Le site du parti de l'In-nocence

Historiens

Envoyé par Henri Rebeyrol 
07 décembre 2011, 16:44   Historiens
Simon Epstein est un grand historien à la fois par la méthode pour laquelle il opte (la prosopographie, les faits, les archives, en particulier celles de la LICA), par son honnêteté vraie (les faits situés dans leur contexte certes, mais restitués de la façon la plus fidèle possible et étudiés sans préjugé) et par l'importance des conclusions auxquelles il parvient : critique de la thèse des "deux France", le pacifisme comme moteur principal de l'engagement dans la Collaboration, le nationalisme comme moteur de l'engagement dans la Résistance. Je viens de lire deux de ses ouvrages : Dreyfusards sous l'Occupation (lu en diagonale il y a dix ans) et Un Paradoxe français, Albin Michel, 2008.

Dans ces deux ouvrages, ce que montre aussi et critique Epstein, ce sont les partis pris, les aveuglements, le dogmatisme des historiens français, même les plus connus (Azéma, Winock, Rioux, O. Wieviorka, etc.), tous "professeurs", tous universitaires, docteurs, chercheurs, etc. qui, au sujet d'événements aussi importants au XXe siècle que l'Affaire Dreyfus, la Guerre de 1914, le 6 février 1934, le Front populaire, Munich, la défaite de juin 1940, la Collaboration, la Résistance et toutes les répercussions de ces événements dans les années qui ont suivi, jusqu'en 2007, ont dans chacun de leurs livres préféré le dogme aux faits ou réduit les faits, quitte à les déformer ou à les occulter, aux intérêts politiques ou idéologiques d'un camp.

On pouvait penser naïvement que ce rôle d'idéologue ou de membre du clergé attaché à une idéologie était réservé aux sociologues spécialisés dans la dénégation du réel (Kepel, qui est pourtant un chercheur digne de ce nom, nous en a donné un bel exemple lors de la dernière émission de Répliques) ou encore aux islamologues ou aux "experts de l'islam" lors de l'affaire Gouguenheim qui, pendant les mois de janvier et février 2011 au moment du prétendu "printemps" prétendument "arabe" (lequel avait tout d'un hiver islamique), se sont répandus dans la presse, à la radio ou à la télévision pour prendre parti dans ces événements et donnant le sentiment aux quelques non gogos qui les écoutaient ébahis qu'ils n'avaient pas lu la moindre ligne du Coran ou ne connaissaient de l'Egypte que le Club Med d'Hourghada où ils sont restés une semaine en villégiature.

Or ce rôle est quasiment le seul qui existe dans les départements et centres de recherche en sciences humaines et sociales des universités ou autres instituts savants. Simon Leys il y a une quarantaine d'années, au sujet des divers communismes, s'en indignait ironiquement, mais aussi Robert Conquest (in Sanglantes Moissons), Jacques Rossi, Revel (La Connaissance inutile). L'aveuglement (ou la servitude volontaire à une idéologie) est si dramatique que, pour lire quoi que ce soit de fiable sur la France et l'idéologie en France, il faut lire les historiens étrangers. Epstein est israélien, Leys belge, Weber américain (Paxton aussi), Conquest anglais...

On n'ose penser à l'effarement qui doit saisir les chercheurs français, les vrais, docteurs, professeurs, etc., ceux qui exercent leurs talents en astrophysique, en chimie, en biologie, etc. et qui modifient leurs hypothèses ou leurs théories dès que le moindre fait les contredit ou ne s'y plie pas, ou vérifient dix fois, cent fois par des expériences variées les hypothèses qu'ils avancent, etc. quand ils apprennent d'Epstein, de Conquest ou de Leys, etc. que leurs collègues d'en face, ayant le même statut et le même traitement qu'eux, continuent à enseigner que la Terre est plate comme une limande, même quand on leur montre des photos de notre astre prises de l'espace, parce que une sommité quelconque, saint Pantouflard sans doute ou saint Mol Oreiller de la Paresse, exigeait d'eux qu'ils restassent fidèles au monde de Ptolémée.
07 décembre 2011, 19:21   Re : Historiens
Et le bourrage de crâne sur Wikipédia, on en parle un peu ? Pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer, je lis l’article consacré à la Vénus hottentote sur la célèbre encyclopédie-de-recopiage-en-dépit-du-bon-sens. Un passage m’arrête, la dissection de la Vénus par le grand Cuvier et les conclusions d’icelui (telles que rapportées par Wikipédia), qui trouverait à feue Mme Baartmann le visage d’un ourang-outang, les fesses d’un mandrill, et qui conclurait que « les races à crâne déprimé et comprimé sont condamnées à une éternelle inféorité ». La source donnée par les encyclopédistes en ligne, c’est, tiens, tiens, une émission de France Culture, que je n’ai pas entendue, mais dont j’imagine la teneur, La Marche des sciences, 18 novembre 2010.

Comme j’aime beaucoup Cuvier, et que je ne le sache pas sujet à des hallucinations quand il exerce son métier de naturaliste, je consulte les « Extraits d’observations faites sur le cadavre d’une femme, connue à Paris et à Londres sous le nom de Vénus Hottentote » dans les Mémoires du muséum d’histoire naturelle t. 3, 1817, p. 259-274, ce qui n’est pas bien difficile, c’est disponible sur Google Books. Eh bien tout ce qu’indique Wikipédia est rigoureusement faux, et malveillant, car systématiquement cité à contresens. Pas de figure de singe, mais une comparaison avec les Kalmouks et les nègres et la remarque incidente que par contre le nez est tout plat, comme chez les singes, et la remarque aussi que Mme Baartman, de son vivant, faisait souvent une grimace, qu’elle plissait les lèvre, comme les orang-outang, ce qui n’est pas tout à fait la même chose qu’une figure d’orang-outang. Pas de fesses de mandrill non plus. Et la remarque sur les races à crâne plat condamnées à l’infériorité vient à la fin d’une réfutation de la thèse alors la mode selon laquelle les races boshimanes seraient les ancêtres des anciens Égyptiens. « Infériorité » a naturellement un tout autre sens quand cela signifie « n’a pas fondé la civilisation égyptienne ». Et je note au passage que Cuvier décrit Mme Baartman comme une dame sauvagesse de qualité, parlant trois langues et bonne musicienne.

Il y a donc des menteurs et des faussaires, qui mentent et qui falsifient délibérément, pour installer l’idée que nos plus grands savants auraient fait de parfaits éditorialistes au Stürmer de Julius Streicher. Pourquoi ces menteurs mentent-ils ? Pour culpabiliser les Européens et les désarmer moralement ? Pour désigner les Européens à la vindicte des peuples du sud, et rallumer la guerre des races et des civilisations ?
07 décembre 2011, 20:38   Re : Historiens
Il faut corriger : je l'ai fait.
07 décembre 2011, 20:51   Re : Historiens
Eh bien ça alors, monsieur Meyer, je vous salue bien bas.

(Je ne savais même pas qu’on pouvait faire cela.)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2011, 21:32   Re : Historiens
Citation
Chatterton
Il y a donc des menteurs et des faussaires, qui mentent et qui falsifient délibérément, pour installer l’idée que nos plus grands savants auraient fait de parfaits éditorialistes au Stürmer de Julius Streicher.

Le pire – mais je ne voudrais pas jeter de l'huile sur le feu – c'est que ces menteurs ont faussé sous pseudonyme...
Il suffit de consulter la page historique de l'article que vous mentionnez pour voir qu'ont participé à la rédaction de cette partie d'encyclopédie :

- Salsero35
- Yelkrokoyade
- DocteurCosmos
- Pj44300
- Erdrokan
- Socioloholic
- ...

Bref, je n'ai décelé qu'un seul nom plausible, que je vous laisse retrouver dans la page en question.

Où sont Diderot, D’Alembert, Jaucourt, Boufflers, Necker et les autres ?
07 décembre 2011, 22:16   Re : Historiens
Citation
Pour désigner les Européens à la vindicte des peuples du sud, et rallumer la guerre des races et des civilisations ?

Mais cette guerre n'a-elle pas déjà lieu ?
09 décembre 2011, 15:06   Re : Historiens
Accuser Cuvier de racisme n’a aucun sens puisque tout le monde l’était à l’époque, mais vouloir l’en disculper est encore plus ridicule. Le texte de Cuvier insiste lourdement sur l’animalité de diverses parties du corps de la Vénus. A propos des os il conclue : « Ce sont tous là des caractères d’animalité », à propos de plusieurs traits du visage : « je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable aux singes que la sienne », parmi beaucoup d’autres exemples. La comparaison avec les fesses des mandrills se trouve bien dans le texte (p. 268) mais est attribuée par le rédacteur de Wikipedia (peut-être à bon droit également) à Geoffroy Saint-Hilaire, dans un rapport auquel je n’ai pas accès. Enfin, il est d'un jésuitisme sans bornes de prétendre voir dans « cette loi cruelle qui semble avoir condamné à une éternelle infériorité les races à crâne déprimé et comprimé » une anodine conclusion à la réfutation de la thèse que la Vénus aurait fondé la civilisation égyptienne : selon Cuvier, la Vénus n’a pas donné naissance au peuple « duquel le monde entier a hérité les principes des lois, des sciences et peut-être même de la Religion », parce qu’elle a le crâne comprimé. Tandis que Chatterton, non (ce qui le rend, lui, apte à créer la civilisation égyptienne).

Il y a longtemps que j’ai cessé, après une brève tentative, de rédiger quoi que ce soit pour Wikipedia. L’intervention précipitée de M. Meyer pour corriger un texte parfaitement raisonnable à la lumière d’une intervention fantaisiste sur ce site, me rappelle pourquoi.
09 décembre 2011, 16:33   Re : Historiens
Cher JF Brunet,

Quand on réfute des réfutations (vous réfutez ma réfutation des âneries publiées sur wikipedia), il faut se placer à un niveau de scientificité qui clôt toute discussion, sans quoi on tombe dans la simple polémique (je n’ai rien contre, notez bien, mais il faut savoir sur quel terrain on se place).

Accuser Cuvier de racisme n’a aucun sens puisque tout le monde l’était à l’époque, mais vouloir l’en disculper est encore plus ridicule.

C’est votre phrase qui n’a aucun sens. Selon vous, si tout le monde est raciste, personne ne l’est ? Mais sans doute voulez-vous dire que Cuvier, fils de son époque, n’est pas « coupable » de son racisme. Seulement, c’est reculer pour mieux sauter, puisque, dans la bien-pensance, c’est nous qui sommes coupables, héritiers présomptifs du racisme de nos aïeux.

Le texte de Cuvier insiste lourdement sur l’animalité de diverses parties du corps de la Vénus.

