —, ensauvagement et gnangnanterie infantilisante constituent les deux faces inséparables de la décivilisation. 



* Dès Corée l'absente, Journal 2004, page 37
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 13:06   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Toujours la même question : pourquoi la montée de la violence, la grande et la petite, la sauvagerie et l'incivilité, coïncide-t-elle avec une manifeste infantilisation ? (l'usage des prénoms a été cantonné pendant des siècles à l'enfance, et même à la petite enfance (on y renonçait avec l'entrée à l'école)).

Peut-être parce que, le savoir étant sorti des têtes pour se réfugier dans les mémoires d'ordinateurs, et la vieillesse, de ce fait, n'étant plus garante d'un état de savoir plus avancé, d'une sagesse désormais caduque, on se permet aujourd'hui de hiérarchiser les âges, du moins symboliquement — car dans les faits, l'épargne reste aux mains des plus âgés —, en postulant que la jeunesse est supérieure à la vieillesse, puisque le corps devient le critère discriminant lorsque le savoir ne l'est plus. En témoigne ce genre d'émission, ici sur France Culture : Pourra-t-on vivre plus longtemps sans devenir vieux ?, ou encore ces pages (ici et ) du magazine Vogue mettant en scène des enfants-femmes.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 16:15   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Dans l'émission dont j'ai indiqué le lien dans mon intervention précédente, l'interviouveur, en 12:04, se demande : « Autrement dit, à quoi ça sert d'être vieux aujourd'hui ? C'est un petit peu brutal comme question, mais, finalement... »

La brutalité de cette question me semble révélatrice du malaise de notre civilisation. Cette question ne peut se poser que dans un monde où disparaît l'évidence des vertus de la vieillesse — sagesse, calme, discernement, expérience. C'est que, probablement, ces qualités-là ne sont plus observables, sinon observées, tant le savoir technique et spécialisé, contenu dans l'infinie mémoire de notre i-phone de poche, devient la norme du vrai.

Dans cette même émission, un peu avant, il est dit que dès vingt ans, les femmes cherchent à se rajeunir. L'infantilisation s'origine donc dans cette double et cruelle croyance moderne : l'idéal d'un corps jeune et "l'inutilité" des vieux.

Le fleurissement des prénoms peut aussi relever de cette volonté de paraître plus jeune.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 16:59   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
J'apprécie assez peu de me faire traiter de lâche pour la raison que je souhaite pas exposer mon patronyme.

Il se trouve que je tiens à visage découvert les propos que je signe ici d'un alias, y compris à des gens de gauche, y compris à des Africains. Mais pas partout à tous, non plus.

Je me sens comme dans une soirée où je ne connaîtrais qu'un petit nombre des convives, où je n'aurais de relation avec l'hôte que d'être l'ami d'un d'un ami d'un ami. Je me présente, on me présente, "Bonsoir, moi c'est François, et toi ? _Moi, Nathalie".

Il peut arriver qu'entre ces anonymes s'élèvent des discussions vives ou naissent des controverses. Que penserais-je si, au milieu d'une conversation à laquelle j'aurais pris part, l'hôte, ou quelqu'un d'autre, venait nous sommer de décliner nos identités sous prétexte que son nom à lui est écrit sur la sonnette ?

Ma première idée ne serait pas de m'indigner de ma lâcheté, mais je demanderais ce que cherche ce monsieur. Si c'est un ancien flic, je le comprends, déformation professionnelle. S'il veut me provoquer en duel, je comprends aussi, il n'est sans doute pas d'usage de se donner rendez-vous dans les prés sans s'informer mutuellement des maisons d'où l'on est issu. Sinon, eh bien, je ne vois pas.

