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Droit (civil, canon, charia)

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
31 juillet 2010, 08:09   Droit (civil, canon, charia)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 août 2010, 20:03   Re : Droit (civil, canon, charia)
On pourra consulter le forum de LibertyVox, dans lequel intervient l'islamologue Anne-Marie Delcambre.

[www.libertyvox.com]
La notion de charia, dans l’esprit du public, recouvre celle de « Loi islamique ». Les termes « Loi islamique » sont d’ailleurs souvent repris dans les textes officiels en langue anglaise des pays islamiques, ce qui ajoute à la confusion.

En réalité, la notion de « Loi », dans son acception occidentale, n’est pas un concept adapté. Il n’y a pas de hiérarchie des normes entre textes pensés par les hommes (Constitution, lois, règlements, dans le cas français) mais un tout construit à partir d’un texte donné par Dieu : l’état islamique ne se pense pas comme un état dont les normes sont déduites d’une volonté populaire, mais comme un état dont la finalité est l’obéissance à la Parole de Dieu, et à la propagation de la religion musulmane.

Ces finalités sont par exemple décrites dans l’article 23 de la loi fondamentale du royaume d’Arabie Saoudite :

The State shall protect the Islamic Creed, apply the Sharia, encourage good and discourage evil, and undertake its duty regarding the Propagation of Islam (Da'wa).

De même, l’homme musulman ne se pense pas comme d’une part citoyen d’un état pour sa vie publique et d’autre part personne privée dans sa vie privée, ainsi qu’il est d’usage dans les sociétés occidentales modernes.

Au contraire, vie privée et vie publique ne peuvent être dissociées, en ce sens qu’elles doivent être toutes deux conformes à la façon de se comporter qu’on nomme charia.

Qu’est-ce donc que la charia ?

La notion est abordée dans le Coran et la sunna, et le sens le plus proche qu’on puisse trouver en français est celui de « la voie la plus appropriée ». La charia est donc davantage une façon de voir le monde et de se comporter qu’un ensemble de textes, comme le sont les codes occidentaux.

En réalité, la tradition juridique musulmane fait très bien la différence entre les textes de premier ordre, que sont le Coran et la sunna, et les autres textes, qui n’en sont que des déductions ou interprétations.

Anne-Marie Delcambre pose très bien cette différence, en des termes lumineux :

« La charia représente la norme virtuelle, idéale, théorique, abstraite. »

Elle indique en outre que cette norme est complétée par la loi musulmane proprement dite, le fiqh, qui est très variable suivant les écoles. Les sources du droit ("ousoûl al fiqh") comprennent, après le Coran et la sunna, le consensus, le raisonnement par analogie, l’opinion personnelle.

Il est à ce stade intéressant de voir comment les textes fondamentaux des états islamistes placent la charia.

La loi fondamentale du royaume d’Arabie nous dit (article 7) :


Government in the Kingdom of Saudi Arabia derives its authority from the Book of God and the Sunna of the Prophet (PBUH), which are the ultimate sources of reference for this Law and the other laws of the State.

Pour l’instant, aucune allusion à d’autres textes.

Elle nous dit ensuite (article 45) :

The Holy Qur'an and the Sunna (Traditions) of God's Messenger shall be the source for fatwas (religious advisory rulings).

Puis précise dans l’article 48 :

The Courts shall apply rules of the Islamic Sharia in cases that are brought before them, according to the Holy Qur'an and the Sunna, and according to laws which are decreed by the ruler in agreement with the Holy Qur'an and the Sunna.


On voit nettement que la charia est bien la façon de faire, la voie à suivre, et non un recueil de textes.

Si on prend la constitution de la République islamique d’Iran, nous trouvons une seule occurrence du mot charia, à l’article 112 :

Upon the order of the Leader, the Nation's Exigency Council shall meet at any time the Guardian Council judges a proposed bill of the Islamic Consultative Assembly to be against the principles of Shariah or the Constitution, and the Assembly is 'unable to meet the expectations of the Guardian Council.

On conçoit là encore la charia comme ensemble de principes et non comme texte d’application. Ces textes d’application forment le fiqh, lui-même subdivisé en plusieurs thèmes, et ces thèmes en niveaux.

On terminera cette entrée générale par ces extraits d’une intervention d’Anne-Marie Delcambre, relative au fiqh :

Ce que fait l'occident aujourd'hui, c'est qu'il ignore toute cette construction extrêmement sophistiquée, que connaissent les juristes de l'islam, mais seulement eux. Ce n'est pas pour rien que les fuqahâ (juristes) et les ulémas(savants) des universités comme El Azhâr étudient jusqu'à l'âge de trente ans et plus… respectons quand même (leur) savoir, (ce) qui ne m'empêche pas de combattre avec la plus grande fermeté. Mais noblement . Pas en analphabète.
Utilisateur anonyme
25 août 2010, 17:11   Re : Sur la notion de charia
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je pense plutôt faire des sous-entrées (je ne sais si le terme existe).

Pour la traduction, je ne m'y aventurerai pas, car il s'agit des textes que les gouvernements saoudiens et iraniens ont publiés sur leurs sites officiels. Ils sont très brefs, et même un non-angliciste peut les comprendre avec un traducteur de texte.

Comprenez mon idée : coller le plus possible aux faits, et bien distinguer le fait de l'interprétation. Or, traduire, c'est déjà interpréter...
Utilisateur anonyme
26 août 2010, 11:53   Re : Droit (civil, canon, charia)
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Bravo ! je crois que tout est dit et lumineusement.
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