Si vous faites comme wikipedia un tissu de citations « animalistes », vous allez trouver comme wikipédia que « Saartjie Baartman est plus décrite par des traits simiesques que par son appartenance à la race noire » (article Cuvier). Or c’est exactement le contraire qui découle de l’ensemble de l’étude de Cuvier. Chaque fois qu’il est question de l’animalité, de la suggestion d’un trait animal, Cuvier explique que non, décidément. L’extrême développement des nymphes, qui font un tablier ? Cuvier écrit : « Le voile des Boschimannes n’est pas une de ces particuliarités d’organisation qui pourroient établir un rapport entre les femmes et les singes ; car ceux-ci, loin d’avoir des nymphes prolongées, les ont en général à peine apparentes.  » (p. 268). Et — notez bien ceci — c’est précisément après cela, qu’il parle des fesses énormes (callypigie) de la Vénus hottentote, qui ont tant frappé ses contemporains et qui ont fait le bonheur des dessinateurs. Il est exact que, à propos de ces fesses, Cuvier écrit : « Elles offrent une ressemblance frappante avec celles qui surviennent aux femelles des mandrills, des papions, etc. » (p. 268). Seulement, c’est pour préciser aussitôt que ces masses graisseuses sont pour ainsi dire postiches : elles « prennent à certaines époques de leur vie un accroissement vraiment monstrueux », elles « ne consistent absolument que dans une masse de graisse traversée en tous sens par des fibres cellulaires très fortes et qui se laisse aisément enlever dessus les muscles grand fessiers » (p. 269.) Est-ce que vous croyez vraiment que le sens du passage entier est que les Boschimannes ont des fesses de mandrills parce qu’elles sont plus proches du singe que de la femme ? [Ceci dit, vous avez raison de me gronder sur ce point parce que j’écrivais en courant et que ma formule « pas de fesses de mandrills » pouvait laisser croire que la comparaison n’y était pas. La comparaison y est, mais elle n’a toujours pas le sens que lui donne wikipedia.]

Je ne refais pas la démonstration sur le crâne aplati et la civilisation égyptienne. Les in-nocents, appâtés, se feront un plaisir de lire tout cela par eux-mêmes. Cuvier est venu devant ses pairs avec une tête de momie. Il a, leur dit-il, examiné plus de 50 têtes de momies. Aucune ne présente « des caractères de nègres, ni de Hottentots » (p. 274). Et pour Cuvier cela infirme les doctrines de ceux qui croient que les anciens Égyptiens étaient « des Cushites ou nègres à poils laineux » ou des « shangallas d’Abyssinie » (p. 273.) [Je signale aux in-nocents que, en 2011, des gens aussi peu suspects d’extrémisme que le reporter martiniquais Harry Roselmack croient que Cléopâtre était de race noire.] Non, nous dit Cuvier, les Égyptiens étaient des hommes comme nous (caucasiens) : « En un mot ils ne faisoient pas exception à cette loi cruelle qui semble avoir condamné à une éternelle infériorité les râces à crâne déprimé et comprimé. » (p. 273.)

Vous noterez, chers in-nocents, que je m’abstiens de répondre à la provocation de M. Brunet, qui m’accuse « d’intervention fantaisiste » (mais qui qualifie les inepties de wikipedia de « texte parfaitement raisonnable »), et qui ironise sur la forme de mon crâne. Je suis sûr que M. Brunet a une forme de crâne qui plaît beaucoup à Mme Brunet. En attendant, M. Brunet — qui est chargé, j’en suis sûr, de titres et de diplômes, vu ses aptitudes à trouver du racisme partout — ne sait peut-être pas forcément lire, ce qui s’appelle savoir lire. Ce n’est pas parce que Cuvier écrit « le nègre a le museau saillant » et qu’il parle du « rapetissement du cerveau » à cause de la dépression du crâne que Cuvier essaie d’expliquer que ces gens sont proches de l’animal.
09 décembre 2011, 17:24   Re : Historiens
Mais sans doute voulez-vous dire que Cuvier, fils de son époque, n’est pas « coupable » de son racisme.
Sans doute en effet. Et que le concept de racisme n'existait pas, il n’y avait pas d’ "ailleurs" du racisme, d’où on aurait pu le désigner.
Seulement, c’est reculer pour mieux sauter, puisque, dans la bien-pensance..
Je ne détermine pas mes jugements par ce que la bienpensance en fera, je ne cherche pas à lui "faire pièce", à tenir un discours à elle adossé.
Ce n’est pas parce que Cuvier écrit « le nègre a le museau saillant » et qu’il parle du « rapetissement du cerveau » à cause de la dépression du crâne que Cuvier essaie d’expliquer que ces gens sont proches de l’animal.
Ben voyons… ni parce qu’il dit "Ce sont tous là des caractères d’animalité", ni "je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable aux singes que la sienne", ni "ses mouvements avaient quelque chose de brusque et de capricieux qui rappelaient ceux du singe" ni, ni, ni… On ne lit pas ce qu’on lit, le contexte n’est pas restitué, etc…
A ce degré de déni, effectivement, aucune scientificité ne clora le débat.
Mais je l’abandonne bien volontiers, le piège est trop visible: vous me ferez accumuler les exemples et répéter sans cesse que le discours de Cuvier est raciste, au sens le moins contesté, ici même, du mot, et en tous cas animalisant en diable, jusqu’à ce que j’ai l’air de m’acharner sur ce grand homme dans une fièvre de dénigrement bienpensante.

PS : Je n'ai évidemment jamais "ironisé sur la forme de votre crâne", que je n'ai jamais vu et qui doit ressembler au mien.
09 décembre 2011, 18:41   Re : Historiens
Ah oui, cher JF Brunet, le piège... Vous citez des bouts de phrase, je restitue, moi, le fil d’une pensée. Mais naturellement c’est vous qui avez raison, puisque vos bouts de phrase (écrits dans une autre langue que la nôtre, nom d’un chien !) accablent notre homme.

J'écrivais « bien-pensance » pour employer une expression commode. Ce qui me chagrine chez des gens comme vous (et vous êtes légion), c’est votre affectation d’y voir clair, de vous situer au-delà, et donc de pouvoir juger des générations précédentes, alors que vous-mêmes êtes rigoureusement l’expression de l’idéologie de votre société. Vous êtes beaucoup plus enfermé dans votre idéologie que les hommes du passé que vous prétendez dénoncer n’étaient enfermés dans la leur.

Mais quel dialogue, aussi. Je suis en train de polémiquer avec un monsieur qui qualifie une diatribe délirante de wikipédia de « texte parfaitement raisonnable ».
09 décembre 2011, 20:15   Re : Historiens
Cela me rappelle une controverse ici sur le Code noir, à l'époque où les troupes de choc de l'antiracisme militant en avaient fait leur cheval de bataille contre le passé de la France. Là aussi on nous donnait des bouts de phrases isolés de leur contexte et surtout du contexte historique, ce qui empêchait absolument de percevoir ce fait pourtant indéniable : le "Code noir" a été édicté pour soulager le sort des esclaves, pour limiter le pouvoir absolu des propriétaires et, prévoyant que l'affranchi devenait un sujet du Roi comme un autre, tournait le dos à tout racisme, précisément (les modifications ultérieures nonobstant). Nous vivons à une époque ou tenter d'expliquer que l'utilisation de l'image du tirailleur sénégalais par Banania dénotait l'affection des Français pour les troupes coloniales est rigoureusement impossible.
09 décembre 2011, 22:14   Re : Historiens
Ah bon. Il me semble, quant à moi, que l'affection des Français pour les tirailleurs sénégalais, ou l'histoire d'amour présumée de Thomas Jefferson avec Sally Hemings, sont parfaitement conciliables avec le B-A-BA de l'antiracisme le plus dogmatique. Nous ne devons pas fréquenter les mêmes spécimens.

Pour revenir au sujet, avec le plus de "scientificité" possible: Cuvier, avec sa grande finesse anatomique (je l’aime beaucoup, même si j’ai un faible pour son concurrent Geoffroy), diagnostique que la Vénus Hottentote, par sa morphologie, ne peut être une proche parente des Égyptiens antiques. Jusque là, rien que de très scientifique, éternellement scientifique, et qui pourrait encore être déclaré dans les plus fréquentables conférences. Puis il conclue sur « l’éternelle infériorité des races à crânes déprimés », remarque qui, sans guillemets, me ferait virer de ce site par Didier Bourjon (et pas par louvoyante prudence...) ou convaincrait Cassandre de renoncer pour de bon à signer son vrai nom de Corse dans Blida déserte. Faut-il vraiment renoncer à penser ce contraste, sans pour autant accuser, ou se pousser du col, et même en reconnaissant qu’on aurait dit la même chose si l’on était né à cette époque ?

Je conseille en passant à Chatterton, à côté de son entreprise un peu controuvée d’effacer les comparaisons animalières du texte de Cuvier, d’exercer ses talents aussi sur le thème, tout à fait trompeur sans doute, de « l’infériorité » (comme celle que dénote « l’ampleur » du trou occipital ).
09 décembre 2011, 22:51   Re : Historiens
(Note à l'intention de M. Brunet : le verbe conclure est bien un verbe du troisième groupe.)
09 décembre 2011, 23:06   Re : Historiens
J'ai oublié de brancher mon correcteur d'orthographe, on dirait. Merci, M. Francmoineau, et que la nuit vous soit douce.
09 décembre 2011, 23:30   Re : Historiens
Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je relis, pour ce qui doit être la cinquième ou la sixième fois, le texte de Cuvier. J’y trouve une horreur caractérisée, une comparaison animalière irrécusable : les os du bassin de la Vénus hottentote, de même d'ailleurs que ceux des dames noires, rapprochent négresses et Boschimannes des femelles des singes (quoique « d’une quantité presque insensible », précise Cuvier, p. 269). Mauvais, cela. Je continue de lire. Pour les fémurs, c’est encore plus flagrant : « Leur col étoit plus court, plus gros et moins oblique … ce sont tous là des caractères d’animalité » (ibid.) Et l’humérus ? Eh bien c’est l’humérus d’un singe (p. 270.) La cause est donc entendue. Sauf que... Sauf que le paragraphe suivant donne : « Ce qui m’a le plus étonné, c’est que j’ai retrouvé les plus marqués de ces caractères, non pas dans la négresse, mais dans un squelette de femme Guanche, c’est-à-dire de ce peuple qui habitait les Canaries avant que les Espagnols s’en fussent emparés, et qui sous tous les autres rapports appartient à la race caucasique. » (p. 270). Et Cuvier rappelle p. 274 que certains auteurs qui se basent sur le Timée considèrent les Guanches comme les descendants des Atlantes. En tout cas, ce sont de purs caucasiens. Alors quoi ? Les caractères de la plus pure animalité se retrouvent dans la race antique la plus noble ?

Il faudrait peut-être montrer suffisamment de jugeote pour ne pas plaquer nos interprétations, ou nos préjugés, sur un texte de 1817.
09 décembre 2011, 23:39   Re : Historiens
De toutes façons il me semble qu'aujourd'hui dire d'un homme qu'il a un physique, une présence animale, est devenu un compliment et adopter une gestuelle de primates ainsi qu'un langage qui n'a presque rien à envier à ces derniers, le nec plus ultra de la jeunesse moderne. Je pense en particulier aux rapeurs que célèbre, entre autres, à l'occasion, avec tant de ferveur, un Jack Lang. A notre époque les Africains sont crédités de cette animalité qui leur valait hier la condescendance - mais aussi parfois l'indulgente bienveillance - des racistes ou supposés tels. Joyeux, "cool", sympathiquement priapiques, d'une énergie vitale à toute épreuve ces cigales nous changent des tristes petits blancs que nous sommes cramponnés à ce qui reste de notre civilisation de forts en thèmes coincés. C'est au fond le cliché colonial réhabilité à l'usage d'homo-festivus et rien ne dit que ce racisme-là, car c'en est un, ne soit pas, en définitive, au moins aussi dangereux et encore plus malhonnête que l'ancien. D'ailleurs un article d'un grand critique de cinéma américain descend le film "Intouchables" dans lequel, selon lui, la vision du noir y est digne de la "case de l'oncle Tom". Autrement dit, l'antiracisme aveugle des Amis du Désastre condamne chacun d'entre nous si antiraciste qu'il soit, à être un jour ou l'autre le raciste de quelqu'un.
10 décembre 2011, 00:31   Re : Historiens
Comme c'est énergique, comme cela va droit au centre de la cible ! Le film "Intouchables" étant devenu si j'ose dire ma bête noire, pouvez-vous, ô princesse troyenne, nous donner les références de l'article américain en question ?
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 07:59   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
10 décembre 2011, 09:54   Re : Historiens
Retour à la recherche en histoire. Dans le mensuel NEF, cet entretien avec l'historien Reynald Secher.