J'aime bien la comparaison de Francis avec les nudistes.
Où tout est dit :

« Je me sens comme dans une soirée où je ne connaîtrais qu'un petit nombre des convives, où je n'aurais de relation avec l'hôte que d'être l'ami d'un d'un ami d'un ami. Je me présente, on me présente, "Bonsoir, moi c'est François, et toi ? — Moi, Nathalie". »
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 17:32   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Tout ? Ah. Moi pas comprendre. Vous pouvez développer ?
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 17:35   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Ou plutôt, tout est dit lorsque débarque M. Dainôtretan, à qui Nathalie s'empresse de demander : « Salut, et toi ? — Hum... Excusez-moi, chère demoiselle, en quel honneur me tutoyez-vous ? — Hein ? — Laisse tomber, j'le connais, il est vieux jeu... » lui répondit François, esquissant un sourire goguenard.

Vieux jeu... là est la clé de l'infantilisation — la crainte de paraître vieux.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 17:39   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Qu'insinuez-vous, cher Monsieur S ?
Il se trouve que je tiens à visage découvert les propos que je signe ici d'un alias, y compris à des gens de gauche, y compris à des Africains. Mais pas partout à tous, non plus.

Quelle qualité manque alors à vos yeux aux participants de ce forum dont seraient dotés, eux, ces "gens de gauche", ces "Africains" pour qu'ils aient l'honneur de connaître votre nom (id est votre visage) ?
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 17:45   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Qu'insinuez-vous, cher Monsieur S ?

Que l'on considère aujourd'hui que M. Dainôtretan est d'un autre temps, d'un temps où l'infantilisation n'avait pas encore rongé les esprits, d'un temps où l'on avait pas honte d'avoir autant de tenue qu'un vieux.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 17:57   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Monsieur S

Relisez votre alias.

Monsieur Bily

Quelles qualités ? Il s'agit là de la différence entre un forum internet et la vie réelle, pas de la valeur des gens. Je ne connais pas votre visage, que vous n'avez vraisemblablement aucune intention de me montrer. Souffrez d'ignorer le mien.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 18:10   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Autant j'ai lu le Répertoire avec beaucoup de plaisir et de volonté d'améliorer ma langue, autant je serais plus réservé sur un ouvrage qui traiterait la disparition du nom de famille des mœurs. Je veux bien admettre qu'il y a là un signe de décivilisation, et qui participe de façon non-négligeable à la débandade actuelle. Mais mon combat sera-t-il être efficace si je me mettais, jeune adulte, à utiliser une manière de me présenter en soirée vieille de plusieurs dizaines d'années ? Il me semble qu'à l'exception de grincements de dents répétés pour ma part et de rires pour mes interlocuteurs, rien ne s'en retrouverait changé. On me rétorquera que c'est parce que le combat est perdu d'avance qu'il est encore plus digne d'être mené, certes, mais je rapprocherais plutôt la question à celle de la transmission des valeurs déjà traitée en ces lieux : faut-il familiariser nos enfants à tout ce qui nous est cher (la langue, la culture) si c'est pour qu'ils se retrouvent complètement marginalisés ? La question n'est pas facilement tranchée en ce qui me concerne.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 18:12   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Monsieur S., relisez votre alias.

M. X, le point qui suit l'initiale du nom de mon pseudonyme signifie, quoique cela soit en effet subtil, que je ne désire être uniquement nommé par mon prénom, mais par mon nom tronqué, sans quoi j'aurais opté pour Samuel. Autre manière d'affirmer que l'anonymat non infantile, i.e. qui garde trace, fût-elle légère, de ce qui me précède, est possible.
Monsieur S
Relisez votre alias.


Tout à fait d'accord.


Il s'agit là de la différence entre un forum internet et la vie réelle, pas de la valeur des gens.

