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Comment on empêche les enfants de pauvres d'accéder à l'élite

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
19 mars 2010, 11:54   Comment on empêche les enfants de pauvres d'accéder à l'élite
Voici un article très clairvoyant de Laurent Lafforgue et Micher Segal intitulé Comment on empêche les enfants de pauvres d'accéder à l'élite, paru dans Les Échos le 12 février dernier.


«Choquées, indignées, écoeurées sont les belles âmes par la déclaration de Pierre Tapie mettant en garde contre la baisse de niveau qu'entraînerait un quota de 30 % de boursiers à l'entrée des grandes écoles.

Boursiers ou non, cela fait déjà des années que se profile le spectre de la baisse du niveau d'exigence dans nos grandes écoles. Celles-ci étant soumises à une concurrence mondiale, s‘inquiéter de la qualité du recrutement est une préoccupation pour le moins légitime, surtout si l'on souhaite que la France continue de compter parmi les pays les plus riches.

Hormis cela, la question est de savoir pourquoi les enfants de pauvres ne parviennent plus à se hisser vers un enseignement supérieur d'excellence, alors que c‘était le cas jusque dans les années 1970, où il n‘était nul besoin de quotas pour obtenir des statistiques incomparablement meilleures qu'aujourd'hui. La réponse a trois versants : collège unique, réussite de tous et objectifs de réussite au baccalauréat.

A la différence de celui des grandes écoles, le problème du collège unique intéresse peu d'intellectuels parce que c'est surtout un problème pour les pauvres. Faut-il rappeler cette évidence, il y a dans les quartiers difficiles beaucoup plus d'élèves en difficulté de travail, de compréhension et de comportement que dans les quartiers où vivent les belles âmes qui s‘indignent que cette réalité soit énoncée. Dans tous ces quartiers difficiles, les bons élèves sont laminés par les plus faibles, qui, submergés par leurs difficultés, font sans cesse reculer le niveau des attentes des enseignants, et tirent en arrière des classes entières, des établissements entiers. Mais c'est sur ceux-là que se règlent les programmes car le souci du ministère est d'obtenir coûte que coûte un certain taux de réussite au baccalauréat. Il y a quelques décennies, les bons élèves pauvres étaient entraînés à l'exigence et accédaient en bon nombre à des enseignements d'excellence qu'ils étaient parfaitement capables de suivre. Ils s'en voient aujourd'hui structurellement empêchés par le principe d'un enseignement unique pour tous : par nécessité, l‘exigence est alors bannie des programmes et interdite dans les pratiques de classe. Les élèves doués et travailleurs issus de milieux modestes, que nous voyons tous les jours dans les classes, n'auraient besoin, pour réussir selon leur mérite, ni de quotas ni de concours adaptés à leur origine sociale, mais seulement d‘un peu d‘ambition de la part de l‘école. Hélas ! Le ministère et ses belles âmes ne l'entendent pas de cette oreille et imposent la « réussite de tous », c'est-à-dire de personne. Chaque année, les programmes sont allégés et le niveau n'en finit pas de baisser, entraînant dans sa chute tous les enfants pauvres doués pour les études, en ne les éduquant pas dans le désir de perfection, d'effort, de travail et d'exigence vis-à-vis de soi. N'ayant rien appris de tout cela pendant leur enfance et leur adolescence, ceux-là, qui auraient pu devenir des étudiants brillants, sont détruits par cette école qui les laisse stagner dans la facilité, la passivité et l'ennui. Comme si cela ne suffisait pas, pour enraciner le collège unique, le gouvernement vient d'en créer son prolongement : le lycée unique. (Le candidat Sarkozy n'avait-il pas promis de mettre fin au collège unique ?) Comme pour afficher son irresponsabilité, le gouvernement se vante d'avoir imaginé sa réforme en écoutant les préconisations des enfants. Il tente un rééquilibrage en cherchant à supprimer la réputation d'excellence de la filière S. C'est vouloir éliminer la dernière petite chance que les pauvres pouvaient encore saisir pour échapper au massacre, car le regroupement des bons élèves est la meilleure façon de parvenir à un renouvellement des élites, à un rééquilibrage des classes sociales. Il faut s'attendre à ce que la situation empire et il n'y aura bientôt plus que des relèvements du seuil des revenus pour augmenter le nombre de boursiers. Que des filières sélectives dès le collège représentent la seule chance de justice sociale, les gouvernements refusent obstinément de l'admettre. Mais c'est justement dans de telles filières que les enfants pauvres dotés de bonnes capacités scolaires peuvent améliorer encore ces capacités, être stimulés, se cultiver davantage, chercher au fond d'eux-mêmes de nouvelles ressources et parvenir à l'excellence. Tout cela, contrairement aux autres, ils ne peuvent l'acquérir qu'à l'école. L'enseignement secondaire est devenu un tel havre d'oisiveté et de médiocrité que l'exigence et l'ambition ne peuvent plus être transmises que dans le milieu familial, ce qui explique pourquoi aujourd'hui, seuls les enfants de classes socioculturellement élevées peuvent parvenir aux grandes écoles.