Reynald Secher réalise, depuis plus de vingt ans, un travail remarquable surl’histoire des guerres de Vendée. Il publie aujourd’hui un nouveau livre qui fait l’effet d’une bombe dans le paysage de l’histoire officielle, en apportant toutes les preuves d’un génocide organisé.

La Nef – Dans quelles circonstances avez-vous commencé vos recherches sur les guerres de Vendée et pourquoi ce choix ?

Reynald Secher – Tout est dû à ma rencontre avec un professeur hors du commun : Jean Meyer. J’étais son étudiant en troisième année d’histoire à l’Université de Haute-Bretagne et comme j’étais fasciné par ses cours, tant au niveau du contenu que de la forme, je l’ai sollicité pour être mon directeur de mémoire pour la maîtrise. Il venait d’être élu à Paris-IV Sorbonne et ne voulait plus d’étudiant breton. J’ai tellement insisté et argumenté que, de guerre lasse, il m’a accepté moyennant la condition que je le suive à Paris.
Restait le problème du sujet. C’était un professeur attentif et il avait remarqué que j’étais un Breton de la rive gauche de la Loire par mon père et Vendéen par ma mère. C’est lui qui m’a proposé ce sujet, que j’ai refusé pour des raisons personnelles : c’était pour moi un sujet familial et tabou dont on parlait entre nous mais pas au-delà. Il m’a convaincu au nom de la recherche scientifique, me disant qu’il lui semblait que cette affaire n’était pas très claire et que personne à l’Université ne s’était posé les questions de fond, notamment celle de la nature de la répression.
Nous avions deux possibilités : soit travailler globalement la Vendée militaire, soit faire un carottage. Nous avons opté pour cette deuxième solution car je devais essayer de voir s’il existait encore une tradition orale forte et une documentation au-delà de celle des archives. Tout naturellement nous avons retenu mon village natal, La Chapelle-Basse-Mer, commune riveraine de la Loire, située à la frontière bretonne et au nord de la Vendée militaire. Il a été estomaqué par le fruit de mes recherches et notamment par le fait que je pouvais évaluer les bilans, tant humains qu’immobiliers. Qui plus est, en raison de ma polyvalence universitaire, j’avais créé une méthode d’investigation et d’analyse très spécifique qui me permettait de faire une recherche très approfondie. C’est cette méthode que j’ai utilisée pour ma thèse d’État sur le génocide.

En 1986, vous avez publié Le génocide franco-français, la Vendée-Vengé : comment ce livre a-t-il été perçu ?

Je tiens à préciser d’abord que lorsque j’ai commencé ma recherche, je ne pensais le sujet qu’en termes de guerre civile. Ce n’est qu’en découvrant les lois d’extermination et d’anéantissement, les écrits des contemporains républicains et vendéens, que je me suis posé la question de la nature de la répression et que je suis arrivé à la conclusion du génocide. Le contexte à l’époque était très passionnel car la France de Mitterrand se préparait à commémorer le bicentenaire de la Révolution. Cependant, contrairement à ce que certains ont écrit, je n’ai eu aucune difficulté dans le cadre de mes recherches. Bien au contraire, les conservateurs des Archives et les détenteurs privés de documents m’ont ouvert toutes grandes les portes.
Les problèmes ont commencé une semaine avant la soutenance : on a cambriolé mon appartement pour me voler ma thèse, puis le lundi suivant un homme prétendant agir au nom du gouvernement m’a proposé mon silence moyennant 500 000 francs et un poste à l’Université. J’ai refusé. Là encore, contrairement à ce qui a été écrit, j’ai pu soutenir ma thèse sans problème. Ce n’est qu’une année plus tard, suite à sa publication aux PUF et à l’émission de Bernard Pivot, le 11 juillet 1986, que mes problèmes ont commencé. J’ai dû donner ma démission de l’Éducation nationale et ma vie est devenue un véritable calvaire. Je raconte très précisément les choses dans un ouvrage intitulé La désinformation autour des guerres de Vendée et du génocide vendéen, édité par Fol’Fer. Quant aux médias, que dire, sinon que dans l’ensemble ils se sont déchaînés en me condamnant. Rares ont été les journalistes d’envergure courageux comme Georges Suffert, Louis Pauwels…

Quelle est la définition du génocide ? Pourquoi ce terme peut-il s’appliquer au massacre des Vendéens ?
Le génocide est l’acte qui consiste à arracher la vie à un groupe de personnes données non pas pour ce qu’elles ont fait, mais pour ce qu’elles sont.

Un mot ou l’absence de mot n’est jamais innocent. Il a fallu attendre la Convention de Nuremberg pour qu’enfin ce crime contre l’humanité soit défini. Certains, comme Gracchus Babeuf, au nom des droits fondamentaux de l’homme, avaient en leur temps bien vu que ces crimes étaient anormaux, mais faute de vocabulaire, de référence et de jurisprudence ils n’avaient pas pu aller au-delà de ce constat et de la dénonciation des crimes qu’ils voyaient. Ce n’est que grâce au génie et à l’obstination d’un juriste polonais, Lemkim, qui a créé le néologisme « génocide », que le droit international a pu définir ce crime et le sanctionner.
En fait, il y a trois crimes de génocide : la conception, ou/et la réalisation ou/et la complicité tant dans la conception ou/et la réalisation de l’extermination partielle ou totale d’un groupe humain de type politique ou/et ethnique ou/et racial ou/et religieux. Dans le cas de la Vendée, nous avons les crimes de génocide qui s’appliquent. Il y a bien eu conception, de surcroît collective car votée, réalisation collective car tant les politiques que les fonctionnaires, dont les militaires, ont œuvré sur le terrain pour « éradiquer du sol de la liberté cette race impure ». Quant aux sujets concernés, il s’agit bien d’un groupe humain de type politique et religieux. On tue le Vendéen car Vendéen, c’est-à-dire chrétien.

Vous avez beaucoup travaillé sur la question des responsabilités dans ce génocide. Quelle est la thèse officielle et quelle est la vérité ?

Officiellement, la Vendée n’est qu’une guerre civile avec des horreurs commises de part et d’autre. Certains universitaires, de nos jours, vont même jusqu’à dire et écrire que la Vendée avait été justement punie car traître à la nation. D’autres prétendent que, s’il y a eu des massacres, ils ne sont dus qu’à certains généraux, comme Turreau, qui ont agi sans ordres : ils n’hésitent pas à parler de dérapages. Si vous voulez vous faire votre propre opinion sur cette question, lisez les livres scolaires : c’est un véritable scandale qui dépasse l’entendement.
La réalité est tout autre. Ce sont les membres du Comité de Salut public qui ont conçu ce génocide et l’ont fait voter par la Convention. J’ai retrouvé l’écrit original de la loi du 1er octobre 1793 en date du 27 juillet. Ce sont les membres du Comité de Salut public, personnellement, qui décident et mettent en œuvre l’épuration de l’armée qui refuse ce génocide. Ce sont eux qui, sur le terrain, exécutent et font exécuter la loi d’extermination et d’anéantissement. Ce sont eux encore qui nomment Turreau général en chef de l’Armée de l’Ouest avec un programme précis ainsi que les officiers supérieurs. Ils sont si impliqués qu’ils vont même jusqu’à créer un plan, dit de masse, le 11 novembre, afin d’arriver plus rapidement aux objectifs qu’ils se sont fixés. J’ai retrouvé tous les écrits originaux signés par eux-mêmes. Les noms que nous retrouvons le plus souvent sont ceux de Carnot, Barère, Robespierre… Ces documents se trouvent aux Archives nationales et militaires. J’ai mis scrupuleusement les références afin que les lecteurs puissent les consulter.

Vous publiez aujourd’hui un nouvel ouvrage intitulé Vendée : du génocide au mémoricide. Qu’apporte-t-il de nouveau sur la question ?

La Convention de Nuremberg n’aborde pas le problème de la mémoire et de sa possible manipulation. Il est vrai qu’à l’époque tous les participants sont gênés par cette question car aucun n’est vierge en la matière, que ce soient les Américains avec les Indiens, les Anglais entre autres avec les Boers, la France, entre autres avec la Vendée. Quant aux Soviétiques, n’en parlons même pas. Conséquence : très rapidement on a assisté, et ce dès les années 60, à la négation des grands crimes de la Seconde Guerre mondiale, notamment celui du génocide juif, sanctionnés par la Convention. Chaque pays traite à sa manière le problème, faute de réflexion globale et de référence. J’avais d’ailleurs soulevé ce problème de fond en 1989 dans un livre publié chez Odile Jacob, intitulé Juifs et Vendéens, d’un génocide à l’autre, avec comme sous-titre la manipulation de la mémoire. À la fin d’un colloque, un de mes amis juifs m’a demandé de réfléchir sur cette question, d’autant plus que j’avais la matière, le recul et que j’avais créé le mot de « mémoricide ». Le mémoricide peut se définir comme un crime contre l’humanité qui consiste à nier, relativiser ou encore justifier un génocide, partiellement ou totalement.
Au-delà de la Vendée, j’ai voulu comprendre comment cette question était abordée dans les autres pays et j’ai constaté nombre de comportements similaires. Quoi qu’il en soit, la problématique est la même partout : si on sait discerner les génocides, on est empêtré dans le problème de la mémoire car on ne comprend pas le pourquoi du comment. Ce livre, qui est d’une très grande rigueur intellectuelle, non seulement donne les grilles de lecture mais aussi les moyens pour lutter contre le mémoricide, quels que soient les enjeux personnels, locaux, régionaux, nationaux, voire internationaux.

Votre livre bouleverse la lecture de l’histoire de la Révolution. Comment appréhendez-vous les réactions qu’il risque de susciter ?

Nous en avons longuement parlé entre nous, c’est-à-dire avec Stéphane Courtois et l’éditeur. Comme le demande Me Gilles-William Goldnadel dans son introduction, où est le scandale ? « Au niveau de celui qui relate et réfléchit sur les faits patents ou au niveau de celui qui les nie, les relativise, les justifie, voire les glorifie ? N’est-ce pas cela que l’on appelle négationnisme ? Pourquoi ce qui est vrai pour le génocide des Juifs et des Arméniens ne le serait-il pas pour le génocide des Vendéens ? » Qui plus est, comme il le dit là encore : « Reste le problème de l’imprescriptibilité qui fait qu’à la verticalité de l’Histoire se substitue l’horizontalité du droit. Là encore, ce qui est vrai pour l’un, comme le génocide des Arméniens, doit être vrai pour les autres et bien entendu pour celui des Vendéens. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester silencieux, au nom de la Vérité, d’autant qu’une telle attitude est une source d’espérance pour les bourreaux et leurs héritiers et de désespérance pour les victimes et leurs descendants. » La question de fond est la suivante : pourquoi l’Université n’avait-elle pas fait ce travail avant et, bien entendu, pourquoi m’a-t-elle exclu à la suite de mon travail tout en soutenant les négationnistes ? Quant aux politiques dont les références restent encore la Terreur, le Comité de Salut public et des hommes tels que Robespierre et Carnot, ils ne se rendent pas compte que non seulement, de facto, ils sont complices de ces génocidaires, mais qu’en même temps ils sont négationnistes.