Mais justement, à mon avis la morale élémentaire requiert que nous ne fassions pas comme si Internet, quand nous en pratiquons les forums de discussion, était peuplé d'ectoplasmes. Vous ne parlez pas de "vie réelle", sur le forum ? Ne trouvez-vous pas étrange que des personnes désireuses de parler entre elles de "vie réelle" refusent d'apparaître les unes aux autres comme des personnes "réelles" ?
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 18:45   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Samuel,

Il me semble que vous êtes un certain nombre ici à assimiler l'usage du prénom à une pratique infantilisante et déculturante. Vous me semblez aller vite en besogne. Renaud Camus y va le plus fort :

Mais justement cette coutume [de nommer les gens par leur prénom] est contraire à tous les usages de notre race et de la plupart des autres. Elle correspond à un trait hautement contemporain, qu'il faudrait analyser de près, et où je vois une grave menace pour la liberté, la dignité, l'individualité, l'individu.

On peut voir les choses différemment. Un prénom suffit très bien à distinguer l'individu dans sa famille, dans son village, dans son cercle d'amis. Quand l'Eglise accueille un petit enfant dans le peuple des chrétiens, elle ne le baptise que d'un simple prénom.

Y a-t-il tant de François ici qu'on ait besoin de mon patronyme pour me distinguer de la masse des autres ?

C'est l'urbanisation qui a rendu pratique le développement des noms de famille. Il faut bien distinguer les Guillaume entre eux, quand il y en a des milliers. Et le droit que se sont arrogé les autorités d'envoyer leurs citoyens crever en masse à Verdun ou ailleurs a fini de le rendre obligatoire.

Il me semble une pratique assez généralisée d'appeler les gens que l'on connaît, ses amis, ses connaissances, sa famille, par leur prénom. Tous ne se comportent pas de manière infantile.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 18:56   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Monsieur Bily

Je peine vraiment à comprendre. C'est Internet ici, que voulez-vous ?

Sans doute aurais-je plaisir à faire votre connaissance. Nous boirions un verre ou un café et nous parlerions. Peut-être même deviendrions-nous amis. Ou peut-être pas.

Personnellement, je loge à Paris, rue de la Goutte d'or. Et vous-même ?

Si vous tenez tant que ça à voir ma gueule, je vous la montre dès ce soir, car je ne la juge honteuse.

Mais si vous n'y tenez pas tant que ça, je n'y verrai aucun manquement à la "morale élémentaire". Je conclurai seulement que vous habitez loin ou que vous avez autre chose à faire.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 19:00   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Monsieur S
Relisez votre alias.

Tout à fait d'accord.


Tronquer son nom, fût-ce par le simple biais de l'initiale, lorsqu'il est permis de l'effacer entièrement, c'est reconnaître qu'il devrait être là. Aussi puis-je regretter qu'on efface trop souvent son nom sans me contredire. Si j'osais, je dirais que mon pseudonyme au nom de famille tronqué est au pseudonyme-prénom ce que le fichu est à la burka : il masque sans effacer. La structure de mon pseudonyme préserve symboliquement l'inféodation de la personne à la lignée ancestrale, tout en garantissant l'anonymat de celle-ci. Non que je désire ergoter pour ergoter, je suis de bonne foi, cher M. Bily.
Il me semble que pourtant, dans certaines circonstances, l'orthonymat peut être contre-productif. J'en parle d'autant plus librement qu'en ce qui me concerne je ne risque rien pour mon travail - je suis à la retraite - ni dans ma vie quotidienne qui se passe pour l'essentiel dans un lieu encore épargné. Je pourrai donc, après tout, signer sans problème de mon nom. J'ai expliqué plus haut sur ce fil pourquoi je reste, néanmoins, fidèle à "Cassandre". En fait, je pense à ce deuxième article du Monde où des "de souche " s'épanchent devant les journalistes sous la protection de l’anonymat. Si on ne le leur avait pas garanti, ils n'eussent pas osé témoigner de la vérité, car c'eût été s'exposer à des représailles et à perdre définitivement le peu de tranquillité à la quelle ils peuvent espérer dans leur quartier, un quartier qu'ils n'ont pas les moyens de quitter. Sur quelle protection, en effet, quels réseaux de soutien peuvent compter ces gens modestes, obscurs et âgés ? Il en va de même pour nombre de ceux qui s'expriment sur des sites "diabolisés". D'autre part j'imagine que beaucoup d'entre eux, d'entre nous, œuvrent sur leur lieu de travail avec leurs collègues, ailleurs avec leurs amis et avec leurs proches, à saper discrètement la bienpensance et à réinformer, mais cela marche d'autant mieux qu'ils ont l'air de personnes au-dessus de tous soupçons. Si l'on découvre leur contribution régulière à des sites et des mouvances politiques diabolisés, ils susciteront la méfiance, seront moins écoutés voire plus du tout, à plus forte raison s'ils sont mis sur la touche, suspendus ou carrément virés de leur travail. Cette sanction étant destinée à servir d'exemple, tout monde autour d'eux se le tiendrait pour dit et aurait vite fait de regarder ailleurs et de bien faire attention, désormais, à parler d'autre chose. Où serait le bénéfice pour la "cause " ? Dans les milieux de la résistance l'anonymat était la règle. Découvert, "grillé", comme on dit, le membre du réseau ne servait plus à rien. Bien entendu, il en va tout autrement de personnes suffisamment connues. Leur réputation peut, au contraire, servir leur combat. On n'imagine évidemment pas De Gaulle tenant tête à Vichy sous un pseudo !
Si vous tenez tant que ça à voir ma gueule, je vous la montre dès ce soir, car je ne la juge honteuse.