C'est parce que toutes les réformes, du collège unique de 1975 au lycée unique de 2009, ont été programmées pour éradiquer toute exigence à l'école, que les enfants de familles défavorisées ont été chassés de l'enseignement supérieur d'excellence.

Nos princes ont beau jeu de s'indigner de l'idée que la mise en place de quotas ferait encore baisser le niveau des grandes écoles. Non seulement c'est une réalité, mais ils en sont les artisans.»
J'ai un titre qui me semble plus adéquat : Comment l'égalitarisme génère l'inégalité.
Supprimons l'excellence! il restera la médiocrité démocratique. Et là plus de problèmes: Le prince jean, fils à papa en chef à bac + 0 aura toute légitimité pour devenir PDG d'EDF Thalès ou autres...
Malheureusement cet état de fait concerne tous les enfants.

Ceux des classes supérieures, sont aidés par maints cours particuliers à domicile, qui vont les maintenir à un niveau juste "décent" et ce tout au long de leur scolarité. Quant aux autres, ceux des classes moyennes et populaires, les deux parents travaillant et n'ayant plus le temps de s'en occuper, ils vont à vaux-l'eau. Non l'école ne fait plus son devoir, parfois je pense que cela participe à la mise en place d'une stratégie d'abrutissement.
L'Ecole ne peut plus faire sont devoir.

Les gouvernements démocratiques ne peuvent que condamner une école nécessairement aristocratique ( sélection des meilleurs) et qui coute cher (et qui doit couter cher)
Les parents considèrent que la réussite scolaire est un droit de l'homme et déteste une Ecole qui ne respecte pas ce droit
Les élèves (devenus les JEUNES), qui ne s'élèvent plus, sont renvoyés à la sous culture télévisée, qu'ils finissent par défendre comme les jeunesse hitlériennes défendaient le nazisme, avec l'arrogance de la bêtise
La société démocratique, qui vit dans le présent, a depuis 30 ans préféré les retraités qui votent aux enfants qui ne votent pas
Les élites peopolisiées préfèrent Johnny à Mozart
Les autres élites protègent encore leurs propres enfants (il y a encore quelques lieux préservés dans le public ou dans le privé, mais pour combien de temps?) mais ont abandonné ceux des autres

Méprisés, humiliés, professeurs et instituteurs, devenus enSAIGNANTS, ont démissionné ou, pire, se sont repliés dans le ressentiment gauchiste: c'est la faute au capitalisme, c'est la faute à Sarkozy
Citation
Bellini
L'Ecole ne peut plus faire sont devoir.

(...)

Méprisés, humiliés, professeurs et instituteurs, devenus enSAIGNANTS, ont démissionné ou, pire, se sont repliés dans le ressentiment gauchiste: c'est la faute au capitalisme, c'est la faute à Sarkozy


Cela fait 40 ans que l'école publique ne fait plus son devoir, quand à Sarkozy il en est un des résultat, mais certainement pas le responsable.
Utilisateur anonyme
21 janvier 2011, 16:18   Re : Comment on empêche les enfants de pauvres d'accéder à l'élite
Citation
Nemesia
Cela fait 40 ans que l'école publique ne fait plus son devoir, quand à Sarkozy il en est un des résultat, mais certainement pas le responsable.

Pas tout à fait Nemesia. Ça fait 35 ans, bientôt 36, depuis que le ministre René HABY a mis en application ce qui était dans les cartons depuis un certain temps i.e "Le collège unique". Personne - parmi les enseignants du secondaire n'avait été formé ni préparé pour cela. Les instituteurs d'avant savaient le faire, eux mais beaucoup de profs ont démissionné quand ils ont vu arriver dans leurs cours des enfants qui allaient avant en 6ème dite de transition, entre autres élèves aux rythmes d'apprentissage plus lents et plus laborieux & peu orientés vers le théorique ou l'abstraction.
Sarkozy en est en effet l'un des résultats mais par anticipation car lui n'a connu que le collège à 3 filières.
Je ne crois pas que les enseignants actuels sont plus "gauchistes" qu'avant, bien au contraire ; mais ils sont désabusés et si peu encouragés qu'ils dépriment le plus souvent.
À mon époque, il y avait des enseignants heureux.
Une école qui donne ses chances à tous n'est pas une institution qui va faire de tous les élèves des ingénieurs, des docteurs ou des enseignants. C'est une école qui permet à chacun de se réaliser, de faire émerger toute la perfection dont il est susceptible, y compris - et c'est très important - dans les métiers manuels & dans l'artisanat, dans le commerce et les professions de services. 80 % d'une tranche d'âge au niveau bac ? À quoi bon ! Le bac sert juste à entrer à l'université... 100 % d'une tranche d'âge recevant une instruction et une culture digne, civique, responsable et perfectible tout au long de la vie, mais surtout gagnant sa vie en s'exprimant avec bonheur dans une profession valorisante.
Ne soyons pas utopistes ! Il n'y a pas que des métiers "intellectuels". Toutes les CSP doivent être représentées, de manière équilibrée et avec le respect et la reconnaissance qu'elles méritent.
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