Propos recueillis par Florence Eibl

(1) Reynald Secher, Vendée, du génocide au mémoricide, Mécanique d’un crime légal contre l’humanité, Cerf, coll. « Politique et démocratie », 2011, 446 pages, 24 e.
10 décembre 2011, 16:56   Re : Historiens
Cher Alain N. je ne peux malheureusement pas vous fournir le renseignement que vous demandez. Je le tiens de mon mari qui ne se souvient plus dans quel journal il l'a trouvé.
10 décembre 2011, 17:55   Re : Historiens
Chère Cassandre, votre bottage en touche était du cousu-main. Je ne vois pas en quoi "Intouchables" ou l'excellent article que lui consacre Variety serait une inspiration à aller effacer sur Wikipedia les traces que Cuvier professait la supériorité de la race caucasienne (lesquelles ne se résument pas, loin s'en faut, au Mémoire analysé plus haut).
10 décembre 2011, 19:00   Re : Historiens
M. Brunet ne connaît effectivement pas le verbe conclure, si sur le plan de la conjugaison ni sur le plan rhétorique, puisqu’il répète sans se lasser à propos des nauséabonds dérapages de l’intolérable Cuvier que « ça y est quand même ». Et comme M. Brunet rumine ses griefs, c’est nous à présent qu’il suspecte de vouloir effacer les citations compromettantes pour Cuvier, ce qui est tout de même un comble.

Je propose à M. Brunet (que je soupçonne d’avoir contribué aux articles litigieux sur wikipedia, tant cela lui tient à cœur) une solution très simple qui est de rétablir sur la célèbre encyclopédie des mabouls des citations complètes. Pas de « Les races à crâne déprimé et comprimé sont condamnées à une éternelle infériorité. » dans l’article Saartjie Baartman, mais le passage entier, depuis Bruce et les shangallas d’Abyssinie comme ancêtre des Égyptiens, jusqu’à la réfutation par Cuvier des Boschimans comme Égyptiens, suivie de la phrase sur le crâne plat. Et ainsi du reste, le visage d’orang-outang, les fesses de mandrill, etc. Le passage entier, sans tricher.

On n’efface rien, on rajoute (l’ajout que Marcel a fait l’autre jour a été effacé, peut-être par M. Brunet, qui sait). Les lecteurs sont capables de juger par eux-mêmes, non ?
10 décembre 2011, 19:27   Re : Historiens
Il y a une solution, c'est de placer le texte complet dans "wikisource" et d'ajouter un renvoi dans l'article (je ne sais pas faire ça, il faudrait regarder de plus près).
10 décembre 2011, 19:28   Re : Historiens
La solution proposée par Marcel me semble très raisonnable, sinon ce ne sont plus des articles, ce sont des collages d'extraits d'ouvrages.
10 décembre 2011, 19:34   Re : Historiens
"ou l'excellent article que lui consacre Variety "

Merci, cher JBrunet du renseignement. C'est celui que cherchait Alain N et que j'ai été incapable de lui fournir.
10 décembre 2011, 20:54   Re : Historiens
Cela me paraît une excellente solution, d'autant plus que la langue de Cuvier est très belle.

l’ajout que Marcel a fait l’autre jour a été effacé, peut-être par M. Brunet, qui sait
Non.
M. Brunet, que je soupçonne d’avoir contribué aux articles litigieux sur wikipedia,
Non plus. J'ai contribué à des articles qui ont été massivement remaniés, et à mauvais escient, comme je l'ai indiqué, mais sur des sujets fort peu "litigieux".
...tant cela lui tient à cœur ...Et comme M. Brunet rumine ses griefs
Vous me reconnaitrez peut-être, dans votre grande subtilité exégétique, qu'en bon paranoïaque, j'avais prévu ce coup-là: m'accuser d'obsession, si j'osais vous répondre plus de deux fois, même avec des arguments. (J'en ai d'autres, je vous les épargnerai).

Je suis heureux d'avoir contribué à une solution collective pour améliorer cette entreprise éminemment citoyenne (je plaisante, je plaisante) qu'est Wikipedia, sur un sujet qui me tient effectivement à cœur et qui est l"histoire des sciences, et j'arrêterai là mes interventions sur ce fil.
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 20:56   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
10 décembre 2011, 21:04   Re : Historiens
Nous verrons, cher M. Bourjon, nous verrons. Tout cela est très chronophage. Et puis, j'essaie d'émuler votre ton cinglant, mais à mon grand dépit, personne ne tremble.
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 21:07   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
10 décembre 2011, 21:18   Re : Historiens
Sans aucun doute.
(arrêtons-là, arrêtons-là, ça ressemble de plus en plus à "Carnage", dont je sors juste et qui ne vaut pas pipette.)
Utilisateur anonyme
10 décembre 2011, 21:21   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
10 décembre 2011, 23:18   Téléscopages
En tout cas, je me souviens que M. Brunet avait quitté le forum à l'occasion de la Fête du Saucisson promise, et déçue, et voilà qu'il revient au moment où Francis présente à la vendeuse salafiste noire, retour du rayon lingerie féminine, un même joli saucisson délicatement enveloppé de dentelle noire.
10 décembre 2011, 23:42   Re : Téléscopages
Plus sérieusement (encore que la rosette, ce soit sérieux), j'ai un peu l'impression que cette polémique sur le racisme supposé de Cuvier n'est qu'un prétexte, puisque les protagonistes sont d'accord sur l'essentiel : Cuvier était raciste, puisqu’il concluait au caractère éternel et fatal de la supériorité d'une race sur une autre, mais il n'y aurait guère de sens à projeter sur l'époque la charge péjorative et improbatrice que revêt ce terme aujourd'hui, étant donné les présupposés idéologiques de cette époque ?...
11 décembre 2011, 09:09   Re : Historiens
Pas tout à fait, cher Alain, pas tout à fait. La polémique portait sur l’usage... polémique de citations sorties de leur contexte sur une célèbre encyclopédie en ligne écrite par des spécialistes auto-proclamés. Si on isole d’une étude anatomique de la Vénus hottentote, par Cuvier, les expressions « visage de singe », « fesses de mandrill », etc., tous les lecteurs comprennent que Cuvier pensait que Mme Baartmann était plus proche du singe que de l’homme, qu’elle constituait aux yeux de Cuvier un chaînon manquant, etc. Or Cuvier écrivait avant que la théorie de l’évolution ne soit inventée, il était fixiste, il pensait que le Créateur avait créé des types humains bien distincts (quoique appartenant à la même race), en s’abstenant soigneusement de créer des types intermédiaires (donc pas de Boschimanne qui « ferait le pont »), il ironisait à propos des naturalistes qui croient les noirs interféconds avec les orang-outang, enfin il croyait à peu près le contraire de ce que comprendront les wikinautes en lisant les citations sorties du contexte.

On peut ajouter que Cuvier, étant anatomiste comparé, prend le type le plus complexe et décrit ensuite le moins complexe par comparaison : le cerveau de la mouche par référence au cerveau humain (chez la mouche, c’est plus simple). De même avec la Vénus, qu’il suppose moins complexe (oui, je sais, c’est raciste, au sens courant du terme). C’est donc, je crois, faire une énorme erreur d’interprétation que de tirer de tout cela une volonté (même inconsciente, même explicable culturellement) d’animaliser Mme Baartmann. Je crois qu’on colle mieux à la pensée de Cuvier quand on relève que l’examen de Mme Baartmann réduit la distance qu’il y a entre nous tous et le singe ; j’avais une jolie citation, mais je l’ai perdue. (Mais chut, vous allez faire revenir M. Brunet, qui va vous répéter pour la quatrième fois que ça y est quand même et que je chipote.)
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 09:14   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 09:51   Re : Historiens
« Cuvier était raciste, puisqu’il concluait au caractère éternel et fatal de la supériorité d'une race sur une autre ».

Ah ben alors ça va, je suis paraciste...
11 décembre 2011, 10:17   Re : Historiens
Chatterton, ostinato:
“il pensait que le Créateur avait créé des types humains bien distincts (quoique appartenant à la même race [ici M. Chatterton veut dire “espèce”]), en s’abstenant soigneusement de créer des types intermédiaires (donc pas de Boschimanne qui « ferait le pont »)”.
Georges Cuvier, imperturbable:
“La race nègre est confinée au midi de l’Atlas; son teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne comprimé, et son nez écrasé; son museau saillant et ses grosses lèvres, la rapprochent manifestement des singes: les peuplades qui la composent sont toujours restées barbares.”
Le règne animal distribué d'après son organisation : Pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux et d'introduction à l'anatomie comparée, Déterville libraire, Imprimerie de A. Belin, Paris, 4 tomes, 1817. (page 95).

(Admirez la concision des deux points).

(Cela étant, M. Chatterton a en grande partie raison sur "l'absence de types intermédiaires". Il y a seulement que les naturalistes de l'époque, et Cuvier ne fait pas exception, nageaient nécessairement dans les contradictions, puisqu'ils n'avaient pas découvert l'évolution. Il est très rusé de la part de M. Chatterton d'utiliser les contradictions internes de Cuvier pour réviser son discours dans le sens qui l'arrange). (Enfin, faut-il préciser, s'il existe bien des types intermédiaires dans la Nature, ou plutôt des degrés divers d'apparentement (il n'y a même que ça, comme Geoffroy en avait eu l'intuition un peu trop tôt), la race noire de Sapiens n'est en aucune façon plus apparentée que la
blanche avec les autres grands singes). (Uffa).
11 décembre 2011, 11:18   Re : Historiens
Citation
JGL
Simon Epstein est un grand historien à la fois par la méthode pour laquelle il opte (la prosopographie, les faits, les archives, en particulier celles de la LICA), par son honnêteté vraie (les faits situés dans leur contexte certes, mais restitués de la façon la plus fidèle possible et étudiés sans préjugé) et par l'importance des conclusions auxquelles il parvient : critique de la thèse des "deux France", le pacifisme comme moteur principal de l'engagement dans la Collaboration, le nationalisme comme moteur de l'engagement dans la Résistance. Je viens de lire deux de ses ouvrages : Dreyfusards sous l'Occupation (lu en diagonale il y a dix ans) et Un Paradoxe français, Albin Michel, 2008.

Dans ces deux ouvrages, ce que montre aussi et critique Epstein, ce sont les partis pris, les aveuglements, le dogmatisme des historiens français, même les plus connus (Azéma, Winock, Rioux, O. Wieviorka, etc.), tous "professeurs", tous universitaires, docteurs, chercheurs, etc. qui, au sujet d'événements aussi importants au XXe siècle que l'Affaire Dreyfus, la Guerre de 1914, le 6 février 1934, le Front populaire, Munich, la défaite de juin 1940, la Collaboration, la Résistance et toutes les répercussions de ces événements dans les années qui ont suivi, jusqu'en 2007, ont dans chacun de leurs livres préféré le dogme aux faits ou réduit les faits, quitte à les déformer ou à les occulter, aux intérêts politiques ou idéologiques d'un camp.