Je ne parlais pas de photographie, je ne vous reproche pas de ne pas avoir votre photographie sur Internet, au contraire d'ailleurs, et le mot de visage était "symbolique", cher François X. Ah, si vous tenez à voir ma propre figure, elle est sur le trombinoscope du comité directeur du parti de l'In-nocence (et sur Flickr).

En fait je découvre peu à peu que le fait de parler en son propre nom est une affaire de self-esteem.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 19:42   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
En fait je découvre peu à peu que le fait de parler en son propre nom est une affaire de self-esteem.

Je ne comprends pas.

le mot de visage était "symbolique"

Ma proposition à moi n'était pas symbolique. Je ne vous parlais pas d'une photo mais d'une rencontre. A votre refus, je comprends que vous ne souhaitez pas me connaître. Je ne vous en blâme pas. Mais, dans ces conditions, je ne vois guère de raisons de vous informer du nom de ma famille.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 19:51   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
En fait je découvre peu à peu que le fait de parler en son propre nom est une affaire de self-esteem.

Mais on pourrait aussi noter, cher Bily, que le fait de rester anonyme est une affaire de tact — lorsque des proches, par exemple, seraient heurtés, ou simplement troublés, par l'intransigeance de tel ou tel propos —, voire de circonspection — l'ensemble du monde ayant accès à nos discussions, chose inouïe, comme le soulignait Bolacre, dont on ne connaît pas encore les conséquences, et qui peut raisonnablement effrayer, sans manquer de self-esteem ni de courage.

La discrétion au sein d'une foule, fût-elle une e-foule, n'est point indigne. Elle est peut-être, même, la marque d'une certaine délicatesse, sans vouloir froisser les valeureux.
Je ne voulais pas vous froisser, cher Monsieur X.
Entièrement d'accord avec Cassandre sur la manière de procéder; en outre ainsi qu'explicité dans ce fil je ne vois pas du tout malice à converser en se désignant par un pseudo. Le principe de l'utilisation préférentielle voire systématique du nom propre ne me paraît pas adaptée à l'outil de communication. Mais ici va recommencer le débat de l'oeuf et de la poule appliqué à la technique. Cette technique a-t-elle été mise au point avec un objectif dissimulé (ou inconscient) de permettre aux utilisateurs de ne pas assumer leur propos, ou bien (c'est ce que je pense), le type de communication, de un à tous ceux passant dans les parages, induit-il l'utilisation du pseudo comme mode "naturel" de la discussion. "Cassandre" m'apprend plus sur Fanny que Fanny sur Fanny...
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 20:08   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Rassurez-vous, cher Stéphane, je ne suis nullement froissé.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 20:35   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
L'utilisation de son véritable nom n'est pas pour "en apprendre" aux autres ; dire que l'on s'appelle Paul Durand ne revient pas à dire : "j'ai 37 ans, je suis enseignant et je joue aux échecs"...

