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"Le communisme du XXIème siècle"

Envoyé par Bruno Chaouat 
Réglement officiel d'une université publique aux Etats-Unis au sujet du vocabulaire et attitudes à bannir lors des "fêtes de fin d'année" :

[blog.lib.umn.edu]
Prochainement dans vos rayons, en France, sauf que la transmission des niaiseries américaines, en France, si elle s'opère inévitablement, dégénère à l'arrivage.
Oui, nous voyons les choses en grand, la plupart du temps.
Ça commence à ressembler au règlement d’un camp de concentration nazi. Si on vous surprend à dire une prière ou à fredonner un cantique, la punition, c’est cinquante coups de bâtons sur l’échine ou bien est-ce la balle dans la nuque ?
Joyeux début d'hiver à tous !
Vous voulez dire bon début de fin d'automne plutôt ?
10 décembre 2011, 12:02   Re : "Le communisme du XXIème siècle"
N'oublions pas que le politiquement correct a justement pris sa source dans les universités américaines des années 70, en même temps que les cultural studies, gender studies et autres domaines d'études se préoccupant des minorités (ethniques, sexuelles, etc.) en regardant uniquement à travers le prisme de la "domination" et de la "discrimination". Le but : déconstruire toute identité nationale et culturelle occidentale (blanche, judéo-chrétienne) en culpabilisant la majorité et en exaltant les minorités. Le politiquement correct et l'antiracisme idéologique ont été les instruments destinés à favoriser ce processus en changeant le sens des mots (novlangue) et en modifiant les comportements et schémas de pensée par autocensure. L'exemple donné ici en est une bonne preuve.
Le terme de "communisme du XXIe siècle" est parfaitement justifié ; on parle aussi de "marxisme culturel" car il s'agit là de transposer les schémas de pensée marxistes aux différents groupes socio-culturels et non plus seulement à l'économie, afin que les minorités prennent le dessus sur la majorité.

Cela dit, il faut reconnaître qu'aux Etats-Unis, l'Etat a un rôle beaucoup moins grand que dans les pays européens, et que tout ce politiquement correct provient avant tout d'entités non politiques (universités, groupes de pressions, entreprises et fondations privées) contrairement à ce qui se passe en France, où cette idéologie provient directement de l'Etat et ou la justice a la possibilité de censurer les propos dissidentes sous prétexte d'"incitation à la haine", terme fourre-tout qui ne correspond à rien sinon au délit d'opinion.

A noter, cependant, que l'une des recommandations du règlement de l'université reflète la laïcité à la française :
"Individuals may display expressions of their religious faith in their own personal space, but not in public areas and within reason."
Excellente analyse, cher Felix. Le plus choquant, cependant, n'est pas l'imposition d'une neutralité "à la française", mais l'encouragement explicite à la délation.
Bruno,


Je pense que l'approche américaine de ce que vous nommez délation n'est pas la même que la nôtre, et ce de façon générale. Vous jetez des ordures sur le sol, on vous dénonce. C'est un trait culturel fort. De même, la culture du "whistleblowing".

La haine que les intellectuels français ont de la "délation" (et du témoignage sous X) a pour effet l'impunité des racailles.
Entre jeter des ordures sur le sol et souhaiter un joyeux Noël à son collègue, il y a un abîme, cher Jean-Marc... Ce qui est grave, c'est cette police du langage... Comment comparer une racaille nocente à un provincial un peu rustique qui persiste, par réflexe et parce qu'il n'a pas intériorisé la novlangue, ou s'y refuse, à souhaiter un joyeux Noël à un collègue, ou à des étudiants...
Je parlais du principe général de ces possibilités de dénonciation, qui me semble opportun.

Je prends votre exemple. Considérez un personnage qui voit votre groupe d'amis déguster un saucisson et qui, de façon publique, vous prend à partie et vous voue au sheitan. La boîte à dénonciation me semble fort utile dans ce cas, le fait est enregistré et la possibilité de représailles nulles, car le malgracieux ne sait qui l'a dénoncé. La prochaine fois, il tiendra sa langue.
A propos des Universités américaines, un ouvrage fort intéressant et qui décrit assez bien l'ambiance qui nous arrive de là-bas : "Une Amérique qui fait peur", d'E. Behr. Il semble que tout y soit : par exemple l'idée "d'équilibrer" l'étude de chaque auteur blanc, hétérosexuel, par au moins une auteure noire homosexuelle, dans le cursus de certaines universités...
Il y a aussi ces théoriciennes qui affirment que tout rapport hétérosexuel équivaut à un viol (il faudrait signer une décharge pour prouver que la femme est tout à fait consciente et consentante avant l'acte).
Bon, sinon d'autres choses plus classiques : les "profs" doivent toujours garder une porte ouverte lors d'entretien avec une élève, pour éviter tout risque de procès pour harcèlement etc.
10 décembre 2011, 16:45   Re : "Le communisme du XXIème siècle"
Citation
Loik A.
Il semble que tout y soit : par exemple l'idée "d'équilibrer" l'étude de chaque auteur blanc, hétérosexuel, par au moins une auteure noire homosexuelle, dans le cursus de certaines universités...
Il y a aussi ces théoriciennes qui affirment que tout rapport hétérosexuel équivaut à un viol (il faudrait signer une décharge pour prouver que la femme est tout à fait consciente et consentante avant l'acte).

Cet état d'esprit consistant à passer au crible idéologique toute la production culturelle occidentale (en gros, tout ce qui ne relève pas du militantisme d'extrême gauche est soupçonné a priori d'être raciste / misogyne / réactionnaire / facho / homophobe, etc.) continue de faire des ravages. Par exemple, une critique de Variety dans lequel le film Intouchables est accusé d'être raciste. Dans le même ordre d'idées, un critique des Inrockuptibles avait reproché au film Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain d'être réactionnaire sous prétexte qu'il présentait une France d'autrefois où la diversité était absente...

Pour ce qui est "d'équilibrer l'étude de chaque auteur blanc, hétérosexuel, par au moins une auteure noire homosexuelle", comme vous dites, on retrouve la même façon de penser dans les discours, en France, qui nous disent que le parlement ou les présentateurs TV doivent "refléter la réalité de la population". Evidemment, cet argument est toujours utilisé à sens unique, c'est-à-dire quand les Blancs sont majoritaires (pas question de penser de la même façon quand les membres d'autres ethnies le sont, comme par exemple avec les Noirs dans l'équipe de France de football) ; et d'autre part, il confond la représentativité relative des œuvres ou des individus dans l'inconscient collectif avec le fait qu'ils aient été, ou non, discriminés. Or, ce qu'ils oublient de dire, c'est que si on parle davantage des "Dead White Men" (terme péjoratif utilisé par le politiquement correct pour stigmatiser les grands auteurs occidentaux), c'est sans doute parce qu'il y a eu plus de grand auteurs Blancs et masculins que d'auteurs ayant été des femmes musulmanes noires homosexuelles, et pas parce qu'il y a eu volonté de discriminer.
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