On pouvait penser naïvement que ce rôle d'idéologue ou de membre du clergé attaché à une idéologie était réservé aux sociologues spécialisés dans la dénégation du réel (Kepel, qui est pourtant un chercheur digne de ce nom, nous en a donné un bel exemple lors de la dernière émission de Répliques) ou encore aux islamologues ou aux "experts de l'islam" lors de l'affaire Gouguenheim qui, pendant les mois de janvier et février 2011 au moment du prétendu "printemps" prétendument "arabe" (lequel avait tout d'un hiver islamique), se sont répandus dans la presse, à la radio ou à la télévision pour prendre parti dans ces événements et donnant le sentiment aux quelques non gogos qui les écoutaient ébahis qu'ils n'avaient pas lu la moindre ligne du Coran ou ne connaissaient de l'Egypte que le Club Med d'Hourghada où ils sont restés une semaine en villégiature.

Or ce rôle est quasiment le seul qui existe dans les départements et centres de recherche en sciences humaines et sociales des universités ou autres instituts savants. Simon Leys il y a une quarantaine d'années, au sujet des divers communismes, s'en indignait ironiquement, mais aussi Robert Conquest (in Sanglantes Moissons), Jacques Rossi, Revel (La Connaissance inutile). L'aveuglement (ou la servitude volontaire à une idéologie) est si dramatique que, pour lire quoi que ce soit de fiable sur la France et l'idéologie en France, il faut lire les historiens étrangers. Epstein est israélien, Leys belge, Weber américain (Paxton aussi), Conquest anglais...

On n'ose penser à l'effarement qui doit saisir les chercheurs français, les vrais, docteurs, professeurs, etc., ceux qui exercent leurs talents en astrophysique, en chimie, en biologie, etc. et qui modifient leurs hypothèses ou leurs théories dès que le moindre fait les contredit ou ne s'y plie pas, ou vérifient dix fois, cent fois par des expériences variées les hypothèses qu'ils avancent, etc. quand ils apprennent d'Epstein, de Conquest ou de Leys, etc. que leurs collègues d'en face, ayant le même statut et le même traitement qu'eux, continuent à enseigner que la Terre est plate comme une limande, même quand on leur montre des photos de notre astre prises de l'espace, parce que une sommité quelconque, saint Pantouflard sans doute ou saint Mol Oreiller de la Paresse, exigeait d'eux qu'ils restassent fidèles au monde de Ptolémée.


Cette émission de France Culture avait agacé bien du monde ! Tout cela était "parti" du film sorti alors et retraçant la vie de cette femme.

Cf lien :

[regardfc.forumn.net]
11 décembre 2011, 11:34   Re : Historiens
Georges Cuvier, imperturbable:
“La race nègre est confinée au midi de l’Atlas; son teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne comprimé, et son nez écrasé; son museau saillant et ses grosses lèvres, la rapprochent manifestement des singes: les peuplades qui la composent sont toujours restées barbares.”


JF Brunet, quel est donc ce "racisme" là ? Lisez bien mot à mot ce qui est écrit. Il est écrit "noir", "crépus", "crâne comprimé", "nez écrasé", "museau saillant", "grosses lèvres". Il s'agit d'un ensemble de caractéristiques incontestables, nommées sous formes d'adjectifs "physionométriques" entièrement définis en référence au type caucasien (lèvres plus grosses que des lèvres caucasiennes, crâne d'apparence comprimée par rapport à un crâne caucasien, etc.). Quoi de plus naturel et de plus humain et normal que de décrire et de qualifier la nouveauté en référence au connu ? A l'époque de Cuvier, il y avait de la nouveauté, plus aujourd'hui, où la nouveauté n'est plus et où toute description ou toute caractérisation en référence à un connu particulier ou familier est interdite. Nous vivons dans un monde, le XXIe siècle où la proximité est encouragée à condition qu'elle ne fasse point référence, qu'elle ne forme point le centre d'un système de référence.

Pour vous aider à comprendre cela, permettez-moi de vous rapporter une expérience mienne d'il y a plus de vingt-cinq ans, à Taiwan, pays et époque où la nouveauté était encore possible. En l'occurrence, le nouveau, le spécimen de cirque, c'était moi, l'Européen. J'étais l'ami d'un couple chinois dont la dame possédait une admirable culture chinoise classique. Elle m'enseignait tout ce que je pouvais apprendre auprès d'elle de cette langue et de cette civilisation. Elle était une humaniste, une personne éclairée, elle présentait la pensée chinoise classique, le confucianisme et le néo-confucianisme en des termes humanistes, universalistes, très civilisés. Qui plus est, elle n'adoptait envers l'Occident aucune des attitudes ethnocentrées que l'on rencontre en Orient, chez les Chinois en particulier, et elle vénérait Sun Yat-sen, la République, les idéaux éclairés qui sous-tendent la démocratie. Jamais personne n'a gracieusement gaspillé de son temps à vouloir m'enseigner une langue et une culture étrangère comme elle l'a fait. Et ses connaissances paraissaient sans bornes. Elle connaissait cette langue, ses différents niveaux, ses diverses formes d'écriture et de style, apparemment dans ses moindres recoins. J'étais le seul ami occidental qu'elle ait jamais eu. Et je puis dire que nous étions très liés.

Un jour qu'elle me faisait le récit des premiers contacts qu'eurent les Chinois avec les Occidentaux, elle me dit que ces derniers effrayèrent les autochtones par leur aspect. Je me fis légèrement provoquant:

"Ah bon, mais qu'est-ce qui est si effrayant dans notre aspect ?
-- et bien ... enfin vous me comprenez Francis, vous avez les yeux enfoncés dans les orbites, des regards de fauve, etc.."

Il existe un caractère chinois très simple à retenir, qui se prononce "ao" (premier ton) et s'écrit comme ceci: 凹 et qui signifie, « creux », concave, etc. C’est ce terme qu’elle employa pour désigner les « yeux enfoncés dans les orbites » chez les Occidentaux.

Aussitôt, j’entrepris de poursuivre ma petite provocation, et, conscient que je la mettrais mal à l’aise, je lui rétorquai : « ce n’est pas nous, Occidentaux, qui avons les yeux 凹 mais vous, les Chinois qui les avez « convexes » (à fleur de tête), et j’employai le mot contraire à 凹 qui se prononce "tu " (premier ton) et s’écrit (vous l’aurez deviné) 凸 »

Je vis mon amie vaciller, broncher, perdre contenance, lever les yeux au ciel : son système physionométrique de référence sino-centré venait de mourir, de basculer dans le relativisme universel. Jamais je ne me sentis plus proche d’elle qu’à ce moment.

Comprenez-vous bien que le concept, le mot de « racisme » n’ont aucunement à être invoqués dans des moments pareils si ce n’est comme outil d’une manipulation intéressée, comme moyen d’extorquer de celui ou de celle dont le système de référence cratylien n’a pas encore basculé, un dédommagement moral injuste, indû, en mettant en œuvre une mauvaise foi foncièrement putassière ?
11 décembre 2011, 11:44   Re : Historiens
En fait ce qu’il faut dire au crédit de Cuvier, plutôt que de nier contre toute évidence le contenu raciste de son discours, c’est que, si la doxa raciste parle à travers lui (et comment en serait-il autrement ?) et s’il a contribué à lui donner une forme qui n’est sans doute pas restée sans influence, comme il est un grand scientifique —cette science « qui ne pense pas », selon certains—, il érode la doxa dans ses marges, en faisant bien volontiers affleurer des observations qui ne « collent » pas, et participe donc aussi à son futur renversement: ainsi, il « s’étonne » de trouver des traces d’animalité dans la race caucasienne (l’étonnement, c’est la doxa, les traces d’animalité, c’est la science) ; ainsi, il note un trait qui distingue la fesse de la Vénus de celle du Mandrill ; ainsi, il reconnaît (contre de moins bons scientifiques que lui) que les noirs ne se croisent pas avec les orang-outangs et ne font donc pas partie de leur espèce, mais bien de la nôtre, etc… Un bon article dans Wikipedia maintiendrait les deux aspects du tableau.
11 décembre 2011, 11:51   Re : Historiens
C'est cela même M. Marche, Cuvier se sentait émotionnellement très proche de sa grande amie Boschimanne.
11 décembre 2011, 13:26   Re : Historiens
Pourquoi voulez-vous que Cuvier nage dans les contradictions ? Vous le lisez de façon complètement anachronique à la lumière de la seule doxa qui perce dans ce débat qui est la doxa antiraciste, celle qui se répand sur wikipedia, par la faute de gens comme vous, et qui fait fleurir des condamnations morales au milieu d’articles [pseudo-]scientifiques. L’article Cuvier sur wikipedia comprend par exemple trois rubriques sur le contenu de la pensée de Cuvier : son œuvre, son opposition au transformisme et... son racisme.

Un bon article dans wikipedia commencerait par ne pas confondre article encyclopédique et tribunal condamnant la mémoire d’hommes du XIXe siècle pour nazisme par anticipation.
11 décembre 2011, 14:10   Re : Historiens
On peut être à peu près sur que ceux qui pinaillent aujourd'hui sur la moindre phrase, voire le moindre mot censé trahir le racisme des grands auteurs du passé - et du présent- eussent été de ceux qui traquaient le moindre signe d'hérésie sous l'inquisition, le moindre signe de réaction sous la terreur, le moindre signe de social- traîtrisme sous le bolchevisme et le moindre signe de philosémitisme sous le nazisme et le moindre manque de respect au prophète sous la domination musulmane . Antiracistes, ils voient le racisme partout, comme les puritains voyaient le vice partout.
11 décembre 2011, 14:39   Re : Historiens
Pourquoi voulez-vous que Cuvier nage dans les contradictions ?
Mais pour la raison que je viens de vous expliquer, Monsieur (et vous allez m'accuser de me répéter, encore): parce qu'il était fixiste, donc ne voulait pas voir d'"intermédiaire" et puis finalement en voyait, car il y en avait, mais pas toujours au bon endroit (en l'occurrence).

Et Cassandre qui [censuré] me traite, en passant, de nazi...

Les effets de meute in-nocents...
11 décembre 2011, 15:03   Re : Historiens
Mais pour la raison que je viens de vous expliquer, Monsieur (et vous allez m'accuser de me répéter, encore): parce qu'il était fixiste, donc ne voulait pas voir d'"intermédiaire" et puis finalement en voyait, car il y en avait, mais pas toujours au bon endroit (en l'occurrence).

Au oui, très bien, c’est parfaitement bien observé, je n’ai rien à répondre, je suis défait. Cuvier aurait dû comprendre l'évolutionnisme, mais il n’a pas pigé. Il aurait dû voir, mais il n’a pas vu. De sorte que le moindre étudiant de première année peut lui dire aujourd’hui : mais monsieur Cuvier, vous étiez vraiment complètement bouché. — Mais... mais au fait, vous êtes sûr que ce n’est pas la définition même de ce que je vous reproche (amicalement, personne ici ne vous traite de nazi) : l’interprétation téléologique, l’anachronisme ?