Il me semble que c'est surtout une affaire de responsabilité que l'on assume, ou pas : celle de la parole. Il ne s'agit pas pour moi de respecter les "règles" de la société actuelle si ce sont celles que je dénonce par ailleurs, je n'ai pas peur de me marginaliser, non plus que mes enfants – c'est à eux de participer ensuite à rétablir la civilisation.

Car il me semble que la décivilisation que nous constatons tous les jours est en partie liée à cette perte de valeur de la parole : si ce que j'écris ne vaut pas la peine que je le signe alors cela n'a pas grand intérêt et ce pourrait être d'ailleurs mensonges ou incivilités, mon "pseudo" n'est de toute façon responsable en rien...

La seule justification que je verrais à l'utilisation d'un pseudonyme tient au risque légal ou vital qu'il y aurait à s'exprimer en son nom propre. Peu de personnes ici sont, à ma connaissance, dans ce cas.

P.S. Cher François X, pour votre information il y a actuellement 4 "François" inscrits sur ce forum.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 20:49   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Même pas mal !
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 20:59   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 21:01   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je trouve la discussion entre MM. X et S. passionnante. J'attends l'intervention de Mlle L qui ne partage pas le point de vue des pré-anonymés sur le choc du réel.
Chère Cassandre, j’ai des doutes sur ceux qui prétendraient servir « la cause » mais pas jusqu’à se mouiller personnellement. Car, soyons sérieux, nous n’en sommes pas encore au retour de la Gestapo (auquel cas, j’en conviens, la problématique de la clandestinité se poserait bien différemment)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 21:47   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Je trouve la discussion entre MM. X et S. passionnante. J'attends l'intervention de Mlle L qui ne partage pas le point de vue des pré-anonymés sur le choc du réel.

Eric, je ne m'appelle pas X. Je m'appelle François. Je développe un point de vue, il a sa cohérence et ses arguments. Mes propos valent ce qu'ils valent et on peut tantôt les trouver tantôt intéressants, tantôt pas, je ne vois pas ce que mon nom de famille leur apporte.

si ce que j'écris ne vaut pas la peine que je le signe alors cela n'a pas grand intérêt

A ce niveau-là d'exigence, il faut cesser de parler. Je n'ai jamais croisé d'être humain dont la conversation soit si passionnante qu'elle vaille mieux que le silence.

Compareriez-vous votre situation avec celle de ces gens de l'article du Monde ?

La mienne, assurément.

Compareriez-vous notre situation politique avec celle de la résistance sous l'occupation allemande ?

Assurément pas.

Et ce qu'il révèle n'est guère réjouissant.
Encore une fois, et sans détours : de quoi, les uns et les autres avez-vous peur ?
Il vous est donc impossible de même (vous) le dire ?


Si j'ai peur, c'est sans en avoir conscience. Il me paraît incongru de signer ses conversations. Mais, vous-même, Didier, vous y voyez un signe de bassesse et de lâcheté, j'ai bien compris ?
D'autre part j'imagine que beaucoup d'entre eux, d'entre nous, œuvrent sur leur lieu de travail avec leurs collègues, ailleurs avec leurs amis et avec leurs proches, à saper discrètement la bienpensance et à réinformer, mais cela marche d'autant mieux qu'ils ont l'air de personnes au-dessus de tous soupçons. Si l'on découvre leur contribution régulière à des sites et des mouvances politiques diabolisés, ils susciteront la méfiance, seront moins écoutés voire plus du tout, à plus forte raison s'ils sont mis sur la touche, suspendus ou carrément virés de leur travail.