Cet échange commence à m’amuser beaucoup. Je suis un (tout petit) peu historien, des gens (probablement inconscients) m’ont octroyé des grades académiques d’historien (dans deux domaines complètements différents, aucun des deux n’ayant le moindre rapport avec le sujet du jour). Et je me souviens de conversations lointaines avec mes maîtres qui m’expliquaient que ce n’était pas la peine d’essayer de débattre avec des gens qui ne sont pas eux-mêmes historiens, qu’on avait plus vite fait d’enseigner les couleurs à un aveugle.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 15:32   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 16:25   Re : Historiens
"(amicalement, personne ici ne vous traite de nazi) "
Evidemment !
Mais ... qui vous dit que, Allemand, vous ne l'eussiez pas été comme, allemande, je l'aurais peut-être été moi-même ! Comment, à moins d'anachronisme, pourriez-vous en être sûr ?
11 décembre 2011, 18:40   Re : Historiens
Cuvier aurait dû comprendre l'évolutionnisme, mais il n’a pas pigé. Il aurait dû voir, mais il n’a pas vu.

Non, Cuvier n'aurait pas dû comprendre quoi que ce soit, non je ne suis pas plus malin que lui, non, je n'ai écrit aucun des niaiseries ni des anachronismes que vous faites semblant d'avoir lus sous ma plume. Simplement, tant que l'évolution n'a pas été inventée, on est condamné à des contradictions lorsqu'on compare les espèces, voire à des incohérences. On voit des termes de passages, on voit des ressemblances, mais on ne peut pas les penser. Donc on les nie et, à l'occasion, on les souligne. C'est ce que fait Cuvier, qui refuse les "intermédiaires" (encore que ce ne soit absolument vrai qu'entre "embranchements", moins au sein des vertébrés), mais dans le même temps il dit "son museau saillant et ses grosses lèvres, la RAPPROCHENT MANIFESTEMENT des singes" (excusez-moi pour les majuscules, mais je voudrais être sûr que vous avez lu les mots "rapprochent" et "manifestement" au cas, certes improbable, où vous leur trouveriez un sens). Donc, ce que je reproche moi, au modeste grand historien que vous êtes, c'est d'utiliser ces contradictions pour effacer une partie du discours de Cuvier, en disant des choses justes mais incomplètes, et donc trompeuses.

Pour Cassandre: les proclamations du plus grand anatomiste de son époque sur l'infériorité (mot utilisé à de nombreuses reprises et dont Chatterton ne sait manifestement pas quoi faire) de la race noire ne sont pas ces "moindres phrases", ces "moindres mots" sur lesquels vous accusez de "pinailler". En ne voyant de racisme nulle part, en déconstruisant la notion jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de sens, ni d'histoire, vous faites la même chose que ceux qui en voient partout.

Cela étant dit, je préfère conclure par l'hommage que je rendais tantôt à Cuvier, en le répétant en plus bref:
"Si la doxa raciste parle à travers lui (et comment aurait-il pu en être autrement ?) et s’il contribue à lui donner une forme qui n’est sans doute pas restée sans influence, comme il est un grand scientifique, il érode la doxa dans ses marges, en faisant volontiers affleurer des observations qui ne « collent » pas, et participe donc aussi à son futur renversement".

PS. M. Bourjon, avez-vous une idée du mot prétendument "censuré" au milieu de mon message précédent? Ou est-ce un bug ?
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 18:50   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 19:00   Re : Historiens
Réponse naïve:

La Science. (Je pense d'ailleurs que c'est pour ça que tant de philosophes, au fond, la détestent).

Une correction? Je ne me souviens pas avoir mis de mot entre "qui" et "me traite". Enfin passons...
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 19:03   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 19:06   Re : Historiens
Elle a été pensée tout exprès pour vous...
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 19:16   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 19:19   Re : Historiens
Qui vous dit que je ne vois le racisme nulle part ? Je le vois quand il est dangereux c'est-à-dire quand il s'exprime avec haine, appelle explicitement aux violences et au meurtre de personnes qui ne vous ont strictement, concrètement, objectivement, rien fait et, à plus forte raison, quand il passe à l'acte. Je vois par exemple très bien, aujourd'hui, le racisme anti-blanc...
11 décembre 2011, 19:24   Re : Historiens
En ne voyant de racisme nulle part, en déconstruisant la notion jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de sens, ni d'histoire, vous faites la même chose que ceux qui en voient partout.

Non monsieur. Nous demandons seulement qu’un auteur ne soit pas jugé de façon anachronique sous le prétexte fallacieux de vulgarisation scientifique. Il n’y a pas à « effacer une partie du discours de Cuvier » (vous me reprochez depuis le début de vouloir effacer quelque chose, vraisemblablement des bouts de citation sur wikipedia), il y a à restituer ce discours dans sa cohérence et ses références propres. Mais ce qui vous gêne, ce n’est pas que je veuille « effacer » quoi que ce soit (je n’ai jamais rien écrit qui aille dans ce sens, demandant au contraire des citations complètes), mais que je ne m’associe pas à vos cris d’orfraie quand Cuvier trouve le crâne plat à sa Boschimanne ou observe que les nègres, qui vivent au sud de l’Atlas, n’ont point de civilisation.
11 décembre 2011, 20:08   Re : Historiens
Vous semble-t-elle scientifique, cette "réponse" ?
Vous ne pensez tout de même pas, cher Didier, que chacune de vos paroles mérite une réponse scientifique?
11 décembre 2011, 20:58   Re : Historiens
Certes, chère Cassandre, je vous accorde que le racisme de Cuvier, ou plutôt de son époque, n'est pas très menaçant. Mais ce n'est pas une raison pour le nier (du point de vue de la science historique) et de plus, du point de vue politique ou stratégique qui vous occupe, ce me semble une très mauvaise idée de le nier ou de le balayer sous le tapis, en fait une idée presque mystérieusement mauvaise étant donnés vos talents polémiques, car cela vous empêche ensuite de faire valoir combien, nous occidentaux (et peut-être nous seulement? suivent des exemples de racisme anti-blanc ou inter-africain, etc...), collectivement, par le mouvement même de notre admirable civilisation (dont Cuvier est un éminent représentant) avons fait de progrès sur ce plan, à quel point nous avons su dompter notre racisme inévitable et antique, l'immense et héroïque travail sur nous-même que nous avons su accomplir. Déclareriez-vous que la race noire est "rapprochée" de l'espèce des singes? Si non, à quel profit prétendre qu'il ne s'est rien passé?
Utilisateur anonyme
11 décembre 2011, 21:31   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
11 décembre 2011, 22:42   Re : Historiens
Cher Didier, permettez-moi une humble "défense" de M. Brunet (cela dit non seulement il n'a rien demandé, mais je doute qu'il en ait besoin) : je suis d'abord surpris par une sorte de procès d'intention qui lui est fait, en l'occurrence, alors qu'il a explicitement exprimé des vues qui vont à l'encontre de ce qui lui est reproché, commençant d'emblée par dire que "Accuser Cuvier de racisme n’a aucun sens puisque tout le monde l’était à l’époque". La deuxième partie de la phrase ("mais vouloir l’en disculper est encore plus ridicule") aboutit finalement à un éloge de l'honnêteté intellectuelle du grand scientifique qu'était Cuvier, qui malgré la doxa admise et dont il partagait les présupposés, a su relever les faits qui allaient à l'encontre de ce paradigme et, semble-t-il, ne pas les balayer comme des anomalies insignifiantes à peine dignes d'être mentionnées.
J'ai franchement du mal à voir en quoi une telle attitude serait critiquable ??

» Vous semble-t-elle scientifique, cette "réponse" ?

Didier, ce serai plutôt votre question qui ne peut recevoir de réponse "scientifique", parce que le discours sur la science ne peut être "scientifique" au sens où l'est son propre objet d’étude.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 00:35   Re : Historiens
Je suis de l'avis d'Alain Eytan.
12 décembre 2011, 04:33   Re : Historiens
Je partage également, si je puis me permettre, l'avis d'Alain Eytan.

J'ai suivi avec attention l'ensemble de la discussion et je m'étais promis d'intervenir en prenant moi aussi pour point de départ cette phrase suffisamment éloquente de JF Brunet dans son commentaire inaugural : "Accuser Cuvier de racisme n’a aucun sens puisque tout le monde l’était à l’époque, mais vouloir l’en disculper est encore plus ridicule.". Elle sonne juste à mes oreilles.

Le racisme est la théorie qui postule la supériorité de certaines races, sommes-nous tous d'accord sur ce point ?

Les XVIIe et XVIIIe siècles, à l'exception près, dans les milieux où évolue Cuvier, partageaient bien le postulat de la supériorité de la race blanche, postulat érigé en doxa scientifique que Cuvier a le mérite d'égratigner.

Moi qui ne suis, comme Chatterton et pour reprendre, s'il m'y autorise, ses propos, qu'un (tout petit peu) historien, ayant reçu de gens probablement inconscients, j'ajouterais, fort imprudents, des grades académiques dans un domaine qui n'a aucun rapport avec l'objet de ce débat (en l'occurrence et s'il faut s'étaler, en romaine), j'ai retenu de mes maîtres que le premier devoir de l'historien consistait à replacer un discours ou un événement dans son contexte.
Il me semble que, d'emblée, JF Brunet énonce une vérité non seulement, difficilement contestable, mais conforme à l'idée que nous nous faisons de l'histoire comme discipline susceptible d'éclairer une époque et ses rouages de l'intérieur et non à la manière de procureurs distribuant les bons points sur la base de critères moraux anachroniques.
Honnêtement, je ne vois pas très bien en quoi la lecture de JF Brunet déroge au principe élémentaire d'une restitution du discours de Cuvier dans " sa cohérence et ses références propres".

Chère Cassandre, lorsque vous répondez à JF Brunet, je cite : "Je le vois [le racisme ] quand il est dangereux c'est-à-dire quand il s'exprime avec haine, appelle explicitement aux violences et au meurtre de personnes qui ne vous ont strictement, concrètement, objectivement, rien fait et, à plus forte raison, quand il passe à l'acte.", je suppose que vous voulez dire que vous le voyez chaque fois qu'il existe, là où il est ; mais que vous ne vous en inquiétez QUE "quand il est dangereux etc." ?

En réalité, comme dit l'adage, chat échaudé craint l'eau froide. Or si l'on prend un peu de recul par rapport à cette passionnante controverse, mais je vous invite cordialement à me contredire le cas échéant, la chose qui suscite cette immédiate levée de boucliers est, peut-être, la crainte de voir se profiler dans l'ombre des propos de JF Brunet les jugements de valeur anachroniques auxquels les Pascal Blanchards, Olivier Le Cour Grandmaison et autres Gilles Manceron, pour ne citer qu'eux - mais ils valent le détour ! - nous ont habitués ces dernières années, lesquels sévissent régulièrement sur les plateaux de télévision où ils sont invités es qualité de spécialistes quand ils piétinent outrageusement les principes déontologiques élémentaires de la noble matière qu'ils sont censés représenter, ne serait-ce que par la perspective téléologique qui suinte de leurs écrits. Idéologues dont ne manquent pas de s'inspirer nonobstant certains articles de Wikipédia, notamment sur le thème du racisme.

Pour conclure, cette question :

Jugerions-nous le discours de Cuvier exempt de toute appréciation raciste, que penser, subséquemment, d'un Ibn Khaldoun assénant tranquillement dans sa Muqaddima que "si le peuple des nègres accepte d'être traité en esclave, c'est que le nègre est plus proche de l'animal que de l'être humain" ?
Je peux être moi aussi de l'avis d'Alain Eytan. Je voudrais y ajouter pour mémoire que les Africains, dans certains pays, dans certaines régions, et cela a encore été documenté dans les années 2009-2010 vont dénicher leurs congénères albinos pour les découper en morceau et extraire de leurs organes des produits médicinaux. Et voilà que l'on vient chercher des poux à ce malheureux Cuvier pour s'être interrogé en scientifique de son temps sur des spécimens ou des types humains inconnus en des termes que CETTE EPOQUE réprouve par ses habituels assauts de vertu contre l'homme européen.