C'est ce passage du message de Cassandre qui m'avait spécialement frappé et qui concerne la façon de faire connaître des idées qui appartiennent au politiquement incorrect, mais qui en fait sont, on le découvre, partagées par beaucoup. Ceci n'est pas une question de risque patent : il s'agit de se faire entendre dans une ambiance générale apparemment hostile, et pour cela de ne pas abattre immédiatement tout son jeu, mais peu à peu le faire au fil des discussions et du développement de la confiance. J'avais commencé un message en ce sens mais j'avais abandonné et étais partie sur une autre idée. Cassandre a mis en évidence cette problématique.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 22:14   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 22:16   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 22:31   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Je trouve la discussion entre MM. X et S. passionnante.

Eric, je ne m'appelle pas X.


Quant à moi, cher M. Veron, « M. S. » me sied bien. Notons, au passage, pour illustrer la distinction de valeur que j'opérai entre la mise en initiale du nom et son effacement complet, que le nom de M. X n'est pas X, mais que celui de M. S. est bien S.

...je n'ai pas peur de me marginaliser, non plus que mes enfants...

La question de la peur, dans ce débat, brouille les cartes — le véritable enjeu est l'intérêt, le bien-être, le confort, le calcul, la socialisation. On peut éviter la marginalisation sans en avoir peur, de même qu'on peut refuser certains traits de notre civilisation sans les craindre : le chantage à la phobie, répandu de nos jours, est fatiguant. Pourquoi diable faudrait-il à tout prix risquer la marginalisation si l'on peut l'éviter ? Pour l'honneur ? Mais cette notion, de nos jours, a-t-elle encore un sens ?
« Mais on pourrait aussi noter, cher Bily, que le fait de rester anonyme est une affaire de tact — lorsque des proches, par exemple, seraient heurtés, ou simplement troublés, par l'intransigeance de tel ou tel propos —, voire de circonspection — l'ensemble du monde ayant accès à nos discussions, chose inouïe, comme le soulignait Bolacre, dont on ne connaît pas encore les conséquences, et qui peut raisonnablement effrayer, sans manquer de self-esteem ni de courage. »

Pur Clermont-Ferrand crypto-gay (avant la lettre) 1970...

« Pourquoi diable faudrait-il à tout prix risquer la marginalisation si l'on peut l'éviter ? Pour l'honneur ? Mais cette notion, de nos jours, a-t-elle encore un sens ? »

C'est en effet toute la question mais on pourrait se demander ce que fait l'auteur de cette interrogation-là sur ce forum-ci, s'il n'a pas déjà la réponse ? Et français, ce mot a-t-il encore un sens ? Et peuple ? Et musique ?
Et culture ? Et si oui lequel ?
Mais je n'ai pas peur, et je ne louvoie pas.
Elles sont quand même chouettes, ces leçons de savoir-vivre.
Ah c'est plan foutage de gueule, à Jéru ?
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 23:41   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Et français, ce mot a-t-il encore un sens ? Et peuple ? Et musique ?
Et culture ? Et si oui lequel ?

Je vous confesse, cher M. Camus, que j'éprouve un certain plaisir à l'idée que ces mots aient encore un sens pour un petit nombre de Français — un plaisir égoïste dirais-je même, une satisfaction d'élitiste, comme un délice intempestif qui ose à peine s'avouer. J'aime explorer ces choses à l'écart. En un mot, je m'accommode assez bien de la Grande Déculturation, pour peu que la véritable culture survive quelque part, à l'abri du factice. Qu'il est suave, n'est-ce pas, d'oublier l'atmosphère frelatée des choses du dehors et de retrouver, le soir venu, le véritable sens, vêtu comme il convient...