The first ever conviction for the killing of an albino in Tanzania occurred on 23 September 2009 at the High Court in Kahama.[10][11][12][13] The conviction came about following the murder and mutilation of a 14-year-old boy, Matatizo Dunia, who was attacked by three men in Bukombe district in Shinyanga Region in December 2008.[12][13][14][15] The men carried Dunia from his home late at night before chopping him into pieces.[3]
One of them was later found with Dunia's leg in his possession.[3] The rest of Dunia's body parts were located concealed in shrubbery.[3] The men confessed a desire to sell Dunia's parts to a witch doctor, yet despite this, their legal team had not anticipated the death sentence of hanging which the three men would receive.[3][14]


Victims include children snatched or abducted from their parents. The killers and their accomplices use hair, arms, legs, skin, eyes, genitals, and blood in rituals or for witch potions.[1][5] Fishermen incorporate albino hair into their nets in their hope to catch more fish from Lake Victoria or to find gold in the belly of the fish that they catch.[1][6]

[en.wikipedia.org]
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 07:23   Re : L'art de combattre le racisme PARTOUT - sauf là où il renaît.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 09:10   Re : Historiens
Je suis complètement d’accord avec Francis Marche et je rappelle à Alain, Serge et Michel que le débat (que j’ai lancé, moi), portait sur des citations tronquées sur wikipedia.

Il me semble que vous êtes dangereusement prêts de dire que, du moment que Cuvier a indiscutablement trouvé le Boschiman à crâne plat et le nègre barbare, on peut lui sauter dessus et le traiter de sale raciste.
12 décembre 2011, 10:12   Re : Historiens
J'entends les arguments des uns et des autres et je vous repose la question dans l'espoir d'une réponse :

Où situez-vous l'affirmation d'Ibn Khaldoun ?
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 10:16   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 11:08   Re : Historiens
Et quelles conclusions les Boschimans, entre autres, de l'époque de Cuvier eussent-ils tiré de l'observation des Caucasiens à crâne rond? Quelle chance ils ont eu d'être assez arriérés - culturellement parlant je précise pour tous les Brunet de France et de Navarre - pour ne pas avoir eu à se poser le genre de questions que se sont posés ceux qui, tel Cuvier, ont essuyé au risque de moult erreurs, progressivement corrigées, les plâtres de la paléontologie et de l'anthropologie. Ces savants sont comme Colomb qui cherchant les Indes a découvert l'Amérique.
D'autre part, je doute fort en ce qui me concerne de la sincérité de l'antiracisme de la caste intello-politico-médiatique qui nous gouverne. Je m'en suis déjà expliquée sur ce forum. Il s'agissait en fait de faire la leçon au peuple français qui n'en n'avait nul besoin car c'était sans doute le peuple le moins raciste du monde. En fait j'ai idée que c'est plutôt dans la parentèle de cette caste au pouvoir qu'il faudrait chercher les vrais responsables des heureslesplussombresdenotrehistoire. Elle fait ainsi d'une pierre deux coups : se redonner une virginité morale sur le dos du peuple qui n'en peut mais et en profiter pour se débarrasser de celui-ci en le noyant sous l'immigration. Ce n'est pas par antiracisme qu'ils agissent mais par haine de leur peuple.
Je ne sais pas si l'humanité a grandement gagné à cet antiracisme là car à force de dénigrement radical de leur civilisation et de leur culture - dénigrement avantageux pour eux-mêmes, ne l'oublions jamais - tout se passe comme si - je dis bien "comme si" - les amis du Désastre, avaient donné blanc-seing aux peuples décolonisés de se montrer sans complexes tels que les racistes les voyaient et parfois pires..
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 11:14   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
“M. Brunet idéologiquement décortiqué.”

Et en tout confort, qui plus est, pendant que l’on censurait ses réponses à des tombereaux d’insultes (dont on corrigeait ensuite les plus pendables excès), que l’on bloquait son accès au forum et qu’on l’obligeait à se réinscrire.

"M. Brunet, à vous. »

Bien, bien, on arrive (c’est quoi déjà mon nouveau mot de passe ? ah oui, podu591). Concernant Cuvier, j’ai exprimé tout ce que j’avais à dire, à plusieurs reprises, de la façon la plus claire que je pouvais, et qui a été parfaitement comprise me semble-t-il, résumée et reformulée encore par Alain Eytan et Serge (que je remercie au passage).

Concernant le dernier pointage du doigt de Cassandre, sur le thème « qu’auraient fait les Boschimans, hein?”, la réponse me semble: probablement la même chose. Et alors? Vous ne voyez plus rien à penser, du coup? Cela me fait penser, moi, que là où M. Bourjon m’accuse de mépriser ma civilisation, il se pourrait que j’en chérisse mieux que lui certains de ses plus précieux aspects (pour rester dans le grand ton qu'il affectionne).

Concernant l’embryon de débat philosophique qui a suivi l’affaire Cuvier: je ne vois pas la possibilité de converser avec quelqu’un qui vous dit «Trop beau la réponse », mais qui ne peut supporter la moindre pique en retour, vous déclare fielleux après vous avoir vomi dessus et, pour faire bonne mesure, finit par vous couper physiquement le sifflet. Mes réponses, au demeurant — pardon, mes « réponses »— un peu lapidaires certes, étaient tout ce qu’il y a de plus sérieux. Alain Eytan a adéquatement extrait le sens de la dernière.

Appelez cela de la défausse et traitez-moi de clown intellectuel tant qu'il vous plaira, je trouve pour ma part que votre cumul des rôles de débatteur, de modérateur et de censeur relève d’un mélange des genres tout à fait malsain.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 14:51   Re : L'art de combattre le racisme PARTOUT - sauf là où il renaît.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 14:55   Re : L'art de combattre le racisme PARTOUT - sauf là où il renaît.
Il semble que M. Brunet ne sache apprécier à leur juste valeur la virilité courtoise, l'aimable emportement, la violence suave,l'agressivité pleine de douceur des interventions de M.Bourjon. Dommage pour lui , il faudrait plus de subtilité pour en déceler toute l'irascible délicatesse. Plus d'écoute, que diable!
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 15:03   Re : L'art de combattre le racisme PARTOUT - sauf là où il renaît.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 15:19   Re : Historiens
Si je fais le bilan :

1. Je suis tombé d’accord avec M. Brunet pour qu’il n’y ait pas de citations tronquées sur wikipedia. Pas de Boschimans condamnés à l’obscurantisme sans préciser que c’est à la fin d’une réfutation du noir comme fondateur de l’Égypte antique.

2. M. Brunet pose (et propose comme une solution de compromis) que Cuvier est dans la doxa raciste, ou qu'elle parle à travers lui, mais que, grand savant, il l’érode dans ses marges, parce qu’il voit bien que « ça ne colle pas ». Je propose une formulation à peu près inverse. Cuvier ne peut sans anachronisme être intégré dans le courant du racisme scientifique. Son système (fixiste, catastrophiste et comparatiste) l’amène à dépasser une rhétorique de l’animalité qui fait partie des tropes de son époque. [J’écris une fois de plus en courant, tout cela est très mal formulé et appelle des correctifs, mais les in-nocents comprendront mon idée générale.]

3. M. Brunet et moi sommes en désaccord complet sur la doxa. La doxa antiraciste est pour moi une idéologie terrifiante, totalitaire. Rajouter dans des encyclopédies, fussent-elles des encyclopédies pour rire, rédigées par des toqués, comme wikipedia, des paragraphes pour diffamer post mortem des savants et des littérateurs, au nom d’un système de pensée qui n’était pas inventé à leur époque, est une entreprise de même nature que le fait de brûler les livres des mauvais auteurs ou que le fait de récrire périodiquement une histoire officielle. C’est absolument glaçant. Par contre, que Cuvier qualifie les noirs, qui vivent au sud de l’Atlas, de barbares parce qu’il constate qu’ils n’ont pas d’équivalents de la ville de Paris, de l’imprimerie ou de la malle-poste, ou qu’il trouve l’angle facial du Boschiman proche de celui du chimpanzé, m’est souverainement indifférent. Je crois que c’est cette complète indifférence que M. Brunet ne peut me pardonner, et qui lui fait soupçonner chez moi des velléités d’effacer je ne sais quoi de compromettant chez Cuvier. Je suis sûr que si cette correspondance se prolongeait, M. Brunet finirait par trouver que je suis moi-même raciste.
12 décembre 2011, 16:54   Re : Historiens
Il est un principe qui fonde le droit et qui est un des piliers de la civilisation, c'est, formulé maladroitement; ceci : on ne poursuit jamais des actes qui, au moment où ils ont été commis, ne tombaient sous le coup d'aucune loi et n'étaient en rien répréhensibles. C'est le principe de la non-rétroactivité des lois.

Au début du XIXe siècle, le mot racisme n'avait pas d'existence, ni dans la langue, ni dans les codes de loi; et le racisme, dont nous avons pris conscience au début du XXe siècle, n'est devenu un délit (ou un crime ?) qu'après 1970, quand ont été votées des lois le réprimant - encore sont-ce des lois qui tiennent pour du racisme ce que Lévi-Strauss dans Race et Culture jugeait comme un réflexe de défense d'une société ou d'une culture menacée dans son être et risquant de disparaître.
Ce qui est vrai du droit devrait l'être aussi des idées ou de la pensée. Imputer du racisme à Cuvier, c'est aussi aberrant que de poursuivre des crimes qui ne sont pas définis comme crimes dans les codes de loi et qui sont donc imaginaires - comme par exemple avoir roulé à 160 Km par heure en 1968 sur une route départementale avant que le législateur n'ait décidé en 1971 (ou 72 ?) d'y limiter la vitesse. C'est ainsi que procèdent les inquisiteurs ou les commissaires politiques.

Maintenant, si le but de cette discussion est de montrer que l'idéologie raciste, telle qu'elle s'est constituée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle dans l'anthropologie de l'époque, c'est-à-dire dans ce qui tenait lieu de sciences humaines (et sociales), lesquelles, aujourd'hui, exhibent en toute occasion un antiracisme de montre et de pacotille dont on peut légitimement soupçonner l'honnêteté, a des racines dans les sciences, dont l'anthropologie de Cuvier (et celle de tous les autres : Kant ?) et que les peuples en sont indemnes, alors, pourquoi pas ?
12 décembre 2011, 17:08   Re : Historiens
Citation
Il est un principe qui fonde le droit et qui est un des piliers de la civilisation, c'est, formulé maladroitement; ceci : on ne poursuit jamais des actes qui, au moment où ils ont été commis, ne tombaient sous le coup d'aucune loi et n'étaient en rien répréhensibles. C'est le principe de la non-rétroactivité des lois.

Je me tue à le répéter à hue et à dia à mes amis, parents et collègues, voisins mais il semblerait que la non-rétroactivité des lois soit devenue incompréhensible à beaucoup de nos contemporains.