« Le soir venu, je m'en retourne dans ma maison et j'entre dans ma librairie. Je dépose sur le seuil mes vêtements boueux de tous les jours, je m'habille comme pour paraître dans les cours et devant les rois. Vêtu comme il convient, j'entre dans les cours antiques des hommes d'autrefois. Ils me reçoivent avec amitié auprès d'eux. Je me nourris de l'aliment qui seul est le mien et pour lequel je suis né. L'on ose sans fausse honte converser avec eux et leur demander les causes de leurs actions, et si grande est leur humanité qu'ils me répondent et pendant quatre longues heures, je ne sens plus aucun ennui. J'oublie toute misère, je ne crains plus la pauvreté, la mort ne m'effraie plus. Je passe tout entier en eux. »

Machiavel, Lettre à François Vettori, 1513
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 23:43   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Ah c'est plan foutage de gueule, à Jéru ?

Ah, l'humour juif...
Merci de ce beau texte, en tout cas, même s'il est d'application un peu contraignante — ouille, s'il faut se mettre sur son trente-et-un pour entrer dans sa bibliothèque, je vais devoir faire des efforts de toilette. Mais il n'est pas désagréable, en matière de formalisme, de se faire dépasser sur sa droite, et par Machiavel, encore...
ll y a quelque chose qui me gêne beaucoup, qui m'embarrasse même, dans cette sommation au devoir de transparence et de responsabilité, sous peine d'être ravalé si évidemment à l'indignité morale, en montrant du doigt la porte des gens de service, ou même des chiottes.
C'est un choix qui ressortit à mon sens pratiquement à la vie privée, et je crois qu’il serait avisé d’en laisser l’entière responsabilité à ceux dont ce sont les affaires et la vie propres : on ne peut mesurer de l'extérieur à un unique étalon (ses propres conceptions "morales", aussi élevées soient-elles, sur ce que c'est que "bien se tenir") le degré de désagrément, ou même de souffrance, que pourrait occasionner telle exposition au "domaine public"...
Sans même parler de l'agrément, parfaitement légitime et dont je ne vois pas du tout pourquoi il ne devrait compter pour rien dans cette affaire, de l'usage du masque, et de sa dimension ludique.
Que la belle dignité exemplaire vaille absolument mieux, et en toute circonstance, que le pur plaisir gratuit de se travestir, says who ?

Enfin, concrètement, dans ce cadre d'intervention-ci, en lisant ce qu'écrivent tels pseudonymes parmi ceux qu'a cités Buena Vista, je n'ai jamais, en aucune façon, eu l'impression d'être trompé sur la marchandise ; ils sont parfaitement singuliers, reconnaissables et honnêtes, par rapport à leur identité personnelle qui n'est pas le nom en tant que tel : le rapport entre le nom et le "soi" n'est pas plus en adéquation que le rapport entre le pseudo-nom et ce même soi, en l'occurrence, et c'est tout ce qui m'importe (je n'exprime là qu'une opinion toute personnelle, bien entendu, et eussé-je fait usage d'un pseudonyme, elle aurait été inchangée).
Utilisateur anonyme
08 décembre 2011, 00:39   ¿ Qué es la vida ? Una ilusión, una sombra, una ficción...
Sans même parler de l'agrément, parfaitement légitime et dont je ne vois pas du tout pourquoi il ne devrait compter pour rien dans cette affaire, de l'usage du masque, et de sa dimension ludique.
Que la belle dignité exemplaire vaille absolument mieux, et en toute circonstance, que le pur plaisir gratuit de se travestir, says who ?