A forcer de nier le principe de non-contradiction ...
12 décembre 2011, 17:42   Re : Historiens
L'antiracisme de montre et de pacotille, qui fait des ravages dans les milieux universitaires, est doté d'une telle assurance universaliste qu'il se croit autorisé à la rétroactivité, c'est ainsi que dans certaines bibliothèques universitaires, le roman de Charles Dickens Oliver Twist n'est plus en rayon -- il faut une autorisation spéciale pour le consulter (à cause de la typification coupable du personnage de Fagin) -- et que certaines éditions des oeuvres complètes de Shakespeare sont expurgées du Marchand de Venise. La bêtise, pour rester poli, n'est pas seulement universelle, elle est désormais universaliste: ce sont à ses yeux non point seulement les contemporains qui sont condamnables par les normes de la doxa, mais également les ancêtres qui sont à blâmer, à bannir de les avoir méconnues. C'est ainsi qu'en régime soviétique, lyssenkiste, mais aussi bien maoïste, les laboratoires de propagande du pouvoir étaient en permanence occupés à rééditer les photographies des caciques du régime d'où il fallait gommer les personnages devenus indésirables, suivant les fluctuations et les imprévisibles virages à angle droit de la ligne politique et idéologique officielle. Le jugement et le bannissement rétroactifs sont des caractéristiques, des symptômes irrécusables des tyrannies: ainsi au plus fort de la crise algérienne, quand des soldats français tiraient sur des civils français, l'on gommait Georges Bidault, devenu chef de l'OAS, des photos où il figurait aux côtés de De Gaulle descendant les Champs-Elysées en août 44.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 17:44   Re : L'art de combattre le racisme PARTOUT - sauf là où il renaît.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 17:50   Re : Historiens
Hum !... Didier... On vous a dit des choses à propos des citations isolées de leur contexte !...
Chère Cassandre, croyez bien que je n'ai aucun souvenir, aucune idée, de ce mot tellement insultant qui était mystérieusement coincé entre "qui" et "me traite" (drôle d'endroit) dans un message précédent, et dont la censure a voulu vous épargner l'outrage et moi la honte. A tout hasard —M. Bourjon étant si péremptoire, ça vous déstabilise un homme — toutes mes excuses pour cette faute très virtuelle: j'ai dû avoir une absence, une crise de petit mal.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 17:59   Re : L'art de combattre le racisme PARTOUT - sauf là où il renaît.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 18:12   Re : Historiens
"Il est un principe qui fonde le droit et qui est un des piliers de la civilisation, c'est, formulé maladroitement; ceci : on ne poursuit jamais des actes qui, au moment où ils ont été commis, ne tombaient sous le coup d'aucune loi et n'étaient en rien répréhensibles. C'est le principe de la non-rétroactivité des lois.
Au début du XIXe siècle, le mot racisme n'avait pas d'existence..."
.

Fort bien !

Nous en connaissons tous, ils l'ont martelé dans leurs écrits, ils en ont proclamé magna voce leur intention dans les médias, qui souhaiteraient que le passé fût l'objet d'un jugement rétroactif. Des individus qui, d'évidence, souhaitent monayer la repentance et obtenir réparation sur la base de chefs d'accusations largement postérieurs à la chose jugée et à son contexte. La chose est absurde et proprement scandaleuse. Nous sommes d'accord. D'autant que le procédé ne s'embarrasse pas de scrupules ni de nuances et désigne à la vindicte populaire des accusés choisis, invariablement blancs, Européens, Occidentaux, cf., tiens, la Loi Taubira de mai 2001, n'est-ce pas ?

Est-ce ainsi que monsieur Brunet voit les choses en dépit de ses démentis ? Je ne me permettrai pas d'en juger car je n'ai pas l'ancienneté nécessaire sur ce forum.

Cependant, quoique je comprenne fort bien les inquiétudes exprimées par Didier, Chatterton et d'autres, inquiétudes que je partage, ô combien, je vous ferai humblement remarquer que si nous devions nous satisfaire de décrire le passé avec ses propres mots et ses propres concepts nous n'irions pas bien loin !

Ce n'est pas parce que le terme et le concept de racisme n'existaient pas à l'époque de Cuvier que le propos de Cuvier est exempt de pensée raciste (et je vous prie de bien noter que je ne formule pas par là un jugement sur le fonds de l'affaire). Quel accueil, le cas échéant, réserver à L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme ou, mieux, à certains travaux érudits sur les échanges monétaires dans les cités grecques de l'âge hellénistique, tels que ceux de Finley, par exemple, qui décèlent déjà au IVe siècle avant notre ère les prémices d'une économie capitalistique ? J'écris vite, je cite les références un peu comme elles arrivent, je vous prie de m'en excuser.

Parce que le concept de génocide ne faisait pas partie de l'arsenal lexical et notionnel de nos aïeux, faut-il considérer que le massacre programmé des Vendéens n'entre pas dans cette catégorie, qu'il ne fut pas un crime contre l'humanité au sens où le définit, de fait, a posteriori, le procès de Nuremberg ? Je ne suis pas de cet avis.

Décrire le passé avec nos propres mots, un vocabulaire qui n'est pas celui de l'époque présente l'insigne avantage d'en restituer avec une intelligibilité suffisante les contours à l'attention, non des Pictes ou des Garamantes mais de nos contemporains, c'est un exercice auquel les historiens se livrent tous les jours, et pour cause.

Ce qui en revanche est détestable est de plaquer sur ce passé des jugements de valeur anachroniques et sur cette base entreprendre un travail de procureur, mais c'est autre chose. Je ne trouve rien à redire au dernier commentaire de Francis Marche.
Cher Didier Bourjon, votre cumul des rôles de débatteur, de modérateur et de censeur relève d’un mélange des genres tout à fait malsain.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 18:33   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 18:40   Re : Historiens
Cher Serge,
Je souscris entièrement à votre intervention, y compris, bien entendu, à son premier paragraphe.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 18:43   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 18:47   Re : Historiens
Ce qui est reproché à Cuvier, ce sont ses opinions (très peu) "scientifiques" (objectivement, ce sont des âneries), dont ses accusateurs veulent nous faire accroire qu'elles sont criminelles, sous le prétexte que, comme le clament les gauchistes, il y a des opinions criminelles : mais jamais les leurs, cela va sans dire. Dire des âneries n'a jamais été un crime, où que ce soit dans le monde et à quelque époque que ce soit.

En Vendée, il en va différemment. Ce qui a été commis en 1793 et 1794, ce sont des crimes contre des enfants, des femmes, des vieillards. Ces crimes sont avérés. A ma connaissance, ils n'ont jamais été poursuivis, bien que, dans le droit, et cela depuis que l'humanité est humanité, ils aient toujours été tenus pour des crimes. Ce qui fait problème, ce n'est pas leur qualification (ce sont des crimes), mais leur méta-qualification : génocide (qualification qui n'existe que depuis 1945 pour désigner un crime imprescriptible) ou, comme le proposait Baboeuf en 1796, "populicide".
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 19:02   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
12 décembre 2011, 19:18   Re : Historiens
Le propre de l'occident est la quête permanente de savoirs objectifs sur le monde, sur l'homme, sur la société, quête appuyée par une expérimentation non moins permanente. Au cours de cette quête millénaire et de cette expérimentation incessantes il a meurtri quantité d'autres peuples non,cependant, sans y avoir laissé lui-même au moins autant de plumes. Comme les Alchimistes ont longtemps erré à la poursuite chimérique de la transsubstantiation de la vile matière en or, avant de donner naissance à la chimie, comme ces médecins dont les remèdes ont longtemps tué plus sûrement qu'ils ne guérissaient avant que la situation ne s'inversât mais dont certains, d'autre part, n'ont pas hésité à s'inoculer des maladies afin de mieux connaître la façon de s'en guérir ou des vaccins incertains afin de mieux connaître la façon dont ils agissaient et qui souvent en mouraient, l'occident a fait beaucoup d'erreurs, causé beaucoup de souffrances et de ruines, mais ce fut à la mesure des routes et des chantiers prodigieux qu'il a ouverts dans tous les domaines, y compris et surtout ceux du savoir et de l'esprit . De plus il s'est efforcé de se corriger au fur et à mesure pour progresser en civilisation. Or les peuples décolonisés loin de reprendre à leur compte ces progrès si chèrement acquis n'en n'ont rigoureusement cure et semblent au contraire tout prêts, comme le fait remarquer Francis Marche sur un autre fil à perpétuer, aussi bien entre eux, et parfois en pire, les erreurs et les horreurs que l'occident a commises. et très loin d'opérer sur eux-même le travail que les occidentaux ont opéré. Situation tragique car ce sont ces peuples qui sont appelés ne serait-ce que par leur nombre croissant à dominer la planète.

(Texte corrigé)
12 décembre 2011, 20:45   Re : Historiens
"N'est-ce pas la définition de la difficile et périlleuse tâche de vulgarisation que vous décrivez là, cher Serge, et pas le "travail des historiens" ?".

Sans doute me suis-je mal exprimé. Je voulais seulement faire remarquer que Claude Nicolet ne décrit pas l'évolution des institutions romaines à la fin de la République dans des oeuvres qu'il rédigerait dans un latin cicéronien ; pas plus qu'il ne s'interdit d'user de concepts strictement étrangers à l'époque augustéenne lorsqu'il commente l'évolution d'institutions républicaines qu'Auguste vide consciencieusement de leur contenu comme, par exemple, le tribunat de la plèbe, afin d'imposer, une pierre après l'autre, une monarchie qui ne s'avoue pas. Le temps est révolu des thèses d'Etat rédigées en latin. On peut cependant supposer, je dis bien supposer, avec quelque outrance nonobstant, que des thèses ainsi rédigées caressaient de plus près les mentalités, les valeurs, les perceptions des hommes du temps puisqu'elles n'en trahissaient les mots ni les concepts.
Pas davantage, me semble-t-il, Vauchez ou Le Goff ne s'expriment dans le latin des clercs lorsqu'ils évoquent des traits caractéristiques de la vie ecclésiale ou monastique, dans une quelconque langue vernaculaire dans leurs évocations des pratiques agraires, des défrichages, des rotations culturales. Tous écrivent en français à notre intention, c'est-à-dire, du point de vue de l'époque concernée, dans une langue étrangère ; tant il est vrai que notre langue n'est pas celle de Raoul Glaber, de Jean de Joinville ni celle de Jacques de Voragine. Ce qui n'est pas tout à fait assimilable à un travail de vulgarisation, cher Didier.
De fait, les historiens ne se privent pas, mais ce n'est pas une option qui leur est laissée, d'user de tout l'arsenal lexical et conceptuel de la langue française "moderne", la nôtre, lorsqu'ils s'avisent de décortiquer une pratique, une croyance, un rite, un événement passé. Ils rédigent dans la seule langue intelligible à leur lectorat, mais il en découle inévitablement un risque d'erreur, un glissement sémantique inhérent à toute transposition, à toute traduction : traduttore traditore !

J'espère, cher Didier, que l'objet de mon propos vous apparaît désormais plus clairement ainsi explicité. J'en profite pour remercier Cassandre pour son dernier commentaire sur l'Occident. La curiosité intellectuelle dont cette aire de civilisation a su faire preuve au fil des siècles ne trouve en effet guère d'équivalent ailleurs et certainement pas en terre d'islam, en dépit d'un âge d'or amplement mythifié et il est plus que jamais utile de lui rendre cette justice.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2011, 21:26   Re : Historiens
(Message supprimé à la demande de son auteur)
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