Oh, là vous me ravissez, M. Eytan ! Much ado about nothing, comme dirait l'autre...
Utilisateur anonyme
08 décembre 2011, 01:00   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Je relis, Monsieur Bourjon. Je lis que nous louvoyons, que nous avons peur, et que nous sommes sans honneur. Mais, non, non, il n'est pas question de lâcheté, où voyez-vous ça ?
08 décembre 2011, 01:06   Digression
« À deux mérites. — Héraclite, Georges de La Tour, je vous sais gré d'avoir de longs moments poussé dehors de chaque pli de mon corps singulier ce leurre : la condition humaine incohérente, d'avoir tourné l'anneau dévêtu de la femme d'après le regard du visage de l'homme, d'avoir rendu agile et recevable ma dislocation, d'avoir dépensé vos forces à la couronne de cette conséquence sans mesure de la lumière absolument impérative : l'action contre le réel, par tradition signifiée, simulacre et miniature. »

Char, Partage formel
08 décembre 2011, 01:37   Re : Digression
L'usage du pseudonyme dans le débat politique ressort à l'action d'une voix qui ne parle que pour elle, la voix uninominale des scrutins secrets et des bulletins anonymes. Ce que je dis, par le couvert du pseudo, ne vaut que pour moi et c'est mon choix d'isoloir, l'affaire d'un votant qui n'entend point convaincre ou rallier à sa voix d'autres voix. Les temps démocratiques ont produit cela: l'homme de conviction dont les convictions sont bornées à lui-même, la conviction-île, celle de l'isoloir qui masque l'identité de celui qui livre à la collectivité sa façon de penser. Cependant que l'attache du nom à l'expression d'une opinion politique a pour effet de projeter l'opinion hors de l'instance isolée de celui qui la projette, de faire éclater l'anonyme unité de comptabilité des voix, toutes égales, toutes anonymes. "Moi qui me nomme à tous, je vous dis ce que je pense du réel qui nous entoure et je signe mon bulletin de vote" -- voilà l'irruption d'un acte politique qui transcende et ranime la démocratie. Le votant anonyme produit-il un acte politique ? Assurément oui, mais l'acte politique que nous visons ici dépasse le régime de l'isoloir et de la démocratie anonyme. Il opère un retour à la voix qui signe ce qu'elle affirme pour que d'autres voix, demeurées jusque là dans le passif anonymat des décomptes égalitaristes, signent à leur tour ce qu'elles lanceront à tous dans le tronc commun de la pensée et des valeurs.
Je vous en prie M. S., self-esteem se dit amour-propre en français, qui est la langue sérieuse de ce forum, les autres étant réservées à la plaisanterie.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2011, 02:31   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
Francis,

Votre point de vue me paraît riche et beau. Quand je me suis inscrit ici, je n'avais pas réfléchi à mon pseudonyme. Je n'avais même pas envisagé d'intervenir sous mon nom.

Et les contributions de certains, tellement assuré de tout comprendre et de mieux valoir, ne m'avaient pas ébranlé. Il est vrai que les leçons de savoir-vivre dites sur un ton proche de l'insulte n'ont jamais amélioré personne. Cela se saurait.

La question de l'anonymat ou du pseudonymat ne peut être envisagée dans l'absolu, en dehors du lieu d'expression. Par exemple, on n'imaginerait pas un député venir tenir faire sa harangue à la tribune de l'Assemblée en restant anonyme. Cassandre donnait l'exemple du Général dans sa contribution.

On imagine en revanche fort bien deux quidam parler politique au zinc d'un bistrot, ou dans une soirée, sans s'être dûment présentés. Cela arrive même tous les jours. Voir dans ce genre d'échange un manquement à l'honneur ou un signe de décivilisation me semble tout à fait outrancier.

Mais vous visez juste quand vous soulignez que la signature change la nature de l'intervention. On passerait, en signant, d'une conversation plus ou moins privée à un quelque chose d'autre, qui ne serait pas très éloigné de la prise de parole d'un Athénien obscur devant la Boulè. Cela change la perspective et le poids que l'on confère à ses propres propos.

Pour ma part, je ne suis pas persuadé de vouloir cesser de simplement parler avec quelques Français et de vouloir m'adresser à la France. Mais j'y réfléchirai.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2011, 07:18   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
08 décembre 2011, 07:42   Re : Question sur l'anonymat des pseudos du Web
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter